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Une question importante : est-ce que le module des re-
lations d’un module de type fini est lui-mˆeme de type
fini ? La r´eponse n’est pas toujours oui. Elle est positive
si Aest un anneau principal et c’est l’objet du prochain
chapitre.
1.7. Modules noeth´eriens. On dit qu’un A-module
Mest noeth´erien si tout sous-A-module de Mest un
A-module de type fini.
Le r´esultat principal concernant les A-modules noeth´e-
riens est le suivant :
Th´eor`eme 3. On consid`ere un anneau noeth´erien Aet
un A-module de type fini M. Alors M est noeth´erien.
D´emonstration. Montrons d’abord par r´ecurrence qu’un
A-module libre de rang fini est moeth´erien. S’il est de
rang 0, il n’y a rien `a montrer. Consid´erons alors un
entier n,n≥1. On se donne un sous-A-module Nde An
et on ´etudie le morphisme de A-modules `qui associe
`a un ´el´ement de Ansa derni`ere coordonn´ee. Si N⊂
ker `, alors Nest un sous-A-module de ker `, libre de
rang n−1, donc noeth´erien par hypoth`ese de r´ecurrence.
On en d´eduit que Nest de type fini. Sinon, on choisit
des g´en´erateurs (f1, . . . , fs) de l’id´eal `(N) qui sont en
nombre fini puisque Aest noeth´erien. On choisit ensuite
des ant´ec´edents (g1, . . . , gs) de (f1, . . . , fs) par φ. Par
hypoth`ese de r´ecurrence, le module N∩ker `est de type
fini. En concat´enant une famille g´en´eratrice de N∩ker `
avec (g1, . . . , gs) on trouve une famille g´en´eratrice de N
(le v´erifier).
Venons-en au cas g´en´eral et consid´erons un A-module
Mde type fini. Il existe donc un entier naturel net
un morphisme surjectif φ:An−→ M. Le module An
est noeth´erien. Consid´erons un sous-module Nde M.
L’image inverse φ−1(N) est un sous-module de Andonc
de type fini. On en d´eduit que Nest lui aussi de type
fini.
2. Modules sur un anneau principal
Ad´esigne d´esormais un anneau principal, c’est-`a-dire
un anneau int`egre dans lequel tout id´eal peut ˆetre en-
gendr´e par un seul ´el´ement. Un anneau euclidien est
principal. Les anneaux Zet k[X] sont euclidiens donc
principaux.
Une cons´equence imm´ediate de la d´efinition est :
Th´eor`eme 4 (B´ezout).Dans un anneau principal A
on consid`ere deux ´el´ements aet bpremiers entre eux. Il
existe alors uet vdans Atels que ua +vb = 1.
Th´eor`eme 5. Un anneau principal est noeth´erien et
factoriel. Tout id´eal premier non nul est un id´eal maxi-
mal.
D´emonstration. Remarquons d’abord que si aet bsont
deux ´el´ements non nuls de Aon a l’´equivalence
a|b⇐⇒ (b)⊂(a).
Un id´eal de Aest de type fini puisqu’on peut l’engendrer
par un seul ´el´ement.
Consid´erons un ´el´ement irr´eductible pde Aet l’id´eal
engendr´e (p). Un id´eal (a) contient (p) si et seulement si
adivise p. Si (p) est distinct de (a) c’est que aest inver-
sible. L’id´eal (p) est donc maximal, par suite premier.
Consid´erons une suite croissante d’id´eaux de A:
I1⊂ I2⊂. . . ⊂ In⊂. . .
La r´eunion ∪n≥1Inest un id´eal de A, engendr´e par un
´el´ement a. Il existe donc un n0tel que a∈ In0. La suite
(In)nstationne donc `a partir de n0.
Consid´erons maintenant un ´el´ement cde Anon nul et
non inversible. On lui associe un arbre binaire de la
mani`ere suivante : si cest irr´eductible l’arbre J(c) a
un seul sommet cet pas d’arˆete. Sinon il existe deux
´el´ements det eeux-mˆemes non nuls et non inversibles
tels que c=de. L’arbre de cest alors obtenu en reliant
les racines des arbres J(d) et J(e) `a c. On construit ainsi
un arbre binaire de racine cqui a pour sommet des di-
viseurs de c.`
A une branche de cet arbre correspond une
suite croissante d’id´eaux de Aqui est donc stationnaire.
On en d´eduit que l’arbre est fini. Les feuilles de l’arbre
sont associ´es aux id´eaux maximaux, donc aux facteurs
irr´eductibles de c.
Conclusion : L’anneau Aest factoriel.
Remarque. La preuve du caract`ere stationnaire d’une
suite croissante d’id´eaux (et donc celle de l’existence
d’une d´ecomposition en facteurs irr´eductibles) s’´etend `a
tout anneau noeth´erien.
Th´eor`eme 6. Un sous-A-module d’un A-module libre
de rang rest libre. Son rang sest au plus ´egal `a r.
Exemple. Les sous A-modules de Asont les id´eaux.
Comme ils peuvent ˆetre engendr´es par un ´el´ement, ils
sont de rang 1, sauf 0, de rang 0.
D´emonstration. Consid´erons un A-module L, libre de
rang r, une A-base B= (e1, . . . , er) de Let un sous-
A-module Mde L. Pour jde 1 `a r, on d´esigne par Lj
le sous-A-module libre de Lengendr´e par (e1, . . . , ej) et
par Mjle sous-A-module de Ljintersection de Met Lj.
La d´emonstration se fait par r´ecurrence sur r. Pour r= 0
il n’y a rien `a prouver.
Supposons maintenant r≥1. Consid´erons la restriction
`a Mde la r-`eme application coordonn´ee
g:M−→ A
x7−→ xr.
Son noyau est le sous-A-module Mr−1qui, par hypoth`ese
de r´ecurrence, est libre de rang au plus ´egal `a r−1. Son
image est un id´eal de A, qui est donc engendr´e par un
´el´ement ar. Si ar= 0 c’est que M=Mr−1et Mest libre
de rang au plus ´egal `a r−1. Si arn’est pas nul on choisit
un ´el´ement zdans Mtel que zr=ar(il y en a au moins