tellement débarrassée de toute discussion et de toute excuse qu'il n'y a plus en
elle de place que pour la confession absolue de ses torts et un besoin
impérieux de les désavouer, par un jaillissement d'amour tout neuf, tout vrai
et sans aucune hésitation.
- s'approcher de Dieu, c'est s'éloigner de son contraire, et le fidèle qui assiste à
la Messe ne peut pas faire autrement que d'y venir pour s'approcher de
l'Amour, en s'éloignant par le repentir et le regret de ce qui s'oppose, en lui, à
l'Amour.
Il y a là une bien belle attitude pleine de confiance, parce que pleine
d'humilité, à conseiller aux plus grands pécheurs qui assistent à la Messe. Du
moment que le pécheur saisit que sur l'autel la décision du Christ de l'aimer
continue d'être plénière et d'être irrésistible, il est en possession de toutes les
raisons suffisantes pour ne plus douter de son pardon et avoir envie de se
rapprocher du Christ par le repentir. Si ce repentir se présente à lui comme
une attitude impossible, retenu qu'il se sent, au sol de sa misère par les vieilles
racines qu'il n'arrive pas à arracher, il peut du moins, dans la confusion qu'il
éprouve à comprendre la générosité du Christ, émettre humblement devant
Dieu le souhait d'évoluer peu à peu vers les préférences divines. N'est-ce pas
déjà annoncer le «Domine non sum dignus» - «Seigneur, je ne suis pas
digne», puisque je suis toujours enraciné dans mes péchés, mais puisse ma
présence ici, dans un temple, au coeur de Votre Sacrifice, qui me confond de
reconnaissance, mériter cette mystérieuse parole intérieure qui a fait sortir les
morts de leurs tombeaux et remis en place les intentions les plus perverties ou
les plus misérables.
Le pécheur est là devant l'Etre sans péché, non pas pour être condamné, mais
pour être lui-même préparé à l'amour, s'il accepte de ne pas s'excuser, de ne
pas discuter et de ne pas refuser.
Instinctivement, on pense à la belle expression du «Dies irae» : «tantus labor
non sit cassus» - «ne permettez pas qu'un pareil effort soit inutile...»
L'effort de Jésus nous démontre que, dans l'anéantissement, il y a le salut, car
il ne faut pas oublier l'immense effort fourni par l'humanité de Jésus, sous les
exigences de Sa puissance divine, à participer ainsi aux abaissements
volontaires réparant les prétentions intellectuelles et morales du péché
originel. Il ne faut pas nous imaginer que sous prétexte qu'Il était Dieu, Jésus
a commandé sans difficulté à Son humanité les exigences du Calvaire; c'est
qu'Il a aussi bien respecté les lois de la nature humaine que celles de la nature