Sermon pour la fête du Christ Roi 26 octobre 2014 par le Chanoine

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Sermon pour la fête du Christ Roi 26 octobre 2014 par le Chanoine
Thibaut de Ternay, ICRSP
Mes biens chers frères,
Dans la pénombre silencieuse d’une chapelle ou d’une église un
prêtre pose ses coudes sur l’autel, incline son visage vers la blanche
Ostie et prononce à voix basse les paroles de l’Éternité, les paroles du
prodige : « Hoc est enim corpus meum ». Il a sur le bord de ses
paupières quelques larmes qui naissent, il a dans ses doigts quelques
légers tremblements et, comme si ses genoux cédaient, il tombe pour
adorer un mystère qui le dépasse mais qui le comble. Derrière lui,
dans la nef colorée par la lumière des vitraux, de nombreux fidèles ont
incliné le front pendant qu’un servant de messe fait rouler avec ardeur
le son du carillon.
Savent-ils, mes bien chers frères, sait-il, ce lévite, savent-ils ces
chrétiens fidèles et pieux que, par cet acte solennel, le règne du Christ
Roi vient d’avancer sur la terre ? Oh ! La tentation aurait été grande de
sortir en manifestation bruyante et sans doute plus visible.
Certainement, parmi les jeunes, des enthousiasmes pas toujours bien
équilibrés parce que pas toujours bien éduqués dans la Foi, auraient
préféré à cette heure silencieuse une brillante manifestation de
louange, mais non : quelques paroles, du pain et du vin, la fumée de
l’encens et la lumière des cierges, et le règne du Christ avance.
N’oublions jamais que la messe, renouvellement non sanglant du
sacrifice de la Croix, est aussi l’annonce de la Résurrection du Christ
et l’anticipation de son retour. « Ecce veniet ! » Le voici qui vient le
Désiré des collines éternelles, le Roi des nations, le Juge de nos cœurs.
Il n’y a pas de messe et donc pas de règne de Dieu sans le sacerdoce
catholique. Il ne s’agit pas là d’une prétention toute cléricale, ou d’une
tentation d’exclusivité du sacerdoce dans le domaine de la vie
spirituelle ou de la vie civile… Richelieu et Mazarin ne sont plus
premier ministre, même si les temps hostiles à la Foi nous les font
regretter…
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Le règne du Christ ne peut se manifester sans la Croix, qui est, outre
l’aspect sacrificiel, toujours Croix glorieuse.
Si le prêtre est rejeté de la société, mal considéré ou relégué au
domaine de la sphère privée comme une vielle chambre à air trouvée
dans un bidonville, c’est parce l’homme qui se croit moderne refuse la
boussole qui le guide vers son Créateur en renonçant à la Croix. Le
Prêtre c’est la croix vivante agissant in Persona Christi lorsqu’il donne
les sacrements. Il est l’Ipse Christus.
En travaillant à séculariser le prêtre et en travaillant à solenniser
l’homme, on a perdu le sens de Dieu, et Dieu est devenu gênant. Ceux
qui osent encore montrer de l’importance pour les choses de Dieu, la
société se moque d’eux en dénaturant le beau, le vrai. L’art
scatologique nous le montre, hélas, trop souvent, et inutile de vous
donner ce matin des exemples précis, de peur de tomber dans la
vulgarité.
Tout ce qui touche l’ordre naturel est mis progressivement au
tombeau. Le traitement concernant la famille en est un exemple. Le
repos du dimanche que l’on veut progressivement supprimer en est un
autre.
Que pouvons nous faire, face à une volonté d’aller toujours plus loin
dans la destruction de la loi naturelle, pour créer une nouvelle loi qui
s’affranchit de Dieu,, pour donner au final le chaos, la haine, le laid et
le désespoir ?
Il faut remettre les bœufs devant la charrue et d’une manière plus
spirituelle il faut remettre le Christ au centre de notre vie. La fête du
Christ Roi est donc pour nous catholiques un rappel d’Espérance et
une invitation à devenir des soldats du Christ. Les soldats du Christ
n’ont point besoin des armes qui entrainent de plus en plus de
violence, mais nos armes c’est notre crédibilité. Suis-je crédible dans
l’état vocationnel de ma vie au fil des jours ? Sommes-nous crédibles
si nous prêchons la vérité et vivons dans le mensonge ? Sommesnous crédibles si dans l’état de mariage nous manquons de respect,
d’écoute réciproque, de patience, d’humilité, d’amour envers notre
conjoint ou envers nos enfants ? Sommes-nous crédibles lorsque nous
passons des heures entières dans une journée sans penser à Dieu, sans
prières, sans même une oraison jaculatoire ?
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Être soldat du Christ c’est vivre avec Lui, sous son étendard, c’est-àdire avec la Croix que nous traçons sur notre corps mais qui doit aussi
se ficher en notre âme. En effet nos gestes comme nos pensées doivent
être le reflet de notre âme. La Croix portée ainsi est signe efficace
contre le démon. Saint Antoine nous dit : « le signe de la Croix avec la
foi au Seigneur est un mur inexpugnable. » Saint Jean-Chrysostome
montre bien l’importance de coordonner nos gestes à notre âme : En
parlant de Saint Paul il dit : « Il a appelé le prix de la Croix ; laquelle
il ne faut pas simplement tracer du doigt sur le corps, mais, à la vérité,
premièrement la former en l’âme ; car, si en cette façon tu l’imprimes
en ta face, pas un des diables n’osera t’attaquer, voyant la lance par
laquelle il a reçu le coup mortel. »
Se mettre à l’école de l’étendard c’est vivre avec Jésus, l’étendard
non derrière soi mais devant soi. Il nous faut accepter d’être guidé par
lui à travers les moyens qu’il nous donne : l’Église et la vie
sacramentelle. La Messe dominicale est le sommet du don que Dieu
fait à sa créature, il faut donc y assister avec dévotion et y participer
activement. Est-ce que je viens en consommateur ou est-ce que
j’apporte mon talent pour le faire fructifier ?
Est-ce que la Messe dominicale, la Sainte Eucharistie qui fait de mon
corps le temps d’un instant un tabernacle vivant de la Présence Réelle
de Notre Seigneur Jésus-Christ Roi et Souverain Prêtre, me guide dans
ma semaine, ou est-ce que je l’oublie ?
La Messe dominicale c’est comme le moteur, mais bien que ce moteur
se suffise à lui-même, il nous invite à le faire fonctionner. Ainsi, nous
sommes invités par Dieu à être les instruments de sa Providence. Nous
sommes en quelque sorte la pédale d’accélérateur qui permet au
moteur d’avancer, nous sommes la pédale de frein qui nous permet de
garder la bonne mesure qui nous convient, nous sommes le volant qui
nous permet d’aller dans la bonne direction sous la conduite du GPS
qui est Jésus.
Il nous faut aussi mettre du carburant dans le réservoir, de l’huile dans
le moteur. Tout cela, si nous le transposons à notre vie spirituelle,
nous comprenons qu’il faut que notre semaine se fasse avec Jésus. A
la maison, au travail, à l’école, dans la famille, est-ce que Jésus peut
être présent à chaque parole que je prononce ?
Est-ce que j’ai le souci de Jésus devant moi lorsque je suis avec
l’autre ?
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En faisant notre examen de conscience, on doit bien admettre que la
voiture tousse parfois. Il nous faut changer les bougies, faire la
vidange, changer les filtres. L’Église appelle cela le sacrement de
Pénitence. Se confesser régulièrement nous permet de mieux
communier avec dévotion, permet de mieux nous connaître et donc de
mieux corriger nos défauts. Elle permet aussi de mieux aimer le
Seigneur, de mieux vivre la componction, de mieux mesurer la
douleur que le Cœur de Jésus souffre par notre péché, et de nous
mettre à l’école de la sainteté sans jamais perdre espoir et confiance en
la miséricorde que Jésus a pour nous. Mettons nous sous le regard de
Marie qui nous aide à garder le cap, et prenons la direction du Ciel.
Que notre vie soit une Ascension. Introïbo ad altare Dei : Je monterai
à l’Autel du Seigneur. Ad Deum qui laetificat juventutem meam : Du
Dieu qui remplit ma jeunesse d’une sainte joie.
Ainsi soit-il.
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