1. Quel type de croissance ?
La croissance des actifs bancaires n’est pas nécessairement synonyme de création de crédit pour
l’économie réelle – c’est-à-dire les secteurs de l’économie concernés par la production de biens et de
services. Il est admis aujourd’hui que certaines innovations bancaires d’avant la crise, comme certains
types de transactions, avaient une utilité sociale modeste, voire nulle
. On a employé le terme « banque
casino » pour décrire ces activités, ce qui ne minimise en rien les importants services de gestion des
risques que les banques rendent à leurs clients, qui sont fondamentaux pour la gestion des risques de
marché des entreprises, comme le risque de change ou le risque de taux d’intérêt.
Cette note examine plus particulièrement deux domaines de la finance – le financement
d’infrastructures et les prêts aux petites et moyennes entreprises (PME) – dont l’effet positif sur la
croissance économique à long terme est généralement considéré comme important.
1.1 Financement d’infrastructures
Le financement à long terme, surtout le financement d’infrastructures, peut avoir des effets des plus
positifs sur la croissance globale d’une économie et la prospérité de ses citoyens. En effet, les
infrastructures profitent à un large éventail de secteurs et ont aussi d’importants bénéfices sociaux,
d’abord dans les économies émergentes, mais aussi dans les économies avancées, où il est important
d’investir dans des infrastructures sociales, de transport et d’énergies renouvelables bien conçues.
Cependant, les infrastructures présentent aussi certaines caractéristiques qui compliquent la rencontre
entre la demande d’investissement et l’offre de financement
.
1. Même si les profits directs qu’un propriétaire retire d’un projet d’infrastructure ne couvrent pas
toujours ses coûts, les externalités positives indirectes peuvent être considérables pour
l’économie dans son ensemble. Ces externalités comprennent d’importants bénéfices apportés
par les services d’infrastructure à de nombreux secteurs. Ces bénéfices sont intrinsèquement
difficiles à mesurer et même s’ils peuvent être mesurés, il n’est pas toujours possible ou
souhaitable de les faire payer.
2. Les projets d’infrastructures sont souvent complexes et impliquent de nombreuses parties. Les
infrastructures se prêtent souvent à des monopoles naturels comme les autoroutes ou la
distribution d’eau ; c’est pourquoi les États veulent souvent en conserver le contrôle. Cela
demande des montages juridiques complexes afin d’assurer une bonne répartition des profits
et des risques et d’aligner les incitations de toutes les parties concernées.
3. De nombreux investissements d’infrastructure ne génèrent des flux de trésorerie qu’après
plusieurs années et la phase initiale d’un projet présente des risques élevés. De plus, compte
tenu de la singularité des projets d’infrastructure du point de vue des services qu’ils rendent, les
investissements sont peu liquides. Étant donné ces trois éléments – profil temporel des flux de
trésorerie, risques initiaux élevés et illiquidité – un investissement exclusivement privé est
difficile, coûteux et souvent irréalisable.
Voir The Turner Review: a regulatory response to the global banking crisis, mars 2009, www.fsa.gov.uk
Cette section est largement inspirée de l’article Understanding the challenges for infrastructure finance de Torsten Ehlers, août
2014, www.bis.org