Relations Internationales
21/10/11
Mardi 25/10 10h30-12h St Charles STC005
Jeudi 3 novembre 16h30-19h30 H327
Cours n°2 : La fragile détente des années 20
I. La difficile après-guerre
1) L’empoisonnement de la question des réparations
La question des dettes-interalliées. Ce sont les dettes que les euros ont souscrites
pendant la guerre dans le cadre de l’entente (gb fr ita …) auprès des usa surtout,
leurs partenaires pour un total de 11 mds de dollars valeur 1914. Somme énorme. En
comparaison le plan Marshall c’est 13 mds $. Le dollar en 1914 = 30 dollars once d’or.
Aujourd’hui c’est 2000 $ once d’or. Rapport de 60. Donc environ 700 - 800 mds $
actuels ! (baril de pétrole : 1$ en 14, 80$ aujourd’hui). Cette somme ce soont des
prêts publics de l’Etat US pour ¼, des prêts privés des banques US pour ¾ soit à l’Etat
français le plus souvent ou à des banques des pays qui ont reprêté l’argent x aux
Etats sous la forme de bons d’Etat ou aux entreprises. Système mixte et complexe.
Les dettes s’encastrent les unes dans les autres. Rôle d’intermédiation des banques
gb, Londres est plaque tournante de la finance mondiale avant 14. Souvent les crédits
US y transitent avant d’être reprêtés à France, Italie, …. Une banque US prête à une
banque GB qui reprête. France est endettée vis-à-vis de la GB et des USA, GB est
endettée par rapport aux USA. En Allemagne c’est différent l’Etat est aussi endetté
que l’Etat français mais à l’égard de sa population, n’ayant pu s’endetter auprès de
l’étranger. Les états européens surtout la France et l’Allemagne, les ressources de
l’Etat paient 30% de l’effort de guerre tout au plus avec des impôts décroissants
divisés par 2 : les personnes mobilisées ne paient pas d‘impôt car ils ne sont
quasiment pas rémunérés. L’activité économique se ralentit spectaculairement (-35%
pour le PIB français par exemple) : toute la production et la conso se rétractent. Les
dépenses explosent, multipliées par 2. En France 16%, Allemagne 20%, GB 30% de la
guerre sont financés par les impôts. Une des solutions est d’émettre la monnaie :
c’est une bombe à retardement pour les générations futures sur qui repose le
remboursement et ça créera de l’inflation pour l’après-guerre. Pour la France
l’endettement couvre 50% de l’effort de guerre et 35% c’est l’inflation. La dette
française est mixte : 50% par les épargnants français à des taux d’intérêts de 7-8%
(grand emprunt de guerre), 50% par les crédits US. 40% des crédits US ont été
accordés à la France. Mais en Allemagne 50% de l’effort de guerre financés par
l’emprunt mais c’est 100% de la dette intérieure. C’est pourquoi l’Allemagne peut
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laisser filer sa monnaie, s’effondrer le mark car elle ne peut payer les réparations. La
dette disparaît littéralement (cf. cours précédent). La France non car elle effacerait la
dette intérieure mais tout se reporterait sur la colossale dette extérieure à
rembourser en dollars. La France a une contrainte de plus malgré son statut de
vainqueur. L’Etat allemand ruine sa population par l’hyper inflation.
- S’y greffe un problème diplomatique : la France est le pays le plus endetté, la
dette allemande est effacée malgré les prêts astronomiques faits par la
population. La France a une dette partagée entre population française en francs
et les USA en dollars. C’est un vainqueur et c’est le pays qui a le plus souffert de la
guerre. Après la guerre, les problèmes financiers continuent. Les budgets d’après-
guerre jusqu’en 23-24 sont très déficitaires : les recettes sont très faibles, la
production reprend très difficilement (- 35% pendant la guerre) qu’en plus se
pose un problème de reconversion (usines fondées par André Citroën qui
fabriquaient 15 OOO obus/jour à la chaîne => voitures). Les dégâts sont liés à la
guerre, les champs ravagés, les mines de charbon noyées, les lignes de chemin de
fer. Stock de capital de machine usées est à remplacer on a sous-investit. Pendant
3-4 ans, les impôts vont mal rentrer, les dépenses de guerre sont terminées mais
sont plus élevés que pendant la GM, les exportations sont très faibles. L’Etat paie
la reconstruction sans les remboursements de l’Allemagne sans ravages, et les
énormes pensions, à payer pour un siècle : 3 000 000 de mutilés dont 1 000 000
de grands invalides de guerre et jeunes, veuves (« c’est une espèce résistance, la
veuve ! »), 1 500 000 d’orphelins (jusqu’à leur majorité). Un océan de dépenses
qui engage sur le long terme. Le retour au libéralisme est impossible, l’Etat
providence naît par la guerre, pour la 1e fois l'Etat donne de l’argent par transfert
social à des personnes sous forme de pensions. La France est dans une situation
éco catastrophique. D’où la clause de sauvegarde : les dirigeants français
déclarent que si l’Allemagne ne paie pas les réparations, la France pourrait ne pas
rembourser les dettes. Le vainqueur deviendrait vaincu par ses ravages et ses
ruines, et son obligation de rembourser sans avoir reçu les réparations. A l’égard
des US et des GB. Les français rajoutent qu’ils ont payé le prix du sang (1.4 million
de morts) et que les US sont les principaux bénéficiaires de la guerre. Durant la
GB, le PIB US double en 4 ans. Les US répondent après le retour à l’isolationnisme
(1920 élection du républicain Harding, 1918 Sénat républicain). Ils dénoncent
l’entrée en guerre et veulent se recentrer sur eux-mêmes (« America first »). La
dette doit être remboursée, fallait y réfléchir avant. Cela dit, les US ont une
position moins tranchée. Ils sont intransigeants sur la clause de sauvegarde : pas
question de rentrer dans le chantage français car les USA perdraient le contrôle
de leur créance. Pas question de lier les deux questions des réparations et des
dettes. Mais ils sont prêts à aménager le remboursement, à les étaler et à baisser
la créance. Les banquiers US y sont prêts car ils voient que les capacités de
remboursement françaises sont limitées, qu’elle ne peut rembourser la totalité
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de la somme prêtée. 20s sont signés toute une série d’accord : 1923 accords
Baldwin Mellon. Les GB obtiennent un rabais de 30%. 1926 : Béranger-Mellon
réduction de la dette française de 40%. Pour les US, il vaut mieux toucher moins
que rien toucher du tout. 1927 : 60% de remise pour l’Italie. Les GB acceptent de
diminuer leur créance vis-à-vis de la France de 60% lors d’un accord conclut en
1925. Pour les français, les 2 questions restent liées d’où le fait que les US
rentrent dans la danse. Le but est d’éviter un effondrement allemand pour que la
France rembourse ses dettes. Dans le cadre du plan Young en avril 29
(Conférence de la paix), les US admettent une clause de sauvegarde « à
l’envers » : si les USA renoncent à une partie de leur créance envers la France (ce
qui est le cas), l’Allemagne pourra payer d’autant moins les réparations à la
France. C’est accepter qu’il y a un lien entre les questions des dettes et des
réparations tout en gardant le contrôle. Les USA sont les maîtres du jeu.
- On croit alors la question réglée mais en 32 arrive la crise éco, l’Allemagne
demande entretemps un moratoire sur les paiements pour l’année 31. On arrivé
à la conférence de Lausanne en juin 32.Le plan Young prévoyait pour l’Allemagne
2 années de joker sur les paiements et obtient le moratoire Hoover en 31, elle
s’enfonce dans la crise éco, pourtant la France paie. Le moratoire n’a servi à rien,
l’année 32 est la pire pour l’Allemagne, 7 000 000 de chômeurs (43 %) et le
nazisme est en pleine montée. En avril 32, élections présidentielles après le
septennat de Hindenburg (droite conservatrice). Il est réélu. En raison de
multiples dissolutions, il y aura des législatives en octobre. Lors des
présidentielles, Hitler rassemble 32% des voix. Enorme pression des anglo-saxons
sur la France, ils veulent empêcher la montée du nazisme ils sont inquiets. Le
climat de violence allemand est terrible. La France est préservée par la crise
jusqu’en 31-32. Pour eux, il faut que la France renonce aux réparations pour
empêcher aux nazis de prendre le pouvoir. Que Brüning, chancelier de Weimar,
présente un succès à l’opinion allemande. Herriot gouverne alors la France et il
cède. C’est une énorme concession. Les nazis avant même leur arrivée au pouvoir
tuent le traité de Versailles par intimidation, bluff et menace sans tirer un coup
de feu. En décembre 32, le Parlement français met ses menaces à exécution.
Rentrée dans la crise éco, elle décide que le reliquat important des dettes US ne
sera pas remboursé malgré la diminution de 40%. Tous les autres pays débiteurs
des Usa suivront cette tendance : tous annoncent le non-remboursement des
dettes dans le cadre de la crise, de l’effondrement du commerce mondial, Les
USA sont alors au fond du trou : 14 000 000 de chômeurs (35%). Roosevelt vient
d’être élu président de surcroît, pas encore rentré en fonction. Ça provoque une
indignation sans mesure possible dans l’opinion américaine : ça renforce le
courant isolationniste dans des USA scandalisés, au fond du gouffre. 34-37 ; lois
de neutralité archi-isolationnistes votées sous l’égide de Roosevelt, le pdt le plus
isolationniste. Elles vont plus loin que les mesures prises dans les années 20. La
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loi Johnson Act (1934) stipule que tout pays n’est pas à jour du remboursement
de toutes ses dettes vis-à-vis des USA n’a droit à aucun crédit des banques US. Le
seul pays à jour est la Finlande. Les lois de neutralité visent à empêcher que les
USA se retrouvent impliqués dans un conflit européen comme dans le cadre de la
1e GM. Tout citoyen US ne peut rentrer dans un navire, un avion d’un pays en
guerre par exemple. Toute exportation est interdite à tout pays en guerre. On
coupe avec l’Europe en général. La loi Cash & Carrys aménage les lois
isolationnistes en 37 : on peut faire du business sur du matériel civil avec un pays
en guerre. Les produits militaires et stratégiques comme l’aluminium ou le
pétrole, c’est pas possible. Les pays doivent payer cash et transporter les produits
par leurs propres moyens. Les US ne veulent pas de guerre sous-marine, comme
en 17. C’est une bourde psychologique commise par le Parlement français. Fin
mai 40, le président du Conseil français désespéré se tourne vers les USA qui
l’envoient paître. Cette question générale fortifie la vague isolationniste surtout
dans les années 30. La crise éco provoque un repli sur soi et une guerre éco de
tous les Etats.
II. Limites et ambiguïtés de la détente
1) La SDN et le désarmement
La SDN ne s’est jamais remise, comme un coup mortel, de la non-participation US.
C’est une faiblesse structurelle car les US en étaient les concepteurs et c’est le pays
1e puissance globale mondiale (éco, financière, navale). La SDN est handicapée par
plusieurs absences : les vaincus qui y rentreront progressivement et lentement,
l’URSS (entrée/sortie : 34-39). Mis à part quelques pays latino-américains, 3 ou 4
pays africains parmi les rares indépendants (Ethiopie, Libéria, Egypte), ou asiatiques,
la SDN est comme un club de vainqueurs européens. Ça limite la portée de ses
décisions : Irak (31) et l’Inde (appartenant à la GB) sont parmi les exceptions.
Elle tente au début des 20s de trouver sa voie et connaît quelques succès, arbitrages
sur des questions mineures. Elle opère le partage (conférence de San Remo avril 20)
du Moyen-Orient en plusieurs mandats entre la France et la GB. 21 : elle trouve un
compromis sur le partage de la Haute-Silésie entre Allemagne et Pologne. 24 :
compromis Roumanie-Bulgarie pour le conflit de la Dobroutja (traité de Neuilly) dont
une partie est rétrocédée à la Bulgarie. 26 : entrée de l’Allemagne à la SDN. Le traité
de V. prévoyait que pour qu’un pays (même vaincu, dont l’entrée est prévue à long
terme) devienne membre de la SDN, il doit être parrainé par un membre et affronter
un vote de l’AG. Pour l’Allemagne du chancelier Stresemann c’est la France de
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Briand : symbole de la détente des 20s et l’un des plus beaux succès de la SDN. Dès
24-26, les grands leaders européens commencent à prendre l’habitude de parler
depuis la tribune de Genève (cf. discours de Briand) et ses discours sont suivis par
l’opinion. Ces succès sont partiels : la SDN reste entravée par ses statuts et connaît
un échec retentissant avec le désarmement.
Mais c’est un échec des Etats membres, pas de la SDN. C’est la somme des volontés
des Etats qui la composent, cette volonté est inexistante. Pas d’accord entre les Etats
24 : proposition de la réforme des statuts par le pdt tchèque Benej. Le protocole de
Genève lui donnerait une efficacité accrue. La France le soutient avec l’espoir qu’il
échoue. Renforcer sécurité collective, désarmement, arbitrage : les 3 raisons d’être
de la SDN. Le conseil peut voter des sanctions écos, voire militaires. Mais il n’y a pas
d’armée permanente pour les appliquer et tous les Etats membres, dont les 5
membres de droit ont droit de veto. L’idée est de passer à une majorité des 2/3 au
lieu de l’unanimité. Ça faciliterait les prises de décision. Il propose de renforcer le
caractère supra-national de la SDN qui pourrait imposer des décisions à ses membres
via le Conseil, de créer une cour d’arbitrage permanente et de lancer la question du
désarmement via une conférence. Le protocole fut un échec car la GB était hostile au
passage au vote majoritaire. Elle ne veut pas être entraînée dans une suite infinie
d’opération de police internationale, c’est la 1e puissance navale. La France fait tou
pour le faire échouer malgré un semblant de soutien pour garder leur droit de veto.
La SDN garde ses statuts originels très faibles jusqu’à la fin.
Le désarmement est un grave échec : c’est le but de la création de la SDN. Dans son
pacte, le désarmement allemand est présenté comme le préalable d’un
désarmement général. Sur le fond, les divergences sont profondes entre les grandes
puissances, un accord est impossible.
- GB : ils gardent une immense puissance navale amoindrie par rapport à avant 14,
mais n’est que force coloniale. Elle n’a quasiment plus d’armée de terre, elle l’a
liquidée. Ils défendent la thèse d’un désarmement terrestre général,
inconditionnel, immédiat. Ça met la France dans le collimateur et ça ne lui coûte
rien.
- France : elle dit vive le désarmement mais vaut comme condition préalable de
trouver un accord général de la SDN sur la sécurité. La France soutient le
protocole de manière ambiguë car elle veut démontrer que tout accord est
impossible et répliquer à la GB. La France rend impossible un accord sur la
sécurité en mettant la barre haut : procédure d’arbitrage systématique sur les
conflits. Elle veut une armée permanente. La France a la même position qu’à la
Conférence de la paix sur la question de la sécurité collective. Pas d’accord sur la
sécurité : elle ne souhaite pas le désarmement dans ce cas. Son atout c’est
l’armée de terre dans les 20s, surtout par rapport à son empire colonial.
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