
C Le réveil du Sarcopte 
VigiNantes  2014 (17) – p4 
Dr Domitille DARNIS 
La  gale,  ce  parasite  humain  obligatoire,  fait  un  retour 
fracassant sur le territoire français.  
Alarmé  par  les  signaux  émis  par  nombre  de 
professionnels de santé, l’InVS a tenté de réaliser un état 
des  lieux  de l’épidémie.  Les  résultats  de  plusieurs 
enquêtes  menées  entre  2008  et  2010  montrent  une 
augmentation  des  signalements  d’épisodes de  gale  en 
collectivités  (écoles,  établissements  médico-sociaux, 
etc…). Un autre indicateur confirme la recrudescence des 
épisodes  de  gale  :  l’accroissement  des  ventes  des  anti-
parasitaires externes (+ 11% par an)  et de l’ivermectine 
(+ 24% par an). Ces estimations ont permis de calculer 
l’incidence de la  gale  en  France,  située  dans  une 
fourchette  de 330  à  352 cas et  contacts  pour  100000 
habitants par an, soit une moyenne de 220000 nouveaux 
cas par an.  
 Cette maladie contagieuse revêt un caractère ubiquitaire : 
elle atteint les personnes des deux sexes et de tout âge. 
Longtemps considérée comme affection des personnes à 
mauvaise  hygiène,  la  gale  touche  actuellement  tous  les 
milieux  sociaux.  Les  conditions  de  promiscuité  et  les 
collectivités  restent  des  facteurs  favorisants  à  la 
propagation.  La  transmission  du  parasite  (Sarcoptes 
scabiei) se  fait  généralement  de  façon  directe  (peau  à 
peau)  et  indirecte  par  le  linge  et la  literie  infestés.  Un 
signe  spécifique  :  le  sillon  scabieux,  localisé 
généralement au niveau des mains, poignets et coudes et 
à  l’origine d’un  intense  prurit  nocturne.  L’absence de 
lésions spécifiques et de prurit peut rendre le diagnostic 
clinique  difficile,  comme  chez  les  jeunes  enfants.  La 
dermatose  se  présente  alors  comme  une  pustulose 
palmoplantaire atteignant le dos des mains et des pieds, le 
dos, les aisselles et même le visage et le cuir chevelu, ces 
deux  zones  restant  indemnes  chez  l’adulte.  Une 
confirmation  par  examen  parasitologique  est  ainsi 
indiquée. 
 
DE LA NÉCESSITÉ DE TRAITER 
 
 Il n’existe aucune guérison spontanée de la gale. Seule 
une prise en charge efficace permet de détruire le parasite 
et de limiter le risque de transmission. En 24 heures, le 
sujet traité n’est plus contaminant pour son entourage. 
Le  Haut  Conseil  de  Santé  Publique  privilégie  deux 
formes  de  traitements  :  un  traitement  local,  associé  ou 
non à un traitement systématique, renouvelable entre J8 
et  J15  (tableau  1).  Parmi  les  topiques  scabicides, 
l’ASCABIOL® est aujourd’hui indisponible, en raison de 
l’arrêt de fabrication du sulfiram. L’ANSM recommande 
l’utilisation de la  spécialité  SPREGAL®,  associant 
l’esphallédrine et le butoxyde de pipéronile. Cette lotion 
est à pulvériser sur tout le corps, excepté le visage et le 
cuir chevelu. Une seconde application est conseillée si les 
signes  cliniques  sont  toujours  présents  au  bout  de 15 
jours. L’absence de données expérimentales et cliniques 
en cas de grossesse et d’allaitement restreint l’utilisation 
du produit  qu’en cas de  nécessité.  D’autres  traitements 
topiques à base de malathion, crotamiton ou soufre sont 
jugés  peu  efficaces,  voire  toxiques  comme  le  lindane. 
L’ivermectine est le seul traitement oral ayant une AMM 
pour  la  gale.  Il s’agit d’une  molécule  non  ovicide, 
provoquant  la  mort  des  parasites  par  paralysie 
neuromusculaire.  Une  seconde  administration,  8  à  15 
jours après la première dose, est conseillée. Bien tolérée, 
les  effets  indésirables  retrouvés  sont  bénins  et  peu 
fréquents  (céphalées,  vertiges,  vomissements, 
diarrhées…). Depuis le début de l’année 2014, le CRPV 
de  Nantes  a  recueilli  trois  déclarations  d’effets 
indésirables.  L’ivermectine  était  suspecte  pour  deux 
réactions  d’hypersensibilité et  une  réaction  de 
gynécomastie.  Malgré  l’arsenal  thérapeutique 
disponible, des échecs de traitements surviennent lorsque 
la gale est compliquée (gale crouteuse ou gale profuse).  
 
Traiter  pour  freiner  le  regain  de la  maladie  scabieuse, 
cela commence par le diagnostic précoce de la maladie. 
La prise en charge doit ensuite être adaptée au malade et 
à  son  entourage  proche,  sans  omettre  les  mesures 
obligatoires pour l’environnement. 
  SPECIALITE COMPOSITION AMM DISPONIBLE 
EN 
PER OS STROMECTOL® Ivermectine Adulte, enfant, nourrisson de plus de 15 
kg (CI : femmes enceintes, allaitantes)  
Officine  
LOCAL SPREGAL® Esdépalléthrine / butoxyde de pipéronyle 
Adulte, enfant, nourrisson (CI : 
asthmatiques) 
Officine 
PERMETHRIN 
5%® 
Perméthrine 5% Adulte, enfant, nourrisson de plus de 2 
mois 
Hôpital avec 
demande d’ATU
ANTISCABIOSUM
® 
Benzoate de benzyle Adulte, enfant, nourrisson de plus de 1 an
Hôpital 
(importation 
d’Allemagne) 
ASCABIOL® Benzoate de benzyle / sulfiram Adulte, enfant, nourrisson Non disponible 
ÉVITER LA TRANSMISSION 
 
Linge et literie lavés à plus de 60°C. 
Objets non lavables isolés dans un sac plastique fermé 
pendant 4 jours. 
Acaride de type A-PAR® pulvérisé sur la literie et les 
textiles non lavables à haute température. 
Tableau 1 : Les traitements de la gale disponibles en France