France par le Conseil d’Etat). La défense de l’intérêt général justifie les prérogatives de la
puissance publique et la notion de service public, tâches accomplies par l’Etat dans l’intérêt
supérieur de la Nation qui peut contrarier un intérêt privé (expropriation). L’organisation
bureaucratique est justifiée pour éviter l’influence de particuliers dans l’action étatique et
suppose l’existence de personnel spécialisé, protégé, chargé d’appliquer une réglementation et
d’assurer sa fonction en toute indépendance. Les relations des fonctionnaires avec les autres
membres de la société sont impersonnelles. Dans la vision marxiste, au contraire, l’Etat n’est
pas impersonnel, il est l’agent d’un groupe social, ce qui explique que Marx préconise la
dictature du prolétariat.
Pour Weber ou Durkheim, l’Etat est un instrument fonctionnel des sociétés modernes. Le
modèle wébérien est plus idéaliste que réaliste.
L’Etat démocratique ne cesse de susciter des polémiques. Pour Etzioni, le propre des
sociétés démocratiques est de remettre constamment en cause l’Etat et le pouvoir d’Etat. La
conquête de l’Etat fait place à des luttes intestines et rivalités personnelles (Lorenzaccio).
L’Etat est le produit d’une épigenèse. Les Etats libéraux développent dans ce contexte des
contre-pouvoirs pour éviter les dérives de l’Etat. Seul le pouvoir limite le pouvoir (voir
Pareto, vieux lions contre jeunes loups). Depuis quelques années, l’omnipotence de l’Etat est
contestée. La critique libérale remet au goût du jour une remise en cause des comportements
bureaucratiques. Pour Buchanan, la bureaucratie conduit à des abus (théorie du cycle
électoral) par le développement du lobbying. Dans un courant hérité du XIX°, l’Etat peut
jouer un rôle de protection des individus face aux risques de la vie sociale et aux forces
incontrôlables du marché (saint-simonisme, keynésianisme, gaullisme).
II. L’Etat dans l’analyse économique
L’analyse économique et historique de l’Etat considère l’existence de trois âges depuis la
Révolution Industrielle : - l’Etat des débuts (« Etat gendarme ») replié sur ses fonctions
régaliennes et chargé d’organiser les conditions du capitalisme entrepreneurial
- L’Etat-Providence né de la « myopie des marchés » (crise de la régulation libérale) à
la naissance des théories du déséquilibre
- la fin des Etats-nations : ce troisième âge se traduit par une remise en cause de la
régulation de l’après-guerre et implique les problématiques d’aujourd’hui. Les
théoriciens relisent la théorie au regard de l’actualité économique.
L’émergence de l’Etat comme acteur économique à part entière est le résultat d’une crise et de
la nécessité de pallier les failles du marché
A. Une intervention justifiée par la crise des règles du marché
La théorie des biens collectifs est développée dans les années 20 par Pigou puis reprise dans
les années 50 par Samuelson. Selon Samuelson, chaque individu tente de se comporter en
passager clandestin (utiliser un bien collectif sans le payer en ne révélant pas ses préférences),
ce qui perturbe le jeu du marché.
Dans la théorie néoclassique, l’équilibre suppose la réalisation d’hypothèses :
_ Existence d’une situation de concurrence (atomicité) : grand nombre d’entreprises
_ Existence d’un système de prix qui révèle les préférences des consommateurs
_ Fonction de production à rendements décroissants
_ Hausse du coût marginal au-delà d’une certaine production
Quatre situations rendent donc impossible la satisfaction des besoins par l’intermédiaire du
marché, pour lesquelles l’économie admet l’intervention de l’Etat, cependant remise en cause
par la nouvelle école classique :