Ici.

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Martin Benjamin
Robert Boyer, Théorie de la régulation, 1. Les fondamentaux
(Repères, La découverte, 2004)
Introduction
Une filiation marxiste
Les sept questions de la théorie de la régulation
Une présentation synthétique
1. A la base d’une économie capitaliste : les formes institutionnelles
Un retour à l’économie politique
Les institutions cachées d’une économie de marché
La question centrale de la théorie de la régulation
Les relations Etat / économie
Conclusion : les cinq formes institutionnelles
2.
Des lois d’airain du capitalisme à la succession de modes de régulation
3.
Régimes d’accumulation et dynamique historique
4.
Une théorie des crises
Conclusion
Des anomalies en quête d’explications
Du bon usage de concept de capitalisme
Le paradoxe de l’origine des institutions économiques
Une macroéconomie institutionnelle et historique
L’économiste moderne, Sisyphe
Introduction
>> Plupart théories : étudient éco de marché, pour ses vertus (Friedman, Ecole de Chicago) ou pour corriger
ses failles (Stiglitz)
Capitalisme (Kisme), distinction entre ce mode de pd° et celui d’une économie marchande. La seule
concurrence entre sujets marchands définit pas capitalisme : entités de bases sont eses : en plus de leur
position sur le marché (rapport social horizontal : concurrence), second rapport social vertical (salariés sous
l’autorité de l’entrepreneur, soumission hiérarchique) : notion de Kisme montre comment l’interaction entre
rapport de concurrence et rapport de production salarié met en mouvement l’accumulation du capital
>> Une filiation marxiste : régulation tend à reprendre ou amender le Capital avec 1. Méthodes modernes
de l’éco 2. Transformations du Kisme depuis XIXe, histoire longue du Kisme
>> Les 7 qts de la théorie de la régulation
Effondrement des écos soviétiques + recrudescence des crises financières => qu’est ce que le Kisme ?
7 questions :
Quelles sont les institutions de base, nécessaires et suffisantes à l’établissement d’une économie capitaliste?
A quelles conditions une configuration des ces institutions engendre-t-elle un processus d’ajustement
économique doté d’une certaine stabilité dynamique?
Comment expliquer que ce renouvellent périodiquement des crises au sein même de régimes de croissance qui
avaient antérieurement rencontré le succès?
Sous l’impact de quelles forces les institutions du capitalisme se transforment-elles: par la sélection, l’efficacité,
comme le supposent la plupart des théories économiques, ou du fait déterminant du rôle du politique?
Pourquoi les crises du capitalisme se succèdent-elles et ne sont-elles pourtant pas la répétition à l’identique
des mêmes enchaînements?
Dispose-t-on d’outils permettant d’examiner la viabilité et la vraisemblance de différentes formes de
capitalisme?
Peut-on analyser simultanément un mode de régulation et ses formes de crise?
>> Une présentation synthétique
Chap I : expliciter institutions cachées d’une éco de marché
Chap II : modes de régulations (existence ?, notion de crise, succession historique de ces modes de régulation)
Chap III : institutions ne conditionnent pas seulement les ajustements de court terme et moyen terme, mais
aussi à long terme (conditions d’accumulation, régime de croissance, analyse historique)
Chap IV : examiner simultanément les modes de régulation et les facteurs endogènes de déstabilisation (5
formes de crises)
Chapitre I : A la base d’une éco capitaliste : les formes institutionnelles
Nombreuses recherches institutionnalistes >> conventions, normes, valeurs : simples mécanismes de
coordination alternatifs au marché. Théorie de la régulation cherche à dégager des bases plus solides d’une
économie institutionnelle ; la viabilité d’une économie de marché dépend bien de l’existence d’institutions,
parfois cachées.
>> Un retour à l’éco politique
Emergence de l’économie en tant que discipline autonome  première interrogation : la compétition ainsi que
la poursuite du seul intérêt personnel ne débouchent-ils pas sur le désordre? Deux types de réponses sont
apportés.
Thomas Hobbes : conséquence de la compétition entre individus : violence de tous contre tous  émergence
d’un Etat garantissant l’ordre et la paix, condition d’existence de la société et d’une éco.
Adam Smith : propension naturelle de l’homme à l’échange. Si on approfondit la div du travail, le marché
permet l’enrichissement général, alors que chacun poursuit son propre intérêt.
Coordination de la concurrence se fait donc soit par l’Etat, soit par le marché
Principe de l’individualisme contre l’optimisme du marché :
Les théories du choix public (James Buchanan), en appliquant les principes de l’individualisme méthodologique
à la sphère politique, montrent que les politiciens et administrateurs dont se dote l’État sont incités à
poursuivre leur propre intérêt au dépens des objectifs collectifs qu’ils seraient censés remplir.
Les théories de l’équilibre général (Walras) discréditent l’intuition smithienne de la main invisible. Selon
Walras, un équilibre de marché n’existe qu’en présence d’un système centralisé et de marché peu
interdépendants. Cette théorie formule un système centralisé : 1. Un système de prix dans lequel tous les
comportements individuels sont décentralisés ne fonctionne que lorsqu’un agent bienveillant centralise et
distribue l’information. 2. Equilibre de marché n’est atteint que si les marchés sont peu interdépendants.
Donc, la mise en œuvre du principe d’individualisme méthodologique [expliquer les phénomènes
économiques et sociaux à partir des actions rationnelles des individus, les résultats agrégés (institutions,
conventions…) étant une propriété émergente de l’interaction des agents] ne parvient pas à expliquer la
viabilité (pourtant historiquement constatée) des sociétés capitalistes. Cet échec révèle l’importance et la
variété des institutions, ncsr à l’éco de marché.
>> Les institutions cachées d’une éco de marché
Quelles sont les instances susceptibles d’assurer une complète décentralisation des échanges?
Le régime monétaire, première forme institutionnelle
Monnaie est l’institution de base d’une éco marchande (transaction). Il existe une organisation hiérarchisée assurant la
stabilité financière: les banques émettent des monnaies de crédit alors qu’une Banque Centrale est chargée de l’émission
de la monnaie légale, notamment dans le cas de besoin de refinancement des banques de second rang. Les échanges
naissent, entre autres, une fois créée et légitimée l’institution monétaire. Le régime monétaire est ainsi l’ensemble des
règles qui président à la gestion du système de paiements et de crédits.
Le marché est une construction sociale
(1) Monnaie permet d’éviter le pb de coïncidence des besoins lié au troc. La transaction est le mouvement d’une
marchandise en échange de monnaie offreurs ont une meilleure information sur la qualité (exemple marché de
l’occasion pour l’automobile, Akerlof, 1984). Définition préalable de la qualité est une condition nécessaire pour
un prix qui soit unique. D’où rôle des institutions, conventions (ex : garantie pour une période plus ou moins
longue est un indicateur de la qualité). S’il n’y en a pas, les mauvaises marchandises chasseront les bonnes ; les
marchés ne peuvent pas exister ou ont une taille plus réduite : lacune institutionnelle est un obstacle au
développement (Akerlof, 1984).
(2) Il faut une agrégation des offres et des demandes qui limite l’impact du pouvoir de négociation bilatéral entre un
offreur et un demandeur (ex : au Moyen Age, pendant les foires, autorités s’assuraient que toutes les transactions
soient à la vue du public).
Le marché est donc une institution qui suppose un accord sur la qualité, l’organisation des échanges, le mode de règlement
des transactions = construction sociale, et pas le résultat spontané d’un état de nature.
Mais cet échange ne se fait pas selon un prix unique : il faut qu’il n’y ait aucune ambigüité sur la qualité (1) et que l’impact
du pouvoir de négociation bilatéral entre un offreur et un demandeur soit nul (2).
La diversité des formes de concurrence (2ème forme institutionnelle)
Cette présentation du marché conduit à douter que la concurrence pure et parfaite (CPP) soit considéré comme une
référence. Dans le cadre de la CPP, chacun participe à la formation du prix, et le prix d’équilibre s’impose à tous. Cela
suppose qu’un commissaire priseur (Walras) recueille et distribue l’information, sur un marché donné, pour que le prix
d’équilibre soit atteint. Alors peuvent intervenir les transactions.
Or la plupart des transactions n’obéissent pas à ce modèle : dans la réalité, les agents fixent les prix, quite à ce que
s’instaure un processus de tâtonnement pour atteindre le prix d’équilibre (personne ne connait le prix d’équilibre a priori).
Il y a donc des stratégies (regroupement d’offreurs, de demandeurs), qui créent une série de formes de marché, selon une
concurrence imparfaite. La forme de concurrence correspond à la formation des prix selon telle ou telle forme de marché.
3 grands régimes de concurrence pour la théorie de la régulation :
Régime concurrentiel : tout au long du XIXeme, processus permanent de réajustements qui ne converge jamais vers un prix
d’équilibre de longue période
Régime monopoliste : après la 2nde GM (pour les biens industriels) : concentration de la production et du capital : le prix
n’est plus une variable et est calculée par l’unité productrice en fonction du coût unitaire, et de la rentabilité moyenne du K.
[La théorie du déséquilibre montre que si les prix s’écartent de l’équilibre walrassien : risque d’un chômage classique
(salaire réel trop haut) ou chômage keynésien (demande effective insuffisante).
Régime de concurrence administrée : également après 2nde GM, plein-emploi, tensions inflationnistes : Etat met en œuvre
une procédure de formation des prix par différents leviers.
De la demande de travail au rapport salarial (3ème forme institutionnelle)
Théories classiques : travail (L) = marchandise, salaire (prix) selon une O et une D. Chômage ne peut être que
volontaire.
Mais le L n’est pas une marchandise comme les autres : il concerne l’activité de production + Anthropologie
éco de Karl Polanyi (1946) montre qu’il fait partie des trois marchandises fictives (avec monnaie et nature) : on
ne peut confier leurs productions aux seuls mécanismes de marché, même si elles sont nécessaires au
fonctionnement du marché. Surtout, « nouvelles théories du marché du L » montrent une double composante
du L :
Un conflit stratégique au cœur du L : salariés sont embauchés en l’échange d’un salaire. Ensuite, salariés
soumis à l’autorité de l’entrepreneur pour la pd° : intérêts contradictoires (pour un salaire donné, les uns ont
intérêt à minimiser leurs efforts, les autres à le maximiser). Conflit peut pas être résolu par le marché : variétés
de dispositions juridiques, institutionnelles, organisationnelles (ex : la pointeuse) mais aussi négociations
collectives (conventions sur contenu du contrat). Dispositifs si important que la caractéristique marchande du L
est effacée : le salaire peut par exemple être supérieur à celui du marché, si cela permet d’obtenir un effort
plus intense des salariés (salaire d’efficience). Le marché du L ne s’équilibre plus par les prix.
Aspects collectifs du contrat de L : notion de rapport salarial, chaque entreprise fixe les composantes de
l’organisation du L, la durée, les salaires, tout cela dans le cadre d’un système juridique et institutionnel.
Du producteur à la firme conçue comme organisation
Dans le cadre des 3 formes institutionnelles, activité de l’entreprise.
Selon théories micro traditionnelles, le producteur est un simple gestionnaire des facteurs de production: s'intéressant aux
prix relatifs, il ajuste le niveau de production et la demande de facteurs. Mais sous une autre approche, il est à la recherche
d’une organisation compatible avec les formes institutionnelles. Pour sa stratégie elle s’intéresse à la forme de
concurrence en vigueur ; pour la gestion des salariés : rapport salarial ; accès au crédit : régime monétaire, en plus des
relations du régime monétaire et financier (pour d’autres formes de financement).
Analyse institutionnaliste de la firme. La viabilité de cette dernière dépend de l’adéquation de sa stratégie avec les
institutions.
>> La question centrale de la théorie de la régulation
Dans éco capitaliste, multiplicité des formes institutionnelles. Mécanismes susceptibles d’en assurer la cohérence et la
viabilité ? Deux mécanismes soutiennent l’hypothèse de la viabilité de ces institutions : on peut observer la compatibilité
du comportement de ces agents avec les institutions. Quand au contraire, il y a crise et déséquilibre, les règles du jeu
codifiées par les institutions sont redéfinies. On ne saurait concevoir une économie pure, dénuée d’institutions, de droit,
d’ordre politique.
>> Les relations Etat (4ème forme institutionnelle) / économie
La théorie de la régulation accorde une importance déterminante aux relations Etat-économie.
Le choix d’un régime monétaire est politique
La monnaie institue l’éco marchande, elle ne peut pas en être la conséquence (cf supra Polanyi). Le choix d'un régime
monétaire fait nécessairement appel à la sphère politique car il faut qu'il y ait un acteur qui ne soit pas mû par la logique
du profit commercial et qui veille à la viabilité du système de paiements, en permanence menacé de crise voire
d'effondrement.
Pas de concurrence sans intervention publique
Concurrence laissée aux comportements des eses débouche sur concentration, entente, oligopole, voire monopole.
Consommateurs sont les victimes, réaction à travers politique et législation : autorités chargés de veiller au respect de la
concurrence.
Rapport salarial et citoyenneté
L’intervention de l’Etat est a priori moins nécessaire pour le rapport salarial. Or, à des degrés divers, la plupart des Etats y
interviennent (pour l’assimiler au droit commercial ; ou fondement d’une éco sociale de marché). Egalement, soit
intervention directe pour le financement de la couverture sociale (système beveridgien, soit encadrement négociations
entre patronat et syndicats (système bismarckien).
Un Etat soumis à des logiques contradictoires
Action de l’Etat n’est pas monolithique, des contradictions et des tensions peuvent exister entre différents principes (ex :
droit commercial doit-il l’emporter sur le droit du travail ? Le financement de la couverture sociale doit il se faire par la
fiscalité ou par les salariés et entrepreneurs ?...) Réponses selon le pouvoir politique en place, le contexte.
Un Etat-nation inséré dans l’économie internationale (5ème forme institutionnelle)
Conception précédente valable que sur l’espace d’un territoire donné. Les 3 premières formes institutionnelles sont tout de
même en grande partie déterminées dans l’espace national. Mais les Etats-nations ne sont pas souverains.
Modalités d’insertion de l’Etat nation dans l’éco mondiale. Pour théories néoclassiques, seul choix concerne tarifs
douaniers. Pour la régulation, l’Etat nation peut contrôler également les modalités d’accueil d’investissement direct, fixer
des règles pour l’investissement, contrôler l’immigration…
>> Conclusion : les 5 formes institutionnelles
La monnaie, le marché, le rapport salarial, l’Etat, les modalités d’insertion dans l’éco internationale.
[…]
Conclusion
Des anomalies en quête d’explication
Comment expliquer situation de stagflation depuis les années 70 ? Chocs pétroliers = équivalents modernes des crises
agricoles ? Comment expliquer recrudescence des crises financières ?
Du bon usage du concept de Kisme
Référence chargée. Bien que dérivée des intuitions de Marx, la théorie de la régulation répond par la négative à l’idée de
lois immanentes au Kisme : développement des forces productives ne détermine pas forcèment la dynamique des rapports
sociaux, régimes d’accumulation pas tous condamnés à la chute tendancielle du taux de profit… Multiplicité de facteurs qui
façonnent les formes institutionnelles. Deux résultats :
Le paradoxe de l’origine des institutions économiques
Tout d’abord, plupart des institutions de base ont une origine extra-économique, souvent politique. Ensuite, la
transformation des institutions provient des mêmes origines (qui créent et stabilisent les institutions, puis les
transforment). Ainsi, diversité des modes de régulation : résultat de la spécificité des trajectoires nationales.
La théorie de la régulation : une macroéconomie institutionnelle et historique
L’économiste, moderne Sisyphe
Joan Robinson soulignait un paradoxe de l’activité des économistes : à peine finissent-ils de percer les linéaments d’un
régime de croissance économique que survient une crise rendant caduque leurs analyses portant sur une période
désormais révolue. Talon d’Achille de la régulation est effectivement de découvrir de nouveaux modes de régulation, et
doute de l’existence de lois transhistoriques.
Cette problématique ne se résout pas à la seule analyse du fordisme, même si elle y a contribué.
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