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La dimension institutionnelle du management stratégique.
Avec Patrick Joffre, dans un ouvrage qui a fait date, coordonné par Alain Charles
Martinet et Raymond-Alain Thiétart, Stratégies, actualités et futurs de la recherche, un
texte consacré aux approches institutionnelles. Pourquoi s’intéresser aux approches
institutionnelles c’est important quand on veut faire de la stratégie ?
La question institutionnelle nous avait Patrick et moi intrigué il y a une dizaine d’années.
A l’époque, nous travaillions sur la coordination dans les organisations. De plus en plus, il
devenait évident que la coordination dans les organisations ne pouvait plus seulement
être appréhendée par des analyses traditionnelles fondées sur le marché ou fondées
sur l’autorité ; là, je reprends les grandes catégories de Williamson.
Parallèlement à ces modes de coordination, il fallait s’intéresser à des types de
coordination d’un autre niveau. Avec Patrick Joffre, nous nous sommes intéressés à la
coordination réticulaire, la coordination par le réseau, en nous appuyant sur Mark
Graovetter, la force des liens faibles et puis nous nous étions intéressés à la coordination
dans la société, en nous inspirant des travaux de Mauss. Je pense aujourd’hui que cette
dimension là est devenue de plus en plus essentielle pour les organisations et les
sciences de gestion. On ne peut plus envisager la gestion des organisations sans
envisager leur intégration dans leur environnement et notamment leur environnement
territorial. Poser la question comme cela, c’est poser la question des institutions. C’est
pour cela que je pense que ce thème aujourd’hui est devenu encore plus central qu’il
ne l’était il y a 10 ans.
A quoi ça sert l’entreprise ?
Quelle est la finalité du pilotage de l’entreprise ?
On a longtemps parlé du primat de la valeur actionnariale. Aujourd’hui, de plus en
plus, à côté de cette valeur actionnariale que personne ne songe à remettre en cause,
il y a d’autres dimensions de la valeur qu’il faut approfondir et l’approfondissement
passe de mon point de vue par une réflexion de type institutionnelle.
Dans la lignée du prix, il y a le contrat, qui passe par l’échange contractuel traditionnel.
Ce que vous avez approfondi à travers cette dimension réticulaire c’est tout ce qui
entoure les relations entre les individus dans l’organisation ? D’où l’importance de cette
dimension institutionnelle, sur des choses très concrètes, comme par exemple le
territoire.
Je crois qu’il y a au moins deux ancrages pour lesquels ces dimensions institutionnelles
deviennent incontournables :
Un premier ancrage est assez centré sur l’organisation : quelle est la logique profonde
de l’organisation ? A quoi sert-elle ? Comment mobiliser les collaborateurs ? Comment
donner une vision ? Comment donner un sens ? Dès lors qu’on travaille sur les valeurs du
management, on peut analyser ces questions là avec la logique des conventions.
Quelles sont les valeurs synthétiques qui portent l’action collective ? Quelles sont les
dimensions de cette action collective ? Les travaux sur les conventions me paraissent
donner une réponse à la fois économique et sociale. Je les trouve très intéressants et
pas assez mobilisés aujourd’hui.
Il y a une deuxième dimension, c’est quelle est la finalité de l’entreprise du point de vue
du territoire politique qui l’accueille ? Pour le coup, la réflexion sur ce sujet là est en
train de se développer très vigoureusement. On parle beaucoup du modèle allemand :
qu’est-ce que c’est que le modèle allemand ? Il est de mon point de vue très
largement marqué par le droit des sociétés allemandes mis en place en 1951, revu en
1976.