1 ENSEIGNER LE BASKET-BALL AU COLLEGE ET AU LYCEE Jacques LEGRAND 2003 2 Préambules GENERALITES 1. Les établissements scolaires sont aussi le lieu de rencontre d’élèves qui refusent d’apprendre, qui sont en contestation permanente bref d’adolescents perturbés sans compter ceux qui sont aux limites de la délinquance voire déjà dedans. Il n’est pas question de soigner tous les problèmes de notre société par les apprentissages en Basket-ball, mais le postulat de départ est qu’un enseignement de qualité, cohérent, plaisant et qui a du sens pour les élèves, associé à un enseignant motivé et présentant les qualités de personnalité nécessaires à ce métier va permettre de surmonter un certain nombre de difficultés. Celles qui restent sont du domaine de la cohérence organisée dans l’établissement, dans la famille, dans la société tout en sachant qu’un contrôle total de l’enfant serait pire que le mal que l’on veut éviter. Il n’est donc pas possible, dans cet ouvrage, de traiter tout ce qui est du ressort de la pédagogie car les cas sont infinis. Je me suis contenté de rester essentiellement sur le plan de la didactique tout en sachant que la réalité du terrain associe obligatoirement les deux. 2. Il sera question d’un élève, d’un joueur. L’utilisation de la forme masculine n’est pas le produit d’un sexisme sournois mais la volonté de ne pas surcharger le texte en mettant systématiquement les deux formes. DIDACTIQUE 1. Les cas traités par niveau scolaire ne signifie pas que ce sont les seuls cas possibles et qu’ils ne se constatent uniquement qu’à ces niveaux. On peut, par exemple, parfaitement trouver des cas traités au lycée au niveau du collège et inversement. L’hétérogénéité des pratiques en France fait que cela est inévitable malgré la présence des programmes. 2. Les apprentissages proposés ne représentent pas l’ensemble des possibles. C’est à l’enseignant, dans le cadre de ses groupes, de traiter spécifiquement les comportements observés. 3. Les propositions faites dans ce document ne concernent pas les compétences relatives à l’arbitrage, à l’échauffement, à l’observation. Elles peuvent être ajoutées par chaque enseignant dans son cycle de Basket-ball. 4. Les situations proposées sont sans doute adaptées aux objectifs visés mais ce sont ces derniers avec les problèmes posés aux élèves qui sont importants. En effet, une situation peut parfaitement remplir son rôle avec une classe et moins avec une autre. L’enseignant doit donc rester vigilant aux adaptations des élèves et choisir, ajuster les situations en fonction de ce qui est visé. 5. Ce qui est important ce sont les caractéristiques des élèves et les apprentissages qu’ils peuvent réaliser et non pas les programmes. Si les propositions de ces derniers sont en cohérence avec la situation vécue, c’est que les élèves sont dans la norme. Mais, s’ils ne sont pas pertinents par rapport aux caractéristiques des élèves alors mieux vaut les laisser de côté momentanément. 6. Il sera question de situation de référence et de situation d’apprentissage. La première n’a pas pour objectif essentiel un apprentissage quelconque mais seulement de servir de support aux évaluations diagnostique, intermédiaire, terminale …. C’est, généralement, un match qui est une référence « interne » parce qu’il va être proposé régulièrement durant le cycle pour juger de l’évolution des comportements ainsi qu’une référence « externe » car il permet aux élèves de « reconnaître » une pratique sportive extra scolaire même si, ce qui est proposé, est adapté à leurs caractéristiques. 3 7. Mettre des élèves dans une situation d’apprentissage n’implique pas que les apprentissages vont se faire automatiquement. Il ne faut pas attendre « l’effet magique ». L’enseignant doit rester focalisé sur les apprentissages visés et adaptés aux caractéristiques, analyser les comportements des élèves et aider ces derniers en permanence. La situation n’est que le support même si des apprentissages se font sans cette aide. CARACTERISTIQUES DES ELEVES Les progressions vers la cible sont rarement « typiques ». Elles mélangent des stratégies. Ce qui est important, c’est d’observer la stratégie dominante et le problème dominant. La solution à une situation singulière que peut constater un enseignant peut se chercher dans plusieurs cas traités. Il en est de même pour les cas sur « attaque placée ». Une classe ne ressemble pas à une autre et leurs évolutions peuvent également être différentes. STRATEGIE D’ENSEIGNEMENT 1. L’apprentissage a plus de chances d’avoir lieu et de persister si l’élève met en relation les nouvelles procédures mises en place et une meilleure efficacité. Il y a donc nécessité de lui fournir le produit d’observations quantitatives simples sur lesquelles il peut s’appuyer pour assurer cette mise en relation. 2. En ce qui concerne les apprentissages techniques, il faut absolument introduire des variations dans les exercices afin de permettre aux élèves de paramétrer leurs gestes, c’est à dire d’ajuster les paramètres comme la force, la vitesse, l’amplitude, l’orientation … en fonction des contraintes précises de la situation dans laquelle ils agissent. 3. Les apprentissages en sports collectifs nécessitent de jouer sur l’évolution du rapport de forces, de mettre en place des situations compétitives, de susciter la réflexion des élèves … 4 SOMMAIRE Première partie Elle est consacrée aux formes de jeu observées, c’est à dire les modalités de progression vers la cible, d’attaque placée et de défense. Deuxième partie Il s’agit des propositions didactiques au niveau du collège faites à partir de cinq cas différents. Troisième partie Ce sont les propositions didactiques pour le niveau lycée faites à partir de six cas différents. Quatrième partie Un certain nombre de caractéristiques de comportements collectifs et individuels sont répertoriés ainsi que des hypothèses explicatives de ces derniers. Cinquième partie Quelques apprentissages particuliers y sont traités : le rebond, le tir en course et le tir de loin. Sixième partie Elle est consacrée aux conceptions de l’enseignement des sports collectifs. Elle met en opposition la conception techniciste et une conception alternative. Septième partie Les catégories d’apprentissage utilisées dans cet ouvrage y sont précisés et comparés avec celles des textes officiels. Huitième partie Elle est consacrée à l’organisation de la classe. Neuvième partie Elle aborde le problème de l’évaluation à partir d’exemples concrets. Dixième partie On y trouve un lexique comprenant la définition d’un certain nombre de termes employés dans l’ouvrage. 5 Les comportements généraux observés LES FORMES DE JEU Première partie 6 Il s’agit dans un premier temps de repérer les modalités de progression vers la cible que l’on peut voir au niveau scolaire. Pour chaque classe, pour chaque équipe, il va y avoir une combinaison de ces différentes modalités parfois dans la même phase d’attaque. LA « GRAPPE » C'est la forme de jeu des jeunes débutants. On l’a trouve, à l’heure actuelle, essentiellement à l’école primaire au niveau CE2 ou CM1 voire avant. C'est la forme spontanée de jeu que des jeunes joueurs pratiquent lorsqu'on les confronte seulement aux contraintes fondamentales du jeu. C'est une forme bien connue qui se caractérise par : - parfois une indifférenciation entre les attaquants et les défenseurs. Il y a celui qui a la balle et les autres qui cherchent à l'avoir. Comme le ballon est l'élément de convoitise de tout le monde, il y a regroupement de tous les joueurs autour du ballon et le « paquet » évolue au gré des déplacements hasardeux du ballon. On peut même voir la grappe se déplacer en dehors des limites du terrain sans que les joueurs ne s'en aperçoivent, montrant bien par-là que le but du jeu est donc d'abord d'avoir le ballon et non pas de marquer des points. Le ballon conduit les joueurs. Dans ce cas, la cible n’est pas construite. - un espace de jeu effectif extrêmement réduit - des échanges de balle intentionnels peu nombreux et des "dribbles" fréquents. On peut voir des lancers de balle à la périphérie du paquet mais si un joueur s’en empare, il se fait immédiatement rattraper par l’ensemble des joueurs. On peut parfois voir également, à l’inverse, des joueurs qui n’osent pas participer directement au jeu et qui se retrouve en position de « satellites ». Cette position peut également être le fait de joueurs plus évolués persuadés que cette position est stratégiquement préférable. Le déplacement du paquet de joueurs peut être soit : - aléatoire, c’est à dire ne s’orientant pas systématiquement vers la cible - orienté vers la cible avec des aller retours en fonction des pertes de balle. Dans ce cas, la cible est construite. - orienté vers l’arrière à cause de la pression de la défense. Cette pression défensive se manifeste par un harcèlement du porteur de balle. Il n’est pas toujours évident d’ailleurs que le harcèlement n’est le fait que des seuls adversaires (cf. plus haut sur l’indifférenciation des attaquants et défenseurs). Il est possible également de voir des grappes « passives » « statiques », c’est à dire avec un joueur possédant la balle dans les mains, à l’arrêt et tous les autres autour en train de « l’enfermer ». Ceci provient soit de joueurs (souvent joueuses) peu agressives soit d’une modification du règlement, par l’enseignant, interdisant de prendre le ballon des mains du porteur. LE GAGNE-TERRAIN L’expression classique de gagne-terrain a pour but de montrer que l’intention générale des joueurs est de réussir à se rapprocher le plus près possible de la zone de marque sans se faire prendre le ballon avant. L'équipe défendante cherche, quant à elle, à récupérer le ballon dés sa perte. En général, dés que la balle arrive en zone de marque il y a tir. Cette zone de marque est réduite. Le jeu se situe donc le plus souvent dans l'espace de progression. Cette fois ci la différenciation attaquants / défenseurs est réalisée et la cible construite car elle oriente nettement les déplacements. 7 L'espace de jeu effectif est plus important que dans la grappe mais on peut voir par intermittence un regroupement des joueurs autour du ballon. La manière de progresser peut être différente. On peut repérer : La stratégie balle en arrière de l'espace de jeu effectif. En général, un joueur plus habile que les autres contrôle le ballon à l’arrière de l’EJE et cherche à déborder par la périphérie. Il exécute un dribble de contournement de 1 schéma 1a schéma 1b 1 l’ensemble des joueurs. S'il y arrive, il va tirer (schéma 1a). S'il n'y arrive pas, il oriente son dribble pour repartir dans l'autre sens etc. .. Le joueur dominant « pousse » l’ensemble schéma 1c schéma 2 2 2 1 1 1 des joueurs (schéma 1b). Si le joueur arrive à déborder, mais sans pouvoir tirer, il se retrouve généralement dans un angle du terrain avec l’ensemble des autres joueurs entre lui et le panier. Il y a dans ce cas un alignement dans la radiale (schéma 1c). On peut voir également 2 joueurs dominants se donner la responsabilité de la progression. Dans ce cas, si l’un des deux n’arrive pas à déborder dans un sens, il donne à l’autre qui tente de déborder dans l’autre sens (schéma 2). Ce jeu à 2 peut se réaliser par des croisements entre eux. L’un tente de schéma 3 déborder en dribble d’un côté en progressant vers l’autre qui croise derrière le dribbleur pour récupérer le ballon et tenter de déborder dans l’autre sens (schéma 3). Dans les 2 cas, la « poussée » s’effectue à deux. 1 1 On peut voir également le joueur dribbleur donner à un joueur « relais » qui est 2 2 positionné dans l’axe central du terrain. Ce dernier se contente de redonner le ballon à 8 celui qui vient de lui donner (souvent parce qu’il lui redemande) ou à un autre joueur qui a le statut de joueur pouvant faire progresser le ballon (schéma 4). Dans ce schéma, le joueur 1 dominant donne la balle schéma 4 3 3 Joueur relais au joueur relais 2 suite à son dribble de contournement et la lui redemande en passant 2 derrière. Le joueur 2 peut également passer au joueur 2 dominant 3 qui va contourner de 1 l’autre côté. Les joueurs qui ne participent 1 pas à la progression de la balle ne font qu’accompagner ou demander le ballon. Progression en dribble dans la radiale (variante) Dans des circonstances qui le permettent, il est possible de voir un joueur récupérant la balle à l’arrière de l’espace de jeu effectif ou dans l’espace effectif et partir directement en dribble vers la cible (schéma 5). Dans ce cas, le joueur trouve un dégagement de la radiale qu’il exploite ou il a la possibilité de changer 1 de direction en dribblant pour se faufiler entre des joueurs (ce qui est rare pour des jeunes débutants). Ces séquences de jeu montrent bien que si les joueurs dribbleur le pouvaient, Schéma 5 ils iraient directement vers la cible par le chemin le plus court et que les contournements observés dans la stratégie balle en arrière vue précédemment ne sont que la conséquence d’une habileté motrice et perceptive trop faible pour traverser un paquet de joueurs. Dans le cas de match à effectif réduit (3 X 3 par exemple), on peut voir également ce genre d’actions. En effet, la plus faible densité de joueur permet les dribbles directs. La stratégie balle en avant Dans ce cas, une passe est effectuée de l'arrière vers un joueur situé à l'avant (schéma 6A) qui devient un « dribbleur poursuivi » s'il arrive à capturer le ballon (schéma 6B). Ici, c'est le joueur dribbleur qui « tracte » les autres joueurs. L’échange de balle se fait encore à l’arrêt et face à face. Comme déjà signalé au début du chapitre, il est évident que ces deux stratégies de progression (balle en arrière et balle en avant) se combinent dans des proportions différentes selon les joueurs en présence. Il arrive également que la schéma 6 disposition des défenseurs n’autorise pas un tir du joueur d’appui. Dans ce cas, on 2 2 assiste à un « jeu de relais » souvent dans l’axe central du 1 terrain. La progression se fait A B 9 alors en deux ou plusieurs passes vers l’avant selon la taille du terrain utilisé. Ce jeu de relais est également visible lorsque le joueur d’appui, après la réception de balle, ne cherche pas à dribbler même si la radiale est dégagée. Dans ces formes de gagne-terrains, il faut remarquer que les passes sont pratiquement toujours orientées vers l'avant ou vers le panier. Il y a peu de passes en arrière. D'ailleurs, cette caractéristique fait que lors d'un arrêt de la balle par un joueur qui la tient, il y a généralement alignement des joueurs dans la radiale (schéma 1c). On assiste donc souvent à une passe type "touche de rugby". Certains schéma 7 joueurs, dans ce cas, néanmoins organisent un jeu en soutien (schéma 7). On assiste alors aux premières ruptures d’alignement. En ce qui concerne l'échange, il y a position des partenaires face à face, à l'arrêt, à une distance encore relativement restreinte (entre 3 et 5m). Les tirs sont généralement déclenchés à l’arrêt. Le gagne-terrain par « échanges de balle » L’évolution des capacités techniques des joueurs et l’augmentation de l’espace de jeu effectif va transformer le gagne-terrain. On va toujours progresser vers la zone de marque et, très souvent, tirer dés l’arrivée dans cette zone car il est rare, dans un premier temps, de voir une amorce de schéma 8 jeu « placé ». Contrairement aux gagne-terrains précédents plus de joueurs vont participer. Les échanges sont plus fréquents, plus rapides, les passes latérales et arrières plus fréquentes. Mais globalement, les joueurs ne changent pas de couloir de déplacement lors de la progression. Le démarquage des attaquants est plus fréquemment le résultat du déplacement des défenseurs centrés par rapport à la balle que d'une action tactique des attaquants. La caractéristique des échanges est que l’on voit le ballon aller de la périphérie à l’intérieur de l’espace de jeu effectif et inversement (schéma 8). En ce qui concerne les formes de jeu évoquées pour l’instant, il s’agit de formes spontanées. C’est à dire qu’indépendamment de l’influence de l’adulte, il suffit de laisser les joueurs jouer librement pour voir évoluer leur jeu dans le sens indiqué. Malheureusement, ces formes de jeu peuvent se rencontrer jusqu’à des niveaux de classe élevé. Ce sont sans doute les « éternels débutants ». 10 L'ATTAQUE RAPIDE Cette forme de jeu peut, éventuellement, faire suite au gagne-terrain stratégie balle en avant. C’est une modalité de progression vers la cible. Bien entendu, on quitte les formes spontanées de jeu pour rentrer dans les apprentissages dans lesquels la marque du formateur va s'imprimer. Dans l'attaque rapide, le but est, dés la récupération de la balle (interception, rebond défensif, perte de balle adverse) de chercher à positionner un joueur en situation favorable de tir avant que l'adversaire n'organise sa défense1. C’est la passe en avant dés récupération qui va dominer. Mais, si dans le gagne-terrain, le passeur et le réceptionneur étaient généralement à l’arrêt lors de la passe en avant, cette fois ci il y a intention de prendre de vitesse la défense et la réception se fait plutôt en courant vers la cible. On peut voir également des passes en déplacement suite à un dribble. Là encore, l’attaque rapide se combine avec d’autres formes de jeu. De plus, il est parfois difficile de différencier l’attaque rapide de la stratégie balle en avant quand on ne connaît pas les joueurs. En effet, dans le gagne-terrain, l’intention est seulement de rejoindre la zone de marque pour tirer alors que dans l’attaque rapide s’y surajoute l’intention de prendre de vitesse la défense adverse. LE GAGNE-TERRAIN FACE A UNE DEFENSE ORGANISEE EN INDIVIDUELLE Dans le cas où la défense organise passe et va une récupération de la balle sur tout le terrain et en cas d'impossibilité à organiser une attaque rapide, il est possible d'envisager une progression vers la zone de marque efficace en organisant des passe et suit schéma 9A schéma 9B démarquages seuls vers la cible, éventuellement dans le cadre de « passe et va » (schéma 9A), de « passe et suit » ou de croisements derrière le porteur ( schéma 9B) pour réussir à déstabiliser la défense. Il a utilisation du couloir de jeu direct (démarquage sans le ballon) dans le premier cas ou de la schéma 9C périphérie (croisement derrière le porteur) dans le deuxième cas. Ces 2 combinaisons tactiques peuvent être confondues lorsqu’elles se déroulent dans la radiale (schéma 9C). On peut prendre ceci comme définition de l’attaque rapide ou de la contre attaque. Définition valable pour tous les niveaux. 1 11 Il y a recherche volontaire de se débarrasser d’un adversaire direct en plus de la volonté de faire progresser collectivement le ballon. Dans le cas, d’une non-exploitationn de leur action les élèves réorganisent leurs positions. Donc, contrairement à la forme d’un gagne-terrain par simples échanges de balle, il y a échange de positions. Ces échanges de positions peuvent également ne pas exister dans la mesure où la défense peut être débordée dés la première combinaison tactique. Dans ce cas, le joueur démarqué avec le ballon va tirer rapidement. Les formes de jeu précédentes étaient centrées sur la progression vers la cible, celles qui vont suivre s’organisent dans un espace de jeu stabilisé près de la cible à attaquer ou à défendre. Il va s’agir maintenant, par une circulation de la balle et des joueurs, de mettre un joueur en situation de tir favorable. L’ATTAQUE « PLACEE » Si l'atteinte de la zone de marque se fait facilement mais que, dans le même temps, la défense arrive à empêcher le tir immédiat parce que le repli défensif est aussi rapide que la progression vers l’avant des attaquants (cf. gagne-terrain), ou si la défense s'organise dans sa zone arrière en abandonnant la lutte dans l’espace de progression en se repliant dés la perte de balle (repli défensif), l’ensemble des joueurs se retrouvent regroupés près de la cible et il devient indispensable, pour l’attaque, de pouvoir mettre un joueur en situation favorable de tir dans cet espace. La première forme d’attaque dans cet espace est de se passer le ballon à la périphérie afin de prendre la défense de vitesse et libérer un joueur pour un tir de loin. On peut la rencontrer chez les jeunes ou les adultes (schéma 10). Un joueur plus évolué techniquement peut parfois essayer de transpercer le bloc défensif (organisé ou non). Généralement, l’attaque se termine par un tir de loin car il n’y a pas d’autres solutions. Schéma 10 Une deuxième forme va voir des non porteurs se déplacer pour avoir la balle mais indépendamment les uns des autres ainsi que des dribbles périphériques inefficaces (se reporter aux schémas dans les propositions didactiques). Dans ces cas, on ne peut pas parler d’une attaque organisée pour dominer la défense car c’est plutôt l’inverse que l’on observe. Ainsi, il va falloir organiser l’attaque afin de trouver des situations de tir favorables. Organisation des relations entre porteur et non porteurs Il va y avoir mise en place de principes de jeu, différents en fonction de l’enseignant, qui vont permettre à l’attaque d’assurer à la fois sa cohésion et la mise en difficulté maximale de la défense. La mise en situation favorable de tir va se faire par des démarquages individuels. Le rebond offensif peut faire l’objet d’une attention particulière. Organisation des écrans et des relations entre non porteurs Lorsque les démarquages individuels vont devenir moins opérants, il y aura nécessité d’assurer l’aide offensive sous forme d’écrans. Soit pour le porteur de balle soit entre les non porteurs. Remarque Il n’est pas question ici d’attaque de défense de zone. 12 LES FORMES DE JEU EN DEFENSE La défense spontanée La forme initiale de défense se déroule sur tout le terrain. L’intention dominante, comme pour les attaquants, est d’avoir le ballon ce qui provoque un regroupement autour de celuici. Il peut y avoir, selon les classes, des joueurs qui ne participent pas à la défense et restent en « satellites ». En ce qui concerne l’agressivité, l’ensemble du spectre des possibles peut être vu en partant du joueur passif qui ne fait que se rapprocher du porteur sans oser lui prendre le ballon jusqu’à l’élève fougueux qui arrive sur le porteur et qui le percute fréquemment. Quoi qu’il en soit, il y a peu de joueurs qui cherchent à interdire la réception de balle à un non porteur sauf peut être sur les remises en jeu en touche. L’organisation en défense individuelle sur tout le terrain À partir d’une amorce de défense sur les non porteurs par un ou deux joueurs de l’équipe sur les remises en jeu, l’équipe s’organise pour que chaque joueur soit au marquage d’un adversaire. Dans un premier temps, cette organisation est effective, encore une fois, sur les remises en jeu mais dès que la balle progresse vers la cible, il y a recentrage sur la balle et oubli fréquent de son adversaire. Puis, la défense individuelle devient constante pendant toute la phase d’attaque adverse. Généralement, le marquage est « strict » dans la mesure où chaque joueur marque un adversaire défini et le garde en permanence. La transition attaque /défense est parfois lente. La mise en place de l’aide défensive sur tout le terrain Lorsque les attaquants réussissent à dominer la défense individuelle « stricte » sur tout le terrain, le défenseur qui s’est fait déborder par son adversaire direct est aidé par un partenaire qui prend ce dernier en charge. Le flottement défensif et la rotation défensive se mettent en place. La transition attaque /défense peut être plus rapide. Le repli défensif Lorsque les attaquants dominent dans l’espace de progression et que les défenseurs n’ont pas les ressources pour faire basculer le rapport de forces dans cet espace, il y a organisation du repli défensif afin de réduire l’espace d’intervention à un espace correspondant globalement à l’espace de marque adverse. La défense individuelle est mise en place une fois le repli effectué. Il arrive que dans certaines classes, les élèves replient avant d’avoir atteint un niveau de défense tout terrain comme ceux présentés cidessus. Dans ce cas, la défense individuelle, qui fait suite au repli, n’est pas obligatoirement généralisée à tous les élèves et un ou deux attaquants peuvent se retrouver démarqués à cause de la fréquente centration sur la balle de certains défenseurs. La mise en place du flottement et de l’aide défensive face à l’attaque placée adverse Afin de répondre aux fréquents démarquages directs des attaquants qui arrivent à tirer souvent près de la cible dans des conditions favorables, il y a perfectionnement des capacités à résister individuellement à ces démarquages puis apparition du flottement et de l’aide défensive qui va jusqu’aux « prises à deux ». Ce niveau défensif exige une grande vivacité motrice ainsi qu’une capacité à s’informer rapidement sur une grande partie du champ de jeu. Les rebonds défensifs peuvent être maîtrisés. Remarque Il n’est pas question ici de défense de zone. 13 Propositions didactiques NIVEAU COLLEGE Deuxième partie 14 Niveau collège : premier cas CONSTAT La forme globale de jeu est surtout un gagne-terrain (GT) par échanges de balle. Il y a peu de dribble de progression mais, éventuellement, des dribbles pour s’écarter des défenseurs. L’EJE est réduit. Les passes sont souvent interceptées ou les balles prises dans les mains du porteur. Les quelques tentatives de dribble de progression se soldent souvent par des échecs, la balle étant fréquemment touchée par un ou des adversaires proches. Le jeu ressemble plus à une « passe à dix orientée ». PRINCIPALES HYPOTHESES EXPLICATIVES Sur le plan cognitif 1. L’intention dominante semble être l’échange de la balle plutôt que l’attaque de la cible adverse. 2. Les non porteurs (NP) veulent généralement avoir la balle, ils se rapprochent ce qui crée un EJE restreint, gesticulent éventuellement avec les bras ou crient. Ils se repèrent par rapport au couloir fictif qui les relie au porteur de balle. L’information est prise essentiellement dans ce couloir et encore sans tenir compte vraiment des défenseurs qui s’y trouvent car les situations d’alignement balle/adversaire/moi sont fréquentes. Les balles sont interceptées parce que le porteur tente de lober l’adversaire qui le marque. La trajectoire de balle produite est haute ce qui donne du temps aux autres adversaires pour intervenir sur la balle. Ces interceptions sont facilitées par le fait que ni le porteur, ni le réceptionneur potentiel ne s’informe sur le placement, le déplacement des adversaires proches de ce réceptionneur. La passe est donc faite pour un partenaire non démarqué objectivement. 3. Le porteur peut percevoir le ou les adversaires proches de son receveur mais son manque d’expérience lui interdit de bien identifier ce qu’est la situation de « partenaire démarqué ». En fait, il ne donne pas encore de sens aux relations spatio-temporelles entre les joueurs qu’il perçoit. Il donne à quelqu’un qu’il croit en mesure de recevoir le ballon. 4. Le porteur peut percevoir le ou les adversaires proches du receveur mais ne pas anticiper mentalement leur intervention possible. Le porteur ne s’est pas construit d’alternatives suffisantes. Il « oublie » que l’adversaire va tenter de récupérer la balle. 5. Le porteur démarre son geste de passe et au dernier moment il s’aperçoit qu’un adversaire peut intervenir et essaye de retenir la balle mais sans succès. Sa prise d’information sur l’adversaire est trop tardive. Sur le plan moteur 1. La passe est faite sur un état de déséquilibre provoqué : a. par une précipitation du geste de passe avant de s’équilibrer par un pivot. b. par la non-utilisation du pivot qui va impliquer un lancer dans une direction qui n’est pas celle des épaules ou un croisement des membres inférieurs dans le cas d’une rotation du haut du corps pour chercher un partenaire. 2. Le porteur reste fixe avec le ballon tenu à deux mains au niveau de l’abdomen et l’offre ainsi à l’adversaire proche. Il peut également chercher à échapper à cet adversaire en mobilisant le ballon dans son espace intime mais sans déplacement des appuis, ce qui ne lui donne que peu de chances de la conserver face à un adversaire dynamique qui se déplace librement. 3. Le réceptionneur peut ne pas bien faire coïncider son geste de capture de balle avec la trajectoire de celle-ci et rater sa réception. 4. Dans le cas de tentative de dribble de progression dans un espace restreint, la balle est frappée de manière brève ce qui laisse une phase de non contrôle manuel 15 du ballon très importante. Ceci autorise une intervention facile d’un adversaire sur celui-ci. Sur le plan affectif 1. Le porteur se débarrasse du ballon plutôt qu’il ne le passe par crainte du contact ou de l’agression adverse. 2. Il cherche à donner à un partenaire avec qui il a des affinités même s’il n’est pas en situation de recevoir le ballon. 3. Les caractéristiques de jeu présentées se rencontrent lorsque dans un groupe il n’y a pas de joueur(s) dominant(s) possédant un bagage technique au-dessus de la moyenne qui cherchent à progresser en dribble. COMPETENCE VISEE Elle sera relative à la progression vers la cible. Mais, les caractéristiques de ces élèves ne permettent pas d’envisager une prise de vitesse de l’équipe adverse. La compétence proposée peut se formuler ainsi : Progresser collectivement vers la cible adverse par passes en priorité en recherchant la conservation du ballon face à une défense qui cherche à le récupérer sur tout le terrain mais de manière non organisée collectivement. LES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE Situation 1 Situation 1 Organisation et déroulement Terrain en travers du gymnase type C découpée en 6 zones par des plots extérieurs. Match en 3X3 avec interdiction de faire un échange de balle dans la même zone (violation). Deux joueurs arbitrent et deux joueurs font un relevé du nombre de possessions, du nombre de passes, du nombre de fois que les équipes tirent. Objectifs Augmentation de l’Espace de Jeu Effectif (EJE). Décentration par rapport à la balle pour les non porteurs. Jeu vers l’avant. Simplification Le nombre de défenseur passe à 2, le 3e étant à l’extérieur du terrain et rentrant dès que son équipe récupère le ballon. Apprentissages visés Plan stratégique Donner et recevoir une balle dans un autre espace que celui où il se trouve. Donner dans une zone avant en priorité. Plan tactique Pour le porteur Je donne à l’un ou à l’autre de mes partenaires en fonction de leur état de démarquage respectif. Si mes 2 partenaires sont démarqués, je donne dans une zone avant. Si mes 2 partenaires ne sont pas démarqués, j’attends le démarquage en protégeant mon ballon. Si je ne suis pas marqué, je peux progresser en dribble sauf si un partenaire situé dans une zone avant est aussi démarqué. Dans ce cas, je lui passe. Pour le non porteur Si mon partenaire NP est dans une zone, je me déplace dans une autre zone. 16 Si le porteur est dans une situation favorable de passe, je me démarque dans une zone avant. S’il n’est pas dans une situation favorable de passe, je me démarque dans une zone latérale ou arrière. Plan technique et réglementaire Il sera autorisé de se déplacer balle en main mais sans translation en tournant sur place dans le cadre d’un cercle d’un mètre de diamètre environ. Ce « pivot » rudimentaire sera l’arme a utiliser par le porteur pour protéger son ballon. Il sera également utilisé pour rechercher un partenaire et s’orienter vers lui au moment de la passe. L’enseignant cherche, entre autres, à mettre en évidence qu’un nombre limité de passes dans la progression peut être un facteur de réussite. Ceci équivaut à passer le plus souvent possible vers l’avant. Il utilise les observations quantitatives relevées par les élèves. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Le NP va passer d’une centration sur la balle à un repérage de sa position par rapport à des espaces et par rapport à l’autre NP. Le porteur va passer d’une intention uniquement centrée sur l’échange à une intention de progresser vers l’avant. Il va progressivement identifier, au regard des paramètres d’espace et de temps, ce qu’est un partenaire démarqué. Situation 2 Organisation et déroulement Chaque secteur voit se dérouler une passe à dix en 2X1. La reprise de dribble est interdite ainsi que la passe lobée au-dessus du défenseur. Le défenseur cherche à prendre la balle dans les mains du porteur et d’intercepter les passes. S’il prend la balle dans les mains, il a droit à une Situation 2 «vie » lorsqu’il sera porteur. Le porteur qui se fait prendre ou intercepter la balle passe en défense quand il n’a plus de « vie ». Objectifs Protection du ballon. Orientation du corps face au partenaire lors de la passe. Rupture de l’alignement par le non porteur. Apprentissages visés Plan technique S’équilibrer et protéger le ballon rotation sur place (cf. situation 1). Éloigner le ballon le plus possible du défenseur avec les bras en fonction de son placement. Utiliser le corps comme obstacle entre le ballon et l’adversaire. Variantes Dès que la rotation sur place est maîtrisée, imposer le pied de pivot pour rendre plus difficile les actions du porteur. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Dissociation entre les bras et le train inférieur. ENCHAINEMENT POSSIBLE DES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE 1. Le constat initial s’effectue dans le cadre d’une situation de référence (match 3X3 ou 4X4 sur tout le terrain). 2. Ensuite, il va y avoir circularité entre ce match et la situation 1. Le retour à la situation de référence est là pour constater le transfert d’une situation à l’autre. 17 3. Il va également y avoir circularité entre la situation 1 et la situation 2, si cette dernière s’avère nécessaire pour certains élèves. Il peut y avoir circularité entre la situation 1 et des situations d’apprentissage concernant le perfectionnement de la passe (non évoqué ici) si le besoin s’en fait sentir pour quelques joueurs. 4. Retour à la situation de référence pour évaluation terminale. Les apprentissages doivent conduire les élèves progressivement à une forme de jeu dominante en « stratégie balle en avant » avec apparition fréquente du « dribbleur poursuivi ». Cette évolution est compatible avec les propositions des documents d’accompagnement des 6e même si la notion de vitesse n’est pas ici encore d’actualité. Niveau collège : deuxième cas CONSTAT C’est la même forme de jeu que pour le premier cas mais, cette fois-ci, la progression vers la cible est relativement efficace puisque les attaquants arrivent assez souvent en zone de marque. PRINCIPALES HYPOTHESES EXPLICATIVES Sur le plan cognitif Les élèves sont encore plus centrés sur le ballon lorsqu’ils sont en défense que lorsqu’ils sont en attaque et ceci permet des échanges entre les attaquants. Ils regardent, s’orientent, se déplacent vers la balle sans se préoccuper des autres défenseurs. Ils réagissent à la passe du porteur et sont souvent en réaction donc en retard. Ils « courent » après le ballon. Sur le plan affectif La récupération de la balle n’est pas investie d’une grande motivation pour les élèves ce qui implique que l’énergie déployée en défense ne soit pas d’une haute intensité. L’inverse est également possible dans la mesure où, si le désir de récupérer la balle est très fort, il peut y avoir une centration excessive sur celle-ci. COMPETENCE VISEE Récupérer individuellement, collectivement et activement la balle sur tout le terrain en organisant une défense individuelle afin d’enchaîner par du jeu vers l’avant. LES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE Situation 1 Organisation et déroulement Match en 3X3 sur un terrain découpé en 3 zones. Une équipe débute une séquence de jeu par une remise en touche. Si l’autre équipe récupère la balle, elle enchaîne par l’attaque et à la fin de celle-ci, une autre séquence débutera de la même façon que la précédente. De même, si l’équipe qui fait la remise en jeu marque, elle reprend une autre séquence de jeu. En fonction du lieu Situation 1 de récupération de la balle, la défense marque plus ou moins de points. Plus cette 3pts 1pt 2pts récupération est précoce, plus le nombre de points gagnés est important. Naturellement, ces points s’ajoutent à ceux qui seraient éventuellement marqués en phase d’attaque. 18 Chaque équipe a un nombre de remises en jeu à faire. Des élèves non joueurs tiennent la marque et arbitrent. Objectifs Augmentation de l’agressivité et de la cohésion défensive par la mise en place de la défense individuelle. Amélioration de la transition défense/attaque. Complexification On organise un match « normal », il n’y a plus de séquences organisées. Le nombre de points marqués en défense dépend toujours de la zone de récupération mais la valeur des zones est inversée pour les deux équipes. Celle qui vaut 3pts pour l’une, vaut 1pt pour l’autre. Apprentissages visés Plan stratégique Chaque joueur prend en charge un joueur adverse en tentant d’équilibrer au mieux le rapport de forces. Récupérer la balle au plus tôt dès sa perte en harcelant le porteur. Interdire l’accès à la balle pour les non porteurs en se plaçant proche des lignes de passe. Transiter rapidement vers le jeu en avant dès la récupération. Plan tactique Pour le défenseur sur le porteur Choix du moment du harcèlement. Si le porteur s’arrête ou s’il tente une progression en dribble (ceci en fonction des forces en présence) Plan technique Pour s’arrêter à temps en cas d’action de harcèlement, passer rapidement les appuis en avant du centre de gravité. Plan réglementaire Règle du contact Transformations essentielles de l’activité de l’élève Il doit y avoir passage d’une centration visuelle quasi-exclusive sur la balle à une prise en compte de l’adversaire, des partenaires et du ballon. Ceci entraîne une représentation du jeu défensif qui va passer du «moi/balle » au « nous ». ENCHAINEMENT POSSIBLE DES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE Une simple circularité entre la situation de référence en 3X3 ou 4X4 et la situation d’apprentissage. Ces apprentissages doivent amener les élèves à organiser une défense individuelle de manière permanente au moins sur les remises en jeu et progressivement pendant toute la séquence d’un match. La transition défense/attaque doit également se réduire et faire tendre vers une forme de jeu dominante en « stratégie balle en avant » avec apparition du « dribbleur poursuivi ». La compétence visée est proche de celle proposée dans les documents d’accompagnement de la classe de 6e du point de vue de la provocation de « transgressions chez le porteur de balle » par l’orientation stratégique de harcèlement mais est décalée du point de vue de l’induction de « trajectoires de longue durée » au sujet desquelles je me demande, d’ailleurs, comment les provoquer volontairement à ce niveau de classe. Niveau collège : troisième cas CONSTAT La forme de jeu globale est surtout un gagne-terrain par dribbles de contournement de l’EJE exécuté par un joueur ou deux éventuellement « soutenus » par un joueur relais qui se contente de réceptionner le ballon et de le renvoyer au dribbleur. Cette stratégie est malheureusement peu efficace car on peut voir : 19 le dribbleur se faire stopper dans un angle du terrain puis lancer la balle dans le « paquet » de joueurs qui est venu se placer dans la radiale. Lorsque la balle arrive dans les mains d’un partenaire, il lui est difficile de tirer dans une situation favorable étant donné la concentration de joueurs autour de lui. Lorsque la balle arrive dans les mains d’un adversaire on assiste à la même progression dans l’autre sens. le dribbleur perdre le ballon pendant le dribble sous l’effet de l’agression d’un adversaire. PRINCIPALES HYPOTHESES EXPLICATIVES Sur le plan cognitif La cible est construite et l’intention de progresser vers elle est dominante. Sur le plan moteur L’hétérogénéité des classes fait que les capacités de dribble des élèves ne sont pas toutes au même niveau et qu’il est vrai que certains peuvent plus facilement que d’autres assurer une progression vers la cible de cette manière. Par contre, le contournement de l’EJE s’explique par un niveau de contrôle de la balle en dribble qui ne leur permet pas de passer au travers de l’EJE et de « slalomer » aisément entre des adversaires. Mieux vaut prendre le périphérique que de traverser la ville quand on ne sait pas bien conduire dans le trafic ! La perte de balle pendant le dribble peut avoir de multiples causes. Sur le plan affectif L’équipe s’est implicitement structurée en joueurs dominants et joueurs dominés. Le ou les dominants s’octroient le statut de « progresseur », les autres n’ayant qu’à suivre le ballon dans sa progression pour espérer, à un moment donné, une passe du porteur. D’ailleurs, il arrive fréquemment que celui qui se donne le statut de « progresseur » ne se donne pas forcément le statut de tireur car à l’arrivée en zone de marque, il donne le ballon à un partenaire et malheureusement rarement dans des conditions favorables. COMPETENCE VISEE Lorsque la balle est perdue en dribble de progression, le formateur est confronté à deux options : soit il perfectionne le dribble de progression pour que le porteur puisse parvenir plus souvent en situation favorable de tir, soit il fait modifier la stratégie de progression vers la cible. Il semble préférable dans le domaine scolaire d’envisager la deuxième solution car elle est moins coûteuse en temps et le changement de stratégie permettra à d’autres joueurs de l’équipe de prendre des responsabilités. La compétence visée sera donc : Progresser vers la cible par passe vers l’avant en priorité face à une défense qui cherche à récupérer le ballon sur tout le terrain mais de manière non organisée collectivement. LES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE Situation 1 Organisation et déroulement Match 3X3 ou 4X4 sur un terrain possédant une zone centrale interdite au dribble (violation). Objectifs Progression de la balle réalisée en dribble et en passes vers l’avant. Organisation collective de l’équipe. Simplification /complexification Situation 1 20 Outre le nombre de joueurs, la largeur de la zone est une variable permettant de réguler l’alternative dribble /passe. Apprentissages visés Plan stratégique Progresser en passe vers l’avant en priorité. Lober la défense pour la laisser derrière le ballon. Plan tactique Pour le porteur S’il n’y a pas d’intervention d’un adversaire, je progresse en dribble. Dès que je ne peux plus progresser en dribble, je m’arrête et je donne à un partenaire en appui s’il est démarqué. S’il n’y en a pas, je donne à un joueur en soutien situé à mon niveau ou derrière. Pour le non porteur Si le porteur progresse vers la cible, je ne me déplace pas dans sa trajectoire de dribble. S’il s’arrête, je me place en avant de l’EJE, à distance de passe sauf si un partenaire s’y trouve avant moi. Dans ce cas, je me place en soutien surtout si je perçois une difficulté pour lui de transmettre en avant. Plan réglementaire Il n’est pas inutile d’imposer une contrainte temporelle quant au franchissement de la zone centrale afin d’inciter à la passe en avant, plus rapide. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Décentration par rapport à la balle pour le porteur et le non porteur. Prise en compte de l’espace, des partenaires, de l’état du rapport de forces entre le porteur et la défense …. Structuration progressive de l’espace en zones d’appui et de soutien. Situation 2 Situation 2 Organisation et déroulement Le but étant de marquer, un joueur a la balle en main au niveau d’une limite matérialisée par un trait, un plot … Il a, derrière lui, un partenaire et un adversaire. Lorsque le porteur décide de partir en dribble pour aller à la cible, les autres joueurs ont le droit d’intervenir. Objectifs Gestion de l’alternative aller tirer/passer pour un dribbleur poursuivi. Simplification /complexification Le rapprochement ou l’éloignement des limites par rapport à la cible, l’écartement entre les deux limites (diminution ou augmentation du retard défensif) sont les paramètres à manipuler. Apprentissages visés Plan stratégique Aller directement à la cible (utilisation du couloir de jeu direct). Garder l’avance sur l’adversaire. Ne pas perdre le ballon. Augmenter l’EJE afin de mettre le défenseur en difficulté (écartement entre les deux attaquants). Plan tactique Pour le porteur Tant que je perçois que je suis en avance, je continue mon dribble. Dès que je sens le retour du défenseur, j’arrête le dribble et je protège la balle afin de passer à mon partenaire. 21 Transformations essentielles de l’activité de l’élève Décentration par rapport à la balle et la cible pour porter l’attention également sur son rapport avec le poursuivant. Construction d’une alternative en tant que dribbleur. Situation 3 Organisation et déroulement L’élève fait un parcours en dribble en variant les hauteurs Situation 3 de rebonds. Il passe, par exemple, sous une table, il marche sur un banc suédois, il passe sous un élastique ….Entre chaque obstacle, il se déplace en courant plus ou moins vite ou il dribble obligatoirement à hauteur d’épaule. Objectifs Développer le contrôle de la balle dans la progression en dribble. Il se fera progressivement par la variation des hauteurs de dribble favorisée dans ce genre de parcours. Apprentissages visés Plan technique Afin d’augmenter le temps de contact main/balle, il faut accompagner la balle aussi bien dans sa remontée que dans sa propulsion vers le sol. Il faut donc propulser longtemps vers le bas et commencer l’accompagnement vers le haut le plus tôt possible. Cet accompagnement se réalise grâce à la mobilisation des différentes articulations du membre supérieur. Situation 4 Situation 4 Organisation et déroulement Un élève dribble vers un banc de type suédois (faible hauteur) ou un obstacle de même nature. Arrivé près du banc, il prend une impulsion un pied pour retomber et stopper de l’autre côté sur les deux pieds sans arrêter le dribble. Objectifs et apprentissages visés Ils sont identiques à la situation 3 car l’élève va être sollicité pour propulser plus fort le ballon pour franchir l’obstacle et garder progressivement le contact avec lui dans sa remontée pour éviter de le perdre au-dessus de l’obstacle. Variantes Il est possible pour les élèves ayant un contrôle suffisant avec la main forte de faire l’exercice plus souvent avec la main faible ou de changer de main après chaque arrêt derrière un obstacle. Il est possible également de proposer de changer de main pendant le franchissement. Dans ce dernier cas, la propulsion pour sauter au-dessus de l’obstacle se fait en oblique vers l’autre main qui tente de contrôler le ballon dans sa remontée. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Il doit passer d’une propulsion de la balle par simple flexion-extension du coude avec une main à plat « soudée » à l’avant-bras à une dissociation main/avant bras par libération du poignet. Éventuellement, la mobilisation de l’épaule (élévation/abaissement) peut être acquise. 22 Remarque Il n’est pas interdit à ce niveau de commencer l’apprentissage ou le perfectionnement du tir en course s’il s’avère indispensable. ENCHAINEMENT POSSIBLE DES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE 1. situation de référence (match 3X3 ou 4X4 sur tout le terrain) qui est le support du constat initial. 2. circularité entre situation 1 et situation de référence 3. circularité entre situation 1 et situation 2 4. retour à la situation de référence 5. circularité entre situation 3 et 4 et situation 1 et 2 6. retour à la situation de référence Ces apprentissages doivent amener les élèves à passer d’un GT « stratégie balle en arrière » vers un GT « stratégie balle en avant » avec apparition du dribbleur poursuivi. Ceci correspond, comme pour le premier cas, aux propositions du document d’accompagnement de la classe de 6e. Niveau collège : quatrième cas CONSTAT La forme de jeu globale est surtout un gagne-terrain par dribbles de contournement de l’EJE exécutés par un joueur ou deux mais, cette fois-ci, le ou les dribbleurs atteignent la cible fréquemment. PRINCIPALES HYPOTHESES EXPLICATIVES Sur le plan cognitif Le dribbleur sait qu’il peut arriver seul à la cible avec efficacité et ne voit pas pourquoi il ne le ferait pas puisque le but du jeu est d’atteindre cette cible. Sur le plan moteur Il y a au moins un joueur dans une équipe qui possèdent les qualités techniques et physiques nécessaires pour prendre de vitesse tout le bloc défensif tout en réussissant à contrôler le ballon lors des déplacements rapides. Sur le plan affectif Il se peut que vouloir montrer sa compétence à l’ensemble du groupe lui tienne particulièrement à cœur. COMPETENCE VISEE Il peut sembler curieux que l’on puisse, dans ce cas, interdire à un joueur de progresser seul mais cette démarche d’enseignement existe. Elle présuppose que l’enseignant verse dans une idéologie plutôt que dans la logique des activités d’opposition et de coopération. En effet, si le rapport de forces est en faveur de l’attaquant, il faut permettre aux défenseurs d’acquérir les ressources nécessaires afin de faire basculer ce rapport de forces en leur faveur. La compétence visée sera donc : Organiser une défense collective permettant d’interdire l’accès direct à la cible à un dribbleur et l’obliger à faire des échanges de balle avec ses partenaires. LES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE Situation 1 Organisation et déroulement Match 3X3 sur un terrain présentant deux couloirs latéraux desquels il est interdit de sortir lorsqu’on y est rentré en dribble (violation). Lors d’un dribble de contournement, le porteur va rapidement être confronté à la défense qui va lui faire barrage dans le couloir. Si le 23 dribbleur évite d’aller dans un couloir latéral, il devra slalomer dans le couloir central entre les défenseurs ce qui va être délicat. Objectifs Permettre à des joueurs dominants de construire une alternative de progression (dribble ou passe). Situation 1 Complexification Le nombre de joueurs par équipe et la largeur des couloirs vont être les paramètres à manipuler dans cette situation (à taille de terrain constante). En 4X4 et/ou des couloirs plus larges, la contrainte pour le dribbleur va être beaucoup plus forte. Apprentissages visés Plan stratégique Créer un barrage dans le couloir de progression du dribbleur, c’est à dire construire collectivement un surnombre défensif sur ce joueur. Ce barrage peut être réalisé par 2 voire 3 joueurs éventuellement désignés à l’avance. Plan tactique (dans le cas où les joueurs ne seraient pas désignés pour défendre sur le dribbleur) Si le dribbleur n’est pas en possession de la balle, je vais harceler seul le porteur de balle. Si un partenaire est déjà placé pour cette action, je reste à distance restreinte du dribbleur à stopper. Si le dribbleur rentre en possession de la balle, je m’organise avec mes partenaires proches pour construire le barrage. Plan technique La construction du barrage s’exécute en se plaçant l’un à côté de l’autre afin de ne laisser aucun espace entre nous. Plan réglementaire Règle du contact en vigueur dans la classe. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Le défenseur rentre dans une activité de coopération dans laquelle il catégorise les joueurs. Il y a LE joueur adverse à marquer et les autres. Il y a le partenaire qui marque un autre joueur en possession de la balle et les autres partenaires. Tout ceci nécessite des informations à construire qui éloignent le défenseur d’une centration exclusive sur la balle. ENCHAINEMENT POSSIBLE DES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE Simple circularité entre situation de référence et situation 1. Ces apprentissages doivent amener à une modification de la stratégie dominante en attaque qui peut aller vers un GT « stratégie balle en avant » avec création du dribbleur poursuivi ou temporairement vers un GT « stratégie balle en arrière » par contournement successifs du dribbleur et de ses autres partenaires avec utilisation ou non de joueurs relais. Le cas particulier traité ici n’a de référence approximative avec les documents d’accompagnement pour la classe de 6e que dans l’expression « induire des trajectoires de longue durée » qui se transforme, dans le cas présent, en « induire des passes aux partenaires ». Niveau collège : cinquième cas CONSTAT La forme globale du jeu est un GT « stratégie balle en avant » dans lequel le récupérateur de balle passe à un partenaire situé en avant de l’EJE. Cette passe peut être précédée 24 d’un dribble de progression en contournement de l’EJE. La défense cherche toujours à récupérer la balle sur l’ensemble du terrain mais de manière inorganisée. Le joueur réceptionneur en appui n’arrive pas, dans la situation de dribbleur poursuivi, à conserver le ballon parce qu’il n’arrive pas à le contrôler ou parce qu’un adversaire le rattrape et lui fait perdre celui-ci. Il peut également arriver qu’il se trouve confronté à un adversaire qui se trouve entre lui et la cible étant donné que ce dernier n’avait pas activement participé à la précédente attaque. Dans ce cas, le dribbleur, soit se fait prendre le ballon soit tire précipitamment alors qu’il est encore assez loin de la cible. PRINCIPALES HYPOTHESES EXPLICATIVES Sur le plan cognitif Le dribbleur poursuivi n’a qu’une seule intention dans cette situation qui est d’aller tirer. Il n’a pas d’alternative construite et cela peut expliquer que certains ne portent pas attention aux poursuivants et n’arrivent donc pas à anticiper l’intervention de l’un d’entre eux. Cette unique intention peut expliquer également que certains tirent précipitamment si un adversaire s’interpose entre eux et la cible. L’intention de vouloir la balle et de rester proche de celle-ci, peut encore réduire l’EJE de manière fréquente ce qui, lors d’une récupération de balle loin de la cible, impose au dribbleur poursuivi une distance trop longue à parcourir pour ses capacités limitées. Sur le plan moteur Le contrôle de la balle peut être inadapté à la réception ou pendant le dribble. Sur le plan affectif Il est possible que certains élèves soient particulièrement excités de se retrouver dans une situation où ils ont la responsabilité de la progression alors que ce n’était pas le cas jusqu’à présent. COMPETENCE VISEE Étant donné que la forme globale du jeu est prometteuse et conforme aux propositions des documents d’accompagnement, il faut simplement permettre au dribbleur poursuivi de gérer cette situation efficacement et de lui en donner les moyens techniques. La compétence visée sera donc : Progresser rapidement en dribble vers la cible en étant poursuivi et gérer l’alternative aller tirer ou passer. LES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE Situation 1 positionner entre le dribbleur et la cible. Situation 2 Situation 1 La situation 2 déjà proposée p.20 pour le 3ième cas est repris ici. Les objectifs sont essentiellement tactiques puisqu’il s’agit de gérer l’alternative précisée dans la compétence formulée ci-dessus. Par contre, une variante peut être introduite afin de créer des situations dans lesquelles le dribbleur poursuivi va se retrouver confronté à un adversaire face à lui. Au lieu de faire partir l’adversaire derrière le dribbleur, il démarre au même niveau ce qui peut lui permettre de venir se 25 Les situations 3 et 4 déjà proposée p.21 pour le 3ième cas sont reprises puisqu’il s’agit de perfectionner le contrôle du dribble. Il ne faut pas oublier qu’un contrôle accru du ballon, par une augmentation du temps de contact avec la main, va permettre progressivement de libérer la vision et l’attention de l’élève. Il pourra ainsi mieux se centrer sur les autres joueurs aussi bien ceux qui le poursuivent ou ceux qui pourraient être dans son couloir de jeu direct (radiale). Situation 3 Une autre situation à visée technique peut être consacrée à la réception. En effet, un certain nombre de comportements provoquent des pertes de balle. Une situation simple avec passeur et réceptionneur peut être mise en place comme celle de la figure ci-contre. Situation 3 Variantes Le réceptionneur peut être à l’arrêt face au passeur. Il peut se déplacer avant de recevoir le ballon. Il peut y avoir également présence d’un adversaire qui va essayer de lui interdire l’accès à la cible alors qu’il démarre avec un retard plus ou moins important. Apprentissages visés Ils sont d’ordre technique. Il s’agit de modifier toutes les formes de réception à une main ou celle qui consiste à courir après le ballon que le passeur a envoyé en avant de vous. La réception s’exécute avec les deux mains. En ce qui concerne la réception en mouvement, l’élève peut la faire en gardant les appuis dans le sens de la course ou en partageant son orientation entre la balle et l’axe de déplacement en sachant que cette dernière solution, si elle facilite la réception, ne permet pas d’aller aussi vite que la première. La situation avec un opposant doit lui permettre de faire ses choix. Naturellement, dans le cas d’une réception en mouvement, le passeur doit viser en avant de son partenaire de telle sorte qu’il n’ait pas à s’arrêter ou à revenir en arrière. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Si les élèves réceptionnent la balle en orientant les appuis soit vers le passeur soit de manière partagée entre lui et la cible, c’est parce que la dissociation des deux trains inférieur et supérieur est une difficulté majeure. C’est cette conquête que l’élève doit faire pour réceptionner sans perdre de la vitesse. En ce qui concerne le passeur, le point de visée doit également passer d’une centration sur le corps du partenaire à un espace virtuel situé en avant et qui est à construire car les paramètres variables de la passe (distance, orientation, vitesse de déplacement du partenaire) fait que cet espace n’est jamais le même. Situation 4 Dans le cas où le jeu vers l’avant s’exécute dans le cadre d’un EJE assez restreint et que le dribbleur n’a pas les moyens physiques et techniques de toujours de garder son avance sur les poursuivants, il faut viser un jeu vers l’avant en relais successifs. Une fois que le premier joueur en appui a réceptionné la balle, il faut encore assurer un jeu en appui étant donné la distance à parcourir pour arriver en zone de marque. On peut encore reprendre la situation 2 p.20, en faisant démarrer le dribbleur assez loin de la cible. Les apprentissages visés seront : Pour le porteur 26 Gérer l’alternative poursuivre le dribble /s’arrêter pour passer en appui en fonction de son rapport au poursuivant (tactique) Pour le non porteur Aller vite en avant du porteur (stratégie) Remarque Dans ce cas également, il faudra sans doute aborder spécifiquement le tir en course. ENCHAINEMENT POSSIBLE DES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE 1. situation de référence (match 3X3 ou 4X4 sur tout le terrain) qui a servi de support au constat initial 2. circularité entre situation 1 et situation de référence 3. circularité entre situation 1 et situation 2 (contrôle du dribble) 4. retour à la situation de référence (constat des problèmes de réception en appui) 5. situation 3 et circularité entre cette situation et la situation de référence (constat de la nécessité de jouer en relais ) 6. situation 4 avec éventuellement reprise de la situation 2. 7. retour à la situation de référence Ces apprentissages doivent permettre de rendre plus efficace la stratégie de progression par passe en avant en priorité et obliger les adversaires à s’organiser en défense et à être moins centrés sur le ballon. Le cas traité ici se rapproche de la proposition du document d’accompagnement relative à la compétence liée à l’action de marque « dans un espace proche du panier, seul ou poursuivi, produire une trajectoire haute, associant une poussée équilibrée et contrôlée et une visée précise ». 27 Propositions didactiques NIVEAU LYCEE Troisième partie 28 Niveau lycée : premier cas CONSTAT En 4X4 sur tout le terrain, la forme de jeu globale est surtout un GT dans lequel les élèves se font une succession de passes plus ou moins nombreuses qui peuvent être orientées dans toutes les directions alors qu’eux-mêmes ont des trajets relativement rectilignes. On parle alors de GT par échanges de balle dans la mesure où c’est la balle qui circule plus que les joueurs. Mais, cette stratégie est peu efficace car l’attaque se fait souvent intercepter la balle. Suite à une récupération de balle sur interception, si l’équipe ne transite pas vite vers le jeu vers l’avant, alors le même type de progression vers l’autre cible se reproduit souvent. PRINCIPALES HYPOTHESES EXPLICATIVES Sur le plan cognitif Alors que dans un niveau précédent, cette stratégie pouvait être efficace parce que les défenseurs étaient centrés sur le ballon et démarquaient de fait les attaquants, ici, les adversaires commencent à s’organiser vraiment en individuelle même si cette organisation n’est pas d’un haut niveau et toujours constante. Dans ce contexte, les porteurs de balle s’informent essentiellement sur leurs partenaires et non sur les adversaires qui pourraient intervenir. De la même manière, les non porteurs ne tiennent pas compte, ou alors tardivement, des adversaires proches. Ces « oublis» entraînent des interceptions. Enfin, les connaissances stratégiques relatives à l’occupation des espaces et aux différents rôles à tenir ne sont pas construites suffisamment pour mettre en difficulté la défense. COMPETENCE VISEE Face à une difficulté à progresser vers la cible, il y a deux stratégies à ce niveau de classe : - soit on cherche à éviter le problème posé par la défense en prenant de vitesse son organisation et l’on va vers l’attaque rapide ou la contre attaque, - soit on cherche à résoudre le problème posé en s’organisant pour battre ce type de défense tout terrain. La première stratégie va être développée dans un premier temps car elle la moins coûteuse en temps. La compétence visée sera donc : Dans le cadre d’un match 4X4, s’organiser individuellement et collectivement pour progresser vers la cible avant que la défense n’ait eu le temps de s’organiser et trouver ainsi une situation favorable de tir proche du panier. LES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE Situation 1 Organisation et déroulement En 4X4, l’équipe noire va démarrer la séquence de jeu par une attaque placée. L’équipe blanche, en défense, a un joueur déjà placé dans une zone située en avant. Aucun joueur noir n’a le droit de pénétrer dans la zone avant et le joueur en appui n’a pas le droit de quitter sa zone tant que la balle n’a pas été récupérée par les blancs. Dès que Situation 1a les blancs récupèrent le ballon, leur but est d’aller marquer. Si la balle est interceptée ou perdue en cours de progression vers la cible, l’équipe noire en défense transite vers l’attaque pour tenter de marquer à son tour. La séquence de jeu se termine donc soit : 29 par un panier marqué de l’équipe blanche qui a contre attaqué à partir de l’attaque placée ; - par un panier marqué de l’équipe noire qui a contre attaqué à partir d’une récupération de balle en phase de progression adverse ; - dès l’instant que la défense noire a réussi à organiser sa défense individuelle ; - quand l’équipe qui a perdu la balle en contre attaque l’a récupérée. En cas de fin de séquence de jeu résultant d’un panier marqué par l’équipe blanche, une autre séquence de jeu recommence de l’autre côté du terrain en inversant les rôles. Cette situation est compétitive, tous les paniers marqués sont comptabilisés. Il peut y avoir un bonus pour les paniers marqués en contre attaque. Objectifs Organisation de la contre attaque à partir d’une récupération de balle. Simplification Outre le nombre de joueurs, la distance entre la cible et la zone avant est le paramètre à moduler. Plus on avance la zone, plus la défense aura du retard mais ceci jusqu’au point où le joueur d’appui sera trop loin pour lui assurer une passe contrôlée. La complexification va être le fait de l’évolution de cette situation par adaptation de la défense. Évolution de la situation La situation 1a, que l’on peut proposer pour des élèves d’un niveau moyen, va évoluer rapidement. En effet, dans le cas fort probable où l’équipe blanche arrive fréquemment à tirer en situation favorable, l’équipe noire va s’adapter normalement en tentant de gêner la passe au joueur en zone avant tout en respectant les contraintes Situation 1b imposées. Généralement, un joueur noir va venir près du joueur d’appui dès la perte de balle ou même avant. Dans ce cas, le déplacement rapide d’un autre NP blanc vers cette zone devient capital (1b). Si les noirs accélèrent encore leur transition perte de balle/organisation défensive en interdisant l’accès à la balle à ce deuxième joueur d’appui alors la mise en place d’un relais va être impérative (1c). Ce joueur relais devra, en 4X4, servir à la fois de joueur en appui et de joueur en soutien dans le cas d’une Situation 1c impossibilité pour le porteur de donner la balle vers l’avant. L’anticipation des noirs pour interdire le lancement de la contre attaque peut être contrebalancée par des points bonus accordés aux rebonds offensifs. Cette contrainte met les noirs devant un choix stratégique pour marquer plus de points que les blancs. Soit ils parient sur les rebonds et délaissent le lancement de contre attaque adverse pour essayer de récupérer la balle par la suite, soit l’inverse. L’enseignant est là pour réguler les contraintes en fonction des réactions de ses élèves. Quoi qu’il en soit, si les élèves en sont à ce niveau, c’est que les apprentissages visés sont largement atteints et même dépassés puisque la transition attaque/défense individuelle a été perfectionnée en plus de la mise en place de la contre attaque. D’autres objectifs seront donc nécessaires. - 30 Apprentissages visés Plan stratégique Prendre de vitesse l’organisation défensive. Jouer vers l’avant par passe en priorité. Se mettre en situation de tir proche de la cible. Pour le joueur en appui, rompre l’alignement avec l’axe balle/adversaire proche. Plan tactique Pour le récupérateur/porteur Passer en avant si un partenaire se démarque ou est démarqué, conserver la balle dans le cas contraire. Pour le non porteur en phase lancement de la contre attaque Si un partenaire récupère (1er niveau) ou va récupérer la balle (2ième niveau), je me déplace rapidement en appui sauf si d’autres partenaires sont en train de le faire. Dans ce cas, je me rends disponible pour le soutien ou le relais si le porteur ne peut pas lancer la contre attaque. Pour le porteur dans la phase de progression Je dribble directement vers la cible tant que mon couloir de jeu direct est libre (radiale), je ralentis ou je stoppe pour passer à un partenaire en appui ou en soutien dans le cas où je me fais rattraper ou si mon couloir est bloqué par un défenseur. Pour le non porteur dans la phase de progression Je me déplace rapidement vers l’avant du porteur en m’écartant de lui et là où il n’y a pas de partenaire. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Ils passent d’une intention de progresser vers la cible à une intention complémentaire qui est de prendre de vitesse l’adversaire. C’est ce qui différencie le gagne-terrain de la contre attaque. Les informations à prendre se diversifient pour passer d’une centration sur la balle à une prise en compte des adversaires, des partenaires, des espaces libres. Situation 2a Situation 2b Situation 2 Organisation et déroulement Cette situation est destinée à des élèves d’un niveau supérieur à ceux pour qui la situation précédente était destinée. Comme pour la situation 1a, la séquence de jeu débute par une attaque placée. Dès la récupération de la balle par les blancs, deux joueurs noirs doivent impérativement contourner les deux plots placés latéralement avant de défendre. La séquence de jeu s’arrête comme dans la précédente situation. Les objectifs et les apprentissages sont identiques à la situation 1a. La modulation de la difficulté va se faire : - en plaçant les plots plus ou moins proches de la ligne de fond. Plus les plots sont proches de cette ligne, plus les défenseurs auront du retard. - en n’imposant qu’un seul joueur pour faire le tour d’un plot. Variante 31 Si les réceptions des joueurs en appui posent de gros problèmes parce qu’ils se déplacent vite dos à la balle, il est possible d’imposer une contrainte spatiale supplémentaire comme le propose la situation 2b. Le déplacement des joueurs en appui ne peut se faire que dans un couloir latéral afin de réduire l’angle entre la trajectoire de passe et le trajet de course. En réduisant la difficulté pour les défenseurs, l’évolution de cette situation a de fortes chances de ressembler à la précédente vers la mise en place de deux joueurs en appui et un joueur relais/soutien. Quoi qu’il en soit, si les contre attaques ont des difficultés à se lancer parce que la défense s’organise rapidement, le rapport de forces va s’équilibrer mais l’attaque va être confrontée au problème de la progression vers la cible face à une individuelle tout terrain. Ceci va être traité dans le troisième cas. Situation 3 Il est vraisemblable que certains élèves auront des difficultés à exécuter la passe en appui avec précision sur un partenaire en mouvement et/ou de réceptionner une balle en mouvement. Généralement, le passeur lance en visant la position du partenaire au moment de la décision de la passe et elle arrive dans le dos de celui-ci. Il peut aussi l’envoyer trop loin en avant. Quant au Situation 3 réceptionneur, malgré une mise en action préalable, il peut s’arrêter pour capturer la balle en orientant ses appuis vers elle ou la prendre en déplacement avec une orientation partagée des appuis entre la balle et la cible. Cette dernière modalité l’amène à se déplacer soit en pas chassés soit en pas croisés ce qui n’est pas propice à la vitesse ni à la conservation de l’équilibre. D’autres vont chercher à réceptionner la balle à une main ou laisser passer la balle pour essayer de la rattraper ensuite. Ces procédures ne sont pas non plus dénuées de risque de pertes de balle. Déroulement Le passeur envoie la balle au partenaire dès qu’il a pris son élan en passant derrière le plot. Le réceptionneur va en dribble jusqu’au panier opposé, tire et se place dans la colonne des passeurs de l’autre côté. Le passeur initial va se positionner dans la colonne des joueurs d’appui. Il faut introduire des variations dans la distance de passe ainsi que dans son orientation pour permettre aux élèves de paramétrer progressivement la passe longue. Objectifs Perfectionnement de la relation passeur/réceptionneur. Apprentissages visés Plan technique Pour le passeur Il faut acquérir le lancer à « bras cassé » si une technique de lancer à deux mains ne permet pas de produire la force suffisante pour atteindre facilement le partenaire (cette technique nécessite la mobilisation de connaissances techniques proches de celles du lancer de javelot). Viser en avant de celui-ci dans une sphère imaginaire qui le précède. Pour le réceptionneur 32 Fermer l’angle entre la trajectoire de balle et le trajet de course afin de faciliter la réception. Capturer la balle à deux mains en maintenant les appuis dans la direction de la cible afin de garder la vitesse de déplacement. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Anticipation des trajets de course du partenaire pour la passe. Développement de la dissociation entre les deux trains inférieur et supérieur pour la réception. Situation 4 Il est évident que les contre attaques menées ne pourront pas toujours se finir par une situation de 1X0. En fonction des séquences de jeu, les attaquants vont être de plus en plus souvent confrontés à des situations de 2X1 et de 3X2. Les élèves doivent apprendre à gérer ces situations sous pression temporelle de plus en plus forte car il ne faut pas laisser passer les occasions de tirer dans des conditions très favorables. En effet, se retrouver face à une défense repliée va entraîner des difficultés pour l’instant quasi insurmontables. Déroulement Des groupes de deux élèves vont chercher à progresser rapidement vers la cible en affrontant successivement deux ou trois adversaires différents confinés dans des limites qu’ils ne peuvent franchir. Le nombre d’adversaires va varier en fonction de la taille du terrain utilisé. Objectif Gestion des surnombres offensifs. Situation 4 a Complexification Afin de faire peser de la pression temporelle sur les attaquants, on peut proposer une colonne supplémentaire de joueurs défenseurs dont un démarrerait en même temps que les attaquants mais avec un retard créé par la position de la colonne (4b). Ce joueur pourrait, lui, tenter de récupérer la balle sur l’ensemble du terrain. Dans ce cas, les attaquants auraient tout intérêt a progresser vite vers la cible afin de ne pas se retrouver en 2X2 dans la dernière zone. Une situation en 3X2 peut s’entrevoir si l’on a Situation 4 b affaire à des élèves de bon niveau. Apprentissages visés Plan stratégique Agrandir l’EJE dans la phase de progression (s’écarter du partenaire). Garder son avance sur la défense. Plan tactique Pour le porteur J’avance rapidement vers la cible ou dans mon couloir de jeu direct si l’adversaire ne vient pas s’interposer entre moi et la cible. S’il s’interpose, soit je le déborde si mes capacités me le permettent soit je passe à mon partenaire. Situation 5 L’apprentissage du tir en course va devenir progressivement une nécessité dans la mesure où le repli de plus en plus rapide des défenseurs va finir par gêner des tirs exécutés à l’arrêt. Il ne faut pas oublier que l’arrêt va donner du temps à la défense pour 33 s’interposer entre le tireur et que le tir en course est une façon de garder l’avance acquise lors de la phase de progression. Se reporter à cet apprentissage. L’organisation du repli défensif comme adaptation aux contre attaques fait que les attaquants vont finir par se retrouver de plus en plus souvent, comme dit précédemment, face à une défense regroupée. Dans ce cas, ils vont avoir de grosses difficultés à tirer près de la cible et finiront par tirer de loin après avoir joué à la périphérie de l’EJE. Stratégiquement, il va falloir renforcer la défense sur tout le terrain afin de déclencher des contre attaques sur interception qui sont toujours plus faciles à mener qu’à partir d’un rebond défensif ou d’une remise en jeu. L’autre possibilité est de donner des armes à l’attaque pour affronter efficacement la défense regroupée. Il est possible en 3 e de faire une première approche simple de l’attaque placée mais ce sera sans doute plus fréquemment au lycée qu’elle sera mise en place. ENCHAINEMENT POSSIBLE DES SITUATIONS LORS DU CYCLE 1. Match 4X4 sur tout le terrain (situation de référence) : Constat initial. 2. Circularité entre situation 1 avec son évolution possible ou situation 2 avec sa variante et situation de référence. 3. Circularité entre situation 1 ou 2 et situation 3 dans le cas de problème lié à la passe en appui + circularité identique qu’en 2. 4. Circularité entre situation 4 et situation 1 ou 2 pour la maîtrise du surnombre offensif en phase finale de contre attaque. Retour à la situation de référence. 5. Apprentissage ou perfectionnement du tir en course en cas de besoin. 6. Circularité entre situation 1 ou 2 ou 4 et situations d’apprentissage du tir en course. 7. Retour à la situation de référence pour évaluation terminale. Ces apprentissages doivent obliger les adversaires à transiter plus rapidement de la perte de balle à l’organisation de la défense tout terrain ou à commencer à mettre en place un repli défensif rapide en abandonnant la lutte dans l’espace de progression. Les propositions, faites dans ce cas, sont de l’ordre de celles faites dans le document d’accompagnement pour le cycle central du collège et qui précise « jeu rapide en progression directe »1. Niveau lycée : deuxième cas CONSTAT Lors d’un 4X4 sur tout le terrain, la forme dominante du jeu est toujours un GT par échanges de balle mais, cette fois-ci, malgré une organisation défensive qui commence à apparaître de manière régulière sur tout le terrain, celle-ci se fait dominer dans la zone de progression et l’attaque, dès son arrivée en zone de marque, arrive à déclencher un tir généralement en situation favorable. On voit en particulier le défenseur sur le porteur se faire déborder et, de fait, l’attaque se retrouve fréquemment en situation de surnombre offensif en arrivant en zone de marque. Un défenseur sur un non porteur peut également se faire déborder par son adversaire direct et ceci aboutit à la même situation que dans le cas précédent. PRINCIPALES HYPOTHESES EXPLICATIVES Sur le plan cognitif/moteur Il ne faut pas s’étonner du décalage dans les niveaux de classe. Si mes propositions peuvent trouver place au collège, tant mieux ! il faut quand même lire le programme des classes de seconde qui précise « rechercher le gain d’une rencontre de Basket-ball en utilisant prioritairement la contre attaque face à une défense qui cherche à récupérer le ballon, par interception, le plus rapidement possible dans le respect de l’autre et des règles ». 1 34 Concernant la défense sur le porteur de balle, il est possible que le défenseur tout en se positionnant entre la balle et la cible ne pense pas du tout au débordement adverse (niv.1) Il est possible également qu’il s’attende à un dribble de l’attaquant vers son côté gauche mais que ce dernier passe vers sa droite (niv.2). Plus rarement, le défenseur peut être confronté à l’incertitude spatiale relative au côté de débordement et, de ce fait, se prépare de manière neutre ou totale1 (niv.3). Dans tous les cas, le défenseur démarre tardivement soit parce qu’il est en réaction soit parce que sa stratégie de préparation n’est pas pertinente. Concernant la défense sur les non porteurs, la cause essentielle de débordement est un contrôle visuel alterné entre la balle et l’adversaire direct mais avec des phases de centration sur la balle encore trop longues ce qui permet à l’attaquant de se démarquer sans être vu. Comme pour la défense sur le porteur, l’élève s’aperçoit tardivement du démarrage de son adversaire et il ne fait que réagir à cette action. Les élèves ont une représentation de la défense individuelle dans laquelle l’aide n’est pas présente. COMPETENCE VISEE Dans le cadre d’un match 4X4, s’organiser individuellement et collectivement pour récupérer la balle ou ralentir la progression adverse vers la cible. LES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE 1pt 2pts 3pts Situation 1 3pts 2pts 1pt Situation 1 Organisation et déroulement Match 4X4 sur un terrain sectorisé en 3 zones. Le système de marque est celui qui est en cours dans la classe mais il ajoute les points de récupération de balle. Plus la balle est récupérée tôt, plus le nombre de points acquis est important (3,2 ou 1pts). Objectifs Perfectionner la défense individuelle en sollicitant une organisation défensive précoce et en obligeant les élèves à avoir une attention accrue vis à vis de leur adversaire. Apprentissages visés Plan stratégique Récupérer tôt la balle. Contrôler fréquemment et attentivement son adversaire direct (vision). 1pt 2pts 3pt Transformations essentielles de l’activité s de l’élève Augmentation de l’attention et de l’agressivité défensive. Situation 2 Organisation et déroulement Une série de séquences de jeu est mise ne place à partir de la situation suivante : Un joueur marron a la balle posée à ses pieds. Dès qu’il est prêt, il la prend et part en Situation 2 dribble pour aller marquer. Les défenseurs blancs cherchent à récupérer la balle le 3pt s 1 2pts 1pt Se reporter au site Internet : http://site.voilà.fr/jacques.legrand/lapreparation.htm 35 plus tôt possible. Il faut remarquer que l’adversaire initial du porteur se trouve derrière lui, donc avec un retard défensif. La séquence de jeu se termine : quand les marrons marquent le panier. quand l’attaque des blancs, après avoir récupéré la balle, est terminée. Le système de marque est le même que pour la situation précédente. Lorsque les marrons ont fait x séquences, les blancs passent en attaque. Objectifs Mise en place de l’aide par le biais de la rotation défensive. Apprentissages visés Plan stratégique Stopper le dribbleur le plus tôt possible. Aider un partenaire qui s’est fait déborder. Obliger les attaquants à être confronté à une défense individuelle organisée dans leur espace de marque. Plan tactique Pour le défenseur sur le porteur de balle Si je suis débordé, je cherche à me replacer vite entre la balle et la cible sans intervenir au préalable sur le dribbleur que je poursuis afin d’éviter la faute de contact. Si je ne peux pas le rattraper et que l’un de mes partenaires prend le dribbleur en charge, je cherche immédiatement un adversaire libre pour le marquer. Pour le défenseur sur un non porteur Si mon partenaire se fait déborder par le dribbleur et que je suis le plus proche de ce dernier, je m’en charge rapidement. Si un autre partenaire est déjà en train d’aller le marquer alors je garde mon adversaire direct. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Elles sont de l’ordre de la construction de repères sur le couple porteur/défenseur, de la prise d’information sur les actions des partenaires non porteurs. Tout ceci devant devenir performant sous pression temporelle très forte. Secondairement, les élèves devront avoir des attitudes de préparation motrice leur permettant de démarrer vite. Situation 3 Organisation et déroulement Situation 3 1X 1 avec passeur. À partir de la zone 4, le non porteur cherche à se démarquer soit dans la zone 3 soit dans la zone 4 (incertitude spatiale pour le défenseur). S’il se démarque dans la zone 4 et qu’il reçoit le ballon, il devient passeur et le défenseur va marquer l’autre élève et la situation recommence. S’il se démarque 4 3 2 1 dans la zone 3 et qu’il reçoit le ballon, il y reste et devient passeur. La situation est reprise à l’identique dans la zone 3 puis dans la zone 2. Modification de la situation Cette situation est transformée en compétition entre les 3 élèves. Par exemple, si le défenseur intercepte le ballon ou si la balle est perdue pour les attaquants, il marque 1pt et la situation recommence dans la zone inférieure par rapport à celle où la balle a été perdue ou interceptée. Les attaquants ont le droit à 4 tentatives de démarquage et à la fin de celles-ci, le défenseur marque le nombre de points correspondant à la zone dans laquelle la dernière tentative a eu lieu. Le joueur gagnant est celui qui aura eu le plus de points. Objectifs 36 Perfectionnement de la défense sur le non porteur. Apprentissages visés Sur le plan stratégique Adopter un état de préparation afin de répondre à l’incertitude. Cet état dépendra du rapport de forces avec l’attaquant marqué. Sur le plan technique Orienter les appuis, les épaules et la tête afin d’avoir la possibilité de s’informer facilement sur le porteur (à quel moment va t-il lancer la balle ?) et sur l’adversaire direct (où va t-il se démarquer ? quand va t-il se démarquer ?). Fléchir les membres inférieurs, se placer sur les avant pieds pour répondre à l’action de l’attaquant. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Développement de l’attention, de l’agressivité. Construction d’indices permettant de lever l’incertitude au plus tôt. Situation 4 Organisation et déroulement 1X1 dans un couloir longitudinal large d’une moitié de terrain. Le porteur de balle blanc, balle en main, cherche à atteindre la dernière zone sans se faire prendre le ballon ou sans la perdre. Si 3 2 1 c’est le cas, le défenseur marque le nombre de points correspondant à la zone où cette perte de balle a eu lieu. Dès que le porteur atteint la zone Situation 4 suivante, après avoir débordé son adversaire, il s’arrête et la situation reprend, comme dans la zone précédente, balle en main. Complexification/simplification La largeur du couloir est le paramètre à moduler. Plus il est large plus la difficulté est grande pour le défenseur. Objectifs Perfectionnement de la défense sur le porteur. Apprentissages visés Sur le plan stratégique Interdire ou ralentir la progression du dribbleur. Harceler le porteur pour lui faire perdre ou lui prendre la balle. Adopter un état de préparation afin de répondre à l’incertitude. Cet état dépendra du rapport de forces avec l’attaquant marqué. Éventuellement, orienter le porteur vers un côté. Se tenir à « distance de garde » du dribbleur afin de ne pas subir une pression temporelle trop importante lors d’une tentative de débordement. Sur le plan technique Fléchir les membres inférieurs, se mettre en appui sur les avant pieds pour pouvoir réagir vite aux démarrages ou aux changements de direction. Maintenir les membres supérieurs disponibles pour chercher à toucher la balle lors du dribble. Se déplacer latéralement en pas chassés afin de ne pas avoir à se croiser les pieds et garder ainsi l’équilibre. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Développement de l’attention et de l’agressivité. Construction d’indices permettant de lever l’incertitude au plus tôt. Dissociation segmentaire entre les membres supérieurs 37 (équilibrateurs dans la locomotion habituelle) et le reste du corps (ils deviennent disponibles également pour intervenir sur la balle). ENCHAINEMENT POSSIBLE DES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE 1. Match 4X4 sut tout le terrain (situation de référence ) : Constat initial. 2. Circularité entre situation 1 et situation de référence. 3. Circularité entre situation 2 et situation de référence. 4. Circularité entre situation 3 et 4 et situation de référence. Retours sur situation 1 et 2. 5. Situation de référence pour évaluation terminale. Les apprentissages réalisés doivent amener les élèves à rétablir ou inverser le rapport de forces dans la zone de progression en faveur de la défense, afin d’enchaîner le plus souvent possible des contre attaques à partir d’une récupération ou d’une perte de balle adverse. Ils doivent également obliger les attaquants à organiser des attaques rapides pour éviter une défense tout terrain devenue plus efficace ou perfectionner l’attaque d’une défense individuelle tout terrain. On peut comparer les propositions faites ici avec celles du document d’accompagnement pour le cycle central où il est indiqué « freiner la progression du porteur ou couper les lignes de passe ». Niveau lycée : troisième cas CONSTAT En 4X4 sut tout le terrain, malgré quelques contre attaques, le jeu est fréquemment fait de tentatives des attaquants pour atteindre la zone de marque soit en dribble soit surtout en passes (GT par échanges de balle), mais l’efficacité est faible car on peut constater des interceptions de balle par la défense tout terrain ou des pertes de balle. Les tentatives de démarquages sont peu fréquentes. La défense est bien organisée aussi bien dans le marquage des attaquants que dans la vitesse de transition après la perte de balle. PRINCIPALES HYPOTHESES EXPLICATIVES Sur le plan cognitif/moteur La centration des joueurs sur la balle est encore présente. Ceci amène à un EJE trop restreint et des réceptions qui ne tiennent que peu compte des adversaires proches. Cet EJE restreint est évidemment favorable aux défenseurs puisqu’ils ont moins d’espace à contrôler. Mais surtout, à un certain niveau scolaire, cela est dû à une inorganisation stratégique de l’équipe (manque ou faiblesses des connaissances stratégiques). Sur le plan affectif Simultanément, il peut y avoir un stress dû à l’affrontement de la défense tout terrain qui provient des échecs précédents et du sentiment très net que l’équipe n’a pas les moyens de résoudre le problème posé par les adversaires dans cette situation. COMPETENCE VISEE Dans le cadre d’un match 4X4, progresser vers la zone de marque et marquer face à une défense individuelle tout terrain bien organisée. LES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE Situation 1 Dans le cas où l’EJE serait trop restreint, il faut reprendre la situation 1 du cas numéro 1 dans le niveau collège, p.15. Il faut seulement adapter la taille des zones en les agrandissant ou en modifiant la taille de différentes zones comme par exemple dans la situation 1 ci-dessous. De plus, il semble indispensable d’imposer la contrainte 38 n’autorisant qu’un seul joueur par zone afin d’obtenir une répartition sur le terrain plus propice aux démarquages. Situation 1 Situation 2 Situation 2 Une situation quasi identique à la situation présentée plus haut est reprise mais, cette fois-ci, centrée sur l’attaque. Organisation et déroulement Si l’attaquant non porteur se démarque dans la zone de départ et qu’il y reçoit la balle, il ne marque aucun point. Le défenseur va défendre sur l’autre joueur. S’il se démarque et reçoit la balle dans la zone située en avant, il marque 1pt et devient passeur dans cette zone. Si le défenseur intercepte le ballon ou si l’attaque perd la balle, le défenseur marque 2pts, afin de solliciter une défense agressive. Objectifs Perfectionnement du démarquage par la mise en place d’une alternative pour le non porteur (démarquage vers l’avant/vers l’arrière). Complexification de la situation Elle peut se réaliser sur un demi-terrain longitudinal ce qui augmente la difficulté en réduisant l’espace. Évolution de la situation Une fois le 1X1 avec passeur en voie de maîtrise, il faut passer à un 2X2 sur un demiterrain longitudinal ou non avec un système de marque permettant à la défense de marquer d’autant plus de points qu’elle récupère ou fait perdre la balle tôt. Il n’y a pas de réversibilité dans cette situation. Lorsque la balle est récupérée ou perdue, l’attaque reprend dans la zone inférieure à celle où a eu lieu cette récupération ou perte de balle. Apprentissages visés Sur le plan stratégique Se démarquer vers la cible en priorité en rompant l’alignement balle/adversaire/moi. Maintenir une distance suffisante entre moi et la balle (agrandir l’EJE). Sur le plan tactique Les connaissances à construire concerne la gestion de l’alternative précitée. Celle-ci peut se diversifier dans le démarquage vers l’avant car celui-ci peut se faire en passant dans le dos du défenseur (back door) ou devant le défenseur. Le démarquage réalisé va dépendre à la fois des caractéristiques de l’adversaire relativement à celles de l’attaquant et de la position relative sur le terrain de l’un par rapport à l’autre. L’utilisation des feintes permettant de mettre le plus d’incertitude possible sur le défenseur (spatiale et/ou temporelle) est à développer. Dans le cadre du 2X2, le réceptionneur de balle est confronté à la gestion d’alternatives comme : - si je réceptionne vers l’arrière, je réalise un dribble direct de débordement de l’adversaire en le prenant à contre pied (puisqu’il revient vers moi) ou je reste sur place 39 en conservant le ballon. Le dribble de débordement pouvant se réaliser vers la droite ou la gauche du défenseur éventuellement en fonction de sa position par rapport à moi. - si je réceptionne vers l’avant, je réalise un dribble de progression rapide en essayant de maintenir mon avance sur mon adversaire ou je m’arrête pour conserver le ballon en fonction de la position du défenseur. Sur le plan technique Le type de déplacement vers l’arrière est à surveiller surtout dans le cadre d’une tentative de démarquage vers l’arrière qui fait suite à une feinte vers l’avant. En effet, un recul en « marche arrière » est fortement déconseillé dans la mesure où la vitesse de déplacement risque fort de voir le défenseur revenir assez vite sur la ligne de passe car lui se déplace en « marche avant ». Le plus simple étant, dans la progression vers l’avant de se « bloquer » sur la jambe avant pour rebondir vers l’arrière en utilisant un pas chassé ou croisé. Le plus important n’étant pas la longueur du déplacement arrière mais la vitesse de recul. Transformations essentielles de l’activité de l’élève C’est la construction des espaces et des chemins de démarquage relatifs à la position de la balle et du défenseur. C’est également la prise en compte de manière plus précise du comportement du défenseur. Situation 3 Organisation et déroulement 2X2 sur un terrain divisé en 3 couloirs longitudinaux. Un seul joueur par couloir. Objectifs Mise en place du croisement en arrière du porteur. Situation 3 a Complexification de la situation Le non porteur construit l’alternative démarquage seul /démarquage par croisement. Suite à sa passe ou lorsque le porteur est à l’arrêt, le non porteur engage un démarquage comme dans la situation précédente (avant/arrière) ou se déplace pour croiser en arrière du porteur. Dans la situation ci-contre (3b), il y a alternative entre un back door et un croisement. Il y a la possibilité de jouer en 3X3. Dans ce cas, la cohésion de l’équipe Situation 3b doit être le point à surveiller car il ne faut pas que les démarquages simultanés des 2 non porteurs créent des gênes entre eux. Apprentissages visés Sur le plan stratégique Augmentation de l’EJE (utilisation des couloirs longitudinaux). Mise en place également de principes permettant d’organiser la cohésion des non porteurs en cas de jeu 3X3. Sur le plan tactique Se reporter à la gestion de l’alternative nouvelle citée ci-dessus. Le porteur de balle peut également avoir à gérer l’alternative : je donne à mon partenaire qui croise ou je démarre en dribble. Les feintes sont là encore à encourager. Sur le plan technique 40 Ils concerneront essentiellement la protection du ballon par le porteur lors de la passe en utilisant le corps comme obstacle et éventuellement le pivot au moment de la transmission de la balle quasiment de la main à la main. Transformations essentielles de l’activité de l’élève La construction de nouvelles alternatives donc de nouvelles intentions qui vont à leur tour permettre la construction d’indices afin de gérer au mieux ces alternatives. ENCHAINEMENT POSSIBLE DES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE 1. Match 4X4 sur tout le terrain (situation de référence) : Constat initial. 2. Circularité situation 1 et situation de référence pour les cas d’EJE trop restreint. 3. Circularité situations 2 et 3 avec situation de référence. 4. Situation de référence pour évaluation terminale. Les apprentissages réalisés doivent permettre aux attaquants de reprendre l’avantage sur la défense en occupant mieux l’espace et en mettant en place des démarquages efficaces. Naturellement, les retours à la situation de match 4X4 doivent permettre de peaufiner l’organisation stratégique de l’équipe afin de ne pas créer des placements, déplacements et replacements qui empêchent la cohésion de l’équipe (gênes). Ils peuvent également obliger les défenseurs à abandonner la lutte dans l’espace de progression et organiser un repli défensif rapide ou de perfectionner leur défense individuelle. Les propositions faites ici sont proches de celles que l’on peut relever dans le programme de première/terminale niveau 1. Niveau lycée : quatrième cas CONSTAT Lors d’un match 4X4, en attaque, on constate une progression vers la cible qui se fait soit par des tentatives de contre attaques qui réussissent avec un pourcentage acceptable, soit par un gagne-terrain relativement efficace parce que la défense tout terrain n’est pas très performante, soit par une construction de l’attaque de l’individuelle tout terrain qui commence à être maîtrisée. Mais, cette progression, à part les contre attaques, ne finit pas toujours par un tir et l’équipe se retrouve souvent confrontée à une défense regroupée dans la zone de marque. La même situation se répète lorsque la défense, après perte de la balle, se replie rapidement près de son panier pour réduire son Schéma 1 Schéma 2 espace d’intervention. Dans cette situation, on peut constater deux types de comportement collectif : soit les joueurs restent à la périphérie et se transmettent le ballon après avoir ou non tenté un dribble de pénétration Schéma 3 Schéma 4 (schéma 1). Parfois, le fait de lober la défense permet à un réceptionneur de déborder la défense et aller tirer (schéma 2). soit les non porteurs cherchent à se déplacer pour avoir la balle, mais ces déplacements sont à la fois orientés par rapport à cette balle et indépendants les uns 41 des autres (quelques exemples dans les schémas 3,4,5,6). Le porteur peut également tenter d’aller à la cible en dribble mais il se retrouve souvent en train de progresser à la périphérie sans se préoccuper des partenaires non porteurs avec lesquels il se gêne parfois (schéma 7). Dans le premier cas, l’attaque finit souvent par un tir de loin inefficace. Dans le deuxième cas, les passes sont soit : Schéma 6 Schéma 5 Schéma 7 interceptées par la défense quand au moins 2 non porteurs se déplacent simultanément à travers l’EJE, - impossibles à faire, - difficilement exploitables car le réceptionneur est souvent dans une situation délicate, - inefficaces car réceptionnées au niveau de la périphérie après un déplacement à travers l’EJE. Quant aux dribbles, ils sont inefficaces car n’atteignant pas leur but. - PRINCIPALES HYPOTHESES EXPLICATIVES Premier cas Sur le plan cognitif/moteur Les élèves n’ont pas les capacités techniques pour réaliser des dribbles directs à travers un bloc défensif. Cette difficulté est renforcée par un EJE restreint dû au fait que les non porteurs ont tendance à se rapprocher de la cible, en pensant qu’il sera plus aisé de l’atteindre. Le bloc défensif devient de ce fait quasiment infranchissable à cause de la concentration en joueurs. Sur le plan affectif La difficulté à atteindre la cible fait que les élèves ne prennent pas de responsabilité et laisse souvent le soin aux autres de tenter quelque chose. Deuxième cas Sur le plan cognitif/moteur Les non porteurs veulent d’abord avoir le ballon pour ensuite tenter d’atteindre la cible. Le fait de vouloir avoir le ballon dans les meilleures conditions pour soi et les pires pour l’adversaire n’est pas intégré. Cette intention unique les amène à se centrer sur la balle et à oublier les autres paramètres du jeu au moment de leur déplacement (partenaires, cible et souvent adversaires). Le porteur, lorsqu’il a la volonté d’atteindre la cible, n’a pas les capacités techniques d’aller vers elle malgré la présence de l’adversaire direct. Il se fait « expulser » vers la périphérie et naturellement la centration sur la balle et l’espace proche lui interdit de prendre en compte les partenaires qui pourraient se trouver sur son chemin. De plus, les déplacements linéaires sont souvent réalisés à vitesse constante ce qui ne permet pas de se débarrasser d’un adversaire agressif. COMPETENCE VISEE Dans le cadre d’un match 4X4, mettre un joueur en situation favorable de tir face à une défense individuelle qui a restreint son espace d’intervention ou maîtriser l’attaque placée face à une défense individuelle. Cette compétence va se décliner en deux niveaux dans la mesure où elle peut faire l’objet parfois d’une construction à partir de la classe de 3e. 42 Niveau 1 On peut aborder ce niveau à partir de la classe de 3 e si la contre attaque et l’attaque de la défense tout terrain ont déjà été abordées. Cela signifie donc que c’est généralement au lycée que l’attaque placée va faire l’objet d’un apprentissage. Ce niveau implique que la défense, bien que repliée, n’est pas d’un niveau élevé. On peut avoir une défense individuelle dans laquelle des élèves peuvent quelque fois oublier leur marquage ou tourner la tête vers la balle lorsque leur adversaire direct vient de faire une passe. Ces comportements sont liés à la centration sur la balle qui est une des grandes caractéristiques des joueurs d’un niveau faible. LES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE Situation 1 Organisation et déroulement 1X1 avec passeur. L’attaquant non porteur cherche à se démarquer par une rupture avec le défenseur dans les zones hachurées. S’il reçoit la balle en périphérie, il peut jouer le 1X1 ou redonner au passeur. Objectifs Apprentissage du démarquage direct et indirect. situation1a Construction du couloir de jeu direct. Modification de la situation Afin d’aider le joueur attaquant à se repérer dans l’espace autrement que par rapport à la balle, il est possible de matérialiser le couloir en plaçant un banc, une ligne de plots … entre lui et le passeur (1b). En effet, un comportement caractéristique dans cette situation est de se déplacer vers l’avant mais pas tout à fait en situation1b direction de la cible ou de se déplacer vers l’arrière en se rapprochant du ballon. Il faudra veiller également que la position du passeur à la périphérie change fréquemment afin que les couloirs utilisés changent d’orientation. Apprentissages visés Sur le plan stratégique Se créer un grand couloir de jeu direct dans le placement et le replacement (s’éloigner de la cible). S’écarter du passeur dans le placement, le déplacement et le replacement (écarter les couloirs de jeu direct ). Jouer en jeu direct en priorité. Sur le plan tactique En tant que non porteur Gestion de l’alternative démarquage direct/indirect. si mon adversaire est près de moi, droit, jambes tendues alors je démarre vite vers la cible vers sa droite ou sa gauche pour le surprendre. s’il se tient assez loin de loin ou si j’ai réussi à le faire reculer, je recule vite vers la périphérie. En tant que porteur Gestion de l’alternative jeu direct/passe à la périphérie si à la réception, le défenseur est loin alors je tente le tir (jeu direct) si le défenseur se rapproche rapidement alors je le prends à contre pied et je dribble vers la cible en lui passant à gauche ou à droite (jeu direct) si le placement et l’attitude du défenseur m’empêchent de jouer en jeu direct alors je redonne la balle au passeur (jeu périphérique) 43 Complexification de la situation 2X2 avec passeur mais avec interdiction de passe entre les deux attaquants afin de ne pas transformer la situation en 2X2 dans laquelle le passeur se contenterait de faire la mise en jeu sans servir d’alternative à la périphérie au jeu du porteur (cf. ci-dessus). Transformations essentielles de l’activité de l’élève C’est à la fois la prise en compte de nouveaux repères spatiaux pour agir comme le CJD ou la radiale ainsi que les zones de démarquages, la modification des intentions qui se complexifient en passant de vouloir la balle pour agir ensuite à vouloir la balle dans des conditions qui mettent l’adversaire en difficulté. Remarque Un des comportements attendus en tant qu’adaptation à la situation ou sollicitation de l’enseignant est l’enchaînement rapide entre le retour de la balle au passeur et démarquage direct. Cet enchaînement est encore appelé passe et va (1c). Mais attention, à mon avis, il ne doit pas être appris comme une unité Situation 1c indissociable car cela deviendrait un stéréotype nuisible, à un moment donné, à la création de l’incertitude sur le défenseur. Il me paraît préférable d’orienter le joueur sur la construction d’une alternative à la suite de son retour de passe à la périphérie qui doit être : soit je me démarque vers la cible en passant dans le dos du défenseur (back door) ou devant le défenseur en raison de sa position, l’orientation de son regard …, soit je me démarque à la périphérie si, par exemple, le défenseur a anticipé le démarquage direct en se reculant vers la cible. Naturellement, les élèves doivent être sollicités, à un moment donné de l’évolution du rapport de forces, pour utiliser un système de feintes permettant de créer l’incertitude nécessaire pour tenter de dominer le défenseur. Situation 2 Organisation et déroulement 3X3 ou 4X4 sur un ½ terrain. Jeu sur le thème du démarquage individuel des joueurs. Objectifs Améliorer la coordination entre les joueurs afin que les situations de gênes observées initialement soient réduites au maximum. Éliminer les dribbles à la Situation 2 périphérie inutiles, les grands déplacements de la périphérie à la périphérie qui ne font pas avancer la balle vers la cible, les déplacements des non porteurs à la périphérie. Limiter les passes à la périphérie. Complexification/simplification de la situation Le passage du 3X3 au 4X4 est une complexification dans la mesure où le nombre de joueurs à prendre en compte pour agir est plus important. Apprentissages visés Sur le plan stratégique Les mêmes procédures que pour la situation précédente afin d’obtenir un placement des joueurs à la périphérie de l’EJE et créer ainsi un espace libre à l’intérieur qui doit être exploité par les démarquages directs. Le problème du replacement est capital car dès qu’un joueur a engagé un démarquage direct, lorsqu’il revient à la périphérie l’ensemble de l’équipe doit se replacer en respectant l’écartement des couloirs, sinon il va y avoir une concentration de joueurs trop importante à un endroit. Une procédure est ajoutée et qui précise qu’un seul joueur à la fois doit être en jeu direct. 44 Sur le plan tactique Ce sont les mêmes alternatives que pour la situation précédente en ce qui concerne le non porteur. En tant que porteur Il a l’alternative fondamentale à gérer : je joue le 1X1 face à mon adversaire direct en empruntant la radiale si elle est ou va être libre, je suis passeur. Sur le plan réglementaire Attention !! Au niveau d’une pratique scolaire non spécialisée, il n’est pas inutile de modifier le système de marque en facilitant l’acquisition de points pour les tirs de loin. Pourquoi ? Si dans un premier temps, les défenseurs cherchent à plus récupérer la balle que défendre leur cible (défense agressive proche des attaquants), il est fort probable que, lorsque l’attaque va commencer à tirer de près suite au jeu direct, ils se regroupent un peu plus vers la cible afin de la protéger par simple adaptation. Que se passe t-il dans ce cas ? les attaquants auront des difficultés à tirer de près et comme ils sont maladroits de loin, le jeu se transforme en un concours de tirs ratés suivis de tentatives de contre attaque. Afin de débloquer le jeu et le rendre plus dynamique, donc plus intéressant, on modifie le système de marque. La proposition que je fais est celle-ci : pour les tirs tentés au-delà de la ligne à 3pts (ou d’une distance à définir lorsque les matchs se déroulent sur un terrain sans tracé de lignes), le panier sera accordé avec une valeur de 1pt si la balle tombe sur l’anneau avec ou sans rebond sur le panneau. Naturellement, si la balle traverse l’anneau la valeur passe au moins à 3pts. J’insiste sur le « tombe » car il faut que la balle rebondisse vers le haut sur l’anneau et pas seulement qu’elle le touche. En effet, il faut conserver l’idée d’une trajectoire « en cloche » qu’a voulu l’inventeur du Basket-ball (NAISMITH) et l’idée de précision. Transformations essentielles de l’activité de l’élève L’activité essentielle se situe au niveau perceptif et décisionnel afin de prendre en compte l’ensemble des joueurs afin de décider ou non d’un démarquage direct. Naturellement, l’aspect affectif est sollicité dans la mesure où laisser un partenaire agir en retenant sa propre action n’est pas évident pour tout le monde. Concernant le tir, la modification du système de marque autorise une plus grande confiance en soi. Il faut remarquer que, souvent, les joueurs osent tenter le tir de loin et sont surpris de voir la balle rentrer dans l’anneau. Remarque L’action de dribble direct qui prend ou qui déborde l’adversaire a pour finalité le tir près de la cible, d’autant plus que la zone proche du panier est libérée. Néanmoins, afin de garder l’avance prise sur l’adversaire direct, un tir en course paraît adapté à la situation. Son perfectionnement est à entrevoir en cas de besoin. ACTIONS ET ENCHAINEMENTS D’ACTIONS ATTENDUS L’action de démarquage direct présenté dans le schéma pour la situation 2 peut se réaliser quelle que soit la position du ballon à la périphérie et avec n’importe quel non C D A A B C 2b 2a D B 2b 45 porteur. Néanmoins, compte tenu de la défense que l’on peut encore estimer assez centrée sur le ballon, il pourrait être favorable qu’un non porteur à l’opposé de la balle soit prioritaire pour tenter un démarquage direct car, dans ce cas, le défenseur aurait des difficultés a voir le démarrage de l’attaquant (2a : démarquage de C ou de D). Si, par exemple, C tente le démarquage, D peut prendre sa place et éventuellement recevoir la balle de A. Dans ce cas, C peut revenir à la périphérie à la place laissée par D (2b). Un enchaînement possible est le démarquage de A suite à sa passe (2c). A Bien sur, à tout moment, le porteur recevant la balle C à la périphérie, peut engager un dribble direct à condition que son couloir de jeu direct (radiale) soit 2c B libre ou en voie de l’être. D REMARQUES Il est possible, qu’en ce qui concerne les objectifs en classe de 3 e ou de lycée dans un premier cycle, cela puisse suffire d’autant plus que le temps effectif de pratique ne permet pas d’aborder une quantité importante d’apprentissages. Par contre, on peut complexifier l’organisation de l’attaque afin de donner des « armes » supplémentaires en cas de besoin ou dans un cycle suivant. C’est l’objet des apprentissages ci-dessous. 3a 3b Situation 3 Organisation et déroulement 2X2 avec passeur. En plus des démarquages visés dans la situation 1 et 2, l’un des deux non porteurs cherche à se démarquer dans le couloir de jeu direct du passeur (radiale) dans une position aux limites de la zone restrictive. S’il reçoit la balle dans cette position, il joue le 1X1 ou il devient passeur pour son partenaire non porteur qui tente un démarquage avec la même alternative que dans la situation 1 (3b). La passe entre les attaquants ne peut se faire que dans cette situation. Objectifs Construction de la radiale. Prise de conscience de « l’espace clé » dans cette radiale qui permet de mettre la balle dans le dos de la défense et lui rendre le contrôle simultané de la balle et de l’adversaire direct délicat au regard du niveau de la défense dans ce contexte. Modification de la situation Comme pour la situation 1, la modification fréquente de la position du passeur est nécessaire pour obliger les joueurs à construire des couloirs dans différents axes. Apprentissages visés Sur le plan stratégique Les mêmes que dans la situation 2. Sur le plan tactique Se surajoutent ici des alternatives fondamentales pour le non porteur : je me démarque dans mon CJD ou dans la radiale (un système de feinte peut, là encore être mis en place) quand j’ai la balle à l’intérieur de l’EJE, je suis potentiellement tireur ou passeur. 46 La gestion de ces alternatives nouvelles nécessite la construction de nouveaux repères à prendre sur les couloirs, sur l’action des partenaires. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Augmentation des alternatives à construire et des repères nouveaux Situation 4 Organisation et déroulement Reprise du jeu à thème en 3X3 ou 4X4. Si le match se déroule sur tout le terrain, l’équipe qui marque sur une contre attaque conserve la balle pour l’attaque placée qui suivra. Objectifs Transfert des acquis du 2X2 avec passeur vers la situation de match. Intégration des actions possibles de la situation 3 avec les actions possibles dans la phase précédente ou seuls les CJD étaient utilisés. REMARQUES Les apprentissages qui ont, jusqu’à présent, été évoqués sont largement relatifs aux aspects stratégiques et tactiques. Cela ne signifie pas qu’ils sont les seuls à devoir être proposés mais qu’ils sont prioritaires. Des apprentissages techniques peuvent être nécessaires pour rendre les actions tentées efficaces, je pense particulièrement : au tir de loin même si une adaptation du système de marque rendant plus facile l’acquisition de points est mise en place, au départ en dribble main faible pour permettre au porteur de balle de renforcer l’incertitude spatiale qu’il peut faire peser sur son adversaire au moment de sa tentative de démarquage vers la cible, au tir en course pour permettre au dribbleur se démarquant dans sa radiale à partir de la périphérie de finir son action avec les meilleures chances de réussite, aux modalités de déplacement pour se démarquer afin d’assurer le changement de vitesse et/ou de direction, au pivot de protection de balle pour les élèves qui maintiennent encore leurs deux appuis au sol malgré l’agression de la défense, aux modalités de la passe réalisée dans la radiale à partir de la périphérie et qui doit généralement passer au-dessus du défenseur du porteur, aux modalités de réalisation du rebond défensif afin de récupérer le maximum de ballons pour lancer les contre attaques. Aux modalités de réalisation du rebond offensif ne serait-ce que pour permettre à la défense de perfectionner son propre rebond. Ces actions doivent faire l’objet de formulation d’apprentissages précis et de situation qui pourront leur servir de support. ENCHAINEMENT POSSIBLE DES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE 1. Match 4X4 sur tout le terrain (situation de référence) : Constat initial. 2. Situation 1 ou 1b en 1X1 avec passeur puis 2X2 avec passeur. 3. Situation 2 en 3X3 puis 4X4. 4. Circularité entre 2, 3 et situation de référence. 5. Circularité entre situation 3 et situation 2 en 3X3 ou 4X4 avec retours à la situation de référence. 6. Situation de référence pour évaluation terminale. Ces apprentissages doivent imposer un perfectionnement de la défense individuelle et en particulier la capacité pour chaque joueur à résister aux démarquages individuels. Les propositions faites dans ce cas doivent correspondre au programme première/terminale niveau 2. 47 Niveau 2 Le premier niveau a eu pour objectif de donner des ressources à l’attaque pour dominer une défense individuelle également d’un premier niveau. Il s’agissait, à partir d’alternatives simples, de chercher un démarquage direct pouvant amener fréquemment la balle près de la cible pour un tir dans les conditions les plus favorables. Lorsque les défenseurs sur les non porteurs et le porteur auront évolué vers une plus grande faculté à résister individuellement en particulier aux démarquages direct, lorsque le flottement et l’aide défensive seront en voie d’être maîtrisés suffisamment pour commencer à poser de réels problèmes à l’attaque (se reporter à l’objectif de perfectionnement de la défense), il faudra, à nouveau, faire en sorte que l’attaque puisse faire basculer le rapport de forces en sa faveur. Situation 5 a Situation 5 Organisation et déroulement 1X1 avec passeur. Reprise des modalités de la situation déjà mise en place dans le niveau précédent. À ce niveau, la défense est nettement plus vigilante et empêche souvent les démarquages directs seuls dans le CJD et le 1X1 du porteur réceptionnant la balle dans la radiale à 3/4m du panier deviennent plus rares. Objectifs Perfectionnement du démarquage dans la radiale pour permettre au joueur de se trouver en situation très favorable pour jouer le 1X1. Complexification de la situation 2X2 avec passeur puis 3X3 ou 4X4. Modification de la situation Il est possible de centrer le 1X1 sur le démarquage dans la radiale en obligeant l’attaquant à ne pas sortir de la radiale (situation 5b). L’attaquant et le défenseur se positionnent côte à côte à chaque début de séquence de jeu. Dès que l’attaquant Situation 5 b bouge, le défenseur a le droit d’intervenir. La lutte pour la position la plus favorable va s’engager dans un espace très restreint. Dans cette situation, la règle des 3’’ n’est pas appliquée. Cette situation est à mettre en place après que les joueurs ont déjà intégré globalement le démarquage dans la radiale. Elle sert à le perfectionner. Apprentissages visés Sur le plan stratégique Les mêmes que pour le niveau 1. Sur le plan tactique Le non porteur doit construire une autre alternative importante : soit je me démarque dans la radiale devant le défenseur et ceci près de la cible (schéma 1), soit je me démarque dans la radiale derrière le défenseur (schéma 2). 48 Schéma 1 Schéma 2 Quelles sont les conditions pour décider de l’un ou l’autre de ces démarquages ? a b Schéma 3 Schéma 4 À ce niveau de pratique, le non porteur attaquant qui tente un démarquage vers la radiale se trouve confronté à un comportement défensif de son adversaire qui l’empêche d’y aller directement par sa position (schéma 3). Soit, le défenseur cherche à lui interdire l’accès à la balle en s’orientant vers lui et dans ce cas, même si cette défense présente des inconvénients, elle interdit l’accès à la radiale en s’opposant au déplacement de l’attaquant dans cette direction (a). Soit, il se positionne proche de la ligne de passe en contrôlant le ballon et l’attaquant (b). Dans le cas (a), il devient inutile, pour l’attaquant, de se battre en faisant des changements de vitesse et de direction pour recevoir le ballon, il suffit d’avancer en marchant vers la radiale, en restant derrière le défenseur pour aller se placer comme l’indique le schéma 2. Dans le cas (b), il faut surprendre le défenseur et aller dans la radiale toujours en restant derrière lui (schéma 4). Naturellement, le défenseur ne se laissera pas faire et tentera, à un moment de la formation de ne pas rester devant car la situation est trop dangereuse pour lui. Son duel avec l’attaquant sera intense. Dans les autres conditions défensives, l’attaquant peut chercher à se placer devant son adversaire. Celles-ci peuvent être un recul de ce dernier vers la cible pour ne pas se faire surprendre par un démarquage direct dans le CJD ou un simple moment d’inattention de sa part. Comme chaque fois qu’une alternative se construit, la mise en place des feintes fera augmenter l’incertitude pour le défenseur. Sur le plan technique Pour le non porteur 49 Schéma 5 Schéma 6 Le démarquage dans la radiale de l’attaquant implique les procédures suivantes : il doit être très précisément dans l’axe balle-panier sinon le défenseur agressif va pouvoir se placer sur le côté de l’attaquant et mettre sa main sur la ligne de passe et rendre la passe difficile ou impossible sans risque (schéma 5). Il doit être à l’arrêt sinon, au moment de la passe, le défenseur va pouvoir couper la ligne de passe facilement (schéma 6) Il doit être au contact du défenseur, sinon il ne peut identifier sa position car il est obligé de regarder la balle qui se trouve devant lui. Cette information manquante, ajouté au fait que le défenseur est libre de ses mouvements, peut permettre à ce dernier de se déplacer pour couper la ligne de passe (schéma 7). Dans le cas d’un démarquage derrière le défenseur (schéma 2), l’attaquant ne doit pas être trop près de la cible sinon la passe lobée deviendra difficile. Il doit orienter son corps perpendiculairement à l’axe balle-panier afin de pouvoir contrôler plus facilement la balle et la cible. Il doit garder le contact avec l’épaule et le bras (partie proximale du membre supérieur qui sera replié) ainsi que toute la partie latérale du Schéma 7 tronc. Ce contact sera maintenu jusqu’au moment où la balle passe au-dessus de son adversaire. S’il se décolle avant, le défenseur deviendra libre de ses mouvements et pourra intervenir sur la passe. Pour le passeur Faire la passe, en match, à un partenaire qui se trouve dans l’alignement de l’axe ballepanier est déjà une difficulté car il faut, soit lober son propre défenseur, soit faire une passe avec un rebond au sol en passant la balle quasiment sous les bras du défenseur. Faire la passe, en match, à un partenaire qui se démarque dans la radiale derrière son défenseur, est une difficulté supplémentaire car il faut lober son propre adversaire et celui de son partenaire (schéma 2 ci-dessus). De plus, cette passe lobée doit retomber dans l’espace compris entre le partenaire et la cible et c’est pour cela que le démarquage derrière le défenseur ne peut pas se faire trop près du panier sinon la contrainte de précision devient très importante. Généralement, les premières passes ne sont pas assez lobées car le passeur vise son partenaire. Le résultat est que soit le défenseur du partenaire intercepte la balle soit celle-ci s’échappe vers la ligne de fond car trop rapide. Une des procédures efficaces qui peut être transmises est « de faire un tir trop court volontairement ». De cette façon, la trajectoire est suffisamment haute pour éviter l’interception et pour retomber sans vitesse horizontale importante entre le partenaire et la cible. Naturellement, pour que la passe soit réussie, il faut à la fois un bon passeur et un bon réceptionneur (cf. plus haut). Sur le plan réglementaire Il s’agit d’intégrer des règles concernant le contact entre joueurs. Chaque enseignant peut adopter celles du règlement FIBA ou les adapter à son niveau de pratique. Il est rappelé que ce n’est pas une faute que de venir au contact d’un adversaire situé derrière à 50 condition de ne pas le percuter ou le bousculer avec le dos, les épaules ou les fesses. Dans le cas de la position derrière, l’attaquant peut placer son bras fléchi pour délimiter son cylindre (cf. règlement FIBA) mais il n’a pas le droit de repousser le défenseur pour faciliter la réception de la balle. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Pour le non porteur, il s’agit de perfectionner son repérage par rapport à la cible afin de se positionner à la fois à bonne distance de celle-ci et dans l’axe balle-panier. Ce positionnement n’est pas évident dans la mesure où, la plupart du temps, le joueur à la cible dans le dos et ne la voit donc pas. Les situations d’apprentissage avec passeur doivent donner l’occasion à ce dernier d’informer l’attaquant sur sa position par rapport à l’espace et surtout par rapport à l’axe balle-panier. De plus, il doit développer la sensibilité tactile de son dos afin de s’en servir pour identifier l’évolution de la position relative du défenseur par rapport à la sienne. En ce qui concerne le porteur, c’est la construction d’un point de visée dans l’espace aérien afin de faire une passe au partenaire démarqué derrière le défenseur qui est le problème essentiel à résoudre. Situation 6 Organisation et déroulement 1X1 dos au panier avec passeur. S’il n’y a pas de passeur, l’attaquant se fait la passe luimême en faisant rebondir la balle légèrement devant lui avec un effet rétro. But Marquer le plus de panier possible. Apprentissages visés À ce niveau de pratique, si l’attaquant reçoit la balle correctement alors qu’il se trouve derrière le défenseur, le tir est facile puisqu’il sera seul face à la cible. Mais, s’il reçoit la balle devant le défenseur il Situation 6 va falloir jouer le 1X1 ensuite en continuant à mettre l’adversaire en difficulté pour tirer. Le jeu « dos au panier » peut se faire de façon multiple, non seulement parce qu’il existe un ensemble de procédures que les joueurs ont inventées au cours de l’histoire du Basket-ball, mais aussi parce que celles utilisées va dépendre des caractéristiques des joueurs en présence. Au niveau scolaire, il faut faire des choix encore plus drastiques qu’au niveau fédéral par manque de temps et ces choix doivent être également guidés par le fait que l’un des objectifs de l’EPS est la connaissance de l’APS et particulièrement la logique de l’affrontement dans les sports collectifs. Je vais donc seulement présenter deux façons de jouer cette situation fondée sur deux logiques différentes. Première façon Sur le plan stratégique Maintenir le contact avec l’adversaire pour l’obliger à faire très attention à la faute personnelle et pour lui imposer une pression temporelle maximale. Comme pour le démarquage dans la radiale, l’élève doit intégrer le fait que rester au contact de l’adversaire, c’est en fait l’éliminer. Cette représentation n’est pas évidente à construire dans la mesure où le démarquage a toujours été considéré comme une rupture par rapport à l’adversaire. Sur le plan tactique Gérer l’alternative fondamentale : je déborde l’adversaire vers la droite ou vers la gauche. La feinte est souhaitable à un moment donné de l’évolution du rapport de forces. Sur le plan technique (pour un débordement vers la droite) 51 Après capture de la balle, je ne dribble pas sur place. Je pivote vers la droite en prenant le pied droit comme pied de pivot (pivot extérieur). L’axe de rotation du corps peut être représenté par le segment reliant l’épaule droite et le pied droit. L’épaule droite reste au contact du défenseur en permanence. Le pivot s’engage en même temps que le dribble main gauche (afin de me servir du corps comme obstacle). La balle arrive au sol lorsque le corps est globalement orienté vers la cible. On peut se servir de l’analogie entre ce pivot et la porte qui se ferme avec pour gonds l’épaule droite et le pied droit (1a). Après un ou deux rebonds au sol en fonction de la distance par rapport à la cible, je capture la balle à deux mains et je vais faire un appui simultané au plus près du défenseur afin de le laisser sur mon côté droit. Je prends une impulsion deux pieds pour tirer en restant toujours au plus près du défenseur (1b). Une fois la capture de balle faite après l’arrêt simultané, j’ai toujours la possibilité de faire une feinte de tir pour faire sauter mon adversaire et tirer lorsqu’il est en train de redescendre. Deuxième façon 1a Sur le plan stratégique Mettre l’adversaire en mouvement latéral par l’utilisation du pivot et utiliser ce mouvement. Sur le plan tactique Gestion du pivot vers la droite ou vers la gauche. Après le premier pivot, gestion de l’alternative : si l’adversaire à un léger retard, je tire immédiatement si l’adversaire arrive à temps pour s’opposer au tir, départ en dribble côté opposé en engageant un deuxième pivot. 1b Après le deuxième pivot, gestion de l’alternative : si l’adversaire à un léger retard, je tire immédiatement si l’adversaire peut s’opposer au tir, mise en place d’une incertitude temporelle quant au moment du tir par la mise en place de feintes. Sur le plan 2a 2b technique (pour un pivot côté droit) Après la capture de la balle, je pivote assez loin vers la droite sans dribbler afin de déplacer l’adversaire de manière importante (2a-2b). Si je dois refaire un pivot vers la droite, je passe au plus près de l’adversaire et j’engage le dribble comme dans la première façon. Je fais faire ensuite un ou deux rebonds au sol au ballon et je capture le ballon à deux mains en faisant l’appui simultané comme précédemment (2c-2d). 52 2c 2d REMARQUES 1. Quelles sont les conditions qui peuvent inciter le joueur à opérer selon la première ou la deuxième façon ? Si le défenseur est à son contact avec tout le buste, la première façon est peut être plus judicieuse. Par contre, si le défenseur, à force de se faire « enrouler », recule légèrement ses appuis en maintenant le contact uniquement avec un avant bras, alors mieux vaut peut être engager la deuxième procédure. 2. Naturellement, la maîtrise du 1X1 « dos au panier » ne peut se concevoir que dans une alternative plus large qui est : je suis tireur ou je suis passeur en donnant la balle soit à la périphérie soit à un partenaire qui fait un démarquage direct. Ces 1X1 doivent donc s’accompagner de situations en 2X2, 3X3 ou 4X4 pour la construire. On retrouve ici, ce qui a déjà été vu plus haut dans autre contexte. 3. La maîtrise de cette situation 1X1 « dos au panier » est à replacer dans les apprentissages proposés depuis le début de ce quatrième cas. ENCHAINEMENT POSSIBLE DES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE 1. Match 4X4 sur tout le terrain (situation de référence) : Constat initial. 2. Circularité entre situations 5 et 5 bis et situation 3. Retours au match 4X4 sur ½ terrain. 3. Situation de référence. 4. Situation 6 puis circularité entre cette situation, la situation 3 et le match 4X4 sur ½ terrain. 5. Situation de référence pour évaluation terminale. Niveau lycée : cinquième cas CONSTAT L’attaque est suffisamment organisée pour mettre en difficulté la défense repliée dans le cadre de l’attaque placée. On peut considérer que c’est le cas dans le niveau 1 du quatrième cas évoqué ci-dessus. Le nombre de paniers marqués dans la zone restrictive et proche du panier devient important. En plus, cette situation n’est pas favorable pour déclencher des contre attaques dans la mesure où il y a un nombre relativement important de remises en jeu à faire en ligne de fond (la transition récupération de balle /contre attaque est forcément plus longue donc favorable aux défenseurs). PRINCIPALES HYPOTHESES EXPLICATIVES Plan cognitif/moteur Face aux comportements des attaquants dont le but prioritaire est d’aller vers la cible (jeu direct), chaque défenseur sur un non porteur, malgré un marquage individuel qui peut être constant, est incapable de s’informer à la fois sur son adversaire direct et sur la balle. Sans parler des moments de centration sur la balle qui subsistent et qui sont meurtriers pour la défense étant donné l’espace libéré à l’intérieur de l’EJE par le placement et le 53 replacement des attaquants à la périphérie. La position adoptée qui le place sur l’axe adversaire/cible ouvre la ligne de passe et au moment de la réception de balle de l’attaquant il doit systématiquement avancer vers lui ce qui l’expose au démarrage en dribble à contre pied (cf. a sur le schéma de la situation 1 ci-dessous). Ceci s’aggrave si l’adversaire utilise bien les feintes de démarquage direct pour revenir à la périphérie car, dans ce cas, le retard au moment de la réception est important et le retour sur l’attaquant est précipité. Le défenseur sur le porteur peut avoir également des difficultés s’il affronte un joueur dont les capacités de manipulation de balle lui permettent de tenter des dribbles directs. La difficulté vient simultanément de l’espace libéré derrière lui qui facilite le démarquage du porteur car il se retrouve seul face à lui dans un espace à faible concentration de joueurs. Les difficultés proviennent également des comportements en réaction des défenseurs face aux démarrages des attaquants. Ces derniers ne semblent pas prêts sur le plan mental et moteur à agir face aux démarquages adverses. LES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE a b Situation 1 Situation 1 Organisation et déroulement 2X2 avec passeur. Les 2 attaquants ne peuvent pas se faire de passe. La situation déjà proposée pour les apprentissages en attaque est reprise mais en se focalisant cette fois-ci sur la défense. Objectifs Perfectionnement de la défense sur les non porteurs et le porteur. Simplification de la situation Le 1X1 avec passeur est envisageable. Apprentissages visés Sur le plan stratégique Défense sur le non porteur Lorsque la balle est dans les mains du passeur : Interdire la réception de balle surtout en jeu direct. Se maintenir très près de la ligne de passe. Flotter vers le ballon afin d’interdire l’accès direct à la radiale (autoriser seulement le back door). Lorsque la balle est en possession d’un attaquant : flotter largement tout en restant sur la ligne de passe afin d’aider éventuellement son adversaire s’il se fait déborder. Défense sur le porteur À la réception de balle à la périphérie, ne pas se précipiter sur lui et rester à distance de garde tout en se préparant à ses actions directes. Sur le plan tactique Le passeur à la balle Une alternative importante à gérer : je défends sur un back door /je défends sur un démarquage périphérique car si le placement est maintenu, le démarquage direct vers la radiale en passant devant le défenseur est difficile puisqu’il en conteste le chemin. Le contrôle visuel quasi-permanent de l’attaquant devient indispensable pour agir à temps au regard de ces deux démarquages. Le partenaire a la balle Le défenseur est confronté à quelques actions qu’il doit anticiper mentalement et s’y préparer sur le plan moteur. Je flotte vers la balle et, soit : je vais défendre sur l’adversaire de mon partenaire si celui-ci se fait déborder, je vais au rebond si son adversaire déclenche un tir de loin, 54 je vais au rebond si son adversaire va tirer de près après débordement sur lequel je n’ai pas pu défendre Sur le plan technique Outre la position jambes fléchies, sur les avant-pieds afin de démarrer vite, il y a deux points importants : l’orientation de la tête et du regard afin de contrôler le ballon et l’adversaire direct lors de la défense sur le non porteur. L’idéal est de voir les deux simultanément pour identifier le plus vite possible les repères permettant de décider de l’action à entreprendre. Il est conseillé d’orienter la tête et le regard au milieu des deux afin d’utiliser la vision périphérique. Naturellement, ce contrôle simultané n’est pas possible en permanence. Dans ce cas, le contrôle visuel alterné est indispensable mais la fréquence de balayage entre le ballon et l’adversaire doit être élevée surtout si ce dernier est très actif. Le contrôle de l’attaquant tentant un back door. Comme c’est le seul démarquage direct facilement réalisable, le défenseur doit s’y attendre et dès qu’il a lieu, il faut immédiatement reculer vers l’adversaire en le laissant dans son dos. Ceci est impératif pour essayer de l’obliger à passer au plus près de la ligne de fond car ceci lui interdira, non seulement de recevoir la balle dans son couloir de jeu direct mais également, en cas de tentative de démarquage dans la radiale, d’y recevoir la balle facilement (se reporter plus haut). Le contrôle de l’évolution de la position de l’attaquant se fait avec les mains dont une au moins est posée sur lui. De cette façon, la vision est libérée pour analyser le jeu qui se déroule dans l’espace avant. Transformations essentielles de l’activité de l’élève Ce qui est important : la construction de repères permettant d’identifier au plus tôt les actions qui vont être entreprises et le développement de la capacité à décider vite. le développement de la sensibilité de la vision périphérique car les champs de jeu à contrôler sont souvent à l’opposé les uns des autres et le développement de la sensibilité tactile au niveau des mains afin d’identifier la position relative de l’adversaire non porteur par rapport à celle du défenseur, le développement de l’agressivité permettant d’augmenter encore le pouvoir de réagir vite. COMPORTEMENTS ATTENDUS En particulier pour la défense sur un non porteur : la capacité à aller stopper un adversaire débordant en dribble un partenaire puis éventuellement revenir très vite défendre sur son adversaire direct ensuite si le « stop » a été réussi (schéma 1). Il est rappelé que cette aide défensive ne peut s’effectuer que sur un placement en flottement défensif initial afin d’arriver à temps. Il est recommandé, au niveau scolaire, de privilégier une aide qui vient du côté opposé à la balle car généralement la prise d’information du porteur est encore centrée sur un espace relativement proche. Il aura donc plus de mal à percevoir cette aide. 55 Schéma 1 Schéma 2 La capacité également à aller éventuellement faire une « prise à deux » pour aider son partenaire qui défend sur le porteur dans la radiale. Naturellement, cette prise à deux ne s’effectue qu’en cas de rapport de forces très défavorable pour le partenaire. Dans le cas contraire, il doit être capable de contrôler le ballon et son adversaire direct dans cette situation très délicate (schéma 2). Schéma 3 La capacité à maîtriser la dissuasion du dribble de pénétration pour un adversaire qui tenterait de s’infiltrer dans un intervalle de joueurs et le retour rapide sur son adversaire direct en cas de réussite (schéma 3). ENCHAINEMENT POSSIBLE DES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE Il y aura des circularités entre la situation de match 4X4 tout terrain, le 2X2 avec passeur, le 3X3 et 4X4 sur un ½ terrain. Si le nombre de balles interceptées ou de rebonds défensifs augmentent, l’alternative entre attaque placée et contre attaque peut être d’avantage équilibrée. Niveau lycée : sixième cas CONSTAT Lors d’un match 4X4 sur tout le terrain, il y a une proportion correcte d’attaques placées et de contre attaques mais manifestement les joueurs, en attaque placée, malgré une organisation stratégique et des actions du type de celles abordées dans le quatrième cas ont du mal à se démarquer seul étant donné la qualité accrue de la défense individuelle. Le porteur est relativement gêné pour passer et pour dribbler vers la cible. Les conséquences sont : des pertes de balle sur des tentatives de passe directe dans des conditions non favorables ; des tirs de loin peu efficaces (même avec un système de marque moins contraignant) ; des actions de 1X1 qui sont annihilées par l’aide défensive. HYPOTHESES EXPLICATIVES Plan cognitif/moteur Les défenseurs sur les non porteurs arrivent à bien lever les incertitudes que peuvent faire peser leurs attaquants directs par la connaissance des actions potentielles dans chaque situation et la construction de repères leur permettant de gagner un peu de temps sur leurs réactions. Plan affectif Les défenseurs sont d’avantage agressifs ce qui diminue encore les temps de réaction. COMPETENCE VISEE Assurer la domination de l’attaque sur une défense individuelle qui a réduit son espace d’intervention en organisant l’aide offensive. 56 REMARQUE Aborder l’écran en tant qu’aide offensive peut s’envisager pour le porteur ou entre non porteurs. En ce qui me concerne, les deux entrées ont été essayées et la seconde me paraît nettement plus performante. Les explications sont simples : prendre un écran pour un porteur de balle nécessite des capacités de maîtrise du dribble qui ne sont pas toujours présentes au niveau scolaire dans le cadre des cours obligatoires. Généralement, l’écran pour le porteur est plus une gêne qu’une aide. inviter les élèves à utiliser l’écran pour un porteur de balle, c’est prendre le risque de renforcer leur tendance à la centration sur la balle. Fréquemment, le ou les non porteurs « courent » après le porteur pour lui proposer un écran. Dans ce cas, le jeu entre non porteurs disparaît car le seul « objet pris en compte pour agir » est le ballon. Lorsque plus d’un non porteur propose un écran pour le porteur, on retrouve inévitablement une réduction de l’EJE qui ne favorise pas l’efficacité de l’attaque pour les lycéens non-spécialistes. L’écran entre non porteurs a le désavantage et l’avantage d’obliger les élèves à se décentrer totalement du ballon. Désavantage, car dans certaines situations stressantes comme la situation d’évaluation terminale, il y a tendance également à la réduction du jeu entre non porteurs par un retour à la centration sur la balle classique d’une baisse de niveau. Avantage, car il est extrêmement formateur du point de vue de la prise en compte de l’ensemble des éléments du jeu pour agir. LES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE Situation 1 Organisation et déroulement 2X2 avec passeur. L’utilité, le « mécanisme » et la réglementation de l’écran peuvent être abordés au tableau noir avec des lycéens avant de passer dans la situation pratique. A B Objectifs Maîtrise de l’écran entre non porteurs schéma 1 Apprentissages visés Sur le plan stratégique C’est toujours le jeu direct qui organise les actions. C’est donc l’aide à un joueur à la périphérie en vue de le démarquer dans le CJD, vers la cible, qui va être abordée. L’écran sera porté dans le dos du défenseur afin de le surprendre. Sur le plan tactique Le « preneur » de l’écran doit passer à droite (A) ou à gauche (B) en fonction du comportement défensif de son adversaire. Sur le plan technique Le « preneur » doit passer au ras du « poseur » afin de ne pas laisser de place entre les deux joueurs et interdire au défenseur du preneur de passer dans B l’intervalle qui pourrait être créé entre les A deux joueurs. Pour ce faire, le « preneur » a intérêt à d’abord orienter lentement son défenseur vers l’un des côtés pour ensuite changer rapidement de direction et passer Schéma 2 de l’autre côté (cf. A et B dans l situation 1 57 ci-dessus). On dit que le preneur « aiguille » son adversaire sur un côté pour prendre l’écran ensuite. Naturellement, si l’adversaire ne suit pas le preneur dans son aiguillage, alors le preneur accélère et prend l’écran du côté de l’aiguillage (schéma 2). Le poseur va s’arrêter en se présentant de face dans le dos du défenseur. Même si, techniquement, on peut se présenter autrement, cette solution est satisfaisante dans la mesure où le poseur voit bien le défenseur et peut donc le « cadrer » correctement. Sur le plan réglementaire Il est impératif de mettre en place la règle fédérale concernant l’écran et concernant le poseur. L’écran est légal lorsque le poseur : s’arrête à distance suffisante pour permettre au défenseur de se mouvoir (au moins un pas). S’il vient trop près du défenseur et qu’il y a contact, c’est lui qui en sera responsable et qui sera sanctionné d’une faute. Il est bien entendu interdit de venir percuter le défenseur. reste immobile, en appui sur ses deux pieds, au moment de la prise d’écran. Il ne doit en aucun cas tenter de bloquer ou gêner le défenseur par un geste quelconque. Généralement, au début de l’apprentissage, le preneur passe rarement au ras du poseur ce qui laisse le passage au défenseur entre les deux attaquants et le poseur a tendance à se déplacer pour resserrer la distance avec le preneur pour coincer le défenseur. Transformations essentielles de l’activité de l’élève C’est la décentration par rapport au ballon qui est la transformation essentielle par la prise en compte d’un autre non porteur soit pour l’aide soit pour recevoir de l’aide. ENCHAINEMENT POSSIBLE DES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE L’utilisation du 2X2 avec passeur doit permettre d’intégrer l’écran comme « arme » nouvelle pour dominer les défenseurs. Ceci signifie que tous les apprentissages réalisés dans le quatrième cas sont repris simultanément. On a donc une circularité entre le 2X2 avec passeur, le 3X3 ou 4X4 sur un ½ terrain et le 4X4 tout terrain. COMPORTEMENTS ATTENDUS D A B C A Schéma 3 B Schéma 4 L’intégration de l’écran entraîne un autre principe stratégique dans l’organisation offensive concernant l’enchaînement des actions directes. Il sera prioritaire afin de ne pas laisser de répit à la défense par des simples replacements à la périphérie inoffensifs pour elle. Par exemple, un joueur ayant tenté un démarquage dans la radiale et n’ayant pas reçu le ballon, enchaîne un écran pour l’un de ses partenaires A ou B (schéma 3). Un tel comportement interdit aux défenseurs de réduire leur attention car les deux actions dangereuses s’enchaînent à quelques secondes d’intervalle. Mais, il ne faut pas oublier que l’enchaînement d’actions directes est une priorité et non une obligation. En conséquence, il n’est pas interdit, parfois, pour celui qui vient de faire un démarquage direct de tenter un démarquage à la périphérie. L’utilisation de feinte est conseillée. Par exemple, le joueur C vient de tenter un démarquage direct à l’aide de l’écran de D ; il n’a pas eu la balle dans son CJD et enchaîne un démarquage à l’arrêt dans la radiale de A ; il 58 n’a toujours pas la balle et fait une feinte d’écran vers B mais tente un démarquage à la périphérie (schéma 4). Ce comportement de C cumule à la fois l’enchaînement d’actions directes en première partie et la création d’incertitude pour les attaques futures sur son adversaire direct. En effet, la prochaine fois, ce dernier, au sortir d’une action de démarquage direct de l’attaquant ne saura pas s’il aura à défendre sur un écran ou sur un démarquage à la périphérie ce qui sera favorable à l’attaque. ÉVOLUTION DU JEU Comment les défenseurs vont-ils s’adapter aux écrans entre non porteurs ? Niveau 1 Dans un premier temps, certains défenseurs sur le preneur se laissent bloquer même lorsqu’ils savent, après quelque temps d’entraînement, qu’un écran est en train de se produire. Si, simultanément, le défenseur sur le poseur garde son joueur, le preneur a toutes les chances de se démarquer facilement. Niveau 2 Au bout de quelques écrans favorables à l’attaque, les défenseurs vont réagir en empêchant l’accès direct à la cible du preneur. C’est le défenseur du poseur qui va Schéma 5 Schéma 6 s’interposer tandis que le défenseur du preneur va chercher à rattraper son adversaire en allant vite vers la cible (schéma 5). Le problème est que cette adaptation entraîne les deux défenseurs vers la cible (schéma 6). Plus en avant, sera abordé la réponse de l’attaque à cette adaptation. Niveau 3 Que ce soit de manière spontanée, par mimétisme, par intervention d’un élève plus débrouillé, par proposition d’apprentissages du professeur … les défenseurs vont assez rapidement utiliser le changement de joueurs sur écran. Même si cette stratégie n’est pas la seule possible, elle paraît la plus simple au niveau scolaire et suffisante pour équilibrer le rapport de forces. Le défenseur du poseur va se charger du preneur et inversement. Quelle réponse des attaquants à l’adaptation défensive ? Si l’on reprend le schéma 6, on voit que si le jeu direct est obstrué, la zone périphérique est libre. Le poseur de l’écran est bien placé pour aller occuper cette zone à condition d’aller vite pour profiter du recul momentané des défenseurs vers la cible (schéma 7). C’est un nouvel apprentissage que l’on nomme « sortie d’écran ». En effet, jusqu’à présent, le poseur restait passif parce qu’il venait aider son partenaire, maintenant, il doit être actif juste après la prise d’écran. Le poseur peut devenir également celui qui peut se démarquer. Cet apprentissage en entraîne d’autres et en particulier la gestion d’une nouvelle alternative tactique pour le porteur de balle. Il doit Schéma 7 identifier rapidement qui se démarque parmi les deux partenaires engagés dans l’écran. 59 Mais, la situation peut se compliquer encore dans la mesure où à un moment donné le poseur peut être confronté à deux possibilités : soit le défenseur du preneur contourne l’écran par l’arrière (à condition que celui-ci passe vraiment au ras du poseur) et, dans ce cas, il « sort » à la périphérie comme l’indique le schéma 7 ; Schéma 8 Schéma 9 soit le défenseur du preneur est bloqué contre lui et, dans ce cas, il peut « sortir » vers la cible car son CJD est libéré. Cette sortie s’effectue après avoir pivoté d’un demi-tour en laissant « vigoureusement » le défenseur bloqué dans son dos (schéma 8). Le poseur est confronté à une nouvelle alternative tactique ce qui l’oblige à s’informer pour identifier très rapidement le lieu de sortie en fonction de la situation. Cette dernière situation peut être très dangereuse pour la défense dans le cas d’une remise en jeu derrière la ligne de fond. En effet, l’orientation du couloir par rapport à la balle est telle qu’une sortie vers la cible amène le poseur seul sous le panier (schéma 9). L’ECRAN POUR LE PORTEUR DE BALLE Même si à mes yeux cet écran est problématique pour des lycéens non-spécialistes, il n’est pas interdit de l’aborder dans le cas où l’enseignant juge qu’il ne perturbera pas le jeu de l’attaque. Une fois abordé l’écran entre non porteur, il est simple d’expliquer le « mécanisme » de l’écran pour le porteur de balle puisqu’il est identique à quelques détails près : Il semble qu’il soit souhaitable pour le poseur de se placer, non pas dans le dos du défenseur mais plus sur son profil (schéma 10). En effet, prendre cet écran en dribble est plus simple que celui porté complètement dans le dos. Il est moins aisé de se déplacer en dribblant que sans la balle. Aiguiller un adversaire balle en main n’est pas une mince affaire pour un non-spécialiste. De plus, le règlement fédéral de Basket-ball précise qu’un Schéma 10 écran porté dans le champ visuel d’un adversaire peut être aussi proche de celui-ci que le poseur le désire (si le défenseur le voit arriver, il a plus de chance de l’éviter et l’équilibre du rapport de forces est assuré). Si l’écran est proche du défenseur, il l’est aussi du porteur qui aura moins de chemin à parcourir. Il est nettement préférable également que le porteur de balle ne soit pas en train de dribbler pour prendre l’écran. Dans cette situation, accélérer le dribble en l’orientant correctement la balle par rapport à l’écran nécessite beaucoup d’entraînement. Lorsque le porteur a la balle en main, il devient possible soit d’aiguiller l’adversaire soit de réduire l’espace avec le poseur en utilisant le pivot. Dans le schéma 11, les appuis du porteur sont représentés en gris et blanc (le blanc étant le pied de pivot), ceux du défenseur en jaune, ceux du poseur d’écran en rouge. Au départ, le porteur a la balle dans les mains et placée sur son flanc droit pour la protéger. Le porteur fait un 60 déplacement vers la gauche en utilisant le pied de pivot droit tout en faisant passer rapidement le ballon côté gauche. Ce déplacement est une feinte de départ en dribble Schéma 11 Schéma 12 Schéma 13 vers la gauche. Si le défenseur se déplace pour lui interdire l’accès à la cible (schéma 12), le porteur pivote à nouveau en sens inverse en prenant soin de poser son pied gauche le plus près possible des appuis du poseur de l’écran afin de ne laisser aucun espace dans lequel le défenseur pourrait s’infiltrer (schéma 13). En même temps, la balle est lâchée pour le départ en dribble. Dans ce cas, l’écran est bien pris car le défenseur soit percute le poseur soit est obligé de le contourner par l’arrière ce qui lui fait perdre du temps que peut mettre à profit le porteur. Si dans le schéma 12, le défenseur ne se déplace pas vers la gauche ou alors tardivement, le porteur déclenche son dribble côté gauche pour aller à la cible. 61 Les comportements collectifs et individuels observés CARACTERISTIQUES DES ELEVES EN BASKET-BALL Quatrième partie 62 Collège : 6e/5e FORME GLOBALE DU JEU EN ATTAQUE Niveau 2 La progression vers la cible peut associer du gagne-terrain : par dribble de contournement (à un ou deux joueurs avec utilisation ou non de joueurs relais) par passe vers l’avant avec dribbleur poursuivi. Ce dernier peut avoir la radiale libre en début de dribble ou non. Dans ce dernier cas, un adversaire se trouve entre lui et la cible car généralement celui-ci n’a pas participé activement à l’attaque précédente de son équipe. par échanges de balle avec un EJE restreint (passe à dix orientée) s’il n’y a pas de joueurs dominants dans l’équipe ou de joueurs qui ne prennent pas la responsabilité de progresser en dribble. Lorsque la balle s’arrête, les joueurs ont tendance : à se déplacer et à se positionner dans la radiale (EJE réduit et forte concentration de joueurs). À partir de cette situation, soit il y a une tentative de passe « dans le paquet » souvent interceptée soit un joueur, plus évolué, qui rompt l’alignement et qui vient en soutien. ou à reformer une « grappe » La « grappe » se reforme également au moment des tirs. La transition récupération de balle /progression vers la cible peut être lente dans la mesure où, si un joueur récupère la balle et ne part pas en dribble tout de suite, les non porteurs (NP) restent sur place et attendent le ballon. Ceci s’observe sur les rebonds défensifs et sur les remises en jeu en touche. Certains joueurs ne se sentent pas ou plus concernés par le jeu. Soit, ils ne veulent pas avoir la balle soit il n’ont plus l’espoir de l’avoir (en cas d’hétérogénéité importante dans l’équipe du point de vue du niveau de pratique). Niveau 1 (le plus fort) La progression vers la cible peut associer du gagne-terrain : par dribble de contournement (à un ou deux joueurs avec utilisation ou non de joueurs relais) par passe vers l’avant avec dribbleur poursuivi. Ce dernier peut avoir la radiale libre en début de dribble ou non. Dans ce dernier cas, un adversaire se trouve entre lui et la cible car généralement il n’a pas participé activement à l’attaque précédente de son équipe. par passes vers l’avant en jeu de relais. Dans ce cas, les NP se démarquent vite en appui. par échanges de balle si la défense sur le porteur est suffisamment efficace (EJE plus grand que pour le niveau 2) quelques possibles contre attaques avec un joueur en appui qui se démarque en courant et qui réceptionne en course. Des situations d’attaques placées peuvent avoir lieu lorsque la défense replie à la même vitesse que la progression de l’attaque et que celle-ci n’a pas déclenché un tir immédiatement en arrivant en zone de marque. Dans ce cas, on observe un jeu à la périphérie fait de passes ou de dribbles qui se termine par un tir de loin généralement raté. Si l’équipe possède un joueur ayant déjà une bonne maîtrise du dribble, celui-ci cherche à faire un dribble direct pour aller tirer de près. 63 LA FORME DE JEU GLOBALE EN DEFENSE Niveau 2 La défense n’est pas organisée collectivement, seul le défenseur proche du porteur est actif, les autres attendent que la balle arrive dans leur secteur. La centration sur la balle est forte pour les joueurs qui participent. Niveau 1 Certains élèves défendent également activement sur les NP proches de la balle. Dans ce cas, il y a soit beaucoup d’interceptions soit transformation du jeu vers plus de GT par échanges de balle. La défense sur le porteur est plus efficace. Une défense individuelle peut être organisée implicitement ou explicitement sur les touches ou lorsque le porteur s’arrête dans le terrain. Mais, lorsque la balle progresse vers la cible, la défense individuelle cesse car les joueurs se recentrent sur le ballon. Balles perdues sur mauvaises passes Comportement. Description de la situation Le porteur est gêné par un défenseur qui lève les bras devant lui. Il tente la passe par-dessus. La balle est interceptée par l’adversaire. Hypothèses explicatives La trajectoire de balle est haute, ce qui laisse du temps à un défenseur pour intervenir sur celle-ci. Le porteur en visant au-dessus, lève la tête et ne peut s’informer correctement sur l’état de la situation. La prise d’information peut être encore plus restreinte si le porteur se centre au moment de la passe sur le défenseur qui lui fait face. La passe longue vers l’avant est tentée par Le programme moteur mobilisé est inadapté une technique style « lancer de poids » de à l’intention. débutant. Ballon au niveau de l’épaule, corps orienté vers le réceptionneur, en appui sur le pied avant, propulsion par extension de la jambe avant. Manque de force. La balle n’atteint pas le partenaire. La passe longue vers l’avant est tentée par Équilibration a priori insuffisante. La jambe une technique de lancer style « touche de avant n’est pas assez en avant et n’a pas foot ». Le lanceur est déséquilibré vers d’action frénatrice. Problème également de l’avant au moment de la propulsion des dissociation ente les trains supérieur et bras. La précision est insuffisante. La balle inférieur. n’atteint pas le partenaire. La passe à 2 mains est du type « passe de Le programme moteur mobilisé est inadapté rugby » ou « à la cuillère » pour passer sous à l’intention. les bras du défenseur qui fait face. Mais, passe imprécise. Le porteur tente une passe longue avec une Le joueur mobilise un programme moteur technique style « à bras cassé », « lancer afin de produire de la force mais cette de disque », « bras roulé » et manque le motricité est incompatible avec la précision. partenaire. Le porteur tente une passe longue vers 1. Le programme moteur mobilisé est l’avant par une poussée à 2 mains à partir inadapté à l’intention. de la poitrine. La passe est trop courte. 2. Manque de force musculaire. Lancer « à la cuillère » qui produit une Le programme moteur mobilisé est inadapté trajectoire de balle trop haute. à l’intention. Le porteur dribble et fait une passe à une Le programme moteur mobilisé est inadapté main sans avoir contrôlé le ballon à 2 mains. à l’intention. 64 Il passe dans le dribble. Mais la passe est imprécise ou pas assez forte. Le porteur tente une passe sur un état de 1. Il n’a pas pris le temps de s’équilibrer par déséquilibre. un pivot. Il se précipite pour passer rapidement vers l’avant. 2. Le porteur, agressé par un défenseur, tente de protéger sa balle par des mouvements du haut du corps sans bouger les pieds. Ceci le déséquilibre et il déclenche sa passe à ce moment là. Le porteur cherche un partenaire et effectue une rotation du train supérieur sans bouger les appuis. Ceci croise les membres inférieurs et provoque un déséquilibre. Le passeur décide de lancer la balle à un Information tardive peut être due à une partenaire et au dernier moment il perçoit centration également tardive sur le qu’un adversaire va intervenir. Il tente de défenseur. La décision est incontrôlable. Le retenir son geste mais n’y parvient pas. Il se joueur peut avoir les 2 appuis au sol ou être déséquilibre vers l’avant et rate sa passe. en train de propulser son corps vers l’avant à l’aide d’un pivot. Le porteur cherche à donner à un partenaire La passe haute donne du temps à un autre sans bouger les appuis et fait une passe à défenseur que le sien d’intervenir sur la 90° en faisant un « bras roulé » par-dessus balle. L’imprécision est due soit à la son défenseur direct. La passe est un peu motricité mal contrôlée soit à une perception haute et imprécise. insuffisante du partenaire qui se trouve dans l’alignement du ballon et de l’adversaire direct du porteur étant donné que ce dernier a le corps orienté dans une autre direction que celle du partenaire. La passe vers l’avant « à bras cassé » n’est Paramétrisation de la force incorrecte, pas assez longue. manque de force musculaire ou mauvaise appréciation de la distance. La passe à « bras cassé » s’exécute par un Le chemin de lancement n’est pas rectiligne mouvement circulaire de la main. Le ballon et le contrôle du ballon par la main est échappe vers l’extérieur de la courbe insuffisant. produite. Le porteur cherche un partenaire précis à Volonté de donner en faisant jouer les qui donner et se fait intercepter la balle. affinités personnelles et sans tenir compte de la situation de jeu. La passe est faite à un partenaire non 1. Le porteur ne prend pas en compte la démarqué et la balle est interceptée par un position de la défense pour faire sa passe. défenseur proche de ce partenaire. 2. L’EJE est trop restreint, la défense est facilement sur les lignes de passe. 3. Le porteur passe vers l’avant à un joueur d’appui qui se place et se déplace par rapport à la cible et au ballon mais pas par rapport aux adversaires. 4. le porteur ne catégorise pas encore la situation comme « non exploitable » pour la passe. Il doit apprendre ce qu’est un partenaire démarqué du point de vue des rapports spatio-temporels. 65 La balle arrive en arrière du partenaire qui Le porteur vise la position de son partenaire est en déplacement. La balle part en touche au moment de la décision de passe et non ou est interceptée. celle qu’il aura dans un instant. Manque d’anticipation mentale de la trajectoire. Le récupérateur envoie la balle sans Jeu vers l’avant systématique. Pas regarder s’il y a un partenaire démarqué en d’alternative construite. appui. La passe est facilement interceptée par un Le défenseur anticipe mentalement la passe défenseur alors que le futur réceptionneur et s’y prépare. Il s’oriente vers la ligne de était manifestement démarqué au moment passe et se rapproche d’elle, se fléchit sur du déclenchement de la passe. ses appuis. Au moment, du déclenchement de la passe, il met peu de temps pour couper la ligne de passe. Naturellement, le porteur ne perçoit pas cette préparation motrice. Balles perdues sur mauvaises réceptions Lors d’une passe vers l’avant, le joueur en Le joueur pense qu’en prenant de l’élan appui qui fait face à la balle en position pour démarrer le dribble, il va gagner du statique, laisse volontairement passer le temps. C’est peut être une bonne idée mais ballon et tente de le récupérer après le cela ne marche pas toujours surtout s’il part rebond au sol de celui-ci. Il n’y arrive pas car d’une position arrêtée. la balle va trop vite ou car elle est récupérée avant par un adversaire. Lors d’une passe vers l’avant, le joueur en Volonté d’enchaîner sans temps d’arrêt appui qui fait face à la balle en position réception et dribble de progression ou statique ou en déplacement arrière, tente de programme moteur de réception inadapté ? réceptionner la balle à une seule main en Ce type de réception est facile à exécuter si l’amortissant pour l’amener vers le sol et la passe est courte et/ou si elle est faite certainement enchaîner le dribble. La avec un rebond. Dans ce cas, la vitesse de réception est difficile et la balle est perdue. balle est faible et la réceptionneur intervient sur la balle de haut en bas pour l’amener au sol. Le réceptionneur est obligé de « claquer » la 1. Le démarquage était insuffisant. balle à une main pour éviter qu’un 2. le passeur n’a pas tenu compte de la adversaire qui intervient sur la passe ne position du défenseur . puisse l’attraper avant lui. La balle ne peut 3. Le passeur n’a pas anticipé être récupérée. correctement l’action possible du défenseur au regard des informations qu’il a prises sur lui. Il n’a pas assez d’expérience. Le réceptionneur laisse échapper la balle 1. Problème de lecture de trajectoire de des mains. balle, de mise en coïncidence du trajet des mains et de la trajectoire de la balle ou du geste de capture avec la trajectoire de balle. 2. Problème de mise en coïncidence de la trajectoire de balle avec le trajet du corps (le joueur est trop près ou trop loin de la balle). 3. Problème de tonicité des mains au moment de la capture. La balle « passe au travers » avec possibilité de la recevoir sur la figure. 66 Le joueur en appui est à l’arrêt ou en Il y a déjà volonté de s’orienter vers l’avant déplacement vers l’avant. Il réceptionne la simultanément à la réception (gain de balle avec la main arrière qui se positionne temps) mais cette technique est délicate à sous ou en arrière du ballon lorsqu’elle maîtriser si la balle a une vitesse arrive dans son espace intime. Celle-ci relativement élevée. accompagne le ballon au sol mais le joueur n’arrive pas à récupérer le ballon car il va trop vers l’avant ou parce qu’un adversaire est intervenu dessus avant lui. Le joueur en appui est à l’arrêt ou en Il y a déjà volonté de s’orienter vers l’avant déplacement vers l’avant. Il réceptionne la simultanément à la réception (gain de balle avec la main avant qui se positionne temps) mais cette technique est délicate à en avant du ballon lorsqu’elle arrive dans maîtriser si la balle a une vitesse son espace intime. Celle-ci accompagne le relativement élevée. ballon au sol mais le joueur n’arrive pas à récupérer le ballon car il va trop vers l’avant ou parce qu’un adversaire est intervenu dessus avant lui. Balles perdues sur dribble Dribble de contournement vers la gauche Pas de maîtrise du dribble main faible. de l’EJE avec la main droite. Pas de Impossibilité de se servir de son corps protection possible sur l’intervention d’un comme obstacle. défenseur. Dribble de contournement vers la gauche Le dribbleur pense pouvoir mieux contrôler la de l’EJE avec la main gauche et quand un balle avec sa main forte pour la soustraire au défenseur vient harceler, le dribbleur défenseur mais il n’y arrive pas. reprend le dribble main droite. Dribble de contournement main droite vers 1. Pour éviter la main du défenseur, le la gauche ou main gauche vers la droite de dribbleur essaye de ramener le ballon l’EJE et sur le harcèlement du défenseur, rapidement vers l’axe du corps tout en le dribbleur cherche à modifier la position continuant sa progression vers l’avant. Mais du ballon pour le soustraire, sans succès, à la propulsion du ballon est trop forte l’action défensive ou il se fait prendre le (précipitation) et il ne la récupère pas avec ballon dans la poursuite de son action vers l’autre main. l’avant. 2. Cette autre main peut également ne pas être prête à récupérer le ballon car le membre supérieur est engagé dans l’équilibration de la course (balancement). L’intervention de la main sur la balle est trop tardive. 3. Le joueur peut également être incapable de propulser la balle vers l’autre côté du corps (pas de dissociation segmentaire nécessaire entre le bras dribbleur et le reste du corps). Cette propulsion nécessite également de pouvoir modifier rapidement la position de la main sur la balle dans la phase ascendante pour la mettre sur le côté du ballon mais le joueur n’y arrive pas car la coordination supination/élévation de l’avant bras nécessaire n’est pas installée. 67 Dribble de contournement vers la droite avec la main droite ou vers la gauche avec la main gauche, le dribbleur n’arrive pas à éviter l’intervention du défenseur qui se précipite sur lui. Dribble rapide de progression vers la cible de contournement ou direct ; la propulsion du ballon s’effectue par une frappe de la balle vers l’avant ; à un moment donné l’impulsion donnée à la balle est trop forte et le dribbleur après le ballon puis le perd. Si la balle ne s’éloigne pas trop du corps sur l’impulsion trop forte, le dribbleur tente de la frapper une nouvelle fois, mais il se déséquilibre vers l’avant pour ce faire et ne contrôle plus le ballon et la perd. Lors du dribble l’une des impulsions données à la balle est trop forte et la balle remonte plus haut que prévu. Le joueur n’arrive pas à contrôler le ballon. Le dribbleur tente un départ en dribble ou une réorientation du dribble dans un espace très encombré de joueurs. Il se fait prendre le ballon. Le dribbleur poursuivi ne se rend pas compte du retour des défenseurs poursuivants et se fait prendre le ballon. Joueur d’appui qui réceptionne le ballon dos au panier et qui se retourne pour partir Si le joueur devait faire ce changement d’orientation avec la procédure du débutant (balle référence et corps qui tourne autour du ballon), le temps requis serait bien plus important que le temps donné. Dans ce cas, le défenseur peut intervenir facilement sur le ballon qui, durant sa trajectoire descendante et remontante est très largement libre de tout contrôle. Certains élèves peuvent réussir le changement de main, d’autres sont capables d’abaisser rapidement la hauteur du dribble (car il est généralement assez haut), d’autres encore à s’arrêter rapidement sans arrêter le dribble afin d’éviter l’intervention du défenseur et repartir une fois celle-ci terminée. Pour éviter la main du défenseur, le dribbleur essaye d’éloigner rapidement le ballon de l’axe du corps tout en continuant sa progression vers l’avant. L’échec est dû au fait que l’élève est incapable de modifier rapidement la position de la main sur la balle. Pour réussir ce changement d’orientation du dribble, il faut que la main passe du dessus à un côté pour la propulsion puis au côté opposé pour la récupération dans la phase ascendante. Paramétrisation du geste. Manque de contrôle tactile du ballon pour ajuster la propulsion. La coïncidence de la trajectoire de la balle et du trajet de la main n’est pas assurée à cause de la surprise du rebond inattendu. . Le joueur n’a pas la technique pour contrôler un ballon dans un espace restreint dans lequel il subit des agressions défensives. Difficulté à prendre de l’information sur l’espace arrière ou pas d’attention portée à cet espace. Difficulté à prendre de l’information sur l’espace arrière ou pas d’attention portée à 68 en dribble sans s’être aperçu de la présence d’un adversaire dans son dos qui lui prend le ballon sur son départ en dribble. Le dribbleur tente de progresser seul vers la cible malgré la présence d’adversaires autour de lui. Il finit par perdre la balle. Le dribbleur qui progresse par contournement cherche à changer rapidement de direction pour prendre à contre pied un adversaire qui vient l’agresser et il perd la balle. Le dribbleur tente d’arrêter son dribble mais n’arrive pas à capturer la balle. Le dribbleur démarre son contournement en dribble puis tente d’éviter un défenseur qui vient l’agresser en faisant un dribble « reverse ». Il n’arrive pas à contrôler la balle qui lui échappe vers l’arrière. Balles perdues par le porteur à l’arrêt Il se fait prendre le ballon dans les mains. cet espace. Volonté de garder la balle pour soi. Jeu individuel. Centration sur la balle. Le changement de direction se fait par une impulsion sur le ballon qui va l’amener à croiser l’axe longitudinal du corps. Celle-ci est plus forte que les impulsions précédentes et le joueur n’arrive pas à faire coïncider la main avec la balle. Le joueur n’est pas capable d’accompagner la balle aussi bien avec la main faible. Lors du changement de direction la balle « rebondit » sur la main. Le joueur met trop de temps pour passer d’une propulsion de la balle à une main à une capture de la balle à 2 mains. Problème de pression temporelle. Les mains se ferment trop tard sur la balle et elle échappe vers le haut. L’impulsion donnée à la balle vers l’arrière pour engager le reverse n’est pas suivie d’une récupération très précoce de la balle après le rebond au sol pour qu’elle soit accompagnée dans la rotation du corps. Le joueur laisse le ballon rebondir assez haut et le ballon fuit vers l’arrière tandis que lui cherche à aller vers l’avant. Le joueur ne bouge pas ses appuis alors que le défenseur se déplace. La tentative de protection du ballon par mobilisation de celuici dans l’espace intime est insuffisante. Le porteur peut même maintenir le ballon à 2 mains au niveau du ventre sans le bouger. Tirs ratés après dribble Le tir à l’arrêt est un peu trop explosif et le Paramétrisation du geste en force ballon est renvoyé par le panneau incorrecte. Manque de dissociation entre l’énergie fournie par le train inférieur et celle fournie par le train supérieur. Le dribbleur poursuivi est finalement rattrapé Mauvaise gestion de l’alternative tir/pas tir par un ou plusieurs poursuivants qui le gênent. Il tire malgré tout et rate. Le dribbleur poursuivi se sentant rattrapé Mauvaise gestion de l’alternative tir/pas tir arrête son dribble mais tire en étant trop loin du panier. Il rate. Le dribbleur poursuivi tente un tir en course 1. Pas encore d’apprentissage mais ne fait qu’un appui balle en main et est systématique du tir en course réalisé. déséquilibré pour la propulsion (main droite 2. Précipitation pour tirer. 69 et genou gauche en haut simultanément). 3. Manque de repère pour savoir à quel moment la capture de balle s’est faite. Il n’y a pas de différence entre la course en dribble et la course balle en main. Pas d’action frénatrice au niveau du train inférieur ; la balle est propulsée fortement sur une vitesse horizontale encore importante. Le dribbleur poursuivi déclenche son tir en Le joueur veut absolument tirer et sentant le déplacement trop tôt et exécute un geste rapprochement des adversaires derrière lui explosif. tire trop tôt en se précipitant. Tirs de loin ratés Le tireur cherche à propulser fort et rate le Conflit vitesse /précision panier Le tireur tire malgré une situation Il veut absolument tirer pour montrer sa défavorable valeur. Il gère mal l’alternative tirer /ne pas tirer. La propulsion se fait avec des orientations Volonté de produire de la force. obliques vers l’avant au niveau des 2 trains inférieur et supérieur. La trajectoire est très aplatie. Violations Réceptionne la balle et recule avec le ballon Méconnaissance du règlement ? Oubli dû en main pour échapper à l’intervention au stress ? défensive. Il marche. Réceptionne la balle et se déplace sur place Méconnaissance du règlement ? Oubli dû pour échapper au défenseur. Il marche. au stress ? En voulant arrêter sa progression rapide le Pas de repère pour le moment de capture. dribbleur marche au moment de la capture. Appuis pas assez en avant du centre de gravité (CG) au moment du contact avec le sol (déséquilibre vers l’avant et recherche de maintien de la station debout en faisant des petits pas). Lors d’une réception de balle sous le panier, Méconnaissance du règlement ? Oubli dû le porteur recule pour tirer en se dégageant au stress ? de dessous. Il marche. Transition récupération de la balle / progression vers la cible trop lente Le récupérateur cherche à donner à un Le récupérateur n’a que l’intention de partenaire proche (jeu indirect). Ceci donne donner pour se débarrasser de la balle. du temps à la défense pour replier et gêner Intention stratégique à construire (jeu rapide la progression plus facilement. vers l’avant). Sur une touche ou un rebond défensif, les Intention de jouer vite vers l’avant non NP restent sur place et attendent le ballon. construite. Faute défensive Le défenseur se précipite sur le porteur et ne Incapacité à s’arrêter rapidement s’arrête pas à temps. Il le percute. (équilibration à priori). Pas d’anticipation mentale de la situation. Le défenseur qui se trouve à côté du Manque d’intentions stratégiques (se dribbleur tente d’intervenir sur le ballon avec replacer entre la balle et la cible …). une main. Il barre la route au dribbleur avec Volonté de récupérer la balle trop un bras. Faute personnelle. rapidement sous le coup du désagrément Le joueur tire en course après avoir capturé la balle à 2 mains mais le tir s’exécute dans l’élan et la propulsion est trop forte. Il peut y avoir aussi trop d’appuis balle en main (marcher). 70 Le défenseur, qui ne défendait pas sur le porteur, réagit à la passe et tente de l’intercepter. Il arrive un peu trop tard et comme il n’arrive pas à s’arrêter net, l’adversaire qui vient de recevoir le ballon peut engager un dribble de progression. Alternative dribble passe mal gérée Le joueur fait un dribble d’un seul rebond à la réception de la passe tout en restant sur place. de se sentir battu. Comportement en réaction. Incapacité à anticiper l’arrêt sur le plan moteur (équilibration a posteriori) Ce dribble de réception est-il fait pour s’équilibrer ? Quoi qu’il en soit l’alternative est supprimée. S’il y avait possibilité de progresser en dribble vers l’avant en attendant le démarquage d’un partenaire en appui, elle est supprimée. Éventuellement, cela peut retarder la progression et permettre à la défense de se replacer. Collège : 4e/3e FORME GLOBALE DU JEU EN ATTAQUE La progression vers la cible adverse peut associer majoritairement : du gagne-terrain par échanges de balle qui peut être efficace si la défense n’est pas assez agressive sur les lignes de passes. des contre attaques dont le lancement peut se faire soit en dribble soit en passe vers l’avant. On peut également observer des attaques placées face à une défense qui s’est repliée à la même vitesse que l’adversaire dans sa progression vers la cible ou qui a rattrapé une contre attaque mal maîtrisée. Les comportements dans le cadre de cette attaque sont identiques à ceux déjà évoqués pour les 6e/5e. FORME GLOBALE DU JEU EN DEFENSE Niveau 2 La défense est relativement passive. En effet, on peut observer : que le défenseur sur le porteur de balle n’est pas assez engagé dans un duel agressif. Il est plutôt attentiste et/ou passif. Il est possible qu’il puisse avoir peur des fautes personnelles. que les autres défenseurs ne sont pas tous en individuelle et/ou que la centration sur la balle est encore importante. Cette centration se manifeste par le regard tourné vers le ballon et par des déplacements qui s’orientent vers le ballon. Ceci a pour effet, d’avoir quelques lignes de passe ouvertes ce qui permet des échanges entre attaquants faciles et l’accès à la zone de marque. De plus, si l’individuelle commence à s’organiser, elle n’est pas mise en place de manière permanente. lorsqu’un défenseur sur un non porteur marque un adversaire, il est trop centré sur la balle et n’anticipe pas mentalement le démarquage possible de l’attaquant. Il ne s’y prépare donc pas sur le plan moteur et se laisse déborder lorsqu’il a lieu. Il peut y avoir, en outre des joueurs qui ne se sentent concernés que par l’attaque et ne replient pas afin de récupérer ou défendre la cible. Ils restent en avant de l’EJE afin d’être prêt à recevoir le ballon en tant que joueur d’appui au moment de la récupération. Ils jouent « la carotte ». Niveau 1 La défense individuelle est mise en place sur tout le terrain. L’intention stratégique de récupérer la balle est construite ce qui autorise des comportements agressifs sur le 71 porteur et sur les lignes de passes. Les interceptions qui peuvent être nombreuses sont enchaînées avec des contre attaques. Lycée FORME GLOBALE DU JEU EN ATTAQUE Niveau 2 On peut voir : Un gagne-terrain par échanges de balle si la défense individuelle est organisée sur tout le terrain et si l’attaque rapide n’a pas été possible. Cette attaque peut avoir plus de difficulté à progresser vers la zone de marque qu’au collège car la défense est un peu plus vigilante. La difficulté va venir également des tentatives de démarquages des non porteurs (NP) qui sont réalisés indépendamment les uns des autres et provoquant parfois des gênes, de déplacements sans rupture de vitesse et/ou de direction. Les interceptions adverses provoquent des contre attaques par dribble. Dans le cadre de l’attaque placée, on peut voir : o une forme de jeu qui ne comporte qu’une alternative pour le porteur : j’essaye de dribbler vers la cible ou de tirer1 / et si je ne peux pas, je donne à un partenaire situé à la périphérie. L’ensemble des NP restent à la périphérie. Si la défense n’est pas très agressive et/ou trop centrée sur la balle, il peut y avoir des joueurs qui accèdent à la cible soit en transperçant l’EJE en dribble soit en recevant une balle qui lobe la défense, leur permettant ainsi de la contourner. o une forme de jeu dans laquelle les NP qui, au lieu de rester à la périphérie, se déplacent pour essayer d’avoir le ballon. Ces déplacements manquent de cohésion et restent orientés par rapport au ballon ce qui ne met pas les défenseurs dans la difficulté maximale. Dans ces déplacements on peut remarquer, entre autres : des traversées de l’EJE de périphérie à périphérie entre le ballon et la cible des contournements à la périphérie pour passer derrière le porteur des traversées qui passent devant un autre NP situé à l’arrêt dans la radiale des traversées simultanées de 2 NP o Quant au porteur de balle, il n’est pas rare de le voir dribbler pour passer son adversaire et rester à la périphérie par incapacité d’aller directement à la cible ou de le voir dribbler vers un partenaire qu’il n’a pas vu. Tous ses déplacements sont des actions indirectes. Niveau 1 Face à une défense individuelle tout terrain, l’organisation offensive va, dans le cadre d’un EJE élargi, mettre en place des démarquages du porteur et des non porteurs (passe et va, passe et suit par exemple). Si une action entre le porteur et un non porteur est engagée, les autres non porteurs n’engagent pas de déplacements qui pourraient nuire à celle-ci. Lorsque les défenseurs réduisent volontairement l’espace défensif en repliant rapidement dans l’espace de marque adverse, il y a plus d’attaques placées dans lesquelles les attaquants commencent à pouvoir trouver des solutions. Ce repli défensif est justifié par une difficulté croissante à défendre sur tout le terrain face à des adversaires qui possèdent des moyens pour les battre dans cette situation. 1 Certains joueurs ne tentent même pas ce dribble ou ce tir. 72 Sur le plan stratégique, ces attaques placées organisent les placements et déplacements des joueurs en vue de donner une priorité au jeu direct. Pour les meilleurs groupes, la mise en place des écrans est envisageable. Si une défense de zone est organisée, les attaquants sont capables de positionner un joueur spécialisé à l’intérieur de la défense et jouer sur la relation entre l’intérieur et les extérieurs. FORME GLOBALE DU JEU EN DEFENSE Il peut y avoir une défense individuelle tout terrain et/ou une défense individuelle sur espace restreint après repli défensif, plus rarement une défense de zone. Le niveau de ces défenses va dépendre de la cohésion des joueurs, de l’aide défensive, de l’agressivité, de la capacité à contrôler des espaces opposés …. Comportements en attaque d’une défense tout terrain Comportement. Description de la situation Hypothèses explicatives Manque de démarquage des NP. Il n’y a pas de changement de vitesse et/ou de direction, le déplacement s’exécute à vitesse constante et généralement par rapport au ballon. Il n’y a pas d’incertitude crée pour le défenseur ce qui interdit la création de retard défensif. Le porteur passe la balle dans le vide et le Incompréhension entre les partenaires, ballon sort du terrain ou est récupéré par lecture du jeu différente, anticipation l ’adversaire. malheureuse du porteur … Le dribbleur progresse vers l’avant et quand Le dribbleur est centré sur le ballon. Il il ne peut plus progresser, il s’arrête, progresse sans s’informer sur les actions s’informe et cherche avec difficulté un des NP. Lorsqu’il s’arrête, la défense profite partenaire démarqué. de ce temps pour installer son individuelle de manière plus précise. Ceci provoque la difficulté à trouver un partenaire démarqué. Le porteur juxtapose ses actions. La progression est relativement facile. Le C’est la défense qui en se centrant sur le porteur trouve des partenaires démarqués. ballon (regard et déplacement) libère les NP. Lors d’un arrêt de balle ou d’une touche, les Centration des joueurs sur le ballon et NP ont tendance à se rapprocher du ballon réduction de l’EJE qui facilite le travail ce qui ne facilite pas la passe. défensif. Comportements en attaque placée Comportement. Description de la situation Hypothèses explicatives Manque de démarquage des NP. Il n’y a pas de changement de vitesse et/ou de direction, le déplacement s’exécute à vitesse constante et généralement par rapport au ballon. Il n’y a pas d’incertitude crée pour le défenseur ce qui interdit la création de retard défensif. Les passes sont interceptées lorsqu’elles 1. 2 NP se déplacent simultanément, sont faites à l’intérieur de l’EJE. indépendamment l’un de l’autre et se retrouvent ensemble à l’intérieur. Gêne, concentration de joueurs trop importante. Il y a peu d’actions directes. 1. l’EJE est restreint, les NP restent à la périphérie, ils n’ont pas la possibilité technique de pénétrer vers la cible en se frayant un passage dans des espaces 73 Il y a peu de réussite aux tirs de loin. Comportements en contre attaque Comportement. Description de la situation Réception de la balle à une main pour un joueur en appui et en déplacement et difficulté à enchaîner avec un dribble ou perte de balle. Perte de balle sur sa réception dans le couloir central (axe longitudinal) Le joueur en appui court avec la balle dans le dos, laisse passer la balle que le porteur lui envoie (même en ralentissant la course) et cherche à le récupérer pour enchaîner par un dribble mais un défenseur récupère la balle avant ou l’attaquant n’arrive pas à rattraper le ballon. Le porteur de balle voyant un partenaire à l’arrêt et face à la balle en périphérie avant lance la balle dans l’espace libre en avant. Le joueur en appui court pour rattraper le ballon mais échoue. restreints ni de tirer efficacement de loin. 2. le déplacement des NP est organisé par rapport au ballon et non par rapport à la cible car leur intention est d’avoir le ballon et d’agir ensuite. 1. l’adresse des joueurs est faible (motricité, affectivité) 2. les tirs sont des tirs « débarras » dans la mesure où ils concluent, faute de mieux, une attaque qui ne s’organise pas efficacement pour mettre un joueur en situation favorable. Hypothèses explicatives Pour une course sur le côté gauche la réception peut se faire soit avec la main droite soit avec la main gauche. Ce comportement est visible depuis la 6e, peut être qu’il est une réponse à la volonté de s’orienter vers la cible et de recevoir une balle qui arrive de derrière sans avoir à organiser une dissociation des 2 trains trop importante. Cette réception directe de la balle implique une dissociation entre les 2 trains que ne maîtrisent pas les joueurs. De plus, la passe pour le porteur est plus difficile dans cette situation sur le plan de la visée, de la perception de la trajectoire du partenaire. Le fait de laisser passer la balle peut s’expliquer par une volonté de rester orienté vers la cible sans organiser une dissociation entre les 2 trains. Cette stratégie n’est pas toujours payante. Le porteur a, ici, l’intention de prendre de vitesse la défense adverse, à l’inverse du partenaire. Le fait, pour ce dernier, de démarrer sa course lorsque la balle est lancée lui fait perdre du temps. La balle peut ne pas être rattrapée ou être récupérée par un défenseur. Le porteur passe en avant à un NP, mais il y Manque de cohésion, d’organisation a échec car un autre NP se déplace à stratégique. Les NP sont centrés sur le proximité du partenaire visé (dans le même ballon et ne prennent pas en compte les couloir longitudinal). autres NP. Comportements en défense Comportement. Description de la situation Hypothèses explicatives Les joueurs récupèrent peu de ballon Pour un défenseur sur un NP, Le triangle lorsqu’ils défendent sur tout le terrain et défensif n’est pas assez aplati et les lignes 74 permettent donc aux attaquants d’atteindre de passe sont ouvertes. Les NP se souvent la zone de marque. positionnent assez loin de la ligne de passe afin de fermer l’angle du champ de jeu à contrôler. Le défenseur sur le porteur reste peu agressif. Pas de volonté manifeste de récupérer le ballon. Le défenseur sur le porteur de balle se 1. Il n’anticipe pas mentalement le départ en laisser souvent déborder. dribble et ne pense qu’à la passe (pas de construction d’alternative passe/dribble). Il ne peut donc être prêt à répondre efficacement sur le plan moteur au départ en dribble. Il peut même faire une faute personnelle en voulant intervenir tardivement sur le ballon. 2. la distance de garde est trop faible, il n’a pas le temps d’organiser un déplacement efficace. Le défenseur sur un NP regarde 1. L’intention du défenseur est uniquement uniquement son adversaire. Il ne s’aperçoit d’interdire l’arrivée de la balle à son pas que son équipe a récupéré la balle ou adversaire direct. Si ce dernier ne se ne va pas au rebond défensif ou ne va pas démarque pas par des ruptures de aider un partenaire en difficulté. vitesse et/ou de direction, il est probable que cette défense sera efficace. Malheureusement, toutes les autres actions lui sont interdites. 2. Le défenseur, devant la difficulté à contrôler la balle et son adversaire direct, fait un choix qui lui paraît judicieux. Le défenseur sur un NP se laisse déborder Il est centré visuellement sur le ballon et ne . s’aperçoit pas du démarrage de son adversaire. Cette centration visuelle peut être liée à la difficulté à contrôler deux endroits diamétralement opposés. Le défenseur sur un NP arrive un peu trop Il n’anticipe pas la passe. Il réagit à la passe. tard pour intercepter le ballon qui arrive à son adversaire direct. 75 APPRENTISSAGES PARTICULIERS Cinquième partie 76 L’APPRENTISSAGE DU TIR EN COURSE Il devient nécessaire lorsque le dribbleur qui progresse vers la cible cherche à ne pas se faire rattraper par la défense qui le poursuit. Stratégiquement, c’est la conservation de l’avance prise qui donne du sens à cet apprentissage. Quelques caractéristiques d’élèves dans cette situation : il s’arrête pour tirer parce que le règlement en vigueur dans la classe précise que l’on ne doit pas se déplacer avec le ballon dans les mains. il entame un déplacement balle en main suite à son dribble, mais tire à l’arrêt sans sauter après avoir fait un nombre d’appuis au sol dans les limites du règlement. Il est probable que la coordination sauter /tirer lui pose un problème moteur. il entame un déplacement balle en main mais fait trop d’appuis avant de tirer. On peut émettre l’hypothèse qu’il lui manque un repère pour identifier le moment du début de la progression balle en main par rapport à celle en dribble. il fait un tir en course avec une impulsion trop vers l’avant qui l’amène complètement sous le panier. Sans doute que la transformation de la vitesse horizontale en vitesse verticale n’est pas acquise. il fait un tir en course avec une propulsion du ballon beaucoup trop forte qui le fait rebondir largement sur le panneau. Peut être qu’il ne sait pas dissocier l’énergie mobilisée au niveau du train inférieur par rapport à celle qui doit être déployée au niveau du train supérieur. Ou alors, il ne se rend pas compte que lorsqu’il se déplace balle en main, celle-ci a déjà une vitesse initiale et la propulse comme si elle était à l’arrêt. il fait un tir en course avec une propulsion main droite et une impulsion pied droit ce qui le déséquilibre en l’air en lui faisant faire une contorsion. Il est probable qu’il n’a pas de repère pour déclencher son déplacement balle en main du bon pied d’appel. Bien entendu, il est incapable de compenser, à l’avance, une telle modalité de tir afin de ne pas être déséquilibré. Première phase Pour les élèves qui s’arrêtent pour tirer ou qui ne maîtrisent pas le double appui balle en main, l’apprentissage de la structure rythmique double appui /foulée bondissante est à aborder en premier. Dans la situation 1, l’élève démarre balle en main pour un D trajet composé de l’alternance G recherchée. Ici, est représenté un double D appui droite/gauche que l’on peut inverser G à condition de changer de côté du D panneau. Les obstacles à franchir sont bas et si possible assez larges pour que G les foulées bondissantes soient assez longues pour que la course ne ralentisse G pas (comme pour la course de haies). Les Situation 1 tapis de sol type « Sarneige » sont idéaux pour cet exercice. Le dernier tapis verra la dernière suspension durant laquelle s’effectuera le tir. On peut déjà inciter l’élève à éviter de « lancer » la balle vers le panneau mais plutôt de la « soulever ». Lorsque la structure rythmique est acquise suffisamment, et en principe cela va assez vite, on peut focaliser l’attention de l’élève sur le point de visée. Celui-ci sera, pour un tir exécuté à droite, l’angle supérieur droit du rectangle tracé sur le panneau pour aider le tireur. Il faut remarquer également que le soulevé de balle s’exécute avec le genou droit vers le haut, c’est à dire le même qui franchit en premier 77 chaque obstacle. Cette situation permet donc de construire un certain nombre de repères et la coordination saut/lancer. La situation 2 est similaire à la première sauf qu’un partenaire tient le ballon audessus du dernier obstacle. L’obstacle qui assurait la construction de la coordination saut/lancer est éventuellement supprimé. Si les objectifs sont identiques à la situation 1, il y a néanmoins un point capital qui est abordé qui est la coordination entre le passage du genou droit au-dessus de l’obstacle et la capture de la balle. Ce repère me paraît Situation 2 important car son absence est à l’origine de bien des échecs. Deuxième phase La situation 3 voit disparaître les premiers obstacles car la structure rythmique est maintenant acquise suffisamment. La centration se fait uniquement sur la D G G Situation 3 coordination capture de balle /genou droit et le soulevé de balle. Dans la situation 4, c’est l’élève lui-même qui se présente le ballon au-dessus de l’obstacle. Le dribble qui précède peut se faire en marchant ou en trottinant. Cet exercice permet de construire la coordination propulsion du ballon au-dessus de l’obstacle et capture de balle. Naturellement, la vitesse du dribble augmente avec la maîtrise progressive de cette coordination. D G G Situation 4 Troisième phase D La situation 5 est le moment clé de l’apprentissage dans la mesure où l’élève G va se séparer de son repère qui lui a servi à la construction des coordinations G précitées. Dans un premier temps, il est conseillé de décaler l’obstacle. Lors de Situation 5 cette phase, il est demandé de faire la foulée bondissante de capture de balle assez longue et rasante afin de maintenir la vitesse horizontale. Lorsque l’obstacle est 78 finalement enlevé (il faut certainement prévoir pour certains élèves le retour de l’obstacle à certains moments car les repères et les coordinations ne sont pas complètement automatisés), l’élève devra construire la distance par rapport à la cible à laquelle il devra déclencher l’impulsion de capture de balle. Ceci nécessite de sa part une décentration visuelle par rapport à la balle lors du dribble afin d’identifier l’évolution de la distance qui le sépare du panneau. Quatrième phase Lorsque structure rythmique et coordinations sont suffisamment acquises, il devient possible de recontextualiser l’apprentissage technique dans la logique d’opposition en organisant la situation 6 (avec ou sans obstacle D décalé). L’élève a maintenant un adversaire G qui démarrera en même temps que lui mais avec un G retard qui sera précisément Situation 6 calculé pour que celui-ci ait des chances de pouvoir le rattraper pour lui interdire le tir ou le gêner. Une forme compétitive n’est pas à exclure. Remarques Ces apprentissages seront obligatoirement différenciés dans la mesure où tous les élèves d’une classe n’en sont pas au même point en début de cycle et n’ont pas la même vitesse d’apprentissage en cours de cycle. Il est donc possible de fonctionner sous forme d’ateliers par niveau que chaque élève franchit au fur et à mesure des acquisitions (il faut prévoir des retours en arrière). Il ne faut pas oublier que l’apprentissage du tir en course est déclenché par la nécessité du contexte de jeu dans laquelle se trouvent les élèves. Généralement, on se trouve dans le cas où les attaquants opèrent leur progression vers la cible par « GT stratégie balle en avant » mais le dribbleur poursuivi, malgré une situation favorable d’accession à la cible se fait rattraper par la défense. On peut être également être dans le cas d’une organisation de contre attaques qui ne peuvent aboutir pour les mêmes raisons. Il est possible qu’au niveau lycée, dans le cadre de l’attaque placée, certains élèves aient bien acquis l’intention de jeu direct en dribble mais que cette intention soit anéantie par une absence de maîtrise de tir en course qui permet souvent à un défenseur de venir gêner un tir qui va s’exécuter après un arrêt. LES REBONDS L’une des caractéristiques des élèves est la passivité qu’ils manifestent lorsque le tir est déclenché. À partir de cet instant, on a l’impression, pour un grand nombre d’entre eux, que le temps de jeu se suspend momentanément et qu’il reprendra lorsqu’un joueur aura de nouveau la balle dans les mains. Il est vrai que le règlement fédéral précise que dès que la balle a quitté les mains du tireur aucune équipe n’a le contrôle de celle-ci mais cela ne signifie pas qu’il faille ne rien faire pendant ce temps là. La récupération de la balle est importante aussi bien pour les attaquants car la réussite aux tirs n’est que rarement élevée au niveau scolaire et pour les défenseurs qui veulent transiter vers l’attaque. 79 Il me semble que, dans une logique d’opposition, le rebond offensif doit être abordé en même temps que le rebond défensif. Cela donnera l’occasion d’un affrontement au cours duquel les uns chercheront à dominer les autres et cela ne pourra qu’accélérer les acquisitions. La première façon de solliciter les élèves et les obliger à porter attention aux rebonds est de modifier le système de marque lors de certaines situations d’apprentissages voire lors de match. Par exemple, au niveau lycée, dans le premier cas traité, la situation 1 et la situation 2 peuvent faire l’objet d’une telle modification. On peut compter les points des paniers réussis mais également accorder des points pour les rebonds offensifs. Un tel système de marque va obliger, non seulement les attaquants mais également les défenseurs, par une volonté de gagner ou de ne pas perdre, de devenir actifs dans cette phase. Mais, l’activité n’implique pas obligatoirement l’efficacité même si elle est importante. Des situations plus décontextualisées devront être mises en place avec des apprentissages précis à y réaliser. Situation 1 1X1 avec tireur : le joueur A tire entre 4 et 6m501 et B et C engage la lutte pour le rebond. Si, B récupère la balle, il peut tirer si la situation lui semble favorable. Si C récupère, il passe attaquant. Le rebond gagné vaut C x points et le panier réussi après le rebond vaut x points. Si B récupère et qu’il ne peut pas tirer, il redonne au tireur tout en restant attaquant. Le premier des deux joueurs à 10pts remporte la manche. Les B trois joueurs effectuent alors une rotation dans les rôles. La compétition est gagnée par l’élève qui a Situation 1 remporté x manches. La position du tireur change A systématiquement. Cette situation compétitive peut se réaliser en alternance avec des moments où les élèves vont se focaliser plus précisément sur les apprentissages suivants : Sur le plan stratégique Pour l’attaquant S’interposer entre le défenseur et la cible le plus tôt possible. Ceci implique qu’il doit identifier au plus tôt le démarrage effectif du tir. Afin de l’aider à construire les bons indices, il n’est pas inutile de demander au tireur de faire parfois des feintes de tir. De cette façon, l’attaquant apprendra à déterminer à quel moment le tir ne peut plus être arrêté. Pour le défenseur Interdire l’accès de l’attaquant à la cible en s’interposant sur le trajet de celui-ci. Ceci implique qu’il doit identifier également le moment approximatif du déclenchement du tir mais également de garder le contrôle de la position de l’attaquant. Sur le plan tactique Pour l’attaquant Outre l’alternative aller au rebond ou non en fonction du comportement du tireur, l’attaquant doit choisir entre passer à droite ou à gauche du défenseur en fonction du placement et déplacement de celui-ci. Naturellement, un système de feinte peut être mis en place. Pour le défenseur La seule alternative à maîtriser est de se déplacer à droite ou à gauche en fonction de l’évolution du déplacement de l’attaquant. 1 En fonction du niveau de classe et des caractéristiques des élèves. 80 Sur le plan technique Pour le défenseur Une fois le tir démarré, il doit contrôler le déplacement de l’attaquant et simultanément contrôler la trajectoire de balle. La seule façon d’y arriver efficacement est de contrôler l’attaquant de manière tactile en venant vers lui si nécessaire, en lui tournant le dos et en appliquant sa ou ses mains sur son corps tout en orientant sa tête vers le ballon pour identifier au plus tôt l’endroit où va redescendre le ballon. Afin de bien s’interposer entre l’attaquant et la cible, il faut rester au contact et si possible avec le dos. Cette procédure ressemble à ce qui a déjà été vu pour le démarquage dans la radiale. De cette manière, il laisse moins de possibilité de déplacement à l’attaquant tout en le contrôlant. Sur le plan terminologique Concernant le défenseur, le terme « d’écran retard » est à utiliser car il indique bien qu’il doive effectuer un écran. Par contre, même si cette expression est consacrée par le terrain, je dirai que « retard » n’est pas approprié étant donné que je ne dirai jamais à un joueur que, sur le plan stratégique, il doit chercher à retarder l’attaquant. Cela signifierait que ce dernier passerait devant à un moment donné ou un autre. Il doit l’empêcher de s’interposer entre lui et la cible. Sur le plan réglementaire Il doit s’appliquer sans cette situation la règle concernant le contact et en particulier ce qui est en rapport avec le « cylindre ». Remarques Comme pour l’apprentissage du tir en course, ce qui concerne le rebond doit être intégré en tant que de besoin dans les cas à traiter. La situation de 1X1 avec tireur, qui peut évoluer vers le 2X2 ou le 3X3 avec tireur, va venir s’insérer dans la circularité entre les autres situations de manière significative. LE TIR DE LOIN Un premier point va concerner la terminologie. En effet, on entend souvent l’expression « tir à mi-distance » employée pour tous les tirs de loin. Je ne connais pas l’origine de celle-ci1, mais, personnellement, je lui donnerais le sens d’un tir s’exécutant à la « moitié » de la distance. De quelle distance ? Celle qui correspondrait aux limites de la zone de marque. Pour des joueurs tirant entre 6 et 7m, cela donnerait un tir situé globalement entre 3 et 4m. Il va de soi que pour des élèves dont la zone de marque est plus restreinte ces distances changent. Je considèrerai donc que le tir de loin est un tir « à distance » aux limites de la zone de marque. L’adresse dans le tir de loin devient nécessaire2 afin de faire peser de l’incertitude spatiale sur la défense (tir de près/tir de loin) et l’obliger à se mouvoir à grande vitesse pour essayer d’empêcher ces tirs. On peut donc raisonnablement penser que cette habileté soit à traiter spécifiquement au lycée compte tenu des constats et des propositions qui ont pu être formulés dans cet ouvrage. Devenir adroit de loin ne me semble pas un objectif qui peut être raisonnablement atteint uniquement par les cycles de Basket-ball qu’un élève va vivre durant sa scolarité obligatoire. Cette opinion est fondée sur l’expérience dans le domaine fédéral dans lequel cet objectif va demander des années d’entraînement. Par contre, perfectionner ce secteur pour augmenter les chances de faire basculer le rapport de forces en faveur de l’attaque me paraît plus abordable. C’est pour ces raisons que je suis partisan de modifier le système de marque lorsque cela s’avère nécessaire. 1 2 Si quelqu’un peut m’informer j’en serai très heureux. Même si l’on modifie le système de marque pour faciliter l’acquisition de points. 81 Les facteurs de l’adresse Ils sont de différentes natures : Stratégique Une équipe s’organise pour mettre un joueur en situation favorable de tir. Si elle ne le fait pas ou mal, il est évident que le tireur de loin ne pourra déclencher son action que dans une situation qui ne lui permettra pas de réussir, sauf hasard. Tactique Un joueur est, au lycée, toujours confronté à l’alternative : je tire ou pas. La gestion de cette alternative est fondée sur une capacité à bien lire la situation dans laquelle il se trouve afin de prendre une décision pertinente et ceci en relation avec la connaissance de ses propres capacités. S’il tire alors que la situation ne lui est pas favorable, il a de fortes chances d’être en échec. Un des cas particuliers de cette gestion défaillante est le « tir forcé » qui a lieu lorsque le joueur décide de tirer malgré la présence rapprochée d’un défenseur actif. La pression temporelle est tellement forte pour le tireur qu’il est obligé d’agir avec une vitesse excessive pour éviter le contre. Vitesse et précision ne faisant pas bon ménage, l’échec est souvent l’issue. Technique Une équipe peut s’organiser stratégiquement pour mettre un joueur en situation favorable pour tirer de loin, un joueur peut décider du tir dans des conditions acceptables encore faut-il qu’il propulse la balle pour qu’elle réalise une trajectoire qui l’amène à proximité de la cible et au-dessus du plan horizontal de l’anneau1. Cette trajectoire va être déterminée par l’organisation motrice qui assure la propulsion. Affectif Si un joueur n’a aucune confiance en lui dans cet exercice ou s’il n’a la confiance de personne dans l’équipe, s’il subit le stress d’une possession de balle importante pour son équipe … il y a également peu de chances de réussite. Les aspects techniques Seuls les aspects moteurs seront abordés dans la mesure où les aspects stratégiques et tactiques ont été formulés dans le traitement des différents cas. Quant aux aspects affectifs, je laisse le soin aux enseignants de faire preuve de psychologie pour régler quelques problèmes. Quelles sont les contraintes de la situation ? La cible est loin, élevée et de petite dimension, la balle est grosse et pas si légère que cela surtout pour certains élèves qui sont petits et/ou frêles. Ce qui implique qu’il faut : produire la force nécessaire pour atteindre la cible, produire une trajectoire à flèche haute donc être précis sur le plan vertical2, produire une trajectoire précise sur le plan horizontal (direction). L’un des problèmes du tir de loin est donc d’associer force et précision autant dire résoudre une contradiction. Quelle démarche pour perfectionner la technique ? Afin de rester fidèle à mes convictions, il est hors de question, surtout dans le domaine scolaire, de « mettre en forme » les élèves pour les conformer à un modèle. N’ayant pas une vocation de « sculpteur », je préfère analyser la motricité de l’élève au regard des problèmes à résoudre qui sont évoqués ci-dessus et lui proposer des ajustements qu’il Au moins 35° d’angle au-dessus car avec un angle inférieur à 32° il n’y a aucune chance pour que le ballon puisse passer à travers l’anneau, le ballon devenant trop volumineux pour l’écartement des bords à cet angle là (James G. HAY, biomécanique des techniques sportives, collection sport + enseignement, éd. VIGOT, Paris, 1980, p.204). 2 idem que précédemment. 1 82 jugera à l’efficacité qu’ils pourront lui assurer. Cette démarche est terriblement plus complexe qu’une démarche fondée sur la transmission d’un modèle unique mais sans doute plus efficace. Naturellement, cette démarche affronte chaque élève avec sa motricité personnelle et les cas, sans être infinis, sont nombreux. Je ne peux donc pas, dans le cadre de cet ouvrage, relater tous les cas que j’ai pu aborder si tant est que j’en aurai fait un recueil exhaustif. Je m’attacherai à quelques cas typiques que l’on rencontre souvent au niveau scolaire. Tous les cas se rapporteront à un droitier et tous ont des pourcentages de réussite faible. Premier cas Comportement observé Le joueur place généralement la balle à droite de l’axe œil/cible au départ de la propulsion soit au niveau de la hanche soit au niveau de l’épaule soit à côté de la tête. Cette propulsion s’exécute avec une rotation du tronc vers la gauche amenant l’épaule droite en avant. Le tireur finit la propulsion de la balle avec sa main droite et la balle arrive souvent à gauche de la cible voire percute le panneau du même côté. La main gauche est souvent projetée vers la gauche par l’élan. Globalement, on dirait presque un lancer de poids. D’ailleurs, certains démarrent avec le pied droit légèrement en arrière pour l’amener devant le pied gauche en fin de propulsion. Hypothèses explicatives L’élève recherche ou a recherché la production de force puisqu’il mobilise une motricité adaptée à cet objectif. Il peut effectivement avoir construit ce tir au niveau du collège lorsqu’il avait besoin d’atteindre la cible. Maintenant, même si la force qu’il peut produire est suffisante pour produire une trajectoire de balle de 5 à 6m, il a conservé cet automatisme. Le ballon partant de la droite et étant propulsé par une rotation gauche du corps, il est logique que la balle coupe l’axe œil/cible et arrive généralement à gauche. Pour que cela ne se produise pas, il faudrait, entre autres, que : l’élève propulse en oblique avec un angle Fig.1 Fig.2 main qui soit compatible avec l’atteinte de la cible (fig.1) ; épaule ou compense la rotation gauche du haut du buste par une propulsion de la main vers la droite. La composante des deux rotations amenant la balle dans la direction de la cible (fig.2). D’ailleurs, on peut remarquer que si la balle va souvent vers la gauche, elle va parfois à droite. On peut penser que l’élève cherche à compenser sa propulsion vers la gauche soit en modifiant l’angle de la figure 1 mais de manière incorrecte soit avec sa main droite mais de manière trop importante. Dans la première solution, il faut remarquer que l’angle varie légèrement avec la distance à la cible. Plus le joueur s’éloigne, plus l’angle diminue et inversement. Cela signifie qu’il faut, pour chaque tir, ajuster l’orientation de la propulsion de manière différente. Dans la deuxième solution, en considérant que la rotation du buste est toujours identique, il faut que la compensation puisse s’exécuter dans un temps bref. Si la rotation varie d’un tir à l’autre, il faut que l’angle de compensation soit différent à chaque fois. 83 Ces considérations pour montrer que si l’élève cherche, par tâtonnement ou par intervention de l’enseignant à adapter sa motricité de tir aux contraintes de la tâche cela est possible. Le problème est que le temps disponible pour la pratique du Basket-ball scolaire est limité et les solutions envisagées ci-dessus seront coûteuses de ce point de vue parce qu’elles exigent une précision difficile à atteindre. Proposition Il va être recherché une suppression de la rotation du corps dans l’axe longitudinal afin d’éviter les compensations identifiées plus haut. Par contre, cela doit entraîner une propulsion dans l’axe œil/cible pour échapper à ce qui a été décrit dans la figure 1. Cette dernière exigence va entraîner également une modification du placement de la main droite par rapport à la balle. En effet, le placement de la balle à droite de l’axe œil/cible permet de maintenir un angle entre l’axe de la Fig. 3 main droite et celui de l’avant-bras très proche de la position anatomique naturelle, c’est à dire dans le prolongement l’un de l’autre. Il n’est pas impossible d’ailleurs que des élèves adoptent ce placement justement parce qu’il simplifie la gestualité. Placer et propulser le ballon dans l’axe œil/cible va obliger à un positionnement de la main droite complètement en arrière de celui-ci par la axe main mise en place d’une pronation et d’une abduction (fig.3). La hauteur de départ de la balle est laissée à l’appréciation de l’élève qui peut conserver celle qu’il avait. Elle va axe avant-bras dépendre de la longueur du trajet d’élan souhaité. La suppression de la rotation du haut du corps peut être exigée soit à partir d’une position des épaules face à la axe œil/cible cible (fig.4) ou tournées déjà vers la gauche. La deuxième solution est souvent la meilleure pour un bon nombre d’élèves. Elle implique de placer le pied droit devant le pied gauche (fig.5). Pour donner un repère à l’élève concernant cette suppression, on peut Fig. 4 Fig. 5 lui proposer de laisser la main gauche dans la direction de la cible le plus axe avantlongtemps possible. bras et axe avantmain Le dernier problème à régler bras et pour le tireur est le maintien membre main membre supérieur de l’abduction de la main supérieur gauche gauche pendant la propulsion pour axe axe épaules conserver le ballon dans épaules l’axe œil/cible. En effet, il est fréquent de voir l’élève démarrer avec la balle dans cet axe et, dès les premiers instants de la propulsion, décaler le ballon vers la droite. Ceci me paraît être en relation avec la tendance à vouloir retrouver une sensation d’alignement des axes main/avant-bras. Si l’élève n’a pas de problème de force à régler, on peut en rester là. Variantes du comportement initial observé l’élève démarre toujours le ballon à droite de l’axe œil/cible avec les deux pieds serrés orientés vers la cible. La propulsion se fait plus fortement encore par l’action de l’épaule droite. Il peut même y avoir abaissement préalable de celle-ci pour augmenter encore plus son action. Les jambes agissent peu et les pieds ne décollent pas du sol. En plus, de la rotation dans l’axe longitudinal, l’élève exécute une rotation du buste 84 selon un axe antéro-postérieur par une bascule de celui-ci de la droite vers la gauche. Manifestement, le tireur cherche à produire de la force mais seulement avec le train supérieur. Peut être que la coordination des poussées entre les deux trains lui pose un problème dans cette tâche. Il va falloir, dans un premier temps, le solliciter pour une utilisation du train inférieur dans la propulsion afin qu’il ne se sente pas obligé de mettre en jeu l’épaule droite de manière intempestive et de faire ces rotations du buste. Dans un deuxième temps, on l’orientera vers la suppression de ces rotations, qui ont les mêmes effets que ceux déjà relatés plus haut, et vers les mêmes transformations que précédemment. On voit fréquemment des élèves avoir une translation du corps pendant un tir dans lequel les pieds ont décollé du sol (suspension)1. Elle les amène à se recevoir au sol à un endroit différent du point de décollage. En considérant que la balle Fig. 6 portée se déplace dans le sens de la propulsion, chaque orientation pose un problème : o vers l’avant gauche et l’avant droite. Ces propulsions du train inférieur entraînent soit des balles qui vont dévier du côté de Propulsion train sup. l’orientation de propulsion soit des compensations au niveau de la propulsion du train supérieur. Par exemple, une translation vers la gauche va entraîner une compensation vers la droite (fig.6). Ces compensations peuvent être quelque fois Propulsion train inf. correctes et la balle peut arriver dans la cible, trop faibles et cela change peu de chose à la trajectoire ou trop importantes et la balle arrive du côté opposé à l’orientation de propulsion. o vers l’avant. On peut considérer qu’une propulsion vers l’avant est une réponse à la recherche de force. Si elle est vraiment dans l’axe œil/cible, elle ne pose pas de problème d’organisation motrice sauf si elle est très importante car, dans ce cas, il y a de fortes chances pour que la trajectoire de balle soit « tendue ». Le seul problème peut être relatif à la relation avec l’adversaire. En effet, s’avancer pour tirer signifie généralement se rapprocher de celui-ci. La situation favorable de tir se caractérisera donc par une distance moi/adversaire direct assez importante. o vers l’arrière. Elles sont rares au niveau scolaire. Elles diminuent la force produite pour la propulsion et peuvent entraîner une compensation au niveau du train supérieur par un geste rapide. Même si la compensation est assurée, la rapidité fera chuter la précision. L’intervention doit amener l’élève a annuler ces translations, sauf celle légèrement vers l’avant, pour éviter les compensations toujours très longues à construire. Le problème est que, pour les translations avant droite et gauche, elles ont été fréquemment mises en place pour augmenter la force produite. Il va falloir que les élèves, en les supprimant, trouve la force manquante ailleurs. Il faut chercher, dans chaque élève, la source potentielle de gain de force et la première à solliciter est le train inférieur. Une propulsion verticale plus importante peut être demandée. La seconde source est l’articulation du poignet, généralement peu utilisée (cf. ci-dessous). Il faut donner à l’élève un repère J’en profite pour faire remarquer que l’expression ancienne « tir en extension » est toujours utilisée par certains. Il serait bien de se poser la question de quelle extension il s’agit ou s’il est possible de tirer sans extension ! 1 85 spatial lui permettant de connaître les écarts, à chaque tir, avec la position qu’il recherche à la retombée au sol. Le geste de propulsion avec le membre supérieur droit est très vif et lâcher de balle précoce. L’analyse fine de cette gestualité image par image me donne les hypothèses suivantes : o Il s’agit donc de tireurs qui ont une propulsion du membre supérieur droit avec un départ à droite de l’axe œil/cible qu’il associe avec une rotation vers la gauche du buste par une avancée de l’épaule droite. Si l’extension du membre supérieur est complète ou presque, la balle arrive généralement la balle à gauche de la cible. Une rotation du buste associée à une extension du membre supérieur doit produire un trajet de main, durant la propulsion, de type circulaire 1. L’élève, par expérience, sait que la balle ira à gauche s’il la garde longtemps dans la main. Il la lâche donc avant et la balle part dans la tangente (fig.7). Mais, comme il lâche la balle tôt, il compense un temps de propulsion faible par une plus grande vitesse ce qui nuit à la précision. L’intervention va être de positionner la balle dans l’axe œil/cible (cf. plus haut). Deuxième cas Comportement observé Fig. 7 L’élève tire avec une propulsion de la balle à deux mains, les pieds, le bassin et les épaules orientées face à la cible. Le résultat des tirs montre un « balayage » de la balle de droite à gauche à l’arrivée au panier avec, de temps en temps, un panier réussi. Hypothèse explicative Le tir à deux mains est une adaptation logique étant donné que la production de force est supérieure dans ce cas. Il n’est pas non plus une aberration dans la mesure où il fut un tir longtemps utilisé au plus haut niveau et n’a commencé à disparaître chez les féminines qu’à partir des années 1970. De plus, la tenue de la balle permet de maintenir un alignement entre les axes des mains et des avant-bras étant donné que les mains sont positionnées de trois quarts arrière sur le ballon2. Enfin, le placement de la balle dans l’axe œil/cible est aisé. Par contre, il présente un inconvénient majeur qui est d’assurer une coordination des propulsions des deux membres supérieurs absolument parfaite sous peine de voir le ballon projeté légèrement à droite ou à gauche en fonction de la domination d’un membre sur l’autre. On peut émettre l’hypothèse que l’élève « arrose » le panneau à cause de ce manque de coordination provoquant une domination variable. Proposition Il faut centrer l’attention de l’élève sur ce contrôle du trajet des deux mains en lui donnant un repère pour lui faciliter la tâche. Par exemple, l’obliger, au lâcher de balle, à avoir les deux membres supérieurs en extension complète, les mains jointes au niveau des pouces et les doigts tendus en direction de la cible. Cette position finale va orienter les propulsions en leur donnant un but. Dans un premier temps, cette position finale est à maintenir tant que la balle ne tombe pas au sol afin d’avoir le temps d’en prendre conscience et de la corriger si besoin est. En effet, si on observe bien les mains des élèves avant cette correction on peut voir que très souvent l‘extension des avant-bras est incomplète et que les mains se croisent en fin de parcours. 1 2 il faudrait naturellement étudier cela avec les outils adéquats. Le fait que cette technique ait disparue dans le milieu fédéral serait intéressant à étudier. 86 Variantes du comportement initial observé L’élève propulse le ballon à deux mains mais de manière quasi linéaire avec souvent les coudes très écartés. La trajectoire produite est tendue surtout si l’action du train inférieur est faible (fig.8). L’action rectiligne des membres supérieurs est le produit de deux intentions : o La production de force par une orientation des poussées des segments des membres supérieurs directement vers la cible, o Le contrôle visuel simultané et permanent des mains, de la balle et de la cible1. La production d’une trajectoire à flèche plus haute est indispensable. Il va falloir : o d’abord que l’élève décolle davantage du sol si l’utilisation du train inférieur est faible ou s’il ne quitte pas les pieds du sol. En effet, même si la propulsion des membres supérieurs reste rectiligne, la résultante des deux poussées va entraîner un angle d’envol plus Fig. 8 important. o qu’il positionne ses coudes plus sous le ballon afin de « soulever » celui-ci. Les poussées vont se différencier au niveau des trois segments des membres supérieurs. Le bras va s’élever, l’avant-bras va s’étendre sur le bras avant la fin de l’élévation du bras et les mains vont propulser vers l’avant. Naturellement, le ballon va, à un moment donné, quitter la ligne œil/cible. Il faudra que l’élève s’y adapte (fig.9). Si la trajectoire plus haute fait perdre de la force, il faudra qu’il en acquiert au niveau des segments capables d’en produire comme Fig. 9 les poignets et les doigts qui peuvent pousser violemment le ballon vers l’avant ou les membres inférieurs qui peuvent augmenter leurs impulsions. Troisième cas Comportement observé Quelle que soit la modalité de propulsion, à une ou deux mains, l’élève a du mal à atteindre la cible malgré une action vigoureuse de l’épaule et du coude. On observe que la position des mains en fin d’action ressemble à ce qui est représenté sur la fig. 10. Le ou les poignets ainsi que les doigts sont en extension (fig. de gauche) ou le ou les poignets sont en extension avec les doigts complètement fléchis (fig. de droite). Concernant cette dernière modalité, si la balle est propulsée à droite de l’axe œil/cible, la main finit comme si l’élève « attrapait une Fig.10 mouche en plein vol » de droite à gauche. Hypothèse explicative pour un tir à une main 1 On retrouve ceci dans les passes en volley-ball chez les débutants et qui produit des trajectoires également tendues ce qui laisse peu de chances au partenaire de la reprendre dans des conditions favorables. 87 L’élève n’utilise pas l’articulation du poignet pour propulser le ballon peut être à cause d’une difficulté à coordonner l’action de l’ensemble des articulations du membre supérieur dans ce geste. On a l’impression qu’il pousse la balle avec la base de la paume de main avec ou non une tentative d’action des doigts. La propulsion importante au niveau du coude et/ou de l’épaule est une compensation de la force non produite au niveau du poignet. Elle est incompatible avec un taux de réussite suffisant (conflit vitesse/précision). Intervention Naturellement, l’action de la main va être l’objectif à atteindre pour augmenter la force produite et éviter ainsi une trop grande vitesse d’extension du coude et/ou d’avancée de l’épaule. L’élève peut s’exercer à cette flexion du poignet en étant assis sur un banc proche du panier et en tirant avec les membres supérieurs à moitié étendus dès le départ. De cette façon, il est obligé de rechercher la production de force au niveau de la main (fig.11). On peut également faire des échanges de balle entre deux élèves avec un medecine ball. Le problème va être le maintien de la balle dans l’axe œil/cible Fig.11 pendant la propulsion car fléchir le poignet tout en maintenant la pronation/abduction est une difficulté majeure. Cette coordination va demander du temps pour être suffisamment acquise. Remarque L’action du poignet et des doigts peut être violente donc produire de la force malgré des articulations d’un petit gabarit comparé au coude ou à l’épaule. En effet, la vitesse de rotation d’une articulation est délicate à contrôler en vue d’une précision du geste (orientation) si les degrés de liberté sont nombreux, comme l’épaule par exemple 1. Si le poignet est « bloqué » en abduction, il n’a plus qu’un seul degré de liberté car il ne peut que fléchir et s’étendre dans un seul axe et le contrôle de la précision de la flexion en est facilité. Dans ce cas, la vitesse rentre peu en conflit avec la précision. C’est pour cela que l’on peut parler de « fouetté » du poignet. Quatrième cas Comportement observé À la fin du tir, l’élève a les fesses qui sont projetées en arrière. La balle n’atteint pas la cible ou le geste de propulsion au niveau du train supérieur est rapide. La trajectoire du ballon peut également être aplatie (fig. 12). Hypothèse explicative Comme pour toutes les impulsions, il y a nécessité de gainage au niveau de la ceinture abdominale pour que cette zone puisse transmettre l’énergie déployée au niveau du train inférieur. Si ce gainage n’est pas effectif, l’énergie est absorbée dans une région du bassin « molle » qui va se déformer. Le résultat est une impulsion forte pour une élévation minime du corps. La déformation est ici le recul des fesses. Elle n’est pas la seule possible car on 1 L’articulation de l’épaule peut se mobiliser dans tous les axes. Fig.12 88 peut voir, certes moins souvent, les fesses qui fuient vers l’avant. L’élève fait alors un tir « en banane » par analogie à la forme du corps à la fin de la propulsion. Il peut y avoir également des décalages latéraux du bassin. Si l’énergie est absorbée au niveau du bassin, le ballon sera propulsé essentiellement avec les membres supérieurs d’où, parfois, une action violente de ceux-ci par compensation qui confronte l’élève à l’éternel conflit vitesse/précision. La trajectoire aplatie est due au fait de la bascule du tronc vers l’avant qui réduit généralement l’angle d’envol. Intervention Il faut rechercher l’alignement train inférieur/tronc pendant la propulsion. Des repères sous forme d’images peuvent être fournis à l’élève. Par exemple, il cherche à tirer comme s’il était dans un « tuyau » dont il ne doit pas toucher les bords1. S’il y a amélioration sur ce point, la vitesse de propulsion au niveau de l’épaule et du coude va s’atténuer. Les situations d’apprentissage Il est évident que la centration sur des apprentissages techniques de ce niveau ne peut se passer de situations décontextualisées des aspects stratégiques et tactiques du jeu. Il faut néanmoins proposer des situations intermédiaires dans lesquelles les répétitions des tirs doivent être nombreuses. Exemple L’élève doit à la fois acquérir un meilleur alignement train inférieur/tronc (gainage) et rechercher de la force dans la flexion du poignet. Situation 1 L’alignement est recherché dans des séries de tir seul avec un partenaire qui l’approvisionne en ballons. Un feed back est systématiquement donné par le partenaire, un autre élève ou l’enseignant. Le tireur peut se focaliser sur l’image du tuyau, du cylindre ou l’impression qu’il frotte un mur avec le dos pendant l’impulsion. L’orientation des tirs par rapport à la cible et la distance varient souvent. Situation 2 L’élève est assis sur un banc face à la cible et tire en recherchant la force au niveau de la main à partir d’une position initiale des membres supérieurs presque tendue. La sensation de quitter la balle par la pulpe des doigts est recherchée. Situation 3 Un tireur et un défenseur sont dos à dos. Un passeur donne un signal qui déclenche la situation d’affrontement. Le tireur va se positionner tandis que l’adversaire va faire le tour d’un plot avant de venir défendre pour empêcher le tir. Le paramètre à manipuler est la Situation 3 distance du plot qui augmente ou diminue le retard défensif. L’orientation du couloir de jeu direct varie souvent. C’est une situation intermédiaire entre les situations de focalisation sur l’organisation motrice et sur les situations d’opposition/coopération. Le transfert des apprentissages précédents y est recherché. 1 On peut se servir de la notion de cylindre que l’on utilise dans les règles du jeu concernant le contact. 89 Conclusion Le perfectionnement du tir va nécessiter des explications, des repères, des images à fournir à l’élève afin qu’il constate sa production motrice, qu’il la mette en relation avec les résultats des tirs et qu’il soit aidé dans sa construction d’une autre technique. Un enseignant peut être confronté à des cas qui mélangent ceux évoqués ici. Il faut intervenir en commençant par les problèmes liés au train inférieur car, comme il a été montré, ils entraînent des compensations aux niveaux supérieurs qu’il est inutile de traiter en premier1. Ceux qui souhaitent d’autres informations sur le tir de loin peuvent se référer au document à l’adresse Internet suivante : http://site.voila.fr/jacques.legrand/letirdeloin.htm 1 90 LES CONCEPTIONS D’ENSEIGNEMENT EN SPORT COLLECTIF Sixième partie 91 La conception techniciste Plan 1. Introduction : discours théorique sur la technique 2. Concrètement, c'est quoi être "techniciste" ? Quatre exemples vont être pris dans 4 sports collectifs différents pour bien montrer cette logique d’enseignement. o Exemple 1 : une première leçon d'un cycle Basket-ball o Exemple 2 : une première leçon d'un cycle de Volley-ball o Exemple 3 : une première leçon d'un cycle de handball o Exemple 4 : une séance de rugby 1. Introduction Le technicisme est une conception qui peut prendre plusieurs formes, mais globalement elle oublie fondamentalement l'élève en tant que personne apprenante. Dire que les apprentissages doivent être centrés sur l'élève ou que "l'élève est au centre du processus éducatif", c'est être radicalement opposé à une telle conception. Les apprentissages qu'elle propose relève d'une logique qui exclue toutes les connaissances que nous pouvons avoir à disposition aujourd'hui et concernant le rapport savoir/élève. Si la mise en application d'une telle conception est compréhensible dans le passé, elle l'est beaucoup moins actuellement. « Alors que les pratiques d’enseignement dominées par le « technocentrisme » et le « technicisme » sont massivement condamnées depuis la fin des années 70 .... l’observation et l’analyse des séances concrètes montre que l’enseignement de modèles gestuels empruntés aux productions de la haute performance reste largement dominant. On doit s’interroger sur cette contradiction entre le dire et le faire. » Maurice PORTES, dossier EPS n° 19, 1994, p.11-12 Quelques préalables Dans les années 60/70, l'entrée massive des activités sportives dans le cours d'EPS conjuguée à une remise en cause générale d'une culture à fait que l'enseignement des APS, dans le contexte scolaire, à été pris entre deux feux. D'un côté, ce qui se faisait dans les clubs fédéraux et de l'autre une centration nettement marquée sur la personne humaine. Cette situation s'est particulièrement focalisée sur l'apprentissage des techniques sportives. « Il est de fait aujourd’hui que la « technique » a ses défenseurs et ses détracteurs ... Pour les seconds, elle n’est rien et doit être rejetée. Haro sur la technique qui stéréotype, mutile, enferme, aliène, mécanise, mortifie, étouffe, sclérose, frustre, castre ... » René Garassino, La technique maudite, revue EPS, n°164, 1979, p.49 Il est vrai que longtemps, et encore de nos jours, une espèce de sentiment de culpabilité a frappé et frappe un certain nombre d'enseignants qui rejettent l'enseignement de "la technique". Pas de technique en cours d'EPS ! Cette situation, qui donc perdure, est fondée sur un malentendu. En effet, de quoi parle ton lorsqu'on parle de technique ? Pour l'instant, je vais proposer des définitions. Technique « Un ensemble de procédés employés pour produire une œuvre ou obtenir un résultat particulier » « Une mise en œuvre de moyens ; on ne doit la juger que sur l’ajustement efficace de ces moyens à la fin visée qui est posée par une instance autre » J. Leplat, J. Pailhous, Le travail humain, l’acquisition des habiletés mentales : la place des techniques 92 Une technique est donc un moyen pour atteindre un but. Sa valeur est reconnue au sein d'un ensemble d'individus qui ont à voir avec le domaine d'activité dans lequel s'inscrit cette technique. La technique est ici un produit qui peut être transmis. En ce qui concerne les sports collectifs, je considérerai la technique uniquement du point de vue de l'organisation motrice des actions (lancer, attraper, tirer, se déplacer, sauter, smasher, contrer, intervenir sur la balle ....). « Il semble qu’on ne puisse vraiment parler de technique que lorsque la procédure correspondant à l’habileté fait l’objet d’une transmission, c’est-à-dire qu’elle passe dans le domaine de la mémoire collective » J. Leplat, J. Pailhous, Le travail humain, l’acquisition des habiletés mentales : la place des techniques Activité technique C'est l'activité de construction de l'individu qui va aboutir à une technique. « La thèse culturaliste défend également l'idée que les pratiques sportives se développent et se diversifient par l'invention humaine, par les capacités de création incessantes de l'homme. Les techniques s'affinent et permettent de résoudre des difficultés qui jusqu'alors restaient sans réponse. Ces difficultés résolues, de nouveaux problèmes apparaissent et l'intelligence humaine s'affronte à ces nouvelles difficultés. Ainsi se crée un système de résolution de problèmes crées par l'intelligence humaine et réglés par elle. Pensées ainsi les pratiques sportives sont un miroir de l'évolution humaine et un témoignage de son inventivité." Yvon Léziard, La (ou les) formes(s) scolaire(s) des activités physiques et sportives, revue Contre-pied n°7, octobre 2000, p.83 En effet, confronté à un problème dans un sport donné, l'individu (joueur et/ou entraîneur) cherche à le résoudre c'est à dire cherche le ou les moyens qui vont lui permettre d'atteindre son but dans le champ de contraintes spécifiques du sport auquel il s'adonne. Alors, pourquoi y a t-il eu, ou y a t-il encore, un problème avec la technique dans notre profession, étant donné que l'Homme a toujours inventé des techniques depuis le fond des âges et qu'il manifeste par-là son intelligence ? Il me semble que le malentendu est d'abord à trouver dans la définition même du mot technique. Une technique est bien une tentative de mise en oeuvre afin d'atteindre efficacement et de manière efficiente un but. Ce n'est pas "LA" technique et en particulier celle du champion ou d'un sportif quelconque et surtout pas uniquement la forme gestuelle. « C’est l’activité du sujet qui est technique à tout moment et toutes ses formes ; qu’il s’agisse de l’enfant, du sportif de haute performance, du 3 e âge, du handicapé » « La technique est une manière de faire, pas une chose faite » René Garassino, revue EPS n°164, 1979, p.49 En effet, tous nos élèves tentent de faire au mieux (du moins ceux qui rentrent dans la logique de l'apprentissage, mais ceci est un autre problème) et s'organisent corporellement pour agir. Ils ont une activité technique et utilisent des techniques. Concevoir une technique comme LA gestuelle, LE comportement moteur particulier 93 (voire unique) qui doit absolument ressembler à celle ou celui que le professeur a en tête et que l'on va imposer à l'élève est autre chose. La technique est le produit d'une recherche tâtonnante inscrite dans un contexte réel ou qui l'a été. Elle est le produit d'une ou plusieurs personnes qui ont mis en oeuvre leurs ressources pour la construire. Effectivement je peux dire, en emboîtant le pas à Garassino, que la technique est vivante car attachée à un contexte et à des personnes. Elle n'est pas une "chose faite", un geste, un comportement extrait de ce contexte et de ces personnes et ceci a beaucoup d'importance sur l'enseignement et l'attitude à avoir face à la technique. Ensuite, le malentendu vient de la conception de la transmission des techniques. Si on considère la technique comme une "chose faite", un comportement dont la forme est à reproduire alors l'apprentissage de celle-ci se fera sur le mode impératif. L'élève devra apprendre une gestuelle décontextualisée et dépersonnifiée. On bascule alors dans une conception techniciste des apprentissages. Si on considère la technique comme une réponse motrice personnelle et adaptée à un contexte alors l'apprentissage de celle-ci se fera plus sur un mode créatif et constructif. En définitive, il ne faut pas confondre technicisme et technique. Donc, en tant qu'enseignant, il n'y a aucune raison de culpabiliser lorsqu'on parle de technique. Par contre, ceux qui, dans leur enseignement, versent trop souvent dans une démarche techniciste doivent se poser des questions quant au SENS de ce qu'ils proposent. 2. Concrètement, c'est quoi être "techniciste" en sport collectif ? Exemple 1 L'enseignant débute un cycle de Basket-ball avec une classe de 6e. La première situation d'apprentissage qui est proposée est la suivante : Les élèves devront effectuer un parcours en dribble en tournant autour de plots ; Une fois en démarrant à droite du premier plot, une fois en démarrant à gauche ; une fois avec la main droite, une fois avec la main gauche. La seconde situation est celle-ci : Les élèves ont chacun un ballon. Ils doivent exécuter des tirs à distance (3 à 5m). Un concours est organisé entre des groupes d'élèves. La troisième et dernière situation de cette première séance est une situation de match en 3X3 sur terrain réduit (largeur du gymnase). Analyse de cette séance Les questions qu'il faut se poser : quels sont les apprentissages visés dans chaque séance ? si on arrive à les identifier, pourquoi ces apprentissages là ? Supposons, qu'à l'écoute des interventions de l'enseignant pendant la séance en direction des élèves, on puisse identifier les apprentissages dans les 2 premières situations. Par exemple, l'enseignant voulait que les élèves arrivent à diriger le ballon lors du dribble, en plaçant la main une fois sur le côté droit de celui-ci pour propulser vers la gauche et une fois sur le côté gauche pour le propulser vers la droite. Il voulait ensuite que, lors du tir à 94 distance, ils puissent propulser le ballon en utilisant une impulsion du train inférieur verticale (d'ailleurs, pour certains élèves, l'enseignant les avait obligés à tirer dans un cerceau avec interdiction d'en sortir). Il voulait également que la trajectoire du ballon soit "en cloche". Enfin, dans la situation de match, il cherchait à mettre en place un certain nombre de règles (marcher, faute personnelle en particulier). Pourquoi ces apprentissages ? Qu'est-ce qui a pu motiver ces propositions ? A partir de quoi l'enseignant a t-il pu construire cette séance et ces contenus ? Être techniciste, c'est penser que le perfectionnement d'une habileté, puis d'une autre, va déboucher sur une activité de joueur de meilleure qualité. La juxtaposition linéaire de ces perfectionnements d'habiletés spécifiques doit conduire à une maîtrise du jeu. Malheureusement, un ensemble d'arguments théoriques et d'expériences pratiques montrent qu'il n'en est pas ainsi. En effet, si la "technique" est un moyen, personnellement construit pour résoudre un problème, on peut se demander quel(s) problème(s) sont à l'origine des propositions d'apprentissage dans la séance. L'enseignant n'est pas centré sur les problèmes rencontrés par les élèves, il est centré sur un découpage d'apprentissages à faire. Il proposera généralement ceux-ci toujours dans le même ordre et quel que soit les élèves. C'est en cela que j'ai indiqué que le "technicisme" est avant tout un oubli de la personne apprenante. Le joueur et/ou l'entraîneur qui ont construit une façon de faire, l'ont fait parce que contraints de résoudre un problème. Cet apprentissage ne s'est pas fait indépendamment de ce problème. Cela n'aurait pas de sens. Pourquoi donc imposer à nos élèves une logique d'apprentissage qui n'a rien à voir avec la réalité de l'activité technique des joueurs/des entraîneurs ? Comment identifier les problèmes rencontrés par les élèves ? En les faisant jouer ! On confronte d'abord les élèves à la situation dans laquelle ils devront être performants afin de voir ce qui les empêchent d'être au niveau souhaité en fin de cycle. On résoudra progressivement les problèmes rencontrés en commençant part les plus importants. Il va de soi que les problèmes vont être différents dans une même classe. Il est vrai que se centrer sur les élèves amène à une différenciation des apprentissages. C'est décidément plus simple d'être "techniciste" !! Résumé Si : on programme des apprentissages, éventuellement explicites, centrés sur le perfectionnement d'habiletés en espérant que celles-ci seront réinvesties dans le jeu afin d'élever son niveau ; on pense qu'il faut d'abord commencer par des apprentissages de nature technique avant de jouer ; on fait apprendre à tous les élèves la même chose sans se soucier de quoi chacun aurait besoin, alors on a de fortes chances de mettre en oeuvre une conception techniciste des apprentissages en sport collectif. Exemple 2 L'enseignant débute un cycle de volley-ball avec une classe de 5e. La première situation proposée est la suivante : Les élèves ont une balle pour 2. Il y a un lanceur et un relanceur. Celui qui lance doit envoyer le ballon assez haut de telle manière que celui qui va relancer en frappant la balle en "manchette" n'ait pas à se déplacer pour intervenir sur celle-ci. Très rapidement, l'enseignant arrête les élèves pour leur montrer comment faire une manchette. Il leur explique qu'il faut que les pieds soient légèrement décalés avec le pied 95 droit devant, que les genoux doivent être fléchis avant le contact, que les bras doivent être tendus et réunis, que ....etc. ..... Pendant les échanges, l'enseignant circule parmi les élèves et corrige à chaque fois que le geste n’est pas conforme à ses prescriptions. La deuxième situation : Les élèves sont par 3, en formant un triangle, avec un ballon. Ils doivent se faire le maximum d'échanges en "passe à dix doigts". Même procédure que pour la situation 1. L'enseignant arrête très vite le groupe pour leur montrer comment exécuter une "passe à dix doigts". La description fournie est précise. Ensuite, il corrige les écarts au comportement décrit. La troisième situation est un match en 3X3 sur terrain réduit. Pendant les matchs, l'enseignant observe les interventions sur la balle et corrige encore les écarts (nombreux) aux descriptions fournies dans les 2 précédentes situations. Analyse de cette séance Tout d'abord, on s'aperçoit que la structure de cette séance est la même que dans l'exemple 1. Je ne reviendrais donc pas sur le problème de l'empilement, la juxtaposition d'habiletés qui débouche sur le match. Par contre, ici, l'enseignant a des contenus explicites à faire apprendre. Ces contenus, qui concerne l'échange de balle (cf. Revue EPS n°200, 1986, p.42), sont des descriptifs comportementaux à reproduire. L'enseignant essaie, pendant la séance, d'obtenir une réduction d'écart entre le comportement prescrit et les réalisations d'élèves. L'enseignant pense que : la maîtrise de la "manchette" et de la "passe à dix doigts" est un préalable au jeu ; l'élève va reproduire, en match, les comportements étudiés précédemment ; l'activité de l'élève, pendant le match, se résume à une organisation motrice particulière à chaque intervention sur la balle. Je vais surtout analyser le troisième point afin de ne pas être redondant avec le discours déjà tenu dans l'exemple précédent. La question fondamentale est bien "quelle est l'activité de l'élève pendant un match ?" On peut comprendre aisément que la réponse ne peut être que probable. On peut émettre des hypothèses en se fondant sur les connaissances scientifiques disponibles et/ou sur l'expérience pratique. Si l'on s'appuie sur ces deux voies, il est certain que l'activité de l'élève est bien plus complexe qu'une simple organisation motrice des interventions sur la balle. En effet, on sait qu'un joueur, s'il est engagé dans la logique du sport collectif, a, d'abord, des intentions. Il cherche à atteindre un but, éventuellement via des sous-buts ; Il s'informe sur son environnement pour décider de l'action à entreprendre parmi les possibilités qu'il entrevoit ; Il mobilise ses ressources motrices pour atteindre le but ou sous-but qu'il se fixe ; Il engage ses capacités affectives (volonté, agressivité...) pour vaincre. A cette évocation sommaire de l'activité de joueur, on peut effectivement se demander en quoi les apprentissages proposés dans la séance vont répondre aux besoins des élèves. D'ailleurs, lorsque les élèves sont engagés dans le match en 3X3, ils oublient rapidement les prescriptions de l'enseignant. Les élèves sont des cancres, ils ne pensent qu'à jouer !! Outre que les apprentissages proposés ne prennent pas de sens aux yeux des élèves (les plus sages d'entre eux feront sans problèmes les exercices demandés, très peu pourront comprendre pourquoi l'enseignant leur demande de reproduire ces gestes), on voit que l'enseignant conçoit l'élève comme une "mécanique" dont il doit agencer les pièces. Il est le "sculpteur" d'une matière inerte qui doit finir par ressembler, de l'extérieur, à la forme 96 désirée. On peut même atteindre un niveau de technicisme encore plus important. Si la forme gestuelle recherchée est trop complexe, l'enseignant va décomposer celle-ci afin de la faire apprendre morceau par morceau puis de la recomposer progressivement1. Ces conceptions de ce qu'il faut apprendre en sport collectif, de l'activité du joueur, de ce qu'est un élève, nous éloigne considérablement du rapport entre but/ contexte /problèmes /résolution motrice du problème, bref de l'activité technique. Résumé Centrer les apprentissages sur des formes comportementales indépendamment de leur signification2, pour l'élève, des problèmes qu'il rencontre au regard du contexte de jeu... fait entrer dans une conception techniciste des apprentissages en sport collectif. Exemple 3 L'enseignant débute un cycle de handball avec des 5 e en les faisant jouer un match 6X6 avec gardien. Il constate de nombreuses mauvaises passes durant celui-ci. Il annonce donc aux élèves que le premier objectif est d'améliorer les passes. Après l'annonce de cet objectif, il propose les situations suivantes : Les élèves sont par 2, face à face, avec un ballon. Ils doivent s'échanger la balle avec le maximum de réussite. L'enseignant leur indique quel comportement ils doivent reproduire pour réussir une "bonne passe" Toujours par 2 avec un ballon, les élèves se déplacent le long d'un tracé (plots) et s'échangent le ballon pendant leur déplacement. Le tracé les oblige à faire des passes de plus en plus longues. Le comportement prescrit dans la situation précédente doit être reproduit, cette fois ci en mouvement. Ensuite, le taux de réussite des passes étant satisfaisant, l'enseignant propose de revenir au jeu pour vérifier que le nombre de mauvaises passes va diminuer. Analyse de la séance Cette fois ci, l'enseignant cherche à identifier ce qui ne va pas dans le jeu en proposant d'emblée un match. Malheureusement, si le constat effectué pendant le jeu est réel, l'hypothèse émise pour expliquer les échecs dans les passes est peut être fausse. En effet, les "mauvaises passes" peuvent être le résultat d'un ensemble de causes, comme par exemple : les joueurs sont trop regroupés autour du ballon et cela favorise les interceptions ; 1 conception analytique. Se reporter à l'ouvrage de Pierre Parlebas, Contribution à un lexique commenté en science de l'action motrice, INSEP, 1981, p.26-27- Différence entre comportement et conduite motrice. 2 97 le joueur, sous pression des adversaires, précipite le lancer et ne contrôle pas sa motricité ; le passeur, sans être sous pression d'un adversaire, lance la balle à un partenaire qu'il estime être démarqué mais qui ne l'est pas en réalité ; le passeur veut absolument donner la balle à un ou une camarade pour entretenir, sans doute, les bonnes relations et se fait intercepter la passe car son partenaire n'était pas démarqué ; l'élève passe la balle à un joueur réellement démarqué mais rate sa passe parce qu'il n'est pas organisé sur le plan moteur de manière efficace ; l'élève passe la balle à un partenaire en mouvement et n'arrive pas à faire coïncider les deux mobiles (balle et partenaire)... La liste n'est pas exhaustive et certaines causes énoncées peuvent encore se décliner en plusieurs cas. Pourquoi l'enseignant pourrait-il avoir une conception techniciste ? Si, à chaque fois, il n'envisage qu'un déficit de l'organisation motrice pour expliquer les échecs alors il est "techniciste". En effet, on retrouve le primat du comportement moteur, de la "technique", sur tout le reste. Si l'on revient sur les causes des interceptions, on voit bien que les situations et apprentissages proposés dans la séance ont peu de chances de résoudre les cas évoqués plus haut. On peut mieux comprendre pourquoi la profession dit souvent que l'on a affaire à "d'éternels débutants". Même si les conceptions des enseignants ne sont pas les seules en cause, il est vrai que, si l'on ne fait que proposer des apprentissages qui ne correspondent pas aux besoins des élèves pour résoudre leurs problèmes, on ne risque pas d'avancer bien vite !! Pour sortir de la conception techniciste, l'enseignant doit posséder les outils d'analyse lui permettant de bien percevoir le contexte et de comprendre les conduites d'élèves. Exemple 4 Un enseignant fait un projet de séance en rugby pour une classe de seconde, qui n'a jamais pratiqué l'activité, comme suit : Situation 1 Les élèves sont en ligne et se transmettent le ballon en aller et retour en progressant lentement vers l'avant. L'enseignant a prescrit la manière de faire pour passer et recevoir sur le plan moteur. Variante : la situation sera rendue plus difficile en demandant une accélération du déplacement vers l'avant et/ou une transmission plus rapide du ballon. Situation 2 Les élèves doivent affronter une situation de 2X1. L'objectif est, pour le porteur, d'apprendre à fixer le défenseur et de faire ensuite une passe correcte. Variante : la situation sera rendue plus complexe en passant à 3X2 Situation 3 Un 6X6 est organisé sur espace réduit. L'objectif est d'aller poser la balle dans l'en-but. Le jeu débute par un lancer de la balle vers l'une des 2 équipes par un autre joueur ou par l'enseignant. L'objectif est de fixer collectivement le maximum d'adversaires par un jeu groupé-pénétrant pour, dans un 98 deuxième temps, jouer déployé en fixant, pour chaque porteur, un défenseur et en faisant des passes correctes La séance se termine par un match 6X6 avec des règles aménagées. Analyse de cette séance Il y a une logique dans l'enchaînement des situations. On va du simple au complexe. Le simple étant l'échange de balle et le complexe, le match. Il y a une hiérarchisation des apprentissages. D'abord, une centration sur la technique concernant la passe (donner/recevoir) et ceci sans adversaire, puis, est abordé la maîtrise tactique d'une situation d'opposition/coopération simple, puis, la maîtrise d'une situation de même nature que précédemment mais plus complexe, puis enfin le match, pour intégrer tous ces apprentissages. Cet enchaînement d'apprentissages est encore linéaire. C'est toujours un empilement qui débute parce que dans certaines fédérations sportives on appelle les fondamentaux (techniques, sous-entendu). On apprend d'abord, à passer, recevoir, tirer, se déplacer ... hors contexte de jeu. Le terme de "fondamentaux" est d'ailleurs significatif de la conception techniciste sous-jacente à cette séance. En effet, ils sont les fondements, les fondations, la base sur lesquels vont se construire le reste, c'est à dire les aspects relatifs à l'opposition et à la coopération. Après les fondamentaux techniques, il y a les fondamentaux collectifs (le 1X1, le 2X1, la passe et va, l'écran). Enfin, il y a le match, la "cerise sur le gâteau", dans lequel les joueurs doivent "recoller" les apprentissages morcelés, reconnaître les situations dans lesquelles ils doivent mobiliser ce qu'ils ont appris précédemment. Résumé Cette séance est typique d'une conception techniciste, car elle met la gestuelle des différentes actions comme base des apprentissages futurs. L'enseignant espère que cette gestuelle va se transférer dans les situations collectives simples, que les apprentissages dans ces dernières vont se transférer dans les situations collectives plus complexes et qu'enfin le tout sera synthétisé dans le match. Cette logique implacable, toujours dominante dans le milieu fédéral et malheureusement dans le domaine scolaire, est, encore une fois, non conforme à ce qu'est une activité technique. Le point de départ du découpage des apprentissages n'est pas une rationalité centrée sur la personne apprenante. Ce qui décide des apprentissages ce sont les problèmes rencontrés dans des situations réelles de sport collectif. Les aspects techniques, l'organisation motrice des actions ne sont qu'une partie des apprentissages possibles et, de plus, dépendent du contexte dans lequel ils doivent s'inscrire. Proposer un apprentissage relatif à l'organisation motrice des actions spécifiques avant que les élèves ne soient confrontés au contexte de jeu et ses problèmes, c'est mettre la "charrue avant les bœufs" ou plus scientifiquement c'est opter pour une pédagogie de la solution plutôt qu'une pédagogie du problème (P.MEIRIEU, Apprendre ...oui, mais comment, ESF, Paris, 7e édition, 1991, p.167). On donne d'abord des solutions pour que les élèves les mobilisent lorsqu'ils seront confrontés aux problèmes. Apprend, mon petit, c'est pour ton bien. Tu verras plus tard !! Malheureusement, la réalité de l'apprentissage est tout autre surtout si l'on veut qu'il prenne sens pour l'élève. Alors comment faire ? Quelle conception alternative ? Le Basket-ball sera pris comme exemple. 99 Plan 1. Préalables : les contraintes essentielles du Basket-ball. L'activité de l'élève confronté aux contraintes. 2. Les problèmes_rencontrés 3. La stratégie d'enseignement La mise en activité des élèves : le match L'observation : l'évaluation diagnostique La problématisation Le projet de cycle Les nouvelles observations 4. Le schéma général de la stratégie Par rapport à ce qui vient d’être écrit, la démarche qui vise à sortir du technicisme doit donc partir d'une situation de match (même simplifiée et aménagée) dans laquelle l'enseignant va faire un diagnostic concernant les problèmes rencontrés, pour faire évoluer le niveau du jeu en attaque et/ou en défense. On part d'une situation de match, car il faut que l'élève soit confronté aux contraintes essentielles du Basket-ball. C'est de cette confrontation que vont émerger les problèmes. Ces problèmes peuvent être de différents ordres, je les catégoriserai en cognitif, moteur, affectif. 1. Préalables Quelles sont les contraintes essentielles du Basket-ball ? Si, dans les programmes on parle d'activités d'opposition et de coopération (collège) et conduire un affrontement collectif (lycée), cela signifie que la présence d'adversaires et de partenaires est une condition fondamentale pour dire que l'élève va être confronté aux contraintes essentielles. Cette présence des autres entraîne les contraintes suivantes : une pression temporelle. Un joueur n'a qu'un temps limité pour agir surtout à cause de l’action des autres joueurs (adversaires et partenaires). des incertitudes. Les autres se déplaçant, agissant et jamais de la même manière l'élève peut ne pas savoir ce qui va se passer (incertitude évènementielle), et/où cela va se passer (incertitude spatiale) et/où quand cela va se passer (incertitude temporelle). l’existence d’un duel constant. L'adversaire poursuit un but qui est toujours diamétralement opposé au notre. Quelle activité de l'élève face à ces contraintes essentielles ? (liste non exhaustive) Face à la pression temporelle, il va chercher à la réduire. Il faudra qu'il accélère ses actions (passe, tir, dribble, déplacement ...), qu'il se prépare à agir en fonction des actions possibles qu'il envisage au lieu de réagir aux actions, aux situations. Il pourra même prendre des risques importants en anticipant sur les actions des autres. La préparation aux actions ou l'anticipation nécessite qu'il lise bien le jeu pour deviner l'état futur de la situation de jeu dans laquelle il se trouve et lever partiellement ou complètement les incertitudes. L'obligation de jouer avec des partenaires lui impose de coopérer, c'est à dire faire en sorte que ses propres actions soient en cohérence avec les leurs. Il ne faut pas se gêner avec eux. Pour cela, il va être obligé d'apprendre des procédures permettant d'assurer cette cohésion et, également, bien lire le jeu afin qu'il puisse comprendre ce que font ses partenaires. Il ne faut pas se tromper sur le sens des actions, déplacements, gestes, signes .... qu'ils sont en train de faire sinon le risque de gêne, de mauvaise passe .... va s'accroître. 100 Le duel l'oblige à mobiliser ses ressources pour résoudre les problèmes posés par l'adversaire afin de lui en poser en retour. Il faut faire en sorte que le rapport de forces bascule le plus souvent de son côté et de celui de son équipe s'il veut gagner le match. Outre les ressources déjà citées ci-dessus, il faudra notamment qu'il engage son agressivité comme dans tous les duels et ne pas craindre les contacts. L'obligation d'intervenir sur une balle, de viser des mobiles ou une cible, de se déplacer dans des espaces restreints à grande vitesse ... lui impose une motricité précise et/ou la mobilisation de sa force musculaire. La durée d'un match nécessite également un investissement énergétique important et particulièrement des capacités aérobies. En définitive, l'activité de l'élève s'envisage selon plusieurs plans : le plan cognitif Connaissances des actions de jeu, des procédures individuelles et collectives efficaces, du règlement, de soi, des autres .. Lecture des actions de jeu et décisions rapides, lecture des trajectoires du ballon, des joueurs en mouvement, repérage permanent par rapport aux autres, à l'espace, aux lignes ... le plan moteur Mise en jeu d'une motricité efficace pour réussir les actions tentées, mise en jeu de force et/ou de capacités aérobies et anaérobies ... le plan affectif Mobilisation de l'agressivité, de la volonté, réagir positivement à ses échecs et réussites, accepter les réussites et échecs des autres, encourager ses partenaires en difficulté .... 2. Les problèmes rencontrés Les problèmes de l'élève vont être ceux qui seront liés à son activité : Manque de connaissances ou mauvaise mobilisation de celles-ci, lecture du jeu et/ou des trajectoires défaillante, mauvais repérage par rapport à l'espace, manque de contrôle de la motricité, organisation motrice inefficace, manque de force musculaire, de capacités énergétiques, manque de volonté, d'agressivité ..... 3. La stratégie d'enseignement Je vais décrire globalement cette stratégie pour une classe qui débute un cycle de Basketball. La mise en activité des élèves : le match Comme déjà dit précédemment, il faut commencer par confronter les élèves aux contraintes fondamentales de l'activité. Or, celles-ci sont déterminées par les règles du jeu. Naturellement, il n'est pas possible, dans le cadre des cours obligatoires, d'adopter les règles de la fédération internationale de Basket-ball qui sont faites pour des professionnels. Il faut donc décider quelles règles seront adoptées en début de cycle. C'est un premier choix didactique car il faut les adapter au niveau des élèves. Supposons que nous ayons affaire à des 6e pour qui le Basket-ball est le premier sport collectif de la programmation. Le plus simple est de s'appuyer sur le "noyau dur" des règles du jeu, c'est à dire celles qui fondent l'activité Basket-ball. Au moins, on est sûr de ne pas se tromper dans la mesure où il n'est pas possible d'en omettre une, étant donné que chacune permet au jeu d'exister dans sa spécificité. Naturellement, il faut connaître les principes fondamentaux du Basket-ball1. On a un règlement de départ que l'on va expliquer rapidement aux élèves et on les fait jouer immédiatement. Supposons que le choix ait porté sur un 4X4 sur terrain réduit (gymnase en travers). On constitue des équipes de valeur équivalente afin de respecter l'équilibre des forces donc de permettre également l'existence du jeu. 1 Se reporter à l’adresse Internet suivante : http://site.voila.fr/jacques.legrand/lescontraintes.htm 101 L'observation : l'évaluation diagnostique La première observation est de type qualitatif car il faut identifier la forme de jeu dominante. Supposons que cette forme de jeu se caractérise de manière dominante par du gagne-terrain mélangeant un peu de "stratégie balle en arrière" par un ou deux joueurs dominants, un peu de "grappe" surtout lors des arrêts prolongés du ballon dans les mains du porteur et des tirs successifs, un peu de "stratégie balle en avant" avec un "dribbleur poursuivi" qui se fait rattraper assez souvent. Cette observation ne peut être faite que par l'enseignant. La deuxième observation est de nature quantitative. Il faut évaluer l'efficacité générale de l'équipe en notant par exemple : le rapport passes réussies/tentées, et/ou le rapport nombre de possessions/nombre de tirs, et/ou le rapport nombre de tirs réussis/nombre de tirs tentés. Ces observations peuvent être faites totalement ou partiellement par les élèves. Elles vont donner les informations suivantes : combien de fois l'équipe est-elle en mesure d'atteindre la zone de marque ? combien d'attaques avortées par interceptions, pertes de balle ? quelle est l'efficacité aux tirs ? qui domine ? la défense ou l'attaque ? En couplant les deux types d'observations on peut déjà établir un diagnostic à fournir aux élèves, par exemple : "Pierre et Lucie dans l'équipe blanche, vous cherchez à progresser vers le panier essentiellement en dribble. Mais, regardez les chiffres, il me semble que ces actions amènent l'équipe à perdre 8 ballons sur les 12 attaques faites. Jean, dans l'équipe bleue, agit à peu près de la même manière. La prochaine fois nous observerons précisément les résultats de vos dribbles mais pour l'instant je vais vous proposer de procéder autrement. Quant aux passes, il y en a un certain nombre qui sont interceptées et je pense que c'est surtout parce que vous êtes trop regroupés autour du ballon et cela interdit à un non porteur d'être libéré des défenseurs. Tout ceci fait que vous tirez peu et souvent dans de mauvaises conditions, il suffit de regarder nos observations." La problématisation Quels sont le ou les problèmes qu'il va falloir aborder en priorité ? Il semble que l'attaque soit dominée dans cet exemple. C'est donc sur elle que va, pour l'instant porter l'attention de l'enseignant. La progression vers la cible est inefficace par trop de dribbles qui n'aboutissent pas et de passes interceptées. Pourquoi les dribbles sont-ils inefficaces ? Les dribbleurs essaient de progresser vers la cible en contournant l'ensemble des autres joueurs (voir formes de jeu en basket). Mais, par exemple, la protection du ballon n'est pas assez efficace et/ou la vitesse de déplacement est trop faible par rapport à l'agressivité défensive. Les dribbleurs se font prendre le ballon pendant le contournement ou se font stopper près des touches en étant entourés de 2 ou plusieurs joueurs. Dans ce dernier cas, ils se font prendre le ballon dans les mains ou sont contraints à l'entre deux. Pourquoi les passes sont inefficaces ? Cela a été dit plus haut dans le premier constat fait aux élèves. L'espace de jeu effectif est trop restreint au moment de la passe. Les défenseurs interceptent facilement car ils ont peu de distance à parcourir étant proches des attaquants. Ces interceptions sont favorisées dans la mesure où la passe s'effectue à l'arrêt et souvent après un petit temps de réflexion. Ceci donne du temps aux autres joueurs pour se rapprocher. Résumé L'attaque a un problème de progression vers la cible, le rapport de forces n'est pas en sa faveur. Ceci est dû à un espace de jeu effectif trop souvent réduit et à une stratégie de 102 progression non adaptée aux ressources des attaquants relativement à celles des défenseurs. Le projet de cycle Objectif Transformer la stratégie de progression en passant d'un gagne-terrain "balle en arrière" à un gagne-terrain "balle en avant". Cet objectif est en cohérence avec la proposition des documents d'accompagnement des programmes de collège (p.78). Il est attendu que le nombre d'accessions à la zone de marque augmente ainsi que le nombre de tirs. Pour l'instant, la réussite aux tirs n'est pas l'objectif explicitement recherché. Néanmoins, on peut parier sur une augmentation du nombre de points marqués par une augmentation des occasions de tir. Les apprentissages Intentions stratégiques Atteindre la cible rapidement Progresser par passe en avant en priorité Augmenter l'espace de jeu effectif Procédures tactiques Pour le porteur de balle Dès que je reçois la balle je progresse vers la cible si je ne perçois pas de partenaire démarqué en avant. Je donne immédiatement dans le cas contraire. Je continue le dribble tant que je peux progresser vers la cible sans me faire stopper. Dans le cas contraire, j'arrête le dribble avant d'être entouré de joueurs et je cherche un partenaire démarqué en appui en priorité sinon je donne en soutien. Si je ne souhaite pas progresser en dribble, parce que je ne me sens pas capable de le faire efficacement, je passe en appui s'il y a un partenaire démarqué/qui se démarque ou en soutien dans le cas contraire. Pour le non porteur Dès la récupération de la balle, je m'éloigne du porteur, des adversaires et de mes partenaires, en appui si le porteur peut faire la passe ou s'il est en train de progresser, en soutien dès qu'il arrête le dribble et s'il ne peut pas faire de passe en avant. Terminologie Appui/soutien en particulier Remarques Ces formulations impliquent des transformations de la conduite du joueur sur différents plans : Perceptif et décisionnel (cognitif) Le porteur doit prendre en compte d'autres choses que le ballon et la relation ballon/cible. Il doit s'informer sur l'espace avant en particulier. Il doit être plus attentif aux déplacements des autres joueurs lorsqu'il dribble afin d'anticiper le moment de l'arrêt du dribble si nécessaire. Il doit mettre en relation progressivement la perception qu'il a des placements et déplacements des joueurs entre eux et la situation de démarquage d'un partenaire. Le non porteur doit passer d'une centration quasi exclusive sur le ballon à une prise en compte d'autres éléments du jeu (autres non porteurs, cible, espace libre, adversaires, état du rapport de forces porteur/défenseur(s) sur le porteur ...). Tout ceci afin que les décisions soient pertinentes. Représentations (cognitif) Le joueur doit modifier une représentation de la progression vers la cible ainsi que celle des rapports de dominance dans l'équipe Préparation motrice (moteur) 103 Même si les apprentissages ne sont pas ciblés sur les aspects moteurs, ils impliquent une construction progressive, par auto-adaptation, de préparation motrice de différentes actions (préparation de l'arrêt pendant le dribble, préparation de la passe pendant l'arrêt, préparation de la réception pendant un déplacement ...) Remarques Le constat faisant suite à l'observation initiale ne débouche pas ici sur des apprentissages techniques (perfectionner le dribble, perfectionner la passe). En effet, concernant la passe, il serait inutile d'apprendre à passer de telle ou telle manière tant que les conditions stratégiques ne sont pas favorables (espace de jeu effectif élargi). Concernant le dribble, il serait inutile d'apprendre, pour l'instant, à mieux maîtriser la progression rapide pour arriver en zone de marque puisqu'il est préférable de progresser en passe afin d'aller plus vite et se donner des chances d'arriver en zone de marque. Si les dribbleurs réussissaient souvent à arriver en zone de marque en contournant l'ensemble des joueurs, seul ou à deux, alors le problème ne serait plus du côté de l'attaque mais de la défense. Ceci amènerait à un autre objectif et d'autres apprentissages. Les situations d'apprentissage Ce n’est pas le lieu ici de détailler ces situations, étant donné que je suis centré sur une démarche générale et non sur un cas particulier. Par contre, les situations proposées doivent absolument être construites pour atteindre l'objectif fixé et les apprentissages formulés. Il est possible de s'inspirer des propositions faites dans cet ouvrage. Lorsque des modifications apparaissent dans les situations d'apprentissage, il faut revenir à la situation de match (la référence) afin de voir si le transfert est effectif. Si les problèmes initiaux persistent, il faut revenir aux situations d'apprentissage et continuer cette circularité entre situations d'apprentissage (éventuellement renouvelées) et situation de référence. Les nouvelles observations Chaque situation doit être l'occasion de guider les élèves sur les apprentissages prévus, mais, il va de soi que peuvent apparaître de nouveaux problèmes au cours du cycle. Par exemple, le porteur arrive à mieux gérer l'alternative dribbler/passer, il est capable d'identifier le démarquage d'un partenaire en situation d'appui mais l'intention de faire la passe en avant, par-dessus l'espace de jeu effectif, n'est pas suivie d'une réalisation efficace. La passe est, soit interceptée, soit lancée de telle manière que le réceptionneur soit obligé de se déplacer beaucoup ce qui fait perdre du temps. Manifestement, le problème ne se situe plus au niveau cognitif mais moteur et/ou perceptivo-moteur. La décision de passe est pertinente mais l'inefficacité persiste car l'organisation motrice n'est pas favorable ou la visée incorrecte. Dans ce cas, il faut formuler des apprentissages, pour certains élèves, et généralement différenciés car tous n'ont pas les mêmes problèmes à résoudre, et proposer des situations adaptées. Ces situations peuvent être décontextualisées dans la mesure où les élèves, qui sont concernés, savent pourquoi ces apprentissages sont nécessaires. En fait, ils peuvent se représenter mentalement le contexte étant donné qu'ils l'ont vécu, ils ont pris conscience, avec l'aide du professeur, des problèmes à résoudre sur ce plan moteur (technique). Dans ce cas, l'apprentissage technique prend du sens pour chaque élève. Évidemment, les situations visant des acquisitions techniques seront suivies des mêmes situations stratégico-tactiques que celles définies précédemment. Une circularité va s'établir entre ces deux types de situations et la situation de match jusqu'à ce que l'objectif soit atteint et que l'attaque ait repris l'avantage. Il faut rappeler que l'objectif est de dominer la défense dans la zone de progression. D'autres problèmes peuvent surgir de nature tactique, comme par exemple la gestion de l'alternative dribble/passe dans le cadre de la situation de dribbleur-poursuivi. De nature 104 technique également, avec la réception de la balle ou la progression rapide en dribble vers la cible toujours pour le joueur qui reçoit la balle en appui. Si plusieurs problèmes sont à résoudre, soit il est possible de les aborder par une pédagogie différenciée, soit il faudra choisir le ou les plus importants car le temps est compté dans un cycle scolaire. Remarque On voit bien dans cet exemple que la technique n'est pas "évacuée" ou "maudite". Elle est simplement introduite lorsqu'elle va réellement permettre à l'élève de réussir 4. Le schéma général de la stratégie 105 LES CATEGORIES D’APPRENTISSAGES Septième partie 106 LES FORMULATIONS DANS LES TEXTES INSTITUTIONNELS Le problème des apprentissages relève des catégories qui sont utilisées et de leur nature. Plus théoriquement, cela renvoie à « qu’est-ce ce qui est appris » ? Documents d’accompagnement des programmes du collège : exemple du basketball 2 catégories : ce qu’il y a à faire (les compétences spécifiques) ce qu’il y a à faire pour faire (les contenus) Les compétences spécifiques sont à leur tour catégorisées en celles qui sont relatives : à la progression vers la zone de marque à l’action de marque à la défense à l’arbitrage Les contenus sont également catégorisés en : objet à prendre en compte pour décider techniques d’action sur la balle mises en relation à établir Les compétences spécifiques Les contenus Catégorie 1 Catégorie 1 Catégorie 2 Catégorie 2 Catégorie 3 Catégorie 3 Catégorie 4 Analyse critique Concernant les compétences spécifiques, je n’ai pas de critique sur les formulations proposées si l’on considère qu’une compétence est un ensemble de ressources structurées permettant de maîtriser un type de situation. Les situations sont ici clairement identifiées. Quant aux contenus, qui devraient être les ressources à développer ou à construire, c’est la cohérence des catégories utilisées qui me préoccupe. On comprend que les « objets à prendre en compte pour décider » sont des repères que l’élève doit s’approprier et que les « techniques d’action sur la balle » sont des procédures rendant efficaces les actions à entreprendre et qui sont d’ailleurs précisées. Par contre, les « mises en relation à établir » sont déjà plus floues. On peut lire des relations : entre des procédures stratégiques à mettre en place et leur résultat, par exemple l’agrandissement de l’espace de jeu et la dispersion des défenseurs (6 e), entre des procédures techniques et leur résultat, par exemple la visualisation précoce de la cible et l’adresse au tir (5e/4e), entre des capacités personnelles d’un élève et une action à entreprendre, par exemple la distance de passe. Je présume que les capacités sont d’ordre physique, technique, morphologique …(6e), ainsi qu’une proposition qui me laisse perplexe, « passer d’une représentation avoir le ballon à une autre représentation faire avancer la balle vers la cible. Cette dernière formulation, qui n’est pas formulée comme une mise en relation, montre bien qu’il y a bien un problème de cohérence à l’intérieur même d’une catégorie. Que dire de la cohérence entre les trois catégories ? Quel rapport ont-elles l’une avec l’autre ? Pourquoi ces catégories là ? En ce qui concerne la catégorie « objets à prendre en compte pour décider », il me semble très délicat de séparer les repères, les indices qui sont à l’origine des décisions d’action prises par un joueur parmi des possibles et les actions elles-mêmes. 107 Exemple Dans le document pour les 6e, on peut lire « l’occupation du couloir de jeu direct » comme objet à prendre en compte pour décider de quoi ? Il ne viendrait pas à l’esprit d’un enseignant de dissocier cet « objet » de l’utilisation ou non de ce couloir. Les repères entrent donc dans la gestion des alternatives de jeu que l’élève s’est construites. D’ailleurs, la plupart des formulations dans cette catégorie tendent vers ces alternatives essentielles à construire. On peut lire dans le document pour les 5e/4e : Pour le porteur, les alternatives perçues au cours de l’action : espace de jeu direct libre ou libéré jeu direct en passe ou en dribble espace de jeu direct encombré jeu de contournement en relais Programmes du lycée 2 catégories : la compétence spécifique les connaissances Les connaissances sont à leur tour catégorisées en informations et procédures. Les procédures sont à leur tour catégorisées en tactique / technique, connaissance sur soi, savoir-faire sociaux. La compétence attendue Les connaissances Informations Tactique / technique Procédures Connaissance sur soi Savoir-faire sociaux Analyse critique On peut déjà se poser la question concernant la différence entre les propositions du collège et celles du lycée. Le fait que les catégories utilisées ne soient pas les mêmes tout au long du cursus met les enseignants dans l’embarras déjà peu enclin à la lecture des textes officiels. Sur le plan des compétences, comme pour le collège, je ne me focaliserai pas dessus sauf à dire que le type de situation à maîtriser est très large alors qu’elles étaient plus restreintes au collège en raison de la sous catégorisation. Par contre, concernant les connaissances1, je peux faire la même remarque que pour le collège dans la mesure où, dans la catégorie « informations », on trouve les « indices à prélever et analyser pour faire des choix efficaces ». La séparation des indices ou des repères des alternatives à construire et à gérer me paraît inconcevable. De plus, comment comprendre la cohérence de la catégorie « informations » quand, sur le même plan que ces indices, on trouve, par exemple, « évolution du Basket-ball » !! Il n’y a pas de différenciation entre les aspects stratégiques et tactiques dans ces propositions alors que la réalité du jeu montre la présence de ces deux catégories. Enfin, les catégories « connaissance sur soi » et « savoir-faire sociaux » me paraissent être davantage des savoirs ou compétences transversales. Placées comme ressources permettant de construire la compétence me semble abusif dans certains cas. Exemple Est-il nécessaire de savoir observer et recueillir des données pour élaborer un projet collectif pour gagner un match ? Est-on incapable de jouer sans savoir arbitrer ? 1 et sans rentrer dans un débat théorique ! 108 Remarques Je suis bien placé pour savoir que la formulation des apprentissages est une tâche délicate, surtout lorsqu’on doit réaliser cet exercice à plusieurs. Mais, le souci de cohérence de ces formulations me paraît indispensable si elles se veulent claires pour les enseignants non-spécialistes. Il faut éviter de séparer ce qui est inséparable, éviter de formuler des compétences dans une catégorie connaissance, ne pas avoir de catégorie fourre tout etc. … MA PROPOSITION Encore une fois, le fond du problème est de savoir ce qui est appris chez un élève suite à une leçon en EPS. Compte tenu qu’il est impossible d’attendre que les scientifiques trouvent et se mettent d’accord, il faut s’appuyer sur son expérience pour faire des choix. Le mien est simple car il part de la réalité du terrain. Que dit un enseignant lorsqu’il cherche à faire apprendre à un élève ? Il donne généralement des procédures, c’est à dire ce qu’il faut faire pour réussir une tâche. La maîtrise de cette tâche sera significative de la construction d’une compétence spécifique, les procédures fournies seront les contenus à intégrer pour construire la compétence visée. Exemple L’enseignant souhaite que les élèves sachent progresser vers la cible sans perdre trop souvent le ballon (tâche). Il va essentiellement leur dire de « s’écarter les uns des autres », de « passer à un partenaire démarqué », de « ne pas courir avec la balle dans les mains » etc. … (procédures). Je propose donc deux catégories : les compétences spécifiques (qui peuvent être sous-catégorisées) les contenus 1. Procéduraux stratégiques, tactiques, techniques, réglementaires 2. Terminologiques Les compétences spécifiques Catégorie 1 Catégorie 2 Catégorie 3 Les contenus Procédures stratégiques tactiques techniques réglementaires Termes Les catégories utilisées Le plan stratégique Il correspond à des procédures qui peuvent être de plusieurs ordres : Les connaissances relatives à l’organisation de la circulation de la balle et/ou des joueurs ; Les connaissances relatives à l’organisation de l’équipe du point de vue de la différenciation des rôles ; Les grandes orientations du jeu qui vont organiser l’équipe. Dans le domaine scolaire l’organisation de la circulation de la balle et/ou des joueurs est souvent réalisée à partir de principes et non de schémas de jeu prédéfinis. Ces principes relèvent des connaissances procédurales à mettre en œuvre pour être efficace individuellement et collectivement. 109 Exemples Pour progresser de manière efficace vers la zone de marque, il faut agrandir l’espace de jeu effectif. Pour récupérer la balle, il faut marquer individuellement chaque joueur attaquant. Dans le domaine de la différenciation des rôles Exemples Pour progresser efficacement vers la zone de marque, il faut assurer le positionnement de NP en appui et en soutien. Pour effectuer efficacement une attaque rapide, il faut assurer les rôles de récupérateur, appui, relais et soutien. Dans le domaine des orientations de jeu Exemples Pour progresser efficacement vers la zone de marque, il faut prendre de vitesse l’équipe adverse. Pour progresser efficacement vers la zone de marque, il faut jouer vers l’avant en priorité. Pour récupérer le ballon, il faut harceler le porteur sur tout le terrain. Pour protéger notre panier, il faut organiser un repli défensif rapide. L’ensemble des procédures stratégiques a pour objectif d’assurer à la fois la cohésion de l’équipe et la mise en difficulté maximale de l’adversaire. Le plan tactique Il correspond aux procédures relatives à la gestion des alternatives du jeu pour chaque joueur et dans chaque situation. Il y a donc à mettre en relation les actions à produire et les indices à construire pour prendre des décisions pertinentes parmi les possibles. Exemples Situation : réception d’une balle à la périphérie dans le cadre d’une attaque placée. Je joue en jeu direct o Je dribble vers la cible pour marquer si mon adversaire est trop près ou fonce sur moi et si ma radiale est ou va être libre Je passe à droite si … Je passe à gauche si … o Je tire de loin si mon adversaire est ou reste à distance et si je me sens en confiance. o Je passe à un partenaire s’il se démarque dans un couloir de jeu direct Je joue à la périphérie o je passe à un partenaire démarqué ou en train de se démarquer à la périphérie si le jeu direct n’est pas possible Chaque situation de jeu comprend des alternatives à maîtriser. Le plan technique Il correspond aux procédures à mettre en œuvre pour organiser sa motricité de manière efficace. Exemples Pour faire une passe longue et précise il faut : allonger le trajet d’accélération placer la balle du côté du pied arrière 110 viser en avant du partenaire s’il se déplace Pour maîtriser la balle en dribble il faut : augmenter le temps de contact main / balle dissocier le bras dribbleur / du reste du corps Le plan réglementaire Il s’agit de ce qu’il faut faire ou ne pas faire pour respecter le règlement adopté. Le plan terminologique Il correspond à l’apprentissage de tous les termes spécifiques utilisés dans une APS. Ce plan ne correspond pas à des procédures. Les transformations de l’activité de l’élève Les catégories d’apprentissage formulées précédemment sont centrées sur l’APS. Naturellement, l’activité de l’élève se transforme au cours de ces apprentissages. L’activité de l’élève peut être perçue des points de vue cognitif, moteur et affectif. Par exemple, sur le plan cognitif Il va mémoriser et modifier ses intentions sur le terrain par les nouvelles procédures que l’enseignant cherche à lui faire acquérir ; Il va modifier ses modalités perceptives et quelque fois passer d’une modalité visuelle à une modalité tactile ou kinesthésique de contrôle de ce qui l’entoure ou se focaliser sur des éléments nouveaux qui lui feront gagner du temps ; Il va augmenter son pouvoir de décision en se créant des alternatives plus riches, en luttant contre la pression temporelle ; Il va mieux percevoir les trajectoires de mobiles et se situer par rapport à eux ; Il va mettre en relation des sensations corporelles et des réussites ou échecs. Par exemple, sur le plan moteur Il va réussir à dissocier des segments corporels qui fonctionnaient « en bloc » auparavant ; Il va réussir à coordonner l’action de certains segments corporels ; Il va réussir à maintenir son équilibre là où il le perdait auparavant ; Il va réussir à moduler et réguler la tonicité de certaines parties du corps ; Il va réussir à moduler plus finement le force produite. Par exemple, sur le plan affectif Il va se construire une meilleure confiance en soi et éventuellement en d’autres élèves ; Il va savoir mobiliser une agressivité qu’il n’avait pas l’habitude de mobiliser dans les actions de jeu ; Tout en sachant que l’activité de l’élève ne se découpe pas en tranches étanches, ces catégories, usuellement utilisées dans la profession, permettent de comprendre ce qui se passe lorsqu’il joue mieux. On peut faire un lien entre les deux grands plans que je viens de formuler, celui de l’APS et celui de l’élève, avec les deux premières finalités de l’EPS que l’on trouve dans l’introduction au programme de 6e1. Si les transformations de l’activité de l’élève peuvent correspondre à la première relative au « développement des capacités nécessaires aux conduites motrices », les apprentissages centrés sur l’APS peuvent correspondre à la seconde concernant les 1 B.O. n°29, 18 juillet 1996 111 « compétences et connaissances relatives aux activités physiques, sportives et artistiques ». Reste à l’enseignant de se focaliser, en plus, sur la troisième par le biais de « connaissances sur soi » et de « savoir-faire sociaux » par exemple. 112 L’ORGANISATION DE LA CLASSE Huitième partie 113 Le problème de la coopération que pose le Basket-ball fait qu'il est difficile, si l'on veut atteindre des objectifs dans ce domaine, de ne pas rechercher la constitution d'équipes relativement stables. De plus, il semble également difficile de ne pas constituer des équipes de niveaux de jeu différents afin de permettre à chacun de s'exprimer. Vouloir absolument constituer des équipes composées d’élèves de niveaux hétérogènes est souvent le signe de raisons "humanistes". On veut que les plus forts puissent aider les plus faibles, on veut assurer l'égalité des individus ou ne pas faire de différence entre les élèves etc. ... Mais cette optique, tout à l’honneur des enseignants, pose souvent plus de problèmes qu'elle ne permet d’en régler. En tout état de cause, mélanger des niveaux très hétérogènes fait qu'il est pratiquement impossible de faire acquérir des savoirs et des pouvoirs spécifiques au Basket-ball en assurant l'apprentissage de comportements conformes à la logique du jeu pour tout le monde par le simple fait que l'enseignant est surtout centré sur des objectifs de type relationnel1. Enfin, faire s'opposer des gabarits différents peut être source de risque pour l'intégrité physique des élèves (B.O. n°11 du 17 mars 1994). D’ailleurs, si l'on se réfère aux dernières propositions sur l'évaluation au bac, on peut lire ceci : "Dans la mesure du possible les équipes constituées sont homogènes en leur sein" Néanmoins, il ne faut pas, dans le cadre scolaire, que les élèves, forcément de niveaux hétérogènes, perçoivent une fracture dans la classe constituée par des groupes relativement stables et de niveaux différents. La proposition qui va être faite tente de faire des compromis acceptables. Mais ce n'est qu'une solution parmi d'autres. Constitution de clubs et d'équipes Une classe est divisée en général en 2 "clubs". Chaque club devant être de force équivalente. En ce qui concerne les élèves les plus jeunes, il arrive fréquemment qu'on leur propose de leur donner des noms. En Basket, par exemple, la médiatisation de ce sport collectif, fait qu'ils ne sont pas en peine de trouver des noms qui font rêver. La formation des « clubs » peut être le seul fait de l’enseignant qui cherche à équilibrer le rapport de forces ou le fait des élèves qui se répartissent eux mêmes. Il me semble que la procédure intermédiaire au cours de laquelle l’enseignant désigne deux élèves (ou plus) qui à leur tour choisiront alternativement leurs partenaires, soit la plus intéressante. En effet, le choix initial par l’enseignant peut se porter sur des élèves de niveau élevé ou faible qui ne doivent absolument pas être dans le même groupe. Il est à souligner que le choix d’élèves faibles leur permet d’avoir une responsabilité de choix et de décision à laquelle ils ne s’attendent pas et qui généralement les ravit, surtout au collège. Chaque club aura une couleur différente. Cette couleur de maillot ou chasuble différente est importante pour 3 raisons : 1 Je suis bien placé pour parler de cette façon d'agir étant donné que, dans les années 70, je l'ai mise en place comme beaucoup d'enseignants en ces temps "post68". Malheureusement, elle a produit des comportements complètement biaisés au regard de la logique de l'activité. Par exemple, ayant mélangé des niveaux très différents, il était exigé, pour que tout le monde participe, que la balle devait être touchée par le ou les joueurs de l'équipe d'un niveau plus faible avant de marquer. La première adaptation des élèves de niveau plus élevé fut de lancer la balle sur l'un de ces joueurs et de la reprendre aussitôt. Effectivement, la balle avait "touché" le joueur. J'ai exigé ensuite que le ou les joueurs faibles "contrôlent" la balle. Suite à cela, il arrivait fréquemment qu'un joueur arrive seul face à la cible et soudainement s'aperçoive qu'un joueur faible n'avait pas contrôlé le ballon. Il fallait donc revenir en arrière !! Outre, cet exemple parmi d'autres, qui montre que la logique de l'activité est contournée, il est évident que le problème du rapport fort/faible n'était pas résolu. Les forts, finissaient par être frustrés, et les faibles, avec leur signe distinctif (foulard) pour être repérés devaient se retrouver dans la position du juif avec l'étoile jaune cousue sur l'habit. 114 Une couleur de maillot est symbolique de l'appartenance à un groupe. Si l'on décide de se servir des sports collectifs, dans le domaine scolaire, c'est bien pour la formation de la personne. Il me semble que ce sentiment d'appartenance est important à notre époque de repli sur soi, d'individualisme à outrance et d'égocentrisme. Ce n'est pas seulement avec ce genre de procédure que l'on va aboutir à la construction du citoyen, mais rien n'est à négliger. Lors des rencontres, la perception du jeu est facilitée (et ce d'autant plus que l'on s'adresse à des plus jeunes). Il arrive malheureusement fréquemment que les matchs se déroulent sans chasuble ou maillot distinct. Déjà que les élèves ont du mal à identifier clairement l'état des situations dans lesquelles ils évoluent, je me demande comment ils font dans ce cas là ! Les couleurs nettement différenciées permettent de mieux organiser et contrôler la classe. On sait très vite qui est où et qui fait quoi. Par exemple, en cas de travail en ateliers, il est plus facile de repérer les rassemblements d'élèves qui se sont constitués ou de voir si les groupements demandés sont respectés. Lors des regroupements d'élèves pour communication avec l'enseignant, il est plus facile de les assembler par équipe afin de s'adresser à eux de manière différenciée. Il est vrai que la "vague" didactique qui submerge notre profession depuis le milieu des années 80 nous a fait oublier qu'une classe se gère. Le pédagogique n'est pas à mettre au rebus. Chaque club est constitué de deux équipes ou plus (suivant le nombre d'élèves et le nombre de joueurs par équipes). Ces équipes sont de niveaux différents à l'intérieur du même club. Les équipes de niveau équivalent dans chaque club se rencontreront. Il n'est bien entendu pas question de faire des équipes séparées de filles et de garçons dans les classes mixtes. Il s'agit de niveau de jeu. Bien sur, il arrivera le plus souvent que la plupart des garçons se retrouvent dans le ou les niveaux les plus élevés. Les équipes seront constituées par l’enseignant, par les élèves ou par les deux. Par contre, les résultats seront comptabilisés au niveau du club entier. De cette façon, chaque élève d'un club se sent concerné par le jeu et les résultats de chacune des équipes du club (pas de fracture). Équipe 1 Équipe 2 Total Club Rouge 18 15 33 Club Blanc 12 24 36 Cette fracture, si tant est qu’elle puisse exister, peut s’estomper par les absences et les blessures qui obligent fréquemment à faire jouer des élèves dans une équipe de niveau plus élevé que celui où il joue d'habitude ou l’inverse. De plus, pour permettre des progrès plus rapides pour certains élèves, il faudra systématiquement faire des mélanges de niveau, mais réfléchis. Enfin, lorsqu'il y a des situations d'apprentissage multiples simultanément avec des objectifs différenciés, il peut arriver que des mélanges de niveaux aient lieu à cette occasion. Chacun, reprendra sa place dans son équipe une fois la situation terminée. La première séance d'un cycle doit être consacrée, non seulement à l'évaluation diagnostique (niveau de jeu et problème fondamental à aborder), mais également à équilibrer les clubs et les équipes dans leurs compositions pou que chaque élève puisse s'exprimer. Le problème de la compétition La nature même de l'activité implique l'affrontement de deux équipes. Le Basket-ball, comme tous les sports collectifs, véhicule des valeurs de lutte, de compétition, de désir de 115 victoire ou de domination, d'efforts et de souffrances pour du plaisir différé. Ces valeurs sont sociales et non seulement sportives et ceci met en relief le fait que le sport soit une partie intégrante de notre culture sur le plan des valeurs. Le sport est né dans une société et il est à son image. Toutefois on constate dans les classes que tout le monde ne peut pas développer un esprit de compétition à outrance. Il faut sans doute rechercher ces différences dans les valeurs contradictoires qui circulent dans notre culture 1 et dans les traits individuels de personnalité. Il faut remarquer que le sport lui-même véhicule des valeurs contradictoires car faire du sport est aussi s'adonner à des plaisirs corporels. Il semble que ce problème des valeurs à transmettre ou non, à transmettre avec plus ou moins d'insistance soit un problème qui relève de la morale personnelle de l'enseignant mais également des besoins et caractéristiques des élèves auxquels il se trouve confronté. Il ne faut pas oublier que l'enseignant à pour mission de faire acquérir des "outils" afin de s'adapter à la vie future et au milieu social en général. L'idéologie se mélange ici avec la réflexion didactique et pédagogique. Néanmoins, il apparaît que les élèves ont le désir de gagner lorsqu'ils abordent un match de sport collectif et ce d'autant plus qu'ils sont jeunes. Mon opinion (qui n'engage que moi) est que l'on doit encourager ce désir de vaincre en faisant comprendre qu'il ne sera que le moteur d'une évolution dans les savoirs et pouvoirs. Mais l'autre est celui qui permet l'exercice car, dans le domaine des sports collectifs, je ne peux progresser sans lui. Le résultat d'un match concrétise sans doute cette victoire et le plaisir qu'elle engendre mais surtout il représente une information permettant d'évaluer la production collective. Le score, au même titre que toute connaissance du résultat, doit être un paramètre servant à la décision dans le cadre d'un projet (celui de l'élève, des élèves ou du professeur). C'est pour cela que l'égalité des chances doit être à tout prix recherchée avant l'affrontement. Partant de cette égalité des chances, on aboutit à l'inégalité du résultat et c'est cette évolution qui doit être interprétée. L'égalité des chances doit en outre être respectée afin d'assurer le maintien de la motivation à vaincre2. L'organisation de la compétition Plusieurs formules peuvent être proposées : Alterner des séances de compétition (servant à l'évaluation) et des séances d'apprentissages (résolution de problèmes) Alterner dans une même séance des situations d'affrontement entre les clubs et situations ou il n'y a pas de score. Les situations d’affrontement peuvent être des matchs ou de simples situations compétitives. A la fin de la séance, il y a calcul du résultat final cumulant tous les points acquis durant la séance pour chaque club. Autres formules ? L'organisation du cycle Il faut insister sur la nécessaire cohérence de celui-ci. En ce qui me concerne, il n'est pas gênant de commencer ou finir une séance par une situation de match à condition que les élèves sachent où ils en sont et pourquoi ils le font. Les objectifs doivent donc être explicites en permanence pour tout le monde. Ce qui est important c'est la logique d'enchaînement des situations. Lorsque je consulte certaines préparations de cours réalisées par des étudiants, je constate fréquemment Des valeurs contradictoires d'avantage tournées vers l'hédonisme, le plaisir immédiat, la facilité … : encore une fois, le courant didactique nous a fait oublier toute cette réflexion sur les valeurs, sur la motivation ... 1 2 Remarque 116 qu'elles ne sont qu'une juxtaposition de situations qui sont le support chacune d'un apprentissage. La séance est parfaitement minutée. Chaque situation sera mise en place et à l'heure prévue on passera à la suivante. Dans ces conditions, je me pose toujours les mêmes questions : Y a t-il une logique centrée sur l'élève qui fait passer d'une situation à l'autre ? L'étudiant stagiaire ne cherche t-il pas plus à se rassurer en "balançant" ses situations une par une qu'à s'occuper de la logique d'apprentissage des élèves ? L'enchaînement des situations dans une séance et au cours du cycle doit suivre le schéma décrit dans la partie consacrée aux conceptions d’enseignement. Certes, la première séance doit débuter par un match pour réaliser un diagnostic et formuler le premier objectif ainsi que les apprentissages qui s'y réfèrent mais les séances suivantes débuteront par la situation qui arrive logiquement dans la circularité évoquée dans le chapitre évoqué ci-dessus. Si, la séance précédente s'est terminée alors qu'une ou des situations de nature technique étaient en cours, et qu'il semble que les apprentissages n'étaient pas encore effectifs, alors on reprendra les mêmes situations (ou similaires) avant d'enchaîner sur une situation d'ordre stratégico-tactique puis éventuellement un match. Si, à la fin de la même séance que précédemment, on constate que les apprentissages réalisés méritent qu'on vérifie leur transférabilité dans une situation stratégico-tactique, alors c'est une situation de cette nature qui débutera la séance suivante. Elle peut également débuter par un match si cela s'avère nécessaire. Conclusion Je ne répéterai jamais assez que la « vague » didactique qui a submergé notre profession depuis les premiers textes portant sur l’évaluation aux différents examens au début des années 80, a occulté le problème pédagogique dont fait partie l’organisation de la classe. Il me semble qu’il va être temps de se recentrer sur ce point. Les propositions que je viens de faire ne sont pas originales puisqu’elles sont inspirées de celles déjà en place dans les années 60-70 dans le cadre de « l’ expérience » du lycée de Corbeil ou dans celui de la République des Sports qui a débuté à Calais avec Jacques de Rette 1. On peut sans doute regretter que seule l’idée de cycle, présente dans ces initiatives, nous soit restée. Naturellement, ces propositions sont également le produit de ma propre expérience d’une vingtaine d’années en milieu scolaire. 1 117 L’EVALUATION Neuvième partie 118 Introduction Il n’est pas envisageable, dans le cadre de cet ouvrage, de faire le tour de tous les problèmes posés par l’évaluation en sport collectif depuis que cet aspect de la didactique est devenu préoccupant pour les enseignants. Il faut rappeler que ce sont les textes officiels concernant les examens du second degré qui sont à l’origine de la réflexion dans ce domaine. Si les dernières propositions pour le lycée permettent d’avoir un outil d’évaluation, ce n’est pas pour autant que tout soit réglé à commencer pour les collègues travaillant en collège. Mon opinion est que les catégories utilisées dans les différents textes ont été la source des difficultés. Pour le collège, on a voulu évaluer : La performance et les habiletés sans savoir exactement ce que recouvrent ces deux aspects ; Les connaissances sans tout à fait comprendre ce qui les différenciait des procédures mobilisées dans les habiletés pour être efficace ; Les capacités à s’investir et à progresser très souvent confondues avec l’investissement et le progrès ce qui n’est pas la même chose de mon point de vue. Pour le lycée, on a voulu évaluer : La maîtrise de l’exécution et la performance sans avoir une définition claire de l’une et de l’autre en sport collectif même si elles apparaissaient plus simple à comprendre dans les sports individuels. Il faut remarquer, d’ailleurs, que cette distinction disparaît dans le dernier texte. En fait, qu’est-ce qui est important ? Ce sont tout d’abord les apprentissages effectifs réalisés par les élèves. Il vaut mieux être approximatif sur le plan de l’évaluation et assurer un bon enseignement 1 que l’inverse. En ce qui concerne les classes d’examen, il faut hiérarchiser au mieux2 les élèves au regard des apprentissages visés. Cette hiérarchisation doit être fondée sur la mobilisation ou non des procédures efficaces pour maîtriser les situations de match3. Les questions importantes à se poser sont donc : o L’élève organise t-il ses actions en fonction des procédures stratégiques enseignées ? o L’élève prend t-il des décisions pertinentes dans les situations qu’il rencontre ? o L’élève s’organise t-il sur le plan moteur afin de réussir ses actions ? Les modalités objectives d’évaluation Une procédure objective d’évaluation est celle qui utilise un ou des outils construits afin de ne pas confondre avec la notation « pifométrique »4. Il faut préciser de nouveau que « l’évaluation » est la succession de trois phases : L’observation qui permet de recueillir des données qualitatives et/ou quantitatives. Ces dernières pouvant, pour partie, être observées par des élèves ; La hiérarchisation ou évaluation5 proprement dite qui permet de classer les élèves selon le niveau d’acquisition des apprentissages visés ; Un bon enseignement est celui qui permet l’apprentissage des élèves. Il me semble que l’enseignant d’EPS n’échappe pas aux aléas de la notation que l’on trouve dans toutes les disciplines et qu’ont bien montrés les études docimologiques. 3 Et d’arbitrage, d’échauffement, de managérat … si ces situations à maîtriser font partie du projet de classe. 4 Il faut toutefois signaler qu’un expert en Basket-ball se trompe rarement sur la hiérarchisation des élèves s’il ne fait que regarder ceux-ci sans être « armé » d’un outil. Le problème est que la procédure « pifométrique » d’évaluation d’un expert dans le domaine scolaire n’a, à ma connaissance, jamais été étudiée scientifiquement. 5 Quand on hiérarchise on émet nécessairement un jugement de valeur. 1 2 119 La notation qui transforme en chiffre ou en nombre la hiérarchisation établie. L’outil ou les outils construits se réfèrent à ces trois phases. Dans un premier temps seules les deux premières étapes de l’évaluation vont être abordées. Le problème de la notation sera vu ensuite. Premier exemple : le 3e cas du niveau collège Les objectifs sont de progresser vers l’espace de marque en utilisant la passe en priorité et de gérer la situation de dribbleur poursuivi. Quelles observations significatives à faire pour juger de l’atteinte de ces objectifs ? Les modalités quantitatives Si l’on utilise des observables uniquement quantitatives on peut, par exemple, avoir pour chaque élève : Le nombre de passes réussies et ratées ; Le nombre de réceptions de balle réussies et ratées ; Le nombre de dribbles de progression tentés et ceux avec perte de balle ; Le nombre de paniers tentés et le nombre de paniers réussis1. La mise en rapport des réussites et des échecs donne des pourcentages qui peuvent être ensuite, par exemple, additionnés avec ou non des coefficients selon l’importance que l’enseignant donne à chacun afin d’obtenir un chiffre qui permettra de classer les élèves. Commentaires Est-ce que ces observables sont significatives des apprentissages visés ? Il y a fort peu de chances que la réponse soit positive. En effet, elles peuvent être utilisées pour n’importe quelle forme de jeu et à tous les niveaux de classe. On peut donc se demander comment elles pourraient permettre de répondre aux deux premières questions précédemment identifiées. Ces observables peuvent par contre donner une idée de l’efficacité globale d’un joueur au cours d’un match dans les différentes actions qu’il a menées. L’expérience montre que, dans une équipe pédagogique, même lorsque les objectifs de cycle sont parfaitement définis pour le niveau de classe, il est rare que les élèves de classes différentes jouent selon les mêmes modalités. Ceci est quelque fois vrai pour des classes ayant le même professeur et souvent vérifié pour des classes n’ayant pas le même enseignant. Il faut admettre que toutes les classes ne sont pas identiques dans leurs compositions et également que tous les enseignants n’ont pas la même expertise. Imaginons un établissement, dans lequel le projet EPS précise les objectifs visés dans ce troisième cas traité. À la fin du cycle, une classe joue essentiellement par passes en avant en priorité et affronte donc souvent la situation de dribbleur poursuivi et une autre n’y arrive que très peu à la fin du cycle. Si les deux sont évaluées avec les observables quantitatives précitées, on pourrait avoir des résultats similaires ou même de meilleurs résultats pour la classe qui n’a pas atteint le niveau souhaité2. Ce qui serait fâcheux ! Il faudrait donc peut être mieux utiliser d’autres observables. Les modalités qualitatives Cette fois-ci, ce sont des comportements qui vont être les observables et non plus des résultats d’actions. Prenons le cas, d’un établissement ayant le tableau suivant comme outil d’évaluation. 1 Certaines propositions indiquent également le volume de jeu représenté généralement par le nombre de balles contrôlées. 2 Il est malheureusement impossible ici de le démontrer de manière concrète. 120 Niveau 1 Progression Part en dribble sans s’informer sur ses partenaires ou se débarrasse de vers la cible la balle. porteur Arrivée en zone de marque Progression vers la cible Non porteur Arrivée en zone de marque Dribble en étant centré sur le ballon ou déclenche le tir dans des conditions défavorables. Ne s’informe pas sur l’état de la situation. Reste passif à la même place et attend éventuellement de recevoir le ballon. Regarde le dribbleur tout en restant proche de lui ou ne se déplace jamais en appui. Niveau 2 Niveau 3 Envoie la balle trop systématiquement en avant sans s’informer au préalable. S’informe sur l’état de la situation mais tire ou passe trop systématiquement. S’informe et passe judicieusement soit en avant soit en soutien. Se porte systématiquement en appui ou en soutien sans se préoccuper des partenaires. Se déplace en appui, s’écarte du porteur mais ne se prépare pas à recevoir le ballon. Se déplace en appui ou en soutien en fonction des partenaires. Se déplace rapidement en appui pour aider le dribbleur tout en s’écartant de lui et en se préparant à recevoir le ballon. Progresse jusqu’au tir ou passe en fonction du dégagement ou non de la radiale. Commentaires Ce tableau énonce les comportements typiques que l’on peut rencontrer à ce niveau de classe en allant du plus faible au meilleur au regard des objectifs et apprentissages visés. Naturellement, ce tableau est une construction progressive dans la mesure où l’enseignant (ou l’équipe pédagogique) identifie et affine ces comportements au fur et à mesure de l’expérience. Les formulations faites ici ne sont donc que des exemples probables et ne sont pas à prendre en l’état sans vérifier qu’elles correspondent bien à ce qui se passe dans les classes du collège dans lequel on exerce. La colonne grisée correspond bien aux deux situations que les élèves doivent maîtriser, à savoir la progression vers la cible et l’arrivée en zone de marque dans le cas du dribbleur poursuivi. Il va de soi que d’autres situations vont apparaître pendant les matchs servant de support à l’évaluation mais seules celles qui ont fait l’objet d’un enseignement sont observées1. Il est proposé ici trois niveaux. Rien n’empêche d’en mettre plus si nécessaire compte tenu des comportements observés dans les classes. Chaque élève est positionné sur l’échelle de niveau. Mais ces observables sont-elles suffisantes pour être significatives des apprentissages abordés durant le cycle ? Il semble que la hiérarchisation des comportements proposée permet de répondre aux deux premières questions précédemment évoquées mais pas à la troisième. Effectivement, on peut avoir des élèves qui, par exemple : Passent vers l’avant de manière judicieuse mais qui n’arrivent pas à toujours atteindre le partenaire visé ; Prennent de bonnes décisions dans la situation de dribbleur poursuivi mais qui soit ratent leurs tirs ou leurs passes plus souvent que d’autres. La cause des échecs, alors que les intentions sont bonnes, peut provenir d’une organisation motrice pas encore performante. Il semble donc nécessaire d’ajouter un zest de quantitatif en observant, par exemple, les passes et réceptions réussies/ratées, les dribbles de progression réussis/ratés, les tirs réussis/ratés comme dans la modalité précédente. La combinaison des observables quantitatives et qualitatives Comme écrit précédemment, on peut combiner un référentiel de comportements et un relevé concernant l’efficacité mais on peut également utiliser des indices significatifs. Par exemple, on peut faire les observations suivantes : Élève A 1 On évalue ce que l’on enseigne. 121 Progression vers la cible Passes vers l’avant ratées réussies ratées Autres passes réussies Arrivée en zone de marque ///0/ / 00 / / 0 / / / / / / / ////// Tirs passes ratés réussis ratées réussies /// / / //// Élève B Progression vers la cible Passes vers l’avant Autres passes ratées réussies ratées réussies Arrivée en zone de marque / 0 / ////// /////// Tirs passes ratés / réussis ratées réussies / Commentaires Cette modalité est un relevé quantitatif mais sur des actions particulières qui sont attendues au regard des objectifs et apprentissages visés. On est donc également sur du qualitatif. Dans le cadre de la progression vers la cible, les / représentent une passe donnée et les 0 une passe reçue. L’élève A a fait 13 passes vers l’avant avec un pourcentage de réussite de 69%. Il a reçu 4 passes dont 3 récupérées. Il a fait 7 passes en soutien avec un pourcentage de réussite de 85%. En arrivée en zone de marque, dans le cadre de la situation de dribbleur poursuivi en 1X0 ou 2X1, il a tiré 4 fois avec un pourcentage de réussite de 25% et fait 5 passes avec un pourcentage de réussite de 80%. L’élève B a fait 2 passes vers l’avant avec 50% de réussite et raté une réception de balle en situation de joueur d’appui. Il a fait 13 passes en soutien avec 54% de réussite. En arrivée en zone de marque, il a raté un tir et réussi une passe. Que signifient ces observations ? L’aspect qualitatif de l’observation permet de s’attacher aux deux premières questions alors que l’aspect quantitatif relève plutôt de la troisième. On couvre donc l’ensemble du problème. Les données sont tellement différentes qu’aucun doute n’est permis. L’élève A est d’un niveau supérieur à l’élève B. Le premier joue vers l’avant bien plus que le second aussi bien en tant que porteur que non porteur. Il se retrouve logiquement plus fréquemment dans la situation de dribbleur poursuivi avec un surnombre offensif à gérer en 1X0 ou 2X1. Comment hiérarchiser tous les élèves d’une classe avec ces observations ? On va, par exemple, multiplier le nombres d’actions par le pourcentage d’efficacité. Indice de progression vers la cible Élève A Elève B 13 x 0.69 = 8.97 2 x 0.50 = 1 4 x 0.75 = 3 total : 17.92 7 x 0.85 = 5.95 Indice d’arrivée en zone de marque 1 x 0.00 = 0 13 x 0.4 = 5.2 Élève A 4 x 0.25 = 1 Élève B 1 x 0.00 = 0 5 x 0.80 = 4 Indice général total : 5 1 x 1.00 = 1 22.92 total : 6.20 total : 1 7.20 122 Chaque élève se voit attribué un chiffre qui est significatif de la valeur de ses actions au regard des objectifs visés. Plus ce chiffre est haut, plus l’élève est haut dans la hiérarchie. La notation Je ne m’attacherai qu’aux modalités combinant les observables qualitatives et qualitatives. 1° L’utilisation simultanée du référentiel comportemental et d’observations quantitatives Concernant le référentiel, il est classique de mettre des fourchettes de notes pour les différents niveaux identifiés. Exemple : Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 De 0pt à 5pts De 5.5pts à 9pts De 9.5pts à 15pts On peut mettre une fourchette de points globalement pour tout un niveau ou différencier pour chaque critère. Dans ce dernier cas, l’élève peut être positionné sur plusieurs niveaux en fonction du critère, il suffira d’additionner les points obtenus. Pour les observations quantitatives, on aboutit obligatoirement à un chiffre (addition de pourcentages par exemple). Le meilleur élève sera celui qui est au plus haut niveau, à la fois, sur les plans qualitatif et quantitatif. On peut donc positionner tous les élèves sur une échelle de notes à l’aide d’un nomogramme mettant en relation les deux types de hiérarchisation. Exemple : L’élève 1 a été classé dans le niveau quantitatif 3 avec une note de 14.5 et son qualitatif l’efficacité de ses actions l’amène à 15 25 20 un score de 15pts1. En joignant les 2 points par une ligne, on aboutit à la élève 1 niveau 3 note de 18/20. La même procédure est réalisée pour 1 chaque élève. 5 élève 2 niveau 2 Commentaires 10 Un certain nombre d’aspects posent 7 élève 3 problème avec le nomogramme et qui relève du choix de l’enseignant. niveau 1 L’espacement des traits sur 0 chaque axe. On comprend 0 5 rapidement qu’en changeant ces espacements, on change les notes. note La position de l’axe des notes par rapport aux deux autres. Plus on déplace vers la droite, plus on valorise le quantitatif et inversement. Dans l’exemple cicontre, il est mis au milieu. La répartition des chiffres sur les axes. Le problème est le même que pour l’espacement des traits2. 2° l’utilisation d’indices significatifs 1 Naturellement, ce chiffre est complètement fictif. Il n’est pas question ici de détailler tous ces aspects. Rendez-vous sur mon site Internet à « Les ressources pédagogiques/Évaluation/Textes généraux/texte 7-la notation ». 2 123 La notation est extrêmement simple puisqu’il suffit de transformer le score obtenu en points. Exemple : Soit les scores suivants : 22.92/21/20/18.5/15/14.5/14/13/12.5/11/10.5/9/8.5/8/7.201 pour reprendre les extrêmes de l’exemple pris plus haut avec les élèves A et B. Le moyen le plus simple est de calculer la moyenne et éventuellement l’écart type 2. Ici nous avons une moyenne de 13.70 et un écart type de 4.97. Je décide ensuite : de faire correspondre la moyenne des scores à la note 11/20, d’accorder la note de 15/20 à la moyenne des scores + l’écart type, d’accorder la note de 7/20 à la moyenne des scores – l’écart type, puis de finir mon barème en créant les notes intermédiaires par des fractions d’écart type. J’obtiens le barème suivant3 : 23.7 21.2 18.7 16.2 13.7 11.2 8.7 6.2 3.7 Moy. + 2 écart type Moy. + 1½ écart type Moy. + 1 écart type Moy. + ½ écart type Moyenne des scores Moy. - ½ écart type Moy. - 1 écart type Moy. - 1½ écart type Moy. - 2 écart type 20 17.5 15 13 11 9 7 4.5 2 Commentaires Au même titre que les problèmes relatifs au nomogramme, tout est question de choix de l’enseignant ou de l’équipe pédagogique. Ici, j’ai choisi : les correspondances indiquées plus haut ; les écarts de points entre chaque « pas » ; d’avoir des écartements égaux pour les scores et fondés sur des ½ écart type. Chaque enseignant d’EPS, comme tout enseignant, est libre de son barème. Si celui qui est construit convient, on le garde, sinon on le change en modifiant les paramètres. Les modalités pratiques de la procédure d’évaluation 1° L’utilisation simultanée du référentiel comportemental et d’observations quantitatives Le positionnement des élèves sur le référentiel comportemental ne peut qu’être du ressort de l’enseignant qui peut le faire en direct durant les dernières séances du cycle et lors de l’évaluation terminale. Dans ce cas de figure, on sait très bien, vers la fin du cycle, qui sont les quelques joueurs qui seront parmi les meilleurs et ceux qui seront parmi les plus faibles. Ceux là ne sont pas difficiles à placer dans la hiérarchie. Il faut se concentrer sur le « ventre mou ». Le positionnement peut se faire en différé à l’aide de la vidéo qui peut justement servir à bien identifier la hiérarchie du ventre mou. Les aspects quantitatifs peuvent se faire en direct, pour tout ou partie, par les élèves à condition que la compétence d’observateur fasse partie des objectifs visés avec l’entraînement qui va de pair. 2° l’utilisation d’indices significatifs Le relevé des actions et de leurs résultats peut se faire entièrement en direct par des élèves de lycée et partiellement par des élèves de collège. C’est l’un des avantages de cette modalité. 1 En principe, le nombre de scores doit être important si une équipe pédagogique fonctionne par niveaux de classe avec un projet commun sur ces niveaux. Il y a plusieurs classes qui ont la même évaluation. Si ce n’est pas le cas, un professeur commencera avec peu de scores et au fur et à mesure de ses cycles avec des classes de même niveau, il cumulera les données. 2 Avec une calculette ou un tableur sur ordinateur naturellement. Je ne reviens pas sur la signification de l’écart type. 3 Totalement fantaisiste. 124 Deuxième exemple : le quatrième cas du niveau lycée (niveau 1) L’objectif est de s’organiser collectivement pour se créer des situations favorables de tir essentiellement proches de la cible en donnant priorité au jeu direct face à une défense qui a réduit son espace d’intervention dans l’espace de marque adverse. La combinaison des observables quantitatives et qualitatives1 On crée d’abord un référentiel comportemental comme celui-ci par exemple : 0 Ne sait que passer la balle à la périphérie et/ou tirer de loin précipitamment. Porteur Non porteur Est constamment centré sur le porteur de balle en attente de celle-ci et/ou se déplace pour l’avoir indépendamment des partenaires et de la cible. 1 2 3 4 5 Sait alterner les différentes actions directes : dribble vers la cible, passe dans la radiale et dans les CJD ainsi que le tir de loin dans des conditions favorables. Est capable d’arrêter un dribble direct et de revenir à la périphérie en cas de besoin afin de recréer de l’espace libre dans sa radiale. Se place, se déplace et se replace en respectant les principes stratégiques définis pour l’équipe. Utilise son CJD ou la radiale pour se démarquer. Utilise les feintes de démarquage. Cette fois-ci, au lieu de mettre des niveaux, j’ai directement mis des points compris entre 0 et 5. Le 0 correspond aux caractéristiques des élèves observées au début du cycle et le 5, les comportements principaux attendus pour les meilleurs élèves. Chaque enseignant peut combler les différentes cases 1,2,3 et 4 si besoin est2 avec des comportements significatifs intermédiaires entre 0 et 5. Les enseignants plus spécialistes de Basket-ball peuvent laisser ce référentiel tel quel et positionner globalement chaque élève entre 0 et 5 en les observant en match. Ensuite, il faut préciser les observables quantitatives, par exemple : tirs de loin ratés et réussis ; tirs proches de la cible ratés et réussis ; Nombre de balles contrôlées ; Nombre de balles perdues ; Nombre de rebonds offensifs. Elles permettent d’obtenir : Le pourcentage de réussite aux tirs proches et lointains ; Un indice global d’activité et d’efficacité (nbre de balles contrôlées + nbre de rebonds offensifs/ balles perdues)3. Il faudra sans doute pondérer le pourcentage de réussite aux tirs car, avec cet exemple, on risque d’obtenir des nombres très disproportionnés. En effet, si on additionne 0.26 et 11, par exemple, le pourcentage d’efficacité aux tirs n’a plus de « poids » dans la valeur du joueur observé. 1 Je ne reviens que sur les modalités me paraissant pertinentes. Il n’est absolument pas nécessaire de remplir toutes les cases. Il est fréquent de voir des enseignants formuler des comportements dans une case intermédiaire alors qu’ils ne s’en serviront pas pour hiérarchiser les élèves. 3 Comme d’habitude, ce ne sont que des propositions. C’est à chaque enseignant ou à chaque équipe pédagogique de choisir les observables et les quantifications qui paraissent les plus pertinentes. 2 125 Il restera, éventuellement, à construire un nomogramme pour mettre en relation les points obtenus avec l’observation qualitative et le nombre obtenu avec l’observation quantitative. L’utilisation d’indices significatifs Il faut donc quantifier des actions significatives. Par exemple : porteur Non porteur Tirs de loin Tirs de près Autres actions directes Actions périphériques +--- ++-- ++--+--++-+--++++ ++++--++-+-+++---+---++-++------++--+---- Étant donné que l’on cherche à faire passer les élèves d’un jeu périphérique à un jeu direct, il semble logique d’observer les actions menées par les joueurs en utilisant les repères spatiaux abordés en cours. Il est rappelé qu’un tir est une action directe puisque orienté vers la cible. Les autres actions directes sont : Pour le porteur : Un dribble vers la cible ; Une passe à un partenaire situé dans la radiale ; Une passe à un partenaire qui se démarque vers la cible dans son CJD. Pour le non porteur : Un démarquage dans la radiale ; Un démarquage vers la cible dans son CJD. Les actions périphériques pour le porteur sont : La passe ; Le dribble. Celles pour le non porteur sont : Un démarquage vers le porteur ou derrière le porteur qui se trouve à la périphérie ; Un démarquage vers la périphérie ou à travers l’espace de jeu effectif. Chaque action significative d’un joueur est inscrite avec son résultat, par exemple : Tir réussi (+), tir raté (-) Passe qui arrive à destination (+), passe ratée (-) Démarquage avec réception de balle (+), sans réception de balle (-) Dribble sans perte de balle (+), avec perte de balle (-) On peut calculer les indices suivants : Nombre total d’actions directes ou pourcentage d’actions directes sur le nombre total d’actions significatif d’une orientation du jeu vers ce qui est visé ; L’efficacité générale en faisant le rapport des actions positives sur le total des actions1. On peut enfin, par exemple, réaliser un nomogramme mettant en relation l’indice de jeu direct et l’indice d’efficacité. Conclusion générale Un outil d’évaluation se construit progressivement à partir de l’identification précise des comportements que l’on peut observer en cours au regard des apprentissages visés. Je pense que l’on ne peut pas séparer ces trois aspects, dans la progression de l’enseignant vers l’expertise. Il me semble que l’on peut concevoir un bon outil d’évaluation quand on maîtrise suffisamment les deux autres points. L’enseignant se perfectionne sur l’un des plans et cela rejaillit sur les deux autres. Il ne faut donc pas être pressé mais tenace. Quand l’outil construit n’apporte pas la satisfaction voulue, on recommence à réfléchir. Le plus simple et le plus pertinent est toujours difficile à trouver. La discussion On peut coefficienter certaines actions qui apparaissent importantes aux yeux de l’enseignant comme compter double ou triple les tirs réussis par exemple. 1 126 avec d’autres collègues permet également d’amener la critique nécessaire au progrès tout en sachant que l’outil parfait n’existe pas. Il faut également démythifier l’évaluation dans le domaine de l’EPS. En effet, depuis le début des années 1980, une multitude de productions ont proposé des outils sous forme de grilles comportementales, de nomogrammes, de calculs avec, c’est le sentiment que j’ai, la volonté d’être « exact » voire « scientifique ». Je comprends que le désir de l’enseignant d’EPS d’être reconnu au sein de l’Éducation Nationale associé à son « complexe de prof de gym » fait qu’il cherche à être plus royaliste que le roi en étant mieux que les enseignants des « disciplines intellectuelles ». Comme on n’a jamais demandé à un enseignant de français ou d’histoire-géographie de justifier ses notes, je ne vois pas pourquoi on rechercherait le « Grall » de l’évaluation qui mettrait l’institution scolaire à nos genoux, d’autant plus que chacun sait ce que deviennent les notes d’EPS en général. Il me semble qu’il s’agit seulement d’être honnête avec soi-même et vis à vis des élèves. Je préfère personnellement que mes élèves sachent ce qu’ils apprennent et pourquoi ils l’apprennent, qu’ils soient hiérarchisés de manière juste au regard des objectifs visés en fin de cycle que de m’évertuer à leur fournir une note au 1/10e près qui ferait rire n’importe quel docimologue. 127 LEXIQUE Dixième partie 128 Alternative - C’est une situation dans laquelle un joueur est confronté à DEUX possibilités. Le dictionnaire précise que confondre le terme alternative et chacune des deux possibilités est une utilisation impropre du terme. Back door - Terme américain signifiant un démarquage direct en passant dans le dos du défenseur (par la porte de derrière). Centration sur la balle - Un joueur centré sur la balle a son activité orientée vers cette dernière. Il s’informe essentiellement, il oriente son corps, il se déplace sur elle et le porteur. Comportement en préparation - Le joueur s’attend à une action d’un joueur (partenaire ou adversaire), éventuellement parmi d’autres actions envisageables, et s’y prépare sur le plan moteur selon différentes modalités1. Lorsque l’action de l’autre joueur démarre effectivement, il peut donc y répondre plus rapidement que s’il ne s’y attendait pas du tout. Comportement en réaction - Dans ce cas, le joueur débute son action en relation avec celle d’un autre joueur (partenaire ou adversaire) lorsque cette dernière a effectivement débuté. Il ne s’y attendait pas et généralement, c’est souvent trop tard pour être efficace. Il ne faut pas confondre avec comportement en préparation. Couloir de jeu direct (CJD) - C’est un couloir fictif qui relie chaque joueur à la cible. Ce couloir est délimité par « deux parallèles distantes de 1m50 à 2m50 selon la taille moyenne des compétiteurs ».Il sert à structurer l’espace du joueur en deux grandes catégories : le couloir de jeu direct et tout ce qui n’est pas ce couloir. Il oriente l’activité perceptive, décisionnelle et motrice du joueur en lui indiquant que ce qui est prioritaire c’est le jeu direct et non le jeu indirect ou périphérique. Il est possible, comme dans cet ouvrage, de distinguer le CJD d’un non porteur et du porteur car les actions qui y sont menées ne sont pas identiques. Le premier garde le nom de CJD et le second est dénommé radiale. Ce dernier terme est une analogie entre le plan de circulation routière d’une grande ville et le « plan de circulation » sur un terrain de Basket-ball. Dans le premier cas, une radiale est une voie qui mène directement du périphérique au centre ville. Il faut remarquer que ces couloirs sont surtout opérants en phase de jeu d’attaque placée. Concernant le jeu qui voit l’affrontement sur tout terrain, ils le sont moins. Cylindre - C’est un espace virtuel autour d’un joueur délimité en avant par la paume des mains et les avant-bras lorsque les membres supérieurs sont fléchis à 90° ainsi que les pointes de pied, en arrière par les fesses et sur les côtés par les bords latéraux des avantbras et des jambes. Ce cylindre n’est pas limité vers le haut. Chaque joueur définit un cylindre par sa position et en est le propriétaire. Si un adversaire vient dans ce cylindre et provoque un contact, il écope d’une faute personnelle. Espace de jeu effectif (EJE) - C’est l’espace occupé à un instant donné par les joueurs sur le terrain. Il est délimité par une ligne joignant les joueurs les plus à la périphérie. On peut distinguer, en cas de besoin, l’EJE offensif et défensif. Espace de marque (zone de marque) - C’est un espace à l’intérieur duquel les joueurs peuvent tirer avec des chances de réussite. Espace intime, proche, lointain - Espaces virtuels relatifs à un joueur. L’espace intime correspond à ce qui l’entoure au plus près, l’espace proche à ce qui est peu éloigné de lui, l’espace lointain tout le reste. Ils sont des repères permettant d’identifier la nature des actes réalisés par le joueur. Flèche - il s’agit de la hauteur entre le sommet de la parabole et le sol. Cette définition est une approximation par rapport au terme géométrique. Flottement défensif - Un défenseur « flotte » lorsque au lieu de rester dans l’espace proche de son adversaire direct, il se rapproche de la radiale afin de réduire un espace dans lequel pourrait s’engouffrer un porteur de balle (dissuasion) ou d’aller aider un partenaire qui se fait déborder par son adversaire direct. 1 Se reporter au site Internet : http://site.voilà.fr/jacques.legrand/lapreparation.htm 129 Gagne-terrain (GT) - Cette appellation est due au fait que l’attaque cherche à s’approcher de la cible, qui est construite par les joueurs à l’inverse de la forme de jeu dite « grappe », pour tirer face à une défense qui cherche à récupérer la balle sur tout le terrain. Cette approche n’est pas facile pour les deux équipes et on a l’impression que la stratégie c’est de gagner du terrain sur l’adversaire. Indice - C’est un élément du jeu qui fourni, soit seul soit en relation avec d’autres, une ou des informations au joueur. Cela peut être l’orientation ou la vitesse d’un déplacement, un geste, l’orientation d’un regard, le placement ou l’évolution des placements de certains joueurs entre eux, la distance ou l’évolution de la distance entre deux ou plusieurs joueurs, la posture d’un adversaire ou d’un partenaire… un ou des éléments combinés du jeu prennent statut d’indices pour un joueur parce qu’il a construit avec l’expérience le lien entre eux et leur signification (lien signifiant/signifié). Incertitude - Elle est de différentes natures sur un terrain de Basket-ball et concerne un joueur en particulier. Par rapport aux actions qui se déroulent, il y a : - l’incertitude événementielle (que va t-il se passer parmi ce que j’envisage ?), - l’incertitude temporelle (ce que j’envisage comme action, quand va t-elle démarrer ?) - l’incertitude spatiale (ce que j’envisage comme action, où va t-elle se produire ?) On peut définir une incertitude relative aux trajectoires (balle et joueurs) : - L’incertitude temporelle (à quel moment va arriver le mobile à un endroit donné ?). - L’incertitude spatiale (à quel endroit va être le mobile à un instant donné ?) Ligne de fond - limite du terrain en largeur. La ligne de touche est la limite en longueur. Ligne de passe, chemin de passe - Ligne fictive qui relie le porteur et un receveur potentiel. Paramétrer, paramétrisation - Ces termes proviennent en particulier de la théorie de SCHMIDT sur le contrôle moteur. Pour faire bref, la réalisation d’un mouvement quelconque est le produit du lancement d’un programme moteur généralisé (le lancer à une main par exemple) et du réglage des paramètres de ce programme en fonction des caractéristiques dans laquelle l’individu est engagé. Cette paramétrisation concerne la force à produire, la vitesse du mouvement, son orientation, son amplitude… Périphérie - C’est le « couloir » qui est la limite extérieure de l’espace de jeu effectif. Pression temporelle - C’est un rapport entre le temps requis et le temps donné. Globalement le temps requis, est le temps nécessaire à un joueur pour effectuer son action. Le temps donné est celui que lui laisse un autre joueur (adversaire ou partenaire) par son action ou que lui laisse les contraintes réglementaires (3’’,5’’,8’’ etc. …). La pression temporelle augmente lorsque, pour un temps requis identique, le temps donné diminue ou que pour un temps donné identique le temps requis augmente. C’est une expression mathématique. Le temps donné est aussi nommé temps disponible ou alloué. Radiale - C’est le couloir de jeu direct du porteur de balle. Rapport de forces - Il s’agit du résultat de la comparaison des forces engagées par un joueur au regard de celles engagées par son adversaire. On peut employer cette expression pour les forces engagées par deux équipes qui s’opposent. Compte tenu de cette définition, je préfère mettre un S au mot force étant donné qu’il est rare de voir une entité (joueur ou équipe) n’engager qu’une seule force dans un duel). Ces forces sont de natures différentes et peuvent concerner les ressources cognitives, motrices et affectives. Rotation défensive - Il s’agit d’un changement de joueurs en défense, généralement réalisé dans le cas d’une aide apportée par l’un d’entre eux à un partenaire qui s’est fait déborder par son adversaire direct. Le joueur qui aide abandonne le marquage de son attaquant qui sera pris en charge par un autre défenseur. Le joueur qui s’est fait déborder s’efforce d’aller prendre en charge un autre joueur. Cette rotation peut concerner deux joueurs ou plus. Vision centrale, vision périphérique - La vision centrale correspond à ce qu’un individu distingue lorsqu’il perçoit nettement la forme des objets, même les plus petits. Par 130 exemple, lorsque l’on regarde un adversaire on peut lire facilement le numéro qu’il porte sur le short. Si la direction du regard s’éloigne un peu de ce numéro, on ne distingue plus le numéro. Le champ visuel dans lequel s’exerce la vision centrale est donc petit. Le reste du champ visuel est du domaine de la vision périphérique. Si cette dernière ne permet pas de distinguer nettement les formes, elle permet de distinguer les couleurs dans un angle assez vaste et surtout les mouvements dans un angle encore plus important (jusqu’à 180° environ). En Basket-ball, la distinction des mouvements est capitale, par contre celle des formes l’est beaucoup moins sauf pour lire le temps restant à jouer ou la marque actuelle. Zone de progression - C’est l’espace compris entre les deux espaces de marque. Zone restrictive - C’est l’espace de jeu réglementaire que l’on appelle toujours « raquette » malgré la disparition, depuis fort longtemps, de la forme qui lui a donné son surnom. On entend maintenant de plus en plus souvent le terme de « peinture », simple traduction du terme américain « paint ». Cette dernière dénomination vient du fait que la zone restrictive est de plus en plus peinte en couleur voire le support de publicités.