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A la Sorbonne aussi, il a passé sa licence ès sciences naturelles avec des
enseignants comme Louis Lapicque, ou le néo-lamarckien Albert Dastre, un ami
du père de Piéron, puis il a travaillé au laboratoire de physiologie de Dastre qui
lui a transmis alors son néo-lamarckisme. Il a effectué, pour son doctorat es-
sciences naturelles, des recherches qui l’ont rendu mondialement célèbre, sur la
physiologie du sommeil, à l’asile de Villejuif, chez Edouard Toulouse, là où il
avait trouvé un lieu propice à ses études sur le sommeil… chez le chien. Piéron
n’eut jamais d’enfants, il eut des chiens, et comme il l’écrit, sa femme et lui
consacrèrent toute leur vie à ses recherches à lui, et à leurs chiens. A Villejuif,
Piéron à votre âge était connu comme celui qui promenait des chiens autour de
l’asile, non par lubie, mais pour fatiguer ses chiens, pour les empêcher de dormir ;
dès qu’ils n’en pouvaient plus, Piéron prélevait du liquide céphalo-rachidien de
ces chiens fatigués, et l’injectait dans le cerveau de chiens frais et dispos, qui
s’endormaient aussitôt. Piéron proposa donc l’hypothèse que si l’on dormait, c’est
parce que l’activité de veille accumule dans le cerveau des hypnotoxines. Cette
hypothèse connut des sorts différents au cours du 20è siècle, mais les spécialistes
du sommeil ne manquent jamais encore aujourd’hui de citer les travaux de
Piéron.
Piéron donna également des cours dans la Sorbonne, des cours de
physiologie des sensations, mais pendant deux années universitaires seulement,
entre 1921 et 1923, parce qu’à cette date, il devient à 42 ans professeur au
Collège de France, où une chaire est créée pour lui, de physiologie des sensations
justement.