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Magali AUTET
Psychologue clinicienne
I.F.S.I. Neufchâteau
oct-nov 2010
Sciences humaines : Le développement psycho-affectif et intellectuel
de l’enfant et de l’adolescent.
1- Introduction à la psychologie de l’enfant :
1-1 Les deux courants fondamentaux :
a - L’approche psychanalytique : le développement psycho-affectif de l’enfant.
b - La psychologie génétique : le développement intellectuel de l’enfant.
2- L’enfant de la naissance à 2-3 ans :
2-1 De sa conception à sa naissance :
2-2 Son développement psycho-affectif :
2-3 Son développement intellectuel et moteur :
3- L’enfant de deux-trois ans à 6-7 ans :
3-1 Son développement psycho-affectif de 3 à 6 ans.
3-2 Son développement intellectuel de 2 à 7 ans.
4- L’enfant de 6 à 12 ans :
4-1 Son développement psycho-affectif de 6 à 12 ans :
4-2 Son développement intellectuel de 6 à 12 ans :
5- La période pubertaire et l’adolescence :
5-1 Le développement psycho-affectif de l’adolescent :
5-2 Le développement intellectuel de l’adolescent.
6- Conclusion :
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1-Introduction :
Pour parler et introduire les maladies mentales et les troubles psychiques, il faut avant
tout parler du fonctionnement mental, du psychisme en dehors de la pathologie, à
savoir : comment se construit-il ? Comment naît-il et se développe -t- il ?
Psychisme = structure psychique qui définit les mécanismes privilégiés de l’activité
psychique d’un individu, sa manière d’établir les relations et d’appréhender les
conflits.
La psychologie de l’enfant est née au départ pour répondre aux besoins de l’adulte et
non à ceux de l’enfant.
Sigmund FREUD (né en Autriche, 1856-1939) qui est dans ce domaine un précurseur
a commencé à s’intéresser à l’enfance et à la petite enfance parce-que ses patients s’y
référaient.
Par la suite, J. PIAGET (né en Suisse, 1896-1980) s’intéresse à l’enfant non pour
lui-même mais pour expliquer la formation de la pensée, les origines et l’évolution
des connaissances de l’être humain.
1-1 les deux courants fondamentaux :
a- L’approche psychanalytique : le développement psycho affectif (et sexuel) de
l’enfant :
L’approche Freudienne permet de comprendre comment l’enfant éprouve et ressent.
Sa théorie est basée sur la théorie des pulsions. Comment l’énergie psychique
s’organise selon des stades appelés stades de la libido.
b- La psychologie génétique :
La démarche de Piaget se veut épistémologique (analyse du développement de la
connaissance chez l‘enfant), c’est une théorie constructiviste qui implique donc une
évolution.
2- L’enfant de la naissance à 2-3ans :
2-1 De sa conception à sa naissance :
« Tout passage de la vie fœtale à la vie aérienne est en soi un traumatisme »
L’adulte ne conserve aucune trace consciente de ses neuf mois de vie prénatale, ni de
sa naissance. Cela amène un certain nombre de scientifiques à penser que cette
période n’a pas d’effet sur le développement de l’individu mais en psychologie, elle
est prise en considération.
Ainsi, plusieurs méthodes se basent sur les aspects psycho-affectifs de la vie prénatale
et de la naissance comme l’haptonomie, le rebirth, la théorie du lien télépathique
entre la mère et le fœtus de Françoise Dolto…
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2-2 Son développement psycho-affectif :
L’enfant naît inachevé, il est immature physiquement, psychiquement et se situe dans
une symbiose affective qui le contraint à dépendre de son entourage et surtout de sa
maman. Pour des raisons naturelles (la gestation), le bébé s’attache en premier lieu à
sa génitrice. La fonction de la mère est vitale pour lui (elle le nourrit quand il faut, le
met à l’abri des agressions extérieures, l’enveloppe d’une présence, d’une protection,
d’une attention, elle est comme « une double peau », une enveloppe provisoire qui
forme « un écran » pour l’enfant. La mère suffisamment bonne est en adéquation avec
les besoins de son enfant et sert de transition entre son enfant et le monde. C’est-ce
qui peut faire défaut chez une maman psychotique.
La première année de la vie est très riche de transformations, elle est primordiale au
niveau de la structuration de la personnalité et de la structuration du Moi, et du nonMoi.
A l’origine, le nourrisson n’a pas de Moi (siège des identifications et du
narcissisme), c’est-à-dire qu’il ne distingue pas sa mère de lui-même, qu’ils sont pour
lui, confondus. C’est par les sensations corporelles (entre les tensions et les
apaisements) que l’enfant va apprendre à connaître le monde.
- Entre 0 et 5 mois, lorsque sa mère ( ou sa figure principale d’attachement) n’est pas
là, c’est qu’elle n’existe plus et cela génère des angoisses terrifiantes. D’où
l’importance de ne pas exposer un nourrisson de moins de 6 mois à une absence
prolongée (plusieurs jours) avec sa figure d’attachement.
- De 5-6 mois à environ un an : période de dépendance relative. L’enfant apprend à se
séparer psychiquement de sa mère, progressivement.
Se sentant sécurisé affectivement, il est confiant et plus à l’aise pour s’ouvrir
socialement et explorer le monde.
Selon la théorie Freudienne, la première année de l’enfant est caractérisée par le stade
oral.
C’est en explorant avec sa bouche que le bébé entre en communication avec le monde
et les autres.
La région buccale est surinvestie et surstimulée, définie comme zone érogène. La
succion est d’abord un réflexe qui permet d’apaiser la faim puis peu à peu se constitue
un plaisir oral qui deviendra indépendant du fait de se nourrir.
Quand la mère parle, caresse, regarde, embrasse son enfant en le nourrissant, elle
apporte une dimension affective à l’acte nutritif.
Les pulsions orales ne disparaissent pas entièrement à la fin de la 1ère année. L’enfant
entre progressivement dans le stade suivant mais ne renonce pas entièrement aux
plaisirs oraux, ils deviennent seulement secondaires.
Selon Jacques Lacan la relation entre l’enfant et son reflet dans le miroir a contribué
à comprendre la formation de l’identité chez l’enfant. Le stade du miroir renvoie ainsi
au processus d’individuation. Il commence vers 6 mois et se termine vers 18 mois.
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Le second stade selon Freud qui caractérise la période de 1 à 3 ans chez l’enfant est
le stade anal .
A ce stade l’enfant investi progressivement la région anale de son corps.
Ainsi à la fin de la première année, il va s’intéresser davantage à son autonomie
motrice. Il apprend à marcher, veut explorer le monde mais prend aussi conscience du
fonctionnement de son corps et de sa capacité à retenir ou à expulser ses fèces, son
urine. Il passe ainsi de la passivité à l’activité en ce qui concerne le contrôle des
sphincters.
Ce stade est souvent appelé stade sadique-anal car à cette période émerge les pulsions
sadiques avec tendances destructrices particulièrement marquées entre 2 et 3 ans.
L’apprentissage de la propreté est pour Freud l’élément le plus déterminant pour la
structuration psychique.
2-3 Son développement intellectuel et moteur :
Pour Piaget la période qui s’étend de la naissance à 2 ans est marquée par un
développement mental impressionnant mais que l’on évalue mal du fait qu’il y a
encore peu de langage.
- De 0 à 2 ans, le stade sensori-moteur : Cette intelligence sensori-motrice permet la
résolution de problèmes pratiques. Elle est sans représentation mentale donc sans
concept et sans véritable langage. Le tout petit va apprendre par essais-erreurs et c’est
la répétition des actes qui va permettre progressivement à l’enfant de faire un lien
entre une cause et un effet.
Les principales acquisitions du stade sensori-moteur sont :
- L’objet, le bébé passe d’une activité centrée sur lui-même à une activité dirigée vers
des objets « autres que lui ». Reconnaître l’objet comme autonome et ayant une
existence propre en dehors du sujet constitue un progrès énorme ayant des
implications intellectuelles considérables. L’individuation est bien amorcée.
- L’espace, entre la naissance à 2 ans, l’enfant passe d’une perception morcellée à une
perception unifiée. Ses impressions sensorielles qui sont au départ séparées les unes
des autres, se coordonnent progressivement. Il peut ainsi, associer plusieurs ressentis.
- La causalité, chez l’enfant de moins de 12 mois. Piaget parle de causalité magique
car l’enfant croit que son action produit à distance, un résultat.
3- L’enfant de 2-3 ans à 6-7 ans :
3-1 Son développement psycho affectif de 3 à 6-7 ans :
A cette période, le champ relationnel de l’enfant s’élargit considérablement. A partir
de là, le rôle du père devient plus important en ce qui concerne sa structuration
psychique et sa socialisation. C’est la période des complexes (d’Œdipe, d’Electre), le
renoncement définitif à la toute-puissance avec l’intégration des limites.
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Le stade phallique (de 3 ans à environ 7 ans) :
Durant ce stade, les organes génitaux deviennent les zones érogènes prédominantes.
La caractéristique principale ici est la curiosité sur la notion sexuelle manifestée par
l’enfant. Si l’enfant n’a pas les réponses à ses questionnements, il élabore lui-même
des explications. Même quand il en a, l’enfant n’a pas encore complètement les
capacités psychiques et intellectuelles pour intégrer correctement les réponses.
L’autre caractéristique essentielle est la différence des sexes. Jusqu’à environ 3-4 ans,
l’enfant ne réalise pas la différence des sexes, lorsqu’il s’en rend compte, il est
perturbé par cette découverte. Il s’aperçoit de la différence anatomique avant cet âge
mais ne la reconnaît pas. C’est au cours de ce stade qu’il l’intègre et renonce à la
toute- puissance puisqu’il ne peut être à la fois une fille et un garçon mais une fille
ou un garçon
En acceptant son identité sexuelle, l’enfant parvient aussi au complexe de castration
(crainte d’être châtrée chez le garçon et envie d’avoir un pénis chez la fille).
A ce stade, la mère apparaît pour son enfant comme un « objet d’amour», il y a une
véritable relation à l’autre, « d’être à être érotisé » entre mère et enfant alors qu’avant
il n’y avait que « autoérotisme » .
L’enfant va connaître ensuite le complexe d’Œdipe. Sa situation duelle mère/enfant va
devenir triangulaire (dans la mythologie grecque, il est prédit à Jocaste et Laïos que
leur enfant devenu adulte tuera son père et épousera sa mère. Ils décident donc de
l’abandonner pour contrer la prophétie. Œdipe grandit et apprend la prédiction, il
quitte alors ses parents adoptifs qu’il pense être de véritables géniteurs. Sur son
chemin il croise Laïos, ils ont une altercation. Œdipe le tue en ignorant qu’il est son
père. Il continue son voyage et rencontre Jocaste une veuve et l’épouse).
Le complexe d’Œdipe résume 2 points : le désir inconscient de l’enfant pour son
parent de sexe opposé, le désir conjugué à l’hostilité pour le parent de même sexe. Il
s’agit d’un symbole qui vient signifier le conflit entre parents et enfants, basé sur un
désir interdit (l’enfant éprouve du désir pour le parent de sexe opposé et ressent de la
rivalité pour le parent de même sexe). Les désirs Oedipiens doivent rester des désirs,
il ne doit pas y avoir satisfaction et c’est ainsi que l’enfant intègre l’interdit de
l’inceste.
Il découvre ainsi la complexité des sentiments et des choses, il aime et déteste ses
parents et découvre que pour vivre, il faut composer avec son désir, savoir parfois y
renoncer, attendre et tenir compte des autres et des circonstances.
En intégrant l’interdit de l’inceste, l’enfant intègre qu’il doit chercher un objet
d’amour ailleurs que dans la sphère familiale.
La faillite de la résolution du complexe d’Œdipe se produit quand il y a une séduction
réelle vis-à-vis de l’enfant laissant entrevoir qu’il peut être l’objet de désir sexuel pour
l’adulte et concrétiser son désir ou quand il y a interdiction familiale de tout désir,
tabou de la sexualité, du plaisir amenant à un surmoi (siège des interdits) trop
exigeant, angoisse et culpabilité vis-à-vis des désirs sexuels.
Selon Freud, c’est à partir de l’interdit de l’inceste que l’enfant intègre tous les autres
interdits. L’enfant se rend compte que son désir n’est pas tout-puissant. A ce moment,
il accède à la véritable dimension du désir (tout ce qui va vers l’élan de vie), celle qui
est structurée par le manque. C’est le manque, l’absence de plénitude qui fait désirer.
C’est le père en tant que tiers séparateur dans la relation mère/enfant qui fait barrage
au désir tout-puissant et introduit l’enfant dans l’ordre du social et de la loi.
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3-2 Son développement intellectuel de 2 à 7 ans :
A cette période 3 étapes pour affirmer son identité : La période d’opposition, vers 3-4
ans, la période de séduction vers 4-5 ans, la période d’imitation vers 5-6 ans.
La pensée pré-opératoire :
A la fin de la période sensori-motrice vers un à deux ans, l’enfant a acquis une
expérience suffisante (gestes, déplacements, marche, paroles) pour que ses imitations
généralisées deviennent des imitations différées.
La période préopératoire est essentiellement caractérisée par l’égocentrisme de la
pensée. Cela ne signifie pas qu’il est égoïste et manque de générosité. C’est surtout
que c’est son point de vue qui prédomine, il ne peut pas faire de l’empathie et se
mettre à la place de l’autre.
Il devient capable de se représenter des situations en jouant à faire semblant de…
L’enfant peut construire une représentation mentale et l’imitation n’est plus
seulement différée mais intériorisée. A ce stade, l’enfant utilise des symboles pour
jouer, parler (le jeu symbolique en revivant des scènes, correspondance entre le dessin
qui symbolise l’image mentale à un moment précis).
Sa représentation du monde est très personnelle (animisme : croyance que les choses
sont vivantes et animées d’intention ; artificialisme : croyance que tout ce qui existe a
été crée par l’homme ; finalisme : croyance que tout phénomène a une explication).
A ce stade, l’enfant a un respect inné pour l’adulte ou le plus grand même si ce n’est
pas mutuel. Il déforme la réalité ce qui peut être pris pour un mensonge alors qu’il n’y
a pas le désir de tromper.
4 - L’enfant de 6 à 12 ans :
4-1 - Son développement psycho-affectif de 6 à 12 ans :
C’est surtout sur le plan de la pensée que l’enfant se développe entre 6 et 12 ans car
les fondations de la vie affective se sont construites précédemment.
Le développement est plus compact car il est constitué d’une phase unique appelée
phase de latence : c’est une période classiquement a-conflictuelle, se situant entre 7
et 12 ans. Elle survient progressivement à la fin de la période oedipienne.
L’issue du complexe d’Œdipe s’effectue par l’identification (l’enfant voudra
ressembler à son papa ou sa maman pour plus tard avoir un amoureux ou une
amoureuse comme le parent de sexe opposé). Il apprend ainsi à différer son désir, à
attendre.
C’est la période dite de latence car il abandonne provisoirement les problématiques
relatives à la sexualité grâce à un travail de refoulement pour se tourner vers de
nouveaux intérêts : activités intellectuelles, sportives, connaissances scolaires, extrascolaires, musique, au travers du mécanisme de défense qu’on appelle la sublimation
(aptitude à échanger un but initial sexuel contre un autre but non sexuel).
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L’enfant ne perd pas tout intérêt pour le corps et le sexe, il s’en préoccupe encore
mais de manière différente qu’auparavant (les enfants parlent de sexe entre eux mais
moins à l’adulte, utilisent un langage grossier ou un langage pudibond pour en parler,
ce qui révèle une gêne).
En même temps qu’il intègre l’interdit de l’inceste, il assimile les valeurs morales et
idéales.
Les parents restent les figures d’attachement principales mais l’enfant développe ses
intérêts vers une extension familiale, il s’ouvre au monde extérieur. Le déplacement
des conflits primitifs sur des substituts des images parentales va concourir grandement
à la liquidation du complexe d’Œdipe.
Durant cette phase, on observe une relative obsessionnalisation de la personnalité. Les
tendances obsessionnelles reposent sur la mise en place de formations réactionnelles
(dégoût, pudeur..) qui vont permettre à l’enfant de se dégager peu à peu des conflits
sexuels de la période précédente. A ce moment apparaissent davantage les sentiments
de tendresse, de dévotion et de respect envers les images parentales.
Freud l’a décrit comme une période de latence car c’est une période moins
conflictuelle si tout s’est bien passé auparavant.
4-2 Son développement intellectuel de 6 à 12 ans :
A la fin de la période préopératoire (7-8 ans) l’imitation, le jeu symbolique, le dessin,
l’image mentale, le langage ont été de précieux outils pour exprimer la pensée et pour
préparer l’enfant à une meilleure représentation du monde réel.
Comme lors de la phase précédente, les acquisitions intellectuelles ont un
retentissement important au niveau psychoaffectif car elles agissent sur la
socialisation (les monologues remplacent le dialogue) et les jugements moraux
(apparition de nouvelles valeurs : respect mutuel, justice, volonté).
Ce stade est celui des opérations concrètes :
A ce stade, l’enfant passe de l’action à l’opération. L’enfant parvient à structurer ses
représentations de façon stable et invariable. On dit qu’il acquiert les notions de
réversibilité, de conservation et d’invariant.
- conservation de la quantité (7-8 ans)
- conservation du poids (9-10 ans)
- conservation du volume (11-12 ans)
La réversibilité se retrouve dans les acquisitions des conservations de la quantité, du
poids et du volume.
Le langage va permettre à l’enfant d’évoquer et e communiquer ses représentations.
(langage verbal et gestes, jeux symboliques).
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La diminution de l’égocentrisme (tenir compte de l’opinion des autres) permet à
l’enfant, l’apparition de la concentration individuelle et de la collaboration dans les
activités communes.
Il intègre la logique, la déduction et la rationalité, il se réfère de moins à moins à des
croyances.
L’enfant utilise la réflexion à partir de 7ans et n’affirme plus sans argumenter.
Le raisonnement transductif est remplacé par un raisonnement déductif (conçoit que
quand les choses sont liées dans le temps, elles ne sont pas forcement liées dans leur
cause).
Grâce à l’intellect, les sentiments moraux se développent et apparaît le respect mutuel.
C’est un respect qui n’est plus généré par la reconnaissance de l’autorité ou du
pouvoir mais qui est inhérent à la reconnaissance de la valeur propre de chaque
individu.
A ce stade, l’enfant apprend toujours beaucoup par le jeu et ce qui change c’est
l’introduction de jeux de règles (billes, marelle) qui se transmettent socialement
d’enfant à enfant et augmentent donc d’importance avec le progrès de la vie sociale de
l’enfant.
5 - La période pubertaire et l’adolescence :
5-1 Le développement psychoaffectif de l’adolescent :
La préadolescence et l’adolescence représente une période charnière mais dont les
frontières sont approximatives au niveau temporel (entre 11 et 13 ans et 18-20 ans
selon les individus).
Cette indétermination est fonction de l’âge de puberté pour l’entrée en adolescence et
pour déterminer le moment de rupture avec cette période, on tient compte du fait que
les jeunes restent plus longtemps chez leurs parents.
C’est une période de conflits, de contradictions, de désarroi psychique au cours de
laquelle, l’équilibre affectif atteint au cours de la période de latence est bouleversé par
l’avènement de la maturité génitale. La puberté vient modifier le fonctionnement du
corps et l’image que le préadolescent se faisait de son corps. La problématique
sexuelle est réactivée par les manifestations pubertaires.
Les transformations pubertaires se font rapidement et il y a décalage de rythme
d’adaptation entre corps et psychisme, ce qui est éprouvant pour l’adolescent (cherche
à dissimuler les changements sous des vêtements amples).
C’est une période sensible où il faut que l’entourage préserve la susceptibilité du
préadolescent afin de ne pas contrarier le processus d’acceptation de son nouveau
corps qui est souvent déjà difficile (éviter moqueries, taquineries et dévalorisation sur
son physique).
Sur le plan théorique, tous les stades précédents sont réactualisés et l’organisation
psychique se remanie. C’est plus particulièrement le conflit oedipien qui est remis en
cause et qui modifie les relations avec l’entourage familial et extra-familial où
s’entremêlent : agressivité, amour, ambivalence, provocation.
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L’indépendance vis-à-vis du parent est revendiquée et crainte à la fois, c’est une
nouvelle phase de séparation/individuation où l’enfant est encore dépendant alors
qu’il a acquis une autonomie réelle. Il va donc vivre plus ou moins bien les
contraintes du milieu familial, d’où naissance de conflits par besoin d’affirmation et
de séparation.
C’est l’âge de la quête identitaire où les préoccupations narcissiques sont au premier
plan.
La puberté vient bouleverser la volonté de gommer les différences corporelles qui
prennent place à ce stade en accentuant la féminité et la masculinité et contraint
l’adolescent à intégrer son identité sexuelle.
Il doit aussi renoncer à être les deux à la fois d’où réactivation du stade phallique où il
doit y avoir renoncement de la toute-puissance.
L’adolescent subit aussi des transformations psychoaffectives dues à l’apparition de
nouvelles sensations et de nouveaux désirs. Pour lutter contre ses pulsions, il recourt à
des moyens de défense qui l’aide à surmonter ses pulsions libidinales qu’il perçoit
comme menaçantes et dangereuses. Les deux défenses typiques sont :
- L’ascétisme : rejet des satisfactions et des plaisirs.
- L’intellectualisation : attrait pour les discours sur els grandes théories.
Ces deux défenses ont pour but de mettre à distance leurs affects déstabilisants.
L’adolescent retraverse tous les stades de la petite enfance ce qui permet un
remaniement de sa personnalité. C’est une manière de se réfugier dans son passé et
montre un désir régressif par crainte de quitter le monde de l’enfance.
Le stade oral qui s’exprime dans le rapport spécifique et problématique à la
nourriture, se manifeste aussi dans le fait de commencer à fumer, dans l’attrait pour
les grands discours.
Le stade anal, transparaît dans le refus de se laver ou dans le port de vêtements sales
ou déchirés, dans la grossièreté du langage, dans le fait de s’opposer à l’autorité, à se
rebeller.
Il y a ambivalence dans les rapports avec les parents, il aspire à être autonome mais
attend une protection et de l’affection sans le formuler. La crise adolescente est plus
ou moins violente selon les individus et leur vécu.
Devenir adulte c’est renoncer à un attachement exclusif aux parents pour pouvoir
investir des relations affectives extérieures.
Les parents doivent trouver un équilibre difficile entre présence affective et un
« lâcher-prise ». La meilleure réponse des parents est de survivre aux attaques de leur
enfant en trouvant un juste milieu entre la conciliation et le maintien des principes
auxquels ils tiennent le plus. S’obstiner dans une autorité rigide, c’est attiser les
conflits. Démissionner dans l’éducation renvoie à abandonner l’adolescent et peut lui
donner le sentiment culpabilisant qu’il a supprimé ses parents (dans leur rôle).
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5-2 Le développement intellectuel de l’adolescent :
Depuis 11-12 ans et jusqu’à environ 16 ans, l’adolescent entre dans le stade des
opérations formelles selon Piaget.
Ce stade signifie que la réflexion peut porter sur des abstractions.
Les opérations formelles induisent que l’adolescent ne raisonne plus seulement sur
des éléments concrets mais qu’il peut émettre des hypothèses et faire des déductions
(Piaget l’appelle la pensée hypothético-déductive).
La capacité d’abstraction exalte l’ado. qui découvre les ressources immenses de son
intellect et de son imaginaire. La découverte de ses nouvelles potentialités
intellectuelles le pousse à mentaliser et à idéaliser.
L’exaltation de la conscience de ses ressources intellectuelles fait que l’adolescent est
plus souvent dans le monde de ses pensées que dans celui de la réalité. Cela provoque
un sentiment d’orgueil et il se comporte comme s’il savait tout mieux que les autres.
Cette attitude a conduit Piaget à parler d’égocentrisme même si cette forme n’est pas
la même que celle du jeune enfant. L’adolescent tient compte de l’opinion de l’autre
mais a tendance à penser que ses théories sont supérieures à celles des autres.
L’égocentrisme induit un paradoxe classique à cette période : l’envie de changer le
monde (projet altruiste) tout en jouant un rôle essentiel (projet égocentrique).
L’adolescent est convaincu qu’il fera mieux que ses aînés qu’il trouve trop lâches ou
moralisateurs. C’est une ambition noble et génératrice d’objectifs élevés. La critique
et le désir de changer le monde sont pour Piaget une fonction déterminante car
l’absence d’idéaux chez un adolescent peut être le signe qu’il n’a pas dépassé un
stade antérieur ou qu’il a mûri prématurément. Même si les projets ne sont pas
réalisables, ils donnent une impulsion créative dans la vie adulte. Même si les projets
sont réalisables, ils donnent une impulsion créative dans la vie adulte et préparent
positivement l’adolescent à l’adulte qu’il sera…
6- Conclusion :
L’adolescence est donc une phase transitoire et une période difficile mais à l’issue de
laquelle, l’essentiel de la personnalité est définie, où le Moi est bien individualisé et
va s’enrichir au cours de la vie adulte.
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