DOCUMENT INTERNE F_CES6097-2007_DOC

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1ère réunion de la Table ronde UE-Chine
DISCOURS
par
M. Dimitris DIMITRIADIS
Coprésident de la Table ronde UE-Chine
Président du Comité économique et social européen
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Pékin, Chine, le 22 juin 2007
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Fiche CESE 6097/2007 EN-JMT/CH/mc
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FR
-1Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très honoré de me trouver parmi vous à l'occasion de la première réunion de la Table ronde UEChine de la société civile. C'est une grande chance pour moi d'assurer, pendant le mandat en cours, la
présidence du Comité économique et social européen et, par conséquent, d'être également le premier
coprésident européen de cette nouvelle table ronde.
Je suis particulièrement heureux de partager la présidence avec le Président Wang Zhongyu, un
dirigeant expérimenté et considéré en Chine.
Je voudrais toutefois commencer par formuler quelques observations sur votre pays fascinant. Étant un
homme d'affaires, les chiffres sont importants à mes yeux. Ils le sont d'autant plus quand ils
concernent l'économie. Je souhaiterais vous rappeler que la transformation économique dont nous
sommes les témoins en Chine est la plus rapide que le monde ait jamais connue. Depuis deux
décennies, le taux de croissance annuel de l'économie chinoise tourne autour de 9% et sa part du PIB
mondial a été multipliée par dix. Cette réalité a fait émerger la Chine au cœur de l'économie mondiale
et du système commercial international.
Actuellement, ce pays soude plus d'acier, coule plus de béton et consomme plus de charbon que
n'importe quel autre pays du monde. Il y a vingt ans, l'Europe n'avait pratiquement pas d'échanges
commerciaux avec la Chine. Aujourd'hui, la Chine est le plus important exportateur de biens
manufacturés vers l'Europe. D'ici la fin de la décennie, elle sera le plus grand exportateur au monde.
Si cette transformation est impressionnante, elle n'est pas sans danger et pourrait générer certaines
tensions tant au niveau international qu'à l'intérieur du pays. C'est pourquoi nous croyons à la nécessité
de développer un dialogue à tous les niveaux entre la Chine et ses partenaires d'une part, et au seinmême du pays d'autre part. Dans ce contexte, la création de notre table ronde constitue un pas
important dans la bonne direction.
Je n'aurai pas la prétention de comparer le rythme du développement de notre dialogue à la célérité de
l'essor économique chinois mais j'estime que nous pouvons être fiers du chemin que nous avons
parcouru. Permettez-moi de vous rappeler que nos premiers contacts officiels ont eu lieu en 2002,
quand le Président Frerichs s'est rendu en Chine à la tête d'une délégation du CESE. Je me rappelle
très bien cette visite, étant à l'époque un jeune corapporteur de l'avis que nous étions en train d'élaborer
sur les relations entre l'UE et la Chine. C'est dans ce contexte que nos présidents ont signé une
déclaration exprimant la volonté des deux parties "d'engager des consultations, un dialogue et des
recherches sur les questions économiques et sociales d'intérêt commun ainsi que sur les questions
liées aux droits de l'homme et à l'État de droit".
Nous avons alors mis en place une bonne relation de travail et conclu en 2005 un accord additionnel
demandant une intensification des relations et l'organisation d'un sommet UE-Chine en vue de créer
une table ronde bilatérale de la société civile.
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-2Nous avons été entendus. Comme vous le savez, La déclaration commune adoptée à l'issue du
neuvième sommet UE-Chine établit que:
"Les dirigeants sont d'avis que les échanges et la coopération entre le Conseil économique et
social chinois (CESC) et le Comité économique et social européen (CESE) font partie
intégrante des relations entre la Chine et l'Union européenne. À cet égard, et afin de renforcer
les liens existants, ils approuvent et encouragent la mise en place d'une table ronde visant à
enrichir et développer le partenariat stratégique global entre l'Union européenne et la Chine".
Et nous voici aujourd'hui confrontés au défi exaltant de nous rencontrer deux fois par an afin de
discuter de questions cruciales pour les relations entre l'Union européenne et la Chine. Je ne m'attends
pas à ce que notre tâche soit aisée. Nous devons apprendre à nous connaître et développer une
meilleure compréhension mutuelle. La discussion que nous avons eue sur les termes de références de
cette table ronde est révélatrice des difficultés qui paveront notre route. Mais c'est à nous qu'il
appartient de vaincre ces difficultés, de développer une relation de travail basée sur la confiance et de
contribuer de manière utile aux relations entre l'UE et la Chine.
En fait, notre table ronde voit le jour fort à propos. Comme vous le savez, la commissaire FerreroWaldner est venue à Pékin en janvier dernier pour lancer des négociations en vue d'un nouvel Accord
de partenariat et de coopération entre l'Union européenne et la Chine. Ce nouvel APC concernera tous
les aspects des relations bilatérales, y compris une coopération renforcée dans les questions de nature
politique.
Comme l'a très bien dit Mme Ferrero-Waldner: "Il y a vingt ans, l'UE et la Chine étaient des
partenaires commerciaux. Aujourd'hui, nous sommes des partenaires stratégiques impliqués dans une
très large éventail d'activités de coopération".
Je pense que notre table ronde a un rôle important à jouer dans ce contexte. Nous suivrons très
attentivement ces négociations et présenterons des contributions riches de notre expertise commune.
Et c'est déjà ce que nous sommes en train de faire aujourd'hui en abordant les deux questions du
développement durable et du changement climatique.
Comme vous le savez, la question du développement durable a été largement débattue lors de deux
conférences internationales qui se sont tenues à Rio de Janeiro, en 1992, et à Johannesburg, en 2002.
La conférence de Johannesburg a adopté une déclaration finale remarquable et très ambitieuse mais il
nous faut reconnaître que sa mise en œuvre et son suivi doivent encore être améliorés. En Europe,
nous prenons cette question très au sérieux et notre Comité a créé un Observatoire du développement
durable qui a pour mission de suivre les politiques européennes de ce point de vue.
Je sais qu'en Chine, vous êtes également très attentifs à cette question, bien que vous préfériez utiliser
les termes "développement harmonieux". Les décideurs politiques et dirigeants du pays ont à plusieurs
reprises reconnu que la rapide mutation économique de la Chine entraîne des défis sociaux et
environnementaux de grande ampleur.
C'est pourquoi j'aspire à notre échange de vues sur cette question, étant donné qu'elle concerne
principalement les citoyens et la société civile.
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-3-
C'est également le cas du second sujet à l'ordre du jour de notre rencontre: le changement climatique.
J'ai expressément demandé qu'il figure à l'ordre du jour de notre première réunion. J'ai fait de cette
problématique la priorité de ma présidence car je m'associe à tous ceux qui considèrent que le
changement climatique représente le plus grand défi auquel l'Union européenne et la planète entière
devront faire face au cours des prochaines années et décennies.
Le changement climatique aura notamment des conséquences - dont l'ampleur exacte reste cependant
sujette à débat - sur les infrastructures, l'approvisionnement énergétique, l'agriculture, la sylviculture et
la pêche, l'industrie, la qualité de l'air, l'utilisation des ressources hydriques et la santé.
Je suis convaincu de la nécessité pour l'Union européenne de développer sa coopération avec le plus
grand nombre possible de pays et plus particulièrement avec les pays émergeants. Le changement
climatique est, par définition, une question internationale dont il convient de débattre avec nos
partenaires. La Chine figure certainement parmi les principaux partenaires avec lesquels nous devons
mener ces discussions. Un pays qui construit chaque semaine une nouvelle centrale au charbon a
clairement un rôle à jouer à l'échelle du monde dans la lutte contre le changement climatique. Un pays
dont les besoins énormes en énergie déterminent la géopolitique de l'Asie et génèrent des retombées
jusqu'en Afrique se doit de prendre part au dialogue mondial sur l'approvisionnement énergétique et le
développement durable.
Je sais que la Chine souhaite contribuer à lutter contre le changement climatique. Vos dirigeants l'ont
encore affirmé clairement quelques jours avant le sommet du G8 en Allemagne.
Nous avons donc des intérêts et des responsabilités communes dans cette lutte, et notamment en ce qui
concerne l'assurance de la sécurité et de la durabilité de l'approvisionnement énergétique,
l'amélioration de l'efficacité et la réduction de l'impact de la production énergétique. Il existe un
dialogue déjà bien avancé entre la Chine et l'UE sur la question. Cependant, je sais aussi que nos
points de vue divergent et que nous devons en discuter ouvertement et de manière approfondie.
La Table ronde est capable, disposée et désireuse de contribuer à ce débat. Nos membres sont des
experts, des praticiens disposant tous d'une expertise de terrain utile.
Mesdames et Messieurs, permettez-moi d'exprimer à nouveau ma satisfaction de me trouver parmi
vous aujourd'hui. Je souhaite que notre table ronde soit une réussite et devienne un élément essentiel
dans le cadre des relations entre l'UE et la Chine. J'espère que nous développerons notre
compréhension et notre connaissance mutuelles et que nous discuterons ouvertement de nos
divergences de vues. Je terminerai en citant Confucius:
Ne t'en fais pas si les gens ne reconnaissent pas tes mérites;
Fais-toi du souci si tu es incapable de reconnaître les leurs.
Je pense que nous pourrions tous nous inspirer de cette pensée.
Je vous remercie vivement de votre attention.
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