Les photos, vidéos, et témoignages qui circulent sur les réseaux sociaux
font état de tortures, mutilations et décapitations que ne renieraient pas
les assassins de Daech. Ces derniers, qui mènent en Irak et en Syrie un
travail identique d'éradication des chrétiens et des Yézidi, sont d'ailleurs
venus de Turquie prêter main forte à leurs homologues azéris et tuer "les
infidèles", "tous ces chiens d'Arméniens". Quant à l'État turc, qui mène
depuis l'été 2015 une sale guerre contre la population kurde de Turquie, il
s'est empressé - par la voix du président Erdogan et de son Premier
ministre Davutoglu - de jeter de l'huile sur le feu, en annonçant qu'il
soutiendrait l'Azerbaïdjan jusqu'à ce que le Haut-Karabagh soit "restitué"
aux Azéris, et ceci en allant "jusqu'à l'Apocalypse" si nécessaire.
Le soutien irresponsable apporté par le grand frère turc à l'action belliciste
du président azéri Ilham Aliyev, s'est illustré également dans la rue
puisque dès le samedi 2 avril, soit quelques heures après le
déclenchement de l'attaque azérie sur le Haut-Karabagh, une immense
manifestation s'est tenue à Istanbul, dans l'avenue Istiklal à Taksim. On y
a de nouveau vu et entendu l'expression de la haine la plus terrifiante, des
slogans racistes, des appels au meurtre, et la démonstration d'un ultra
nationalisme sans limites, parfaitement toléré par les forces de l'ordre
dont on connaît pourtant l'extrême violence répressive à l'encontre des
manifestations pacifiques des démocrates turcs et kurdes.
Le Collectif VAN avait prévu de se joindre, pour la troisième année depuis
2013, à la délégation européenne anti-raciste menée à Istanbul du 21 au
24 avril, par l'EGAM (émanation de SOS Racisme au niveau européen) et
l'UGAB, à l'occasion des commémorations du génocide arménien
organisées courageusement à Istanbul par l'Association turque des droits
de l'Homme (IHD), les jeunes progressistes arméniens de Nor Zartonk et
le député arménien du HDP, Garo Paylan. Et ce d'autant plus que se
tiennent aujourd'hui à Istanbul deux procès cruciaux pour la liberté
d'expression en Turquie : celui des Universitaires pour la Paix et celui de
Can Dündar et Erdem Gül, journalistes à Cumhurriyet, poursuivis pour
avoir révélé le soutien militaire et logistique de la Turquie à l'État
islamique.
Néanmoins, au vu de l'actualité, notre association a choisi cette année
d'affirmer sa présence à Erevan, pour y exprimer son soutien à l'Arménie
et au Karabagh qui auraient perdu - en l'état actuel du dernier décompte -
101 de leurs enfants, civils ou combattants, dans une guerre inutile qu'ils
n'ont pas souhaitée : le Haut-Karabagh a toujours été arménien et le
restera, car tout autre solution signifierait une nouvelle extermination des
Arméniens. Et cela n'est tout simplement pas envisageable. Les pays qui
co-président le Groupe de Minsk (USA, Russie, France) - et qui par ailleurs
vendent des armes sophistiquées et des satellites à la dictature
d'Azerbaïdjan, comme le fait hélas aussi Israël avec des drones qui sont
de véritables bombes volantes - seraient bien avisés d'imposer d'urgence