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Discours Dénomination Rond Point Henri Verneuil
Monsieur le chef du département des communautés
Arméniennes de l'Europe du Ministère arménien de la
diaspora.
Monsieur le Chevalier des Hospitaliers de St Lazare de
Jérusalem
Mesdames et messieurs les élus
Monsieur le président de l'ACCABA
Mesdames et messieurs les présidents et représentants
d’associations,
Cher Patrick, Chère Sophie (Malakian)
Mesdames et messieurs,
Le regretté Henri Verneuil, de son vrai nom Achod Malakian, à qui
l’on remettait les palmes académiques, avait commencé son propos
d’intronisation par ces mots :
« Qu’il a été long et difficile, le chemin du peuple arménien »
Je pense que ce n’est pas Ara Katchadourian dont je salue la
présence qui le contredira… Nous sommes heureux de compter
parmi nous celui parti se hisser sur le toit du monde pour planter le
drapeau arménien et marseillais et s’est retrouvé bloqué dans
l’ascension par le séisme népalais en avril dernier. Heureusement
plus de peur que de mal.
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Pour ma part, je lui répondrais que ce chemin fait un détour par la
commune de Bouc Bel Air, fière de compter autant de boucains
d'origine arménienne.
C’est donc avec beaucoup de plaisir et une certaine solennité que
je me suis livré à cet exercice inhabituel consistant à donner un
nom à un carrefour et à dévoiler, à vos côtés, la plaque nominative
de celui-ci.
La route est le cordon ombilical qui relie l’individu à la société
écrivait avec finesse Victor Hugo. Comment ne pas souscrire à la
justesse de ce propos qui nous rappelle combien, tout au long de
l’histoire, les axes de circulation ont représen un vecteur
important de la vie sociale ?
C’est donc un moment important et particulièrement symbolique
de notre volonté de poursuivre le développement équilibré de notre
commune, de favoriser les modes de déplacement doux, de lutter
contre la place de la voiture en essayant, dans la mesure du
possible, d’en contraindre l’usage. En effet, comme vous le savez
le lieu où nous nous trouvons est un parking de covoiturage.
Et puis, il me faut le souligner, cette dénomination s’inscrit dans
une démarche plus globale, celle de la reconnaissance d'un
génocide trop longtemps passé sous silence. Souvenons-nous
Bouc Bel Air a été l'une des premières communes à le reconnaître
en 1999, il est donc normal que pour le centenaire nous répondions
présent. Inscrivons dans les mémoires pour toujours, la nuit du 24
avril 1915 à Istanbul. Cette nuit-là, des centaines d’intellectuels et
de notables arméniens furent arrêtés, et la plupart d’entre eux
assassinés. Cette rafle avait été planifiée par le gouvernement
Jeune Turc de l’Empire ottoman, dont l’organisation spéciale se
trouvait être le bras armé pour accomplir ses sinistres besognes. La
mort de ces intellectuels arméniens fit taire les voix qui auraient pu
alors alerter le monde sur le premier génocide du XXe siècle.
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Un crime contre l’humanité, ino par son ampleur, allait être
perpétré dans une indifférence presque générale à la faveur de la
première guerre mondiale.
Souvenons-nous que, dans tous les villages d’Anatolie, les
opérations furent quasi identiques : perquisition dans les maisons
des notables, torturés pour leur faire avouer un complot contre
l’État ; mise à l’écart des hommes, ensuite assassinés par petits
groupes; déportation des femmes, enfants et personnes âgées, qui
doivent prendre la route, avec des convois souvent décimés par des
bandes kurdes, des femmes et des enfants parfois enlevés.
Dans le reste de l’empire, une déportation systématique fut
organisée : les déportés moururent à petit feu dans de véritables
camps de concentration, envoyés dans le désert de Mésopotamie,
où la soif les acheva très souvent.
Les deux tiers de la population arménienne de l’Empire ottoman,
soit 1,2 million de personnes, ont été exterminés au cours de ce qui
fut le premier génocide de l’Histoire.
Le 29 janvier 2001, la France a reconnu officiellement le génocide
arménien perpétré en 1915. Quatre-vingt-cinq ans après les faits.
Oui, il a été long et difficile ce chemin, Monsieur Henri Verneuil.
Notre pays sait aussi ce qu’il doit aux Arméniens devenus Français
qui ont participé à la reconstruction de notre pays au lendemain de
la guerre par leur travail, par leur talent, par leur investissement.
Notre pays sait ce qu’il doit aux compatriotes d’origine
arménienne, entrepreneurs, ouvriers, artistes, savants, toutes celles
et ceux qui font rayonner aujourd’hui la France sans rien oublier de
leur origine.
L’histoire du peuple arménien est notre histoire. Nous devons la
connaître.
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Aujourd'hui, je suis donc fier de dédier ce carrefour si fréquenté à
un grand homme. Chaque jour, les centaines de personnes qui
gravitent autour de ce rond-point, rendront à leur manière
hommage à ce grand homme. Qu'il s'agisse d'un regard, d'une
pensée ou encore d'un petit mot Henri Verneuil accompagnera
chaque matin toutes ces personnes.
Celui qui a débarqué à 4 ans, sur le quai de la Joliette à Marseille,
avec sa famille rescapée du génocide arménien mérite notre respect
et notre reconnaissance. Il incarne à mon sens un modèle
d’insertion sociale qui aujourd’hui nous fait cruellement défaut.
Il incarne aussi un formidable modèle de réussite. Ce cinéaste de
renommée internationale n'a cessé d'être récompensé pour ses
œuvres. Ensemble rappelons nous ces temps forts :
En 1956, il est proposé pour l'Oscar du meilleur scénario pour le
film Le Mouton à cinq pattes.
En 1973, il obtient le Prix Nessim-Habif
En 1980, il est proposé pour le César du meilleur scénario pour
I... comme Icare.
En 1996 il obtient le César d'honneur pour l'ensemble de sa
carrière.
Le 29 mars 2000, il est élu à l'Académie des beaux-arts au fauteuil
du peintre Yves Brayer (1907-1990), suite au transfert d'un fauteuil
de la section de peinture à la section cinéma et audiovisuel en
1998. Régis Wargnier lui succède en 2007 et prononce son éloge
sous la Coupole le 1er février 2012
C'est le vendredi 11 janvier 2002, dans une clinique de Bagnolet,
que le clap de fin sera donné. Henri Verneuil nous a quitté à l'âge
de quatre-vingt-un ans mais samoire perdurera par son art et les
hommages comme aujourd'hui.
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Je conclurais par ces mots qui pourraient laisser penser que leur
auteur Marcel Proust, les ai écrit pour Henri Verneuil :
Mort à jamais ? Qui peut le dire ?”
Vive la mémoire du 24 avril 1915 !
Vive la République et vive la France!
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