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Un crime contre l’humanité, inouï par son ampleur, allait être
perpétré dans une indifférence presque générale à la faveur de la
première guerre mondiale.
Souvenons-nous que, dans tous les villages d’Anatolie, les
opérations furent quasi identiques : perquisition dans les maisons
des notables, torturés pour leur faire avouer un complot contre
l’État ; mise à l’écart des hommes, ensuite assassinés par petits
groupes; déportation des femmes, enfants et personnes âgées, qui
doivent prendre la route, avec des convois souvent décimés par des
bandes kurdes, des femmes et des enfants parfois enlevés.
Dans le reste de l’empire, une déportation systématique fut
organisée : les déportés moururent à petit feu dans de véritables
camps de concentration, envoyés dans le désert de Mésopotamie,
où la soif les acheva très souvent.
Les deux tiers de la population arménienne de l’Empire ottoman,
soit 1,2 million de personnes, ont été exterminés au cours de ce qui
fut le premier génocide de l’Histoire.
Le 29 janvier 2001, la France a reconnu officiellement le génocide
arménien perpétré en 1915. Quatre-vingt-cinq ans après les faits.
Oui, il a été long et difficile ce chemin, Monsieur Henri Verneuil.
Notre pays sait aussi ce qu’il doit aux Arméniens devenus Français
qui ont participé à la reconstruction de notre pays au lendemain de
la guerre par leur travail, par leur talent, par leur investissement.
Notre pays sait ce qu’il doit aux compatriotes d’origine
arménienne, entrepreneurs, ouvriers, artistes, savants, toutes celles
et ceux qui font rayonner aujourd’hui la France sans rien oublier de
leur origine.
L’histoire du peuple arménien est notre histoire. Nous devons la
connaître.