Chap deviance 3.2 Marguerite

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Chap. 3 : Sociologie. Contrôle Social et déviance
Chap 3.2. Quels sont les processus qui conduisent à la déviance ?
Thème
Notions
Indications complémentaires
3.2. Quels sont
les processus
qui conduisent
à la déviance ?
Déviance
primaire/déviance
secondaire, anomie
On définira la déviance comme une transgression des
normes et on montrera qu’elle peut revêtir des formes
variées selon les sociétés et, en leur sein, selon les
groupes sociaux. On analysera la déviance comme le
produit d’une suite d’interactions sociales qui aboutissent
à « étiqueter » certains comportements comme déviants
et, en tant que tels, à les sanctionner. On montrera que les
comportements déviants peuvent aussi s’expliquer par des
situations d’anomie.
A.
B.
C.
D.
Qu’est-ce que la déviance ?
La déviance est relative selon les époques et les groupes sociaux
La déviance, produit d’un étiquetage social ?
La déviance, produit d’une anomie ?
Définitions :
Déviance : comportement qui transgresse une ou plusieurs normes et qui fait l’objet d’une sanction.
Etiquetage : assigner à quelqu’un une identité.
Stigmatisation : procédés, discours qui vont disqualifier l’individu en le réduisant à un caractère
dévalorisé (pratique sociale, comportement, croyances...)
Anomie : (Durkheim) Etat d’une société caractérisée par un affaiblissement des normes sur les
conduites individuelles suite à un changement social qui donne lieu à de la déviance et une altération
de la cohésion sociale.
(Merton) inadéquation entre les buts proposés par la société et les possibilités d’accès, les moyens
légitimes d’y parvenir .
A. Qu’est-ce que la déviance ?
La déviance décrit le comportement d’un individu qui transgresse une ou plusieurs normes
suivit d’une sanction. Par conséquent c’est une notion relative, les individus n’ont pas le même
regard, jugement. De plus, elle peut varier selon le temps, l’espace et le groupe social de l’individu ;
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ainsi des actes condamnés peuvent ne plus l’être aujourd’hui (ex : l’avortement) ou à l’inverse, avec
une nouvelle loi, un comportement peut devenir déviant (ex : les duels).
Elle peut être sanctionnée par les groupes primaires (famille, pairs) et/ou secondaires pour la
juridiction (police, justice). La déviance est le fruit de trois critères : ○;1 l’existence d’une norme qui
est ensuite ○;2 transgressée, ce qui mène à une ○;3désignation
qui peut aller jusqu‘à la stigmatisation.
△;! Déviance ≠ délinquance
La déviance prend surtout en compte le point de vue
social de la transgression d’une norme sociale mais
éventuellement juridique qui peut mener à de la
désapprobation, une mise à l’écart, elle est ainsi difficile à
mesurer.
Tandis que la délinquance est suivie par une sanction juridique objective et mesurable
(amende, prison). Elle est ainsi englobée par la déviance : des actes peuvent être déviants sans être
délinquants en outrepassant une norme sociale (être en retard, mal se tenir à table...), ou un usage
devenu juridique (places réservées dans les transports en communs pour les femmes enceintes, les
personnes âgées).
B. La déviance est relative selon les époques et les groupes sociaux
Les normes sont relatives au temps, à l’espace et aux groupes sociaux, elles évoluent et
changent aussi socialement que juridiquement. L’évolution des normes juridiques peut précéder
celle des normes sociales (duels, crachats interdits pour la sécurité/santé de la population car l’un
était suivit par des blessés voir des morts et l’autre favorise la transmission de maladie dont la
tuberculose) et vice-versa (autorisation de l’avortement et mariage homosexuel quand une grande
partie de la population était contre). On peut élargir à Rousseau qui disait que l’Etat n’est pas naturel
mais une création des Hommes qui abandonnent une part de leurs libertés pour la sécurité en se
mettant d’accord pour aboutir au Contrat Social.
Autres exemples : le port d’arme (dangereux, collection et chasse accepté car la détention
d’arme est autorisée), la burqa (interdiction de dissimuler son visage dans un espace public), les
mariages arrangés...
C. La déviance, produit d’un étiquetage social ?
On peut voir deux « stades » de déviance : la déviance primaire, la transgression d’une
norme et la déviance secondaire où l’individu est reconnu et qualifié de déviant par une instance de
contrôle social (famille, pairs, proches...), elle peut consolider l’individu dans la déviance. D’après la
théorie de l’étiquetage, le contrôle social est vu comme un facteur de déviance : l’individu va
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intérioriser l’image que lui renvoi la société (par l’étiquetage, la stigmatisation) et finir par se définir
lui-même comme déviant. Ainsi le contrôle social à l’effet inverse de celui qui est attendu, au lieu de
ramener l’individu dans la norme, il renforce la déviance. De nombreux sociologue ont travaillés sur
la déviance dont Edwin Lemert qui fit un programme sur l’étude des deux types différents (Human
deviance, social problems, and social control, 1967), ainsi que l’école de Chicago et Howard Becker
(Outsider, 1963) qui se sont d’avantage consacrés à la déviance secondaire.
1ère transgression -> santion et réaction de l’entourage + intitutions -> réaction de l’individu
(repli sur un groupe de même déviance qui
empêche le retour à la norme).
Plusieurs exemples confirment cette
théorie comme : le débat sur le voile où
derrière une laïcité militante, on confronte la
religion à la culture scientifique et en
souhaitant émanciper les jeunes filles, les
individus se replient sur leurs groupes (repli
communautaire) induit par la stigmatisation,
le voile peut ainsi devenir revendicatif. Les
mauvais élèves peuvent en faire une
« carrière », leurs notes et comportements
sont réprimandés par le cadre enseignant
mais valorisé chez les élèves car ils font face à
l’autorité. On peut aussi la rapprocher de
l’effet Pygmalion, une prophétie auto réalisatrice qui provoque une amélioration des performances
d'un sujet, en fonction du degré de croyance en sa réussite venant d'une autorité ou de son
environnement (expérience sur des souris et sur un groupe d’élèves).
Cependant, le passage de délinquance primaire à secondaire n’est pas automatique, il
dépend des réactions de l’individu, de l’instance de contrôle social, et de son environnement. De
plus, la théorie a ses limites. Elle atténue la responsabilité individuelle en augmentant celle des
institutions, n’aborde pas la première déviance mais comment la déviance est repérée et
sanctionnée (comment, à la suite d’interactions, les individus vont s’installer dans la déviance). Les
interactionnistes aussi prennent leurs distances avec les théories qui expliquent la déviance
uniquement par des causes sociales (pauvreté, quartiers défavorisés) et des choix individuels résultat
d’un calcul coûts-avantages.
Les normes doivent être partagées par le plus grand nombre pour être acceptées comme
telles. Ce sont les PCS les plus élevées qui détiennent le capital économique et culturel ainsi
l’étiquetage touche en priorité ceux en bas de l’échelle : un noir a plus de chance d’être puni qu’un
blanc et peut même l’être sans avoir commis d’acte répréhensible comme aux Etats-Unis. Pour
Howard Becker, la norme est la marque qu’un groupe social dominant a réussi à imposer sa volonté
pour maintenir son statut. Dans Outsider, il montre comment les individus souvent issus des classes
sociales supérieures se mobilisent et endossent le rôle d’entrepreneur de morale car c’est tout un
travail qui nécessite du capital économique, social et culturel (ex : interdire la marijuana, prohibition
de l’alcool).
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D. La déviance, produit d’une anomie ?
Pour maintenir la cohésion sociale, il faut réfréner les pulsions violentes (agression, vol…) et
donc encadrer les individus. Or, à partir de la révolution industrielle, les individus autrefois fortement
encadrés et régulés par leurs groupes primaires, se retrouvent dans une société plus urbaine et
anonyme où ils sont moins contrôlés. La montée de la misère ouvrière et de la taille des sociétés est
accompagnée par de nombreuses déviances (alcoolisme, petite délinquance, violence sexuelles…) qui
trahissent la promesse d’égalité et de fraternité inaboutie de la Révolution Française et vont faire
naître la sociologie. C’est d’ailleurs Emile Durkheim, le père de la sociologie, qui mettra cette
situation en évidence avec le concept d’anomie.
Dans les sociétés modernes, la distance avec les institutions traditionnelles (religion,
famille…) et ses puissantes normes se creusent laissant plus de place aux grandes idéologies
(libéralisme, communisme…) qui perdent elles aussi de leur éclat. Les situations considérées comme
anormales (divorce, famille monoparentale) se multiplient. On peut constater que les familles
anomiques rencontrent plus de problèmes que les autres (échec scolaire, petite délinquance, drogue,
suicide…). Le modèle type de famille monoparentale est une femme faiblement diplômée, immigrée
avec de faibles revenus dans un habitat dégradé, ce qui place mécaniquement l’enfant dans une
situation plus difficile car on a moins de temps à lui accorder et le financement des études est plus
compliqué. Plus l’individu est isolé dans la société et dans une situation considérée comme anormale,
plus il a de risque de devenir déviant. Par exemple, le taux de suicide augmente lorsque la situation
matrimonial est anomique (célibat, divorce, veuvage), le mariage intègre et régule les individus à
l’aide de normes et valeurs strictes : fidélité, solidarité entre époux ; de plus il fournit à l’individu de
la sociabilité et la charge psychologique et morale de la famille ce qui lui interdit moralement le
suicide. On peut distinguer plusieurs types de suicide : égoïste (manque d’intégration), altruiste
(excès d’intégration –secte, terroriste), anomique (manque de régulation, perte de repères, surtout
en période de crise) et fataliste (excès de régulation).
Traditionnellement, le contrôle social familial est plus fort sur les femmes, elles sont plus
intégrées, investies et à l’origine de la sociabilité de la famille. Cependant, ce contrôle social familial
est défaillant, notamment à partir des années 50-60 où les grandes instances intégratrices (famille,
religion, école) et l’autorité en général sont remises en cause. Les parents se comportent davantage
en clients qu’en usagers. Les individus sont moins régulés par l’école : s’ils sont en échec scolaire et
sortent du système scolaire, ils ne sont plus régulés par l’école, alors que l’autre instance de
socialisation, la famille, est affaiblie elle aussi. Le contrôle social n’est plus assez puissant pour que
les individus soient contraints de suivre les règles, pas assez intégrés dans les instances de
socialisation et pas assez régulés car l’autorité est affaiblie.
Pour Merton, l’anomie est une inadéquation entre les buts proposés par la société et les
possibilités d’accès, les moyens légitimes d’y parvenir. Si les individus ne possèdent pas les moyens
légitimes, ils ont deux options : renoncer à atteindre leur but ou utiliser des moyens illégitimes. Il y a
quatre types de comportements individuels qui correspondent à un comportement déviant :
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l’innovateur : adhère aux buts mais utilise des moyens illégitimes (mafia, délinquant,
voleur, trafiquant) ;
le ritualiste : applique aveuglément les règles sans se soucier du but (comptable
scrupuleux, cobayes de l’expérience de Milgram) ;
l’évadé : rejette les valeurs, buts de la société et s’en retire (SDF, ermite, hikikomori,
moine, toxicomane) ;
le rebelle : cherche à transformer les buts légitimes à l’aide de moyens légitimes ou
illégitimes (militant, communiste, hacker –Anonimus-)
Synthèse :
La déviance est une transgression des valeurs propres à un groupe social. Elle peut revêtir de
multiples formes (de l’impolitesse au crime) qui appellent des sanctions fortement différenciées (de
la réprobation à l’emprisonnement). Elle se distingue de la notion de délinquance, plus restreinte : le
délinquant transgresse une norme juridique et encourt donc une sanction juridique (contravention,
prison,…). La déviance est relative et peut varier selon les époques, les pays ou les groupes sociaux.
Elle peut cependant être considérée comme un « fait social normal », dans la mesure où elle est
présente dans toutes les sociétés et peut en faire évoluer les règles.
Il existe différentes explications pour la déviance : les individus sont insuffisamment intégrés
aux instances traditionnelles de contrôle social (famille, école, vie professionnelle), si bien que le
contrôle social est affaibli, ce qui favorise la transgression des règles (situation d’anomie). Les
sociologues interactionnistes s’intéressent à la déviance secondaire (acte déviant repéré comme tel
par les instances juridiques telles que la police ou la justice). L’individu ainsi stigmatisé ou étiqueté
va ensuite s’approprier cette identité déviante, ce qui peut le conduire dans une carrière
délinquante. La déviance peut enfin résulter d’une inadéquation entre les buts culturels proposés
par une société à ses membres et les moyens légitimes dont disposent ces derniers pour y parvenir
(Merton).
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