sociaux et politiques que font les autorités européennes des mesures ou des
discours américains (Workfare et le Zero Tolerance).
Les liens entre la problématique de la gestion de la précarité des jeunes à
l’emploi et celle de la gestion de la déviance ont été élaborés à quatre niveaux
d’analyse : les politiques publiques, les agents d’encadrement de la jeunesse, les
pratiques d’encadrement et les populations cibles.
En matière de politiques publiques, on observe dans tous les pays
européens analysés, un renforcement de la logique sécuritaire et pénale qui
s’accompagne, surtout dans le domaine de la gestion publique de la déviance,
d’une régression des mesures à caractère purement social. La gestion
prévisionnelle des risques se généralise comme logique d’action publique, de
même que les pratiques de surveillance des populations en situation de
précarité (jeunes, immigrés, usagers de drogues, etc.). Les classes précaires
doivent être placées sous contrôle. Cet accroissement des discours et des
pratiques de contrôles s’observe tant dans le domaine de l’Etat social (contrôle
des chômeurs, de leurs manières de vivre) que de l’Etat social-sécuritaire
(contrôle de populations désignées "à risque"). L’insécurité est réduite à une
seule question ; celle de la délinquance urbaine. Le contrôle s’exerce par le
recours à des technologies et surtout par la mobilisation accrue d’un personnel
surveillant. Certaines zones font l’objet d’une attention particulière, notamment
là où résident les jeunes chômeurs et les jeunes "à risque" (les deux pouvant se
superposer). Les politiques publiques témoignent du développement de la
société de contrôle (Deleuze, 1990 ; Garland, 2001).
L’augmentation de l’investissement public dans le contrôle des
populations précarisées se traduit par une inflation de nouveaux métiers. Sur ce
point, la politique de l’emploi et la politique de la gestion de la déviance
converge aussi. Les politiques sécuritaires sont aussi des politiques publiques
pourvoyeuses de main-d’œuvre comme l’ont aussi été les politiques d’insertion.
Elles le sont aussi pour les jeunes eux-mêmes. En effet, la création de nouveaux
dispositifs dans le champ de la sécurité et du pénal (les antennes de justice, les
maisons de la citoyenneté, etc.) ont généré l’apparition de nouveaux métiers
spécialisés dans la médiation sociale, selon la terminologie politique, ou dans le
contrôle des territoires et des populations. Chargés d’encadrer des populations
"à risque" et précaires, ces nouveaux professionnels (les médiateurs, vigiles,
stewards urbains, etc.) occupent souvent des emplois précaires et tendent à
transformer certaines pratiques du travail social. Ces nouveaux professionnels
de l’encadrement viennent rejoindre d’autres institutionnels plus institués,
comme la police et les magistrats.
Les pratiques professionnelles issues de la politique sociale-libérale en
matière d’emploi et de la pénalisation du social en matière de gestion de la
déviance présentent aussi des convergences. En effet, l’encadrement s’organise
de plus en plus selon un impératif de répression. En matière de chômage,
l’inactivité est stigmatisée et en matière pénale, l’écart aux normes est