Ce qui est beau n’est pas forcément bon (Socrate était moche ; Machiavel va aussi à
l’encontre de ce concept). Il faut séparer les jugements esthétique et moral, il ne faut pas faire de
jugement moral quand on fait un jugement esthétique.
B. Le jugement doit être désintéressé
Derrière le plaisir des sens se cache toujours un désir : quand on sent un plat avec une bonne
odeur, on est forcément intéressé. Le jugement est pur s’il l’objet nous plait pour lui-même et non
pour autre chose (différence entre le moyen et la fin). On peut faire une analogie avec trois verbes :
- Apercevoir : on voit les choses sans les voir, de façon quasi-inconsciente ;
- Observer : un but se cache derrière la simple vision de l’objet ;
- Contempler : on laisse la chose intacte, mise à distance.
C. Un universel sans concept
Quand on dit de quelque chose que c’est beau, on fait un jugement qui se veut universel, qui
prétend valoir pour tout homme. On pense que n’importe qui pourrait apprécier cette œuvre. Mais
le jugement universel est aussi subjectif : pour qu’il soit objectif, il faudrait des critères ; or il n’existe
pas de critères du jugement esthétique, il n’y a pas de concept du beau. On ne peut convaincre
quelqu’un qu’une œuvre est belle avec des arguments rationnels.
D. Peut-on éduquer le goût ?
Le goût en lui-même peut s’éduquer (cf. le métier de nez) ; l’éducation se fait par la pratique.
Pourtant le goût est subjectif. Ainsi pourquoi notre sentiment par rapport à une œuvre d’art serait
inférieur à celui d’un autre ? Le goût est pourtant différent de l’arbitraire individuel.
Bourdieu, un sociologue français, a réalisé une étude sur la fréquentation des musées : la
culture reflète les classes sociales. De plus, le goût est aussi le résultat du milieu : on n’est jamais
complètement subjectif, on est toujours influencé par quelqu’un, que ce soit la famille, les amis, etc.
III. La spécificité de l’œuvre d’art
A. Le génie
L’art du poète viendrait du délire créateur. Le génie serait le résultat de conditions
particulières telles que la drogue, mais les artistes rejettent la drogue car sinon l’œuvre ne serait que
le résultat de la drogue, non de l’artiste. Le génie serait donc avant tout du talent. D’après Kant, le
génie est une « disposition innée de l’esprit par laquelle la nature nous donne des règles à l’art ». Les
caractéristiques du génie sont :
- L’originalité. L’habileté ne fait pas le génie, la technique ne fait pas le neuf.
- L’exemplarité. L’œuvre d’art du génie doit initier un nouveau courant, fonder une tradition.
Le modèle sera ensuite copié par les autres.
- Obscure à lui-même. Le génie ne peut pas expliquer d’où lui est venue l’idée.
- Le génie ne peut être qu’artistique, pas scientifique. Dans les sciences, ce qui a été trouvé par
un type aurait pu l’être par un autre.