Colloque international sur: l'économie de la connaissance Vincent Calvez &Hadj Nekka
Novembre 2005
est mieux révélé, mobilisé, partagé et utilisé par le management des hommes. Ainsi, l’aspect
humain est très important et soulève le principal obstacle du MS. Si le savoir est une forme de
pouvoir, l'aspect humain nous pousse à s'intéresser à la manière permettant d’obtenir des tenants du
savoir qu’ils le partagent ou l’abandonner, ou encore de se focaliser sur la question des
compensations qu’il faut donner en échange
. Sur ces questions relatives aux ressources humaines,
il n’y a pas vraiment de réponses convaincantes. Le savoir traduit un jeu politique (intrigues, ruses,
manœuvres, menaces, promesses, etc.) et le MS ne pourrait pas être une approche tout terrain car il
faut tenir compte de la culture, la structure et la stratégie de l’entreprise (Mbengue, 2004). Sans
rentrer dans une voie proposant une typologies des comportements dans ce domaine, on se limite
aux comportements des dirigeants
. Il est intéressant de constater que dans tous les programmes de
MS figure la prise de conscience ou la revendication du fait que l’information et le savoir sont des
ressources stratégiques et qu’il est impératif de disposer d’outils, de techniques et de méthodes
pour les gérer en tant que telles. Nous avons choisi ici de mettre en garde contre une approche
strictement technicienne du MS. Nous retenons avec Mbengue (2004) que le MS demeure un
processus à travers lequel les organisations tentent de faire fructifier leurs ressources immatérielles.
Autrement dit, il s’agit d’une démarche volontariste, souvent explicite et systématique, de
valorisation des ressources immatérielles de l’entreprise. Elle intègre des activités de création, de
recueil, d’organisation, de diffusion et d’exploitation de savoirs explicites et tacites utiles à
l’entreprise, ce qui exige en particulier de transformer des savoirs individuels en savoirs
organisationnels et d’importer des savoirs localisés à l’extérieur afin d’en faire un usage approprié
dans l’entreprise. Concrètement, le MS se traduit dans les entreprises par la nécessité de partager
des savoirs entre employés, services, filiales et même différentes organisations (concurrents,
clients, fournisseurs, institutions, etc.) dans le but d’établir les meilleures pratiques. Nous pensons
que la piste de recherche retenue ici contribue à mettre l'accent sur une certaine confusion qui
caractérise le domaine du MS
. En revanche, lorsqu'il s'agit de mettre l'accent sur les difficultés de
ce type de management, on évoque en priorité que les entreprises ont du mal à inculquer à leur
copier en toute l’égalité d’autres entreprises. A défaut d’avoir une réponse d’ordre éthique, on observe que
les savoirs explicites sont globalement protégés par les brevets et la loi et les savoirs tacites sont relativement
difficile à copier.
Il s’agit là d’une difficulté majeure notamment dans certaines cultures nationales.
Le rôle des dirigeants est important pour augmenter les chances de réussite des programmes de MS, il faut
disposer d’un leader responsable du programme, avoir le soutien de la DG, établir un lien entre les savoirs et
la performance de l’entreprise, établir un système de reconnaissance et de récompense du savoir, une forte
volonté et une feuille de route stricte, bâtir une culture favorisant l’innovation, l’apprentissage et le partage
du savoir, infrastructure technologique minimale, posséder des processus appuyés par des spécialistes de la
gestion documentaire et travaillant en collaboration avec les fournisseurs et les utilisateurs des savoirs.
L'aspect humain n'occupe pas le devant de la scène seul dans la mesure où l'on reconnaît deux éléments
importants à savoir la codification des savoirs explicites et l’interaction pour l’acquisition des savoirs tacites
à travers le transfert d’expérience et la pratique. Ainsi, on parle du dualité technologie de
l’information/gestion des personnes qui reste substantielle. D’un côté, la technologie permet de codifier,
d’archiver et diffuser les savoirs explicites et de l’autre la gestion des personnes concerne les individus ayant
des savoirs personnels tacites, des aptitudes, des préférences, etc.