adopté la toute première version de la Déclaration d'Helsinki en 1964, puis une
version modifiée en 1975. Le résultat de cette initiative conjointe CIOMS/OMS a pris
la forme, en 1982, des Lignes directrices internationales d'éthique proposées pour la
recherche biomédicale impliquant des sujets humains.
La période qui a suivi a été marquée par le déclenchement de la pandémie de
VIH/SIDA et par toute une série de propositions d'essais à grande échelle de vaccins
et de médicaments en vue de traiter ce syndrome. Cette situation a suscité de
nouveaux problèmes éthiques dont on n'avait pas conscience lors de l'élaboration des
Lignes directrices proposées. Mais d'autres facteurs ont joué un rôle – avancées
rapides de la médecine et de la biotechnologie, évolution des pratiques en matière de
recherche, comme les essais sur le terrain multinationaux ou l'expérimentation
impliquant des groupes de population vulnérables, et évolution de l'opinion dans les
pays riches comme dans les pays pauvres pour qui la recherche impliquant des sujets
humains était désormais considérée comme essentiellement bénéfique et non
menaçante. La Déclaration d'Helsinki a été remaniée à deux reprises dans les années
1980 – en 1983 et en 1989. Le moment était venu de réviser et d'actualiser les lignes
directrices de 1982 et le CIOMS, avec la coopération de l'OMS et de son programme
mondial sur le SIDA, s'est attelé à la tâche. Il en est résulté deux séries de lignes
directrices : en 1991, les Lignes directrices internationales pour l'examen éthique des
études épidémiologiques et, en 1993, les Lignes directrices internationales d'éthique
pour la recherche biomédicale impliquant des sujets humains.
Après 1993, des problèmes d'éthique se sont posés à propos desquels les Lignes
directrices du CIOMS ne comportaient aucune disposition précise. Il s'agissait
principalement des essais cliniques contrôlés faisant intervenir des investigateurs
extérieurs et effectués dans des pays ayant peu de ressources, et de l'utilisation de
comparateurs autres qu`une intervention efficace avérée. Dans ces pays, on ressentait
le besoin de solutions de santé publique à faible coût faisant appel à des technologies
appropriées et, en particulier pour le VIH/SIDA, à des médicaments ou des vaccins
que les pays les plus pauvres n'avaient pas les moyens de financer. Cette question a
suscité des avis divergents chez les commentateurs. D'aucuns plaidaient, s'agissant des
pays ayant peu de ressources, pour des essais d'interventions qui pourraient être
moins efficaces que le traitement disponible dans des pays plus riches mais qui
seraient également moins onéreuses. Tous les efforts de recherche tendant à trouver
des solutions publiques adaptées aux pays en développement ne devaient pas être
rejetés comme étant contraires à l'éthique, affirmaient-ils. Le cadre dans lequel toute
recherche s'inscrit devait être pris en considération. La prise de décision locale devait
être la norme. Il fallait se garder de tout paternalisme des pays riches vis à vis des
pays pauvres. Le défi consistait à encourager la recherche en vue d`apporter des
solutions locales au fardeau des maladies un peu partout dans le monde tout en
arrêtant des indications claires pour prévenir toute exploitation des communautés et
individus vulnérables.
A l`opposé de cette argumentation, d'autres commentateurs estimaient que de tels
essais constituaient ou risquaient de constituer une exploitation des pays pauvres par
les pays riches et étaient donc intrinsèquement contraires à l'éthique. Les facteurs
économiques ne devaient pas avoir d'incidence sur les considérations éthiques. Les
pays riches ou l'industrie pharmaceutique avaient les moyens de rendre disponibles les