Cependant ce mouvement, qui paraissait devoir être formidable, se réduisit,
par le défaut d’ensemble, à quelques vaines démonstrations les contingents, qui
devaient être réunis du 15 au 20 juillet pour attaquer tous à la fois, n’arrivèrent
que l’un après l’autre, et Ben-Zamoun, impatient d’en venir aux mains, commença
les hostilités avant d’avoir tout son monde. Le 17, il établit son camp à Sidi-
Jederzin, marabout vénéré, situé sur la rive droite de l’Harrach, et le lendemain
il fit attaquer la Ferme modèle, qui n’était défendue que par deux cent cinquante
soldats; quelques coups de canon à mitraille suffirent pour disperser l’ennemi et
le décider à venir reprendre ses anciennes positions. Le 18, le général
Berthézène, à la tête d’une division de trois mille hommes, sortit d’Alger et se
dirigea sur l’Harrach. Quand il eut atteint le plateau qui domine le gué de cette
rivière, l’ennemi s’ébranla; alors le général fit former ses troupes par bataillon,
de manière à présenter six têtes de colonne solidement appuyées. A la vue de
ces dispositions, Ben-Zamoun renonça à défendre le passage de l’Harrach, plia
ses tentes et opéra sa retraite nos fantassins, lancés au pas de course, ne
purent même le rejoindre.
A la suite de cette heureuse journée, l’armée, de retour à Alger, eut
l’honneur d’être passée en revue par le prince de Joinville. Des cinq fils du roi,
c’était le premier qui visitait nos possessions d’Afrique; mais à cette époque, les
destinées de notre conquête étaient si incertaines, que le jeune marin n’apporta
qu’une médiocre attention à ce qui s’y passait il ne se doutait pas alors que ce
pays à demi barbare serait le principal théâtre de la carrière militaire de trois
de ses frères. Le prince de Joinville ne resta que deux jours à Alger, d’où il se
rendit de là à Mahon.
La retraite de Ben-Zamoun n’était pourtant pas définitive; dès qu’il sut nos
troupes rentrées dans leurs cantonnements, il reprit la campagne, s’approcha
d’Alger, attaqua les blockhaus et tous les postes vulnérables, manœuvre qu’il ne