espagnoles d’Oreilly, en butte à des feux d’embuscade très vifs, perdirent
courage et se rembarquèrent après avoir laissé sur le champ de bataille plus de
monde que la conquête d’Alger n’en a coûté à l’armée française. Tous ces sentiers
conduisent à des milliers de petites habitations, dont l’éclatante blancheur
contraste avec la végétation qui les environne. Le sol est entièrement recouvert
de vignes, de pastèques, de melons, d’orangers, d’acacias, de chèvrefeuilles, de
peupliers mélangés de nopals à rosaces jaunes, et de toutes les brillantes
variétés de la flore numidienne. Le cactus avec son feuillage massif et ses troncs
fantastiques entoure les champs de ses impénétrables buissons, tandis que
l’agave dresse ses immenses rameaux semblables aux glaives d’une race de
géants. Au milieu de ces délicieuses petites villas, les résidences des consuls
européens se faisaient remarquer par leurs plus grandes proportions et les
larges pavillons dont elles étaient surmontées.
C’est au milieu de ce tapis d’émeraudes et d’opales que s’élève Alger, la
victorieuse, la bien gardée. Son enceinte triangulaire a un développement de
trois mille mètres environ. Le front de mer regarde l’orient; les deux autres
fronts, moins développés que le premier, sont tournés, l’un vers le nord-ouest,
l’autre vers le sud-ouest. Le point où ils se réunissent, qui est le plus élevé de
l’enceinte, se trouve à cent vingt-quatre mètres au-dessus du niveau de la mer.
Sur les fronts nord-ouest et sud-ouest, l’enceinte consiste en un mur qui n’est
point bastionné, et dont le pied n’est défendu que par des flancs extrêmement
courts. Il n’y a d’artillerie que sur un petit nombre de points: les remparts ont
trop peu de largeur pour qu’on puisse y en établir. Dans plusieurs parties les
maisons adossées au revêtement ne laissent pas même assez d’espace pour les
fusiliers. Sur le front sud-ouest, on remarque en avant de l’enceinte une forte
dépression qui ne paraît pas être entièrement l’ouvrage des hommes, et à laquelle
un mur parallèle à celui de la place donne l’aspect d’un fossé. L’autre front est