surprise, achevèrent de le perdre dans l’esprit du ministère. Le moment était
fâcheux, car à cette époque on s’occupait, à Paris, d’une réorganisation complète
de l’administration et de l’armée en Algérie.
Au premier moment d’enthousiasme causé par la prise d’Alger, il n’y avait eu
qu’un cri en France pour la conservation et la colonisation des belles contrées qui
en dépendent. Le gouvernement de juillet sembla d’abord se rendre à ce vœu en
envoyant sur les lieux le général Clausel, qui dès le principe s’était montré
partisan convaincu de la colonisation; mais les tracasseries qui lui furent
suscitées, disons-le aussi, ses erreurs, et enfin son rappel, firent suspecter les
intentions du gouvernement. On parla d’engagements secrets pris avec les
puissances étrangères, relativement à l’Afrique; l’opinion publique s’en indigna, et
la conservation d’Alger devint une affaire d’honneur national. Se plaçant à un
autre point de vue, des hommes positifs demandèrent quels avantages on pouvait
tirer de notre conquête, en compensation des sacrifices qu’elle nous imposait; et
plusieurs publicistes, entrant dans cette voie, n’hésitèrent pas à déclarer qu’il y
avait plus de perte que de profit à la garder. Les partisans de la colonisation ne
purent refuser de suivre leurs adversaires sur le terrain des intérêts matériels,
et la question devint en quelque sorte arithmétique. Le ministère, dont presque
tous les membres ne considéraient guère l’Algérie que comme une source
continuelle d’embarras, vit avec une secrète satisfaction la question se réduire à
ces termes étroits, et annonça qu’une commission nommée par le roi irait puiser
sur les lieux les éléments nécessaires à sa complète solution. Il déclinait ainsi
toute responsabilité, et ajournait pour quelque temps encore une décision
définitive. Il faut le dire, cette commission, présidée par le lieutenant général
Bonnet, pair de France, inspirait à tous les partis la plus grande confiance; elle
était composée de MM. d’Haubersaert, pair de France, de la Pinsonnière,
Laurence, Piscatory et Reynard, membres de la chambre des députés, Duval-