Lycée Louis-Le-Grand, Paris MPSI 4 – Mathématiques A. Troesch Pour le 07/01/2015 DM no 10 : Groupes Correction du problème – Théorèmes de Sylow Partie I – Étude des sous-groupes de Sylow de Z/nZ 1. • On a S = {mk, k ∈ Z}. En effet, l’inclusion directe est immédiate, et l’inclusion réciproque résulte du fait que si k ∈ ZZ, et si r est le reste de la division euclidienne de k par pα , on a l’existence de q tel que k = pα q + r, km = pα mq + rm ≡ rm [n]. donc: Ainsi, km ∈ S. • Montrons que S est un sous-groupe de Z/nZ. ∗ De façon évidente, S ⊂ Z/nZ, et 0 ∈ S. ∗ Soit (x, y) ∈ S 2 . Il existe alors (k, ℓ) ∈ Z2 tels que x = mk et y = mℓ. On a alors x − y = m(k − ℓ) ∈ S. Ainsi, d’après la caractérisation des sous-groupes, S est un sous-groupe de Z/nZ. • Soit (k, ℓ) ∈ [[0, pα − 1]] tels que k 6= ℓ, alors |k − ℓ| < pα , donc |m(k − ℓ)| < n, donc mk 6≡ mℓ[n]. On en déduit que mk 6= mℓ. • Ainsi, S (égal à T ) est constitué d’exactement pα éléments. S est donc un sous-groupe de Sylow de Z/nZ . 2. Soit S ′ un p-sous-groupe de Sylow de Z/nZ, et soit x ∈ S ′ . (a) L’élément x étant un élément du groupe S ′ d’ordre pα , on déduit du théorème de Lagrange que l’ordre de x divise pβ , donc, p étant premier, l’ordre de x est pβ , pour un certain entier naturel β 6 α . (b) On en déduit que pβ x = 0, donc si k est un représentant dans Z de x, il existe ℓ ∈ Z tel que pβ k = ℓn = ℓpα m, donc k = mℓpα−β , et comme β − α > 0, x = k ∈ S . 3. On en déduit que S ′ ⊂ S, et comme par définition, S et S ′ ont même cardinal fini, S ′ = S. Ainsi, Z/nZ admet un unique sous-groupe de Sylow, S. Partie II – Actions de groupe, stabilisateurs, orbites 1. Quelques exemples. (a) • L’application donnant l’action de groupe est l’application de H × G dans G donnée par h × g = hg. • On a bien, pour tout (h, h′ ) ∈ H 2 , et g ∈ G, h · (h′ · g) = h · (h′ g) = h(h′ g) = (hh′ )g, la dernière égalité découlant de l’associativité dans G. • On a également eH · g = eH g = eG g = g. Ainsi, (h, g) 7→ hg est une action du groupe H sur le groupe G. L’orbite d’un élément g ∈ G est l’ensemble {h · g | h ∈ H} = Hg , classe à droite modulo H (b) La translation à droite ne définit pas une action si le groupe H n’est pas abélien, car en général, si on appelle ϕ l’application désignant cette loi de composition externe définie sur G : ϕ(hh′ , g) = g(hh′ ), alors que ϕ(h, ϕ(h′ , g)) = g(h′ h). 1 Pour avoir le premier axiome définissant une action de groupe, il faudrait avoir ghh′ = gh′ h, ce qui n’est pas vrai en toute généralité. Pour régler le problème de l’inversion des deux termes, on peut faire précéder la multiplication à droite par h d’une opération qui justement inverse l’ordre des termes d’un produit, par exemple l’inversion : ψ : (h, g) 7→ gh−1 définit une action de groupe puisque pour tout (h, h′ ) ∈ H 2 et tout g ∈ G : • ψ(e, g) = ge = g −1 • ψ(hh′ , g) = g(hh′ )−1 = gh′ h−1 = ψ(h, ψ(h′ , g)). (c) Vérifions que la conjugaison définit bien une action du groupe G sur lui-même : pour tout (g, g ′ , x) ∈ G3 : • e · x = exe−1 = x • (gg ′ ) · x = (gg ′ )x(gg ′ )−1 = gg ′ xg ′ −1 g −1 = g · (g ′ xg ′ −1 ) = g · (g ′ · x). Ainsi, la conjugaison définit bien une action de G sur lui-même. (d) i. On note e le neutre de G. Soit H un sous-groupe de G, g ∈ G, et H ′ = {gxg −1 , x ∈ H}. Montrons que H ′ est un sous-groupe de G : • Puisque H est un sous-groupe de G, e ∈ H, donc geg −1 ∈ H ′ , soit e ∈ H ′ . • Soit x′ et y ′ dans H ′ . Il existe donc x et y dans H tels que x′ = gxg −1 et y ′ = gyg −1 . On a alors : x′ y ′ −1 = gxg −1 (gyg−1)−1 ) = gxg −1 gy −1 g −1 = gxy −1 g −1 . −1 Or, H étant un sous-groupe de G, xy −1 ∈ H, donc gxy −1 g −1 ∈ H ′ , soit x′ y ′ ∈ H ′ . Ainsi, d’après la carctérisation des sous-groupes, H ′ est un sous-groupe de G, donc gHg −1 ∈ X . ii. • D’après la question précédente, l’application (g, H) 7→ gHg −1 est bien définie de G × X dans X. • Soit H ∈ X, on a évidemment eHe−1 = H • Soit H ∈ X, g, g ′ ∈ G. On a : (gg ′ ) · H = {gg ′ x(gg ′ )−1 , x ∈ H} = g(g ′ xg ′ −1 )g −1 , x ∈ H} = {gyg −1 , y ∈ g ′ Hg ′ −1 } = g · (g ′ · H). Ainsi, (g, H) 7→ gHg −1 est une action du groupe G sur X . 2. Soit x ∈ X, et Stab(x) le stabilisateur de x. Montrons que Stab(x) est un sous-groupe de G. • On a, par définition, Stab(x) ⊂ G • On a e · x = x, par définition d’une action de groupe, donc e ∈ Hx . • Soit (g, h) ∈ Stab(x)2 . On a (h−1 h) · x = e · x = x (h−1 h) · x = h−1 · (h · x) = h−1 · x, et puisque h ∈ Hx . Ainsi, h−1 · x = x, puis (gh−1 ) · x = g · (h−1 · x) = g · x = x, puisque g ∈ Stab(x). On en déduit que gh−1 ∈ Stab(x). D’après la caractérisation des sous-groupes, Stab(x) est donc un sous-groupe de G . 3. (a) Montrons que R est une relation d’équivalence : • Soit x ∈ X, on a e × x = x, donc x ∈ ω(x), donc xRx, d’où la reflexivité de R. • Soit (x, y) ∈ X tel que xRy. On a alors y ∈ ω(x), donc il existe g ∈ G tel que g · x = y, donc g −1 · y = g −1 · (g · y) = (g −1 g) · x = e · x = x, donc x ∈ ω(y), d’où yRx, d’où la symétrie de R. • Soit (x, y, z) ∈ X tel que xRy et yRz. On a alors y ∈ ω(x) et z ∈ ω(y), d’où l’existence de g et h dans G tels que y = g · x et z = h · y, d’où z = h · (g · x) = (hg) · x. Comme G est un groupe, hg ∈ G, donc z ∈ ω(x), d’où xRz. D’où la transitivité de R. On déduit des trois points précédents que R est une relation d’équivalence . (b) Par définition même de R, les classes d’équivalence pour la relation R sont exactement les orbites de X sous l’action de G. Ainsi, l’ensemble des orbites forme une partition de X . 2 4. Soit G un groupe opérant sur un ensemble X. Soit x ∈ X. (a) Soit ϕ : g 7→ g · x, de G dans ω(x). Soit (g, g ′ ) ∈ G tels que g ′ (g ′−1 g) · x = x Ainsi, si g ′ −1 donc: −1 g ∈ Stab(x). Alors g ′ · x = g ′ · ((g ′−1 g) · x) = (g ′ g ′ −1 ) · (g · x) = e · (g · x) = g · x. g ∈ Stab(x), ϕ(g) = ϕ(g ′ ) . (b) Soit x ∈ X. Par définition d’une orbite, ϕ est surjective. Ainsi, {ϕ−1 ({y}), y ∈ ω(x)} forme une partition de G (partition associée à une application surjective). Étant donné y ∈ ω(x), et g ∈ ϕ−1 ({y}), d’après la question précédente, ϕ−1 ({y}) = {g ′ | g ′−1 g ∈ Stab(x)} = Stab(x) · g. D’après le cours, |Stab(x) · g| = |Stab(x)|. On en déduit donc que : X X |Stab(x)| = |Stab(x)| · |ω(x)|. |ϕ−1 ({y})| = |G| = y∈ω(x) y∈ω(x) Comme |Stab(x)| 6= 0 (Stab(x) contient au moins e), on a donc : |ω(x)| = |G| . |Stab(x)| Partie III – Démonstration des théorèmes de Sylow par Wielandt 1. Soit E ∈ X, et g ∈ G. Alors, g étant régulier, x 7→ g · x est injective, et surjective de E dans g · E, par définition de g · E. Ainsi, il s’agit d’une bijection de E sur g · E, donc |g · E| = |E| = pα . On en déduit que g · E ∈ X. La preuve que la translation à gauche définit une action de G sur X est alors la même que la démonstration de la question 1(d). 2. Soit E ∈ X, et Stab(E) son stabilisateur par l’action définie dans la question précédente. Numérotons arbitrairement les pα éléments de E : E = {x1 , x2 , . . . , xpα }. Soit a ∈ Stab(E). On a alors {ax1 , . . . , apα } = E, donc en particulier, ax1 ∈ E. Il existe donc i ∈ [[1, pα ]] tel que α α ax1 = xi , donc a = xi x−1 1 . L’entier i pouvant prendre p valeurs distinctes, il y a au plus p valeurs distinctes possibles de a, donc Stab(E) 6 pα . 3. (a) Supposons que |Stab(E)| = pα . D’après la question précédente, les éléments du stabilisateur sont alors exactement tous les xi x−1 1 , soit : Stab(E) = E · x−1 1 soit: E = Stab(E) · x1 . Comme la numérotation des éléments de E est arbitraire, x1 est un élément quelconque de E ; on a donc, pour tout x ∈ E : E = Stab(E) · x . (b) Supposons qu’il existe S ∈ Y et x ∈ G tels que E = Sx. Par stabilité de S, tout élément g ∈ S est dans le stabilisateur de E : gE = gSx = Sx = E. Ainsi, S ⊂ Stab(E). Comme S est de cardinal pα et Stab(E) de cardinal au plus pα , cette inclusion est nécessairement une égalité : S = Stab(E) , puis |Stab(E)| = pα . (c) Soit S 6= S ′ dans Y . Alors il existe g tel que S ′ = gS. Considérons cette fois l’action sur E, définie par (X, g) 7→ Xg −1 . On montre sans problème qu’il s’agit d’une action, comme en III-1. Pour éviter la confusion, notons Stab′ (X) le stabilisateur de X sous cette action. En adaptant les arguments amenant III-3, on montre de même que si E = xS pour un élément x de G et un sous-groupe de Sylow S, alors Stab(E) = S (en plus de la stabilité par produit de S, on utilise ici aussi la stabilité par inverse). Supposons que deux sous-groupes de Sylow S et S ′ soient dans une même orbite sous l’action de G. Il existe donc x dans G tel que S ′ = xS. On a aussi évidemment S ′ = eS ′ . La remarque précédente appliquée à ces deux égalités amènent, pour la première, Stab(S ′ ) = S, et pour la seconde, Stab(S ′ ) = S ′ . On en déduit que S = S ′ . Ainsi, par contraposée, deux sous groupes de Sylow distincts ne peuvent pas être dans la même orbite . 3 4. Puisque les orbites forment une partition de X, en notant Ω l’ensemble des orbites, on obtient : X |X| = |ω|. ω∈Ω Or : • D’après III-2, II-4(b), pour toute classe ω telle que pour E ∈ ω, |Stab(E)| 6= pα , on a vp (Stab(E)) < α, donc |ω| est divisible par p. Ainsi, en notant Ω′ l’ensemble des classes telles que pour E ∈ ω, Stab(E) est de cardinal pα , on a : X |X| ≡ |ω| [p]. ω∈Ω′ • D’après 3(a), pour tout ω ∈ Ω′ et tout E ∈ Ω, E s’écrit sous la forme Sx, où S est un p-sous-groupe de Sylow (en l’occurrence Stab(E)). La question 3(b) fournit la réciproque. Ainsi, les E des ω de Ω′ sont exactement tous les ensembles de la forme Sx, avec S ∈ Y et x ∈ G : [ ω = {Sx | S ∈ Y, x ∈ G}. ω∈Ω′ Il s’agit donc de l’ensemble des classes à droite de tous les sous-groupes de Sylow. On peut donc réécrire : [ [ G ω= . S d ′ ω∈Ω S∈Y • Or, si deux telles classes à droite sont égales, disons Sx = S ′ y, alors Sxy −1 = S ′ , et comme e ∈ S ′ , il existe z ∈ S tel que zxy −1 = e, donc yx−1 ∈ S, donc xy −1 ∈ S. Ainsi, Sxy −1 = S, puis S = S ′ . Il ne peut donc pas exister deux classes égales provenant de 2 sous-groupes de Sylow distincts Autrement dit, les ensembles G S d sont deux à deux disjoints lorsque S parcourt Y . • Les orbites étant également disjointes, on peut donc écrire : X |ω| = ω∈Ω′ X |G| , |S| s∈Y et d’après II-3(b) donnant le cardinal des classes, X X m= m = m|Y |. ω∈Ω′ s∈Y • La congruence ci-dessus permet alors de conclure : |X| ≡ m|Y | [p]. 5. Le cardinal de X ne dépend pas de la structure de groupe de G mais seulement de son cardinal (il s’agit du nombre de sous-ensembles de G ayant pα élément). En particulier, ce cardinal est le même que celui de l’ensemble X ′ des associé au groupe Z/nZ. En appliquant le résultat précédent au groupe Z/nZ, possédant un unique sous-groupe de Sylow d’après la partie 1, il vient donc : |X| = |X ′ | ≡ m [p]. On revient donc au groupe G initial. On déduit de la question précédente que m ≡ m|Y | [p], et comme m est premier avec pα , donc aussi avec p, m est inversible modulo p, donc |Y | ≡ 1 [p] . Partie IV – Quatre lemmes 1. Lemme de Cauchy (a) Montrons que la loi donnée définit bien une action de Z/pZ sur E 4 • Tout d’abord, le produit étant commutatif, une permutation des indices ne modifie pas le produit des composantes. Ainsi, pour tout α ∈ Z/pZ et (y1 , . . . , yp ) ∈ E, on a encore α · (x1 , . . . , xp ) ∈ E. • Ici, contrairement à la définition et à tous les exemples traités ci-dessus, le groupe donnant l’action est noté additivement. Il faut faire attention à transcrire convenablement les propriétés requises pour l’action dans ce cadre. Tout d’abord, 0 · (y1 , · · · , yp ) = (y1+0 , · · · yn+0 ) = (y1 , · · · yp ). • La deuxième condition est aussi vérifiée : α · (β · (y1 , . . . , yp )) = a · (y1+β , · · · , yp+β ) = (y1+β+α , . . . , yp+β+α ) = (α + β) · (y1 , . . . , yn ). Il s’agit donc bien d’une action de groupe . (b) Les points fixes sont les points dont toutes les coordonnées sont égales ; ainsi, il s’agit des p-uplets (x, . . . , x) tels que xp = 1 . Il y en a donc autant que de solutions de l’équation xp = 1. (c) D’après II-5(b) (avec n = 1), en notant Gp = {x | xp = 1}, on a donc |E| ≡ |Gp | [p]. Or, un élément de E est déterminé par le choix quelconque des p − 1 première coordonnées, imposant la dernière de façon unique : yp = (yp−1 · · · y1 )−1 . Par conséquent, |E| = pp−1 ≡ 0 [p]. Donc |Gp | ≡ 0 [p] . (d) L’ensemble Gp est l’ensemble des éléments de G d’ordre divisant p, donc d’ordre 1 ou p. Il n’y a qu’un élément d’ordre 1 (le neutre), donc le nombre np d’éléments d’ordre p vérifie : np ≡ −1 ≡ p − 1 [p] . 2. Image réciproque d’un sous-groupe • Par définition, f −1 (K) ⊂ G. • Puisque 1H ∈ K (car K est un sous-groupe), et puisque f (1G ) = 1H (car f est un homomorphisme de groupes), on a bien 1G ∈ f −1 (K). • Soit (x, y) ∈ f −1 (K). On a donc f (x) ∈ K et f (y) ∈ K. On a alors, par le fait que f est un homomorphisme de groupes, et par stabilité de K : f (xy −1 ) = f (x)f (y)−1 ∈ K. Donc xy −1 ∈ f −1 (K). On déduit alors de la caractérisation des sous-groupes que f −1 (K) est un sous-groupe de G . 3. Groupes quotients (a) Les classes à gauche et à droite sont les mêmes. Or la partition des classes d’équivalences détermine de façon unique une relation d’équivalence. Ainsi, les relations ≡g et ≡d sont identiques . On notera simplement ≡ cette relation. (b) Soit (x, x′ , y, y ′ ) ∈ G4 tels que x ≡ x′ [H] et y ≡ y ′ [H]. On a alors x ∈ Hx′ = x′ H et y ∈ Hy ′ , Soit h et h′ tels que x = x′ h et y = h′ y ′ . On a alors xy = x′ hh′ y ′ Or x′ hh′ ∈ x′ H = Hx′ , il existe donc h′′ ∈ H ′ tel que x′ = h′′ x′ , puis xy = h′′ x′ y ′ . Ainsi, xy ∈ Hx′ y ′ , d’où xy ≡ x′ y ′ [H]. Ainsi, ≡ est une congruence pour la loi du groupe G (c) • Soit C, D et E trois classes modulo H, et x, y, z des représentants dans G de ces classes. Alors, par définition, et par associativité dans G : (C × D) × E = (xy)z = (xy)z = x(yz) = x(yz) = C × (D × E). D’où l’associativité de la loi définie sur G/H. 5 • On a H = 1G . On a alors, pour toute classe C, de représentant x dans G : H × C = 1G × x = 1G x = x = C. Ainsi, il y a dans G/H un élément neutre, égal à H = 1G . • Soit C ∈ G/H, représentée par un élément x ∈ G. On a alors x−1 x = 1G = xx−1 donc: x−1 × x = 1G = x × x−1 . Ainsi, x− 1 est un symétrique de C dans G/H On a bien vérifié tous les axiomes d’une structure de groupe : G/H est bien muni d’une structure de groupe . 4. Premier théorème d’isomorphisme. (a) • Montrons que Ker(f ) est un sous-groupe de G : ∗ Ker(f ) ⊂ G par définition, ∗ f étant un morphisme de groupe, f (1G ) = 1H , donc 1G ∈ Ker(f ), ∗ Si x et y sont éléments de Ker(f ), f (xy −1 ) = f (x)f (y)−1 = 1H 1−1 H = 1H . Donc xy −1 ∈ Ker(f ). On en déduit que Ker(f ) est un sous-groupe de G. • Montrons que Ker(f ) est distingué dans G. Il suffit pour cela de montrer que si g ∈ G et h ∈ Ker(f ), alors ghg −1 ∈ Ker(f ). Soit donc g ∈ G et h ∈ Ker(f ). On a alors : f (ghg −1 ) = f (g)f (h)f (g)−1 = f (g)1H f (g)−1 = f (g)f (g)−1 = 1H . Ainsi, Ker(f ) est un sous-groupe distingué de G. (b) Soit x ≡ y [Ker(f )], on a donc xy −1 ∈ Ker(f ), d’où : f (xy −1 ) = 1H soit: f (x)f (y)−1 = 1H donc: f (x) = f (y). Ainsi, f est constante sur chaque classe d’équivalence modulo Ker(f ) . Elle induit donc une application f : G/ Ker(f ) −→ H (c) • Soit C et D deux classes modulo Ker(f ), représentées par x et y respectivement. Supposons que f (C) = f (D), soit f (x) = f (y). On a alors f (xy −1 ) = f (x)f (y)−1 = 1H , donc: xy −1 ∈ Ker(f ). On en déduit que x ≡ y [H], puis C = D. Donc f est injective. • Soit h ∈ H. Puisque par hypothèse, f est surjective, il existe x ∈ G tel que f (x) = h, donc f (x) = h, d’où la surjectivité de f . La fonction f est injective et surjective, donc bijective . (d) On a donc |G/ Ker(f )| = |H|. Or, on a vu dans le cours (cf démonstration du théorème de Lagrange) que |G/ Ker(f )| = |G| . | Ker(f )| On obtient donc la relation : |G| = | Ker(f )| × |H|. Partie V – Une démonstration par récurrence du premier théorème de Sylow 1. On suppose dans cette question que G est abélien. (a) D’après le lemme de Cauchy, puisque p divise n, il existe un élément x d’ordre p dans G. Soit H = {xi , i ∈ Z} le sous-groupe monogène engendré par x. H est donc d’ordre p. Par ailleurs, G étant abélien, tout sousgroupe de G est évidemment distingué ! Ainsi, il existe bien un sous-groupe distingué H d’ordre p . 6 (b) Soit m ∈ N, premier avec p. Soit, pour tout α dans N, la propriété P(α): Tout groupe abélien G d’ordre pα m admet un p-sous-groupe de Sylow. Le cas α = 0 est trivial, un p-sous-groupe de Sylow étant dans ce cas d’ordre p0 = 1. Le sous-groupe {1G } convient. Soit α ∈ N. On suppose que la propriété P(α) est vraie. Soit G un groupe abélien d’ordre pα+1 m. D’après la question précédente (puisque α + 1 > 0), G admet un sous-groupe distingué H d’ordre p. Soit alors f : G −→ G/H l’application qui à x associe sa classe x modulo H (projection canonique). Puisque G/H est de cardinal pα m et est abélien, on peut lui appliquer l’hypothèse de récurrence : il existe un p-sous-groupe de Sylow S de G/H. On considère alors S ′ = f −1 (S). D’après IV-2, S ′ est un sous-groupe de G/H et f se restreint en un morphisme de groupe surjectif f˜ de S ′ sur S. Par ailleurs, puisque Ker(f ) ⊂ S ′ , on a Ker(f˜) = Ker(f ) = H. Ainsi, en appliquant IV-4(d) à f˜, il vient : |S ′ | = |H| × |S| donc: |S ′ | = p × pα = pα+1 . On en déduit que S ′ est un p-sous-groupe de Sylow de G. On a bien prouvé P(α + 1). Par conséquent, P(0) est vraie, et pour tout α dans N, P(α) entraîne P(α + 1). D’après le principe de récurrence, P(α) est vraie pour tout α dans N. Ainsi, tout groupe abélien admet un p-sous-groupe de Sylow. 2. (a) • De façon évidente, Z(G) ⊂ G et 1G ∈ Z. • Soit (x, y) ∈ Z(G)2 . On a alors, pour tout g ∈ G, (xy)g = x(yg) = (yg)x = y(gx) = (gx)y = g(xy). Ainsi, xy ∈ Z(G) • Soit x ∈ Z(G). On a alors, pour tout g ∈ G g = (xx−1 )g = x(x−1 g) = (x−1 g)x. D’un autre côté : g = g(x−1 x) = (gx−1 )x. Ainsi, (x−1 g)x = (gx−1 )x, et x étant régulier, x−1 g = gx−1 . On en déduit que x−1 ∈ Z(G). Ainsi, Z(G) est un sous-groupe de G . De plus, tout élément de Z(G) commute avec tout élément de G, donc en particulier avec tout autre élément de Z(G). Donc Z(G) est commutatif . Puisque tout élément de Z(G) commute avec tout élément de G, pour tout z ∈ Z(G), pour tout g ∈ G, gzg −1 = gg −1 z = z ∈ Z(G), donc Z(G) est distingué dans G . (b) Supposons qu’on n’ait pas |Z(G)| > 1. Comme Z(G) contient le neutre, |Z(G)| = 1. Par ailleurs, les éléments de Z(G) sontles points fixes par l’action de G sur lui-même par conjugaison. Ainsi, d’après II-5(a), en notant Ω′ l’ensemble des orbites non réduites à un point pour cette action, on a : X |G| = 1 + |ω|. ω∈Ω′ Si toutes les orbites ω ∈ Ω′ sont de cardinal divisible par p, on obtient |G| ≡ 1 [p], ce qui contredit le fait que p divise |G|. Ainsi, il existe au moins une classe ω de cardinal différent de 1 et premier avec p. (c) Soit, pour tout n dans N, la propriété P(n): Tout groupe d’ordre n admet un p-sous-groupe de Sylow. La propriété est triviale pour n = 1. Soit n > 1. On suppose que P(1), . . . , P(n − 1) sont vrais. Soit G un groupe d’ordre n, et Z son centre. On écrit n = pα m, où p et m sont premiers entre eux. Si m = 1, le résultat est trivial (G est un p-sous-groupe de Sylow de lui-même). Supposons donc m > 1. 7 • Soit |Z| = 1. Dans ce cas, il existe une orbite ω non réduite à un point, de cardinal premier avec p, donc divisant m. Soit x ∈ ω et Stab(x) le stabilisateur de x. Alors Stab(x) est un sous-groupe de G, et d’après m II-4, son cardinal est pα k, où k = |ω| . Comme |ω| 6= 1, pα k < n, et on peut donc appliquer l’hypothèse de récurrence à Stab(x), qui admet un p-sous-groupe de Sylow, donc un sous-groupe S de cardinal pα . Ce sous-groupe est aussi sous-groupe de G, de cardinal pα . Il s’agit donc d’un p-sous-groupe de Sylow de G. • Soit |Z| > 1. On note |Z| = pβ q, où p et q sont premiers entre eux. Dans ce cas, on considère un p-sousgroupe de Sylow T de Z (existe par la question 1, Z étant abélien, ce qui permet aussi de régler le cas éventuel où Z = G). On montre, comme pour Z, qu’il est distingué dans G. Il est de cardinal pβ . On considère la projection f : G −→ G/T , qui à x associe sa classe x modulo T . Il s’agit d’un morphisme de groupe, pour la structure de groupe induite sur G/T (T étant distingué). Il est surjectif, et son noyau est Ker(f ) = T . On a alors |G/T | = pα−β q. Soit U un p-sous-groupe de Sylow de G/T , donc de cardinal pα−β . On considère alors S = f −1 (U ). Un argument similaire à V-1 montre que |S| = |U | × |T | = pα . Ainsi, S est un sous-groupe de Sylow de G. On a bien prouvé, dans tous les cas, que G admet un p-sous-groupe de Sylow. Par conséquent, P(n − 1) est vraie, et pour tout n dans 1, P(n − 1), . . . , P(n − 1) entraînent P(n). D’après le principe de récurrence forte, P(n) est vraie pour tout n dans N. Ainsi, tout groupe fini admet un p-sous-groupe de Sylow . Partie VI – Démonstration des deuxième et troisième théorèmes de Sylow 1. Soit S un p-sous-groupe de Sylow de G. Soit H un p-sous-groupe de G. On fait opérer H sur l’ensemble X = (G/S)g des classes à gauche xS par translation : h · (xS) = (hx) · S. (a) On a, d’après II-5(a) : |X| = |XH | + X |ω|, om∈Ω′ où Ω′ est l’ensemble des orbites non rduites à un point. Or, d’après II-4(b), pour tout ω ∈ Ω′ , |ω| divise |H|, donc est une puissance de p. Comme |ω| 6= 1, on en déduit que |ω| ≡ 0 [p]. Ainsi, |XH | ≡ |X| ≡ |G| =m |S| mod [p] . (b) Comme m n’est pas divisible par p, ceci implique qu’il existe au moins un point fixe, donc une classe xS telle que pour tout h ∈ H, h(xS) = xS, puis h(xSx−1 ) = xSx−1 . (c) Il n’est pas dur de voir que xSx−1 est un sous-groupe de G, et que son cardinal est pα . C’est donc un sousgroupe de Sylow. On a déjà justifié que dans ce cas, son stabilisateur pour l’action à gauche est lui-même (partie III). Or, le résultat précédent montre que tout h ∈ H est dans ce stabilisateur. Ainsi, H est un sous-groupe du sous-groupe de Sylow xSx−1 . 2. Soit S et S ′ deux sous-groupes de Sylow. On applique le résultat précédent avec H = S ′ . On en déduit l’existence de x ∈ G tel que S ′ ⊂ xSx−1 , et pour des raisons de cardinalité, on en déduit que S ′ = xSx−1 . Ainsi, les p-sous-groupes de Sylow sont deux à deux conjugués. 3. (a) Les p-Sylow étant deux à deux conjugués, et le conjugué d’un p-Sylow étant encore un p-Sylow, ΩS est très préciément l’ensemble Y des p-sous-groupes de Sylow . |G| , le stabilisateur étant ici pris au sens de la conjugaison (ne |Stab(S)| pas s’embrouiller dans les différentes actions considérées). (b) Ainsi, d’après II-3(b), |Y | = |ΩS | = Ceci permet de conclure de façon immédiate que |Y | divise n = |G| . Le dernier point (|Y | ≡ 1 [p]) a été démontré en partie III. 8