idéologique qui se vérifiait à travers des éléments constitutifs des idéologies, soit
la réussite et la puissance économique. En découlent la puissance militaire,
scientifique (conquête spatiale)...
Dans le monde bipolaire, la culture était au centre des formations. Peu à peu, la
sélection s'est de plus en plus faite à travers la science (cf. supériorité prétendue
de la filière S au lycée ; bande d'élitistes de merde). Il y a 20 ans, on était dans un
monde où on recrutait à HEC. Depuis quelque temps, on repart sur du culturel, On
recrute des normaliens et autres (iepiens ?). A la chute de l'URSS, on s'est
demandé comment recruter des gens des pays de l'Est pour administrer les filiales
occidentales dans ces pays. Et ça marchait mieux, pour des raisons culturelles
certainement. Cf. Huntington, intégrant des variables culturelles dans sa thèse.
Aujourd'hui, certains pays sont relativement jeunes. Ex : USA, « peuple sans
culture » pour certains. C'est le cas également de la Russie. Par rapport à la Chine,
où l'Histoire se compte par millénaire, la Russie est vieille de mille ans. En France,
c'est 2000 ans. Or, c'est à travers l'Histoire que se forment des façons de faire.
[...] Le temps, c'est aussi la vie humaine. Chez Marx, le temps joue un rôle très
important.
Le liant identitaire est très puissant. Une génération d'étrangers peut tenir, mais
il ne peut y avoir acculturation totale avant plusieurs siècles. Se pose ainsi la
question de la langue ; certains mots sont intraduisibles. Ainsi, le russe pose
quelques problèmes dans sa compatibilité avec les langues européennes.
En français, on parle de vérité. En russe, on dit истина (istina) ou правда (pravda).
L'истина est la vérité (universelle) qu'on n'atteint jamais. En revanche, la правда
est celle que je veux, que je pose. Il y a une notion positiviste. D'où le nom du
journal éponyme. La правда donne le Право (Pravo, le Droit). Il y a donc une
suprématie du Droit, donc des régulations humaines procédant du pouvoir. Dans
notre culture européenne-occidentale de descendance romaine, le Droit prime sur
tout. A l'inverse, dans la culture cyrillique, le Droit est celui que je veux et que
j'impose. Le régime soviétique est la quintessence de cette logique dans laquelle le
Droit est le droit du gouvernant. « Pendant mille ans, la Russie a été gouvernée par
les Hommes ; il faut qu'elle apprenne à être gouvernée par la Loi » (un conseiller
de Gorbatchev).
En russe, il y a deux mots pour liberté : волност (volnast) et звобода (svaboda),
avec la même distinction que pour la vérité. La liberté est mère de l'anarchie,
puisque rien ne peut me saisir. Et d'ailleurs, Bakounine et Kropotkine, c'est pas
portugais comme noms. Dans la звобода, le gouvernant fait ce qu'il veut. Il n'y a
pas de droits de l'Homme.
L'autre grande composante de la culture russe est l'élaboration d'un système de
valeurs. Il n'y a pas de société sans système de valeurs. Le propre même de la
société est de vivre ensemble ; l'ensenble en question s'accorde sur un système de
valeurs, soit des règles relationnelles concernant les relations entre individus, le
pouvoir et le sujet (droit public et droit privé). Or, dans les règles sont impliquées
des valeurs. Un système de valeurs, c'est la détermination de ce qui est bien et de