Géopolitique de la Russie Introduction générale : la géopolitique L

Géopolitique de la Russie
Introduction générale : la géopolitique
1. L'émergence de la géopolitique dans un monde post-bipolaire
La géopolitique est un terme très à la mode. Il est cependant très récent. Pourquoi
le terme ne s'utilisait-il pas avant ?
Parce qu'on était dans un monde bipolaire. Aujourd'hui, le monde se restructure
(cf. intronisation d'Obama) ; on est toujours dans un monde post-Guerre froide. La
crise économique est un des symptômes de cette période post-bipolaire. En effet,
cette période bipolaire avait le mérite d'être très stable. Le monde entier,
notamment occidental, tournait autour de la réalité inamovible des deux blocs.
Parallèlement à la bipolarité, il y avait des éléments de géopolitique secondaires,
comme le cas sud-africain, l'apartheid étant toléré par les deux camps.
L'ONU, qui se crée en 1945, élabore une doctrine de droit international, qu'elle
impose pendant 45 ans. Sa doctrine tient parce que le monde est stable, et aucun
des deux camps ne pouvait la boycotter au risque de tout faire péter.
Le contrôle des ressources naturelles, notamment pétrolières, ne se concevait pas
de la même façon, d'une part parce qu'on ne prévoyait pas l'après-pétrole, mais
aussi parce que les relations internationales étaient sous-tendues par la bipolarité,
notamment au Moyen-Orient. Parenthèse : le conflit actuel au Moyen-Orient tire
ses racines de la bipolarité, Israël étant les Américains et les Arabes étant les
Soviétiques.
La fin de la bipolarité déstabilise le monde. L'ONU défend la souveraineté des
états, en prohibant le droit d'ingérence. Aujourd'hui, on en est à la doctrine
inverse. (VDM)
Le retour en force du droit d'ingérence est daté de 1991, année de la Guerre du
Golfe et de la fin de l'URSS. D'ailleurs, Gorbatchev y participe la Guerre du
Golfe... aussi). Peu à peu, l'ONU légitime le droit d'ingérence. On n'a toujours pas
dépassé tout ce qui est issu de la bipolarité ; on en a des relents, comme avec
l'OTAN, toujours là, mais avec de nouvelles difficultés, notamment vis-à-vis de la
Russie. Le prof dit que l'OTAN, c'est des méchants car ils ont essayé d'encercler
la Russie pendant qu'elle était en transition, W. Bush à sa tête.
2. Géopolitique et nationalismes
Mais revenons à la géopolitique. Elle est utilisée depuis une quinzaine d'années.
Toutefois, le terme est créé en Suède en 1905, dans un environnement politique
très européen et hérité du XIXème siècle : le concert des nations. Ce concert des
nations est marqué par les nationalismes. Il y a un nationalisme allemand et un
français. Et un demi-nationalisme anglais. L'affirmation de l'Etat-nation se fait
avec un certain libéralisme.
Dans l'école allemande se profile le besoin d'affirmer un espace vital
(Lebensraum). On veut rivaliser avec les grands autres empires existants
(USA). L'affirmation anglaise, du fait de sa réalité insulaire, fera d'elle une
grande puissance maritime.
On ne parle pas d'école française concernant la géopolitique ; néanmoins, la
France a développé une théorie identitaire (la nation comme pensée, Renan), qui
n'occulte pas les frontières : cf. problème récurrent de l'Alsace-Moselle.
3. Géopolitique, géographie, cartographie et politiques de grandeur
Aujourd'hui, dans les manuels de géopolitique de Chauprade, on retrouve les deux
définitions suivantes :
« La logique de la carte géographique est supérieure à la philosophie, à l'idéalisme
idéologique, ou aux seules logiques économiques. » Il y a dans cette affirmation un
certain déterminisme, dans l'esprit du XIXème siècle (cf. diverses doctrines :
darwinisme, positivisme...).
« La géopolitique est l'étude de la volonté de puissance appliquée aux situations de
la géographie physique et humaine. » Il y a une référence à une donnée de base
(la cartographie), que la volonté de puissance vient modifier.
La première proposition ne semble envisager que la géographie ; la seconde ne se
laisse pas dominer par le facteur naturel, mais par le facteur humain. Cela nous
conduit, aujourd'hui, à séquencer point par point ce qu'a été la géopolitique, et
comment le concept a évolué de 1905 à nos jours.
Napoléon : « la politique des nations est dans leur géographie » (arrrrrgh). On le
retrouverait chez Aristote. Toutes les données interviennent. L'Homme s'est adapté
aux données géographiques. Aujourd'hui, cette donnée existe toujours.
(il nous montre une carte)
La ligne d'affrontement américano-soviétique était non pas l'Europe, bien qu'il y eût
des luttes d'influence, mais le pôle Nord, ce qui explique la présence d'une flotte
russe conséquente à Mourmansk.
On retrouve cette coupure dans la façon d'imprimer les cartes. Une planisphère
rectangulaire hypertrophie les pays du nord. Dans celle qu'il nous montre, on constate
que la France est au centre.
(il sort une carte australienne, « à l'envers »)
Sur les cartes australiennes, le nord est en bas et l'Australie est au milieu. La France
a l'air ultra-périphérique.
La grandeur de la France est gaullienne : « il y a un pacte vingt fois séculaire entre la
grandeur de la France et la liberté du monde. » (de Gaulle ; ça va, les chevilles ?)
Dans le choc des civilisations, on retrouve des caractères géographiques.
Parlons un peu du Caucase. On y retrouve le problème du pétrole de la Caspienne.
Contrairement à la Palestine, il n'y a pas de véritable enjeu géostratégique ; les
enjeux du conflit israélo-palestinien sont identitaires et symboliques (malgré la
question de l'eau). Dans le Caucase sont impliqués l'Iran, la Turquie, la Russie,
l'Europe, et bien sûr les Etats-Unis. La question du pétrole inclut le détroit du
Bosphore, surchargé. La Turquie n'a pas le droit de boucher le détroit du
Bosphore, comme Nasser avait bouché le canal de Suez.
Mais revenons à la France : dans la phase la plus tendue de la bipolarité (course
aux armements, France dans l'OTAN), la France qui sort du commandement
intégré de l'OTAN en 1966 sort de l'organisation militaire de 1955. Mais pas du
TAN. Aucun radar n'était alors sur le territoire français : la France était
toutefois protégée par un arc de cercle constitué par le Royaume-Uni, l'Allemagne,
l'Autriche et l'Italie. Ainsi, la France restait protégée ET indépendante à moindre
frais. Qu'il est fort, le Général !
Prenons maintenant la géographie plus russocentrée. Certains aspects de la
géographie sont repris dans la notion d'histoire. Concernant les paramètres
géographiques de la Russie, resituons quelques points de repère :
Malgré ses côtes, la Russie a peu d'accès à la mer : l'océan arctique est gelé,
l'ouverture pacifique du Kamtchatka n'étant pas au centre (càd en Europe). Au
centre, il n'y a que la mer Noire. Cela explique pourquoi Pierre le Grand a construit
ex nihilo Petrograd, pour avoir une ouverture sur la Baltique. En effet, avant
Catherine II, la Russie ne possédait pas l'Ukraine, d'où pas d'ouverture sur la mer
Noire.
Concernant la mer Caspienne, c'est une mer fermée qui a un aspect juridique
particulier. Elle a un caractère international de par son statut de mer.
La mer d'Aral est desséchée ; c'est un désastre écologique. La régime soviétique a
été le pire pour l'environnement, de par sa volonté de dominer la nature. Cela
procède de l'immensité du territoire qui paraissait indomptable.
La Russie est un pays très irrigué. En effet, toutes les villes européennes sont
construites sur des fleuves, car le commerce s'est longtemps focalisé sur les
fleuves.
La Russie est le plus grand pays du monde ; son territoire est pourtant le plus petit
de son histoire depuis 300 ans. L'URSS avait pour but de reconstituer et
consolider l'Empire russe pré-1914, constitué par Catherine II (début XVIIIème).
Il ne faut pas confondre la Russie telle qu'elle est aujourd'hui (depuis le
12/1/1991), l'empire soviétique (reconstitution de l'empire russe) et l'autre
empire soviétique, sans valeur juridique (connerie de journalistes), constitué de
l'URSS + démocraties populaires.
Le passé socialiste de ce dernier « empire soviétique » a laissé des traces dans son
ancienne zone d'influence, se traduisant parfois par des réactions, notamment
concernant la construction européenne. Comprendre le monde actuel, c'est aussi
connaître son histoire.
Le fait que la Russie soit réduite à son territoire le plus restreint depuis 300 ans
laisse des traces dans la mentalité. Cf. Alsace-Moselle en France. La Russie est
passée de 22M km² à 17M km². Le gigantisme de la Russie ne présente néanmoins
pas que des avantages ; si les ressources naturelles abondent, la gestion de ce
territoire pose problème. D'où des questions sur l'identité russe, qui pourrait
expliquer le caractère historiquement autoritaire et centralisé de l'Etat russe.
Le territoire russe est complètement plat, excepté l'Oural, qui culmine à 1.800m
et le Caucase, culminant à 6.000m vérifier). Cette platitude est à la source du
besoin de contrôler le tout ; en effet, il n'y a pas de protection naturelle. La
Russie a un complexe de vulnérabilité séculaire. Elle a faire face à de
nombreuses invasions (campagne de Russie), qui l'ont traumatisée.
La thèse de l'encerclement a été inventée par Staline, et traduisait un sentiment
ancien. Elle a forla Russie à s'entourer d'un glacis, d'où impérialisme. Ce thème
va être instrumentalisé et idéologisé par Staline encerclement capitaliste »).
Aujourd'hui, la presse russe se focalise sur ce sujet depuis 18 ans. L'OTAN n'y
est pas étrangère.
Pour la Russie, les anciennes républiques soviétiques sont « l'étranger proche ».
D'où droit de regard (d'ingérence ?).
La Russie est étalée sur 10 fuseaux horaires, soit la moitié de la sphère terrestre.
Dans les 30s, un gamin demande à son père : « - qu'est-ce que c'est, le
communisme ? - Je sais pas, mais il est à l'horizon. » Or, horizon : « ligne
imaginaire qui s'éloigne au fur et à mesure qu'on s'en approche. » A côté des
popov, les Européens sont très étriqués.
Le climat n'est pas très accueillant. Le record mondial de -72°C a été enregistré
en Russie. On y descend régulièrement à -40°C. De même, se pose le problème de
la nuit (cf. nuits blanches de St. Pétersbourg). L'art russe du XIXème siècle vient
d'ailleurs de l'ex-capitale, ville des nuits blanches et des journées noires.
La révolution industrielle du XIXème siècle a introduit une nouveauté en Russie : la
conquête des ressources souterraines. Ces ressources vont déclencher, en Europe,
le colonialisme. Avoir la richesse ne suffit pas : il faut la dominer (cf. Afrique).
Ainsi, la Russie est, du point de vue des ressources, le pays le plus riche du monde.
Elle a tous les métaux, les hydrocarbures, en grande quantité. D'où,
historiquement, le caractère autarcique de la Russie, qui lui a permis entre autres
d'installer en son sein un régime socialiste. Elle ne s'est jamais vraiment intégrée
dans le commerce international. La question du gaz s'y intègre.
Pour la Russie, la richesse est une source de puissance, pas d'asservissement.
Par rapport à la géopolitique, on parle volontiers de « géoéconomie ». La question
est de savoir en quoi le facteur richesse est condition de tout. Il s'agit de
comprendre toutes les situations des ressources naturelles, conditionnant le reste.
En faisant abstraction de la crise économique, les deux grandes richesses de la
Russie sont les hydrocarbures.
A l'époque soviétique, lorsque de Gaulle avait tenté d'imposer l'étalon-or comme
devise centrale, le marché de l'or avait explosé. L'URSS avait joué un rôle non
négligeable dans le sens du contrôle des cours de l'or. En effet, elle avait
beaucoup d'or et en injectait quand les prix augmentaient trop. Aujourd'hui, les
réserves d'or russes, tant extraites qu'enterrées, restent un secret. Les mines
d'or russes sont les pires du monde, construites sur les goulags staliniens.
De même, se pose la fameuse question des hydrocarbures. L'Ukraine sait qu'elle ne
doit pas aller trop loin, tout comme la Russie ou l'UE.
Dans la politique internationale, il ne faut pas négliger la culture. Elle a accompagné
la notion de géopolitique ; en effet, la compétition est-ouest état une compétition
idéologique qui se vérifiait à travers des éléments constitutifs des idéologies, soit
la réussite et la puissance économique. En découlent la puissance militaire,
scientifique (conquête spatiale)...
Dans le monde bipolaire, la culture était au centre des formations. Peu à peu, la
sélection s'est de plus en plus faite à travers la science (cf. supériorité prétendue
de la filière S au lycée ; bande d'élitistes de merde). Il y a 20 ans, on était dans un
monde on recrutait à HEC. Depuis quelque temps, on repart sur du culturel, On
recrute des normaliens et autres (iepiens ?). A la chute de l'URSS, on s'est
demandé comment recruter des gens des pays de l'Est pour administrer les filiales
occidentales dans ces pays. Et ça marchait mieux, pour des raisons culturelles
certainement. Cf. Huntington, intégrant des variables culturelles dans sa thèse.
Aujourd'hui, certains pays sont relativement jeunes. Ex : USA, « peuple sans
culture » pour certains. C'est le cas également de la Russie. Par rapport à la Chine,
l'Histoire se compte par millénaire, la Russie est vieille de mille ans. En France,
c'est 2000 ans. Or, c'est à travers l'Histoire que se forment des façons de faire.
[...] Le temps, c'est aussi la vie humaine. Chez Marx, le temps joue un rôle très
important.
Le liant identitaire est très puissant. Une génération d'étrangers peut tenir, mais
il ne peut y avoir acculturation totale avant plusieurs siècles. Se pose ainsi la
question de la langue ; certains mots sont intraduisibles. Ainsi, le russe pose
quelques problèmes dans sa compatibilité avec les langues européennes.
En français, on parle de vérité. En russe, on dit истина (istina) ou правда (pravda).
L'истина est la vérité (universelle) qu'on n'atteint jamais. En revanche, la правда
est celle que je veux, que je pose. Il y a une notion positiviste. D'où le nom du
journal éponyme. La правда donne le Право (Pravo, le Droit). Il y a donc une
suprématie du Droit, donc des régulations humaines procédant du pouvoir. Dans
notre culture européenne-occidentale de descendance romaine, le Droit prime sur
tout. A l'inverse, dans la culture cyrillique, le Droit est celui que je veux et que
j'impose. Le régime soviétique est la quintessence de cette logique dans laquelle le
Droit est le droit du gouvernant. « Pendant mille ans, la Russie a été gouvernée par
les Hommes ; il faut qu'elle apprenne à être gouvernée par la Loi » (un conseiller
de Gorbatchev).
En russe, il y a deux mots pour liberté : волност (volnast) et звобода (svaboda),
avec la même distinction que pour la vérité. La liber est mère de l'anarchie,
puisque rien ne peut me saisir. Et d'ailleurs, Bakounine et Kropotkine, c'est pas
portugais comme noms. Dans la звобода, le gouvernant fait ce qu'il veut. Il n'y a
pas de droits de l'Homme.
L'autre grande composante de la culture russe est l'élaboration d'un système de
valeurs. Il n'y a pas de société sans système de valeurs. Le propre même de la
société est de vivre ensemble ; l'ensenble en question s'accorde sur un système de
valeurs, soit des règles relationnelles concernant les relations entre individus, le
pouvoir et le sujet (droit public et droit privé). Or, dans les règles sont impliquées
des valeurs. Un système de valeurs, c'est la détermination de ce qui est bien et de
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