1989-2009 : vingt ans de bouleversements politiques, économiques

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1989-2009 : vingt ans de bouleversements
politiques, économiques et sociaux en Russie
Véronique JOBERT, professeur, université de Paris-Sorbonne
De l’URSS à la Russie
En décembre 2011 aura lieu le 20e anniversaire de la chute de l’URSS (le
25 décembre 1991 : retrait de Gorbatchev) ; le drapeau rouge du Kremlin est
remplacé par un nouveau drapeau blanc/bleu/rouge.
1989-2009 = 20 ans de bouleversements politiques, économiques, sociaux d’une
grande rapidité, traumatisant la population :
 1964-1982 : Brejnev (la stagnation) ;
 1983 : mort d’Andropov ;
 1984 : mort de Tchernenko ;
 1985 : arrivée de Gorbatchev qui se démarque de ses prédécesseurs, plus vif et
avec une liberté de ton, jeune (né en 1931), beaucoup d’espoirs sont placés en lui
par la population russe.
1989, année charnière : quatre ans après l’arrivée de Gorbatchev, le monde voit
qu’un changement s’opère en URSS :
 chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, consacrant l’indépendance des
pays de l’Est, l’URSS perd son glacis en Europe de l’Est ;
 Glasnot depuis 1987 (publicité des débats ou transparence) est à son zénith ;
1990 nouvelle loi sur la presse qui abolit la censure sur la presse ;
 élections plurielles et quasi libres (une première depuis 1917) => Sakharov va
être député, Eltsine aussi ;
 fin de la guerre d’Afghanistan : février 1989, fin du retrait des troupes,
commencé dès 1988, échec du régime et traumatisme profond dans la population,
sûre de la force de son armée, grande déception dans l’armée.
L’effondrement de l’URSS et le passage à la Russie
De superpuissance dans un monde bipolaire, le pays devient presque une puissance
de 2nd rang.
De l’idéologie communiste, le pays passe au pluripartisme, liberté d’expression,
démocratie.
De la planification économique (priorité aux biens de productions contre biens de
consommation) au passage à l’économie de marché avec découverte de l’inflation
galopante qui lamine le budget de la grande majorité des Soviétiques.
D’une société relativement homogène à une grande fracture sociale avec de
nombreux milliardaires.
Statut interne de la Russie
Sur 15, 14 républiques sont devenues indépendantes => fin de l’Empire russe. Le
plus grand État reste la Russie (1/7e des terres émergées de la planète contre 1/6e
auparavant). La CEI de 1991 est une coquille vide.
Des révolutions dites de couleur (orange en Ukraine fin 2004) soulignent la perte
d’influence de la Russie dans ces régions.
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D’anciennes républiques de l’URSS (républiques baltes) s’éloignent également.
1991, traité START => la Russie s’engage dans désarmement, notamment
nucléaire.
Le Pacte de Varsovie est dissout dès juillet 1991.
La protection de l’Otan est réclamée par les anciens satellites soviétiques (Hongrie,
Pologne, pays baltes…).
Déroute de l’armée soviétique autrefois au sommet => problème de budget,
problème des ports (location de Sébastopol à l’Ukraine) avec une armée humiliée,
une image ternie.
Le changement politique
La fin du communisme : renoncement au marxisme-léninisme, libération des
dissidents, loi électorale => modification totale du paysage politique.
Les réformateurs quittent le PC (Eltsine), toutes les valeurs du système bourgeois
sont maintenant adoptées !
1993 sonne le glas des illusions démocratiques : Eltsine ordonne l’assaut contre les
députés avec discrédit sur la démocratie.
En 1993 nouvelle constitution qui instaure un pouvoir présidentiel fort, mais
instabilité générale dans le pouvoir et fragilité du régime.
En 1999 avec nomination de Poutine comme 1er ministre, la situation se stabilise.
Transformations économiques
Volet particulièrement sensible dans cette période.
Perestroïka : pour améliorer les conditions économiques.
Avant, tous les efforts portaient sur le militaire.
=> Andropov avait tenté de relancer l’économie.
=> Gorbatchev lui va lancer des réformes plus profondes : loi sur les coopératives
(entrepreneuriat privé).
Dès 1991, la Russie prend le chemin de l’intégration de l’économie mondiale.
Juillet 1991, loi en faveur des privatisations.
Effondrement de la production rapide.
Dès janvier 1992, les prix des biens de consommation courante sont libérés : les
produits de consommation courante réapparaissent mais les prix augmentent sans
suivi des salaires ; l’État s’endette auprès des organismes internationaux avec
engagements de réformes.
Échec des privatisations : tentative d’inciter le peuple à participer grâce à des
actions données à chaque Russe.
L’industrie russe devient sinistrée, mais des fortunes se créent, profitant du
commerce extérieur ; des pyramides financières se montent…
En octobre 1994 le rouble chute de 20 %.
En 1998, faillite économique de l’État russe.
Redressement économique à partir de 1999
Arrivée au pouvoir de Poutine, augmentation du prix du pétrole (+3,2 % PIB).
Réduction des importations, obligations sur les producteurs locaux à relancer leurs
activités => croissance du PIB de 7 % par an sous Poutine ; effacement de la dette
publique et développement de nombreux magasins (Ikea, Mc Do), développement
des autres grandes villes russes, essor du BTP.
Le capitalisme russe s’affirme et s’affiche partout.
Mais volonté des autorités russes de contrôler les richesses (procès contre Youkos /
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Ioukos)
Le secteur énergie est considéré comme stratégique (fermeture possible du
gazoduc qui alimente l’Europe).
Les bouleversements sociaux : véritable séisme
Douloureuse crise d’identité : les Russes ont souffert au moment de l’effondrement,
pertes des repères traditionnels, changement de noms des villes ; dans
l’enseignement, fin des mensonges d’État (même suppression des examens
d’histoire pour l’entrée à l’Université !).
Population de la Russie 142 millions d’habitants : on prévoit une forte chute pour
2050 : entre 70 et 100 millions d’habitants (car forte mortalité des hommes, à un
âge moyen de 62 ans, notamment due à l’alcool).
Fuite des cerveaux également. Mais depuis 2005 propagande de la famille,
incitation des naissances => on constate une remonté de la natalité.
Fracture sociale : grande lassitude, car ostentation des nouveaux riches, mais
paupérisation des masses ralenties sous Poutine (20 % contre 40 % sous Eltsine).
Les masses subissent toujours malgré tout.
2009 : retour en arrière
Depuis printemps 2008, Medvedev est président, c’est le poulain de Poutine (1er
ministre), mais Poutine peut se représenter en 2012 (mandat désormais de
six ans) : la Russie est donc dirigée par ce tandem.
Économiquement, la crise a aussi frappé en Russie, qui n’a pas sa place dans les
pays émergents (les BRIC qui ont un PIB de 8 % en 2009).
Guerre Russie-Géorgie en août 2008 pour montrer sa force ; jeu sur énergie avec
Europe ; position sur Corée du Nord.
Où va la Russie ?
Question récurrente et lancinante.
Stabilité et prospérité sous Poutine avec soutien de la population.
Sous Medvedev, la crise frappe, montrant les limites du contrat social tacite =>
appel à la modernisation indispensable du pays.
Espoir = vient des actions collectives d’associations apolitiques pour défendre des
intérêts.
=> embryons de société civile consumériste comme mouvement des automobilistes
grâce à Internet aussi, formidable espace de liberté.
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