A – Dichotomie Action/BE
Dualité irréductible entre Action et BE du point de vue éthique
« Cette dichotomie disparaît dans un modèle où la motivation se fonde exclusivement sur
l’intérêt personnel, où l’action de la personne doit être entièrement consacrée à son propre
BE. » (p.40)
Action : ce qui donne de la valeur (au sens large) => question de l’objectivité de cette valeur
BE fait face à un important problème tenant à la difficulté de l’évaluer
« le BE n’est pas la seule valeur » (p.45) surtout assimilé à l’U
« l’U ne représente pas correctement le BE » (Ibid.)
B – Amorce du débat entre conséquentialisme et conception déontologique
Typologie p.37 : le conséquentialisme est directement visé
Si les conséquences des politiques publiques sont difficiles à évaluer ou les comportements
individuels à expliquer, notamment quant aux gains ou pertes d’U ou de BE, il reste à savoir
de quelles manières comprendre la réussite d’un individu et concevoir les moyens adéquats
pour la favoriser.
Égalité est présente derrière nombre d’arguments de Sen
Objectif qu’il s’assigne : « savoir si la meilleure façon de décrire l’avantage dont jouit une
personne est de considérer ce qu’elle fait » (p.45)
Inégalité comme surcroît de capacité d’action, de liberté
Liberté se mue en moyen de réintroduire des considérations éthiques dans l’économie
Surtout que les droits et libertés n’ont figuré qu’au rang de moyens en vue d’une finalité « plus
haute » dans les discours utilitaristes
« Cette tradition particulière s’est transmise à la phase postutilitariste de l’économie du BE,
centrée sur l’efficacité » (p.47)
Théoriciens des droits et libertés se sont opposés à la dérive « mécaniste » de l’économie
utilitariste dans son entreprise de faire de l’U, de l’efficacité ou du BE l’horizon de la vie en société
Cependant « le caractère inadéquat du comportement intéressé peut aussi s’avérer grave
dans les théories morales qui mettent l’accent sur les droits et libertés » (p.53)
Exemple de Nozick
En fait, pour Sen, si la théorie des droits et libertés (liberté négative) est insuffisante pour
rendre compte du comportement des agents ainsi que de leurs raisons d’agir, cela signifie
alors que l’approche déontologique pure est incapable de dépasser la marginalisation de
l’éthique
La notion de liberté positive serait plus apte à contribuer à réconcilier éthique et économie (citation
pp.53-54)
Est-ce le manque d’effectivité quant à l’égalité que Sen reproche aux théories des droits et
libertés?
Difficile à comprendre dans le contexte du libéralisme politique depuis une trentaine d’années
Plus fondamentalement, Sen semble suggérer qu’en se dégageant de l’éthique/morale, l’économie
se serait limitée à la plus simple efficacité comptable et aurait imposé sa compréhension de
l’homme
Hormis l’amorce d’une réflexion sur et d’une défense de la capacité réelle des individus à mener leur
vie comme bon leur semble, c’est-à-dire en posant des actes qui parfois ne possèdent de valeur que
transmise par leur propre volonté, il est souvent difficile d’apercevoir clairement jusqu’à quelles
conclusions pratiques pourraient mener l’argumentation de Sen.
Il subsiste un aspect peu clair dans sa pensée, une dimension téléologique rémanente dans ses
réflexions. La mobilisation d’une compréhension positive de la liberté couplée à la référence à la
place qu’occupait dans des sociétés marquées par l’hétéronomie morale l’éthique ne va pas sans
provoquer un léger trouble. En particulier, l’articulation de ce versant « moral » avec l’insistance de
Sen sur les capacités individuelles ne paraît guère évidente.