concurrence la plus féroce et au chaos. Une telle politique est incompatible avec le développement durable
qui certes encourage, veut stimuler le développement, mais à deux conditions : préserver les ressources
naturelles et promouvoir la dimension sociale.
Dans la situation actuelle, les gouvernements se révèlent trop souvent impuissants à influencer des décisions
qui privilégient ou au moins prendraient sérieusement en compte les intérêts des employés des sociétés, ces
dernières privilégiant trop souvent la rentabilité financière. Quelques grandes sociétés françaises n’ont-elles
pas récemment fermé des usines au fonctionnement non déficitaire, mais aux bénéfices insuffisamment
élevés pour…. investir ? lutter contre la concurrence ? maintenir des dividendes élevés ? La multiplicité de
ces cas est particulièrement préoccupante, voire inacceptable sur le plan humain. Intéressant à ce sujet est le
recours de la CFTC contre un grand groupe français qui demande, entre autres, si, sur le plan juridique, la
rentabilité d’une entreprise peut être motif de licenciement. A suivre…
Les OPA et autres grandes fusions entre sociétés nationales ou multinationales posent également de
nombreux problèmes qui se répercutent directement sur nos populations. Certes, elles peuvent se révéler
utiles, voire nécessaires pour survivre, maintenir des prix compétitifs. Il s’agit là de problèmes réels, comme
les délocalisations, qui peuvent se révéler nécessaires pour continuer l’activité de l’entreprise. mais est-ce la
motivation de la majorité des décisions ? En outre, sous couvert de restructuration, combien de
licenciements ? dans l’agro-alimentaire, le secteur bancaire, l’aviation, les hydrocarbures ! Que de drames.
Par ailleurs, est-il souhaitable que se créent de véritables monopoles ? et pouvons-nous accepter que le
développement de grands groupes conduisent à la faillite de petites et moyennes entreprises, chez nous ou
dans le tiers Monde ?
Toutes les situations évoquées ayant une résonance mondiale, les organismes tels que l’organisation
mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque Mondiale (BM) jouent
un rôle décisif. Au vu de l’évolution mondiale de la situation, où les pauvres deviennent trop souvent
toujours plus pauvres et les riches toujours plus riches, la majorité des partenaires s’accorde à penser qu’il
faut repenser fondamentalement les objectifs et responsabilité de tels organismes. Ils sont indispensables
pour harmoniser les échanges internationaux et le développement, mais le développement économique ne
doit pas constituer une fin en soi, il doit être considéré comme un moyen pour le développement des
populations humaines, leur bien-être.
3. Conclusions et propositions d’actions
Les propos précédents sont sévères. Mais qui contestera qu’aujourd’hui, hélas, l’argent est le moteur
principal du développement, d’un développement malheureusement aussi plus quantitatif que qualitatif.
Notre conviction profonde c’est qu’il faut absolument changer radicalement de mentalité, c’est-à-dire placer
l’homme au centre de toutes les préoccupations et non pas l’économie. L’Homme est-il au service de
l’économie ou est-ce l’économie qui doit être au service de l’Homme ? Nous faisons nôtres les conclusions
de la récente étude du Centre de recherche sur la paix de l’Institut catholique de Paris : « Développement et
devenir de l’homme : un enjeu pour la paix » ; (L’Harmattan)
« … il n’y a pas de développement durable sans la prise en compte des dimensions éthique et spirituelle de
l’homme. Ceci implique une lutte permanente pour que la personne humaine soit respectée elle-même et non
utilisée pour les intérêts d’une minorité. »
Quel défi pour les responsables politiques, financiers et économiques, et… pour nous-mêmes ! car ne
sommes-nous pas, chacun de nous, aussi centrés sur ce « toujours plus, toujours plus vite » ? Oui, à tous les
niveaux, les mentalités devraient changer et une véritable métanoïa s’opérer !
Nous, chrétiens, devons nous sentir particulièrement interpellés ; c’est le cas de Pax Christi. En tant que
lieu-tenants de la Création, n’avons-nous pas à gérer, dans l’esprit de Dieu, l’ensemble de cette Création, qui
comprend toutes les ressources naturelles et dont l’homme fait partie. Mammon et le profit ne peuvent être
nos objectifs, sinon pour partager, faire preuve de solidarité.
Nous voulons également revaloriser la gratuité, le don. Tout doit-il se monnayer ? Tout doit-il être calculé ?
programmé ? sans relâche ? et, quid de la « halte », du Sabbat ?