Sources : Michel Dortel-Claudot sj à Assise mai 1995 Les débuts de Pax Christi 1944 - 1950 Période où le mouvement fut créé et animé par Marthe Dortel-Claudot Marthe Claudot, naquit à Vic-surCère (Cantal) le 20 août 1907. Côté paternel, elle appartenait à une famille de militaires et de médecins Côté maternel, elle appartenait à une famille de médecins et de notables de la moyenne bourgeoisie. Elle fit ses études supérieures à l’Université de ClermontFerrand, y obtint une licence en Lettres Puis commença une carrière de professeur de Latin, Grec et Français, dans divers lycées publics. En avril 1936, elle épousait à Bordeaux Monsieur Auguste Dortel, veuf et père de trois jeunes enfants. Marthe Claudot, devenue Madame Dortel, obtint de pouvoir garder son nom de jeune fille accolé à celui de son mari, et se fit ainsi appeler Marthe DortelClaudot. Marthe Dortel-Claudot avait la plume et la parole faciles, entretenait des relations épistolaires assidues avec une foule de personnes, de toutes opinions mettait tout le monde à l’aise grâce à son brio et ses dons de contact. était courageuse et entreprenante, assez faite pour le commandement : son art de convaincre, d’entraîner les autres, de les rallier aux causes qu’elle entendait servir. Elle tenait des siens une solide foi chrétienne. Elle pratiquait régulièrement et allait à la messe en semaine, chaque fois que son travail et sa santé le lui permettaient. Toute jeune fille, elle avait été initiée à la vie intérieure par un prêtre de sa paroisse (Tulle). On la voyait souvent plongée dans les auteurs spirituels, lire et relire les œuvres de Ste Thérèse d’Avila. Marthe Dortel-Claudot AGEN PARIS Extension, évolution et internationalisation de Pax Christi Pax Christi Fin 1940 Marthe Dortel-Claudot est nommée au Lycée de jeunes filles à Agen. La famille s’installe à Agen. Les parents devinrent très vite des opposants au gouvernement Pétain et aidèrent plusieurs familles juives à se cacher. À partir de 1942, Ils entrent dans la Résistance (organiser des réseaux, cacher les évadés et travailleurs ‘réfractaires’). …. En août 1944 La ville d’Agen est libérée La famille DortelClaudot séjourne à Agen de Août 1940 à Août 1945 face à l’église saint Hilaire Depuis son arrivée à Agen, la famille fréquente la paroisse Saint-Hilaire dont le curé était le chanoine Joseph Dessorbès. Septembre 1944 Pour des raisons que Dieu seul connaît, Marthe, après treize années de sécheresse spirituelle, commence à se sentir à nouveau attirée vers l’oraison. Voyant que ce réveil subit de ferveur durait, elle est allée se confier à son curé. 26 octobre 1944 Le Père Dessorbès accepta de devenir son guide spirituel et lui demanda de mettre par écrit ce qu’elle ressentait intérieurement dans la prière. À partir des écrits de Marthe Du 26 octobre 44 au 24 janvier 45 Par étapes successives, Marthe se sent vivement poussée à prier et à faire prier pour le clergé, puis pour le peuple allemand : “Il faut reconstruire l’Allemagne,” "Les Allemands sont une partie de Son troupeau". "Jésus est mort pour tous. Personne ne doit être exclu de ma prière.." Marthe est de plus en plus convaincue qu’elle doit entreprendre quelque chose avec le père Dessorbès "pour l’Allemagne, surtout pour les régions de l’Est” Prier pour que l’Allemagne se guérisse de la “détresse morale et religieuse” provoquée chez elle par douze années de nazisme. À partir des écrits de Marthe Du 25 janvier au 13 mars 1945 Marthe invite des personnes à prier avec elle Cherche à recruter (supérieure du carmel d’Agen, les communautés religieuses …) Essuie des refus mais ne se décourage pas Décide de rencontrer Mgr Théas, alors évêque de Montauban À partir des écrits de Marthe 11 mars 1945 Mgr Théas subordonna son acceptation à l’approbation de son Métropolitain. 12 mars 1945 Sans hésiter, dès le lendemain, Marthe rencontre à Toulouse le futur Cardinal Saliège qui l’approuve sans hésitation À partir des écrits de Marthe À partir des écrits de Marthe 13 mars 1945 Retour à Montauban Mgr Théas autorise Marthe à se « présenter partout comme sa secrétaire pour la Croisade de prières pour l’Allemagne ». « Au moment où je sortais, il me demanda : ‘C’est le Saint Esprit qui vous a envoyée.’ Je baissais simplement la tête affirmativement. » Mgr. Théas fut l'un des rares évêques à protester publiquement contre la déportation des juifs. Arrêté en juin 1944, il prêcha auprès de ses codétenus « l'amour de ses ennemis ». C'est avec son support que Marthe DortelClaudot fonda un petit groupe de chrétiens catholiques pour prier pour la reconstruction de l'Allemagne et pour la paix. Patronnant des œuvres caritatives en faveur des détenus des camps de Noé et Récébédou ouverts début 1941, réservés aux étrangers et notamment aux Israélites, Monseigneur Saliège s'insurge contre le sort réservé aux Juifs dont le départ vers les camps d'extermination allemands commence le 3 août 1942 sous la direction de la Police de Vichy. Ainsi, il ordonne la lecture publique le 23 août 1942 dans son diocèse d'une lettre pastorale restée célèbre dans laquelle il affirme : « les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes... Tout n'est pas permis contre eux... Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d'autres. Un chrétien ne peut l'oublier. » Bien qu'interdite par arrêté préfectoral, la lecture de cette lettre a quand même lieu dans la plupart des paroisses et surtout, sera reprise et diffusée sur les ondes de la BBC à Londres. Pax Christi est ainsi né au confluent de deux expériences spirituelles de pardon qui se rejoignent : celle de Mgr Théas et celle de Marthe. Une plaque rue de la comédie à Montauban rappelle la mémoire de cette création. Au lendemain du 13 mars 1945, Marthe se mit immédiatement au travail pour faire connaître et diffuser la « croisade de prières ». 17 mars 1945 Son premier geste fut d’aller en parler avec Mgr Feltin qu’elle connaissait et de s’assurer de son soutien. L’Archevêque de Bordeaux réserva le meilleur accueil au projet. Bulletins (tous les deux ou trois mois) Pâques 1945 : Premier bulletin créé par Marthe (comme les suivants) tiré à 2.000 exemplaires (préface de Mgr Théas) . Le titre du premier bulletin était : Pax Christi in Regno Christi, (« Pax Christi » était écrit avec des caractères plus grands) . Avec le sous-titre suivant : Lettre-circulaire de la Croisade de prières pour la conversion de l’Allemagne. (ajout du mot « conversion » pour tenir compte du contexte) Bulletins Pentecôte 1945 : 2ème bulletin, (5.000 exemplaires) Préface de Mgr Saliège : “Croisade, de prières pour la conversion de l’Allemagne. Croisade prières pour la conversion du monde. Ce n’est pas seulement en Allemagne que le sens chrétien est atrophié. Il faut des saints partout.” Dans ce même bulletin Marthe écrivait : “Chez nous tout est-il si parfait que nous n’ayons à penser qu’à convertir les autres ?” Le 3ème bulletin fut tiré à 10.000 ex. (préface Mgr Feltin) (le dernier imprimé à Agen) (secrétariat et diffusion …réalisés par la famille dans la maison familiale) 7 avril 1945 Marthe écrit à chacun des évêques de France une lettre à laquelle était joint le premier bulletin édité à Pâques. A la lettre adressée au Cardinal Gerlier, Archevêque de Lyon, avait été joint un joli mot de recommandation de Mgr Rodié, évêque d’Agen. Dans sa lettre aux évêques, Marthe demandait de bien vouloir accorder leur approbation à la nouvelle œuvre et, éventuellement, de désigner un prêtre avec qui la Croisade pourrait prendre contact pour une diffusion dans leur diocèse. Dans les mois qui suivirent 32 évêques ont répondu favorablement Mgr Rodié, proche de la Résistance, le 9 juin 1944, on le retrouve dans la liste des personnalités arrêtées à Agen par les autorités allemandes et déportées à Compiègne. À l'issue de la guerre, Mgr Rodié favorise la fondation de Pax Christi à Agen par Marthe DortelClaudot, afin de prier pour les Allemands et pour la paix. 8 mai 1945 L’armistice est signée avec l’Allemagne. La guerre se termine Août 1945 Mme Dortel-Claudot, est nommée, pour la rentrée qui approche, professeur de lettres au lycée Charlemagne à Paris. (elle était arrivée à Agen fin 1940) Le « siège » (= foyer Dortel-Claudot) de Pax Christi quitte Agen pour Paris Toussaint 1946 La Croisade de prières pour l’Allemagne devient Pax Christi, Croisade de prières pour les Nations. Ceci avait été vivement recommandé par Mgr Roncalli (nonce) au Cardinal Saliège qui l’annonce en ces termes aux lecteurs, en tête du bulletin n° 8 : “Toutes les nations sont éprouvées. Toutes les nations aspirent à la paix.” Croisade de prière A chaque adhérent il est demandé de prier chaque jour pour la Paix dans le monde, de réciter un ‘Ave Maria’ à Notre Dame de la Paix, d’invoquer Marie sous ce vocable et d’y joindre quelques autres invocations : au St Curé d’Ars et aux patrons des pays voisins. La priorité est bien accordée à la prière, au sacrifice et aussi au pardon. On peut lire dans la revue du Mouvement: “La prière est source de sanctification personnelle et créatrice d’une atmosphère de charité et de paix.” L’extension de Pax Christi en France fut très rapide. Août 1945 on comptait déjà 15 correspondants diocésains, Novembre 1945 on fait état de 60.000 adhérents (communautés religieuses, action catholique, paroisses …) Novembre 1946 on dénombrait 28 correspondants diocésains : l’œuvre était implantée dans une petite trentaine de diocèse français, de façon déjà un peu organisée. durant 1946 et surtout 1947 L’internationalisation de Pax Christi s’affirme avec des adhésions venues de plusieurs pays d’Europe. En chacun de ces pays, dans la mesure du possible, étaient mis en place des ‘centres’ - c’était l’appellation employée - et des correspondants diocésains avec lesquels le comité parisien s’attachait à entretenir des liens étroits. De nombreux rassemblements nationaux et internationaux Kevelaer 1948 Vezelay 1946 Des pèlerinages-congrès sont organisés (à Lourdes où Mgr Théas président du mouvement avait été nommé) Pâques 1950. Depuis plusieurs mois existait un différend important causé par deux conceptions différentes portant sur l’avenir du Mouvement Pax Christi. Devait-il rester un mouvement spirituel, de prière pour la paix (souhait de Marthe) Ou devenir un mouvement de recherche et de promotion des diverses conditions politiques, économiques, sociales, de justice et plus généralement humaines qui ouvraient des chemins vers la paix (souhaits de certains évêques qui en avaient parlé entre eux lors du pèlerinage de l’été 1949) Pâques 1950. La seconde conception triompha. La « Croisade » se mua en « Mouvement Catholique International pour la Paix, Pax Christi ». Mme Dortel-Claudot résolut de se retirer du Mouvement et elle s’imposa le silence le plus total. …Si bien que beaucoup oublièrent ou ne surent même pas qu’elle en était la véritable fondatrice. FIN