Antoine Marmoiton Les Actions La compilation zippée ultrarapide pour ne pas avoir l’air bête quand le broker appelle et dit qu’il faut acheter… Chapitre 1 L’analyse financière Premières sueurs froides comptables Les documents comptables It is no secret that organized crime in America takes in over forty billion dollars a year. This is quite a profitable sum, especially when one considers that the Mafia spends very little for office supplies." Woody Allen Les boites sortent chaque année deux documents comptables : Le compte de résultat (Profit & Loss ou P & L) et le bilan (Balance Sheet). Le problème c’est que tel quel on ne peut pas en faire grand chose il faut les retraiter. Les documents de base Le compte de résultats La plupart du temps les entreprise publient une version déjà retraitée du compte de résultat appelée SIG pour soldes intermédiaires de gestion, qui se présente ainsi : Soldes Intermédiaires de Gestion Profit & Loss (1) Profit & Loss (2) Chiffre d'affaire -Achat de Marchandises & MP MARGE BRUTE TOTALE -Charges Externes =Valeur Ajoutée -Impôts et Taxes -Frais de Personnel Sales Sales -Cost of Goods Sold =Gross Profit -Cost of Goods Sold =Gross Profit -Selling & Administrative Expenses -Selling & Administrative Expenses =Exédent Brut d'Exploitation (EBE) =Earnings Before Earnings, =Earnings Before Earnings, Taxes, Depreciation & Taxes, Depreciation & Amortization (EBITDA) Amortization (EBITDA) -Dot° aux Ammo d'Expl. -Dot° aux Prov. d'Expl. -Amortizations -Depreciations -Amortizations -Depreciations =Result d'Exploit° (REX) =Earnings Before Interest and =Earnings Before Interest and Taxes (EBIT) Taxes (EBIT) Produits Financiers +Interest Received -Taxes =Net Operating Profit After Taxes Charges Financières =RCAI +Produits Except. -Charges Except. -Participation des Sal. -IS -Interest Expenses (NOPAT) +Interest Received -Interest Expenses +Other Income -Other Expenses =Resultat net =Net Earnings +Other Income -Other Expenses -Taxes =Net Earnings Le Bilan Initial Bilan Balance Sheet Immobilisations Incorporelles Nettes +Immobilisations Corporelles Nettes +Immobilisations Financières =Immobilisations Net Intangible Fixed Assets +Net Tangible Fixed Assets +Financial Fixed Assets =Fixed Assets Stocks +Clients et Comptes Rattachés +Autres Créances +Disponibilités =Actif Circulant Inventories +Receivables +Other Current Assets +Cash & Short term securities =Current Assets ACTIF ASSETS Capital +Réserves +Résultat de l'Exercice =Fonds Propres Shareholder's Funds +Retained Earnings +Net Earnings =Equity Provision pour risque et charges Provisions Dettes Financières & LT Long Term & Financial Debt Dettes fournisseurs +Dettes fiscales et sociales +Autres Dettes d'Exploitation =Dettes d'exploitations & CT Payables PASSIF LIABILITIES +Other Current Liabilities =Current Liabilities Ce bilan initial ne nous permet de calculer qu’un nombre minimal de ratios et notamment ne donne pas les éléments permettant, avec les éléments retraités du compte de résultat, de calculer la valeur de l’entreprise. Notons par exemple que des deux cotés du Bilan, les éléments d’exploitation, tels que stocks ou créances clients, sont mélangés avec les aspects purement financiers tels que les disponibilités. Les éléments concernants l’exploitation sont maintenant regroupés à l’actif : Bilan Balance Sheet Immobilisations Incorporelles Nettes +Immobilisations Corporelles Nettes +Immobilisations Financières =Immobilisations Net Intangible Fixed Assets +Net Tangible Fixed Assets +Financial Fixed Assets =Fixed Assets Stocks +Clients et Comptes Rattachés +Autres Créances -Dettes fournisseurs -Dettes fiscales et sociales -Autres Dettes d'Exploitation =Besoin en Fonds de Roulement (BFR) Inventories +Receivables +Other Current Assets -Payables Disponibilités Cash & Short term securities ACTIF Economique ASSETS Capital +Réserves +Résultat de l'Exercice =Fonds Propres Shareholder's Funds +Retained Earnings +Net Earnings =Equity Provision pour risque et charges Provisions Dettes Financières & LT Long Term & Financial Debt PASSIF Financier LIABILITIES -Other Current Liabilities =Net Working Capital (NWC) 2 A noter qu’après ce retraitement, la valeur du passif financier, si l’on remplace la valeur comptable des actions (Capital / Shareholder’s Funds) par leur valeur de marché, et la Dette par sa valeur de marché, correspond à la valeur de l’entreprise, appelée Valeur d’Entreprise (Entreprise Value ou EV). A noter également que nous n’avons pas retraité les provisions en fonds propres ou en dettes, le retraitement dépend en effet de leur nature. On peut d’ores et déjà définir certains ratios de valorisations utilisés pour comparer des actions entre elles. Les Premiers Ratios Les ratios basés sur la comptabilité de l’entreprise Le Retour sur Capitaux Investis / Return on Invested Capital (RoIC) Si l’on exclu les éléments financiers, on peut considérer que l’entreprise a investi : Immobilisation (Fixed Assets)+BFR (Net Working Capital)+Cash = Capitaux Investis (Invested Capital), et a obtenu grâce à cet investissement le résultat d’exploitation (EBIT) on a donc : RoIC EBIT IC Ce ratio peut être réparti en un produits de deux ratios : RoIC EBIT Sales Sales IC De cette manière l’on fait apparaître la marge que l’entreprise réalise sur ses ventes, ainsi que le chiffre d’affaire réalisé pour 1 F d’investissement dans l’entreprise. La répartition du retour sur capitaux investi entre ces deux ratios est souvent caractéristique de son activité : Une entreprise industrielle devra investir beaucoup pour produire son premier franc de Chiffred’Affaire, mais vendra des produits à forte marge. Inversement Une entreprise de distribution investira peu. Les lieux de ventes seront des hangars, l’entreprise aura des stocks qui lui coûteront de l’argent, mais ce coût sera plus que compensé par la différence entre des créances clients faibles (on paye comptant au supermarché) alors que l’entreprise rêglera les fournisseurs fabricants les denrées à 60 ou 90 jours. L’entreprise aura donc des Immobilisations…faibles, Un besoin en fonds de roulement…négatifs et de fortes disponibilités en cash, alors que son chiffre d’affaire sera colossal. Il suffit donc de peu d’investissement à Carrefour pour réaliser son premier franc de chiffre d’affaire. Inversement les marges sont extrêmement faibles puisqu’il faut offrir les produits indispensables en terme de marque (Cocacola, etc), moins cher qu’ailleurs. 3 Le Retour sur fonds propres / Return on Equity (RoE) C’est une mesure de la rentabilité financière de l’entreprise. Les bénéfices réalisés seront partiellement distribués sous forme de dividendes, la partie non distribuée venant augmenter les fonds propres (Reserves). C’est donc une mesure importante pour l’actionnaire. RoE NetEarnings Equity Le secteur ou ce ratio est le plus pertinent est le monde bancaire. Les banques n’aillant aucune exploitation au sens industriel, la rentabilité financière est le retour sur capitaux investi d’une banque. Endettement et levier financier Si l’entreprise s’endette pour un montant D à un taux d’intérêt i, Elle paiera chaque année i*D pour le service de sa Dette. La Dette fournira des ressources supplémentaires mais ses intérêts viendront se soustraire au Résultat d’Exploitation (EBIT) : l’entreprise réalise donc une économie d’impôt égale au taux d’imposition T qu’elle aurai payé sur le résultat d’exploitation. Le coût net de la dette est donc chaque année i*(1-T)*D. En oubliant le résultat exceptionnel et la participation des salariés, on peut écrire : Net Earnings = EBIT*(1-T)-i*(1-T)*D = (EBIT-i*D)*(1-T) EBIT IC - iD)(1 - T) (EBIT - iD)(1 - T) IC = RoE Equity Equity ( On pose IC = Fixed Assets + NWC + Cash = Equity + Debt(D) RoE (RoIC (Equity D) - iD)(1 - T) D = RoIC ( RoIC i ) )(1 T ) Equity Equity Quand le taux de retour sur capitaux investi est supérieur au taux auquel s’endette l’entreprise, les actionnaires ont donc intérêt à ce que l’entreprise augmente son taux d’endettement. Les ratios basés sur la valeur de marché de l’entreprise Les Price / Book et Price / Earnings, etc Les deux ratios sont les plus anciens et les plus utilisés. Price est le cours de l’action, Book (ou Book value) est la valeur comptable des fonds propres par action. Le Price / Earnings ou PER mesure le nombre d’année de bénéfices nécessaire à rembourser l’achat de l’action à son cours actuel. On cherche donc : des actions dont P/E et P/B sont bas. Les ratios de valeur d’entreprise Beaucoup d’autres ratios tels que EV/Sales, EV/EBIT ou EV/EBITDA peuvent être construits, nous ne nous aventurons pas à les commenter. Observations habituelle : Plus bas = Moins cher. 4 Chapitre 2 La valorisation proprement dite DDM, FCF et autres Barbaries Le Dividend Discount Model (DDM) Les bénéfices nets de l’entreprises sont partiellement distribués aux actionnaires. On peut donc calculer la valeur de l’action comme l’actualisation de la valeur des dividendes à recevoir par l’actionnaire. Formule générale Soit y le taux de rendement que l’actionnaire attends des actions de l’entreprise. y est la somme de deux termes, tout d’abord le taux sans risque Rf, qui correspond au taux de rendement à maturité d’une obligation zéro coupon émise par l’état, plus une prime de risque : y=Rf+ Soit dt le dividende versé pour l’année t. On peut maintenant calculer la valeur de l’action : P t 1 dt (1 y )t Le modèle de Gordon Shapiro Il faudrait pour pouvoir appliquer cette formule, disposer de prévisions de dividendes jusqu'à l’infini, ce qui est inenvisageable. On peut donc commencer par simplifier le problème en supposant que la part des bénéfices versés (dite aussi payout ratio) est constante. La variation du dividende entre t+1 et t est donc égale au taux de croissance des bénéfices, que nous allons supposer constant et appeler g : d (t 1) (1 g )d (t ) d (t ) d (1)(1 g )t 1 En substituant dans la formule précédente on obtient: P d (1) ( y g) Supposer que l’entreprise aura un taux de croissance des bénéfices constants au cours de toute son existence est irréaliste. Pour être utilisable, le modèle devra donc au moins supposer plusieurs taux de croissances correspondant à des étapes de développement différentes de l’entreprise 5 Le modèle à trois périodes L’hypothèse la plus courante consiste à supposer que l’entreprise connaîtra trois phases de développement distinctes. Une phase de croissance, une phase de transition, et une phase ou elle a atteint, en terme de croissance une « vitesse de croisière ». Le modèle est du à Molodovsky (1960). d 0 le dernier dividende versé G1 le taux de croissance lors de la première phase G2 le taux de croissance en « vitesse de croisière » T la durée de la première phase en année, N le nombre d’année de la seconde phase Entre les deux phases et pendant N années le taux de croissance des bénéfices est une interpolation linéaire des deux taux G1 et G2 : G j G1 j (G1 G 2) N Le prix est la somme des dividendes actualisés lors des trois phase, la dernière phase n’étant qu’un calcul de Gordon Shapiro en date T+N. 1 G1 1 G1 T 1 G1 T N 1 P d0 1 d t y G1 1 y 0 1 y t 1 (1 y ) t (1 G ) j j 1 N d0 (1 G1)T (1 G 2) (1 G j ) j 1 ( y G 2)(1 y )T N Le modèle peut être mis en pratique de la manière suivante : Un taux de croissance des bénéfices à 3 ou 5 ans peut être obtenu auprès de base de données de consensus telles qu’IBES, on obtient donc G1 et T. La durée N de la période de transition est difficile à fixer : 10 à 20 ans paraît acceptable. Quel taux de croissance des bénéfices à l’infini ? Il est habituel de considérer que les bénéfices de l’entreprise croîtront au même rythme que l’économie à très long terme. Le taux d’intérêt réel (Taux d’intérêt sans risque – inflation anticipée) fourni une estimation de ce taux de croissance. Aucune des suggestions faites ici n’ont fait l’objet d’une démonstration, la valorisation est malheureusement plus souvent un art qu’une science. Nous avons fait tellement d’hypothèses, notamment que le taux de rendement attendu y est constant d’années en années, que ces formules sont plus des repères que des valorisations exactes. 6 Relation entre Price / Book (P/B) , Price / Earnings (P/E) et DDM Supposons que l’intégralité des bénéfices est versée en dividendes. Le bénéfice net par action est appelé EPS (Earnings per Share), le modèle de gordon shapiro devient alors: P EPS 1 1 P/E y g ( y g) yg P/ E L’Equation précédente montre qu’une action ayant un P/E plus bas n’a pas nécessairement un rendement attendu supérieur, puisque tout dépends du taux de croissance des bénéfices, g. Pour éviter ce problème, Peters (1991), recommande l’utilisation du PEG: PEG=(P/E)/g Soit bt la valeur comptable des fonds propres par action (book value), et les bénéfices par action et dt les dividendes versés. Nous commençons par écrire que la valeur comptable des fonds propres est égale à sa valeur lors de l’exercice précédent plus les bénéfices de l’exercice précédent moins les dividendes versés: bt bt 1 et dt Le taux de rendement attendu est assimilable à la rentabilité des fonds propres de l’entreprise (RoE), nous pouvons donc séparer les bénéfices de l’exercice t en bénéfices attendus e et exceptionnels e*: et ybt 1 et* Supposons maintenant que les bénéfices exceptionnels diminuent graduellement (<1): et*1 et* Nous écrivons maintenant les dividendes: d1 (1 y )b0 e1* b1 d 2 (1 y )b1 e1* b2 d t (1 y )bt 1 t 1e1* bt En injectant la valeur des dividendes calculés ci dessus dans la formule générale d’actualisation des dividendes, on obtient une relation entre P/E et P/B: 1 1 1 1 1 0 P / B 1 y P / E 1 y 7 En pratique En pratique on utilise peu ces modèles pour valoriser réellement. Ils ont cependant deux utilisations principales: Si je connais bien la croissance des bénéfices lors de la première phase, ce qui peut être le cas pour des indices, je peux calculer le taux de rendement attendu qui permet de justifier le prix actuel, et de la la prime de risque. Si je réalise ce calcul de manière régulière, je peux comparer la prime de risque à son historique (Si celle si est élevée, le marché est peu cher, et vice-versa) Si je regarde deux actions du même secteur, dont le risque (la volatilité des bénéfices) est donc équivalent, je peux utiliser la même prime de risque pour les deux actions. Je peux ensuite calculer les taux de croissance des bénéfices qui permettent d’égaliser les prix des deux titres et décider au regard de ce que je sais des deux entreprise si l’écart de taux de croissance implicite des bénéfices est jusitifié. 8 Le Discounted Cash Flow (DCF) Description Construction des Free Cash Flows Antres Modèles 9