Introduction : Eau, développement et pauvreté : tentatives de définitions
Avant d’accorder à la question de l’eau une centralité dans l’analyse des connections de la
disponibilité et de la répartition sociale ainsi qu’économique de cette ressource multi usages,
en relation avec le niveau et l’évolution de la pauvreté, il semble nécessaire de pouvoir
préciser sa définition et sa nature, en particulier lorsque le champ d’investigation concerne
un pays sous développé, tel que l’Algérie. En même temps, il s’agit aussi de clarifier le
contenu du concept de développement, et de préciser les relations liant
« développement économique» et « développement social ».
S’agit – il d’un même phénomène, prenant deux aspects : celui relevant strictement de
l’activité économique, avec celui irradiant les effets de celle-ci sur la société, avec ses
différences, ses couches sociales, leurs intérêts souvent conflictuels et divergents ?
S’agit-il d’un phénomène circonscrit, dans son évolution, ses pratiques et ses tendances,
dans la stricte sphère du changement technique ? La pauvreté en serait alors un effet
incident, comme presque un effet social fatal, que les politiques que conduisent les pouvoirs
tentent d’amoindrir, mais qu’elles ne sauraient éradiquer.
Ou bien relève – t – il beaucoup plus des choix sociaux, c’est – à – dire des choix
politiques, que se considèrent comme fondés de faire les groupes sociaux détenant le
pouvoir de décision et représentant ainsi « l’Etat », à chaque période nouvelle que traverse
le pays considéré ? La pauvreté en serait alors dans ce cas, une conséquence de choix
préalables, susceptibles d’être remis en cause, car ayant conduit à son émergence et à sa
diffusion sociale. « La pauvreté » ne peut être maîtrisée alors que si ces choix sont remis en
cause et remplacés par d’autres plus à même de concrétiser les objectifs généraux liés à la
diminution constante du niveau social de pauvreté.
« L’État », en Algérie, par son rôle d’arbitre dans les conflits d’intérêts qui font se
confronter en permanence les différentes couches sociales, n’oublie – t – il pas d’assurer un
minimum de vie aux populations les plus marginalisées économiquement et socialement, en
réformant ses choix économiques et sociaux ? Ce minimum de vie ne peut – il pas être
approcher à travers les niveaux de disponibilité de certaines ressources naturelles
socialement vitales, telle que l’eau ? Ce niveau de vie minimum, dans sa connexion avec la
disponibilité de l’eau pour les besoins humains, étant par nature en évolution dynamique
dans le temps, en fonction des évolutions économiques et sociales, ne soumet-il pas à une
révision constante les politiques économiques et les choix de développement en particulier
lorsque les objectifs de développement économique et social et de lutte contre la pauvreté,
annoncés à chaque période, sont loin d’être atteints comme dans le cas de l’Algérie ?
D’autant plus que dans le cas de ce pays, environ 70% de la population, c’est-à-dire 24
millions d’habitants, vivent à moins de 100 km des côtes qui s’étendent d’Est en Ouest sur
1200 km.
-a- Qu’est ce que « l’eau » ?
Ce questionnement est, méthodologiquement incontournable, au vu des phénomènes
conflictuels et parfois armés et violents, qui entourent la problématique de l’eau et sa
répartition, aussi bien entre groupes d’habitants et activités économiques dans les
différentes régions de l’Algérie, qu’entre pays et Nations au niveau international.
Au-delà de ses caractéristiques de « ressource naturelle », renouvelable dans certaines
de ses formes, dans le temps et au fil de la succession des saisons, il s’agit de saisir toutes
les particularités et les spécificités de « l’eau » qui en font d’elle une ressource naturelle
particulière, qui se distingue, aux yeux des collectivités sociales, de toutes les autres
ressources qu’offre la nature.
Plus d’une approche de l’eau peut être tenté :
--A--Tout d’abord, il est possible de la définir par sa nature : c’est une ressource naturelle,
caractérisée par sa faculté de renouvellement sous contraintes (prospections, recherches,
pollutions, infrastructures, etc. ), mais aussi par sa rareté, face à sa demande sociale et à sa
demande économique.