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COLLOQUE INTERNATIONAL IRD
AGADIR 12 16 Décembre 2005.
« L’eau comme révélateur de la crise multiforme en Algérie : aspects économiques et
impacts sociaux »
Nadji KHAOUA
LAREE/FSEG
Université d’Annaba
khaoua_nadji@yahoo.com
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“L’eau a toujours hanté l’esprit des hommes. Des différents
symboles qu’elle suggère, le plus perceptible est celui du
mouvement et de la vie : les sources, les eaux courantes,
les vagues sont déjà des objets offerts à une vision
animiste du monde. La réalité dépasse de beaucoup cette
évocation. Si, depuis leur apparition dans les océans
primitifs, les êtres vivants participent plus ou moins au
« cycle de l’eau », c’est que, réciproquement, cette
substance conditionne leur existence : elle est le
constituant principal de leur organisme et de leur
nourriture. »
In :
Encyclopédia-Universalis (2004) Paris CD-ROM Version 9.
Ce travail n’aurait pu voir le jour, en tous cas sous sa forme
présente, sans la collaboration acharnée et souvent polémique, mais stimulante de
Mme MERIEM KHAOUA-REMITA, biologiste et chercheuse en sciences de la vie et de
la terre.
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Plan
Introduction : Eau, développement et pauvreté : tentatives de définitions
-a- Qu’est-ce que « l’eau » ?
-b- Le contenu du « développement »
-c- Approche de la pauvreté :
L’eau en Algérie :
1 Approche économique :
1.1 les réserves et la politique de prospection
1.2 la production
1.3 les pratiques de mobilisation :
1.3.1. les besoins de l’industrie et des services
1.3.2. les besoins de l’agriculture
1.3.3. les besoins domestiques
2 Analyse sociale :
2.1 la consommation domestique
2.2 l’eau et l’évolution du revenu national
2.3 l’eau et la dynamique de la pauvreté
Centralité de la crise de l’eau et critique des politiques économiques :
1 Analyse économique des politiques de développement
2 Analyse prospective des impacts sociaux de ces politiques
Conclusion
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Introduction : Eau, développement et pauvreté : tentatives de définitions
Avant d’accorder à la question de l’eau une centralité dans l’analyse des connections de la
disponibilité et de la répartition sociale ainsi qu’économique de cette ressource multi usages,
en relation avec le niveau et l’évolution de la pauvreté, il semble nécessaire de pouvoir
préciser sa définition et sa nature, en particulier lorsque le champ d’investigation concerne
un pays sous développé, tel que l’Algérie. En même temps, il s’agit aussi de clarifier le
contenu du concept de développement, et de préciser les relations liant
« développement économique» et « développement social ».
S’agit – il d’un même phénomène, prenant deux aspects : celui relevant strictement de
l’activité économique, avec celui irradiant les effets de celle-ci sur la société, avec ses
différences, ses couches sociales, leurs intérêts souvent conflictuels et divergents ?
S’agit-il d’un phénomène circonscrit, dans son évolution, ses pratiques et ses tendances,
dans la stricte sphère du changement technique ? La pauvreté en serait alors un effet
incident, comme presque un effet social fatal, que les politiques que conduisent les pouvoirs
tentent d’amoindrir, mais qu’elles ne sauraient éradiquer.
Ou bien relève t il beaucoup plus des choix sociaux, c’est à dire des choix
politiques, que se considèrent comme fondés de faire les groupes sociaux détenant le
pouvoir de décision et représentant ainsi « l’Etat », à chaque période nouvelle que traverse
le pays considéré ? La pauvreté en serait alors dans ce cas, une conséquence de choix
préalables, susceptibles d’être remis en cause, car ayant conduit à son émergence et à sa
diffusion sociale. « La pauvreté » ne peut être maîtrisée alors que si ces choix sont remis en
cause et remplacés par d’autres plus à même de concrétiser les objectifs généraux liés à la
diminution constante du niveau social de pauvreté.
« L’État », en Algérie, par son rôle d’arbitre dans les conflits d’intérêts qui font se
confronter en permanence les différentes couches sociales, n’oublie – t il pas d’assurer un
minimum de vie aux populations les plus marginalisées économiquement et socialement, en
réformant ses choix économiques et sociaux ? Ce minimum de vie ne peut il pas être
approcher à travers les niveaux de disponibilité de certaines ressources naturelles
socialement vitales, telle que l’eau ? Ce niveau de vie minimum, dans sa connexion avec la
disponibilité de l’eau pour les besoins humains, étant par nature en évolution dynamique
dans le temps, en fonction des évolutions économiques et sociales, ne soumet-il pas à une
révision constante les politiques économiques et les choix de développement en particulier
lorsque les objectifs de développement économique et social et de lutte contre la pauvreté,
annoncés à chaque période, sont loin d’être atteints comme dans le cas de l’Algérie ?
D’autant plus que dans le cas de ce pays, environ 70% de la population, c’est-à-dire 24
millions d’habitants, vivent à moins de 100 km des côtes qui s’étendent d’Est en Ouest sur
1200 km.
-a- Qu’est ce que « l’eau » ?
Ce questionnement est, méthodologiquement incontournable, au vu des phénomènes
conflictuels et parfois armés et violents, qui entourent la problématique de l’eau et sa
répartition, aussi bien entre groupes d’habitants et activités économiques dans les
différentes régions de l’Algérie, qu’entre pays et Nations au niveau international.
Au-delà de ses caractéristiques de « ressource naturelle », renouvelable dans certaines
de ses formes, dans le temps et au fil de la succession des saisons, il s’agit de saisir toutes
les particularités et les spécificités de « l’eau » qui en font d’elle une ressource naturelle
particulière, qui se distingue, aux yeux des collectivités sociales, de toutes les autres
ressources qu’offre la nature.
Plus d’une approche de l’eau peut être tenté :
--A--Tout d’abord, il est possible de la définir par sa nature : c’est une ressource naturelle,
caractérisée par sa faculté de renouvellement sous contraintes (prospections, recherches,
pollutions, infrastructures, etc. ), mais aussi par sa rareté, face à sa demande sociale et à sa
demande économique.
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A ce titre, la priorité serait donnée à la préservation des sources de production et de
renouvellement de l’eau :
* Par la forestation des territoires, on contribue à favoriser l’augmentation du volume
annuel des précipitations d’eau de pluie ;
* Par la lutte organisée contre la pollution atmosphérique, on contribue à la pureté et à la
« potabilité » de cette eau de pluie ;
* Par la construction de barrages et de retenues collinaires, on contribue à capter une part
importante des eaux de surface ;
* Par l’établissement de stations d’épuration, on contribue à maximiser les volumes d’eau
potable et on diminue les possibilités de diffusion, par l’eau, des pollutions ;
*Par la lutte contre les pollutions des sols, on contribue à la préservation pour ensuite les
exploiter, des nappes phréatiques et de leurs potentiels hydriques.
--B--Ensuite, il est tout aussi nécessaire de définir l’eau à partir de sa triple caractéristique
d’être, en même temps :
-a- une ressource naturelle ayant une relative capacité de renouvellement, sous certaines
contraintes impliquant l’intervention de politiques spécifiques de protection de celle-ci face
aux différents types de pollution auxquels elle fait face ;
-b- un « bien public », dans la mesure où sa consommation sociale est vitale pour tout
individu au-delà du niveau de revenu dont il peut disposer ;
-c- un « bien marchand », car de plus en plus, la sphère du marché domine toutes les
transactions opérées sur toutes les catégories de biens et services, dont les biens issus des
ressources naturelles, l’eau précisément dans ce cas.
« L’eau est un élément vital pour les êtres humains. De tout temps, son accès fut l’objet de
conflits entre groupes sociaux, États ou nations. Si ces aspects n’ont pas disparu, l’eau est
devenue depuis un demi-siècle un enjeu pour de nouveaux pouvoirs (financier, industriel,
économique) dont l’objectif est d’en faire une simple marchandise. Nous sommes donc face
à un choix politique, un choix de société : l’eau doit-elle être un bien marchand ou doit-elle
être considérée comme un bien commun de l’humanité dans le cadre d’une société guidée
par les principes d’une économie solidaire et durable ? » (1).
-b- le contenu du « développement » :
Le concept de « développement » a été depuis plusieurs décennies (2) maintenant, au
centre des travaux de différents chercheurs. Parmi les conceptions qui ont laissé leurs
empreintes au niveau des pratiques économiques des Etats, on peut citer celle de W. W.
ROSTOW (3), qui considère que celui-ci est un processus s’organisant selon des étapes
ordonnées se déroulant de manière séquentielle dans le temps.
Le passage de l’une à l’autre ne se réalise que si la précédente s’est pleinement
concrétisée. Mais il fait lui-même référence aux critiques possibles à cette approche linéaire,
gommant les aspects sociaux et politiques du développement :
« One reason for the resistance to the stages approach is that it denies the statistical
analyst the easy use, in good conscience, of GNP per capita as a measure of growth. If the
degree of efficient absorption of technologies is taken as a basic measure of growth (as it
should be), one can have relatively rich and relatively poor countries at the same stage of
growth, depending on population/resource balances, export capabilities, tourism, foreign aid,
etc.”(4)
Plusieurs observations importantes, qui peuvent conditionner par la suite une relecture
actualisée du contenu conceptuel du « développement » peuvent être faites à la suite de
l’apport de W. W. ROSTOW.
-1- Association « ATTAC » : L’eau, bien commun de l’humanité.
Cf. www.attac.org
-2- les premiers travaux centrés sur le concept de développement datent des années cinquante.
-3- W. W. ROSTOW (1971) : The Stages of Economic Growth.
Cambridge University Press London G.B.
-4- W.W.ROSTOW. (1971):
Op.cit.
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