Un peu plus tard un réel vent de panique s’empare de la Belgique, des
comptes sont vidés dans l’urgence et les banques coupent une fois pour
toutes les vannes du crédit interbancaire ce qui place Fortis au bord du
gouffre; Les autorités se voient contraintes d’intervenir. L’Etat ne peut pas
laisser tomber Fortis sous peine de déclencher une crise systémique, c’est à
dire la propagation d’une crise localisée à une crise globalisée et ce dû aux
nombreuses interdépendances du système financier.
Le réel problème est survenu lors de l’après midi du 26 septembre lorsque le
marché interbancaire s’est fermé, ceci a contraint les directeurs de Fortis de
solliciter pour la première fois une aide publique sous la forme d’un ELA
auprès de la banque nationale. Le 28 septembre, Jean Claude Trichet
président de la BCE invité par Guy Quaden (gouverneur de la banque
nationale), arrive en Belgique afin de sensibiliser et d’informer le
gouvernement belge sur les produits toxiques, la spécificité et le sérieux de la
crise actuelle.
II.2. Mauvaise gestion des fonds propres : Intervention étatique.
La CBFA, Commission bancaire financière et des assurances interroge
les responsables de Fortis afin de savoir si ceux-ci ont des solutions, s’ils
peuvent s’appuyer sur l’un ou l’autre partenaire. La réponse est NON. L’organe
de contrôle demande alors au bancassureur d’ouvrir des data rooms. Si des
candidats sont intéressés au rachat, ils peuvent se rendre dans les locaux de
la CBFA pour scruter les comptes de Fortis. Seul ING et BNP Paribas se
présentent comme candidats potentiels. L’assureur Néerlandais Aegon ainsi
que l’assureur Allemand Munich Re et la SFPI se penchent sur les comptes de
Fortis afin de pouvoir fournir à BNP Paribas et ING une analyse claire de la
situation de Fortis. Cependant, ces derniers se heurtent à un problème
informationnel, l’information disponible s’avère être très rudimentaire alors
que la structure de la société est très complexe. Ils découvrent également
l’étendue des mauvais crédits structurés que Fortis a accumulé pour une
somme de quelques 53 milliards dont 10% sont liés aux subprimes.
N’ayant eu que des offres insuffisantes des candidats potentiels le groupe de
travail décide de se tourner vers une nationalisation en faisant monter l’Etat
dans le capital de Fortis à hauteur de 49,9% en échange de capitaux frais. En
effet, c’est bien la fragilité de la structure des capitaux propres qui est à la
base de l’effondrement des cours de bourse des actions bancaires.
Emergency Liquidity Agreement: pour obtenir ces liquidités très spéciales il faut obtenir
l’accord des quinze gouverneurs des Banques centrales et des six membres du directoire de la
Banque européenne. Ces crédit d’urgence sont accordés à des taux très élevés afin de décourager
les banques d’y recourir.