Question 56 : L’étude de la balance des paiements de chaque pays membre d’une même zone monétaire présente-t-elle toujours un réel intérêt ? INTRODUCTION : Les nations comptabilisent les échanges avec l’extérieur pour comparer l’ampleur des flux d’entrée à celle des flux de sortie. Pour cela, elles élaborent un document comptable, conforme aux recommandations de l’ONU, la balance des paiements. La balance des paiements est un document statistique qui recense dans un cadre comptable toutes les transactions réalisées, entre les résidents d’un ensemble économique donné et les non résidents ; elle enregistre les échanges de biens, de services et de capitaux au cours d’une période donnée (le trimestre, l’année). En France, ce document est établi par la Banque de France. Nous verrons dans un premier temps comment fonctionne et se compose la balance des paiements, puis dans un second temps ce qu’elle révèle et l’intérêt de son étude. 1ère Partie : fonctionnement et composition de la balance des paiements. A. Fonctionnement : La balance des paiements est composée à partir de sources multiples croisées ( système bancaire/financier, entreprises, douanes pour l’essentiel) et imparfaite par construction ( inerties des enregistrements ), elle comporte le poste d’équilibrage « erreur et omissions ». La balance des paiements suit le principe de la comptabilité en partie double. Ainsi, une même opération est comptabilisée deux fois : en tant que flux réel et en tant que flux monétaire, contrepartie exacte de ce même flux. Par exemple, une vente de marchandises à l’étranger pour une somme de 1000 € est enregistrée d’un côté de la balance en tant qu’exportation ( sortie de marchandises – flux réel), et de l’autre côté de la balance en tant qu’augmentation des réserves monétaires ( entrée de monnaie – flux monétaire). Dès lors, on comprend qu’une balance des paiements est nécessairement équilibrée. B. Eléments qui la compose : La balance des paiements se divise en comptes : Compte des transactions courantes : balance commerciale : importations et exportations de marchandises. Compte financier : balance des capitaux : balance des capitaux long terme : sorties de capitaux à long terme, prêt ou investissements, entrées de capitaux à long terme : emprunts à l’étranger, investissements étrangers en France balance des capitaux court terme : sorties de capitaux à court terme : prêts, entrée de capitaux à court terme : emprunts. Compte de capital : balance des invisibles ( balance des services et transferts unilatéraux ). 2ème partie CE QUE REVELE LA BALANCE DES PAIEMENTS ET L INTERET Alors que la balance des paiements retrace, dans un cadre exhaustif et comptablement équilibré, les flux entre résidents et non résidents, la position extérieure est établie en termes de stocks et vise à recenser l’encours des créances et engagements financiers de l’ économie nationale vis à vis de l’extérieur. La position extérieure d’un pays est le solde entre ses avoirs extérieurs bruts (les créances qu’il détient sur l’étranger) et ses engagements extérieurs bruts (les créances détenues par l’étranger sur ce pays considéré). Une position extérieure positive désigne un pays créditeur net et vice versa. En identifiant individuellement toutes les sources nettes de revenus ainsi que de dépenses, pour un pays, il est possible de dégager un solde représentatif des capacités ( s’il est positif) ou des besoins de financement de ce pays (s’il est négatif). Au sein de la balance courante : 3 sous postes : 1) La balance commerciale fait l’objet généralement d’analyse plus approfondie dans la mesure où elle reflète le degré d’ouverture d’un pays sur l’étranger. Lorsque le taux de couverture ( X/M) est supérieur à 100%, le commerce extérieur est dit excédentaire, et si ce taux de couverture est inférieur à 100%, le commerce extérieur est déficitaire. Les termes de l’échange est un concept attaché à la balance commerciale : ils correspondent au rapport entre les prix des exportations et les prix des importations. Lorsque le prix des X croît davantage que celui des M, les termes de l’échange nets s’améliorent et inversement. Ainsi, quand le solde commercial devient chroniquement déficitaire, des ajustements s’avèrent nécessaires : ajustement par les prix ( compression des coûts ou amélioration de la productivité. 2) Le solde des services. Son importance dans les échanges s’est fortement accrue, du fait de la globalisation financière, mais aussi de l’explosion des nouvelles techniques de l’information et de la communication (qui facilite l‘externalisation). 3) Le solde des revenus : comprend à la fois les dividendes et les paiements de coupons, leur solde est étroitement lié à la position nette extérieure de la nation (et donc à ses besoins ou capacités de financement cumulés), ainsi qu’à la rentabilité des actifs de ses résidents à l’étranger comparée à celle des actifs du reste du monde détenus dans le pays. CONCLUSION : L’étude de la balance des paiements, même à l’intérieur d’une même zone monétaire est révélateur, notamment celle de la balance commerciale qui traduit l’état de santé de l’économie nationale. A court terme, un déficit peut être associé à une forte conjoncture se traduisant par des besoins d’importations supérieurs à la demande d’exportations. A long terme, un déficit peut traduire un état précoce de développement, nécessitant des besoins d’équipement et d’infrastructures, ainsi que, parallèlement, des besoins de financement. C’est en principe le cas des PED. A contrario, un surplus devrait être associé à un stade avancé de développement et des surplus d’épargne nationale (cas d’un pays vieillissant comme le Japon). Mais il peut aussi résulter d’une faiblesse concurrentielle persistante, que, une surabondance de financement, permet de cacher un temps (cas des Etats-Unis).