A. FICHE RESUMEE ORGANISATION SYNDICALE : Confédération générale du travail TITRE DU PROJET : Analyse, prévention et résolution des malaises au travail dans la fonction publique territoriale. Quels outils pour le CHS ? INTITULE ET ADRESSE DE L’ORGANISME CHARGE DE LA RECHERCHE : Confédération générale du travail 263, rue de Paris 93 516 MONTREUIL Cedex NOM DU CHERCHEUR RESPONSABLE DE LA RECHERCHE : Serge DUFOUR DUREE DE LA RECHERCHE : du 01/09/2008 au 31/10/2009 RECAPITULATION FINANCIERE : FRAIS GENERAUX ADMINISTRATIF ET DE GESTION : FRAIS DE PERSONNEL : FRAIS DE DIFFUSION, VALORISATION, PUBLICATION : FRAIS PARTICULIERS AU PROJET : TOTAL : 2 OBJET DE LA RECHERCHE : Que ce soit en entreprise ou au sein des collectivités territoriales, les travaux du Centre d’étude et de recherche Travail, Organisation, Pouvoir (CERTOP) mettent tous en évidence l’existence de malaises au travail : il s’agit là d’une sensation de pression temporelle et de pénibilité, de conflictualité dormante et de difficulté de faire reconnaître son métier, qui engendre de l’insatisfaction, de l’inquiétude et du mécontentement. La malaise altère notre santé sans que l’on puisse identifier une cause unique et s’en défaire aisément. Il interroge la place de l’individu dans les services, l’organisation de leur travail et le travail réalisé. Le présent projet a pour objet : l’approfondissement de l’analyse de ces malaises tels qu’ils se manifestent chez les personnes qui travaillent ; l’analyse des freins et des moteurs qui agissent sur la gestion de ces malaises au sein des comités Hygiène et sécurité (CHS) de la fonction publique territoriale (FPT). Faisant suite à un 1er travail, il a une visée plus pratique : c’est avant tout une recherche-action destinée à « outiller » les membres des CHS. _____________________________________________________________________ HYPOTHESES, METHODES, MOYENS : Notre hypothèse est que la prise en compte de la santé au travail est liée à la maîtrise de deux obstacles : le premier obstacle est lié à la qualification des malaises, le second à la diversité d’interprétations de ces malaises. D’une part, les malaises au travail prennent des formes diffuses, s’expriment de manière différée, sont parfois banalisés, se combinent avec d’autres difficultés de vie ; et d’autre part, les raisons du mal-vivre au travail se sont déplacées vers l’amont et diversifiées au point d’être difficiles à saisir, de requérir des compétences souvent distribuées, mais rarement mises en commun : les choix d’organisation et les modes de management réduisent de plus en plus les prérogatives des salariés et la rationalisation des moyens oriente les comportements professionnels vers des objectifs de performance ; enfin, les membres du CHS se trouvent confrontés à des difficultés d’articulation de leur « mission » au regard de la réalité qui souvent dépasse leurs attributions. Concrètement, le projet s’appuiera sur la construction d’un partenariat avec des élus Cgt des CHS de la FPT et la constitution d’un (ou de) groupe(s) de travail dit « recherche-action ». Il s’attachera à élaborer un référentiel de formation, une grille méthodologique pour l’analyse en situation et à réaliser la formation du (ou des) groupe(s) de travail, sur un site ou deux (1er « livrable »). Il approfondira l’analyse des malaises au travail et établira des repères pour l’action des membres du CHS (2e et 3e « livrables »). 3 B. PRESENTATION DETAILLEE 1. Le contenu de la recherche 11. Présentation syndicale de l’objet de la recherche1. Comme en témoigne, par exemple, le succès de la thématique générique du harcèlement moral, succès qui a débouché sur l’adoption en 2002 d’une loi2, et la multiplication des publications parlant de mal-être au travail3, le vécu quotidien des salariés français est de plus en plus « problématique ». Souhaitable notamment dans une perspective de syndicalisation, la prise en compte du « problème » par les organisations syndicales est malheureusement loin d’aller de soi. Pourtant, comme en atteste l’existence même des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), elle correspond tout à fait aux missions que l’article L. 411-1 du Code du travail attribue aux syndicats professionnels, soit « l’étude et la défense des droits ainsi que des intérêts matériels et moraux, tant collectifs qu’individuels, des personnes visées par leurs statuts ». De même, l’article 1er des statuts de la Confédération générale du travail retient pour objectif « l’épanouissement individuel et collectif des hommes et des femmes ». Préjudiciables à la réponse aux besoins et en dépit de progrès indéniables 4, les difficultés rencontrées tiennent sans doute au fait que les questions de travail, de santé au travail… en particulier celles ayant trait à la psyché des individus, sont de nature à perturber le fonctionnement « traditionnel » des Cette présentation a été rédigée par la Cgt, le reste de la présentation détaillée par l’équipe du CERTOP. 2 Modifiée en 2003, la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 définit le harcèlement moral comme « un ensemble d'agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits du salarié et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ». 3 Decèze Dominique (2004), France Télécom, la machine à broyer, Jean-Claude Gawsewitch Editeur ; Decèze D. (2005), Haute tension à EDF-GDF, J.-C. Gawsewitch Editeur… 4 Notons ainsi que le projet de document d’orientation du 48e Congrès de la Cgt parle spécifiquement du travail et des conditions de travail. Cf. Cgt (2006), Le Peuple, n° 1623, 18 janvier. Lire également : Perraud Jean-François (2006), « Le travail et l’emploi dans un même mouvement », Le Peuple, n° 1624, 1er février. 1 4 équipes syndicales davantage axé sur la défense des conditions matérielles d’emploi (salaires…), à bousculer les « équilibres » existant entre acteurs (syndicalistes, employeurs…), leurs systèmes de représentation… De plus, pour reprendre une distinction faite désormais par la Cgt, leur résolution renvoie peut-être davantage à un syndicalisme de proximité valorisant l’implication directe des salariés – démocratie sociale – qu’à un syndicalisme plus « institutionnel », de délégation et de représentation… Ainsi, les « malaises » exprimés par les salariés – et parmi eux par les syndiqués – demeurent trop souvent perçus comme contraires à « l’ordre viril », à la « logique sacrificielle » caractéristique jusqu’à une date récente de l’engagement militant. Ils sont fréquemment imputés à des « problèmes individuels », psychologiques notamment, alors qu’ils trouvent en grande partie leur source dans l’organisation du travail, les pratiques managériales... Le rôle, la « légitimité » des élus du CHSCT par rapport à ceux siégeant dans d’autres instances représentatives en sont dépréciés d’autant… La situation semble beaucoup plus « sérieuse » dans le secteur et la fonction publics, en particulier dans les collectivités locales. Particulièrement touchées par la dégradation des conditions de travail5, celles-ci ne possèdent pourtant pas d’instances dédiées, d’espace délimité d’expression des salariés… Un éventuel « recentrage » de l’activité syndicale de l’emploi sur le travail, l’inscription des thématiques du travail à l’agenda social en apparaîssent d’autant plus difficiles à envisager. Mais c’est cette difficulté même qui justifie la conduite de recherches sur les CHS dans la fonction publique territoriale (FPT). Celles-ci correspondent à une nécessité d’autant plus « impérieuse » que se dérouleront fin 2008 les élections aux CHS de la FPT et que les nouveaux élus devront donc être « outillés » pour assurer leurs fonctions. 12. Explicitation de la problématique et des hypothèses. Au cours de la première recherche menée par Centre d’étude et de recherche Travail, Organisation, Pouvoir (CERTOP), concernant la qualification des malaises au travail dans la fonction publique territoriale Cf. par exemple les articles publiés le 2 février 2006 par L’Humanité à l’occasion du mouvement de grèves de la fonction publique. 5 5 (FPT)6, nous avons pu mettre en évidence d’une part, la nature de ces malaises et la complexité pour l’élu du CHS de les qualifier et d’autre part, les difficultés pour les traiter au sein du CHS. Cette deuxième recherche a pour point de départ cette complexité des formes de manifestation des malaises et les difficultés pour les traiter, d’où un second volet proposé reposant sur une recherche-action menée conjointement par des chercheurs et des syndicalistes. 121. Objectifs et hypothèses. Au travers de l’étude précédemment menée, nous avons analysé d’une part les malaises que vivent les fonctionnaires de la FPT et d’autre part, la manière dont les divers acteurs tentent de les traiter au sein du CHS. Enfin, nous en avons tiré les enseignements au plan du travail syndical de l’élu du CHS. La conclusion est claire : les élus syndicaux ne sont pas en mesure de traiter ces malaises et ce, pour trois raisons. Premièrement, d’une part, les malaises au travail prennent des formes diffuses, s’expriment de manière différée, sont parfois banalisés, se combinent avec d’autres difficultés de vie (de logement, de transport, de garde des enfants par ex.) ; et d’autre part, les raisons du mal-vivre au travail se sont déplacées vers l’amont et diversifiées au point d’être difficiles à saisir, de requérir des compétences souvent distribuées, mais rarement mises en commun : les choix d’organisation et les modes de management réduisent de plus en plus les prérogatives des salariés et la rationalisation des moyens oriente les comportements professionnels vers des objectifs de performance. De plus, notre précédente étude a montré que les malaises sont difficiles à analyser et à caractériser pour l’élu du CHS. Nous avons ainsi mis en évidence quatre types de malaises : - (a) les malaises professionnels liés à la non reconnaissance du travail et des compétences engagées ; 6 Catlla Michel, Albanel Xavier, De Terssac Gilbert (2008), Les syndicats face aux malaises au travail dans la fonction publique territoriale. Quelle place pour le CHS ? Etudes de cas, Rapport final, convention d’études Ires-Cgt-université de Toulouse II (projet n° 4 de 2006) CERTOP-CBRS, février. 6 - (b) les malaises hiérarchiques liés aux décisions d’organisation et aux relations de travail ; - (c) les malaises institutionnels liés aux perspectives floues ; - (d) les malaises « d’humiliation » ou d’intimidation qui infériorisent et abaissent la personne au point qu’elle s’interdit de les exprimer et d’en parler. Deuxièmement, au sein du CHS, cohabite une pluralité d’acteurs, aux statuts et aux compétences différentes. De plus, nous avons montré, dans cette étude, les difficultés de traitement des malaises, puisque les références d’action sont enracinées dans des conceptions distinctes de la santé : il n’y a pas de référentiel commun pour parler de la santé au travail et l’élu se trouve « baloté » entre plusieurs façons de définir la santé au travail et de délimiter le périmètre pertinent. Dans cette première étude, nous avons mis en évidence quatre interprétations de la santé au travail, qui constituent autant de manières de donner « sens » aux réalités observées : - (a) l’interprétation « règlementaire et normative » qui considère que l’amélioration de la santé au travail se réduit au respect de la loi et des règlements ; - (b) l’interprétation en terme de « risques émergents » qui sont des évènements indésirables faisant courir un danger et pouvant donner lieu à des dommages ; - (c) l’interprétation en terme de souffrance exprimée par le sujet qui endure une situation difficile à supporter ; - (d) l’interprétation en terme « hygiéniste » qui privilégie les règles et les principes d’amélioration de la santé surtout « physique ». Il y bien nécessité, pour développer des actions pertinentes, de définir ce que l’on entend par santé au travail. Troisièmement, face aux difficultés de qualification et d’analyse des malaises du travail, mais aussi face à l’hétérogénéité des manières de voir la santé au travail, l’élu syndical du CHS est limité dans sa capacité d’intervention en vue de traiter ces malaises du travail : malgré la capacité d’écoute qu’ils développent et malgré les efforts d’enquête auprès des personnes qui travaillent pour recenser leurs besoins en terme d’hygiène et de 7 sécurité, il faut bien reconnaître que l’élu a bien peu de marges de manœuvre pour agir. Il ressort clairement que les élus du CHS ne sont ni compétents, ni ne disposent de solides attributions pour analyser, prévenir et résoudre les malaises du travail dans la FPT : pour cela, ils ont besoin de se doter d’outils d’analyse et d’apprendre à intervenir dans un domaine qui ne leur est pas familier. C’est pourquoi nous proposons de faire une recherche-action menée conjointement par des chercheurs et des syndicaliste pour recréer un espace social d’échanges et de confrontations permettant de traiter les questions de santé au travail, de souffrance et de malaise. Cette recherche-action bénéficie de l’expérience acquise par l’équipe de recherche au cours de l’étude précédente menée dans la FPT, mais aussi d’un bilan des connaissances acquises dans ce domaine7. Qu’est ce qu’une recherche-action ? Une recherche-action c’est d’abord, une intervention conjointe et en situation réelle qui vise à identifier les problèmes rencontrés « par et avec » les personnes qui travailllent, à les analyser et à construire des pistes de solution pour prendre en compte les malaises du travail. Ce qui importe ici, c’est de retenir le caractère composite de l’équipe de recherche qui comprend des chercheurs et des salariés – agents de la FPT – volontaires pour participer à ce type d’intervention. Une recherche-action, c’est ensuite une recherche pratique et appliquée à un problème donné : cela suppose de dépasser le simple cadre du diagnostic et de déboucher, non seulement sur l’élaboration de repères8 pour l’action, mais aussi sur leur mise en oeuvre. C’est pourqoi, là encore, une telle intervention ne peut se faire sans les acteurs concernés : des agents de la FPT devront être partie prenante dans cette recherche-action. Une recherche-action, c’est enfin une recherche co-conduite et coélaborée avec les personnes qui font l’objet de l’étude, toujours sur la base du volontariat. La démarche comme les modalités de travail seront définies ensemble. Le choix des terrains, notamment, sera décidé par les deux parties. 7 Cf. De Terssac G., Saint Martin C., Thébault C. (dir.)(2008), La précarité : une relation entre travail, organisation et santé, Toulouse, Octarès, (sous presse). 8 Sur cette notion de repère, on se référera à l’ouvrage : Queinnec Y., Teiger C., De Terssac G. (1998), Repères pour négocier le travail posté, Toulouse, Octarès. 8 122. Cadre théorique de la recherche Nous proposons d’utiliser la notion de « travail d’organisation » (TO) pour caractériser cette activité de gestion des malaises du travail. Nous avons forgé9 cette notion de « TO » au travers d’une quinzaine de travaux de recherches sur des chantiers différents. D’abord, cette notion reste un fil conducteur pertinent pour conduire cette recherche et pour penser ensemble le travail et l’organisation de façon liée. Elle fournit un cadre de recherches empiriques sur la relation entre le travail entendu comme une action finalisée et les formes de structuration de l’action, permettant de repérer et d’évaluer les changements dans les pratiques et leurs conséquences inattendues. Ensuite, elle permet de proposer une interprétation du travail et de l’organisation comme un seul processus d’action, fait d’accomplissements et de médiations. Elle reste une occasion de faire dialoguer et de relier différentes approches et notions, telles que les « règles du jeu » ou de « régulations sociales » de J.-D. Reynaud (1997), l’action organisationnelle ou « l’agir organisationnel » de B. Maggi (2003), « l’action organisée » de E. Friedberg (1993)10. Enfin, cette notion est une catégorie générale qui relie et donne sens aux analyses des pratiques de travail et de sa structuration que nous avons explorées dans différents domaines. Pourquoi se référer ici à ce cadre théorique ? Premièrement, parce qu’il s’agit de repérer les initiatives et les actions des membres du CHS. A l’origine de tout travail d’organisation, il y a un problème à résoudre – par exemple, l’amélioration de la santé – que les acteurs vont tenter de qualifier et face auquel ils vont décider de s’engager dans sa résolution. 9 De Terssac G, Lalande K. (2002), Du train à vapeur au TGV : sociologie du travail d’organisation, PUF. 10 Friedberg E. (1993), Le pouvoir et la règle. Dynamiques de l’action organisée, Editions du Seuil, coll. « Points essais » ; Maggi B. (2003), De l’agir organisationnel. Un point de vue organisationnel, le bien-être, l’apprentissage, Toulouse : Octarès, coll. « Travail et Activité Humaine » ; Reynaud J.-D. (1997), Les règles du jeu. L’action collective et la régulation sociale, Armand Colin & Masson, coll. « U », série Sociologie. 9 Le problème à résoudre constitue le déclencheur d’une création de règles, obéissant à un principe de réalité, ayant une validité externe. Ces règles ou dispositifs constituent des objets qui interfèrent doublement dans l’action, car une règle est à la fois « ce qui règle un problème » (une règle pratique) et la manière dont les individus gèrent leurs interactions (une règle du jeu). Deuxièmement, ce cadre théorique met l’accent sur la diversité des points de vue et des conceptions relatives à la « santé au travail ». En effet, toute action repose sur une analyse cognitive permettant de se mettre d’accord sur l’efficacité ou l’inefficacité des règles en vigueur ou sur leur (faible) légitimité. Cette analyse crée un espace de discussion, de délibération et d’appropriation et requalifie l’espace des échanges, car elle conduit les acteurs à se confronter pour régler le problème qui les réunit. Troisièmement, ce cadre permet d’expliciter la formation d’un acteur collectif sans lequel aucun projet ne pourrait voir le jour : sous quelles conditions un CHS est-il un acteur collectif ? La confrontation de points de vue suffit-elle à mettre entre parenthèse d’autres manières de voir et de faire ? Certainement pas et l’on ne s’étonnera pas que l’acteur collectif qui s’est construit pour porter le projet, entre en conflit ou en négociation avec les communautés en place ou d’autres niveaux hiérarchiques sédimentés autour d’autres pratiques et d’autres conceptions de la réalité. Cette création de règles a un auteur qui ne lui préexiste pas : l’acteur collectif se construit dans le cours même de cette invention de règles et de l’effort pour rendre ces règles communes. Quatrièmement, ce cadre oblige à s’intéresser aux relations de pouvoir et aux rapports de force qui font avancer des idées. Les acteurs sont-ils toujours « disposés » à entrer dans la fabrique des règles et à négocier ? La lassitude et le retrait de certains acteurs ne bloquent-ils pas la formation des règles communes ? N’assiste-t-on pas à un éclatement des foyers de production normative et à une individualisation des initiatives qui prennent leurs distances d’avec les actions communes ? De telles questions obligent à s’intéresser aux processus de régulation qui ordonnent les initiatives, les rendent possibles ou les cantonnent dans un espace limité. La force d’une règle n’est pas seulement liée à sa légitimité cognitive ou à sa fabrication collective ou à son efficacité, elle est aussi liée aux forces qui la soutiennent. Mais ici, il faut préciser que l’initiative et le pouvoir ne coïncident pas toujours : la prise d’initiative peut se 10 faire contre ceux qui ont le pouvoir ou au contraire, les solutions innovantes en matière de prise en charge de la santé au travail peuvent être appuyées ou même imposées par ceux qui ont le pouvoir de le faire. Cinquièmement, ce cadre théorique permet de mettre l’accent sur les dynamiques d’apprentissage qui accompagnent les processus organisationnels. Parler de processus d’action situés à différents niveaux, de lectures différentes, de coalitions d’acteurs et de contrôle de leurs initiatives, revient à s’interroger sur les processus d’apprentissage, qui ne consistent pas seulement à mettre en connaissance des pratiques par une activité réflexive, mais à inventer de nouvelles pratiques et de nouvelles règles du jeu, à tester de nouvelles solutions et à les sédimenter : ce qui fait la légitimité de la règle, c’est la pluralité des sources et des acteurs qui la fabriquent, mais ce qui fait sa force, c’est sa malléabilité puisque les acteurs vont s’employer à la retravailler. Ne peut-on pas considérer que les formes d’apprentissages sont limitées par des routines et des règles coutumières ou par des volontés de maintenir la stabilité de la situation ? Dans le cas particulier des CHS de la FPT, l’apprentissage est d’autant plus difficile à développer que la tradition négociatoire laisse une place faiblement reconnue aux questions relevant de la santé au travail. En effet, la santé est généralement perçue comme relevant des individus, n’entrant pas dans le cadre de négociations collectives formelles, liée aux singularités de chacun et entremêlée avec la sphère privée, intangible au regard de l’action syndicale traditionnelle. La responsabilité de la rationalisation du travail entraînant des malaises reste ainsi hors de portée. Les syndicats peuvent-ils alors s’en saisir au sein des CHS et en faire un objet de revendication ? 13. Définition du champ de la recherche Premièrement, le champ de la recherche, c’est celui des malaises du travail. Que ce soit en entreprise ou au sein des collectivités territoriales, les recherches du CERTOP conduisent toutes à mettre en évidence l’existence de malaises du travail, dont nous proposons une définition : il s’agit d’une sensation de pression temporelle, de risques encourus et de pénibilité, de conflictualité dormante et de difficulté de faire reconnaître son métier, qui engendre de l’insatisfaction, de l’inquiétude et du mécontentement. Le malaise 11 altère notre santé sans que l’on puisse identifier une cause unique et sans que l’on puisse s’en défaire aisément. Il renvoie à la place de l’individu dans les services, à l’organisation de leur travail et au travail réalisé Deuxièmement, par champ de recherche, il faut entendre le secteur. Ce champ est étendu et offre une grande variété de situations qu’il convient d’analyser, et ce d’autant plus que des phénomènes récents de transfert de responsabilités vers les collectivités locales change la nature des problèmes. Ce secteur concerne 8 % de la population active (1 690 000 agents territoriaux) employés par 66 000 collectivités territoriales. Compte tenu de cette diversité des situations de travail, les CHS constituent un terrain permettant de largement appréhender la question du travail et de son organisation au prisme de la relation entre l’action syndicale et la santé au travail. Autrement dit, les CHS de la FPT apparaissent comme des lieux pertinents pour définir des problèmes liés à la santé au travail, pour coordonner des actions entre directions, salariés et syndicats, pour redéfinir ensemble des solutions et cristalliser des apprentissages collectifs. De plus, la FPT comprend plus de 280 métiers distincts qui se répartissent selon 8 grandes filières (administration, technique, culture, sport, sanitaire et social, sécurité, animation, sapeurs-pompiers) et 60 cadres d’emplois. Chacun de ces cadres regroupe des emplois et des métiers dont les caractéristiques professionnelles sont proches en termes de savoir-faire, d’aptitudes, de connaissances, de formation, de modalités de recrutement et de rémunération. Ceci étant, la FPT n’est pas un secteur « isolable » d’autres secteurs et spécifique au point de ne pas pouvoir le comparer à d’autres. Si le projet de recherche se limite actuellement à la FPT, les résultats devraient donc pouvoir être confrontés à ceux obtenus dans l’ensemble de la fonction publique, voire au delà. 2. Méthodes de travail La vérification de notre hypothèse selon laquelle le « patient » n’est pas seulement le salarié, mais aussi et surtout l’organisation dans laquelle il travaille, suppose d’aller sur le terrain à la rencontre des salariés de la FPT et de tous les acteurs prenant part à la prévention et la gestion de la santé au travail. Il s’agira, grâce notamment à la collaboration engagée avec eux, de saisir ce que l’on peut appeler les malaises au travail. En effet, la démarche 12 envisagée est avant tout une démarche empirique de recherche-action, qui prend appuie sur l’analyse des pratiques des salariés et des membres des CHS, de leurs représentations, de leurs vécus, de leurs manières de voir et d’agir sur les malaises : il s’agit d’identifier par l’analyse les processus qui leur permettent de formuler un avis, de rédiger une recommandation, de l’inscrire dans un registre remis à la direction et consultable par l’ensemble des salariés. Au-delà et selon la notion de travail d’organisation précédemment explicitée, ce sont les régulations sociales à l’œuvre qui seront mises au jour, régulations comprises comme la capacité des acteurs en présence à construire des règles permettant de résoudre le problème défini comme tel, d’une part, comme leur capacité de gérer leurs interactions, d’autre part. 21. Coopération syndicat-recherche L’objet et la nature même de cette recherche amènent à développer les coopérations de manière étroite entre le monde de la recherche académique et le monde syndical. Pour le présent projet, un comité de pilotage pourra être donc constitué et composé de deux représentants de la Fédération Cgt des services publics, du représentant de l’activité confédérale « Santé-Travail », du conseiller technique de la Cgt à l’Ires et des chercheurs du CERTOP. Les activités de recherche seront menées en étroite collaboration avec le syndicat selon le schéma suivant : - A. Groupes de travail « recherche-action » : constitution du (ou des) groupe(s) de travail et construction d’un partenariat avec les élus Cgt des CHS de la FPT. Le terrain et les formes de travail seront définies au sein de chaque groupe. Ce dernier comprend une dizaine de membres volontaires, agents de la FPT, élus ou non au CHS. Ces personnes s’engagent avec l’équipe de recherche pour réaliser cette recherche-action ; - B. Référentiel de formation : élaboration d’une base de connaissances, c’est-à-dire d’une synthèse des connaissances acquises sur les malaises professionnels en vue du transfert de ces connaissances au cours de séances de formation destinée aux groupes de travail. Il s’agit d’une part, d’élaborer un document de formation reprenant y compris les résultats de la recherche antérieure et d’autre part, de 13 réaliser la formation du (ou des) groupe(s) de travail, soit sur un site, soit sur deux sites ; - C. Approfondissement de l’analyse des malaises du travail et repères pour l’action réalisés par les membres du (ou des) groupe(s) de travail. Cette phase visera aussi à apprendre à analyser une situation de travail dans la perspective du diagnostic de santé-sécurité avec les membres volontaires du (ou des) groupe(s) mis en place pour cette rechercheaction : cette phase est centrée sur le recueil d’informations auprès des agents et sera réalisée par d’autres agents de la FPT (entretiens, observations de situations, réunions de travail avec d’autres collègues d’autres secteurs, etc). De plus, la confrontation avec le terrain et l’étude en situation seront faites avec les personnes volontaires : cette analyse servira de base pour l’élaboration de repères pour la prise en compte des questions de santé au travail. La conduite de ces activités nécessitera bien entendu de pousuivre l’analyse du fonctionnement des CHS. 22. Les sources d’information Les informations seront récoltées par les membres du (ou des) groupe(s) de travail et de l’équipe de recherche, selon des modalités à préciser. Il est clair cependant que chaque personne aura à analyser une situation (étude de cas, approfondissement d’une thématique, ou bien analyse dans un service). L’objectif est d’une part, d’avoir un collectif de personnes en capacité de faire un diagnostic de santé au travail et d’autre part, un collectif capable d’élaborer des repères pour agit au sein du CHS. Premièrement, l’objectif du recueil est d’arriver à faire un diagnostic de la santé au travail au sein du CHS et d’identifier les freins et les moteurs dans les pratiques de prévention et de traitement des membres du CHS. Il nous semble que l’intervention de ces acteurs gagnerait, non seulement par l’extension de leur formation, mais aussi par une formation en situation, permettant de faire un diagnostic et de construire les repères pour agir. Il s’agirait, avec l’équipe de recherche, d’aller ensemble sur le terrain et de construire un processus 14 d’intervention qui débouche sur l’élaboration de réelles pistes de solutions susceptibles d’être mises en œuvre. Deuxièmement, l’objectif de ce recueil, c’est aussi l’amélioration des conditions de travail, d’hygiène et de sécurité, qui passe par un dialogue social permettant aux salariés et à leurs représentants de négocier pour trouver des compromis sociaux évitant une dégradation de leur santé. Mais cette amélioration passe aussi par l’intervention des acteurs de la santé et de la sécurité regroupés au sein des CHS. En effet, leur pouvoir est limité et leur capacité d’intervention souvent réduite à des questions qui échappent au traitement des malaises au travail : « Le premier malaise est de ne pas pouvoir l’exprimer », avons-nous dit. Partons de ce que nous avons montré et qui est lié à la pluralité d’interprétations des malaises au travail et à l’hétérogénéité des logiques d’action comme par exemple : une logique économique qui compense en argent les nuisances ; une logique curative ou préventive ; une logique d’accompagnement individuel ; une logique simplement réglementaire. La recherche-action aura pour objectif ici de préparer et de construire un référentiel d’action en répondant à des questions du type : - Quel est le territoire du CHS ? Où commence-t-il et où s’arrête-til ? Le CHS est bien un « lieu » qui délimite la nature, l’étendue des questions traitées et le mode de traitement des problèmes identifiés. Mais qu’en est-il de la prise en compte des conditions de vie au travail et des malaises qui sont associés ? - B. Quelles initiatives le CHS peut-il prendre ? Comment procède-til ? Le CHS est bien aussi un lieu d’initiatives que ses membres peuvent prendre et d’inventions pour détecter un problème, l’analyser et le résoudre. Il est clair que cela suppose d’être d’accord sur le problème à résoudre, c’est-à-dire sur ce qui relève du CHS et ce qui n’en relève pas ; - C. Qui sont les acteurs du CHS ? Comment peuvent-ils travailler ensemble, coordonner leurs actions ? 15 - Certes, le CHS rassemble des personnes différentes dans leur statut et leurs compétences, mais cette diversité ne permet-elle pas de faire des projets visant l’amélioration de l’hygiène et de la sécurité ? D. Quelles sont les décisions et actions pouvant être mises en œuvre ? Si le périmètre du CHS doit être reprécisé puisqu’il ne peut prendre en compte les questions de conditions de vie au travail, si les malaises doivent être mis sur la table, si les acteurs peuvent travailler ensemble, alors cela ne permettrait-il pas d’élaborer et de mettre en œuvre un plan d’action correspondant aux attentes de chacun ? 23. Les méthodes de recueil et de traitement de l’information. La recherche retiendra quatre sources pour le recueil et pour l’analyse de l’information : - Analyse de la littérature scientifique et syndicale relative aux CHS qui sera complété. La littérature scientifique relative au domaine des CHSCT et plus généralement de la santé au travail nous a permis de saisir les enjeux actuels de telles structures CHS (à supprimer ?) de relever des expériences innovantes, d’identifier les enjeux saillants en matière de sécurité et de prévention, d’éclairer certaines zones d’ombre quant à la législation en vigueur. Cette revue sera appofondie, bien qu’un premier bilan ait été dressé11. La littérature syndicale (tracts, gazettes, publications, etc.) nous aidera à relever les enjeux en terme de santé au travail, véhiculés par les syndicats, de comprendre comment ils s’en saisissent, de quelles revendications ils sont porteurs ; - Analyse des écrits. Une attention particulière sera portée aux écrits d’organisation12 ou propres aux CHS, afin de répondre à plusieurs questions : Quelles 11 Cf. Catlla M., Albanel X., De Terssac G. (2008),, op. cit. et De Terssac G., Saint-Martin C., Thébault C. (2008), op. cit. 12 A titre indicatif, voici quelques documents qui pourraient faire l’objet d’une analyse : règlement intérieur des CHS ; comptes rendus de réunions CHS ; les productions des CHS telles que les textes d’avis, de propositions, de recommandations ; les registres dans lesquels 16 traces écrites fabriquent les CHS, selon quelles codifications ? Quelles conceptions de la santé au travail de tels dispositifs véhiculent-ils ? Quels usages en sont fait ou pas (simples statistiques, arguments mobilisés en négociation, outils de suivi épidémiologique, etc.) ? - Observation participante. Nous participerons, là où ce sera possible, aux différentes réunions des CHS pour analyser les échanges et interventions des membres et pour mieux comprendre la manière dont ils s’y prennent pour qualifier les malaises des salariés et pour construire leurs réponses ; - Entretiens. Les entretiens individuels ou collectifs que nous mènerons seront enregistrés et retranscrits sous une forme anonyme. Ils seront ensuite restitués aux personnes interviewés, afin qu’elles puissent revenir sur leurs propos, apporter des éléments complémentaires et préciser certains points. On tentera de former quelques volontaires au receuil et à l’analyse des discours. Le rapport final de la recherche comprendra donc les éléments suivants, soit trois « livrables » : - un référentiel de formation aux malaises dans le travail et à leur analyse, dont une grille méthodologique pour l’analyse en situation ; - un approfondissement de l’analyse des malaises ; - des repères pour l’action, soit la prise en charge des malaises au sein du CHS. 3. Ressources et programme de travail 31. Nom et références professionnelles du responsable scientifique de la recherche et des chercheurs sont consignés les observations et suggestions ; les rapports annuels sur l’évaluation et/ou l’évolution des risques ; lors d’un constat, d’un litige ou d’un accident, on analysera l’ensemble des documents liés à l’enquête ; données brutes liées à la sécurité, à la santé au travail, produites par la médecine du travail ou d’autres organismes ; tout type d’écrits « internes ». 17 L’équipe de recherche a acquis, grâce à sa coopération avec la Cgt, une connaissance des terrains, des personnes et des CHS de la FPT. Elle exprime le souhait de pouvoir poursuivre cette coopération et de réutiliser ses compétences au service d’un vrai travail d’amélioration de l’hygiène, de la sécurité et des conditions de vie au travail. L’équipe de recherche a été reconfigurée. Elle comprend : Gilbert DE TERSSAC, directeur de recherches au CNRS et au Centre d’étude et de recherche Travail, Organisation, Pouvoir (CERTOP), responsable scientifique du projet ; Irène GAILLARD, maître de conférences, responsable de la filière Hygiène et sécurité du Cnam et chercheuse au CERTOP ; Michel CATLLA, docteur en sociologie, post-doctorant (CERTOP et Laboratoire Printemps-université de Versailles/Saint-Quentin-en-Yvelines ; Xavier ALBANEL, docteur en sociologie, chargé d’étude au CERTOP. A. Ouvrages généraux - CATLLA M. (2007), Le travail public régional. Toulouse, Octarès ; - DE TERSSAC G. (1992), Autonomie dans le travail, PUF, coll. « Sociologie d’Aujourd’hui » ; - DE TERSSAC G. (2002), Le travail, une aventure collective : recueil de textes, Toulouse, Octarès, coll. « Travail et activité Humaine » ; - DE TERSSAC G. (dir.)(2003), La théorie de la régulation sociale de J.-D. Reynaud : débats et prolongements, La Découverte ; - DE TERSSAC G, BAZET I., RAPP L. (dir.)(2007), La rationalisation dans les entreprises par les technologies coopératives, Toulouse, Octarès ; - DE TERSSAC G., FRIEDBERG E. (dir.)(1996), Coopération et conception, Toulouse, Octarès, coll. « Travail » ; - DE TERSSAC G., LALANDE K. (2002), Du train à vapeur au TGV : sociologie du travail d’organisation, PUF, coll. « Le Travail Humain » ; - FILATRE D., DE TERSSAC G., ALBANEL X., CATLLA M., VOLERY I. (coord.)(2005), Les dynamiques intermédiaires au cœur de l’action publique, Toulouse, Octarès, coll. « Le travail en débat ». B. Temps de travail, travail posté et négociation - CATLLA M. (2005), « French Trade Unions Caught in the Swirl of Collective Bargaining/Les syndicats pris dans le tourbillon de la 18 négociation collective », Just Labour. A Canadian Journal of Work & Society, vol. 6 & 7, Autumn ; - DE TERSSAC G., QUEINNEC Y., THON P. (1983), « Horaires de travail et organisation de l’activité de surveillance », Le Travail humain, n° 1, vol. 46 ; - QUEINNEC Y., DE TERSSAC G. (1981), « Variation temporelle du comportement des opérateurs : le cas de processus à feu continu », Le Travail humain, n° 1, vol. 44 ; - QUEINNEC Y., TEIGER C. DE TERSSAC G. (1992), Repères pour e négocier le travail posté, Toulouse, Octarès, 2 édition actualisée (1ère édition, 1985) ; - DE TERSSAC G., THOEMMES J., FLAUTRE A. (2004), « Régulation politique et régulation d’usage dans le temps de travail », Le Travail humain, n° 2/2004, tome 67. C. Travail, fiabilité humaine et catastrophe industrielle - CATLLA M. (2006), « Quand les dispositifs de gestion produisent des dynamiques professionnelles. Le cas des groupements d’employeurs », in BOUSSARD V. (dir.), Au nom de la norme : les dispositifs de gestion entre normes organisationnelles et normes professionnelles, L’Harmattan, coll. « Logiques sociales » ; - DE TERSSAC G., LEPLAT J. (1990), « La fiabilité et l’ergonomie : spécificité et complémentarité », Revue de Psychologie Appliquée, n° 3, vol. 40 ; - DE TERSSAC G. (2003), « Travail d’organisation et travail de régulation », in DE TERSSAC G. (dir.), La théorie de la régulation sociale de J.-D. Reynaud : débats et prolongements, La Découverte ; - DE TERSSAC G, GAILLARD I. (dir.) (2008), La catastrophe d’AZF. L’apport des Sciences Huamines et Sociales, Paris, Lavoisier ; - LEPLAT J., DE TERSSAC G. (eds)(1990), Les facteurs humains de la fiabilité dans les systèmes complexes, Marseille, Octarès. D. Evolution de la sécurité : milieu hospitalier, navigation aérienne, SNCF, gestion des déchets, France Télécom, politiques publiques - BAZET I., CATLLA M. (2006), La gestion des événements indésirables, Rapport intermédiaire, convention Mire et Université de Toulouse-Le Mirail CERTOP-CNRS 19 - - - - - - BAZET I., DE TERSSAC G. (2003), Représentation des risques dans le métiers de l’incinération des déchets : préconisations pour la mise en place du management des risques, Rapport final, convention Novergie Sud Ouest et Université de Toulouse-Le Mirail CERTOPCNRS ; BOISSIERES I., DE TERSSAC G. (2002), « Dilemata of organisational change in complex systems », in WILPERT B., FAHLBRUCH B., System safety : challenges and pitfalls of intervention, Pergamon ; CATLLA M. (2005), « Des dynamiques intermédiaires au travail politique », in FILATRE D., DE TERSSAC G., ALBANEL X., CATLLA M., VOLERY I. (coord.), Les dynamiques intermédiaires au cœur de l’action publique, Toulouse, Octarès, coll. « Le travail en débat » ; DE TERSSAC G., LALANDE K. (2003), « Les dynamiques organisationnelles dans la maintenance des matériels roulants », Revue d’Histoire des Chemins de fer, n° 28-29 ; MORVAN E., DE TERSSAC G., PEYTAVIN A. (2000), « Communiquer pour assurer la sécurité dans les systèmes distribués », in MELIER B., QUEINNEC Y. (coord.), Communication et Travail, XXXVe Congrès de la SELF, Toulouse, Octarès ; MORVAN E., de TERSSAC G. (2002), La coopération dans le travail de maintenance pour la maîtrise des risques, Rapport final, convention CENA et Université Toulouse-Le Mirail CERTOP-CNRS, n° 962 0302 2028, Toulouse. 32. Le projet s’inscrit-il dans le cadre d’un programme plus vaste de l’équipe ou des chercheurs concernés ? Toute unité de recherche associée au CNRS et à l’Université développe des travaux dans le cadre de programmes établis pour 4 ans et faisant l’objet d’une évaluation par les instances compétentes. Le CERTOP arrive à la fin de son contrat (2002-2006) et a formulé un nouveau projet (2007-2010). Il comprend 6 axes et groupes de recherches : 20 - Travail (programme TNT, puis TONER)(coordonné par G. DE TERSSAC et Jens THOEMMES) ; - Marché ( Franck COCHOY, Michèle LALANNE) ; - Action publique (Daniel FILATRE, Annie RIEU) ; - Environnement ( Jean-Yves NEVERS, Denis SALLES) ; - Genre et professions (Nicky LE FEUVRE) ; - Tourisme et alimentation (Jean-Pierre POULAIN). La présente recherche s’inscrit dans l’axe « Travail » dont nous présentons succinctement le bilan (TNT) et le projet (TONER). Dans le programme de recherche du pôle « Travail Négociation Temps » (TNT) du CERTOP pour la période précédente (2002-2007), fondé sur des travaux de terrain et sur une formalisation de ce qu’est le travail d’organisation, nous avons cherché à comprendre comment les organisations professionnelles se structurent et structurent leurs actions par la construction de règles, de dispositifs, d’artefacts ayant une certaine efficacité et une certaine légitimité pour leurs acteurs. En faisant le bilan, on se rend compte que, malgré cette production foisonnante de règles y compris négociées, les univers professionnels ne sont jamais totalement réglés, que les acteurs ne parviennent pas toujours à coopérer, que la performance escomptée ou la légitimité revendiquée ne sont pas atteintes. Outre les recherches réalisées par l’ensemble des participants du pôle durant cette période et dans le cadre de ce programme, 10 thèses ont été soutenues sous la direction de G. DE TERSSAC : Xavier ALBANEL sur travail d’évaluation des enseignants du secondaire (2007) ; Isabelle BAZET sur le travail de planification (2002) ; Ivan BOISSIERES sur le travail de supervision des réparateurs d’un réseau téléphonique (2005) ; M. CATLLA sur le travail public régional (2006) ; Laurence CAMBON sur le travail d’encadrement dans les prisons (2003) ; Bernard DUGUE sur le travail de négociation (2004) ; Anne FLAUTRE sur les remaniements des règles de bonne distance entre les hommes et les femmes dans un contexte de réduction de la durée du travail (2003) ; Nathalie LAPEYRE sur la différenciation sexuée au sein des professions supérieures en co-encadrement avec N. LE FEUVRE (2004) ; Bertin YANGA N’GARY sur le travail professionnel et marchand au Gabon (2005) ; TRUONG AN QUOC sur le devenir des jeunes diplômes à Hanoi (2007). 21 Le nouveau programme de recherche de cet axe se dénomme TONER (« Travail, Organisation, Négociation, Risques ») et vise à comprendre, non seulement les efforts de production d’un ordre social légitime au travers des régulations sociales, mais aussi la manière dont les acteurs qui travaillent, gèrent les risques, les menaces ou les crises qui pèsent sur eux et se confrontent aux dérèglements de la régulation, dans un contexte de précarité intrinsèque des organisations, de vulnérabilité des institutions et d’instabilité de l’environnement. Voici quelques exemples de programmes de recherche en cours auxquels G. DE TERSSAC, I. GAILLARD, X. ALBANEL et M. CATLLA contribuent : catastrophes industrielles dans la chimie, évènements indésirables à l’hôpital, incapacités des institutions et des acteurs professionnels à gérer des situations de crise, précarité des cadres et des populations de travail, limites de l’action publique qui ne répond pas aux attentes de ses destinataires ou de la société, crises des institutions (l’école, l’action sociale, le système carcéral), difficultés de l’apprentissage et limitations des possibilités de formation. Le présent projet élargit cette problématique à de nouveaux terrains d’investigation et renouvelle les problématiques. 33. Le projet implique-t-il une coopération avec d’autres équipes ou d’autres organismes, français ou étrangers ? Aucune 34. Préciser les éventuelles demandes de financements complémentaires. Aucune 4. Les produits et le calendrier de la recherche 41. Est-il prévu de produire des résultats intermédiaires ? Non 42. Quels types de produits sont envisagés sur la base du rapport final ? 22 Le rapport final de la recherche est le document qui sera diffusé. Il donnera lieu, par la suite, à une publication scientifique.