Cette nouvelle organisation pénalise aussi les usagers car pour certains CMP, la pause oblige
la fermeture du CMP de ¾ heures et donc réduit l’accessibilité aux soins.
Prenons exemple du CMP qui ouvre de 9h à 12h45 et de 13h30 à 17h15, au final le temps
d’ouverture est diminué de 30 minutes par rapport à l’ancien dispositif ou le CMP est ouvert
de 9h à 17h sans discontinuer avec des soignants présents le midi.
Le temps midi est très utilisé par les soignants et les usagers pour s’appeler ou encore prendre
RDV. Beaucoup de patients viennent en consultations sur leur temps de pause déjeuner.
Le fait que l’équipe mange ensemble le midi est aussi porteur d’un maintien d’une identité
d’équipe et encore une fois permet de mieux se connaître pour mieux collaborer ensemble.
Se restaurer le midi est rarement un temps trivial car quasiment systématiquement employé
comme un temps d’échange clinique entre collègues. Les soignants discutent entre eux des
problématiques qu’ils rencontrent constamment dans une unité qui voit le nombre de
demandeurs de soins exploser.
La réunion clinique qui est censée traiter de toutes ces demandes est saturée et aborde le ¼ de
l’ordre du jour. Du coup, déjeuner avec le médecin est un temps clinique ou les agents
évoquent toutes ses situations préoccupantes garantissant ainsi une réactivité dans le soin.
La question de la pause et de la fermeture du midi des CMP interroge aussi les soignants sur
la gestion de l’urgence. Si un patient se présente en souffrance quelques minutes avant la
fermeture ? Que fait-on ? On lui dit d’attendre ? Cela semble impensable et du coup il y aura
des agents qui resteront seul avec des situations préoccupantes au risque de se mettre en
insécurité. Le maintien d’une ouverture le midi avec permanence alternée de soignants semble
tout aussi irréaliste au vu des fonctionnements des CMP actuels. Souvent l’équipe est
dispersée sur nombre de missions et il y aura incompatibilité à conserver une permanence
d’accueil, un effectif de sécurité, et la pause qui donne droit à la prendre en dehors de son lieu
de travail.
Tout cela pour vous démontrer que ces nouvelles mesures affaiblissent un dispositif de soin
qui est et reste plus que jamais cohérent au regard des Missions du Services Publics.
Cette régression sociale va générer une offre de soin limitée auprès des usagers et va mettre
en péril le dispositif des CMP sur notre territoire de soin qui est un des plus élargis sur le
département.
Les représentants syndicaux aux CHSCT s’inquiètent des répercussions psychiques que ce
programme va générer chez les agents. Isolement et insécurité professionnelle, atteinte à son
éthique soignante, stress et perte d’envie peuvent apparaître dans le cadre des risques
psychosociaux.
L’extra-hospitalier malmené ne peut que renforcer la charge de travail de l’intra-hospitalier
par effet de cascade. A l’heure actuelle ou les équipes soignantes, techniques et
administratives font ce qu’ils peuvent pour assurer au mieux leur travail dans un contexte de
réduction des effectifs, d’auto-remplacements, de sur-occupation constante (Plan Blanc).
Ce délabrement institutionnel fédère les agents dans une « maltraitance collective » ou chacun
peut être confronté à une perte de sens, une lutte pour conserver ses valeurs morales et
soignantes, un épuisement psychique et physique et une grande insécurité professionnelle.
Lecture au CHSCT du 26/03/13