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Chap. 10 : Les évolutions des relations nippo-asiatiques :
L’ASE représente 2,5% de la production mondiale. La richesse moyenne par tête est de
1400$. Au plan commercial, l’ASE représente 7% du commerce mondial. Au plan financier,
l’ASE est débitrice du reste du monde. L’ASE accueille 7% du budget de l’aide mondiale au
développement. Le Japon, quant à lui, représente 15% de la production mondiale, les japonais
ont un PNB moyen de 3500$. C’est le PNB le plus haut des pays développés.
Le Japon est au troisième rang commercial après les EU et l’Allemagne, il a les excédents les
plus élevés du monde: 100 milliards de $.
Le Japon reste, malgré sa crise, le premier opérateur financier du monde: 960 milliards de $,
ce qui en fait la première nation créditrice du monde. Le Japon est aussi le quatrième
investisseur mondial. Vis à vis de l’ASE, le Japon est le premier partout: donneur d’aide,
investisseur, fournisseur, banquier...
C'est la montée en puissance d'un acteur qu'est le Japon. Comment les Japonais ont fait pour
se reconstruire sur le plan international? Ils ont utilisé la méthode des « 47 Ronning " (ou
Running) ! C'est un film, un récit historique de la fin du 17ème siècle, archétype de la
vengeance. A partir de 1945, Le Japon essaie de se reconstruire sur une procédure en 3
générations :
1°) Reconstruire le cœur du japon de 1945-1965
2°) Reconstruire l’entourage du Japon de 1965-1985
3°) développement d’une dynamique d’expansion internationale de 1985 à nos jours
En 1945, ils ont fait un choix de reconstruire leur appareil productif qui est l'instrument de
leur reconstruction diplomatique et de leur système socio-économique. Ils ont présenté
chaque étape de leur ascension comme servant les intérêts des Américains en Asie et par-delà
le monde.
A/ De 1945-1965 :
C’est le jeu stratégique avec sa position de la mer de Chine et la reconstruction
intensive de la personnalité du Japon. Ils réussissent à recréer des structures que les EU ont
pense avoir détruite en 1945. Ainsi, après la capitulation, le Japon restaure en moins de cinq
ans la structure d’encadrement détruite par les EU. Ils profitent de leur ignorance. L'occasion
se présente avec la guerre de Corée en 1950. Il joue de sa position géopolitique car il se
retrouve directement sur la ligne de front. En 1949, le communisme triomphe en Chine. Le
Japon est alors la ligne de démarcation entre les EU et le monde communiste. Mais surtout il
est en position de verrou stratégique par rapport aux Soviétiques en Extrême-Orient (port de
Vladivostok). EU ne peuvent perdre le contrôle du verrou. Le Japon joue donc son caractère
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incontournable dans la composante occidentale pour passer du statut de vaincu au statut d'allié
et deviendra le porte-avions insubmersible des EU en Mer de Chine.
Le Japon obtient des EU de le laisser reconstruire ses cadres socio-économiques et il récupère
la plupart de ses cadres politiques et économiques libérés à la fin de 1947. Les EU pensaient
avoir démanteler les cadres politiques et économiques (les grands groupes japonais : les
Zaibatsu). Cependant parallèlement, les dirigeants rétablissent au fur et à mesure une nouvelle
structure grâce à leur réseau de relation.
Le MITI (Ministère de l’industrie et du commerce) est créé en 1949, à partir des mêmes
équipes d’avant la guerre pour coordonner la politique économique et commercial des grands
Groupes.
Le Japon dispose des fondements politico-économiques :
- Au plan mondial, il est admis au sein des organisations multilatérales, des
organisations crées à partir de 1945.
- Au plan régional: mise en place d'une relation diplomatique bilatérale.
* La Birmanie est le pays dont le Japon a eu le plus de relation pendant la WWII. Il y a eu 17
Takkhins qui ont été formés par les Japonais dans les années 30’s. A partir de 1945, tous les
hommes au pouvoir en Birmanie sont tous originaires des Takkhins (Ne Win, U Nu). Les
Japonais ont donc un relais de choix en Birmanie. C’est pourquoi pour développer ses
relations régionales, le Japon a commencé à jeter des jalons diplomatiques avec la Birmanie.
Dès 1954 (soit deux ans après le départ des troupes américaines), le Japon signe un traité de
paix avec Rangoon, assorti de 200 millions $ d’aide de dommages de guerre.
Le Japon s’attelle après à la normalisation de ses relations avec les organismes multilatéraux.
Il adhère au GATT en 1955 et entre en 1956 à ONU. Or aucun État n’a une existence
internationale sans être membre de l’ONU. Puis il commence par se doter de 2 instruments
pour l'Asie Orientale, Exim bank qui est d’ordre financier et un institut de recherche
économique pour les analyses économiques.
Le Japon saisit sa première opportunité diplomatique : La Conférence de Bandung qui en
1955 a pour but de prendre contact avec les représentants de ASE et de la Chine. Pour monter
sa bonne volonté, le Japon est le 1er pays asiatique, à assouplir les restrictions commerciales
vis à vis de la Chine, suite à l’embargo des EU à cause de la guerre de Corée.
Sur la base de la Conférence de Bandung, le Japon poursuit donc son action en ASE. Ils
accordent 800 millions $ d'aide aux Philippines en 1956 sous couvert des dommages de guerre
(qui est plus que le PNB du pays). La 1ère tournée en 1957, du 1er ministre Kishi Nosubure
en ASE. Kishi en ASE est un succès alors que ce dernier a été emprisonné de 1945-47 pour
crime de guerre, et qu’il a été l’un des signataires de la guerre contre les EU. Cette tournée est
bien accueillie alors même que Kishi proclame officiellement le retour en arrière (c’est
officialisation de la montée en régime du Japon. Cette tournée permet au Japon d'obtenir un
rapprochement avec l'Indonésie, accord commercial en 1958 (ressources de matières
premières). Et il accorde une première série de crédits.
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Au début des années 60’s, le Japon bénéficie d’un début d’intégration dans le nouvel ordre
international issu de 1945, d’un nouveau tissu industriel et il a donc les moyens de passer à la
troisième phase : le développement de son poids sur le plan international.
Le Japon démultiplie ses relations internationales à l’extérieur des EU.
En 1962, le Japon ouvre une mission permanent à Pékin assortie d'un accord commercial. En
parallèle, les japonais en contre point des EU se lancent en direction de l’Europe. Le Japon
consolide son dispositif diplomatique en signant en 1963, un accord commercial avec la
France et UK. La France occupe le plus grand domaine maritime du monde. UK est le 1er à
avoir accordé le traitement d'égalité avec le Japon sur le plan juridique.
Parallèlement, le Japon poursuit la fortification et la construction de son appareil productif. A
partir de 1964, le commerce extérieur japonais redevient exdentaire. Le Japon commence à
avoir une économie qui fonctionne bien. Le développement du Japon est reconnu et il accède
au club des pays industrialisés en entrant à OCDE. Au milieu des années 60’s, le Japon a un
profil économique en terme de volume du PNB à peu près équivalent à celui d'un pays
européen. Son PNB par tête est équivalent à celui de l’Italie. Quand le Japon devient le seul
membre asiatique de OCDE, son industrie a atteint le même niveau industriel que les pays
européens voire les dépasse. Désormais, le Japon a les moyens économiques pour poursuivre
ses objectifs diplomatiques.
B/ De 1965-1985 :
Le Japon utilise son excédent commercial pour se construire une base régionale de
plus en plus forte. De 1965 à 1972, le japon se reconstitue une zone d'influence en ASE sur le
dos des EU. A partir de 1965, le commerce extérieur vis-à-vis EU devient excédentaire et ne
va pas cesser de croître. L’augmentation de la demande des produits japonais finance la mise
en place du dispositif commercial japonais en Asie Orientale via l'aide publique au
développement.
Le Japon saisit trois opportunités pour prendre une place dans l’organisation asiatique.
° En 1965, Il se place pour la première fois à égalité avec EU au moment de la création de la
BAD (Banque Asiatique de Développement) qui siège à Manille Le Japon apporte la même
contribution financière que les EU.
° En 1965, il normalise avec les pays d’Extrême-Orient dont le contentieux est le plus lourd
sur le temps. ainsi, il signe 20 ans après, un accord de paix assorti d'un accord commercial et
de dommages avec la Corée. Rappel : 1910-45, la Corée est occupée par le Japon (ce dernier a
voulu éradiquer la culture coréenne). Cette normalisation avec la Corée leur permet de
participer à la création de ASPAC à Séoul (ancêtre de APEC).
° En 1966, avec la création de ASEAN, le Japon en profite pour proposer une aide
économique à tous les pays non communistes en ASE (les États fondateurs de ASEAN).
Le Japon lance sa conception diplomatique, une diplomatie Asie-Pacifique à base économique
indépendante des occidentaux.
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L’augmentation de l’engagement US fournit au Japon l’occasion de jouer sa carte
militaire car il a des bases américaines sur son territoire. A partir de 1965, les EU accroît son
intervention, par conséquent le Japon est en position de faire pression sur les EU. Et il peut
interdire les EU d’utiliser les bases japonaises à tous moments. Le Japon réussit donc à
récupérer 2 séries de territoires perdues en 1945 :
- en 1966 : les îles Bonin (Guam)(cf. les îles mariannes) les plus grosses bases EU.
- archipel Rioku et Okinaya (bases les plus militarisés des EU)
Nixon prend conscience de la difficulté, de l’échec croissante de l’engagement américain au
Viêt-nam. Et il annonce qu’il laissera l’Asie aux asiatiques (la Doctrine de Nixon).
* Deux chocs diplomatiques vont être utilisés à leur profit :
- En 1971, c’est la fin du système de Bretton Wood, la fin de la convertibilité du $ en
or. Le Japon a des excédents commerciaux considérables en $ à l’époque ( la ½ de tous les
pays de OCDE). Le Japon intervient sur le marché financier international pour soutenir le $.
C’est donc un acteur monétaire significatif dans le nouvel ordre monétaire. Cela se traduit par
la hausse du yen qui leur permet d'augmenter leurs aides au développement en ASE à peu de
frais.
- En 1972, Nixon fait une visite surprise à Pékin, et sous couvert de suivre la politique
américaine, le Japon se précipite à reconnaître le RPC plusieurs mois avant les EU. Il court
circuite donc les américains dans la reconnaissance de la RPC. Le Japon devient le 1er
partenaire commercial de la Chine hors HK et Taiwan. La position diplomatique du Japon en
ASE lui est donc favorable. Et il va profiter de sa nouvelle assise diplomatique pour
développer ses relations avec la Chine. Dès 1978, lors de la fin du maoïste, il signe un traité
de paix et d’amitié avec la RPC. En 1979, Deng Xiaoping fait une visite officielle à Tokyo.
Cette signature est assortie d’accords commerciaux conséquents.
Le Japon a d’autant plus les moyens de développer l’assistance aux pays asiatiques que le
premier choc pétrolier a contraint le Japon à réorganiser son économie. En 1976, les
entreprises japonaises sont les plus performantes des pays industrialisés. Il est le premier
donneur d’aide à l’époque, de la Chine et aujourd’hui, il fournit les 2/3 des aides bilatérales à
la Chine. Il s’est relevé rapidement du premier choc pétrolier et en 1975, le Japon se substitue
aux EU au VN et devient le 1er donneur d'aide en ASE.
Le Japon développe donc son assise régionale.
Fin 70’s-1985, le Japon a un poids de convergence de plus en plus fort en Asie Orientale. Les
transferts provenant du Japon vers ASE sont en augmentation. Le premier a en bénéficié est
l’Indonésie (en volume). Parallèlement, le Japon développe une diplomatie qui tente à le
présenter comme un médiateur, un allié porte-parole des occidentaux. Le Japon participe
régulièrement aux conférences de développement de ONU (CNUCED) et du G7. Il aide de
manière discrète aux pays asiatiques qui ont des problèmes avec les pays occidentaux.
Certaines grandes entreprises japonaises ont aidé le VN et le Cambodge à détourner l’embargo
US et chinois de manière ponctuelle. Il y a un double jeu entre les pays asiatiques
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L’essor diplomatique du Japon au début des années 80’s coïncide avec accélération des
mouvements de capitaux dans le monde, dans une période le marché financier se
développe et s’internationalise.
Entre 1980 et 1985, les banques japonaises se ruent sur le marché financier des pays
développés. En 1985, les banques japonaises ont démultiplié leur force de frappe et réalise
plus du ¼ des crédits effectués par les 500 premières banques du monde.
Bilan en 1985 : Les banques japonaises sont devenues les 1er opérateurs financiers de la
planète due à la conjonction de deux facteurs :
- l’augmentation de la croissance japonaise
- un taux d'épargne le plus élevé avec 30% du PNB.
Or en 1985, les EU font une erreur stratégique : Accords de Platza , ils croient imposer aux
japonais une hausse du yen pour duire ses exdents commerciaux. Le Japon va disposer
d'un levier financier et monétaire 2 fois plus important.
La montée des investissements japonaises de 1980-1985 en terme de flux, fait du Japon, le 1er
investisseur du monde (N°1 : EU, n°2 : Extrême-Orient, n°3 : Europe). Le développement des
investissements s’accompagne d’une multiplication de crédits bancaire. Il devient le 1er
créancier du monde. En 1985-1990, il devient un pays dont l'actif net à l'étranger sont les plus
élevés.
Rappel : position nette vis-à-vis l'étranger ou actifs nets à l’étranger = ce qu’un pays possède à
l’étranger.
ACTIF NET = ACTIF BRUT à l’étranger (des investissements directs, créances à CT, MT,
LT, investissements de portefeuilles) MOINS Engagement du pays vis à vis de
l’étranger (dette du Japon).
En 86-87 : les actifs nets du Japon sont excédentaires depuis la deuxièmes moitié des années
70’s. Et depuis 1987, les actifs nets des EU sont déficitaires. Les EU deviennent dépendants
vis à vis des capitaux de l’étranger (le Japon). A la fin des années 80’s, on assiste à une
inversion du rapport de force financier entre les deux pays.
En 1999, les pays créditeurs au monde sont en n°1 le Japon, n°2 Allemagne et n°3 les PB,
Luxembourg, Suisse. Tout le reste est débiteur.
En 1990, le Japon est le premier donneur d’aide au développement au monde et même
aujourd’hui. Il place les organisations multilatérales en situation de dépendance financière, par
exemple, il est le 1er cotisant des organismes de développement
2e cotisant ONU
1er cotisant aux organismes culturel UNICEF et UNESCO
2e cotisant au FMI
Cependant, les pays qui ont le pouvoir dans ces organismes restent les Etats-Unis et le
Royaume-Uni. Le Japon cotise pour 15% dans ONU et a moins de 5% des cadres dans ONU.
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