4e année médecine – Rotation 3 – 2015/2016 Module d’Infectiologie ISM Copy Bactériémies à Bacilles Gram Négatif Introduction Chapitre important de la pathologie infectieuse. Véritable urgence médicale. Nosocomiales et iatrogènes : plus graves (rançon des progrès médicaux). Résistance aux antibiotiques Choc septique Définitions Bactériémie : présence de bactéries viables dans le sang, affirmée par l’isolement d’un ou plusieurs germes dans les hémocultures. Syndrome de Réponse Inflammatoire Systémique (SRIS) : réponse inflammatoire systémique à certaines agressions cliniques graves, avec présence d’au moins 2 de ces signes : Température > 38°C ou < 36°C Rythme cardiaque > 90 b/mn Rythme respiratoire > 20 c/mn Globules Blancs > 12.000 ou < 4000/mm3 Sepsis : réponse inflammatoire systémique à une infection = SRIS + syndrome infectieux. Sepsis grave : sepsis associé à une dysfonction d’un organe, une hypotension ou une hypoperfusion Choc septique : sepsis associé à une hypotension persistante malgré un remplissage vasculaire adapté qualitativement et quantitativement, accompagné ou non de signes d’hypoperfusion. Etiologie Germes en Cause Entérobactéries : E.coli, Klebsiella, Enterobacter, Serratia, Protéus… Pseudomonas, Citrobacter… Milieu hospitalier : sélection de germes résistants aux antibiotiques Malades fragilisés par une affection sous-jacente plus ou moins grave Portes d’entrée La majorité des entérobactéries : hôtes normaux du tube digestif (origine digestive ou urinaire des bactériémies communautaires) Les moyens actuels d’investigation et de traitement ont multiplié les portes d’entrée des BBGN Urinaires : interventions urologiques septiques ou non, manœuvres instrumentales sur voies urinaires infectées Digestives : ulcérations intestinales, infections du tube digestif, lâchage post-opératoire des sutures Biliaire : angiocholite (lithiase du cholédoque ou à une obstruction extrinsèque) Cirrhose : infection spontanée ou provoquée par une ponction d’ascite. Shunts porto-caves. Gynécologiques : avortements provoqués, intervention sur le petit bassin, manœuvres instrumentales sur des voies génitales infectées. Portes d’entrée nosocomiales : voies d’inoculation multiples (cathéter, sonde vésicale, trachéotomie, sonde d’intubation,…) Autres portes d’entrée : cutanées (escarres, brûlures), pulmonaires, dentaires. Facteurs favorisants Antibiothérapie à large spectre Transmission croisée de ces germes d’un malade à un autre par le personnel de santé Déficience du terrain : malades immunodéprimés, thérapeutique immunosuppressive. Clinique Manifestations communes aux septicémies thrombo-phlébétiques : état septicémique, localisations secondaires et choc septique. Etat septicémique bactériémique : sepsis (SRIS + syndrome infectieux) : Fièvre élevée, frissons, Altération de l’Etat Général, splénomégalie Diarrhée et hyperventilation Frisson : généralisé, sensation intense de froid avec tremblement musculaire et horripilation cutanée Fièvre : 40°C ou plus, oscillante, en plateau, irrégulière, rémittente, intermittente…avec tachycardie Altération de l’Etat Général, prostration, obnubilation et parfois délire Porte d’entrée et localisations secondaires Localisations Secondaires : comme toute septicémie thrombo-phlébétique : localisations viscérales septiques précoces et révélatrices ou secondaires au cours de l’évolution. Localisations pulmonaires : Embolies pulmonaires suite à une thrombophlébite du territoire cave (origine utérine) Pneumonie ou de Broncho-pneumonie : plus rare Endocardites : cœur sain ou lésé Localisations hépatiques : voie veineuse (foyer infectieux sur territoire porte), voie canaliculaire (angiocholites) Localisations neuro-méningées : difficiles à reconnaître (gravité de l’état), abcès du cerveau ou de méningites purulentes. Localisations ostéo-articulaires : spondylodiscites surtout lombaire, arthrites purulentes. Localisations cutanées : sepsis à Pseudomonas : ecthyma gangréneux d’Ehlers Localisations génitales : Prostatites, épididymites. Localisations rénales : atteinte du parenchyme rénal par le germe lui-même (néphrite interstitielle), manifestations liées au choc septique. Formes cliniques Choc septique : associe Processus infectieux confirmé au moins cliniquement TA systolique < 90 mmHg ou - 40 mmHg / TA habituelle malgré un remplissage vasculaire adapté qualitativement et quantitativement + Hypoperfusion cellulaire : acidose lactique Altération aiguë de l’état de conscience Evolution : défaillance multi-viscérale Gravité de l’état de choc dépend de la virulence du germe, réponse de l’hôte Physiopathologie : Phase hyper-kinétique : Vasodilatation des capillaires Diminution des résistances vasculaires périphériques Augmentation de la perméabilité capillaire Fuite liquidienne surtout dans l’interstitium. Facteurs coagulation, Plaquettes Coagulation intravasculaire disséminée Phase hypo-kinétique : Hypovolémie + Hypo-contractilité myocardique diminution du débit cardiaque Réaction adrénergique surtout, augmentation des résistances artérielles périphériques Aggravation de l’anoxie cellulaire et tissulaire Symptomatologie : Phase initiale (choc chaud) : Clocher thermique + frissons intenses Polypnée superficielle, prostration ou angoisse Pouls rapide, TA ± diminuée Peau normale ou chaude. Pression Veineuse Centrale diminuée, débit cardiaque augmenté, Résistances Périphériques diminuées Stade hypo-kinétique (choc froid) : le choc est le plus souvent diagnostiqué à ce stade. Marbrures genoux, Extrémités froides et cyanosées TA diminuée, pouls rapide, petit et filant, diurèse horaire < 20 ml/h. Organe de choc : tubulo-néphrite aiguë, syndrome de détresse respiratoire aiguë, diarrhées profuses et tendance aux hémorragies cutanéomuqueuses Pression Veineuse Centrale augmentée, débit cardiaque diminué, Résistances Périphériques augmentées Selon le terrain Chez le sujet âgé : Fièvre modérée ou absente ou hypothermie. Les signes d’accompagnement sont modestes. Chez le nourrisson : présence de diarrhées Selon le germe Groupe KES (Klebsielle, Entrobacter, Serratia) Formes particulières des services de réanimation. Avec le Pseudomonas : mortalité ++ (résistance aux antibiotiques) Diagnostic Porte d’entrée Signes Généraux graves (fièvre, frissons, Altération de l’Etat Générale, splénomégalie, choc septique) Localisations secondaires Isolement du germe : Hémocultures +++, prélèvements de la porte d’entrée et des localisations secondaires accessibles FNS : Globules Blancs augmentés, Polynucléaire neutrophile, parfois leucopénie. Etat de choc : hyperglycémie, hypo-albuminémie, alcalose respiratoire puis acidose mixte. Coagulation intravasculaire disséminée : diminution du Taux de Prothrombine, facteur V, fibrinogène, plaquettes Insuffisance rénale : augmentation de l’urée et la créatinine. Souffrance tissulaire : augmentation des TGO, TGP, CPK, LDH. Examens radiologiques : radiographie du thorax, échographie, TDM. Traitement Antibiotiques : Actifs sur les Bacilles à Gram Négatif (terrain et porte d’entrée) Antibiothérapie initiale empirique Massive, bactéricide, synergique, parentérale, prolongée (3 semaines) Antibiothérapie probabiliste des BBGN communautaires : Céphalosporine (1ère ou 3e génération) + aminoside (Gentamicine) Fluoroquinolone + aminoside. Antibiothérapie probabiliste des BBGN nosocomiales : Céphalosporine de 3e génération + aminoside (Amikacine) Fluoroquinolone + aminoside Aztréonam (8 g/j) + aminoside Suspicion de P. Aeruginosa : Ceftazidime (6 g/j) + aminoside (Amikacine ou Tobramicine), Ciprofloxacine + aminoside, Imipénem (4 g/j) + aminoside, aztréonam + aminoside Mesures associées : Traitement de la porte d’entrée : ablation des cathéters, sondes, drainage des collections suppurées, sous antibiotiques. Traitement du choc septique : Urgence thérapeutique (Unité de Soins Intensifs) Antibiothérapie, porte d’entrée, hémoculture Restauration de l’oxygénation tissulaire : Correction de l’hypovolémie : remplissage vasculaire (macromolécules) Amines vasopressives (Dopamine, dobutamine) : si remplissage supplémentaire n’augmente pas le débit cardiaque. Autres moyens : Traitement du syndrome de détresse respiratoire aiguë : ventilation assistée. Correction d’une acidose métabolique : bicarbonates. Traitement de l’insuffisance rénale : diurétiques, épuration extra rénale