Elisabeth Perry
Notes complémentaires en guise de réexion et en annexe de la journée régionale du 11 octobre 2001
Novembre 2001
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Elisabeth Perry
Notes complémentaires en guise de réexion et en annexe de la journée régionale du 11 octobre 2001
Novembre 2001
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Les professionnels de santé, notamment les médecins généralistes, méconnaissent souvent ces structures (ou
ne leur reconnaissent pas toujours une compétence spécique). Ils ne sont pas formés à l’écoute, à la prise en
compte de la souffrance. Et pourtant, ils ont tendance à répondre exclusivement sur cette question, sans faire
appel à d’autres.
Le médicament apparaît être une solution sécurisante pour le patient comme pour le médecin. Pourtant,
celui-ci est souvent le premier, et parfois le seul, professionnel à entendre la souffrance et la plainte qui
l’accompagne.
Il ne conseillera un travail thérapeutique que s’il est conscient de sa nécessité d’un tel travail et que de son
intérêt. Au mieux, passera-t-il le relais à un confrère psychiatre ! Mais, celui-ci n’est pas obligatoirement
psychothérapeute, c’est-à-dire formé et apte à conduire des thérapies (pas plus qu’un psychologue ou un
inrmier !).
Il importe de passer le relais à des équipes et à des professionnels spécialisés sur ces questions de souffrance,
surtout lorsque celle-ci est reliée à des problèmes spéciques.
Actuellement, on assiste à des confusions quant aux rôles et aux places qu’occupent ces différents
professionnels de santé ou d’éducation, comme si ils étaient équivalents et interchangeables. On a du mal
à connaître et à identier leurs compétences spéciques, par exemple en matière d’accompagnement de
situations de violence.
La souffrance tend à devenir un marché et, à ce titre, à mobiliser différents types de professionnels et de
structures, pas toujours formés à l’approche de ces difcultés. Ainsi, seul un quart des souffrances sont de
nature psychiatrique, les autres supposent un autre type de prise en charge. Il convient donc de connaître les
structures adaptées et d’identier de façon spécique les compétences de chaque professionnel et de leur rôle
: médecin, psychiatre, inrmier, psychologue, psychothérapeute, éducateur, assistant social.... Ce ne sont pas
les mêmes compétences, les mêmes métiers, les mêmes contextes ou cadres d’intervention.
L’approche généraliste, surtout lorsqu’elle se veut exclusive et sufsante, est préjudiciable car elle prive
parfois le sujet d’une réponse plus appropriée. Ainsi, bon nombre de femmes victimes de violence se voient
prescrire par leur médecin des anti-dépresseurs comme réponse à leurs plaintes de souffrance. La formation et
l’information des médecins généralistes semblent naturellement essentielles.
On assiste aujourd’hui à une vision syncrétique de toutes ces approches, comme si elles étaient identiques,
interchangeables. Il convient d’être vigilent sur la compétence des professionnels et des équipes impliqués.
Il s’agit d’informer sur les compétences de ces structures ou professionnels. Ainsi, par exemple, en ce qui
concerne les lieux d’écoute, les groupes de paroles, le travail proposé variera en fonction des compétences de
l’animateur et du cadre dans lequel il intervient. Ces réponses ne sont donc pas équivalentes, même si leurs
intitulés semblent identiques.
La souffrance est avant tout l’expression d’un malaise, d’un mal-être, d’une souffrance qui a du sens et une
origine. L’accompagnement thérapeutique vise à permettre à la personne d’avoir accès à ce sens, à cette
origine, à relire son histoire et les événements qui la jalonnent, à mettre à jour les déterminants, à faire d’autres
choix de vie, à transformer sa manière de vivre et de voir le monde. Une écoute et une prise en compte précoce
et adaptée de la souffrance, en lien avec l’origine et le sens de celle-ci, sont une garantie contre un risque de
chronicisation somatique de la souffrance, de ses symptômes et de ses effets.
A nommer la souffrance et à la traiter comme une maladie, on la fait exister comme une maladie ! La personne
qui souffre se vit alors comme malade, elle attend du soignant qu’il soigne sa maladie. Elle demande une prise
en charge et elle s’abandonne au soin. Elle se vit comme impuissante, attendant du soignant qu’il la soigne et
qu’il fasse ce qu’il faut pour que la souffrance, et les symptômes qui l’accompagnent, disparaissent.