évidemment jamais ex-abrupto. Elles héritent des traits majeurs des formations antérieures ; tout
particulièrement de la matrice qui a précédé celle qui prévaut à leur époque. » (id.)
Il importe de bien comprendre que la FSS est à la fois un outil méthodologique et un objet
géographique. En effet, « lorsque les entités territoriales observées se dessinent avec sûreté, la
formation socio-spatiale se matérialise. » (p.68) D’outil, elle devient alors objet ; elle relève donc
d’un « double statut ». (id.)
« Le modèle de la FSS repose sur l’articulation sociale de quatre instances, même si dans
la réalité il s’agit indissociablement d’un tout. […] Les instances entretiennent entre elles de
puissantes relations d’interdépendances qui tendent même à les fusionner. » (id.) C’est donc
uniquement par un souci heuristique que ces quatre instances sont découpées puis regroupées en
couples :
• deux instances appartiennent à l’infrastructure (« la matérialité du tissu
géographique ») :
l’instance géographique (« le cadre géographique ») ;
l’instance économique (« les modes de productions »).
« L’unité de ces deux instances […] tient au fait qu’elles traduisent ensemble, dans les paysages,
c’est-à-dire dans ce qui est visible, les résultats d’une action humaine permanente et concrète de
transformation de la nature. » (p.69)
• deux instances ressortissent à la superstructure (« une véritable abstraction »):
les instances politiques ;
les instances idéologiques.
En fait, la superstructure « regroupe de manière tout à fait fictive les idées, les valeurs, les images
et les formes de pouvoirs qui régissent la société dans son espace. Elle convoque la mémoire et
les représentations sociales, d’essence culturelle, qui anime les êtres humains dans leur rencontre
inévitable avec les lieux. » (id.)
« Les deux instances de superstructures entretiennent d’étroites liaisons avec les formes
ou instances concrètes de l’infrastructure. Elles en sont le pilote ou, du moins, l’un des pilotes. En
effet, d’autres volontés, d’un poids considérable, émanent aussi de lieux différents, situés à
d’autres échelles de l’espace. De plus, la superstructure subit aussi, en retour, le conditionnement
permanent de l’infrastructure. Ce dernier s’exerce en fonction d’une réciprocité dialectique des
causes et de leurs effets. » (pp.69-70) On l’aura compris, la FSS fonctionne comme un système.
Celui-ci est d’autant plus complexe que « chacune des instances constitutives de la FSS ne
se circonscrit pas forcément au même espace géographique ». En sorte qu’on doit chercher,
« pour chaque instance, sa véritable extension, son échelle réelle et ses discontinuités, ses
ruptures significatives. » (p.71)
Les combinaisons socio-spatiales
« Comme la FSS, la combinaison socio-spatiale est, elle aussi, constituée de cet
entrelacement complexe de relations entre des groupes sociaux et des espaces. Il lui manque, en
revanche, deux attributs constitutifs de la formation socio-spatiale : la durée et une formation
sociale à la fois ample et diversifiée. » (p.73)
La combinaison socio-spatiale s’insère nécessairement dans une FSS qui l’englobe. Le
temps passant, la première peut se déformer et se diluer dans la seconde jusqu’à perdre de sa