REGION
LANGUEDOC-ROUSSILLON
CONSEIL
ECONOMIQUE ET SOCIAL
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Session plénière du
Mercredi 21 décembre 2005
Adopté à l’unanimité
Le Président
Jean-Claude BOUSQUET
AVIS DU CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
SUR LE PROJET DE SCHEMA REGIONAL DE
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE SERVIR
(RAPPORTS N°01.03 DU CONSEIL REGIONAL DU 30.11.2005 ET
N°01.04 DU CONSEIL REGIONAL DU 23.12.2005)
Conformément aux dispositions de l’article L 4241-2 du Code Général des
Collectivités Territoriales, le Conseil Economique et Social a été saisi pour avis
du projet de Schéma Régional de Développement Economique. La préparation en a
été confiée aux Commissions Industrie Tourisme Artisanat et Agriculture Mer
Pêche.
Propos introductifs
Le Conseil Economique et Social avait décidé, il y a un an, d’engager une réflexion
sur ce que pouvait être l’esquisse d’un Schéma régional de développement
économique. Non en raison d’un appétence particulière pour l’élaboration de
schémas ; mais tout simplement parce que la gravité de la situation économique
et sociale dans laquelle se trouvait se trouve le Languedoc-Roussillon imposait
une réflexion collective, à la fois objective et distanciée, sur un sujet majeur.
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L’Assemblée consultative régionale a donc, très logiquement, participé aux
différentes phases de la concertation engagée à partir de Juin 2005 sur cette
question par le Conseil Régional.
Le diagnostic, de qualité, destiné à mettre en exergue les principaux facteurs
d’évolution de l’économie du Languedoc-Roussillon a trouvé une résonance
particulière au sein du Conseil Economique et Social. Nombre des éléments
d’analyse qui y figurent s’inscrivent, en effet, dans le droit fil de positions
maintes fois réaffirmées depuis plus de dix ans par les responsables
professionnels. Ainsi, comme l’indiquait déjà en Octobre 1996 un avis du CES
(qu’il a semblé utile d’annexer ci-après) à propos des paradoxes de l’économie
Dans un région comme le Languedoc-Roussillon, qui a toujours été plus réactive
qu’active, la prise de conscience de cette situation nouvelle (créée par
l’ouverture de l’espace européen, la décentralisation, et l’émergence des
territoires en tant qu’acteurs) a permis à chacun de mieux comprendre cette
région des extrêmes. Leader tout à la fois, pour la création d’entreprises et le
chômage, elle cultive le paradoxe, alterne bonnes et mauvaises places (cinquième
au plan national pour la recherche, avant-dernière pour l’industrie) et n’a jamais
su être moyenne. Ou, comme l’écrivait en 1990 le Président Philippe LAMOUR,
on pourrait multiplier à l’infini ces exemples qui en font cette terre de
contrastes se côtoient les mondes d’hier et de demain, petits boulots et
haute technologie ”.
Le deuxième rapport intitulé “ Enjeux et propositions ” tire, logiquement les
leçons du diagnostic, dont les principaux éléments sont, à nouveau, rappelés tout
au long des pages.
Le Schéma s’est donné pour objectif d’assurer une nouvelle impulsion au
développement économique de la région en déployant une stratégie fondée sur la
valorisation de la ressource humaine, la redynamisation du capital
entrepreunarial, et la solidarité des territoires.Une démarche qui entend se
placer sous le triple signe de l’efficacité, de l’équité et de la démocratie
participative.
Difficile, encore, pour le Conseil Economique et Social, de ne pas souscrire à
nombre des orientations proposées, alors même que dès décembre 1991,
l’Assemblée Consultative régionale avait défini trois grands axes stratégiques
assez similaires à ceux du SRDE : développement économique et scientifique de
la région, organisation du territoire régional et de l’espace qu’occupent ses villes
et ses campagnes, prise en compte du devenir de tous les habitants, y compris
ceux que le progrès aura laissé au bord de la route.
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Ces orientations ont été déclinées, par la suite, en un certain nombre de
propositions. L’importance de la formation, la recherche et les transferts de
technologie, tout comme les préoccupations de bonne gestion des ressources
naturelles, ou la reconnaissance de la fonction d’entraînement métropolitaine y
figuraient en bonne place.
Sur ce dernier point, on se bornera ici à rappeler, à titre indicatif, les éléments
d’une vision à moyen terme de l’évolution du territoire régional qu’exprimait, dès
1996 le CESR : permettre au Languedoc-Roussillon ouvert sur les espaces
nationaux, méditerranéens, communautaires, de mieux fonctionner en réseaux,
de faire émerger une puissante tête de réseau le bassin Montpellier Nîmes
Sète fort de 800 000 habitants, c’est à dire l’équivalent des grandes métropoles
voisines, conforter l’équilibre interne à ce réseau en renforçant le pôle
Perpignanais et Roussillonnais qui tout en assurant une fonction majeure de
pénétration vers la péninsule ibérique et le Sud, reste un élément clé dans le
maintien de cet équilibre ; lutter contre la fragilisation de l’ensembleziers –
Narbonne qui fut jadis le cœur de la province narbonnaise, et tirer parti des
richesses potentielles des hauts pays
Recherche d’efficacité dans la dynamique tropolitaine, mais aussi d’équilibre
et de cohérence territoriale était donc déjà, et reste, au centre des
préoccupations des responsables professionnels de la région.
Il serait illusoire d’imaginer que les conseillers économiques et sociaux puissent,
en dépit de leur traditionnelle réactivité, formuler des appréciations exhaustives
sur le contenu intégral de documents fort denses. On voudra donc bien
considérer le présent avis comme une simple contribution de deux Commissions
du CESR, qui a, très naturellement, vocation à être enrichie.
Le présent avis comportera trois parties :
- Les lignes de forces du diagnostic de l’économie régionale,
- Les orientations stratégiques du Schéma Régional de Développement
Economique,
- Les observations des Commissions Industrie Tourisme Artisanat et
Agriculture Mer Pêche.
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I) Les lignes de force du diagnostic de l’économie régionale
intitulé “ Les paradoxes d’une économie renouvelée
La première partie du Schéma Régional de Développement Economique pose un
diagnostic qui met en lumière les principaux facteurs d’évolution du
Languedoc-Roussillon. Il présente également les enjeux que la gion doit
prendre en compte pour bâtir sa stratégie de développement futur.
Le premier chapitre s’intitule : une croissance continue qui interroge ”. On y
rappelle à quel point la dynamique démographique de ces dernières décennies a
été à la base du développement régional (un million d’habitants supplémentaires
entre 1954 et 2004). Le document décrit certaines caractéristiques atypiques
de l’économie d’une région marquée, notamment, par l’accroissement concomitant
des emplois crées et du chômage ; d’où la référence aux paradoxes qui
caractérisent l’économie languedocienne et roussillonnaise, et la présentation de
quelques indicateurs clés :
une croissance soutenue de l’emploi, en particulier de l’emploi féminin, et un
taux de chômage record,
un niveau élevé de création d’entreprises de France dont anmoins la moitié
disparaît dans les cinq ans.
un PIB par emploi qui classe la région Languedoc-Roussillon au 10ème rang des
régions métropolitaines, mais la situe à l’avant dernière position pour le PIB
par habitant,
une épargne et une capitalisation bancaire florissantes alors que seulement
1,4% du volume national de capital risque a été investi dans les entreprises
régionales.
Le développement de l’économie régionale ne dépend plus, aujourd’hui
exclusivement, des grands secteurs qui ont fait jadis sa richesse , les mines, le
textile, le cuir, le vignoble de masse.
La nouvelle économie, nous indique le SRDE, est impulsée par les migrations
humaines, le développement urbain, la recherche, l’innovation. Le phénomène de
tertiarisation s’amplifie, la métropolisation joue une rôle central, l’économie des
services devient, chaque jour, plus importante.
Le deuxième chapitre s’intitule un autre développement ”. L’activité
tertiaire, qui crée 80% des emplois et nère 78% de la valeur ajoutée, est en
passe de devenir le moteur du développement régional. La région
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Languedoc-Roussillon y est vue comme un modèle expérimental de cette nouvelle
économie qui privilégie les compétences (plus que le seul savoir-faire), et la
mobilité.
Contrepartie de cette évolution : un marché du travail à deux visages, celui du
confort (emploi intéressant, qualifié) et celui de la précarité (emploi instable,
peu qualifié, saisonnier, mal rémunéré).
Le succès de ce modèle de développement passe nécessairement, nous indique le
rapport, par un environnement intellectuel et culturel attractif (universités,
recherche, cadre de vie, santé, services, équipements publics,…), mais aussi par
la mise en œuvre d’une politique sociale renforcée pour lutter contre l ’exclusion
et la marginalisation.
On comprend, dès lors, l’importance de la formation dans ce contexte.
L’innovation sociale se doit de concilier les mondes du social et de l’économique, à
travers des partenariats pour l’emploi, favorisant la création d’entreprise par
les chômeurs, Groupements d’employeurs, SCOP,….
Pour autant, les secteurs d’activité plus traditionnels, tels l’artisanat (38% du
nombre d’entreprises, et 24% des salariés de la région), l’agriculture, qui occupe
40% de la superficie régionale), et son emblématique viticulture, le tourisme
avec ses 14 millions de touristes, l’industrie innovante avec les TIC et ses 3000
établissements, les secteurs tels l’agroalimentaire, la santé et la pharmacie, ont
aussi un rôle à jouer dans la consolidation de cette nouvelle économie. Un modèle
productif inédit, est en train d’émerger, qui associe activités tertiaires
directionnelles, activités industrielles novatrices, et secteurs traditionnels
rénovés.
Le troisième chapitre du SRDE intitulé un nouvel espace régional identifie
l’espace métropolitain de l’aire de Sète, Montpellier, Nîmes et Alès (entre Sète
et Rhône), comme un des moteurs du développement régional de demain. Cet
espace qui regroupe près d'un million d'habitants, s’arrime aux aires
métropolitaines de Lyon et Marseille.
Second mouvement observé dans cette région riche d’un chapelet de villes
moyennes : une concentration démographique sur la bande littorale, une intense
périurbanisation autour de chacune de ces villes. Près de deux habitants sur
trois résident à moins de trente kilomètres du rivage, et huit sur dix à moins de
trente kilomètres d’une des huit principales agglomérations de la région.
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