Session
Migrations féminines et rapports de genre
Session jointe :
- RTf 2 Migrations, Relations Inter-Ethniques
- RTF 22 Travail productif et reproductif, rapports sociaux, rapport de genre
Responsables :
Isabelle Rigoni [email protected]
Djaouida Séhili [email protected]
- De la féminisation des migrations internationales, un phénomène nouveau ?
- Genre, travail et migration
- Femmes, violences et sociétés
- Stratégies de vie et circulations migratoires
Alors que les femmes jouent un rôle majeur dans un certain nombre de circulations
migratoires, la place qui leur est accordée dans de nombreuses recherches ne reflète que peu
cette réalité. S’il nous semble important d’insister sur la situation particulière des femmes
dans les processus migratoires, c’est que son étude apporte un éclairage plus complexifié sur
ce qui se joue tant dans le travail (productif et reproductif) que dans les rapports sociaux de
sexe et de genre. Les objectifs visés par cette session jointe rtf 2 et rtf24 tente ainsi de
dépasser un certain « découpage » disciplinaire pour mener une réflexion commune, à la fois
épistémologique, méthodologique et théorique, au travers des questionnements suivants :
Comment aborder la féminisation des migrations internationales ? Quel est l’impact de la
situation migratoire sur les relations de genre ? Comment intégrer un regard différencié sur les
hommes et les femmes dans les études sur les migrations, et comment gérer les problèmes
méthodologiques qui en découlent ? Comment aborder l’analyse des structures sociales,
notamment concernant les différentes formes de travail, voire de production de subsistance, et
leur partage entre les genres, avec des catégories adaptées ? Y a-t-il des stratégies de vie et
des formes migratoires spécifiques selon le genre, comment en tenir compte ? Comment les
violences subies et/ou commises par les femmes et/ou les hommes trouvent un écho juridique,
politique, social dans les sociétés dans lesquelles les migrant/e/s circulent ?
COMMUNICATION RECUE
FELDMAN Nehara
Doctorante
Centre de Sociologie Européenne EHESS
L’ethnicisation des rapports de genre :
L’introduction des femmes dans une association d’immigrés maliens
La particularité de l’association étudiée est l’introduction des femmes ressortissantes de la
commune au sein de son bureau. Cependant, leur place dans l’association reste déterminée par
les rapports de genre et les rapports ethnicisés .
L’espace réservé aux femmes dans l’association est délimité par ce qui est perçu comme
« affaires de femmes ». Ainsi, elles sont considérées avant tout en tant que mères. De plus, les
hommes les chargent d’entretenir les aspects les plus « folkloriques » de leur culture
(habillement, cuisine…). Enfin, dans le cadre de projets menés au pays, leur action est
destinée uniquement aux femmes du village.
Les rapports de genre conditionnent aussi le mode de fonctionnement de la section des
femmes dans l’association. Elles ne mènent jamais d’actions autonomes et se réfèrent
systématiquement aux hommes.
En outre, la vie en France produit une « ethnicisation » des rapports de genre au sein de la
communauté. L’utilisation de termes stigmatisants par nos interlocuteurs femmes
africaines », « les femmes noires ») n’est pas seulement une reproduction du discours de la
société englobante. Ces catégories tiennent souvent lieu de justification d’un état de fait ou, au
contraire, permettent de le critiquer.
La catégorisation qui conjugue le genre et la ‘race’ a aussi un impact sur les rapports avec les
intervenants extérieurs à l’association. Comme les « hommes », les « européens » sont perçus
comme détenteurs du savoir, comme soutiens et non en tant que partenaires.
GIABICONI Dominique
Allocataire-moniteur à l'université de Provence
325, avenue de Mazargues
13008 Marseille
06.16.91.81.43
Stratégies migratoires "genrées" des étrangers est européens en France
La chute des régimes de type soviétique implique dès la fin des années 80 le développement
de nouvelles mobilités en provenance de l'est de notre continent. Celles-ci présentent certaines
spécificités qui les distinguent de la plupart des autres flux migratoires aboutissant en France.
Les flux migratoires en provenance des PECO et de la majorité des états issus de l'ex-URSS
sont tout d'abord essentiellement féminins. De plus, les populations étrangères de la zone
précédemment mentionnée arrivées en France se caractérisent par des taux de mariages
binationaux très élevés. Les pratiques matrimoniales de ces migrants sont en France
différenciées selon le sexe. La plupart des mariages impliquant un ressortissant de l'un des
états de l'ancienne Europe socialiste et une personne de nationalité française concernent des
conjoints féminins étrangers.
Le couple est le biais par lequel nous appréhendons la réalité sexuée des flux migratoires qui
nous intéressent, plus que tout autre espace, il est à notre sens celui où le caractère genré de la
migration et de l'étrangeté peut être observé. L'analyse des mobilités de notre population nous
a permis de déceler au-delà de comportements matrimoniaux différenciés selon le genre,
l'existence de réseaux migratoires féminins organisés autour de couples binationaux établis en
France. Ces réseaux impliquent des personnes féminines de l'environnement familial. Nous
présenterons dans notre communication comment s'articulent comportements matrimoniaux
étrangers en France et développement de solidarités intra et intergénérationnelles genrées.
COMMUNICATION A VENIR
HAMEL Christelle
Doctorante en anthropologie à l’EHESS de Paris
186, Rue Edouard Tremblay
Esc. B3
94 400 Vitry sur Seine
01 46 77 71 06
Les violences envers les Françaises descendant de migrants du Maghreb
Les violences envers les femmes parmi les migrants et leurs descendants nés en France sont
utilisées médiatiquement et politiquement pour les stigmatiser. Cet usage résulte d’une
rhétorique raciste ayant ses sources dans la colonisation. Le débat sur le port du voile réduit
celui-ci à un symbole de l’oppression des femmes, tandis que la médiatisation des viols
collectifs a fait surgir l’image du « jeunes de banlieue » comme violeur. Ces images sous-
entendent que les violences envers les femmes n’existeraient que dans les populations
migrantes et issues de l’immigration et seraient la conséquence de leur « culture ».
L’Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France indique que les femmes
migrantes ou descendant de migrants du Maghreb sont effectivement plus souvent victimes de
violences, mais je montrerai que cette plus grande fréquence des violences résulte des
discriminations racistes et de classe, ce qui invalide les interprétations culturalistes. Il s’avère
notamment que le racisme conditionne les relations dites « interethniques » entre les Français
dits « de souche » et les migrants du Maghreb ou leurs descendants français, ce qui induit une
crispation identitaire sur la question du statut des femmes et des filles dans les familles, qui
explique en partie cette plus grande fréquence. Cette démonstration sera illustrée de données
recueillies au cours d’une enquête sur la sexualité et la gestion des risques d’infection par le
VIH chez des jeunes Français et Françaises (18-25 ans) descendant de migrants du Maghreb.
HIRATA Helena
GERS-CNRS
Mondialisation et division sexuelle du travail : une perspective Nord-Sud
A partir d’une approche hommes-femmes et d’une approche Nord-Sud, nous voulons
interroger le concept de mondialisation, qui apparaît souvent comme un concept « fourre-
tout ». La réflexion sur la mondialisation est en effet inséparable d’une déconstruction de
cette notion, que nous voulons prendre en compte en tant que catégorie analytique, tout en
critiquant son usage en tant que modèle normatif. L’interdépendance croissante des marchés
nationaux vers la constitution d’un marché mondial unifié n’efface pas, en dépit de ses forces
homogénéisantes, la diversité, mais aiguise plutôt l’hétérogénéité des situations de travail,
d’emploi et d’activité des femmes et des hommes, du Sud et du Nord.
L’objectif de cette communication est d’analyser les conséquences différentielles du
processus de mondialisation sur l’emploi et le travail selon les sexes, dans une perspective
Nord-Sud. La libéralisation du commerce et l’intensification de la concurrence internationale
a eu pour conséquence, si l’on considère les résultats de recherches effectuées par des
économistes et sociologues du travail sur les années quatre-vingt-dix, une croissance au
niveau mondial, avec des rares exceptions, de l’emploi salarié et du travail rémunéré des
femmes. Cependant, et c’est un des paradoxes de la mondialisation, cet accroissement s’est
accompagné de la précarisation et de la vulnérabilité accrues de ces emplois. Les inégalités de
salaires, de conditions de travail et de santé n’ont pas été significativement amenuisées avec la
croissance de l’emploi féminin et le partage du travail domestique n’a pas changé
véritablement en dépit des responsabilités croissantes, au moins d’une partie des femmes,
dans le domaine du travail professionnel. Le rapport entre travail domestique et affectivité
semble être au cœur même de cette permanence.
Le modèle de travail précaire, vulnérable et flexible a pris, dans les pays du Nord, la figure du
travail à temps partiel et, dans les pays du Sud, la figure du travail informel, sans statut et sans
aucune protection sociale. L’opposition entre cette figure du salariat féminin et l’importance
prise ces dernières années par la féminisation de la catégorie des cadres et professions
intellectuelles supérieures est aussi à prendre en compte, dans la mesure où cette « bi-
polarisation », résultat en partie des processus qui se déroulent dans la sphère éducative, est
un point central de convergence entre les pays du Nord et du Sud.
Un des résultats de ces processus est l’exacerbation des inégalités sociales, entre hommes et
femmes et entre les femmes elles-mêmes, mais l’atomisation des travailleurs(ses), qui résulte
en partie de la mise au travail sur des modalités d’emplois précaires (contrats à durée
déterminée, intérim, contrats « aidés », etc.) ou isolés (travail à domicile, télétravail, etc.)
n’empêche pas et peut même être, paradoxalement, un cadre pour l’émergence de nouvelles
actrices et acteurs collectifs.
Ainsi, nous nous trouvons, pour la première fois, face à une apparition autonome des femmes
en tant qu’actrices collectives dans la Marche Mondiale des Femmes, autonomes par rapport
aux autres organisations anti- ou alter- mondialistes. Elles ne sont plus, comme pendant toute
la période précédente de luttes anti-capitalistes, une des composantes du pôle travail contre le
champ du capital mondialisé,. Les implications politiques de cette nouvelle position des
femmes dans les rapports des forces alter-mondialistes reste à analyser.
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