Dialogue euro-arabe/ allocution de M. Driss El Yazami
nationaux et renforce la traite des êtres humains et le trafic, devenu désormais une industrie
lucrative et de plus en plus élaborée.
C’est donc sous l’angle de la méfiance que la question des migrations est trop souvent abordée, alors
que toutes les analyses scientifiques et sereines montrent qu’elle est incontestablement source de
richesses.
D’abord par l’importance des transferts, estimés en 2004 à 150 milliards de dollars, soit près de 3 fois
le montant de l’aide publique au développement. Ces remises sont non seulement importantes pour
les balances de paiement de nombreux pays, mais constituent souvent un facteur essentiel de lutte
contre la pauvreté et en faveur de l’amélioration de la condition des familles de migrants. Ainsi, elles
jouent un rôle important pour la scolarisation des filles dans de nombreux pays.
Dans les pays d’accueil, notamment développés, la migration contribue de manière de plus en plus
forte à combler les déficits démographiques, mais aussi à créer directement de la richesse
économique. Ainsi, dans son rapport de 2006, la banque mondiale estimait que l’augmentation de
3% de la main d’œuvre totale des pays industrialisés, due à l’immigration, a dégagé un revenu
supplémentaire de 160 milliards de dollars, soit davantage que les gains réalisés grâce à la
libéralisation du commerce des marchandises.
Comme le rappelle un rapport récent de la Direction générale de coopération internationale et du
développement du ministère français des affaires étrangères, « la migration contribue, par l’afflux
de cotisations, au rééquilibrage des budgets sociaux dans les pays développés, tout en permettant
d’élargir et de populariser l’idée et la pratique de la protection sociale au sein des pays en
développement ».
La migration contribue enfin à a mondialisation du savoir, au bénéfice du Nord industrialisé (86 000
chercheurs étrangers sont accueillis aux Etats-Unis chaque année), souvent au détriment des pays
d’origine. Néanmoins, cette ressource peut être aussi mobilisée, sous certaines conditions, en faveur
d’un développement plus soutenu des pays émergents, dès lors, souligne le rapport cité ci-dessus,
que « le contact n’est pas interrompu entre le migrant et son pays d’origine ».
Mesdames et Messieurs
Votre conférence intervient ainsi dans ce contexte rapidement évoqué ci-dessus. D’où aussi son
importance.
Les travaux les plus récents concordent pour souligner l’importance d’une mobilisation du maximum
d’acteurs, publics et privés, nationaux et internationaux, pour une nouvelle gouvernance mondiale
de la question des migrations, au bénéfice des migrants, des pays d’origine et des pays d’accueil.
Ainsi, un nouvel élan devrait être donné à la mobilisation des Etats d’origine. C’est dans cette
perspective que le Royaume du Maroc s’est engagé dans plusieurs chantiers dont celui de créer un
cadre adéquat pour ses ressortissants établis à l’étranger et qui constituent aujourd’hui près de 10%
de sa population totale.
Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger a été établi en décembre dernier par Sa
majesté le Roi Mohamed VI suite à un large processus de concertation avec ces communautés mené