avoir cotisé au moins 6 mois au cours des 22 derniers
mois pour être indemnisé 7 mois ; ou bien avoir cotisé au
moins 16 mois au cours des 26 derniers mois pour être
indemnisé 23 mois. Dans le nouveau système, un jour
cotisé égale un jour indemnisé, pour une durée maximale
de 24 mois.
Si le chômeur retrouve un emploi, il devra alors avoir
travaillé 6 mois sur une période de 12 mois pour pouvoir
de nouveau bénéficier d'une indemnisation. Les plus de
50 ans seront toujours indemnisés pendant 36 mois au
plus, mais à condition d'avoir travaillé 36 mois au lieu de
27 auparavant. L'ensemble de ces mesures permettrait,
selon l'Unedic, d'indemniser 70 000 à 98 000 demandeurs
d'emploi supplémentaires. Le Medef et la CFDT évoquent,
eux, les chiffres de 200 000 à 300 000. De plus, les
dispositions qui limitaient l'indemnisation des salariés
saisonniers sont abrogées.
Combien y a-t-il de SDF en France ?
Selon des statistiques publiées en janvier 2007 par
l'Insee, 14 600 personnes dormaient "dehors ou dans un
lieu non prévu pour l'habitation". Celles-ci ne constituent
donc qu'une partie de la population SDF dont l'Insee avait
estimé le nombre à environ 86 000 en 2001, sur la base
d'une enquête menée auprès de personnes se rendant
dans des lieux de distribution de repas chauds. D'autres
estimations provenant d'associations d'aide aux SDF
établissent leur nombre entre 100 000 et 400 000.
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La fragilité des petits entrepreneurs
du monde rural
Bruno-Serge Leroy LE MONDE ECONOMIE, du 06.01.09
AURILLAC CORRESPONDANT
Le sac à pain est pendu au volet. Des gouttes de glace
s'accrochent au portail de la maison. Quand la porte
s'ouvre, Danièle Deveize affiche un large sourire : "Entrez
vite vous réchauffer avec un café", lance-t-elle à ses
visiteurs. En ce début d'après-midi, Ydes, dans le nord du
Cantal, est plongé dans un brouillard diffus. Thomas
Tignon et William Loveluck embrassent leur hôtesse, puis
s'installent autour de la table de la cuisine. Les deux
hommes sont conseillers à l'Association pour le droit à
l'initiative économique (ADIE), spécialisée dans le
financement et la création de microentreprises par des
demandeurs d'emploi et des allocataires du revenu
minimum d'insertion (RMI). Mme Deveize a déjà fait appel
à leurs services à deux reprises. "La première fois que j'ai
rencontré un conseiller de l'ADIE, nous avons beaucoup
discuté. Enfin, il m'a surtout écoutée", explique-t-elle.
Le parcours de Mme Deveize ressemble à celui de
beaucoup de créateurs soutenus par l'ADIE, qui n'ont pas
accès aux banques compte tenu de la faiblesse de leurs
revenus. "Ils sont très attachés au fait que nous les
considérons comme des clients", soulignent les deux
conseillers. Mme Deveize n'imaginait pourtant pas devoir
un jour devenir elle-même un des "clients" de l'ADIE qui,
en 2007, étaient à 47 % allocataires des minima sociaux,
à 38 % des demandeurs d'emploi, et à 9 % des
travailleurs indépendants. Grâce à leur projet et au
soutien de l'ADIE, 61 % ont pu sortir des dispositifs
d'aides sociales.
Coiffeuse en région parisienne, Mme Deveize a fait le tour
de France en compagnonnage. Veuve avec trois enfants,
elle a été contrainte de cesser son activité, pour des
raisons de santé liées à une maladie professionnelle.
"C'est là que les ennuis ont commencé. Je me suis
retrouvée interdit bancaire à la Banque de France."
Fuyant la région parisienne, elle s'installe à Ydes où elle
refait sa vie, rencontre un compagnon. Mme Deveize
découvre l'ADIE sur Internet en cherchant des solutions
pour renouer avec son activité professionnelle. Le
deuxième rendez-vous avec l'association sera l'occasion
de signer son premier microcrédit qui lui permet de lancer
son activité de "relooking". Quelques mois plus tard,
nouvelle demande de la coiffeuse "pour créer un site
Internet et financer une campagne de publicité". Au total,
2 800 euros, qu'elle rembourse tous les mois. "Nous
cherchons toujours à nous adapter aux besoins de nos
clients, à flexibiliser au maximum le système", précise
Thomas Tignon, responsable du programme "Pilote Adie
de développement économique" (Padre), qui fait le choix
de s'intéresser aux territoires essentiellement ruraux et
oubliés par le développement économique. "Nous
sommes partis d'un constat, explique-t-il. Si dans les
villes, nous disposons de locaux pour accueillir les clients,
il est très souvent difficile, voire impossible pour certains
habitants des campagnes de se déplacer. Ils échappent à
l'oeil de l'Etat en zone rurale. Ils sont invisibles."
Danièle Deveize confirme : "Heureusement que les deux
conseillers sont venus à Ydes avec leur "bureau mobile",
je n'aurais pas pu aller à Aurillac pour les rencontrer."
Sans voiture et avec de rares moyens de transports
publics, les déplacements sont difficiles voire impossibles,
lorsque l'on ne dispose pas de ressources suffisantes.
L'ADIE a décidé de créer un bureau mobile, une sorte de
camping-car, disposant de chaises, d'une table, et d'un
chauffage. Le véhicule a commencé ce matin-là sa
tournée par Champs-sur-Tarentaine. Il ira à Murat puis
Riom-ès-Montagnes, ou encore à Egliseneuve-
d'Entraigues, dans le sud du Puy-de-Dôme, pour
s'installer au milieu des étals sur le marché : "Il y a les
curieux qui demandent des explications, les clients qui
viennent nous saluer et passer un moment à discuter, ou
rembourser leur prêt", explique M. Loveluck.
M. Tignon a participé au déploiement de l'association
dans des secteurs où la densité de population est faible,
comme le plateau de Millevaches en Limousin et, depuis
janvier 2008, dans une zone comprenant le nord du
Cantal et le sud du Puy-de-Dôme. Sur ce territoire, le
programme est considéré comme pilote. Mis en place
pour trois ans, il devrait permettre d'atteindre "l'objectif de
cent ou de deux cents personnes soutenues
financièrement chaque année dans le département du
Cantal", précise M. Tignon. Fin 2008, les conseillers ont
déjà aidé une cinquantaine de projets à voir le jour sur ce
secteur. "L'ADIE est plutôt axée sur la création
d'entreprises, commente M. Loveluck, mais sur le nord du
Cantal, nous avons beaucoup de cas de maintien ou de
développement d'activité."
L'association finance essentiellement des projets
d'artisans, de commerçants et de quelques agriculteurs.
Danièle Deveiz est devenue une véritable ambassadrice
de l'ADIE : "Quand je coupe les cheveux à mes clientes,
je leur explique comment j'ai pu m'en sortir grâce à
l'association", raconte-t-elle, faisant glisser l'adresse de
l'une d'elles aux deux conseillers, sur la large table de la
cuisine.