
modifier les soins sans analyser ceux qui sont dispensés.
Evaluer…et après ?
Mais si cette étape est indispensable, elle n'est pas suffisante.
Prenons un exemple, le questionnaire de satisfaction des patients réalisé en 2000 à l'hôpital
Esquirol dans le cadre de la démarche d’accréditation
.
L'un des axes de l'accréditation a été d'interroger des patients sur leur satisfaction des soins qui
leur sont prodigués. Un certain nombre de questionnaires ont été soumis par une enquêtrice, à
des patients ou leur famille (pour la pédo-psy) en intra comme en extrahospitalier. Il se trouve
que l'un des items de ce questionnaire concerne l'information des patients. Deux items plus
précisément les interrogent sur la qualité de l'information qui leur est donnée quant à la durée du
traitement et l'autre quant au traitement lui-même.
Or, en 1992, le groupe de recherche du secteur 10 se proposait déjà de réfléchir à cette question.
La démarche à l'époque était de proposer à tout un secteur de réfléchir autour d'un point que les
infirmiers avaient en commun quelque soit leur lieu d'exercice, la distribution de médicaments.
La première enquête concernait les patients et ce qu'ils connaissaient de leur traitement. La
seconde, les soignants et ce qu' ils disaient aux patients de leur traitement,
Ce travail constituait une première étape, l'analyse de l'existant, de la réalité institutionnelle,
avant de réfléchir sur l'intérêt et la manière de mieux informer les patients sur leur traitement
Ces travaux firent l'objet d'une publication
, d'un film. " Vivre en ville " (épuisé) qui a permit un
travail avec des groupes de patients. Ce travail est encore d'actualité dans notre secteur puisqu'il
est utilisé régulièrement dans le groupe "vie quotidienne".
L'enquête de satisfaction réalisée en 2000 dans le cadre de Î'accréditation montre que les
patients sont insatisfaits de l'information qui leur est donnée sur les effets de leur traitement.
C'est même l'item parmi 19 autres qui a le plus fort score d'insatisfaction à 56 % (68,8 > 41,7)
alors que c'est un des items noté parmi les plus importants par les patients interrogés. Notons
que l'unité commune aux deux enquêtes réalise un score de 46,7 %.
La suite de ce questionnaire sera une nouvelle enquête de satisfaction à distance, pour mesurer
l'évolution de la satisfaction des patients après l'accréditation de l'établissement.
Nous avons là une différence importante entre les deux démarches. Dans le cas de
l'accréditation, il s'agit d'un travail "de commande "C'est-à-dire "nous devons mesurer le degré
de satisfaction des patients à un moment donné".
À ma connaissance, rien d'autre n'est proposé aux soignants que la mise à disposition des
résultats de cette enquête.
On espère que chaque acteur au vu des résultats de la première enquête aura fait le nécessaire
pour que cela aille mieux. Et comment pourrait-il en être autrement ? Je serai, je crois, le
premier à trouver totalement artificiel que ce questionnaire débouche sur des énoncés de
"bonnes pratiques "tant la démarche se trouve "déracinée "des acteurs d'un changement
possible. En effet, quelles que soient les qualités professionnelles et la bonne volonté de ceux
qui pensent et réalisent ces enquêtes, ils sont forcément extérieurs "à l'objet en travaillant pour
"l'accréditation "ou pour "la qualité ". Au contraire, la démarche de soignants à qui l'on donne
les moyens de leur mission tout en partageant le quotidien et les préoccupations des équipes sur
le terrain leur donne sans doute plus de légitimité et de reconnaissance pour proposer des
changements de pratiques à leurs pairs. C'est l'implication de toutes une équipe et de chacun de
ses membres sur l'objet de l'enquête, son intérêt pour les soins, et sa volonté de modifier les
Voir le compte rendu qui en est fait dans le n° 217 de la revue “Soins psychiatriques pages 27 à 31
“Psychose, psychotique, psychotropes ; quel rôle infirmier Editions Hospitalières, 1994, un nouveau livre sortira
aux Editions Masson en 2002