fiche_copsy_1310

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SNES-FSU
Novembre 2003
1. Le COPSY n'est-il qu'un psychologue ?
Dans les débats qui ont accompagné et suivi le mouvement cette question a été plusieurs fois évoquée. Il
y aurait dans le métier des aspects "non psychologiques" en particulier l'information sur les voies de
formation et l'environnement professionnel qui feraient douter de son identité professionnelle. En outre, la
nécessité de connaître le fonctionnement du système éducatif, la sociologie de l'éducation pèserait dans le
même sens.
On peut mettre en avant 4 arguments pour répondre à cette mise en cause de notre rôle.
- Après le mouvement de l'an dernier, il est difficile d'attaquer frontalement la question du titre. Les
COPSY sont donc présentés comme n'étant pas complètement psychologues. Rappelons que selon la loi
de 85, on ne peut être "un peu" psychologue. On l'est ou on ne l'est pas. Si le MEN a été conduit en 91,
sous notre pression, à désigner les COPSY comme des psychologues, c'est bien parce qu'il a dû entendre
nos arguments sur le fond.
L’histoire bien sûr qui a fait de la profession la première formation de psychologie appliquée, mais
surtout l'objet même de notre intervention est bien centrée sur le développement de la personne, prise
dans sa globalité et sa singularité, son accès à l'autonomie à partir de ses interrogations sur son devenir.
C’est aussi grâce à sa formation théorique et pratique que le COPSY peut décrypter les difficultés
d’apprentissage, les inhibitions ou manifestations comportementales bruyantes de certains adolescents, les
dédramatiser et proposer des solutions.
- Dans les autres professions aussi, la réalité des tâches est variée et parfois très éloignée des
représentations spontanées. Met-on en doute la professionnalité de l'infirmière en tant que soignante parce
qu'elle doit effectuer un certain nombre de tâches administratives ?
Met-on en doute l'identité professionnelle du menuisier lorsqu'il effectue des devis chez des clients ou sa
gestion comptable ?
- La profession de psychologue fait également l'objet de deux présentations stéréotypées
Ce qui définit le métier c'est bien l'objet de l'intervention du professionnel, les champs de connaissances
et les méthodologies auxquelles il se réfère principalement, même s'il est amené à réaliser un certain
nombre de tâches annexes qui ne lui sont pas spécifiques.
Il reste malgré tout à interroger ces tâches qui n'inscriraient pas les COPSY dans le champ de la
psychologie.
On met souvent en avant l'information sur l'environnement professionnel qui relèverait au mieux de la
pédagogie.
On peut tout d'abord mettre en avant que la question du sujet ne peut être écartée dès lors qu'on se
préoccupe de l'appropriation de l'information par les élèves.
Mais a-t-on suffisamment interrogé la nature des informations dispensées sur le monde du travail et les
voies de formation. N'y a-t-il pas lieu, particulièrement en collège, s'agissant d'adolescents pour lesquels
la question de l'identité est centrale de se centrer sur le rapport des sujets à leur activité scolaire ou
professionnelle, sur ce qui les mobilise, ce qu'ils considèrent comme des obstacles ou comme des
ressources ? Ne serait-ce pas la possibilité pour les jeunes de saisir la fonction psychologique et sociale
d'un travail et d'y puiser des ressources pour leur propre développement ?
Si l'on retient cette perspective, ces aspects de notre fonction apparaissent complètement ancrés dans une
approche psychologique.
- Enfin, certains développent l'idée selon laquelle la sociologie, l'économie, voire l'histoire sont tout aussi
importantes que la psychologie et que l'on risquerait d'appauvrir le métier en s'enfermant dans la
psychologie. Il faut là encore réinterroger la représentation sociale du psychologue. Pourquoi faudrait-il
dès lors qu'on se centre sur la personnalité faire abstraction de l'inscription sociale des sujets et des
théories qui tentent de rendre compte des rapports sociaux.
Les psychologues s'y réfèrent nécessairement mais pas toujours de manière consciente et explicite.
L'originalité de la formation des COPSY réside dans son caractère pluridisciplinaire qui permet la
compréhension des processus psychologiques singuliers, des trajectoires et des conditions concrètes
d'existence grâce à l'apport des autres sciences humaines.
Comment jouer un rôle de psychologue de l'éducation dans le second degré en ignorant tout des sciences
de l'Education et de la sociologie, des données de l'emploi et des évolutions de la nature du travail et de
son organisation ?
Mais à l'inverse sans une solide formation de psychologie le risque serait grand de tomber dans les
explications mécanistes, ou au contraire de surestimer les marges de manœuvre des acteurs en passant à
côté des processus subjectifs qui instituent chacun, en fonction de son histoire et de ses appartenances
dans sa singularité.
2. La contribution à la réussite doit-elle rester une mission prioritaire ?
Lors des discussions avec le MEN en 90/91, l'ajout de cet axe dans l'article 2 du statut a fait l'objet d'une
bataille historique. Pour nos interlocuteurs ceci ne relevait tout simplement pas des missions des COPSY.
Selon nous il y a plusieurs raisons pour exiger le maintien de cette mission.
- Certaines sont liées à nos objectifs de démocratisation de l'accès aux études pour l'ensemble des jeunes,
et d'élévation de leur niveau de formation et de qualification pour faire face aux exigences
professionnelles et culturelles. Les COPSY devraient pouvoir aider les équipes à comprendre ce qui se
joue pour un élève donné dans sa formation, son rapport aux savoirs, aux études ainsi que ses difficultés
ou blocages éventuels.
D'un point de vue strictement lié à l'élaboration des intentions d'avenir des adolescents, on sait aussi que
les élèves en trop grande difficulté auront beaucoup de mal à se projeter dans l'avenir, tenteront de
protéger une image d'eux-mêmes très dévalorisée en se réfugiant dans des projets magiques ou en
opposant une résistance plus ou moins active à toute démarche de questionnement sur leur devenir.
Ouvrir l'éventail des possibles en aidant l'élève à renouer avec les savoirs, à faire retour sur son activité
scolaire, et à trouver les ressources de son propre développement reste un passage obligé si l'on veut
permettre à chacun d'élaborer des projets ambitieux et valorisants et de les réaliser.
Couper la dimension de l'appropriation des savoirs de l'orientation reviendrait à priver une partie des
élèves de possibilités de développement de leur personnalité. Bien évidemment la contribution à la
réussite suppose une approche longitudinale et nécessite une plus grande disponibilité pour proposer des
interventions aux élèves et aux enseignants.
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3. Le COPSY doit-il être conseiller technique du chef d'établissement ?
Cette question a souvent été liée à des recommandations visant à nous écarter du travail direct auprès des
élèves pour le confier aux enseignants. Ceci explique que cette notion de conseil technique puisse
provoquer la méfiance.
Si le COPSY peut apporter un éclairage au chef d'établissement quant à l'analyse des situations
éducatives, des parcours de formation, du fonctionnement de l'orientation et de l'affectation, ceci suppose
qu'au moins deux conditions soient remplies.
- Une indépendance hiérarchique. Le COPSY ne pourrait remplir ce rôle s'il était nommé dans
l'établissement.
Seule la distance permise par la nomination dans le CIO, l'existence du CIO en tant qu'observatoire du
district rendent possibles cette position.
- Pour être crédible cette fonction doit s'appuyer sur une connaissance fine de l'établissement, des élèves,
des enseignants et des parents. La pertinence du conseil réside dans cette approche précise et ne peut donc
sous peine d'inefficacité se priver des interventions individuelles et collectives auprès des élèves.
Elle puise également sa consistance dans l'appartenance à l'équipe du CIO et dans l'existence des projets
de centre.
4. Le psychologue qu'est le CO-PSY peut-il développer des actions
collectives et institutionnelles?
La critique à l'égard de notre statut de psychologue se focalise parfois sur nos modes d'intervention qui se
limiteraient à l'entretien.
Du même coup, toutes les autres modalités seraient une négation du positionnement du psychologue dans
l'institution scolaire.
Or, certains psychologues interviennent auprès de groupes pour permettre l'échange, la circulation de la
parole, la confrontation des points de vue essentiels à l'adolescence pour favoriser la mise en cohérence
des expériences et le développement de la subjectivité.
Plusieurs situations de groupe peuvent être proposées (image de soi et adolescence, relations avec les
pairs, avec les parents, représentations de l'avenir, difficultés scolaires) qui permettent l'élaboration de la
pensée et la mise au travail de l'expérience scolaire subjective.
Le travail en direction des enseignants pour comprendre ce qui se joue pour un élève donné dans son
activité en classe ou dans un groupe, classe par exemple, peut déboucher sur des projets, des dispositifs
d'aide de la formation afin d'améliorer le fonctionnement du système.
C'est bien grâce à ses compétences de psychologue que le COPSY peut mener à bien ces observations,
ces analyses et proposer des solutions.
Toutefois, peut-être conviendrait-il à l'intérieur du même établissement de ne pas mélanger les types
d'intervention afin de faciliter la lisibilité des positionnements.
L'existence d'une équipe de psychologues au CIO permet tout à fait de répondre à cette difficulté.
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5. Doit-on s'engager dans la définition d'actions prioritaires ?
L'accumulation d'actions toutes plus prioritaires les unes que les autres, ces dernières années ont fait
progresser l'idée selon laquelle il faudrait se recentrer sur "le cœur du métier" pour pouvoir déterminer
des actions prioritaires.
Certains ont tout fait par ce biais de prétendre réduire le métier à l'information et au conseil en
orientation.
Si l'on retenait cette proposition, on ferait nécessairement l'impasse sur la question des conditions du
développement des élèves.
Se limiter à l'information et à l'orientation reviendrait à accepter de travailler sur la base de constats, sans
se donner les moyens de les dépasser.
Ainsi il paraît difficile d'éliminer le suivi, la prévention des décrochages et des abandons scolaires, la
contribution à la réussite, dès lors qu'on situe son intervention dans une perspective développementale.
Les actions prioritaires doivent être ciblées sur le public prioritaire, qui reste le public en formation
initiale, tant au CIO que dans les établissements.
Elles doivent s'exercer au plus près des besoins des élèves c'est-à-dire dans les établissements et au CIO.
La participation à diverses manifestations d'information plus ou moins médiatiques (forum, salons,
expositions) est souvent source d'une grande désorganisation des services pour un bénéfice assez limité
pour les élèves. En outre, la plupart du temps, les personnels ne sont même pas consultés sur le
bien-fondé d'une participation éventuelle mais se voient sommés d'y assister en vertu d'accords passés au
niveau régional ou national.
Des directives nationales doivent être données pour limiter ce type de manifestation qui éloignent les
conseillers des lieux où ils sont les mieux à même de répondre efficacement aux besoins du public.
De même, les appels d'offre pour des interventions dans les dispositifs d'aide à l'insertion ou de validation
des acquis doivent se faire sous forme de détachement afin de permettre le recrutement de titulaires sur
ces postes, et stopper le développement de la précarité.
Enfin, la définition d'actions prioritaires ne doit pas être un cache misère destiné à camoufler la
diminution des recrutements au prochain budget qui aboutirait à ne pas remplacer un départ en retraite sur
deux.
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