l`évolution du climat en Val de Loire

publicité
Master International Vintage
Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers
55 rue Rabelais
49007 ANGERS
Unité Vigne et Vin d’Angers
42 rue Georges Morel – BP 60057
49071 Beaucouzé cedex
Maitre de Stage : BARBEAU, Gérard
RELATION ENTRE LE MILIEU PHYSIQUE ET LA
QAULITÉ DES RAISINS DANS LE VAL DE LOIRE,
ÉVOLUTION ET PERSPECTIVE DANS UN CONTEXTE
DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Mémoire de Fin d’Etudes
Promotion 2008
NEETHLING, Etienne
Etudiant Master International
Vintage ESA
Date : 21 septembre 2010
Patron de mémoire : MEUNIER, Michel
1
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
AUTEUR : NEETHLING Etienne
Promotion : Master International Vintage
Patron de Mémoire : Michel Meunier
2008
Signalement du Mémoire : Relation entre le milieu physique et la qualité des raisins dans
le Val de Loire, évolution et perspective dans un contexte du changement climatique. 90
pages. Réalisé pour l’Unité Vigne et Vin d’Angers (INRA) en association avec le projet
TERVICLIM du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) de Rennes, France.
Mots clés : Val de Loire, changement climatique, sol, indice bioclimatique, cépage, date
de récolte, sucre, acidité totale
PLAN
INDICATIF
BUTS DE
L’ETUDE
MATERIEL ET
METHODES
RESULTATS
CONCLUSIONS
Le fonctionnement de la vigne et la qualité des raisins sont liés au
milieu physique. Un changement climatique sous l’influence des
facteurs naturels et anthropiques pose de nombreuses questions à la
viticulture et ainsi à la qualité et la typicité du vin.
Etudier l’évolution du climat à des échelles fines des sous-bassins du
Val de Loire. Etudier la dynamique de l’évolution de la qualité des
raisins de plusieurs cépages rouges et blancs en relation avec le
milieu physique. Observer la perspective d’un changement climatique
sur le comportement de la vigne et la qualité des raisins.
De nombreuses données relatives au climat, à la maturation des
raisins et aux sols ont été obtenues de différentes sources en Val de
Loire. Les données « maturation » correspondent aux principaux
cépages rouges et blancs cultivés, de Nantes à Sancerre. Quatre
indices climatiques ont été principalement utilisés pour l’analyse des
données climatiques et édaphiques. L’évolution de la qualité des
raisins est discutée en relation avec les observations climatiques.
Les températures minimales de Nantes et Beaucouzé ont fortement
augmenté par rapport aux températures maximales. Ce sont les
températures maximales de Saumur, Tours, Bourges, Romorantin,
Châteauroux, Orléans et Bourges qui ont le plus augmenté. L’indice
de Huglin montre que les régions du Val de Loire ont évolué d’un
climat froid à un climat tempéré. La date de la vendange a été
avancée de deux semaines. Dans le Val de Loire, pour les principaux
cépages, la teneur en sucre a augmenté et l’acidité totale a diminué.
Une augmentation significative des températures du Val de Loire au
cours des 60 dernières années. Les différents indices bioclimatiques
ont fortement augmenté. La vigne s’est adaptée à ces changements
climatiques par une évolution importante de la qualité des raisins. Les
perspectives du changement climatique impliqueraient une
importante variabilité de la qualité des raisins et un changement de la
typicité des vins.
2
CATALOGING NOTICE
AUTHOR : NEETHLING Etienne
Promotion : Master International Vintage
Study Director : Michel Meunier
2008
Description: Relationship between the physical environment and the grape composition in
the Loire Valley, evolution and perspective in a context of climate change. 90 pages. A study
for the Unité Vigne et Vin (INRA) in Angers, in association with the project TERVICLIM of
the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) in Rennes, France.
Key-words : Loire Valley, climate change, soil, bioclimatic indices, grape variety, harvest
date, sugar, total acidity
PLAN
AIMS OF THE
STUDY
The vine physiology and therefore the composition of the grapes are
related to the physical environment. A climate change under the
influences of natural and anthropogenic factors is posing various
questions for viticulture and as a result at the quality and typicity of
wine.
To study the evolution of climate in different sub regions of the Loire
Valley. To study the dynamic changes in the composition of various red
and white grape varieties, considering their relationship with the
physical environment. To observe the perspective of a climate change
on vine behaviour and grape composition.
A large amount of climate, grape composition and soil data have been
obtain from different locations in the Loire Valley. The grape
composition data represent the principal red and white varieties
MATERIAL
AND METHODS cultivated, from Nantes to Sancerre. Four climatic indices were mainly
used to analyse the climate and soil data. The change in grape
composition was discussed in relation to the climate changes.
RESULTS
CONCLUSIONS
The minimum temperatures of Nantes and Beaucouzé have strongly
increased, whereas the maximum temperatures of Saumur, Tours,
Bourges, Romorantin, Châteauroux, Orléans et Bourges has increased
the most. The Heliothermal index of Huglin show that the regions of the
Loire Valley have evolved from a cool climate to a temperate climate.
Harvest date has become two weeks earlier. Throughout the Loire
Valley, for the principal varieties, the sugar content has increased and
the total acidity has decreased.
The temperatures of the Loire Valley have significantly increased
during the last 60 years. The different climatic indices have has strongly
increased. The vine has adapted to these climate changes by an
important evolution in the compositions of its grapes. The perspective
of climate change indicates that there will be an important variability in
the compositions of grapes and thus influencing the typicity of wine.
3
REMERCIEMENTS
Je voudrais remercier mon maître de stage Gérard Barbeau pour ses qualités de direction, sa
patience, son temps et surtout ses recommandations sur mon travail. Je voudrais le remercie
pour m’avoir donné l’opportunité de faire cette étude puisque j’ai appris tant de choses. Je
voudrais remercier Hervé Quénol et Cyril Bonnefoy pour m’avoir introduite dans les
différents aspects du climat. Je les remercie pour leurs conseils et leurs soutiens en étudiant
les données climatiques. Je voudrais remercier Hervé Quénol pour m’avoir donne
l’opportunité de travailler en collaboration avec le projet TERVICLIM. Je remercie mon
parton de mémoire, Michel Meunier pour ses conseils et sa disponibilité pendant mon stage.
Je voudrais remercier toutes les organisations qui m’ont aidé de réaliser l’étude en fournissent
leurs données. Merci à Dominique Terray et Etienne Carre du Laboratoire de Touraine,
Anthony Segueira et Gaëlle Berriau du GDDV 49, Pierre-Jean Millet de l’INAO d’Angers,
Bertrand Daulny de SICAVAC, Nadège Brochard de CA 44 et Anne Buchet de CA 41. Je
voudrais remercier Vincent Courtin, Sébastien Cesbron et Dominique Rioux de la Cellule
Terroir Viticole, pour leur temps et leurs patiences.
Finalement, je voudrais remercier tous les personnels de l’Unité Vigne et Vin et de l’Institut
Français de la Vigne et du Vin d’Angers. Merci à Séverine Roger, Fabienne Jourdan, Anne
Mège, Réjane Champenois, Marie-Hélène Bouvet, Cecile Coulon et Michel Cosneau. Merci à
Michel Maestrojuan pour ses conseils sur mon étude. Merci à tous les stagiares ; Nadage
Pillonel, Lisa Chiron, Yoaan Audouin, Florian Gaïardo et surtout Marie Bahuau et Laure
Trapateau. Je remercie Mateus Valduga et Wu Tan, mes amis du Master Vintage et mes
collègues du travail.
4
TABLE DE MATIERES
REMERCIEMENTS ..............................................................................................................4
LISTE DES FIGURES ...........................................................................................................7
LISTE DES TABLEAUX ......................................................................................................8
LISTE DES ABBREVIATIONS ............................................................................................9
1. INTRODUCTION ........................................................................................................ 10
2. OBJECTIFS ................................................................................................................. 12
3. LIEU DE L’ETUDE ..................................................................................................... 13
3.1. Les caractéristiques du sol.......................................................................................... 14
3.2. Les caractéristiques du climat .................................................................................... 15
4. ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE..................................................................................... 16
4.1. Le changement climatique ......................................................................................... 16
4.1.1. Le changement climatique observé ......................................................................17
4.1.2. Les perspectives mondiales du changement climatique ........................................ 19
4.1.3. Le changement climatique observé dans les régions viticoles .............................. 20
4.2. Les composants des raisins......................................................................................... 21
4.2.1. La photosynthèse................................................................................................. 22
4.2.2. Le sucre .............................................................................................................. 23
4.2.3. L’acidité totale .................................................................................................... 25
4.2.4. Les composants phénoliques et les arômes .......................................................... 26
4.3. La relation entre le milieu physique et la qualité des raisins........................................ 28
4.3.1. Le climat ............................................................................................................. 28
4.3.2. Le sol .................................................................................................................. 29
4.3.3. La Précocité ........................................................................................................ 30
4.3.4. L’Alimentation hydrique ..................................................................................... 32
4.4.4. La Vigueur ..........................................................................................................33
4.5. Les indices bioclimatiques développés pour la caractérisation des régions viticoles.... 35
4.5.1. Les degrés-jours de Winkler (GDD) .................................................................... 35
4.5.2. L’indice héliothermique de Huglin (IH) .............................................................. 36
4.5.3. L’indice de fraîcheur des nuits (CI) ..................................................................... 37
4.5.4. L’indice de « Site » (SI) ...................................................................................... 37
5. MATERIELS ET METHODES .................................................................................... 39
5.1. Base de données climatiques ...................................................................................... 39
5.2. Base de données « maturation » ................................................................................. 40
5.3. Base de données « sol » ............................................................................................. 42
5.4. Méthodes ................................................................................................................... 43
5.4.1. Indices bioclimatiques ......................................................................................... 43
5.4.2. Outils statistiques ................................................................................................ 45
6. RESULTATS ET DISCUSSIONS ................................................................................ 46
6.1. L’évolution du climat dans le Val de Loire ................................................................. 46
6.1.2. Evolution de la température ................................................................................. 46
6.1.3. Evolution de la pluviométrie ............................................................................... 51
6.2. L’évolution de la relation entre le milieu physique et la qualité des raisins ................. 53
6.2.1. Evolution de la date de la vendange ..................................................................... 53
6.2.2. Evolution des indices bioclimatiques ................................................................... 56
6.3. Evolution de la qualité des raisins .............................................................................. 59
6.3.1. Evolution de la teneur en sucre ............................................................................ 59
5
6.3.2. Evolution de l’acidité totale ................................................................................. 63
6.3.3. Evolution des anthocyanes .................................................................................. 66
6.4. Perspectives ............................................................................................................... 68
7. IMPORTANCE DES ADAPATATIONS À COURT, MOYEN ET LONG TERME .... 70
7.1. Pratiques agro-viticoles .............................................................................................. 70
7.2. Choix de nouveaux milieux naturels...........................................................................72
7.3. Choix du matériel végétal .......................................................................................... 73
8. CONCLUSION ................................................................................................................ 76
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUE ................................................................................. 77
ANNEXES ........................................................................................................................... 84
Annexe A ......................................................................................................................... 84
Annexe B.......................................................................................................................... 85
Annexe C.......................................................................................................................... 86
Annexe D ......................................................................................................................... 87
Annexe E .......................................................................................................................... 88
Annexe F .......................................................................................................................... 89
6
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : L’évolution de la température annuelle du Val de Loire de 1946 à 2008.. ............. 46
Figure 2 : L’évolution de la température moyenne annuelle à Nantes au cours des 157
dernières années ................................................................................................................... 47
Figure 3 : Evolution du comportement de la température moyenne de 6 stations météo par
rapport à la température moyenne du Val de Loire de 1946 à 2008. ......................................49
Figure 4 : Evolution du nombre de jours d’été à Beaucouzé et Bourges de 1950 à 2008 ........ 51
Figure 5 : Evolution de la pluviométrie annuelle du Val de Loire de 1946 à 2008. ................ 52
Figure 6 : Evolution de l’indice degré-jours à Tours de 1950 à 2008. .................................... 54
Figure 7 : Evolution de la date de la vendange du chenin blanc à Rochecorbon, Touraine de
1979 à 2008. ......................................................................................................................... 55
Figure 8 : Evolution de l’indice héliothermique de Huglin (IH) à Beaucouzé de 1950 à 2008.
............................................................................................................................................. 57
Figure 9 : Evolution de l’indice de fraîcheur des nuits à Beaucouzé de 1950 à 2008. ............ 58
Figure 10 : Cinétique de l’accumulation du sucre du Cabernet franc à Saint Nicolas de
Bourgueil, depuis 1980. ........................................................................................................ 62
Figure 11 : Cinétique de la diminution de l’acidité totale de Chenin blanc à Vouvray, depuis
1980. .................................................................................................................................... 65
Figure 12 : Evolution de la température du sol dans les premières 30 centimètres (ST30) de la
parcelle du Cabernet franc à Montreuil-Bellay de 1976 à 2009. ............................................ 67
Figure 13 : Carte des AOC du Val de Loire ......................................................................... 84
Figure 14 : Augmentation de la température minimale et maximale en France au cours du
XXIème siècle. ....................................................................................................................... 85
Figure 15 : Evolution de la teneur en sucre (g/L) des six cépages principaux cultivés dans le
Val de Loire de 1981 à 2009.. ............................................................................................... 88
Figure 16 : Evolution de l’acidité totale (g/L) des six cépages principaux cultivés dans le Val
de Loire de 1981 à 2009. . .................................................................................................... 88
7
LISTE DES TABLEAUX
Table 1 : Classes de climats viticoles pour l’indice héliothermique de Huglin ....................... 36
Table 2 : Classes de climats viticoles pour l’indice de fraicheur des nuits ............................. 37
Table 3 : Nom, source et série des données climatiques de chaque station automatique. ........ 39
Table 4 : Base de données de maturation des 6 principaux cépages cultivés dans le Val de
Loire. ................................................................................................................................... 41
Table 5 : Augmentation de la température moyenne par saison entre 1951 et 2008 sur les
stations automatiques de Nantes, Beaucouzé, Saumur, Tours et Bourges. ............................ 50
Table 6 : Evolution de l’indice degré jours de Winkler à Beaucouzé et à Bourges au cours du
période d’avril à septembre entre 1950 et 2008. ................................................................... 54
Table 7 : Corrélation entre la qualité des raisins et l’indice de Huglin et l’indice fraîcheur des
nuits pour deux parcelles situées dans le Val de Loire, de 1970 à 2009. ................................ 56
Table 8 : Evolution de la qualité des raisins des six cépages principaux cultivés dans le Val de
Loire, depuis 1980. .............................................................................................................. 59
Table 9 : Corrélations entre l’acidité totale, l’acide malique et l’acide tartrique du Cabernet
franc, du Grolleau noir et du Gamay Beaujolais depuis 1984. .............................................. 63
Table 10 : Corrélation entre la teneur en anthocyanes et les variables du milieu physique pour
la parcelle du Cabernet franc à Montreuil-Bellay, depuis 1976. ............................................ 66
Table 11 : Les différents porte-greffes et leurs caractéristiques par rapport à la sécheresse, à la
précocité du cycle végétatif et au calcaire actif. .................................................................... 74
Table 12 : Evolution des températures moyennes, minimales et maximales (°C) par année et
d’avril à septembre à Nantes, Beaucouzé, Saumur et Tours................................................... 86
Table 13 : Evolution des températures moyennes, minimales et maximales (°C) par année et
d’avril à septembre à Romorantin, Châteauroux, Bourges et Orléans. ................................... 86
Table 14 : Evolution de la pluviométrie annuelle, d’avril à septembre et par saison à Nantes,
Avrillé, Saumur et Tours. .................................................................................................... 87
Table 15 : Evolution de la pluviométrie annuelle, d’avril à septembre et par saison à Blois,
Châteauroux et Bourges de 1950 à 2008 .............................................................................. 87
Table 16 : Indice de « dry spell » et fréquence des pluies supérieures à 10mm et 20mm à
Montreuil-Bellay depuis 1976. ............................................................................................. 87
Table 17 : Evolution de la teneur en sucre et de l’acidité totale de plusieurs cépages cultivés
dans le Val de Loire. ............................................................................................................ 89
8
LISTE DES ABBREVIATIONS
AOC
CA
CI
CNRS
CO2
CS
CTV
˚C
GDD
GDDV
GIEC
Gp
IH
IPCC
k
O2
PAL
RD
RDI
PRD
Rs
RUM
R2
SI
SM30
ST30
T
TDN
tj
Tn
tn-f
to
Tx
UEVV
UFGT
VQPRD
WI
Appellation d’Origine Contrôlée
Chambre Agriculture 44
Indice de fraîcheur des nuits
Centre National de la Recherche Scientifique
Dioxyde de carbone
Ratio argile / limon dans la zone 35-70 cm du sol
Cellule Terroir Viticole
Degré Celsius
Indice degré-jours de Winkler
Groupement Départemental de Développement Viticole
Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
Pourcentage des cailloux dans l’horizon de la surface
Indice héliothermique de Huglin
Intergovernmental Panel on Climate Change
Coefficient de latitude
Oxygène
Phénylalanine Ammonia-Lyase
Profondeur estimée pour les racines.
Regulated Deficit Irrigation
Partial Root Drying
Somme des précipitations d’avril à octobre
Réserve utile maximale du sol
Coefficient de détermination
Indice de Site de Tesic
Teneur en eau volumétrique dans les 30 premiers centimètres du sol.
Température du sol dans les 30 premiers centimètres.
Température moyenne
1, 1, 6-triméthyl-1,2-dihydronaphthalène
Température moyenne du mois de juillet
Température minimale journalière
Température moyenne au cours de la période de mai à août
Température moyenne du mois d’avril
Température maximale journalière
Unité Vigne et Vin
UDP glucose flavonoïde 3–o– glucoslyltransferase
Vins de qualité produits dans des régions déterminées
Somme des précipitations de juin à août.
9
1. INTRODUCTION
Dans le monde viticole, le concept du terroir est généralement défini par le milieu physique,
notamment les caractéristiques du sol et du climat. Plusieurs études terroir x vigne ont
démontré l’influence du milieu physique sur le fonctionnement de la vigne et la qualité des
raisins (Tesic, 2001 ; Van Leeuwen et al., 2004 ; Vaudour et al., 2005 ; Morlat et al.,
2006a,b ; Carey et al., 2008a,b). Dans les régions viticoles de la France, la relation entre le
milieu physique et la vigne ont contribué à la délimitation des régions et à la sélection des
cépages adaptés au milieu physique. L’histoire a montré l’importance du climat, où les
températures chaudes du 9ieme au 13ieme siècle permirent à la vigne d’être cultivée dans le sud
de l’Angleterre aussi bien que dans les régions à coté de la mer Baltique (Jones et al., 2005).
Mais, au cours du petit âge glacière du 14ieme au 19ieme siècle, les vignes ont disparu de ces
régions nordiques. Bien que la vigne soit cultivée dans des conditions géologiques et
pédologiques très contrastées, le sol joue un rôle très important sur l’alimentation hydrique de
la vigne et ainsi sur le fonctionnement de la vigne (Morlat et al., 1992 ; Van Leeuwen et al.,
2003 ; Ribéreau-Gayon et al., 2006). En outre, dans les vignobles septentrionaux, il a un effet
important sur la précocité du cycle végétatif de la vigne afin d’atteindre une bonne maturité
(Barbeau et al., 1999 ; Asselin et al., 2001).
Aujourd’hui un changement climatique sous l’influence des facteurs naturels et anthropiques
est en cours. Le réchauffement climatique ne signifie pas seulement une augmentation forte
de la température, mais implique aussi un taux d’évapotranspiration des sols et des plantes
plus important. Il a été montré aussi une variabilité de la pluviométrie où la fréquence des
sécheresses augmentera dans certaines régions (Moisselin et al., 2002 ; GIEC, 2007). Le
changement climatique est imputé en partie à une teneur en dioxyde de carbone plus élevée,
ce qui influence le fonctionnement de la photosynthèse de la vigne (Schultz, 2000 ; Seguin,
2009).
Plusieurs études ont démontré que la vigne a évolué en fonction du changement climatique.
Les dates des stades phénologiques sont devenues plus précoces et un changement de la
composition des raisins a également été noté (Duchêne et al., 2005 ; Barbeau et al., 2007,
Deloire et al., 2008 ; Seguin, 2009). Les raisins sont plus riches en sucre et ont une acidité
plus faible ce qui conduit à un degré d’alcool probable plus important. Par conséquent,
10
l’évolution de la composition des raisins implique un changement important de la qualité et la
typicité du vin. Etant donné que la vigne est une plante pérenne et que chaque cépage est
adapté à des conditions climatiques très étroites, le changement climatique pose de
nombreuses questions à la viticulture. Cependant, le changement n’est pas uniforme ni dans le
temps ni dans l’espace. Le climat évolue différemment d’une région à l’autre en fonction des
facteurs de la topographie. Il est donc nécessaire d’étudier chaque région viticole séparément
afin de comprendre l’effet du changement climatique sur la viticulture.
La région viticole du Val de Loire est cultivée par une grande gamme de cépages rouges et
blancs. Etant donné la présence de la Loire et de ses affluents ainsi que la riche diversité
géopédologique, on y trouve des conditions de climat et de sol très contrastées. Les 69
différentes Appellation d’Origine Contrôlée du Val de Loire confirment cette diversité de
sols, de climats et de cépages. En outre, le Val de Loire est la troisième région en termes de
production et la quatrième en termes de surface viticole en France. C’est la première région
productrice de vin blanc d’AOC. Bien que quelques études aient été effectuées dans le Val de
Loire sur le changement climatique (Barbeau, 2007 ; Bonnefoy et al., 2008), une étude des
principaux cépages cultivés dans des conditions de climat et de sol bien contrastées est
nécessaire. L’étude doit être réalisée à une échelle fine dans différents endroits, étant donné
que les facteurs topographiques jouent un rôle important sur le climat (Jacquet et al., 1998).
En outre, la dynamique du développement des composants des raisins permet d’observer
l’évolution de la qualité des raisins dans un contexte de changement climatique. La relation
entre le milieu physique et la qualité des raisins permet une étude du changement climatique
et de son effet sur la viticulture dans le Val de Loire.
L’étude s’inscrit dans le cadre du projet TERVICLIM. Le projet TERVICLIM, dont l’Unité
Vigne et Vin (UEVV) d’Angers est partenaire, est piloté par H. Quénol du laboratoire
COSTEL du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) de Rennes. TERVICLIM
est un projet international qui intervient dans plusieurs régions viticoles du monde. Le projet a
pour un objectif d’étudier le changement climatique aux échelles fines des vignobles. Cela
doit permettre de mieux connaître le climat actuel et de mieux définir les conséquences du
changement climatique sur la viticulture. En France, le projet concerne 4 régions viticoles : le
Val de Loire, la Champagne, la Bourgogne et le Bordelais. A l’étranger, les partenaires sont
l’Afrique du Sud, le Chili, l’Espagne, les Etats-Unis, l’Argentine, l’Uruguay et la Bolivie.
11
2. OBJECTIFS
Le projet vise à étudier la relation entre le milieu physique et la qualité des raisins dans le Val
de Loire, leur évolution et leur perspective dans un contexte de changement climatique. Trois
objectifs procèdent de cette étude :
1. Etant donné qu’un changement climatique se déroule sur plusieurs décennies, un
premier objectif est d’étudier l’évolution du climat dans le Val de Loire au cours du
dernier siècle. Comme la topographie joue rôle important sur les méso-climats du Val
de Loire, l’évolution climatique doit être étudiée à des échelles fines en plusieurs
endroits dans chacun des sous-bassins de la région.
2. Le deuxième objectif est d’étudier la dynamique de l’évolution de la qualité des raisins
de plusieurs cépages rouges et blancs en relation avec le milieu physique.
3. Le dernier objectif est d’observer la perspective d’un changement climatique sur le
comportement de la vigne et la qualité des raisins dans le Val de Loire.
12
3. LIEU DE L’ETUDE
Le Val de Loire est le premier producteur de vin blanc d’AOC en France, il est situé dans le
centre-ouest de la France, principalement de Nantes à Sancerre (Annexe A). C’est aussi la
troisième région en termes de production et la quatrième en termes de surface viticole
(www.vinsdeloire.fr). Les vignes cultivées représentent une superficie de 70 000 hectares
dont 52 000 hectares sont en VQPRD (www.vinsdeloire.fr). On y trouve 69 AOC, qui sont
toutes reparties le long de la Loire et de ses affluents. Le Val de Loire est caractérisé par une
grande gamme de cépages. Les cépages blancs dominants sont le Melon de Bourgogne, le
Chenin blanc et le Sauvignon blanc. Les cépages rouges sont principalement le Cabernet
franc, le Grolleau noir et le Gamay Beaujolais.
Le Melon de Bourgogne est un cépage blanc originaire de la Bourgogne, mais aujourd’hui il
est cultivé uniquement dans l’AOC du Muscadet. C’est un des cépages les plus précoces en
France et il produit des vins frais, légers et aromatiques (Barbeau, 2008). Le Chenin blanc
(ou Pineau de la Loire) est un cépage blanc originaire du Val de Loire, il est donc très bien
adapté aux différents mesoclimats de cette région. C’est un cépage moyennement précoce, il
produit des grappes de taille moyenne à grosse et des baies de petite taille à moyenne
(Barbeau, 2008). Il donne la possibilité d’élaborer des vins secs, demi-secs, effervescents
et liquoreux. Les vins de l’AOC de Vouvray, Montlouis-sur-Loire et Savennières sont des
exemples de vins secs, et les vins de l’AOC de Coteaux du Layon, Coteaux de l’Aubance,
Quart de Chaume et Bonnezeaux sont des exemples de vins liquoreux après botrytisation ou
passerillage. Enfin, le Sauvignon blanc est principalement cultivé dans le Centre-Loire et la
partie orientale de la Touraine. C’est un cépage vigoureux, de maturité de deuxième époque
avec de petites grappes et de petites baies (Barbeau, 2008). Il est sensible aux conditions
climatiques et donc l’évolution de ses arômes est très dépendante des conditions de terroir. Il
est élaboré pour des vins secs élégants avec une bonne expression aromatique, comme les
vins blancs sec de Sancerre.
Le Cabernet franc est le cépage rouge le plus cultivé dans le Val de Loire. C’est un cépage
vigoureux, de maturité de deuxième époque, avec des grappes de taille moyenne et des baies
de petite taille (Barbeau, 2008). Chez le Cabernet franc, les pépins sont très riches en tanins et
par conséquence le ratio tanins pellicules / tanins pépins est faible (Cadot, 2008). Il donne les
grands vins rouges de l’AOC de Chinon, Bourgueil, Saint Nicolas de Bourgueil, Saumur
13
Champigny, Anjou et Anjou Villages. De plus, il est aussi vinifié pour les vins rosés
(Cabernet d’Anjou et rosés de Loire) et les vins effervescents (Crémant de Loire et Saumur
brut). Le Gamay Beaujolais est un cépage rouge principalement cultivé dans le centre du Val
de Loire, mais il fait partie aussi des cépages rouges du Muscadet et d’Anjou
(www.vinsdeloire.fr). Il s’exprime bien sur les sols argilo-siliceux et granitiques. Il est peu
vigoureux avec une maturité précoce et des petites grappes compactes (Barbeau, 2008). Il est
vinifié seul ou en assemblage avec les Cabernets ou le Côt. Les vins sont aromatiques,
moyennement colorés et peu tanniques (Cadot, 2008). Le Grolleau noir est un cépage rouge
originaire de la Touraine. Il est vigoureux et fertile avec une maturité précoce. Les grappes et
les baies sont de taille moyenne et peu riches en anthocyanes (Barbeau, 2008). Comme le
Gamay, les baies réagissent fortement aux pluies lors la maturation ce qui augmente beaucoup
le volume des baies (Barbeau, 2007). Il donne des vins légers, aromatiques et peu alcooliques,
notamment les vins rosés d’Anjou, de Loire et de Touraine.
3.1. Les caractéristiques du sol
Caractérisé par une géologie riche et diverse, le Val de Loire a des sols très contrastés. Les
régions de Vendée et du Muscadet reposent sur les terrains du massif armoricain. On y trouve
du schiste, du granite et de la rhyolite. Généralement, les sols sont caractérisés par des
textures argilo-limoneuses sur les plateaux, tandis qu’ils sont plus superficiels et très
caillouteux sur les coteaux. Angers est situé à la frontière du massif armoricain et du bassin
parisien. Dans le bassin parisien, le Saumurois - dont Montreuil-Bellay - et Sancerre se situent
respectivement aux confins sud-ouest et sud-est des formations sédimentaires du bassin. A
Montreuil-Bellay, les sols sont profonds, argileux sur des roches de marne, ou superficiels sur
des roches de calcaire dur. A Sancerre sur les plateaux, on peut observer des sols argilosiliceux, mais sur les coteaux les calcaires durs ou marneux apparaissent avec des sols moins
évolués. D’autres formations sédimentaires marines sont présentes dans le val de Loire,
comme à Saumur et à Tours, où les sols se sont formés sur des roches mères calcaires, par
exemple : la craie tuffeau, des roches mères siliceuses et de l’argile à silex (Perruche). Aussi,
sur le vignoble de Saumur on peut trouver des sols qui ont pour substrat géologique des sables
fins. Les roches crayeuses sont des formations tendres et riches en eau. A Tours, sur les
coteaux les sols sont sablonneux, et superficiels sur des roches de craie tuffeau, alors que les
sols sur le plateau sont très caillouteux et argileux sur des formations d’argile à silex. Enfin,
sur les vignobles de Saint Nicolas de Bourgueil et de Chinon, la Loire a déposé les matériaux
14
d’alluvions sableux et graveleux sur les terrasses qui bordent ce fleuve où les sols sont soit
caillouteux et ou soit sableux (Cellule Terroir Viticole).
3.2. Les caractéristiques du climat
Le climat tempéré à tendance septentrionale du Val de Loire évolue de l’ouest vers l’est d’un
climat océanique à un climat semi-continental (Jacquet et al., 1998). La topographie et la
présence de la Loire et ses affluents jouent un rôle très important sur les conditions
climatiques de chacune des 69 AOC (Jacquet et al., 1998, Bonnefoy et al., 2009). Les
vignobles du Muscadet connaissent un climat plutôt doux et ils sont rafraîchis par les
influences océaniques avec des grandes variations d’ensoleillement et de précipitations selon
le millésime (Bonnefoy et al., 2009). L’Anjou se caractérise par des hivers peu rigoureux, des
étés chauds avec un bon ensoleillement et de faibles écarts thermiques (Barbeau, 2008). Le
Saumurois et la Touraine sont situés sur la transition du climat océanique au climat
continental. Bonnefoy et al., 2009 ont montré que la station météo de Saumur était la plus
chaude alors celle de Tours était la plus froide en comparaison avec Nantes, Angers et
Bourges. Enfin, vers la région de Sancerre, le climat évolue progressivement en climat
continental avec une influence océanique de plus en plus limitée (Barbeau, 2008).
15
4. ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
4.1. Le changement climatique
Le système climatique est un système complexe et interactif, ce qui signifie que les éléments
de l’atmosphère, de la surface terrestre et des océans interagissent entre eux. Le soleil
détermine le climat de la terre et donc active le système climatique en émettant de l’énergie
sous la forme d’ondes vers la terre. Un tiers du rayonnement solaire qui atteint la terre est
réfléchi par les nuages, les aérosols et les surfaces légères colorées, notamment les neiges, les
glaces et les déserts. Les deux tiers restants sont absorbés par la terre et les océans qui
émettent un rayonnement infrarouge en fonction de leur réchauffement. Un phénomène
naturel existe où les nuages jouent un rôle important, c’est l’effet de serre qui absorbe et
réfléchit de nouveau ce rayonnement infrarouge vers la terre. Sans l’effet de serre la
température moyenne de la terre serait établie autour de -18°C au lieu de 15°C. Donc l’effet
de serre naturel rend possible la vie que nous connaissons. La vapeur d’eau et de dioxyde de
carbone sont les plus importants constituants des gaz à effet de serre, la vapeur d’eau
représente deux tiers du total des gaz à effet de serre. Le méthane et l’oxyde nitreux ont aussi
de l’influence, alors que les gaz présents en plus grande quantité dans l’atmosphère, l’azote et
l’oxygène ne sont pas considérés comme des gaz à effet de serre. (IPCC, 2007).
Un changement du système climatique au cours du temps est sous l’influence de la
dynamique interne, mais dépend également des facteurs externes (les forçages). Les forçages
externes sont constitués des phénomènes naturels notamment les éruptions volcaniques et les
variations du rayonnement solaire aussi bien que les activités humaines. Les activités
humaines ont contribué depuis la révolution industrielle (1750) aux concentrations des gaz à
effet de serre, notamment le dioxyde de carbone, le méthane et l’oxyde nitreux. Les activités
humaines influencent également les quantités d’aérosols dans l’atmosphère et aussi la
nébulosité. Les activités humaines, en raison de leurs contributions aux gaz à effet de serre,
ont affecté l’équilibre énergétique de la Terre en altérant les rayonnements solaire entrant et
infrarouge sortant. C’est le cas notamment de la combustion de l’énergie fossile et du
déboisement qui ont fortement augmenté depuis 1970 (IPCC, 2007).
16
Aujourd’hui la plupart des études sur le changement climatique ont bien démontré la nature
anthropique du réchauffement. Cependant, celui-ci présente une variabilité inter annuelle et
inter décennale. Par conséquence la cause du réchauffement climatique est complexe et ne
peut pas être expliquée seulement par une augmentation des gaz à effet de serre.
Les
contributions des forçages naturels du soleil restent encore difficiles à mesurer et à expliquer.
Les études ont montré qu’il y a une forte corrélation entre le réchauffement climatique et le
cycle solaire (Friis Christensen et al., 1991 ; Lean et al., 1995 ; Butler, 1994 ;). Egalement, la
vapeur d’eau est le gaz à effet de serre le plus présent et le plus répandu, sa quantité dans
l’atmosphère dépend peu de l’influence directe des activités humaines (IPCC, 2007). Les
éruptions volcaniques contribuent à l’augmentation des quantités d’aérosols dans
l’atmosphère qui peuvent avoir un forçage négatif sur le réchauffement climatique (IPCC,
2007). Donc, une connaissance de toutes les variables du système climatique doit être prise en
compte en étudiant l’évolution et la prospective d’un changement climatique.
4.1.1. Le changement climatique observé
Les études du GIEC sur le climat ont montré un net réchauffement mondial. Une forte hausse
des températures moyennes de l’atmosphère et de l’océan a été observée, ce qui a entraîné une
fonte massive de la neige et de la glace et un niveau de la mer plus élevé (GIEC, 2007).
Cependant, le changement climatique n’est pas uniforme ni dans le temps ni dans l’espace.
La température moyenne du monde au cours du dernier siècle a augmenté de 0.35˚C de 1910
à 1940 et de 0.55˚C de 1970 à 2006 (GIEC, 2007). Ce réchauffement climatique a été plus
marqué sur la surface terrestre que dans l’océan où la température minimale a augmenté plus
vite que la maximale (Moisselin et al., 2002 ; GIEC, 2007). Les températures hivernales ont
augmenté aussi plus significativement que celles des autres saisons. Dans un contexte
mondial, l’hémisphère nord et surtout les hautes latitudes de l’hémisphère nord se sont
réchauffés plus vite que l’hémisphère sud (GIEC, 2007 ; Jones et al., 2005). En Europe, la
température moyenne a augmenté de 0,95°C depuis 1900 (EEA, 2004). Moisselin et al., 2002
ont rapporté une augmentation de la température minimale en France de 1.2˚C de 1901 à 2000
alors que la température maximale a moins augmenté, seulement de 0.6°C. Ils ont observé un
gradient de l’augmentation des températures minimales de l’est à l’ouest en France et un
gradient du nord au sud pour les températures maximales. (Annexe B).
17
Depuis 1950 une augmentation des températures extrêmes a été observée telles que les vagues
de chaleur (Jones et al., 2000 ; GIEC, 2007 ; Deloire et al., 2008). Egalement, le nombre
annuel de nuits chaudes a augmenté alors que celui des nuits froides a diminué. Une
observation mondiale a montré que le nombre de jours de gelée a diminué (GIEC, 2007). A la
suite d’une température plus élevée et d’une évapotranspiration plus élevée (Barbeau, 2007 ;
Deloire et al., 2008), la fréquence des sécheresses estivales a augmenté (GIEC, 2007).
Barbeau, 2007 a aussi montré une augmentation du rayonnement global de 25% au cours des
30 dernières années, sur le site de Montreuil-Bellay.
Le changement des précipitations est associé à l’augmentation de la quantité de vapeur d’eau
dans l’atmosphère causée par une température plus élevée (IPCC, 2007). Les précipitations
ont augmenté dans l’est de l’Amérique du Nord et du Sud, le Nord de l’Europe et le centre de
l’Asie, mais diminué en Méditerranée et en Afrique de 1900 à 2005 (GIEC, 2007). Comme
les températures ont augmenté, la probabilité de précipitation sous forme de pluie plutôt que
de neige a augmenté, surtout en automne et au printemps, pendant le début et la fin de la
saison des neiges. Les fréquences des fortes précipitations quotidiennes entrainant des
inondations ont aussi augmenté (GIEC, 2007).
En Europe et en France, les précipitations ont augmenté dans le nord (10-40% plus humide),
mais ont diminué dans le sud (20% plus sec) (Moisselin et al., 2002 ; EEA, 2004). En France,
les précipitations ont diminué en été alors qu’elles ont augmenté dans les autres saisons
(Moisselin et al., 2002). A Montreuil-Bellay les écarts autour de la moyenne se sont amplifiés
avec des alternances d’années très sèches et d’années très humides (Barbeau, 2007). En
Alsace, les précipitations n’ont pas évolué significativement, mais les années 1999 et 2002
ont été les plus humides depuis 1972 (Duchêne et al., 2005). Deloire et al. 2008, n’ont trouvé
aucune variation des précipitations dans le sud de la France, ni annuelle ni d’avril à
septembre, mais ont relevé une modification significative de la distribution mensuelle et de
l’efficacité.
Finalement, la concentration en dioxyde de carbone est passée de 280 ppm à 379 ppm (+73%)
de l’époque préindustrielle à 2005 (GIEC, 2007). Aujourd’hui, la teneur en CO2 se trouve à
388,2 ppm (http://co2now.org/). Egalement les concentrations des gaz à effet de serre ont
augmenté de 70% pendant la même période (GIEC, 2007).
18
4.1.2. Les perspectives mondiales du changement climatique
Les perspectives du changement climatique sont plus difficiles à estimer et assez
imprévisibles puisque le climat varie d’une région à l’autre. Les régions se distinguent en
fonction du rayonnement solaire reçu, de leurs caractéristiques physiques et enfin de
l’interaction entre l’atmosphère, les océans et la surface terrestre. Ainsi, la concentration en
vapeur d’eau, la couverture des nuages et la répartition des aérosols varient d’une région à
l’autre. Par ailleurs, les développements techniques, sociaux et économiques de chaque pays
influenceront les émissions des gaz à effet de serre. Cependant, la quantité de dioxyde de
carbone est repartie uniformément sur la planète, indépendamment de l’origine de ses sources
d’émission. (IPCC, 2007).
Un changement climatique est attendu sur l’ensemble de la planète. Les résultats du rapport
de l’IPCC de 2007 suggèrent un réchauffement important au cours du XXI e siècle et surtout
dans les hautes latitudes de l’hémisphère nord. En Europe, en fonction de la latitude, une
augmentation des températures est prévue des tropiques vers les pôles (GIEC, 2007). Les
précipitations augmenteront dans les zones septentrionales et diminueront dans les zones
méridionales dans l’hémisphère nord.
Aujourd’hui les modèles utilisés pour les projections d’un changement climatique sont
devenus plus fiables, particulièrement à l’échelle continentale (GIEC, 2007). Selon les
différents scénarios d’émissions dans le rapport spécial de l’IPCC (SRES, 2001), nous
observerons :
 Une forte augmentation de CO2 de 375ppm à une valeur variable de 600 ppm à 1215
ppm d’ici 2100 (GIEC, 2007).
 A l’échelle du monde, la température augmentera de 1,5°C à 6°C d’ici 2100 (GIEC,
2007) et en Europe, elle augmentera de 2 à 6,3°C (EEA, 2004). En France, la
température augmentera en moyenne de 1.6°C d’ici 2050 et de 3.0°C de 2070 à 2100
avec une forte augmentation des températures estivales (Brisson et al., 2010). Dans
l’ouest de la France, une augmentation de la température est prévue de 1.3°C (2020 à
2050) et de 2.6°C (2070 à 2100) (Brisson et al., 2010).
19
 En Europe, les précipitations augmenteront de 1 à 2% par décennie dans le nord, mais
diminueront de 1% par décennie dans le sud (EEA, 2004). En France, une diminution
des précipitations au printemps et en été est prévue, surtout dans le sud-ouest (Brisson
et al., 2010). Une augmentation des épisodes de fortes précipitations hivernales et de
la fréquence des sécheresses estivales doit se produire, surtout dans les régions
continentales (GIEC, 2007 ; Seguin, 2009). Un fort contraste des précipitations entre
les saisons est prévu (Brisson et al. 2010), ainsi qu’une augmentation du ruissellement
de 10% à 40% à la suite de plus fortes précipitations prévues aux latitudes élevées de
l’hémisphère nord (GIEC, 2007 ; Seguin, 2009).
 Une augmentation de la fréquence des jours chauds et des vagues de chaleur alors que
les jours froids et le nombre de jours de gel au printemps diminueront (GIEC, 2007).
A la suite d’une augmentation de la température minimale, l’amplitude thermique
journalière diminuera (Seguin, 2009).
4.1.3. Le changement climatique observé dans les régions viticoles
Jones et al., 2005 ont étudié 27 des principales régions viticoles du monde et ont montré que
17 des ces régions se sont réchauffées significativement de 1950 à 1999. Ces résultats ont été
démontrés par plusieurs études dans les régions viticoles du France (Schultz, 2000 ; Duchêne
et al., 2005 ; Barbeau et al., 2007 ; Deloire et al., 2008 ; Seguin, 2009). Barbeau, 2007 a
observé que le réchauffement a été plus fort au cours du cycle végétatif d’avril à septembre.
En outre, les indices bioclimatiques qui prennent en compte les températures du cycle
végétatif ont évolué au cours des 30 dernières années (Duchêne et al., 2005 ; Barbeau et al.,
2007 ; Deloire et al., 2008 ; Seguin, 2009). Par conséquent, les régions viticoles ont évolué
d’une zone climatique à une autre plus chaude. Seguin, 2009 a démontré que Bordeaux a
évolué d’une zone de climat tempéré à une zone de climat tempéré chaud, alors que Dijon a
évolué d’une zone de climat frais à une zone de climat tempéré. Pour la majorité des régions
françaises, cela signifie que les conditions climatiques sont devenues plus favorables pour la
production de vin de qualité (Jones et al., 2005 ; Van Leeuwen, 2009).
La phénologie de la vigne a été modifiée par l’effet du réchauffement climatique. Tous les
stades phénologiques ont avancé sauf le stade de levée de dormance qui est devenu plus
tardif. (Jones et al., 2000 ; Ganichot, 2002 ; Barbeau, 2007 ; Duchêne et al., 2005 ; Seguin et
20
al., 2007 ; Bonnardot et al., 2008). Etant donné que les stades phénologiques sont avancés, la
date de récolte a en moyenne gagné deux semaines lors des 30 dernières années. (Jones et al.,
2000 ; Ganichot, 2002 ; Duchêne et al., 2005 ; Barbeau, 2007 ; Seguin, 2009). Cela a permis à
certains cépages d’atteindre une meilleure maturité comme le Cabernet franc dans le Val de
Loire qui auparavant était considéré comme étant cultivé à l’extrême limite septentrionale de
sa zone de culture (Van Leeuwen, 2009).
Barbeau, 2007 a noté aussi que les cépages
précoces comme le Gamay ont plus évolué en fonction de leurs dates de vendanges que les
cépages plus tardifs comme le Cabernet franc.
Comme le cycle végétatif est devenu plus long et que le cycle reproductif est devenu plus
court, des changements dans la composition des baies ont été observés. La teneur en sucre a
augmenté significativement, alors que la teneur en acide organique a diminué au cours des 30
dernières années (Jones et al., 2000 ; Barbeau, 2007). En Alsace, une augmentation de
l’alcool probable de 2,5˚ et à Châteauneuf de Pape de 2˚ ont été notées au cours des dernières
30 années (Duchêne et al., 2005 ; Ganichot, 2002).
4.2. Les composants des raisins
Le développement des composants des raisins est sous l’influence des processus
physiologiques et biochimiques de la vigne (Ribéreau-Gayon et al., 2006). Ces processus sont
liés aux facteurs génétiques des cépages aussi bien qu’aux conditions physiques de
l’environnement, notamment le sol et le climat (Morlat et al., 1992 ; Barbeau et al., 2003 ;
Van Leeuwen et al., 2004 ; Dufourcq et al., 2006). A la maturité, la qualité des raisins
représente un facteur important déterminant la qualité et la typicité du vin (Vaudour et al.,
2005).
Les raisins sont caractérisés par trois stades de développement au cours desquels les différents
composants des raisins s’accumulent ou se dégradent (Kennedy et al., 2000 ; Jackson, 2008).
Le développement des raisins commence dès la fin de la floraison (la nouaison) où il est
étroitement lié à la pollinisation et la fécondation des ovaires (Ribéreau-Gayon et al., 2006).
De ce fait, les conditions climatiques au cours de la floraison jouent un rôle essentiel sur la
qualité des raisins (Tesic et al., 2001). La pollinisation est favorisée par une température
optimale de 25°C (20-30°C) et un air sec, car la pluviosité peut entrainer un lessivage du
21
pollen (Carbonneau et al., 1992 ; Ribéreau-Gayon et al., 2006). La fécondation qui suit est
optimale à une température de 20 à 25°C. Cependant, une température trop froide (<15°C)
pendant la fécondation est défavorable puisqu’elle peut entrainer une forte coulure
(Carbonneau et al., 1992).
Le premier phrase du développement de la baie ou le stade herbacé est caractérisée par une
croissance rapide des baies ainsi qu’une augmentation des acides organiques, des composés
phénoliques et des hormones de croissance notamment l’auxine, la cytokinine et la
gibbérelline (Kennedy et al., 2000 ; Jackson, 2008). Ces hormones, attirées par les ovaires,
synthétisent la division rapide et l’élargissement des cellules des baies (Ribéreau-Gayon et al.,
2006). Au cours du stade herbacé, le xylème est principalement responsable de l’absorption
de l’eau et des nutriments qui sont transportés dans la vigne. Selon le cépage et les conditions
environnementales, cette phase dure entre 45 et 65 jours (Jackson, 2008). La deuxième phase,
ou véraison, est associée à des modifications hormonales ; la croissance des baies ralentit
(Jackson, 2008). Au cours de la véraison, les hormones de croissance diminuent alors que les
hormones de stress augmentent notamment l’acide abscissique. Le début de la maturation qui
suit n’est pas lié à une condition climatique spécifique, mais correspond à ce changement
hormonal (Ribéreau-Gayon et al., 2006). Au cours de cette phase qui dure de 8 à 15 jours les
pépins atteignent leur maturité. La dernière phase ou maturation est caractérisée par
l’accumulation du glucose et du fructose, l’adoucissement des baies et la perte de
chlorophylle, la synthèse des anthocyanes et des arômes et la diminution des acides
organiques (Kliewer et al. 1975 ; Carbonneau et al., 1992 ; Kennedy et al., 2000 ; Tesic,
2001 ; Ribéreau-Gayon et al., 2006 ;). La maturation dure entre 35 et 55 jours ; une croissance
additionnelle des baies dépend largement de l’accumulation des composés des baies (Tesic,
2001 ; Ribéreau-Gayon et al., 2006 ;).
4.2.1. La photosynthèse
La photosynthèse est l’élément central de la physiologie de la vigne (Smart et al., 1988,
Morlat et al., 1992, Jackson, 2008). Lors du cycle reproductif, les feuilles situées autour des
raisins sont l’initiale source des produits de la photosynthèse alors que celles situées plus haut
sur les rameaux en sont la source à la fin de la maturation (Jackson, 2008). Les sucres
notamment les saccharoses sont les composants principaux synthétisés lors de la
photosynthèse (Jackson, 2008). Le fonctionnement de la photosynthèse est lié aux facteurs de
22
l’environnement (la lumière, la température, le dioxyde de carbone, l’humidité et le vent), le
bilan hydrique du sol (les caractéristiques du sol, la précipitation, l’évapotranspiration) aussi
bien que le type de palissage (Carbonneau et al., 1992, Seguin et al., 2007). La photosynthèse
est activée par la lumière du soleil et elle démarre à 10˚C, elle est optimale à une température
de 25˚C pendant l’été et à 20˚C pendant le printemps et l’automne (Carbonneau et al., 1992).
Cependant, elle dépend surtout du fonctionnement des stomates, du taux de transpiration et de
la respiration dans les feuilles (Morlat et al., 1992 ; Ribéreau-Gayon et al., 2006 ;). La
transpiration permet aux feuilles de ne pas surchauffer alors que la respiration assure un
rapide échange de CO2 et d’O2. Le fonctionnement des stomates, la transpiration et la
respiration sont liés à l’alimentation hydrique (Jackson, 2008). Les racines en situation de
contrainte hydrique synthétisent de l’acide abscissique qui conduit à la fermeture des
stomates. Par conséquent, la transpiration et la respiration diminuent ce qui provoque une
augmentation de la température des feuilles et une inhibition de la photosynthèse (Jackson,
2008 ; Goutouly, 2009). En outre, les feuilles synthétisent aussi de l’acide abscissique en
réponse à une température au-dessus de 40˚C (Jackson, 2008).
4.2.2. Le sucre
Les sucres sont les composants organiques principaux transportés par le phloème. Les
saccharoses importés dans les raisins sont hydrolysés par l’enzyme invertase en glucose et
fructose principalement (Ribéreau-Gayon et al., 2006 ; Jackson, 2008). Les sucres
s’accumulent dans la pulpe des raisins avec une concentration faible dans la pellicule. En
outre, au cours du stade herbacé de la baie, les sucres sont métabolisés lors de la glycolyse
puisqu’ils sont le substrat principal respiré pour la production de l’énergie et la croissance des
raisins (Ribéreau-Gayon et al., 2006). Au cours de leur métabolisme, ils agissent comme les
précurseurs pour la synthèse des acides organiques et des composants phénoliques (Kliewer,
1964 ; Jackson, 2008).
Le stade de la maturation est caractérisé par une accumulation rapide des sucres (Kennedy et
al., 2000 ; Ribéreau-Gayon et al., 2006 ; Jackson, 2008). A la véraison, quand les pépins ont
atteint leur maturité, le substrat pour la respiration des baies change (Jackson, 2008). Le
quotient respiratoire, le rapport entre le dioxyde de carbone et l’oxygène, augmente dès la
véraison ce qui montre un changement de substrat (Kliewer, 1964). Cela correspond aussi à la
diminution de l’activité de la glycolyse (Ribéreau-Gayon et al., 2006 ; Jackson, 2008).
23
L’accumulation des sucres ne correspond pas seulement au changement du substrat mais aussi
à l’augmentation des hormones de stress à la véraison. Ces hormones notamment l’acide
abscissique libèrent l’initiale inhibition des activités de trois enzymes pour l’accumulation des
sucres (Ribéreau-Gayon et al., 2006). Les enzymes sont les saccharoses phosphate synthétase,
saccharose synthétase et l’hexokinase (Ribéreau-Gayon et al., 2006). Les hormones du stress
effectuent également un changement de la direction source - puits où les produits de la
photosynthèse sont orientés de la croissance des apex au développement des raisins (Roby et
al., 2004, Deloire et al., 2005). A la fin de la maturation, le fonctionnement du phloème se
ralentit et la nouvelle augmentation de la teneur en sucre est assurée par l’évapotranspiration
de l’eau (Jackson, 2008).
La teneur en sucre à la vendange est le résultat de divers facteurs, mais Van Leeuwen et al.,
(2004) ont montré qu’elle est le plus expliquée par le sol et le cépage. Le sol joue un rôle
indirect puisque la teneur en sucre est liée à l’alimentation hydrique et le stress hydrique
influe sur la direction de source - puits (Tesic, 2001 ; Van Leeuwen et al., 2003). La
température a un rôle important sur les activités des enzymes qui régulent le métabolisme des
sucres et des autres composants des raisins (Jackson, 2008). La teneur en sucre augmente
rapidement comme la température augmente et surtout dès 25°C (Jones et al., 2000 ;
Ribéreau-Gayon et al., 2006). L’augmentation de la température raccourcit aussi la durée de
la maturation (Bindi et al., 1996). Cependant, cette relation entre la température et le sucre
n’est pas linéaire car la photosynthèse et l’accumulation du sucre sont inhibées par une
température au-dessus de 35 à 40°C (Bergqvist et al., 2001 ; Ribéreau-Gayon et al., 2006). En
outre, le rôle de la température dans les raisins est en relation avec la lumière du soleil
puisqu’ils agissent en synergie sur la température des raisins et sur la composition des raisins
(Haselgrove et al., 2000). Les raisins exposés au soleil ont une température plus élevée (3 à
8°C) que la température de l’air ambiant (Haselgrove et al., 2000 ; Bergqvist et al., 2001). En
général, les raisins exposés au soleil contiennent plus de sucre (Hunter et al., 1991 ; Spayd et
al., 2002 ; Ribéreau-Gayon et al., 2006). Cependant, l’effet de la lumière du soleil est
fonction du mesoclimat. Dans les régions chaudes où la température est déjà élevée, les
raisins exposés au soleil auront une température trop forte qui limite l’accumulation de sucre
(Bergqvist et al., 2001 ; Spayd et al., 2002). Finalement, les stomates situés sur la pellicule
des raisins arrêtent de fonctionner vers la fin de la maturation. Etant donné qu’ils assurent la
transpiration des raisins, des températures très élevées pendant la fin de la maturation auront
des effets important sur les composants des raisins (Jackson, 2008).
24
4.2.3. L’acidité totale
L’acidité totale est caractérisée principalement par l’acide tartrique et l’acide malique qui
représentent 70 à 90 % de l’acidité totale (Kliewer, 1975 ; Jackson, 2008). L’acide tartrique et
l’acide malique s’accumulent rapidement au cours de la phase herbacée de la baie et ils
atteignent un maximum à la véraison. (Ribéreau-Gayon et al., 2006). Au cours de la
maturation, l’acide tartrique a tendance à rester stable alors que l’acide malique diminue
(Jackson, 2008). A la maturité, l’acidité totale est liée surtout aux conditions climatiques du
millésime aussi bien qu’au cépage (Van Leeuwen et al., 2004 ; Ribéreau-Gayon et al., 2006 ;
Carey et al., 2008a). Plusieurs études ont démontré que l’acidité totale est corrélée
positivement avec les précipitations entre la floraison et la véraison alors qu’elle est corrélée
négativement avec les températures au-dessus de 25˚C (Jones et al., 2000 ; Tesic, 2001 ;
Barbeau et al., 2004).
L’acide tartrique est un produit secondaire du métabolisme du sucre dont l’acide ascorbique
est un intermédiaire important (Ribéreau-Gayon et al., 2006). L’acide tartrique est également
transporté des racines vers les raisins verts (Carbonneau et al., 1992). La majorité de l’acide
tartrique qui s’accumule au cours de la phase herbacée dans les raisins est dans un état libre
(Jackson, 2008). A la véraison, quand le fonctionnement du xylème se termine, le phloème
assure l’accumulation des composants et notamment celle des sucres dans les raisins
(Jackson, 2008). Le potassium qui est transporté dans le phloème crée un gradient du potentiel
osmotique dans la pellicule qui favorise l’accumulation des sucres dans la pulpe. Par
conséquent, l’acide tartrique libre dans la pellicule se lie avec le potassium et la concentration
de l’acide tartrique diminue. Des études ont montré que pour les vignes très vigoureuses où
l’alimentation hydrique est élevée, la teneur en acide tartrique est faible (Tesic, 2001 ; Morlat
et al., 1992 ; Carey et al. 2008b ;). La teneur en acide tartrique dépend du climat du
millésime, mais aussi des caractéristiques physiques et chimiques du sol, du cépage et des
pratiques viticoles (Ribéreau-Gayon et al., 2006 ; Carey et al., 2008b ;).
L’acide malique est un intermédiaire très actif au cours du métabolisme du sucre (RibéreauGayon et al., 2006). Les études ont démontré que l’acide malique est bien corrélé avec
l’acidité totale (Barbeau et al., 2003 ; Van Leeuwen et al., 2004). Au cours du stade herbacé,
l’acide malique est synthétisé lors de la glycolyse dans le cycle de Krebs puisque les sucres
incorporés et métabolisés sont les plus importants précurseurs de l’acide malique (Jackson,
25
2008). L’acide malique est aussi synthétisé lors de la fixation du dioxyde de carbone par
l’enzyme phosphoenol-pyruvate carboxylase (Kliewer et al., 1975). Dans les raisins verts, il
est le principal composant synthétisé lors de la fixation du dioxyde de carbone. Au cours de la
phase herbacée, l’acide malique est aussi synthétisé par l’enzyme malique (Ribéreau-Gayon et
al., 2006 ; Jackson, 2008).
Au cours de la maturation, la concentration de l’acide malique diminue. Etant donné qu’il est
un intermédiaire important dans la voie de la production d’énergie, l’acide malique est le
substrat principalement respiré au cours de la maturation (Ribéreau-Gayon et al., 2006 ;
Jackson, 2008). La température joue un rôle sur la vitesse de la respiration ainsi que sur le
substrat qui est métabolisé (Kliewer, 1964). L’acide malique est respiré lorsque la température
augmente jusqu’à 30°C alors que l’acide tartrique est respiré aux températures supérieures à
35°C (Kliewer, 1964 ; Jackson, 2008). L’acide malique est aussi métabolisé pour la
production de l’énergie par l’enzyme malique qui est favorisée par les températures élevées
(Ribéreau-Gayon et al., 2006). Kliewer et al., 1975 ont démontré que l’activité de l’enzyme
malique augmente rapidement lorsque la température augmente de 10°C à 46°C. En outre,
l’acide malique est métabolisé pour la synthèse du glucose par l’enzyme gluconéogenèse dont
activité est augmentée par la présence de l’acide abscissique (Jackson, 2008). Les études ont
démontré que les raisins des régions fraîches ont généralement une teneur en acide malique
plus élevée que ceux des régions chaudes puisque la température joue un rôle important sur
l’activité des enzymes (Kliewer et al., 1975 ; Jackson, 2008 ; Goutouly, 2009). Les raisins
exposés au soleil ont une teneur en acide malique plus faible (Bergqvist et al., 2001). De ce
fait, dans les régions chaudes où la température diurne est élevée avec un bon ensoleillement,
les températures fraîches pendant la nuit sont importantes afin d’avoir une bonne acidité
(Carbonneau et al., 2004 ; Carey et al., 2008). Les études ont démontré que les températures
entre 10˚C et 15°C au cours de la maturation sont plus favorables pour l’enzyme
phosphoenol-pyruvate carboxylase et la synthèse de l’acide malique (Kliewer, 1964 ; Kliewer
et al., 1975).
4.2.4. Les composants phénoliques et les arômes
Les composés phénoliques comme les tanins et les anthocyanes aussi bien que les arômes ont
une influence très importante sur la qualité olfactive et gustative du vin (Kennedy et al.,
2000 ; Ojeda et al., 2002 ; Fournand et al., 2006). En outre, les anthocyanes ne jouent pas
26
seulement un rôle sur le couleur des vins rouges (Kennedy et al., 2000), mais aussi sur la
polymérisation des tanins qui est responsable de l’astringence du vin (Jackson, 2008). Les
composants phénoliques sont divisés en deux groupes, les non-flavonoïdes et les flavonoïdes.
Les tannins et les anthocyanes appartiennent au group des flavonoïdes et ils sont synthétisés
dans la voie shikimique (Kennedy et al., 2006 ; Jackson, 2008). La voie shikimique est active
dès le début du développement des raisins et l’enzyme Phénylalanine Ammonia-Lyase (PAL)
y est essentiel pour la synthèse des flavonoïdes. L’activité de la PAL est très élevée lors de la
phase herbacée des baies, mais sur cépages rouges son activité augmente encore dans la
pellicule au début de la véraison. Les études ont démontré que l’enzyme PAL est activée par
la lumière du soleil et la température et par conséquence les raisins exposés au soleil
contiennent en général des niveaux plus élevés en composés phénoliques et anthocyanes
(Haselgrove et al., 2000 ; Jackson, 2008).
Les anthocyanes commencent à s’accumuler à partir de la véraison et ils atteignent un
maximum avant la maturité et puis leur concentration diminue (Haselgrove et al., 2000 ;
Kennedy et al. 2000 ; Fournand et al., 2006 ;). L’accumulation des anthocyanes est influencée
par la température, la lumière du soleil, l’alimentation hydrique aussi bien que les pratiques
viticoles (Hunter et al., 1991 ; Spayd et al., 2000 ; Kennedy et al., 2000 ; Tesic, 2001 ; Van
Leeuwen et al., 2004). L’enzyme UDP glucose flavonoïde 3–o– glucoslyltransferase (UFGT)
est essentielle pour la synthèse des anthocyanes dans la pellicule des cépages rouges et dans la
pulpe des cépages teinturiers (Jackson, 2008). Etant donné que les anthocyanes commencent à
s’accumuler lorsque la concentration en acide abscissique augmente à la véraison, il a été
supposé que l’acide abscissique était responsable de l’activation de l’enzyme UFGT
(Ribéreau-Gayon et al., 2006 ; Kennedy et al., 2006). Les températures entre 17˚C et 26˚C
sont optimales pour l’accumulation des anthocyanes (Haselgrove et al. 2000 ; Bergqvist et al.
2001). Les températures au-dessus de 30°C limitent la coloration des raisins alors que celles
au-dessus de 35°C correspondent à un blocage de l’accumulation des anthocyanes
(Carbonneau et al., 1992 ; Haselgrove et al., 2000 ; Spayd et al., 2002 ; Tesic, 2001 ; Jackson,
2008). La synthèse des anthocyanes est aussi favorisée par une température chaude (20°C25°C) pendant le jour et une température fraiche (10°C-15°C) pendant la nuit (Carbonneau et
al., 1992 ; Ribéreau-Gayon et al., 2006 ; Jackson, 2008).
Finalement, il existe de nombreux composés qui contribuent à l’arome des raisins. Ils se
développent sous l’influence des conditions climatiques où les températures fraîches sont en
27
général favorables à l’expression des aromes (Jackson, 2008). Par exemple, les températures
élevées sont favorables à la synthèse du composant 1, 1, 6-triméthyl-1,2-dihydronaphthalène
(TDN) ce qui est typiquement trouvé dans le Riesling. Par conséquent, une excessive quantité
de ce composé donne un arôme de “pétrole” qui est défavorable (Duchêne et al., 2005,
Jackson, 2008). Les méthoxypyrazines sont responsables des aromes herbacés des cépages
Cabernet Sauvignon, Cabernet franc et Sauvignon blanc. La température et la lumière du
soleil jouent aussi un rôle puisque les raisins exposés au soleil sont moins riches en
méthoxypyrazines.
4.3. La relation entre le milieu physique et la qualité des raisins
La relation entre le milieu physique et la qualité des raisins a été démontrée par plusieurs
études terroir x vigne (Morlat, 1989 ; Jourjon et al., 1992 ; Tesic, 2001 ; Van Leeuwen, 2004 ;
Carey et al., 2008). De ce fait, le milieu physique joue un rôle essentiel spécialement dans les
appellations françaises pour la sélection des cépages et la délimitation d’un territoire (Morlat
et al., 2006). Cependant, les composants du milieu physique interagissent entre eux et ont une
relation indirecte sur le fonctionnement de la vigne et la qualité des raisins (Van Leeuwen,
2004 ; Barbeau, 2008 ; Barbeau, 2009). Il a été démontré que la précocité, l’alimentation
hydrique et la vigueur sont les trois variables qui influencent le fonctionnement de la vigne et
la qualité des raisins (Barbeau et al., 1998 ; Morlat, 2001 ; Ribéreau-Gayon et al., 2006 ;
Smart, 1985). Etant donnée l’influence du milieu physique sur ces variables (Morlat et al.,
2006 ; Tesic, 2001), celles-ci représentent le lien entre le milieu physique et la qualité des
raisins.
4.3.1. Le climat
Aujourd’hui, la vigne est cultivée dans des conditions géologiques très contrastées alors que
les conditions climatiques sont plus étroites et spécifiques aux cépages (Jones et al. 2005).
Les études ont montré que le climat joue l’un des rôles les plus importants sur la qualité des
raisins (Van Leeuwen, 2004 ; Carey et al., 2008). Les principaux paramètres climatiques
sont : le rayonnement global, la durée d’ensoleillement, la température, la pluviométrie, le
vent et l’humidité relative de l’air (Jackson, 2008). Le climat varie d’une région à l’autre en
fonction des facteurs de la topographie (Jacquet et al., 1998 ; Van Leeuwen et al., 2008). Par
28
conséquent, le climat peut être analysé à trois niveaux d’échelle : le macroclimat, le
mesoclimat et le microclimat (Smart, 1985 ; Asselin et al., 2001).
Le macroclimat est le climat d’une grande surface de la terre comme une région, un continent
ou un océan (Deloire et al., 2005). Il est caractérisé par un climat moyen du territoire,
exigeant que les données viennent de plusieurs stations météo (Asselin et al., 2001). Le
mesoclimat ou le topoclimat est le climat d’une région plus réduite qui est caractérisée par des
facteurs topographiques (Asselin et al., 2001; Deloire et al., 2005 ; Carey et al., 2008a ). Ces
facteurs sont l’altitude, la pente, l’exposition au soleil, la proximité de l’eau. Ils influencent la
quantité d’énergie qui atteint le sol (Asselin et al., 2001 ; Jackson, 2008 ). Le mesoclimat joue
un rôle important sur le pédoclimat et le fonctionnement de la vigne (Morlat, 1996 ; Asselin et
al., 2001). Le microclimat est le climat au niveau de la plante ; il varie de l’une à l’autre en
fonction du sol, du cépage, du type de palissage et des pratiques viticoles (Smart, 1985 ;
Asselin et al., 2001). Etant donné qu’il constitue le climat de l’environnement immédiat des
raisins, il a un effet très important sur le développement de ceux-ci (Smart, 1985).
Finalement, le pédoclimat, ou climat du sol dans la zone d’activité des racines, est sous
l’influence tant du mesoclimat que des caractéristiques édaphiques du sol (nature du sol et de
la roche) (Jacquet et al., 1998 ; Asselin et al., 2001 ;). Asselin et al., 2001 ont montré que la
température et l’humidité du sol sont les deux composants majeurs du pédoclimat. Le
pédoclimat constitue un facteur important pour la précocité de la vigne spécialement en
vignobles septentrionaux (Barbeau et al., 1998).
4.3.2. Le sol
Bien que les cépages soient cultivés sur des types de sol très contrastés, ceux-ci jouent un rôle
important sur le fonctionnement de la vigne et la composition des baies (Hunter, 1998 ; Van
Leeuwen et al. 2004 ; Morlat et al., 2006). Les propriétés physiques et chimiques du sol
interagissent avec le climat et influencent les variables du fonctionnement de la vigne
(Barbeau, 2008). Les facteurs physiques du sol sont la texture, la structure, la profondeur, le
pourcentage des cailloux, la couleur du sol alors que les facteurs chimiques sont le pH et les
éléments minéraux comme le potassium, le calcium, etc. (Jackson, 2008 ; Carey et al.,
2008a).
29
La texture est définie à partir des proportions de sable, de limon et d’argile (Jackson, 2008 ;
Carey et al., 2008b). L’argile est caractérisée par un grande rapport surface / volume où sa
charge négative attire des cations comme le calcium, le magnésium et l’hydrogène. Les sols
argileux absorbent et retiennent bien l’eau et diminuent la porosité du sol. En revanche, les
sols sableux retiennent moins d’eau puisqu’il y a un drainage rapide et une porosité élevée.
Les sols limoneux ont une tendance au compactage et à l’engorgement. Etant donné que le
drainage, la porosité et le bilan hydrique du sol sont influencés par la texture, ce facteur joue
un effet important sur le fonctionnement de la vigne (Tesic, 2001 ; Jackson, 2008 ; Carey et
al. 2008b).
Le pourcentage de cailloux du sol a un effet important sur le drainage et sur la rétention de la
chaleur du sol (Jacquet et al., 1998). Les cailloux tels que les pierres ou les galets ont une
conductivité lente de l’énergie absorbée du soleil (Jackson, 2008). Par conséquent, les
températures nocturnes au-dessus des sols caillouteux sont plus élevées et elles influencent le
microclimat des raisins (Jacquet et al., 1998). En revanche, les sols argileux caractérisés par
des particules fines ont une conductivité rapide de l’énergie absorbée. Ils transmettent
l’énergie aux molécules d’eau situées dans les pores du sol qui libèrent rapidement l’énergie
par évapotranspiration pendant le jour. Par conséquent, ces types du sol sont plus froids
pendant la nuit.
La profondeur du sol influence la profondeur de l’enracinement et, par voie de conséquence,
l’alimentation hydrique, la précocité et la vigueur de la vigne (Jackson, 2008). Le
fonctionnement de la vigne est lié à la profondeur des racines pour l’absorption de l’eau et des
nutriments (Hunter, 1998). La profondeur des racines a un effet important sur la précocité du
cycle de la vigne (Morlat, 2001).
4.3.3. La Précocité
Dans les vignobles septentrionaux comme le Val de Loire, la Bourgogne et la Champagne, la
précocité du cycle de la vigne est très important pour la qualité des raisins (Barbeau et al.,
1998 ; Asselin et al., 2001 ; Tesic et al., 2001 ; Morlat, 2001). Les vignobles septentrionaux
ont de faibles sommes de températures et de durée d’éclairement lors de la période
végétative ; d’autre part, ils souffrent souvent d’une humidité relative importante lors de la
maturation (Barbeau et al., 1998). La notion de la précocité permet à la vigne d’atteindre une
30
meilleure maturité de ses raisins dans les conditions climatiques les plus favorables de l’année
(Barbeau et al., 1999).
Les stades phénologiques - débourrement, floraison, véraison et
maturité - sont des
indicateurs de la précocité du cycle de la vigne (Barbeau et al., 1998). Les dates de ces stades
sont corrélées entre elles mais ce sont celles de la floraison et de la véraison qui sont le mieux
corrélées (Barbeau et al., 1998 ; Jones et al., 2000 ; Tesic et al., 2001). Le débourrement est
moins bien corrélé avec les autres stades phénologiques puisqu’il n’est pas seulement fonction
du mésoclimat et du pédoclimat, mais est également dépendant des températures hivernales et
de la date de la taille (Tesic et al., 2001). Les stades de floraison, véraison et maturité sont
principalement influencés par le climat (Van Leeuwen et al., 2004)
La précocité est fonction des caractéristiques génétiques du cépage aussi bien que du
mésoclimat et du pédoclimat (Barbeau et al., 1998 ; Tesic, 2001 ; Morlat 2001 ; Barbeau et
al., 2004). Par conséquent, elle dépend du climat du millésime et de la capacité du sol à se
réchauffer dans les zones racinaires. Les sols superficiels, où la teneur en argile et l’humidité
sont faibles, se réchauffent rapidement dans les zones principales d’activité des racines
(Morlat et al., 2006). Sur ces sols le cycle de la vigne est plus précoce que sur les sols
profonds où la teneur en argile et l’humidité sont élevées (Morlat et al., 1992 ; Tesic 2001).
Morlat, 2001 a démontré que la précocité au débourrement est le plus corrélé avec une
température au-dessus de 10°C dans les zones principales d’activité des racines. Cependant, le
mésoclimat a un effet important sur la précocité des stades phénologiques (Van Leeuwen et
al., 2004). En général, le débourrement démarre quand la température est au-dessus de 10°C
pendant 7 jours consécutifs (Carbonneau et al., 1992 ; Jackson, 2008). La précocité des stades
floraison, véraison et maturité est positivement corrélée avec la température alors qu’elle est
négativement corrélée avec les précipitations (Jones et al., 2000 ; Tesic et al., 2001).
Carbonneau et al., 1992 ; Tesic 2001 ; Van Leeuwen et al., 2008 ont mis en évidence une
corrélation positive entre la date des stades phénologiques et l’indice de Winkler (Growing
Degree Days ou GDD) qui représente la somme de températures actives pour la croissance de
la vigne.
La précocité est liée à la qualité des raisins puisqu’elle est positivement corrélée avec la
teneur en sucre et négativement corrélée avec l’acidité totale à la vendange (Barbeau et al.,
1998 ; Jones et al., 2000 ; Asselin et al., 2001). De plus, l’acidité totale est la variable des
31
raisins la plus corrélée avec la précocité (Jones et al., 2000 ; Van Leeuwen et al., 2004). En
outre, la précocité à la floraison est plus corrélée avec l’acidité totale alors la précocité à la
véraison l’est plus avec la teneur en sucre (Barbeau et al., 1999 ; Tesic et al., 2001). La
précocité influence également les composés phénoliques et les arômes (Van Leeuwen et al.,
2008). La précocité à la véraison est positivement corrélée avec la teneur en anthocyanes
(Barbeau et al., 1998). La pluviométrie et les températures froides entre la floraison et la
véraison, qui ont une corrélation négative avec la précocité, ont un effet positif sur la teneur
en acide malique et sur l’acidité totale (Jones et al., 2000 ; Tesic, 2001 ; Barbeau et al., 2004).
4.3.4. L’Alimentation hydrique
De nombreuses études ont démontré l’importance de l’alimentation hydrique où d’une
contrainte hydrique modérée pour la qualité des raisins (Morlat et al., 1992 ; Van Leeuwen et
al., 2003). L’alimentation hydrique joue un rôle important sur la photosynthèse, la distribution
des nutriments dans la vigne et la composition, les arômes et les poids des raisins (Matthews
et al., 1988 ; Kennedy et al., 2000 ; Van Leeuwen et al., 2003 ; Ribéreau-Gayon et al., 2006).
L’alimentation hydrique est fonction des caractéristiques du sol notamment la texture, la
profondeur, le drainage mais aussi des précipitations et de l’évapotranspiration (Van Leeuwen
et al., 2003). L’alimentation hydrique résulte donc de l’interaction du climat du millésime
avec les propriétés du sol. L’alimentation hydrique est essentielle dans les voies métaboliques
de la vigne (Barbeau, 2008) ; une modification des conditions d’alimentation en eau de la
vigne influence son fonctionnement et le développement des composants des raisins (Jackson,
2008).
Suite à la fécondation, les raisins commencent leur division cellulaire et leur développement
(Ribéreau-Gayon et al., 2006 ; Jackson, 2008). Plusieurs études ont démontré l’influence de
l’alimentation hydrique sur la taille des raisins (Matthews et al., 1988 ; Morlat et al., 1992 ;
Deloire et al., 2005). Un stress hydrique important pendant la période de la floraison à la
véraison donne de petits raisins. En général, ils sont plus concentrés en sucre et en composés
phénoliques puisqu’il y a un meilleur ratio pellicule / pulpe (Ojeda et al., 2002 ; Roby et al.,
2004). Malgré le fait que les composants sont plus concentrés dans de petites baies, Roby et
al., 2004 ont montré que les raisins ayant la même taille étaient plus concentrés lorsqu’il y
avait un stress hydrique plus important. Par conséquent, l’alimentation hydrique a un effet
important sur la synthèse et le métabolisme des composants.
32
Van Leeuwen et al., 2003 ; Morlat et al., 1996 ont montré qu’une contrainte hydrique
modérée entre véraison et récolte est importante pour la qualité des raisins. Celle-ci contribue
à réduire la concurrence entre les apex des rameaux et les raisins pour les métabolites issus de
la photosynthèse (Hunter, 1998 ; Van Leeuwen et al., 2004 ; Barbeau, 2009). Elle permet à
ceux-ci d’être transportés vers les raisins sans limiter la photosynthèse (Van Leeuwen et al.,
2003 ; Deloire et al., 2005). Les études ont démontré que les raisins issus de ce type de
fonctionnement ont une bonne teneur en sucre, en acidité, en composés phénoliques et une
bonne expression d’arôme (Matthews et al., 1988).
Une contrainte hydrique faible permet aux rameaux de continuer à pousser puisqu’il y a une
faible concurrence et une bonne alimentation en eau (Morlat et al., 1996 ; Tesic, 2001 ;
Jackson 2008). Par conséquent, la maturité est plus tardive lorsque les raisins sont plus gros,
moins riches en sucre et en composés phénoliques (Kennedy et al., 2000 ; Jackson, 2008).
Une alimentation hydrique continue après la vendange, avec des températures optimales,
permet la poursuite de la croissance des rameaux et l’accumulation des réserves dans la plante
(Jackson, 2008).
Une contrainte hydrique sévère, spécialement pendant la période floraison - véraison, a un
effet important sur le rendement et la composition des baies. D’abord elle limite la
photosynthèse par son effet sur le fonctionnement des stomates et la diminution de la
transpiration. Un stress hydrique important avant la véraison diminue la teneur en acide
malique (Matthews et al., 1988). Il limite aussi la teneur en composés phénoliques et la
synthèse des anthocyanes (Morlat et al., 1992 ; Kennedy et al., 2000 ; Ojeda et al., 2002).
4.4.4. La Vigueur
La vigueur de la vigne peut être raisonnée en fonction de la mise en place et du
développement des surfaces foliaires primaires et secondaires (Barbeau, 2009). Elle est
déterminée par les facteurs du sol, du climat, des pratiques viticoles ainsi que les
caractéristiques des cépages et des porte-greffes (Van Leeuwen et al., 2004 ; Jackson 2008 ;
Carey et al., 2008). Le débourrement caractérise le début de la saison végétative où une
température d’environ 10°C représente le seuil de la croissance des rameaux (Carbonneau et
al., 1992 ; Jackson, 2008). La température optimale pour la croissance des rameaux est en été
33
de 25 à 30°C alors qu’au printemps et en automne elle est de 20 à 25°C (Carbonneau et al.,
1992). La croissance des rameaux est liée aussi à l’alimentation hydrique (Tesic, 2001).
La vigueur de l’année est en fonction des surfaces foliaires primaires et secondaires (Barbeau,
2009). La surface foliaire primaire correspond aux feuilles qui se développent sur les rameaux
issus des bourgeons principaux et des contre-bourgeons. La surface foliaire secondaire
correspond aux feuilles qui se développent sur les rameaux issus des entre-cœurs (Barbeau,
2008 ; Jackson, 2008). La mise en place de la surface foliaire primaire du débourrement à la
floraison reflète l’expression de la précocité, alors que celle de la surface foliaire secondaire
reflète le régime d’alimentation hydrique de la nouaison à la véraison (Morlat et al., 1992 ;
Morlat, 2001 ; Barbeau, 2009). Dans des situations induisant une forte vigueur, la précocité
est généralement
faible puisque la surface foliaire primaire se développe lentement et
tardivement (Barbeau, 2009). Par la suite, le développement de la surface foliaire secondaire
est favorisé par la bonne alimentation hydrique ce qui induit une forte vigueur.
La photosynthèse de la vigne est directement corrélée à la quantité de feuillage exposée à la
lumière du soleil (Tesic, 2001 ; Barbeau, 2009). Dans les feuilles, les molécules de
chlorophylle capturent la lumière du soleil afin d’activer la photosynthèse (Jackson, 2008).
Les feuilles situées à l’intérieur du rang de vigne, dans des vignes à forte vigueur et donc à
forte densité de feuillage, reçoivent beaucoup moins de lumière ce qui limite l’activation de la
photosynthèse (Jackson, 2008). La vigueur a un effet important sur le microclimat lumineux
de la vigne (Smart, 1985) et elle influence la qualité des raisins, le poids des baies ainsi que
l’induction florale1 (Tesic, 2001 ; Barbeau, 2009 ; Jackson, 2008). En général, les baies en
situation de forte vigueur sont caractérisées par une faible teneur en anthocyanes, en sucre et
en composés phénoliques alors que l’acidité totale est élevée (Barbeau et al., 1998 ; Tesic,
2001 ; Jackson, 2008).
1
La lumière du soleil capturée par le phytochrome est nécessaire à l’induction de
l’inflorescence ce qui influence la fertilité des cépages (Carbonneau et al., 1992 ; RibéreauGayon et al., 2006).
34
4.5. Les indices bioclimatiques développés pour la caractérisation
des régions viticoles
De nombreuses études ont démontré les influences du climat sur la physiologie de la vigne
(Van Leeuwen et al., 2004). En outre, les conditions climatiques des différentes régions
viticoles du monde ont largement contribué à la diversité des cépages qui y sont cultivés
(Carbonneau et al., 2004). Par conséquent, des indices bioclimatiques ont été développés afin
de caractériser un milieu viticole et évaluer sa capacité à garantir une maturation optimale des
raisins (Tonietto, 1999 ; Asselin et al., 2001 ; Jackson, 2008). Les indices bioclimatiques
permettent de définir les aptitudes d’une région viticole en termes d’adaptation des cépages,
de caractéristiques des terroirs, de composition des raisins et de précocité et tardivité des
stades phenologiques (Barbeau et al., 1998 ; Carbonneau et al., 2004 ; Deloire et al., 2008,).
Cependant, Carbonneau et al., (2004) ont démontré que différents indices sont nécessaires
pour évaluer correctement un milieu viticole puisque plusieurs facteurs du climat influencent
la qualité des raisins.
4.5.1. Les degrés-jours de Winkler (GDD)
En général, la température minimale pour la physiologie de la vigne est estimée à 10˚C et les
températures au-dessus de ce seuil sont connues comme les températures actives (RibéreauGayon et al., 2006 ; Duchêne et al., 2009). L’indice de Winkler ou le « Growing Degree
Days » est un calcul de la somme des températures moyennes journalières au-dessus de 10˚C
(Tonietto, 1999). Il est estimé en prenant la température moyenne de chaque jour moins une
température de 10˚C. La somme de ces valeurs est calculée pour la période du premier avril
au 31 octobre. Bien que l’indice soit très simple, il présente quelques désavantages. L’indice
ne prend pas en compte la durée d’ensoleillement et, ayant été développé en Californie aux
latitudes basses, le calcul peut être surestimé pour les régions aux latitudes hautes (Tonietto,
1999 ; Carbonneau et al., 2004 ;). En outre, dans les régions à climat chaud la vendange peut
avoir lieu avant le début d’octobre qui ne correspond pas à la durée du calcul. Par ailleurs,
dans les régions froides le mois d’octobre est caractérisé par des températures inferieures à
10˚C avant la vendange (Tonietto, 1999). Ces facteurs également influencent le calcul de
l’indice. Cependant, plusieurs études ont démontré que l’indice de Winkler est bien corrélé
35
avec les dates des stades phenologiques et la qualité des raisins (Jones et al., 2001 ; Tesic,
2001 ; Van Leeuwen et al., 2008).
4.5.2. L’indice héliothermique de Huglin (IH)
L’indice de Huglin a été développé afin d’avoir une meilleur relation entre les conditions
climatiques et la teneur en sucre (Ribéreau-Gayon et al., 2006 ; Jackson, 2008). En intégrant
un coefficient de latitude, il prend mieux en compte la durée d’ensoleillement (Carbonneau et
al., 2004). Il est calculé à partir des températures maximales et moyennes supérieures à 10˚C
du chaque jour. La somme des ces valeurs est cumulée au cours de la période du premier avril
(01.04) au 30 septembre (30.09). D’après Carbonneau et al., 2004, la période du premier avril
au 30 septembre est mieux corrélée avec la physiologie de la vigne. Dans le calcul, « T »
correspond à la température moyenne journalière, « Tx » à la température maximale
journalière et « k » au coefficient de latitude qui est fixé à 1.05 pour le Val de Loire
(Carbonneau et al., 2004).
30.09
 IH 
01.04
(T  10C )  (Tx  10C )
k
2
Table 1 : Classes de climats viticoles pour l’indice héliothermique de Huglin (Carbonneau et
al., 2004)
Classes climatiques
Indice de Huglin (IH)
Très Chaud
> 3000
Chaud
> 2400 ≤ 3000
Tempéré-Chaud
> 2100 ≤ 2400
Tempéré
> 1800 ≤ 2100
Froid
> 1500 ≤ 1800
Très Froid
≤ 1500
L’avantage de cet indice est l’application d’un coefficient de latitude qui permet à l’indice de
Huglin d’être très corrélé (0.81) avec la teneur en sucre (Tonietto, 1999). Barbeau et al., 1998
estiment que l’indice de Huglin est mieux corrélé avec l'indice de précocité que la somme des
températures >10°C. Par conséquent, il permet d’estimer l’adaptation des cépages aux
différentes zones climatiques en fonction de leur précocité (Ribéreau-Gayon et al., 2006,
36
Deloire et al., 2008). Cependant, Van Leeuwen et al., 2008 ont constaté que certains cépages
qui se distinguent par leur niveau de précocité sont classés dans la même région viticole selon
l’indice de Huglin.
4.5.3. L’indice de fraîcheur des nuits (CI)
Plusieurs études ont démontré l’influence des températures nocturnes sur les composants des
raisins notamment sur l’acide malique, les anthocyanes et les aromes (Kliewer et al., 1975 ;
Carbonneau et al., 2004 ; Carey et al., 2008 ; Deloire et al., 2008). Par conséquence, l’indice
de fraicheur des nuits en combinaison avec l’indice de Huglin donne une meilleur estimation
du milieu viticole (Carbonneau et al., 2004) Il est calculé par la moyenne de la température
minimale au cours du mois de la maturation, soit le mois de septembre dans l’hémisphère
nord (Carbonneau et al., 2004).
Table 2 : Classes de climats viticoles pour l’indice de fraicheur des nuits (Carbonneau et al.,
2004)
Caractéristiques des nuits
Indice de fraîcheur des nuits (CI)
Nuits chaudes
> 18˚C
Nuits tempérées
> 14˚C ≤ 18˚C
Nuits fraîches
> 12˚C ≤ 14˚C
Nuits très fraîches
12˚C ≤
4.5.4. L’indice de « Site » (SI)
Développé en Nouvelle Zélande par D. Tesic, cet indice intègre le mésoclimat (la température
et la précipitation) et les propriétés du sol (Tesic et al., 2001). Les indices bioclimatiques ne
calculent que les facteurs du climat. Par conséquent, cet indice permet une meilleure
caractérisation d’un milieu puisqu’il prend en compte le ratio argile / limon, le pourcentage
des cailloux et la profondeur des racines (Tesic et al., 2001). L’indice de site (SI) est calculé
par l’équation suivante :
37
Le to correspond à la température moyenne du mois d’avril alors que tj correspond a celle de
juillet. Gp est le pourcentage des cailloux dans l’horizon de la surface et Rs à la somme des
précipitations d’avril à octobre. CS correspond au ratio argile / limon dans la zone 35-70 cm
du sol et RD à la profondeur estimée pour les racines. L’indice de site a été appliqué dans le
Val de Loire (Tesic et al., 2004). Les résultats ont montré qu’il est corrélé avec le poids des
raisins, la teneur en sucre et l’acidité totale du Chenin blanc et du Cabernet franc. Cependant,
la valeur de SI la plus élevé est celle où le déficit hydrique est le plus fort (Coulon et al.,
2007). Par conséquent, en années très sèches où une contrainte hydrique trop sévère est
néfaste à une maturation optimale, l’indice de site peut être surestimé.
Finalement, Tesic et al., 2001 ont démontré que l’indice de site basé sur la température de
l’air, la pluviométrie, la texture et la profondeur du sol, est bien corrélé avec la température et
la teneur en eau dans les premiers 30 cm du sol. Calcul de la température du sol dans les 30
premiers centimètres. tn-f correspond à la température moyenne au cours de la période de mai
à août.
Calcul de la teneur en eau volumétrique dans les 30 premiers centimètres du sol. WI
correspond à la somme des précipitations de juin à août.
38
5. MATERIELS ET METHODES
L’étude est basée sur l’analyse de différentes bases de données sur le climat, le sol et la
maturation de différents cépages du Val de Loire.
5.1. Base de données climatiques
Les données climatiques sont obtenues à partir des 11 stations automatiques du réseau de
Météo France situées tout au long du Val de Loire (Annexe A). La station automatique de
l’Unité Vigne et Vin d’Angers situé à Montreuil-Bellay a aussi été utilisée. Par conséquent,
nous avons récupéré les données climatiques de 12 stations automatiques (Tableau 3).
Table 3 : Nom, source et série des données climatiques de chaque station automatique.
Nom de la station
Nantes (44)
Ancenis (44)
Beaucouzé (49)
Avrillé (49)
Saumur (49)
Montreuil-Bellay (49)
Tours (37)
Blois (41)
Romorantin (41)
Châteauroux (36)
Orléans (45)
Bourges (18)
Source des données
Météo France
Météo France
Météo France
Météo France
Météo France
L'UEVV d'Angers
Météo France
Météo France
Météo France
Météo France
Météo France
Météo France
Moyenne
1851-2008
1965-2007
1950-2009
1946-2009
1951-2009
1976-2009
1946-2009
1951-2009
1953-2009
1946-2009
1950-2008
1946-2009
Température
Minimale
1946-2008
1965-2007
1950-2009
1946-2009
1951-2009
1976-2009
1946-2009
1951-2009
1953-2009
1946-2009
1950-2008
1946-2009
Pluviométrie
Maximale
1946-2008
1965-2007
1950-2009
1946-2009
1951-2009
1976-2009
1946-2009
1951-2009
1953-2009
1946-2009
1950-2008
1946-2009
1946-2008
1946-2008
1951-2009
1976-2009
1946-2009
1951-2009
1946-2009
1946-2009
Les données climatiques sont caractérisées par la température moyenne, minimale et
maximale ainsi que la pluviométrie pour un certain nombre des stations. Le tableau numéro
présente les caractéristiques des stations automatiques en fonction de la série de données. Les
stations automatiques de Nantes, Beaucouzé, Saumur, Montreuil-Bellay, Tours et Bourges
sont caractérisées par la température journalière et celles d’Ancenis, Avrillé, Blois,
Romorantin, Châteauroux et Orléans sont caractérisée par la température mensuelle. Toutes
les données de pluviométrie d’Ancenis, Avrillé, Saumur, Tours, Blois, Châteauroux et
Bourges sont mensuelles alors que celles de Montreuil-Bellay sont journalières. La majorité
des données est à partir de 1950. Cependant, la station automatique de Nantes dispose d’une
série très longue de la température moyenne, depuis 1851.
39
5.2. Base de données « maturation »
Etant donné qu’il y a une grande gamme de cépages dans le Val de Loire, seuls les trois
principaux cépages blancs et rouges cultivés ont été sélectionnés. Les cépages blancs sont le
Chenin blanc, le Melon de Bourgogne et le Sauvignon blanc alors que les cépages rouges sont
le Cabernet franc, le Grolleau noir et le Gamay de Beaujolais. Les données ont été obtenues à
partir de plusieurs sources tout au long le Val de Loire. Dans la région du Muscadet, le cépage
principalement étudié a été le Melon de Bourgogne où des données sont disponibles depuis
1986. Ces données ont été mises à disposition par la Chambre Agriculture 44 (CA 44) à
Vertou. Dans l’Anjou et le Saumurois, les données ont été obtenues auprès du Groupement
Départemental de Développement Viticole 49 (GDDV) à Martigné-Briand. Ces données sont
relatives à la majorité des cépages notamment le Chenin blanc, le Sauvignon blanc, le Gamay
de Beaujolais, le Grolleau noir et le Cabernet franc. La série des données de maturation
d’Anjou et du Saumurois commence en 1981. Les données de Chinon et de Bourgueil,
concernent principalement le Cabernet franc où la série des données commence à partir de
1970. Ces 40 ans de données ont été mises à disposition par le laboratoire de Touraine (37) à
Tours. Ils ont aussi fourni les données de maturation de Chenin blanc, Sauvignon blanc,
Gamay Beaujolais et Grolleau noir qui commencent principalement en 1980. Dans la région
de Sancerre, une parcelle du Sauvignon blanc a été obtenue auprès de la SICAVAC (18), qui
est un laboratoire privé. Au total, nous avons obtenu les données de maturation de 17
parcelles de Cabernet franc, 9 parcelles de Grolleau noir, 14 parcelles de Gamay de
Beaujolais, 16 parcelles de Chenin blanc, 7 parcelles de Sauvignon blanc et 7 parcelles de
Melon de Bourgogne auprès de différentes sources dans le Val de Loire (Tableau 4).
La plupart des données était en format papier et elles ont du être converties en format
électronique (Excel) afin d’être analysées. Nous avons choisi les parcelles dans les fichiers
papiers ayant été suivies pendant le plus grand nombre d’années. Les données de maturation
disponibles sont essentiellement la teneur en sucre et l’acidité totale, réalisées sur des
prélèvements hebdomadaires effectués en moyenne 4 à 6 fois avant la vendange, chaque
année. Par conséquent, l’information disponible concerne à la fois la date de la vendange que
la dynamique du développement des composants. A Montreuil-Bellay, trois cépages rouges Cabernet franc, Grolleau noir et Gamay Beaujolais sont suivis chaque année par l’unité vigne
et vin (UEVV) d’Angers depuis 1980. Les données comprennent aussi la teneur en
anthocyanes, l’acide malique, l’acide tartrique et le poids des baies.
40
Table 4 : Base de données de maturation des 6 principaux cépages cultivés dans le Val de
Loire. (CF – Cabernet franc, GN – Grolleau noir, GB – Gamay de Beaujolais, CB – Chenin
blanc, SB – Sauvignon blanc, MB – Melon de Bourgogne)
Cépages
Région
Commune
Muscadet
Baisse Goulaine
Bouaye
La Varenne
Le Landreau
Le Pallet
Loroux Bottereau
Maisdon sur Sevre
Saint Gereon
Vallet
Pommeraye
Brissac-Quincé
St Aubin de Luigne
St Melaine-surAubance
Rochefort-sur-Loire
Beaulieu-sur-Layon
Juigné-sur-Loire
St Jean-des Mauvrets
Blaison-Gohier
Martigné Briand
Tigné
Vauchretien
Mûrs-Erigné
Verrains
Anjou
Saumur
Montreuil-Bellay
Le Puy de notre
dame
Turquant
Chinon
Chinon
Ligré
Beaumont-en-Veron
Savigny-en-Veron
Lémeré
Bourgueil
Bourgueil
St Nicolas de
Bourgueil
Restigné
Ingrandes
Touraine
Vouvray
Source des
données
CA 44
CA 44
CA 44
CA 44
CA 44
CA 44
CA 44
CA 44
CA 44
GDDV49
GDDV 49
GDDV49
Série des
données
1986-2009
1986-2009
1986-2009
1986-2009
1986-2009
1986-2009
1986-2009
1986-2009
1986-2009
1981-2009
1981-2009
1981-2009
GDDV 49
1984-2009
X
GDDV49
GDDV 49
GDDV49
GDDV 49
GDDV49
GDDV 49
GDDV49
GDDV 49
GDDV49
GDDV 49
L'UEVV
d'Angers (49)
1981-2009
1981-2009
1981-2009
1981-2009
1981-2009
1981-2009
1981-2009
1981-2009
1981-2009
1981-2009
X
X
X
1976-2009
X
GDDV49
1981-2009
X
GDDV 49
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
1986-2009
X
1970-2009
XX
1970-2009
X
1970-2009
X
1970-2009
X
CF
GB
CB
SB
MB
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
1972-2004
X
X
X
X
1970-2009
X
1970-2009
X
1970-2009
XX
1970-2009
X
1979-2009
GN
X
XX
41
Montlouis-sur-Loire
Chargé
St Martin le Beau
Azay le Rideau
Limeray
Bléré
Cangey
Rochecorbon
Mosnes
Sancerre
Sancerre
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
Lab. de
Touraine (37)
SICAVAC
(18)
1979-2009
XX
1970-2009
X
X
1970-2009
X
X
1979-2009
X
X
1980-2009
X
1980-2009
X
1980-2008
X
1970-2009
X
X
X
X
1980-2009
X
X
X
1980-2009
Total
X
X
19
9
14
16
7
7
5.3. Base de données « sol »
Les données du sol ont été récupérées en fonction de la localisation des différentes parcelles
pour lesquelles nous avions des données de maturation. La Cellule Terroir Viticole (CTV)
d’Angers a été la principale source pour les données du sol pour les régions Anjou, Saumur et
Chinon. En effet, ces régions ont été déjà cartographiées au cours des années précédentes. Par
conséquent, toutes les données du sol des parcelles situées en Anjou, Saumur et Chinon
étaient déjà disponibles. Pour les régions de Touraine et Bourgueil, certaines parcelles ont été
retenues en fonction de la qualité des données de maturation obtenues ainsi qu’en fonction du
cépage. La caractérisation édaphique de ces parcelles non cartographiées (13 au total) a été
réalisée en collaboration avec la CTV, par sondages à la tarière. Ces parcelles sont situées
dans les communes de Vouvray, Montlouis-sur-Loire, Saint Martin le Beau, Chargé, Azay le
Rideau, Restigné et Lémeré. Par contre, aucune donnée relative au sol n’a pu être récupérée
dans les sous-bassins du Muscadet et de Sancerre.
Les données édaphiques obtenues sont les caractéristiques de la texture dans les horizons de
surface et de profondeur. Le triangle des textures de Jamagne a été utilisé pour la
détermination du pourcentage de sable, limon et argile. Les données contiennent aussi la
42
profondeur des racines estimée, la qualité du drainage ainsi que le pourcentage de cailloux
dans les horizons de surface et de profondeur.
5.4. Méthodes
5.4.1. Indices bioclimatiques
Trois indices bioclimatiques, l’indice degré-jours de Winkler (Tonietto, 1999 ; RibéreauGayon et al., 2006), l’indice de Huglin (Carbonneau et al., 2004) et l’indice de fraîcheur des
nuits (Carbonneau et al., 2004), ont été sélectionnés suite à leur forte corrélation avec la
qualité des raisins. Bien que le calcul de l’indice degré-jours de Winkler (GDD = Growing
Degree Days) puisse surestimer une région comme le Val de Loire, l’indice a été appliqué
pour sa bonne corrélation avec les dates des stades phenologiques. L’indice degré-jours de
Winkler est calculé à partir de la température moyenne journalière. L’indice degré-jours de
Winkler calcule la somme des températures moyennes journalières au-dessus de 10°C pour la
période d’avril à octobre.
31.10
 GDD  (Température moyenne  10C )
01.04
Etant donné que l’indice de Huglin prend en compte un coefficient de latitude, il est bien
corrélé avec la teneur en sucre. Par conséquent, il nous permet de raisonner la région du Val
de Loire en fonction de l’évolution du sucre et les cépages adaptés aux nouvelles conditions
thermiques. L’indice de Huglin est aussi calculé à partir de la somme des températures
moyennes et maximales au-dessus de 10°C pour la période d’avril à septembre, pondérée par
un coefficient de latitude. Dans le calcul, « T » correspond à la température moyenne
journalière, « Tx » à la température maximale journalière et « k » au coefficient de latitude
qui est fixé à 1.05 pour le Val de Loire (Carbonneau et al. 2004).
43
30.09
 IH 
01.04
(T  10C )  (Tx  10C )
k
2
L’indice de fraîcheur des nuits est normalement calculé à partir de la moyenne des
températures minimales du mois de la maturation. Dans l’hémisphère nord, le mois de la
maturation est septembre. Cependant, dans un contexte de changement climatique le stade de
la maturation est devenu plus précoce et les températures du mois d’août jouent un rôle de
plus en plus important sur la qualité des raisins. Par conséquent, nous avons choisi de calculer
l’indice de fraîcheur des nuits sur la période de début août à fin septembre. L’indice est
calculé en prenant la moyenne de la température minimale du début août à la fin de
septembre. Cet indice a été sélectionné pour sa bonne corrélation avec l’acidité totale.
Le sol joue un rôle important sur le fonctionnement de la vigne et l’indice de site de Tesic
(Tesic et al., 2001) nous permet de raisonner l’impact du facteur sol sur la qualité des raisins.
L’indice est facile à appliquer et montre une bonne corrélation avec la teneur en sucre et
l’acidité totale. Il est calculé à partir de variables climatiques notamment la température
moyenne d’avril et de juillet aussi bien que la somme de la pluviométrie d’avril à octobre. En
outre, il prend en compte le ratio argile/limon du profil pédologique, le pourcentage de
cailloux et la profondeur des racines estimée.
Le to correspond à la température moyenne du mois d’avril alors que tj correspond a celle de
juillet. Gp correspond au pourcentage de cailloux dans l’horizon de surface et Rs à la somme
des précipitations d’avril à octobre. Le CS correspond au ratio argile/limon dans la zone 3570 cm et RD à la profondeur estimée de la zone explorée par les racines.
L’indice de la température du sol dans les 30 premiers centimètres (ST30) (Tesic et al., 2001)
ainsi que l’indice de la quantité volumétrique d’eau dans les 30 premiers centimètres de sol
(SM30) (Tesic et al., 2001) ont été utilisé. Dans l’équation de la calcule de la ST30 le t n-f
correspond à la température moyenne de mai à août :
44
ST30 = 16.929 – 1.1886*CS + 0.4375*tn-f
WI dans le calcul de la SM30 correspond à la somme des précipitations de juin à août :
SM30 = 5.45 + 2.98*CS + 0.054*WI
5.4.2. Outils statistiques
Les données du climat, des résultats des différents indices bioclimatiques ainsi que les
données de la teneur en sucre et l’acidité totale de plusieurs cépages ont été rassemblées dans
une figure avec une échelle de temps (l’année ou la date). Dans une première étape, la
tendance du modèle de la figure a été vérifiée par le coefficient de détermination (R 2). La
valeur du R2 donne le pourcentage de variabilité de la variable à modéliser, expliqué par la
variable explicative. Plus la valeur du R2 est proche de 1, meilleur est le modèle. Plus la
valeur est proche de 0, plus la variabilité est due à d’autres effets qui ne sont pas pris en
compte dans la figure. Dans une deuxième étape, le modèle a été testé par le test de Ficher
(Pr > F). Le test de Ficher indique si le modèle est significative ou non. Un risque de moins de
5% était sélectionné. En outre, le test de Student (Pr > t) a testé si le constante est significative
afin de faire les prévisions sur le modèle. Ici, un risque de 5 % était aussi sélectionné. Par
conséquent, si le modèle a été significatif, l’équation du modèle était utilisée pour les analyses
d’évolution de différentes données. Afin d’analyser les corrélations entre les différents
variables du climat, du sol et de la qualité des raisins, un test de corrélation de Pearson a été
effectuée. Dans la matrice des corrélations, les valeurs en gras représentent celles qui sont
significatives. Plus la valeur est proche de 1 ou -1, plus la corrélation est les deux variables est
positive ou négative. Les valeurs affichées en gras sont significatives à un niveau de
signification de 0.05 qui signifie que le risque de se tromper est inférieur à 5%.
45
6. RESULTATS ET DISCUSSIONS
6.1. L’évolution du climat dans le Val de Loire
Etant donné l’importance du climat sur la vigne et la qualité des raisins, une première
approche a été d’analyser l’évolution du climat dans le Val de Loire.
6.1.2. Evolution de la température
Evolution de la température du Val de Loire de
1946 à 2008
Température annuelle
(°C)
20.00
18.00
R² = 0.16
Temp Max
16.00
14.00
R² = 0.28
12.00
Temp Moy
10.00
R² = 0.36
8.00
Temp Min
6.00
4.00
1946
1956
1966
1976
1986
1996
2006
Année
Figure 1 : L’évolution de la température annuelle du Val de Loire de 1946 à 2008. (Source :
Météo France, stations automatiques de Nantes, Ancenis, Beaucouzé, Saumur, Tours, Blois,
Orléans, Romorantin, Châteauroux, Bourges ; UEVV d’Angers, station automatique de
Montreuil-Bellay).
L’évolution des températures annuelles moyennes, maximales et minimales du macroclimat
du Val de Loire est montrée dans la figure 1. La température moyenne du Val de Loire a
montré une tendance à augmenter significativement de 1.3°C (Pr > F = <0.0001) de 1946 à
2008. Elle correspond à une forte évolution climatique, étant donné que la température
moyenne du globe a augmenté de 0.65°C de 1955 à 2006 (IPCC 2007). Les températures
minimales du Val de Loire ont augmenté significativement de 1.4°C (Pr > F = <0.0001) et les
maximales de 1.2°C (Pr > F = 0.0007), entre 1946 et 2008. Des résultats similaires 46
augmentation significative et plus forte des températures minimales que celles des maximales
- ont été démontrés par les observations mondiales du changement climatique. Une
augmentation plus forte des températures minimales est une caractéristique d’un climat
océanique. De 1946 à 2008, la température moyenne du Val de Loire a été de 11.6°C.
Cependant, au cours des 30 dernières années le réchauffement a été plus important et la
température moyenne a été de 12°C entre 1980 et 2008.
A l’échelle du mésoclimat, l’analyse des températures annuelles de différentes stations
automatiques de Météo France ont démontré un réchauffement tout au long du Val de Loire
(Annexe C, Tableau 12, 13). Cependant, ce réchauffement climatique ne semble pas être de la
même intensité partout depuis 1950. Les données climatiques de Nantes permettent une
observation de l’évolution de la température moyenne au cours des 157 dernières années. La
température moyenne de Nantes a augmenté significativement de 1.1°C (Pr > F = <0.0001) de
1851 à 2008 (Figure 2) alors qu’elle a augmenté plus fortement de 1.4°C de 1950 à 2008. En
outre, 8 des 20 dernières années ont été notées comme les plus chaudes relevées à Nantes.
Evolution de la température moyenne à Nantes
de 1851 à 2008
Température
moyenne annuelle
(°C)
15.00
14.00
13.00
R² = 0.22
12.00
11.00
10.00
NANTES
9.00
8.00
1851
1873
1896
1918
1940
1962
1984
2006
Année
Figure 2 : L’évolution de la température moyenne annuelle à Nantes au cours des 157
dernières années (Source : Météo France).
Au cours de la période de 1951 à 2008, Saumur a été la station la plus chaude avec une
température moyenne annuelle de 12.2°C alors qu’Orléans a été la plus froide avec une
température moyenne de 10.9°C. Pourtant, c’est la température moyenne de Beaucouzé qui a
augmenté le plus vite (+1.6°C) de 1950 à 2008. Bien que globalement les températures
minimales du Val de Loire aient augmenté plus vite que celles des maximales, au niveau de
47
chacune des stations la situation a évolué différemment. Les températures minimales de
Nantes et de Beaucouzé ont augmenté significativement plus vite que celles des maximales.
Ces deux stations sont situées sous influence océanique. Comme l’influence de l’océan se
réduit plus nous allons vers l’est du Val de Loire, nous observons que les températures
maximales ont augmenté plus vite à Saumur, Romorantin, Châteauroux et Orléans.
Néanmoins, il faut savoir que les stations automatiques de Nantes et Tours ont été déplacées
au cours du dernier siècle (Tours en 1964). Etant donné que la topographie de la localisation
de la station joue un rôle important sur le mésoclimat, les résultats de Nantes et Tours ont été
influencés par ce déplacement. Par ailleurs, la station automatique de Romorantin est située
sur un sol sableux qui modifie la température. Cela explique que les températures minimales
de Romorantin n’ont pas évolué significativement au cours des 60 dernières années alors que
nous y notons une forte augmentation des températures maximales.
Comme mentionné, l’augmentation des températures minimales ou nocturnes plus forte que
celles des maximales est caractéristique d’un climat océanique. Les régions océaniques ont
une nébulosité plus marquée suite à une teneur de l’air en vapeur d’eau plus élevée. Les
nuages jouent un rôle très important sur l’effet de serre. Lors de la journée, les nuages
influencent la quantité du rayonnement du soleil qui atteint la terre. Par conséquent, les
températures maximales ou diurnes sont moins élevées car les nuages arrêtent une grande
partie du rayonnement du soleil. Durant la nuit, les nuages renvoient vers la terre le
rayonnement infrarouge émis par celle-ci, ce qui contribue à augmenter les températures
minimales ou nocturnes. Dans les régions continentales où la présence des nuages est
moindre, le rayonnement du soleil atteint facilement la terre et augmente de façon importante
les températures maximales. Durant la nuit, la terre ayant été réchauffée, elle réémet le
rayonnement infrarouge vers l’univers et se refroidit plus rapidement. Par conséquent, la
température minimale est plus basse.
Les températures moyennes annuelles de Nantes, Beaucouzé, Saumur, Tours, Orléans et
Bourges ont été comparées avec celles du Val de Loire, qui a été calculée à 11.6°C. La figure
4 montre l’évolution du comportement de la température moyenne de ces 6 stations
automatiques de Météo France. Nous observons un changement important du comportement
des températures moyennes locales par rapport à la température moyenne du Val de Loire à
partir de 1988. Bonnefoy et al., 2008 ont indiqué (test statistique de Pettitt) une rupture
climatique en 1987 pour les températures moyennes d’Angers, de Saumur et de Tours. La
48
température moyenne de Beaucouzé a évolué de 11.4°C pour la période pré-rupture (19501987) à 12.5°C pour la période post-rupture (1988-2008). A Saumur la tendance a été de
11.8°C à 12.8°C et celle de Tours de 11.2°C à 12.0°C. Par conséquent, au cours des dernières
20 années nous voyons une forte augmentation de la température.
Evolution des températures moyennes des six stations
automatiques dans le Val de Loire de 1946 à 2008
Ecart à la temperqture
moyenne du Val de Loire °C
2.50
2.00
1.50
NANTES
1.00
BEAUCOUZE
0.50
SAUMUR
0.00
TOURS
-0.50
BOURGES
-1.00
ORLEANS
-1.50
-2.00
-2.50
1946
Année
1988
2008
Figure 3 : Evolution du comportement de la température moyenne de 6 stations météo par
rapport à la température moyenne du Val de Loire de 1946 à 2008 (Source : Météo France,
stations automatiques de Nantes, Beaucouzé, Saumur, Tours, Bourges, Orléans).
Le cycle de la croissance végétative de la vigne est généralement du premier avril au 30
septembre dans l’hémisphère nord. Au cours de cette période, les températures minimales ont
augmenté plus vite à Nantes et à Beaucouzé entre 1950 et 2008 (Annexe C, Tableau, 12, 13).
De même, les températures maximales ont augmenté plus vite à Saumur, Tours, Bourges et
Orléans. En comparant l’évolution des températures maximales d’avril à septembre avec les
maximales annuelles, nous nous apercevons que celles d’avril à septembre ont eu tendance à
augmenter plus vite que les annuelles (Annexe C, Tableau, 12, 13). Par ailleurs, les
températures minimales annuelles ont aussi augmenté moins vite que celles d’avril à
septembre. Par conséquent, les températures maximales estivales ont augmenté plus vite que
celles de l’année toute entière. De même, les minimales hivernales ont augmenté plus vite que
les minimales annuelles. Les températures diurnes d’été sont devenues plus chaudes et les
températures nocturnes d’hiver sont devenues plus douces.
49
Table 5 : Augmentation de la température moyenne par saison entre 1951 et 2008 sur les
stations automatiques de Nantes, Beaucouzé, Saumur, Tours et Bourges. (Source : Météo
France)
Temp.
moyenne
1951-2008
Nantes
Beaucouzé
Saumur
Tours
Bourges
Printemps
Eté
Mars - Mai
T˚ moy
Pr > F
+1.1˚C
0.006
+1.4˚C
0.001
+1.2˚C
0.007
+0.8˚C
0.061
+1.1˚C
0.012
Juin - Août
T˚ moy
Pr > F
+1.8˚C
0.001
+2.2˚C
<0.0001
+1.9˚C
0.001
+1.7˚C
0.001
+2.1˚C
<0.0001
Automne
Sept. – Nov.
T˚ moy
Pr > F
+1.1˚C
0.003
+1.4˚C
0
+1.2˚C
0.003
+0.9˚C
0.019
+1.0˚C
0.014
Hiver
Déc. – Fév.
T˚ moy
Pr > F
+1.5˚C
0.016
+1.8˚C
0.005
+1.7˚C
0.009
+1.4˚C
0.042
+1.5˚C
0.017
Le tableau 5 montre l’augmentation des températures moyennes par saison sur les stations
automatiques de Nantes, Beaucouzé, Saumur, Tours et Bourges. La température moyenne a
augmenté significativement pour toutes les saisons, sauf celle du printemps à Tours. Les
résultats de toutes les stations montrent que la température moyenne de l’été a augmenté
significativement le plus. La température moyenne de Beaucouzé a augmenté encore le plus
vite ; celle d’été a augmenté de 2.2°C entre 1951 et 2008. La même température moyenne
d’été a augmenté de 1.8°C à Nantes, de 1.9°C à Saumur, de 1.7°C à Tours et de 2.1°C à
Bourges. Etant donné ce réchauffement significatif du printemps à l’automne, la durée du
cycle végétatif de la vigne a été influencée. La durée est calculée en nombre de jours entre le
débourrement et la mise en dormance de la vigne. En général, le débourrement qui signifie le
début du cycle végétatif démarre quand la température moyenne est au-dessus de 10°C
pendant 7 jours consécutifs. En revanche, la mise en dormance qui signifie la fin du cycle
végétatif a lieu quand la température moyenne est au-dessous de 10°C pendant 7 jours
consécutifs. En calculant la durée du cycle végétatif de 1950 à 2008 à Nantes, Beaucouzé et
Bourges, celle de Bourges a montré une augmentation significative de 20 jours (Pr > F =
0.042). A Tours, la durée du cycle végétatif a augmenté significativement de 23 jours (Pr > F
= 0.031) de 1960 à 2008. Celles de Nantes et Beaucouzé ont montré une augmentation nonsignificative de 12 et 17 jours respectivement de 1950 à 2008. A Saumur, la durée du cycle
végétatif a augmenté non-significativement de 14 jours de 1951 à 2008. Cependant, si nous
observons la moyenne de la durée du cycle végétatif par année par rapport à la rupture de la
température en 1988, la durée de Beaucouzé a évolué de 211 jours pour la période pré-rupture
(1950-1987) à 233 jours pour la période post-rupture (1988-2008). A Nantes la tendance a été
de 219 jours à 232 jours, celle de Saumur de 216 jours à 232 jours et celle de Bourges de 203
jours à 219 jours.
50
Nombres de jours
(Tx>25°C)
Evolution des nombres de jours d'été (Tx > 25°C)
à Beaucouzé et à Bourges de 1950 à 2008
100
2
R = 0.10
80
Beaucouzé
60
40
Bourges
20
2
R = 0.14
0
1950
1957
1964
1971
1978
1985
1992
1999
2006
Année
Figure 4 : Evolution du nombre de jours d’été à Beaucouzé et Bourges de 1950 à 2008.
(Source : Météo France, stations automatiques de Beaucouzé et Bourges).
Le réchauffement climatique implique aussi une diminution des hivers et nuits froides alors
les températures extrêmes telles que les vagues de chaleur augmentent. Le nombre de jours
d’été correspond aux jours dont la température maximale est supérieure à 25°C (Moisselin et
al. 2006). Au cours de la période avril - septembre, le nombre de jours d’été a augmenté
significativement à Beaucouzé de 20 jours (Pr > F = 0.009) et à Bourges de 20 jours (Pr > F =
0.003) entre 1950 et 2008 (Figure 4).
6.1.3. Evolution de la pluviométrie
La pluviométrie moyenne annuelle du Val de Loire a été calculée à partir des stations
automatiques de Nantes, Avrillé, Saumur, Tours, Blois, Châteauroux et Bourges. Elle ne
montre aucune évolution significative de 1946 à 2008 (Figure 5). Si nous observons les
différentes stations, la pluviométrie annuelle d’Avrillé a été la seule station qui a montré une
augmentation significative de 170mm (Pr > F = 0.003) depuis 1946 (Annexe D, Tableau, 14,
15). Cependant, au cours de la période d’avril à septembre aussi bien qu’en analysant les
observations par saisons, aucune station météo n’a montré une évolution significative de la
pluviométrie.
51
Evolution de la pluviométrie annuelle du Val de Loire
de 1946 à 2008
Somme de la pluviométrie
annuelle (mm)
1000.00
800.00
600.00
400.00
200.00
0.00
1946
1956
1966
1976
1986
1996
2006
Année
Figure 5 : Evolution de la pluviométrie annuelle du Val de Loire de 1946 à 2008. (Source :
Météo France, stations automatiques de Nantes, Avrillé, Saumur, Tours, Blois, Châteauroux,
Bourges).
Les données météo disponibles ne présentent que la pluviométrie mensuelle ; l’intensité de la
pluviométrie par jour ou la quantité de jours sans pluie ne peuvent pas être calculée.
Cependant, la station de Montreuil-Bellay dispose de la pluviométrie journalière. L’indice de
« dry spell » (Moisselin et al. 2006) a été calculé pour la période d’avril à septembre aussi
bien que par mois de 1976 à 2009. Il indique le nombre de jours où la pluviométrie a été
inférieure à 1mm. Cet indice n’a pas évolué significativement à Montreuil-Bellay depuis 1976
ni au cours de la période d’avril à septembre, ni par mois (Annexe D, Tableau 16). En outre,
l’indice de l’intensité de la pluviométrie a été calculé au cours de la même période d’avril à
septembre à Montreuil-Bellay (Annexe D, Tableau 16). Cet indice prend en compte le nombre
de jours où la pluviométrie a été supérieure à 10mm et 20mm (Moisselin et al. 2006). Les
résultats du calcul de cet indice ne font apparaître aucune augmentation ni diminution
significative depuis 1976.
52
6.2. L’évolution de la relation entre le milieu physique et la qualité
des raisins
Les résultats climatiques ont montré un réchauffement important dans le Val de Loire au
cours du dernier siècle. Bien que la pluviométrie n’ait pas évolué significativement depuis
1946, des températures plus élevées signifient un effet important sur les variables de
fonctionnement de la vigne. Ces variables notamment la précocité, l’alimentation hydrique et
la vigueur traduisent la physiologie de la vigne. Une évolution de la précocité, du régime
d’alimentation hydrique ou de la vigueur conduit un changement de la qualité des raisins.
6.2.1. Evolution de la date de la vendange
Dans le Val de Loire, région septentrionale, la précocité du cycle végétatif et de la date de la
vendange est un facteur important. La précocité permet à la vigne d’atteindre une meilleure
maturité de ses raisins dans les conditions climatiques les plus favorables de l’année. La
précocité est liée aux caractéristiques du cépage mais aussi au mésoclimat du milieu viticole
et au pédoclimat dans la zone principale d’activité des racines. De ce fait, l’augmentation
significative des températures au cours du dernier siècle a conduit à une évolution des
mésoclimats. Ceux-ci influencent directement le pédoclimat dans la zone des racines. Si la
zone des racines se réchauffe plus rapidement, la précocité au débourrement sera plus
importante. Cependant, cette précocité varie d’une parcelle à l’autre puisque le réchauffement
est lié aux caractéristiques du sol, notamment la texture. La précocité exprimée par la date des
stades phenologiques est bien corrélée avec l’indice degré-jours de Winkler (Carbonneau et
al., 1992 ; Tesic 2001 ; Van Leeuwen et al., 2008). L’indice degré-jours de Winkler a
augmenté significativement à Nantes, Beaucouzé, Saumur, Tours et Bourges. A Tours, il a
augmenté de 270 degré-jours (Pr > F = <0.001) de 1950 à 2008 (Figure 6). Il a augmenté de
224 degré-jours (Pr > F = 0.000) à Nantes, de 331 (Pr > F = <0.001) à Beaucouzé et de 266
(Pr > F = <0.001) à Bourges. A Saumur, il a augmenté de 278 degré-jours (Pr > F = 0.000) de
1951 à 2008.
53
Indice Degré-Jours de Winkler (GDD) à Tours de
1950 a 2008
Somme de l'indice de
GDD
1800
1600
R² = 0.24
+270 GDD
1400
1200
1000
800
600
400
1950
1958
1966
1974
1982
1990
1998
2006
Année
Figure 6 : Evolution de l’indice degré-jours à Tours de 1950 à 2008. (Source : Météo France,
station automatique de Tours)
En calculant l’évolution de l’indice degré-jours par mois de Beaucouzé et Bourges, nous
observons que tous les mois sauf septembre ont évolué significativement depuis 1950
(Tableau 6). Le mois d’août a montré l’augmentation significative la plus forte. Pour le mois
d’août, l’indice a augmenté de 75.8 à Beaucouzé et de 66.5 à Bourges. La période de mai à
août montre ainsi une augmentation forte. Elle correspond en général à la période entre la
floraison et la véraison.
Table 6 : Evolution de l’indice degré jours de Winkler à Beaucouzé et à Bourges au cours du
période d’avril à septembre entre 1950 et 2008. (Source : Météo France)
GDD
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Beaucouzé
Evolution
Pr > F
+20.8
0.035
+52.7
0.002
+54.2
0.004
+54
0.007
+75.8
0
+28
0.13
Bourges
Evolution
+9.5
+45.4
+50
+50.4
+66.5
+9.3
Pr > F
0.4
0.012
0.018
0.021
0.001
0.666
Etant donné que les dates des stades phénologiques sont corrélées entre elles, surtout celles de
la floraison et de la véraison, l’augmentation significative de l’indice degré-jours de Winkler a
conduit à une précocité plus importante. De ce fait, nous observons que la date de la vendange
à Rochecorbon, Touraine a été avancée de 16 jours (Pr > F = 0.000) depuis 1970 (Figure 7).
54
Depuis 1970, la date de la vendange a été avancée aussi pour le Chenin blanc à Chargé de 16
jours (Pr > F = 0.000), pour le Gamay à Chargé de 15 jours (Pr > F = 0.003), pour le Cabernet
franc à Ligré de 15 jours (Pr > F = 0.000) et pour le Cabernet franc à Ingrandes de 13 jours
(Pr > F = 0.012). Depuis 1981, la date de la vendange a été avancée pour le Gamay à Brissac
de 17 jours (Pr > F = 0.001) et pour le Grolleau à Vauchrétien de 17 jours (Pr > F = 0.000).
Evolution de la date de la vendange à
Rochecorbon, Touraine de 1970 à 2009
31-oct
21-oct
Date Recolte
Chenin blanc
Date
11-oct
01-oct
21-sept
11-sept
01-sept
1970
1975
1980
1985
1990
La date est devenue 16 jours plus précoce
R² = 0.26
1995
2000
2005
Année
Figure 7 : Evolution de la date de la vendange du chenin blanc à Rochecorbon, Touraine de
1979 à 2008. (Source : Laboratoire de Touraine)
Bien que la date de la vendange soit influencée par le choix des viticulteurs, l’analyse
effectuée sur les dernières 30 à 40 années démontre bien que la date de la vendange a évolué.
Comme la date de la vendange est d’environ deux semaines plus précoce, la période de la
maturation a été avancée et correspond désormais à une période plus chaude de l’année.
Même si les températures ne jouent pas le seul rôle sur le développement des raisins, des
températures plus élevées signifient un changement de la qualité des raisins. En outre,
l’évolution de l’indice degré-jours de Winkler indique bien que le mois d’août est
significativement plus chaud. Comme, la véraison se termine en général en août dans le Val
de Loire, le début de la maturation se déroule dans ces conditions de températures
significativement plus élevées en août.
En outre, les conditions climatiques qui prévalent au cours du débourrement, de la floraison et
de la véraison ont un effet sur la date de la maturité et par conséquent sur la qualité des
raisins. La précocité est liée à la qualité des raisins puisqu’elle est positivement corrélée avec
55
la teneur en sucre et négativement corrélée avec l’acidité totale à la vendange. La
pluviométrie et les températures froides entre la floraison et la véraison, qui ont une
corrélation négative avec la précocité, ont un effet positif sur la teneur en acide malique et sur
l’acidité totale. Cependant, les températures élevées, spécialement celles au-dessus de 25˚C,
entre la floraison et la véraison ont un effet positif sur la teneur en sucre. De ce fait,
l’augmentation significative de l’indice de Winkler sur la période de mai à août permet
d’obtenir une teneur en sucre plus élevée.
6.2.2. Evolution des indices bioclimatiques
L’indice de Huglin et l’indice de fraîcheur des nuits permettent une bonne discrimination du
climat d’une région en raison des conditions thermiques lors du cycle végétatif et des
conditions nocturnes lors de la maturation. Ces deux indices permettent ainsi de comprendre
l’évolution de la qualité des raisins qui a lieu en lien avec le changement climatique. L’indice
de Huglin est corrélé avec la teneur en sucre alors que l’indice de fraîcheur des nuits est
corrélé avec l’acidité totale (Carbonneau et al., 2004). Par exemple, en analysant deux
parcelles, l’une de Cabernet franc et l’autre de Chenin situées respectivement à Restigné et
Rochecorbon, nous observons une corrélation entre la teneur en sucre, l’acidité totale et
l’indice de Huglin (Tableau 7). En outre, l’acidité totale des deux parcelles montre une
corrélation avec l’indice de fraîcheur des nuits.
Table 7 : Corrélation entre la qualité des raisins et l’indice de Huglin et l’indice fraîcheur des
nuits pour deux parcelles situées dans le Val de Loire, de 1970 à 2009. (Source : Le
laboratoire de Touraine)
Commune
Cépage
Restigné (Bourgueil)
Cabernet franc
Teneur en
Acidité
sucre
Totale
0.84***
-0.84***
Rochecorbon (Touraine)
Chenin blanc
Teneur en
Acidité
sucre
Totale
0.59***
-0.77***
Indice de Huglin
Indice de fraîcheur des
-0.49**
-0.41*
0.27
0.13
nuits
Les valeurs en gras sont différentes de 0 à un niveau de signification alpha=0,05
L’indice de Huglin à Beaucouzé a augmenté significativement de 303 unités (Pr > F =
<0.0001) de 1950 à 2008 (Figure 8). Par conséquent, le site de Beaucouzé a évolué depuis un
climat froid, caractéristique de la moyenne vallée de la Loire des années 1960 à 1980 vers un
climat tempéré, caractéristique du Bordelais (Carbonneau et al., 2004, Tableau 1, pp 36).
56
L’évolution de l’indice de Huglin implique que les conditions thermiques plus élevées au
cours du cycle végétatif conduisent à une teneur en sucre plus important dans les raisins. De
ce fait, des cépages plus tardifs comme le Cabernet Sauvignon ou le Syrah sont adaptés
puisque les conditions thermiques plus élevées permettent à ces cépages d’atteindre une
bonne maturation.
Evolution de l'indice de Huglin (IH) à Beaucouzé de
1950 à 2008
Somme de l'indice de Huglin
2400
Tempéré Chaud Midi, Montpellier
2100 < IH < 2400
2100
Tempéré Bordeaux
1800 <IH < 2100
1800
Froid - Val de
Loire
1500 < IH < 1800
1500
+ 303 IH
R² = 0.24
1200
900
1950
1958
1966
1974
1982
1990
1998
2006
Année
Figure 8 : Evolution de l’indice héliothermique de Huglin (IH) à Beaucouzé de 1950 à 2008.
(Données : Météo France)
De 1950 à 2008, l’indice de Huglin a augmenté significativement à Nantes de 224 unités (Pr >
F = 0.004), à Tours de 228 unités (Pr > F = 0.003), à Bourges de 240 unités (Pr > F = 0.002)
et à Orléans de 230 unités (Pr > F = <0.0001). Les sites de Nantes, Tours et Bourges ont
évolué comme Beaucouzé d’un climat froid à un climat tempéré depuis 2000. Cependant,
Orléans a évolué d’un climat très froid vers un climat froid, ce qui rend ce site plus favorable
pour les cépages blancs du Val de Loire. L’indice de Huglin a augmenté de 270 unités (Pr >
F = 0.003) à Saumur de 1950 à 2007 où Saumur a été situé dans une région tempérée depuis
1980.
L’indice de fraîcheur des nuits de Beaucouzé au cours de la période d’août à septembre a
augmenté significativement de 1.5°C (Pr > F = 0.000) de 1950 à 2008 (Figure 8). Cela
signifie que Beaucouzé est passé de nuits très fraiches à des nuits fraiches (Carbonneau et al.,
2004, Tableau2, pp 37). Vu que les températures diurnes augmentent significativement lors de
57
la maturation, les températures fraiches pendant la nuit sont importantes afin d’avoir une
bonne synthèse des acides. En outre, les températures fraiches pendant la nuit sont également
favorables pour la synthèse des composants de la couleur et des arômes dans les baies. Par
conséquent, le décalage de Beaucouzé dans un climat à nuits plus douces a un effet sur la
qualité des raisins. Sur la même période, de 1950 à 2008, l’indice de fraîcheur des nuits a
augmenté de 1.3°C (Pr > F = 0.002) à Nantes et de 1.1 °C (Pr > F = 0.009) à Bourges. A
Saumur et Tours, l’indice n’a pas évolué significativement ; il est resté dans la classe des nuits
fraiches. Cependant, au cours des dernières 20 années, nous constatons que Nantes (1991,
1997, 1999, 2003), Beaucouzé (1991, 1997), Saumur (1991, 1997, 1999, 2003), Tours (2003)
et Bourges (2003) entrent dans la classe des nuits tempérées. Par conséquent, l’indice de
fraîcheur des nuits a évolué de manière importante.
Indice de Fraîcheur des nuits (CI) à Beaucouzé
de 1950 à 2008
Moyenne de la temp. minimale
d'août à sept. (˚C)
15.00
14°C < nuits
tempérés < 18°C
14.00
13.00
12°C < nuits
fraiches < 14°C
12.00
11.00
nuits très
fraiches < 12°C
10.00
R² = 0.18
+1.5˚C
9.00
8.00
1950
1957
1964
1971
1978
1985
1992
1999
2006
Année
Figure 9 : Evolution de l’indice de fraîcheur des nuits à Beaucouzé de 1950 à 2008 (R2 =
0.18, Pr > F = 0.000). (Données : Météo France).
Un écart important entre la température diurne et nocturne joue un rôle sur la synthèse des
anthocyanes des raisins rouges et des arômes des raisins blancs. En observant l’amplitude
thermique au cours de la période août - septembre, nous constatons une augmentation
significative de 1.2˚C (Pr > F = 0.012) de 1950 à 2008 sur le site de Tours. Sur les sites de
Nantes, Beaucouzé, Saumur et Bourges il n’y a pas eu d’évolution significative.
58
6.3. Evolution de la qualité des raisins
Les différents cépages blancs et rouges, cultivés dans le Val de Loire montrent une évolution
significative de la qualité des raisins depuis 1980 (Annexe E, Figure 16, 17). Bien que ces
cépages soient cultivés dans différents régions dans le Val de Loire, nous observons une
tendance similaire d’une diminution de l’acidité totale et une augmentation de la teneur en
sucre (Annexe F). Par exemple, depuis 1980, la teneur en sucre a augmenté de 45.6 g/L pour
une parcelle de Sauvignon blanc à Sancerre alors que sur une de Cabernet franc à Chinon elle
a augmenté de 58.0 g/L (Tableau 8). De ce fait, le degré potentiel d’alcool a augmenté de 2.7°
pour le Sauvignon blanc et de 2.5° pour le Cabernet franc. Depuis 1981, l’acidité totale a
diminué de 2.7 g/L pour une parcelle de Gamay Beaujolais à Montreuil-Bellay alors que sur
une de Grolleau noir à Tigné elle a diminué de 2.5 g/L (Tableau 8).
Table 8 : Evolution de la qualité des raisins des six cépages principaux cultivés dans le Val de
Loire, depuis 1980. (Source : CA 44 ; GDDV 49 ; Le laboratoire de Touraine 37 ; SICAVAC
18)
Région
Commune
Cépage
Muscadet
44
Le
Landreau
Melon
Anjou 49
Tigné
Grolleau
Saumur
49
MontreuilBellay
Gamay
Chinon 37
Chinon
Touraine
37
Sancerre
18
Vouvray
Sancerre
Cabernet
franc
Chenin
blanc
Sauvignon
blanc
Série
19862009
19812009
19812009
19802009
19802009
19802009
Teneur en
sucre
Degré
d'alcool
Pr > F
Acidité
totale
Pr > F
+25.1 g/L
+1.49
0.070
-1.5 g/L
0.020
+41.9 g/L
+2.5
<0.0001
-2.4 g/L
0.004
+46.0 g/L
+2.73
0.001
-2.7 g/L
0.000
+58.0 g/L
+3.45
<0.0001
-2.7 g/L
0.003
+39.0 g/L
+2.32
0.002
-3.4 g/L
<0.0001
+45.6 g/L
+2.71
<0.0001
-1.7 g/L
0.005
6.3.1. Evolution de la teneur en sucre
L’accumulation du sucre dans les raisins est liée au fonctionnement photosynthétique de la
vigne lors de la maturation. La photosynthèse est activée par la lumière du soleil et elle
démarre en général à 10°C. Une augmentation de la température conduit à un meilleur
fonctionnement de la vigne, d’autant plus que la température se rapproche de 25°C qui est la
température optimale pour la photosynthèse. Cependant, celle-ci est limitée à une température
de 35°C et bloquée à 40°C. Le climat, notamment la température, joue donc un rôle important
sur la photosynthèse et par la suite sur l’accumulation du sucre dans les baies. Cependant, la
59
photosynthèse dépend surtout de l’ouverture des stomates qui est liée à l’alimentation
hydrique de la vigne. Vu que l’accumulation du sucre est liée à la photosynthèse,
l’alimentation hydrique joue un rôle très important sur la teneur en sucre ce qui a été
démontré par différents études (Morlat et al., 1992, Van Leeuwen et al. 2003 ; Barbeau,
2008). L’alimentation hydrique est influencée par l’évapotranspiration et la pluviométrie mais
aussi par les caractéristiques physiques du sol, notamment la texture et la profondeur.
Nous avons étudié différentes parcelles plantées avec le même cépage, situées sous un même
mésoclimat, mais qui se distinguent par leurs caractéristiques édaphiques. Depuis 1981, la
teneur en sucre du Chenin blanc a augmenté de 36.5 g/L (Pr > F = 0.005) à Vouvray alors que
celle de Saint Martin le Beau a augmenté de 42.1 g/L (Pr > F = 0.001). Ces deux parcelles du
Chenin blanc sont caractérisées par une profondeur de 1.5m, mais elles se distinguent en
fonction de la teneur en argile et le pourcentage des cailloux dans le profil. La parcelle à
Vouvray est caractérisée par un pourcentage d’argile en profondeur de 55% et un pourcentage
des cailloux de 1% dans la profondeur. Celle de Saint Martin le Beau est caractérisée par un
pourcentage d’argile en profondeur de 5% et un pourcentage des cailloux dans la profondeur
de 37.5%. La teneur en sucre du Grolleau noir à Tigné a augmenté de 41.9 g/L (Pr > F =
<0.0001) et celle à Martigné-Briand a augmenté de 28.6 g/L (Pr > F = 0.005). Ces deux
parcelles du Grolleau noir sont caractérisées par une profondeur de 1.5m, mais elles se
distinguent en fonction de la teneur en argile dans le profil. La parcelle à Martigné-Briand est
caractérisée par un pourcentage d’argile en profondeur de 55% alors que celui de Tigné n’a
que 35%. A Chinon, la même tendance a été constatée pour deux parcelles de Cabernet franc
situées à Beaumont-en-Veron et à Savigny-en-Veron. La teneur en sucre a augmenté de 33.9
g/L (Pr > F = 0.001) à Beaumont-en-Veron depuis 1970 alors celle de Savigny-en-Veron a
augmenté de 50.8 g/L (Pr > F = < 0.0001). La parcelle à Beaumont-en-Veron est caractérisée
par un pourcentage d’argile en profondeur de 22% alors que celui de Savigny-en-Veron n’a
que 5%.
Mais, les pratiques viticoles varient d’une parcelle à l’autre et elles jouent également un rôle
important sur la détermination de la teneur en sucre. Par conséquent, nous avons étudié deux
parcelles de Cabernet franc ayant des caractéristiques de sol différentes, situées sur le même
domaine à Restigné en Bourgueil. Sans avoir les détails des pratiques, nous présumons que les
pratiques sont identiques puisque les parcelles sont situées dans le même domaine. La teneur
en sucre a augmenté de 41.8 g/L (Pr > F = < 0.0001) depuis 1970 dans la parcelle numéro 3 et
60
celle du numéro 4 a augmenté de 34.5 g/L (Pr > F = 0.000). Ces deux parcelles sont
semblables en termes de profondeur de sol et de pourcentage des cailloux, mais elles varient
en fonction de la texture. La parcelle numéro 3 est caractérisée par un pourcentage d’argile en
profondeur de 25% alors que celui du numéro 4 est 55%. De même, dans un domaine situé à
Montlouis-sur-Loire, la teneur en sucre de la parcelle numéro 112 a augmenté de 47 .2 g/L (Pr
> F = 0.000) depuis 1981 alors que celle du numéro 113 a augmenté de 39.2 g/L (Pr > F =
0.001). Malgré l’augmentation significative des températures sur ces parcelles, nous voyons
que le sol a joué un rôle important sur l’évolution de la teneur en sucre en raison de son effet
sur l’alimentation hydrique.
Les propriétés du sol interagissent donc avec le climat du millésime pour déterminer le régime
d’alimentation hydrique et influencer l’accumulation du sucre. Le régime d’alimentation
hydrique joue sur la précocité de l’accumulation du sucre dans les baies et sur l’activité
photosynthétique lors de la maturation. Lorsque l’alimentation hydrique devient plus limitée,
les racines de la vigne synthétisent de l’acide abscissique. Celui-ci lève l’inhibition des trois
enzymes qui permettent l’accumulation des sucres dans les baies. Ainsi, s’opère un
changement des flux source - puits dans la vigne. Par conséquent, les produits de la
photosynthèse sont orientés de la croissance des apex vers le développement des raisins, ce
qui favorise l’accumulation du sucre. Une contrainte hydrique modérée a été démontrée par
plusieurs études être favorable pour l’accumulation du sucre lors de la maturation (Van
Leeuwen et al., 2004 ; Barbeau 2008). Une contrainte hydrique modérée provoque l’arrêt de
la croissance des rameaux, mais elle ne limite pas la photosynthèse
En prenant un exemple d’une parcelle du Cabernet franc à Saint Nicolas de Bourgueil, nous
observons une évolution importante de la cinétique de l’accumulation du sucre depuis 1980
(Figure 10). Comme les années le montrent, de 1980 à 2009 l’accumulation du sucre est
devenue plus précoce. Au cours des 30 dernières années, l’augmentation significative des
températures a permis une évapotranspiration du sol plus élevée. Elle a aussi conduit à une
transpiration plus élevée lors de la photosynthèse qui permet une meilleure utilisation de la
réserve en eau du sol où le bilan hydrique a diminué lors de la maturation. Cela signifie une
synthèse de l’acide abscissique plus précoce par les racines et donc une accumulation du sucre
plus précoce dans les baies. Nous observons sur la figure 10 que le début de l’accumulation
du sucre est décalé de la première quinzaine de septembre à la deuxième quinzaine d’août
depuis 1980.
61
Cinétique de l'accumulation du sucre de Cabernet franc
à St Nicolas de Bourgueil, depuis 1980
250
Teneur en sucre (g/L)
2006
2005
2007
2002
2003
200
1996
1998
1986
1985
1981
150
1980
100
50
0
15/8
25/8
4/9
14/9
Année
24/9
4/10
14/10
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Figure 10 : Cinétique de l’accumulation du sucre du Cabernet franc à Saint Nicolas de
Bourgueil, depuis 1980. (Source : laboratoire de Touraine)
La période plus chaude dans laquelle l’accumulation du sucre s’est décalée permet à la
photosynthèse de fonctionner plus régulièrement a une température optimale de 25°C. Par
conséquent, nous ne voyons pas seulement une précocité plus importante de l’accumulation
du sucre, mais une teneur en sucre plus élevée à la date de la vendange. Cependant, la
cinétique de l’accumulation du sucre est relativement similaire entre les différents millésimes.
En calculant la vitesse de l’accumulation du sucre pour une parcelle de Cabernet franc à
Ingrandes et une parcelle du Chenin blanc à Rochecorbon, aucune évolution significative
n’est observée depuis 1970. Les températures élevés (>35°C) ont limité le fonctionnement de
la photosynthèse et par conséquent ont eu un effet sur l’accumulation du sucre. Malgré
l’augmentation de la température, la relation entre la température et le sucre est liée au
fonctionnement de la photosynthèse. En outre, si nous observons la cinétique de
l’accumulation de 2005 sur la figure 10, nous observons un blocage de l’accumulation du
sucre entre le 4 et le 20 septembre. L’année 2005 était une année très sèche dans le Val de
Loire et par conséquent la contrainte hydrique trop sévère a bloqué la photosynthèse et limité
l’accumulation du sucre.
62
6.3.2. Evolution de l’acidité totale
L’acidité totale est caractérisée principalement par l’acide tartrique et l’acide malique qui
représentent 70 à 90 % du total de l’acidité de la baie. Le tableau de corrélation des parcelles
du Cabernet franc, du Grolleau noir et du Gamay de Beaujolais situées à Montreuil-Bellay
montre la corrélation significative entre l’acidité totale, l’acide malique et l’acide tartrique
(Tableau 9). Comme plusieurs études l’ont démontré, nous observons que l’acide malique est
très corrélé avec l’acidité totale. L’acide malique du Cabernet franc est corrélé à 0.95 avec
l’acidité totale, celle du Grolleau noir est corrélée à 0.92 et celle du Gamay de Beaujolais est
corrélée à 0.90. L’acide malique de ces trois cépages a démontré une diminution significative
depuis 1984 : de 3.6 g/L (Pr > F = 0.001) pour le Cabernet franc, de 3.0 g/L (Pr > F = 0.003)
pour le Grolleau noir et de 4.3 g/L (Pr > F = 0.001) pour le Gamay. Cependant, l’acide
tartrique n’a pas évolué significativement depuis 1984. Celui du Cabernet franc a augmenté
non-significativement de 1.5g/L (Pr > F = 0.149).
Table 9 : Corrélations entre l’acidité totale, l’acide malique et l’acide tartrique du Cabernet
franc, du Grolleau noir et du Gamay Beaujolais depuis 1984. (Source données : UEVV
d’Angers)
Test de corrélation (Pearson)
Acide Malique Acide Tartrique
Cabernet franc
Acidité Totale
0.95***
0.78***
Gamay Beaujolais Acidité Totale
0.90***
0.67***
Grolleau noir
Acidité Totale
0.92***
0.72***
Les valeurs en gras sont différentes de 0 à un niveau de signification alpha=0,05
L’acide malique étant très corrélé avec l’acidité totale, les facteurs du sol et du climat qui
influencent l’évolution de l’acide malique déterminent le comportement de l’acidité totale.
L’acide malique s’accumule rapidement au cours de la phase herbacée où il atteint un
maximum à la véraison. Vu que cet acide est un intermédiaire important dans la voie de la
production d’énergie, il devient le substrat principalement respiré à la véraison qui conduit à
sa diminution lors de la maturation. Le changement de substrat est influencé par la synthèse
de l’acide abscissique par les racines. L’acide abscissique permet aux sucres de commencer à
s’accumuler dans la pulpe des baies et par conséquent l’acide malique devient le substrat
principalement respiré lors de la maturation. De ce fait, l’alimentation hydrique joue un rôle
important sur la synthèse et la dégradation de l’acide malique et ainsi sur l’acidité totale.
63
Cependant, l’alimentation hydrique seule n’explique pas pourquoi nous trouvons une
différence si importante en acidité totale entre les régions chaudes et les régions fraiches.
Comme plusieurs études l’ont démontré, le climat joue le rôle le plus important en
déterminant l’acticité totale. Nous pouvons bien l’observer pour les parcelles situées sous un
même mésoclimat. En Anjou pour deux parcelles du Chenin blanc, à Beaulieu-sur-Layon et à
Rochefort, l’acidité totale a diminué respectivement de 2.1 g /L (Pr > F = 0.011) et de 2 g/L
(Pr > F = 0.002) depuis 1981. En outre, sur deux parcelles du Cabernet franc situées aussi en
Anjou, à Martigné-Briand et à Blaison-Gohier, l’acidité totale a diminué respectivement de
1.9 g /L (Pr > F = 0.012) et de 2 g/L (Pr > F = 0.017) depuis 1981. Si nous comparons ces
parcelles de Chenin blanc et de Cabernet franc, elles montrent une différence importante de
leur teneur en sucre. (Annexe F) Vu que les pratiques viticoles influencent également l’acidité
totale, nous analyserons deux parcelles de Cabernet franc et de Chenin blanc situées dans le
même domaine. Sans avoir les détails des pratiques, nous présumons que les pratiques sont
identiques puisque les parcelles sont situées dans le même domaine. A Restigné, l’acidité
totale de la parcelle numéro 3 de Cabernet franc a diminué de 2.4 g/L (Pr > F = 0.001) depuis
1970 et celle de numéro 4 de 2.5 g/L (Pr > F = 0.000). A Montlouis-sur-Loire, l’acidité totale
de la parcelle numéro 112 a diminué de 3.4 g/L (Pr > F = 0.001) depuis 1981 et celle de
numéro 113 de 3.3 g/L (Pr > F = 0.001). Ces parcelles de Chenin blanc à Montlouis-sur-Loire
et du Cabernet franc à Restigné ont aussi montré une différence importante de leur teneur en
sucre. Nous voyons bien que le climat a été le facteur le plus important en déterminant
l’acidité totale. Par conséquent, les différences en acidité que nous constatons entre les
régions chaudes et les régions froides sont liées à la température lors de la maturation.
Le climat détermine ainsi le devenir de l’acide malique lors de la maturation. Comme
mentionné avant, les températures plus élevées ont conduit une évapotranspiration plus élevée
du sol ainsi que un fonctionnement de la photosynthèse plus efficace. A la suite, le bilan
hydrique a diminué et a influencé la précocité de l’accumulation du sucre et la diminution de
l’acidité totale. La figure 11 montre ainsi l’évolution importante de la cinétique de l’acidité
totale du Chenin blanc à Vouvray. La diminution de l’acidité totale est devenue plus précoce
comme les années de 1980 à 2009 le montrent. Par conséquent, la maturation se déroule dans
des conditions climatiques plus chaudes ce qui conduit à une diminution plus rapide de
l’acidité totale. La température joue un rôle sur la vitesse de la respiration de l’acide malique.
L’augmentation de la température conduit à une vitesse de respiration plus importante ce qui
64
influence la diminution de l’acide malique. En outre, l’acide malique est métabolisé aussi lors
de la maturation par l’enzyme malique pour la production d’énergie. L’activité de l’enzyme
malique augmente rapidement lorsque la température augmente de 10°C à 46°C. En revanche,
les températures basses de 10˚C à 15°C sont favorables pour la synthèse de l’acide malique
par l’enzyme phosphoenol-pyruvate carboxylase. Pendant la nuit, cette enzyme synthétise
l’acide malique lors de la fixation du dioxyde de carbone. Vu que les températures diurnes
élevées catabolisent rapidement l’acide malique, les températures nocturnes fraiches sont
nécessaires pendant la nuit afin d’avoir une bonne synthèse de l’acide malique. L’acide
malique dépend du rapport entre la synthèse et le catabolisme. De ce fait, des nuits plus
chaudes, démontré par l’indice de fraîcheur des nuits, permettent une diminution plus rapide
de l’acidité totale lors de la maturation. La figure 11 montre bien que l’acidité totale est
devenue plus faible lorsque la maturation s’est décalée vers des températures plus chaudes. En
outre, la figure 11 montre que la cinétique de la diminution est devenue moins forte au cours
des années. Le calcul montre que la vitesse de la diminution de l’acidité totale a diminué
significativement depuis 1970 pour la parcelle de Cabernet franc à Ingrandes (Pr > F = 0.23)
et pour la parcelle de Chenin blanc (Pr > F = 0.23) à Rochecorbon. Nous constatons que
l’acidité totale atteint un seuil minimum et ainsi diminue plus lentement.
Cinétique de la diminution de l'acidité totale de Chenin blanc à
Vouvray, depuis 1980
35
1986
Acidité Totale (g/L)
30
1988
1980
25
20
1994
1997
1983
1992
1984
1999
15
2007
2005
10
2003
5
0
10/8
25/8
9/9
24/9
Date
9/10
24/10
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Figure 11 : Cinétique de la diminution de l’acidité totale de Chenin blanc à Vouvray, depuis
1980. (Source : Le laboratoire de Touraine)
65
6.3.3. Evolution des anthocyanes
Nous avons étudié les anthocyanes sur une parcelle de Montreuil-Bellay, là où les données
étaient disponibles. La teneur en anthocyanes du Cabernet franc a augmenté de 616.7
mg/1000 baies (R2 = 0.27) depuis 1976. Cependant, les anthocyanes du Gamay et du Grolleau
noir n’ont pas évolué significativement. Les anthocyanes commencent à s’accumuler à partir
de la véraison et atteignent un maximum avant la maturité et puis leur concentration diminue.
L’enzyme UDP glucose flavonoïde 3–o– glucoslyltransferase (UFGT) est essentielle pour la
synthèse des anthocyanes et son activité est favorisée par la température et la lumière du
soleil. Par conséquent, l’accumulation des anthocyanes augmente avec la température : celles
de 17°C à 26°C sont optimales. Nous observons cette relation entre la température et les
anthocyanes dans le tableau de corrélation du Cabernet franc où les anthocyanes sont
corrélées (0.57 ; p=<0.0001) avec l’indice de Huglin (Tableau 10). Par conséquent,
l’augmentation significative de la température au cours des 30 dernières années a été
favorable à la synthèse des anthocyanes pour le Cabernet franc. Cependant, une température
au-dessus de 30°C limite la coloration des raisins alors que celles au-dessus de 35°C
correspondent à un blocage de l’accumulation des anthocyanes.
Table 10 : Corrélation entre la teneur en anthocyanes et les variables du milieu physique pour
la parcelle du Cabernet franc à Montreuil-Bellay, depuis 1976. (Source : UEVV d’Angers)
Variables
Teneur en Anthocyanes
Année
0.54*
Somme de la pluviométrie d’avril a septembre
-0.10
Indice de Huglin
0.57**
Indice de fraîcheur des nuits
0.40*
Amplitude Thermique (Tx-Tn)
0.13
Indice de site
0.17
Température du sol dans 30 premiers cm (ST30)
0.46*
Les valeurs en gras sont différentes de 0 à un niveau de signification alpha=0,05
Nous observons également que les anthocyanes sont corrélées (0.46 ; p=0.005) avec la
température du sol dans les premiers 30 centimètres de 1976 à 2009 (Tableau 10). Celle-ci a
augmenté de 1.1 °C (R2=0.35) depuis 1976 (Figure 12).
66
Evolution de la température du sol (0-30cm)
à Montreuil-Bellay de 1976 à 2009
Température du sol (030cm)
25.50
25.00
R² = 0.35
+1.1˚C
24.50
24.00
23.50
23.00
ST 30
Cabernet franc
22.50
22.00
21.50
1976
1981
1986
1991
1996
2001
2006
Année
Figure 12 : Evolution de la température du sol dans les premières 30 centimètres (ST30) de la
parcelle du Cabernet franc à Montreuil-Bellay de 1976 à 2009. (Source : UEVV d’Angers ;
CTV)
Etant donné que les anthocyanes commencent à s’accumuler lorsque la concentration en acide
abscissique augmente à la véraison, il a été supposé que celui-ci est responsable de
l’activation de l’enzyme UFGT. L’augmentation de la température du sol dans les premiers 30
cm a conduit à un pédoclimat plus chaud et ainsi à une évapotranspiration plus élevée. Bien
que cette parcelle est caractérisée par une profondeur de 1.5m et la majorité des racines est
située en profondeur (>40cm), la contrainte hydrique plus importante a permis aux racines de
synthétiser l’acide abscissique plus précocement. La précocité de l’activation de l’enzyme
UFGT, permet à celui-ci de fonctionner dans des conditions plus chaudes.
67
6.4. Perspectives
Bien qu’un changement climatique soit attendu sur l’ensemble de la planète, la perspective du
climat continue d’être assez imprévisible et difficile à estimer, cela en raison des forçages
naturels comme celui exercé par le soleil sur le climat, ainsi que l’incertitude qui existe sur les
émissions de gaz à effet de serre. Cependant, une augmentation de la température de 1.6°C de
2020 à 2050 est prévue pour la France (Brisson et al., 2010). Dans l’Ouest, une augmentation
de 1.3°C est attendue, de 2020 à 2050. Les modèles prévoient des contrastes importants
d’une saison à l’autre en termes de précipitations et la fréquence des sécheresses estivales est
prévue d’augmenter, surtout dans les régions continentales. En France aussi bien que dans
plusieurs pays européens, l’année 2003 a été caractérisée par des températures très élevées.
L’analyse de l’année 2003 permet d’estimer les perspectives du changement climatique en
Val de Loire.
Bien que la pluviométrie de l’année 2003 ait été considérée comme normale, 2003 s’est
caractérisée par une hausse importante des températures. Cette hausse des températures est
bien démontrée par l’indice de Huglin et l’indice de fraîcheurs de nuits. En 2003, l’indice de
Huglin de Nantes, Beaucouzé, Saumur, Tours et Bourges correspondait à celui d’une zone
tempérée-chaude. Montpellier dans le sud de la France est considéré comme une zone
tempérée chaude (Carbonneau et al., 2004). En 2003, l’indice de fraîcheur des nuits de
Nantes, Beaucouzé, Saumur, Tours et Bourges correspondait à celui de nuits tempérées. Le
sud de la France est également caractérisé par des nuits tempérées, comme à Montpellier
(Carbonneau et al., 2004). Par conséquent, si l’année 2003 est représentative du climat futur,
le Val de Loire se situera dans une zone climatique comparable au sud de la France actuel.
Ces conditions thermiques plus élevées permettent ainsi aux cépages plus tardifs d’atteindre
une bonne maturation.
Vu que sol interagit avec le climat du millésime afin d’influencer la qualité des raisins, nous
avons observé trois parcelles de Cabernet franc en Anjou depuis 1981, en mettant l’accent sur
deux années type, 2003 et 2005. 2003 est caractérisée par une hausse des températures
importante et 2005 par une sécheresse importante. Les trois parcelles ont des sols profonds
mais elles se distinguent par la texture de profondeur. Le pourcentage d’argile en profondeur à
Martigné-Briand est de 40%, celui à Brissac est de 22% et celui à Juigné n’est que de 15%.
Depuis 1981, la teneur en sucre à Martigné-Briand a évolué de 32.4 g/L (Pr > F = 0.003),
68
celle de Brissac de 37.5 g/L (Pr > F = 0.001) et celle de Juigné de 39.6 g/L (Pr > F = 0.000).
Cependant, 2003 était une année humide et les températures élevées ont permis une
photosynthèse plus importante en raison d’une bonne alimentation hydrique. Vu que la teneur
en sucre est liée au fonctionnement de la photosynthèse, une photosynthèse plus efficace a
conduit à une teneur en sucre plus élevée. De ce fait, la parcelle de Martigné-Briand avec une
teneur en argile plus élevée a eu la teneur en sucre la plus élevée (217.2 g/L), même si elle a
évolué moins vite que les autres depuis 1981. A Brissac et à Juigné la teneur en sucre a été de
212.5 g/L. En revanche en 2005, la parcelle de Martigné-Briand a eu la teneur en sucre la plus
faible (201.1 g/L) ; celles de Brissac et de Juigné avaient une teneur en sucre de 226.0 g/L.
Nous avons analysé également trois parcelles de Gamay Beaujolais en Anjou, depuis 1981.
Ces trois parcelles se distinguent de par leur profondeur. La profondeur à Vauchrétien est
estimée à 1.5m, celle de Juigné à 0.4 m et celle de Brissac à 1.2 m. En 2003, la parcelle de
Vauchrétien avec la profondeur de sol la plus élevé a eu la teneur en sucre la plus élevé (205.2
g/L). A Brissac et à Juigné la teneur en sucre a été de 197.0 g/L. Nous observons encore que
2003 a conduit à une teneur en sucre plus élevée en raison d’une bonne alimentation hydrique
qui était permise par la profondeur du sol. En 2005, la parcelle de Vauchrétien a eu la teneur
en sucre la plus faible (178.8 g/L) alors la parcelle de Juigné avec le sol le plus superficiel a
eu la teneur en sucre la plus élevée (214.8 g/L). La teneur en sucre à Brissac était de 198.8
g/L.
En Val de Loire, 2003 était une année ayant un climat comparable avec celui du Sud de la
France. De ce fait, nous observons une variabilité très forte de la composition des baies entre
les millésimes. La composition des raisins influence la qualité du vin et ainsi sa typicité.
Ainsi, le changement climatique pose des questions importantes aux vignerons sur le devenir
de la typicité de leurs vins.
69
7. IMPORTANCE DES ADAPATATIONS À COURT,
MOYEN ET LONG TERME
Au cours du dernier siècle, les températures sont devenues plus élevées, le cycle végétatif est
plus long et nous observons également une contrainte hydrique plus importante lors de la
maturation dans le Val de Loire. Vu que le Val de Loire est caractérisé comme une région
septentrionale, l’évolution du climat a favorisé le fonctionnement de la vigne aussi bien que la
qualité des raisins. Garcia et al., 2007 ont modélisé le fonctionnement de la vigne dans les
régions viticoles en France, dans la perspective d’un changement climatique selon différents
scenarios. Ils ont ainsi démontré un avancement important de tous les stades phenologiques
d’ici 2100 ainsi que l’augmentation significative de la biomasse végétative. En outre,
l’augmentation la plus forte en termes de stress hydrique sur la période de la floraison à la
récolte est prévue pour le Val de Loire. Ils ont par ailleurs observé une très forte modification
des conditions climatiques lors de la maturation, surtout l’augmentation de la température
minimale. Par conséquent, les perspectives d’un changement climatique auront des effets
importants sur la composition des raisins et ainsi sur la qualité et la typicité du vin. De ce fait,
les adaptations à court, moyen et long terme sont nécessaires en raison des questions que le
changement climatique pose à la vigne.
7.1. Pratiques agro-viticoles
Bien qu’un réchauffement climatique important soit prévu dans le monde et aussi dans le Val
de Loire d’ici 2100, il présente encore des incertitudes quant à l’augmentation de la
température et l’évolution de la pluviométrie. Par conséquent, l’adaptation des pratiques agroviticoles va devenir très importante afin d’apporter des réponses immédiates, à court terme. .
Des températures plus élevées induisent une meilleure efficience de l’alimentation hydrique
au début du cycle végétatif, ce qui favorise la croissance des rameaux. Comme la vigne a un
métabolisme en C3, elle réagit fortement à l’augmentation du dioxyde de carbone dans
l’atmosphère (Bindi et al. 1996 ; Schultz 2000). Vu que la température optimale pour la
croissance des rameaux est en été de 25 à 30°C (Carbonneau et al. 1992), des températures
plus élevées conjuguées à une plus forte teneur de l’air en dioxyde de carbone et à une bonne
alimentation hydrique vont se traduire par une vigueur plus forte et une plus grande densité de
70
feuillage. Celle-ci va avoir un effet sur le microclimat des grappes et ainsi influencer la
qualité des raisins, le poids des baies ainsi que l’induction florale (Smart, 1985 ; Tesic, 2001 ;
Barbeau, 2009). En outre, plusieurs études ont montré que l’augmentation de la température et
de l’humidité dans le contexte du changement climatique pourraient conduire à un niveau plus
élevé de la présence des maladies dans les régions viticoles (Bindi et al. 1996, Jones et al.
2001 ; Schultz, 2000 ; Barbeau et al. 2008 ; Goutouly, 2009). De ce fait, l’adaptation des
pratiques viticoles par rapport à la gestion de la vigueur deviendra très importante. Une
première pratique sera l’ébourgeonnage afin de contrôler le nombre de rameaux par cep
(Smart, 1985 ; Jackson, 2008). Cette pratique commence dès la taille de la vigne en estimant
le nombre correct de bourgeons par cep. Les rameaux positionnée plus étroitement conduisent
a une plus grande surface foliaire (Smart, 1985). En outre, le nombre de rameaux par cep est
aussi géré par la suppression des contre-bourgeons. La deuxième pratique pour gérer la
vigueur est l’effeuillage raisonné des feuilles basales puisqu’un enlèvement excessif des
feuilles surexposerait les raisins (Smart 1985, Jackson 2008). Les raisins exposés au soleil ont
une température plus élevée (3 à 8°C) que la température de l’air ambiant (Haselgrove et al.,
2000 ; Bergqvist et al., 2001). Un effeuillage conduit à un meilleur état sanitaire en favorisant
l’aération des raisins. Cependant, la période d’effeuillage a également un effet sur la qualité
des raisins (Hunter et al., 1991 ; Carey et al., 2008b ; Jackson, 2008). Par conséquent, la
pratique de l’effeuillage doit être bien raisonnée afin de gérer la vigueur.
En revanche, une vigueur plus forte au début du cycle conduit à une meilleure utilisation de
l’eau et ainsi influence une augmentation importante de la contrainte hydrique lors de la
maturation. Barbeau, 2009 a montré qu’une plus grande précocité du cycle de la vigne permet
l’établissement rapide de la surface foliaire primaire ce qui contribue à réduire l’alimentation
hydrique. En outre, l’augmentation des températures conduit à une évapotranspiration du sol
plus importante (Schultz, 2000 ; Seguin et al., 2007 ; Deloire et al., 2008). Etant donné l’effet
de l’alimentation hydrique sur la précocité des stades phénologiques ainsi que la qualité des
raisins, différentes pratiques doivent être appliquées afin d’améliorer l’alimentation hydrique.
Un enherbement pratiqué dans les rangs diminue l’érosion, maintien la structure du sol et
permet aux sols de conserver les nutriments et l’eau surtout la pluie d’hiver (Schultz, 2000 ;
Delabays et al., 2006). Cependant, en cas de sécheresses importantes en été, un enherbement
devient trop concurrentiel pour les vignes par rapport à l’alimentation hydrique. Vu que la
perspective du changement climatique est une augmentation de la pluviométrie hivernale et
une diminution de la pluviométrie estivale, les espèces moins concurrentielles qui couvrent
71
rapidement les sols après avoir germé sont nécessaires, qu’elles soient spontanées ou semées.
Delabays et al,. 2006 ont démontré que l’orge des rats s’installe sur les sols très vite. L’orge
des rats se dessèche tardivement et elle donne un mulch très dense en juillet ce qui diminue la
végétation spontanée des autres espèces. Elle fournit aussi un excellant ressemis pour la
saison suivante en août (Delabays et al., 2006). Un mulch empêche la perte de l’eau du sol par
évapotranspiration, diminue la croissance des mauvaises herbes, maintien le sol frais et
humide et diminue l’érosion (Jackson, 2008). Une autre pratique afin d’améliorer
l’alimentation hydrique est le travail superficiel du sol. Plusieurs études ont démontré qu’un
sol peu profond labouré ou même non-labouré permet un meilleur bilan hydrique. Un sol peu
profond labouré est caractérisé par une porosité plus faible, mais une teneur en eau plus
élevée. (Linn et al., 1984 ; Schultz, 2000). Une dernière pratique à long terme est d’appliquer
une irrigation raisonnée par deux méthodes, notamment le « Partial Root Drying » (PRD) et le
« Regulated Deficit Irrigation » (RDI). Le RDI consiste à arrêter volontairement l’irrigation
après la floraison pour diminuer la taille des raisins. Le PRD consiste à irriguer de façon
alternée chaque coté du cep pour la production de l’acide abscissique qui favorise le
développement du sucre et des anthocyanes (Van Leeuwen et al., 2003 ; Jackson, 2008).
7.2. Choix de nouveaux milieux naturels
Les propriétés du sol interagissent avec le climat et influencent les variables de
fonctionnement de la vigne et ainsi la composition des baies. Vu que la précocité des stades
phenologiques et la contrainte hydrique lors de la maturation deviennent plus importantes, un
changement des terrains en fonction des caractéristiques édaphiques doit permettre une
adaptation à moyen et long terme. Le sol joue notamment un rôle sur l’alimentation hydrique
en raison de la texture du profil, de la profondeur, de la qualité du drainage et du pourcentage
de cailloux. Les résultats sur le sucre ont bien démontré que les sols qui induisent une
meilleure alimentation hydrique ont influencé une plus lente augmentation de la teneur en
sucre lors du réchauffement climatique. De ce fait, l’adaptation au niveau du sol devient
importante comme les températures augmentent significativement. Dans la moyenne vallée du
Val de Loire, en Anjou, Saumur et Chinon, une méthode de caractérisation des facteurs
naturels du terroir a été développée ; elle est pilotée aujourd’hui par la Cellule Terroirs
Viticoles (CTV). La méthode prend en compte trois composantes du milieu naturel : la
géologie, la pédologie et le paysage. Elle permet de produire des cartes des unités de terroirs
72
viticoles où l’information est disponible à l’échelle de la parcelle. Elle génère également des
cartes relatives aux variables du fonctionnement de la vigne, notamment le potentiel de
précocité la réserve utile maximale du sol relative du terroir (RUM) et le potentiel de vigueur
(Barbeau, 2008). Un exemple d’une carte de la RUM à Beaumont-en-Veron est présenté dans
la figure 1. Ces cartes sont disponibles pour les viticulteurs et permettent ainsi de disposer des
informations nécessaires pour une adaptation au changement climatique. Les parcelles qui
conduisent à une faible précocité au début du cycle et une contrainte hydrique modérée lors de
la maturation deviennent ainsi très importantes.
Image 1 : Carte de la réserve utile maximale (RUM) à Beaumont-en-Veron, Chinon. (Source :
Cellule Terroirs Viticoles)
7.3. Choix du matériel végétal
Étant donné que les stades phenologiques continuent à avancer et qu’un stress hydrique
important est prévu lors de la maturation, des changements de porte-greffe devraient
73
permettre une adaptation à moyen terme. Les porte-greffe résistant à la sécheresse et ceux qui
induisent un allongement du cycle végétatif de la vigne sont ainsi nécessaires. Le Tableau 11
présente les différents porte-greffe. Le Richter 110 et le 333 Ecole de Montpellier sont très
bien adaptés à la sécheresse alors que le 420 A et le 41 B induisent une tardivité du cycle
végétatif. Le 140 Ruggeri est assez résistant à la sécheresse et induit aussi une tardivité du
cycle végétatif. Cependant, chacun de ces porte-greffe est caractérisé par une affinité avec le
greffon, un potentiel de vigueur, une adaptation aux conditions d’humidité au printemps, une
certaine résistance à la chlorose, etc. Par conséquent, ces différentes caractéristiques des
porte-greffes doivent être prises en compte lorsqu’il s’agira de changer le porte-greffe à
moyen terme.
Table 11 : Les différents porte-greffes et leurs caractéristiques par rapport à la sécheresse, à la
précocité du cycle végétatif et au calcaire actif. (Source : Catalogue des variétés et clones de
vigne cultivés en France. Institut Français de la Vigne et du Vin, 2007)
Porte-greffe
Resistance à la
Précocité du cycle
Resistance au calcaire
sécheresse
végétatif
actif
1103 Paulsen
Bien
Normal
17%
140 Ruggeri
Bien
Retardé
20%
Richter 110
Très bien
Normal
17%
420 A
Normal
Retardé
20%
41 B
Moyenne
Retardé
40%
333 Ecole de
Très bien
Normal
40%
Montpellier
Vu que la vigne est adaptée à des conditions climatiques très étroites, un réchauffement de
1.6°C d’ici 2050 et de 3.0°C de 2070 à 2100 (Brisson et al. 2010) prévu pour la France aura
une grande influence sur l’adaptation des différents cépages dans leur milieu physique. Van
Leeuwen et al., 2008 ont proposé les besoins en chaleur nécessaires pour plusieurs cépages
afin d’atteindre la maturité. Ils sont de 1251 GDD pour le Pinot noir, 1317 pour le Gamay,
1474 pour le Merlot, 1520 pour le Cabernet Sauvignon, 1540 pour le Cabernet franc, 1693
pour le Grenache, 1722 pour le Syrah et 1940 pour le Mourvèdre. Bien que la physiologie de
la vigne ne soit pas seulement liée à la température, ces chiffres ouvrent des perspectives
74
quant à l’adaptation des cépages pour faire au changement climatique d’ici 2100. Nous avons
observé qu’entre 1950 et 1990 l’indice de Winkler de Beaucouzé a évolué d’un climat adapté
au le Pinot noir à un climat adapté au Gamay,. Cependant, au court des 20 dernières années, il
est devenu adapté à la maturation du Cabernet Sauvignon et du Cabernet franc. L’indice de
Winkler de Saumur a évolué d’un climat adapté au Gamay à un climat adapté au Cabernet
franc. Cependant, en 2003 (GDD 1790) et 2006 (GDD 1757), Saumur était situé dans un
climat adéquat pour la maturation du Grenache. Vu que la vigne est une plante pérenne et
qu’une augmentation importante des températures est prévue, une adaptation des cépages
deviendra importante au court du XXIème siècle.
75
8. CONCLUSION
Une augmentation significative des températures du Val de Loire a été observée au cours des
60 dernières années. A une échelle plus fine, on constate que le réchauffement climatique n’a
pas été de la même intensité partout. Les températures minimales de Nantes et Beaucouzé ont
fortement augmenté par rapport aux températures maximales. Vers l’Est du Val de Loire, où
l’océan a moins d’influence, ce sont les températures maximales de Saumur, Tours, Bourges,
Romorantin, Châteauroux, Orléans et Bourges qui ont le plus augmenté. L’effet de serre est le
phénomène qui explique ces variations, plus particulièrement la nébulosité plus forte a
proximité de l’océan. Les températures moyennes ont augmenté au cours des années.
L’augmentation de ces températures moyennes est plus le forte à Beaucouzé, et pour tout le
Val de Loire l’augmentation est la plus forte en été. En revanche, la pluviométrie n’a pas
évolué significativement. Les différents indices bioclimatiques ont fortement augmenté. Selon
l’indice de Huglin, les régions du Val de Loire ont évolué d’un climat froid à un climat
tempéré.
La vigne s’est adaptée à ces changements climatiques par l’avancement des stades
phénologiques et des dates de maturité, accompagnés par une augmentation de la teneur en
sucre et une diminution de l’acidité des raisins. Cette tendance s’applique à l’ensemble du Val
de Loire, de Nantes à Sancerre, pour les principaux cépages et appellations. L’augmentation
des températures améliore l’activité photosynthétique et favorise l’accumulation des sucres,
cependant le sol influence sur la teneur en sucre par son effet sur l’alimentation hydrique de la
vigne. Les sols profond et argileux favorisent moins l’accumulation des sucres. La maturité
est désormais atteinte pendant une période plus chaude de l’année, ce qui implique une
cinétique de diminution de l’acidité totale plus importante.
Bien que les perspectives du changement climatique en Val de Loire soient encore
incertaines, 2003 pourrait être une année représentative du futur ; cela impliquerait une
importante variabilité de la qualité des raisins et un changement de la typicité des vins. Les
cépages sont étroitement liés aux conditions climatiques, il y aura donc des adaptations de
différente nature à prévoir à court, moyen et long termes. Comme les pratiques viticoles ont
aussi évolué au cours des dernières années et qu’elles ont une influence sur la qualité des
76
raisins, une étude complémentaire serait d’étudier l’évolution des pratiques viticoles dans le
Val de Loire et leurs influences sur la qualité des raisins
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUE
Asselin, C., Barbeau, G., Morlat, R., 2001. Approche de la composante climatique à diverses
échelles dans le zonage viticole. Bulletin de l’OIV, Vol 74, no 843-844, pp 301-318.
Barbeau, G., Asselin, C., Morlat, R., 1998. Estimation du potentiel viticole des terroirs en Val
de Loire selon un indice de précocité du cycle de la vigne. Bulletin de l’OIV, Vol 71,No 805806, pp. 247-262.
Barbeau, G., Asselin, C., Morlat, R., Jacquet, A. Pinard, C., 1998. Comportement du cépage
Cabernet franc dans différents terroirs du Val de Loire. Incidence de la précocité sur la
composition de la vendange en année climatique normale. (Exemple 1998). J. Int. Sci. Vigne
Vin, Vol 32, no 2, 69-81.
Barbeau, G., Cousin, M., Blin, A., Panneau, J.P., Bouvet, M.H., Mège, A., 1999.
Méthodologie de sélection clonale chez la vigne (Vitis vinifera). Prise en compte de la
précocité de cycle et de l’interaction clones x terroir. Bulletin de l’OIV, Vol 72, no 825-826,
pp 731-751.
Barbeau, G., Champenois, R., Bouvet, M.H., Blin, A., Cosneau, A., 2003. Comportement de 4
cépages rouges du val de Loire. Relations entre les variables climatiques et la composition des
baies. Gesco 2003. 3-8 février.
Barbeau, G., 2007. Climat et vigne en moyenne vallée de la Loire, France Congreso sobre
Clima y Viticultura. Congress on Climate and Viticulture. Congrès sur le Climat et la
Viticulture, Zaragoza (Espagne), pp. 106-111.
Barbeau, G., 2008. Influence du fonctionnement de la vigne et du vin sur la qualité du vin. VI
Foro Mundial del Vino – Logroño, Espagne – 22/24 avril 2008. 6p.
Barbeau, G., 2008. L’adaptation aux terroirs des cépages du Val de Loire. Librandi
Symposium. Ciró Marina, Calabre, Italie. 10 mai 2008.
Barbeau, G., 2008. Mesure des variables de fonctionnement de la vigne. Module Terroir,
Master International Vintage.
Barbeau, G., 2009. Influence du fonctionnement de la vigne sur la qualité du vin. Techniloire,
1/6.
Bergqvist, J., Dokoozlian, N., Ebisuda, N., 2001. Sunlight exposure and temperature effects
on berry growth and composition of Cabernet Sauvignon and Grenache in the Central San
Joaquin Valley of California. American Journal of Enology and Viticulture, 52 (1). pp 1-7.
77
Bindi, M., Fibbi, L.,, Gozzini, B., Orlandini, S., Miglietta, F., 1996. Modelling the impact of
future climate scenarios on yield and yield variability of grapevine. Climate Research Vol 7;
213 – 224.
Bonnardot, V., Carey, V,. 2008. Observed climatic trends in south african wine regions and
potential implications for viticulture VIIe Congrès International des terroirs viticoles / VIIth
International terroir Congress.
Bonnefoy, C., Quenol, H., Barbeau, G., Madelin, M., 2008. Analyse multi scalaire des
temperatures dans le vignoble du Val de Loire. In Geographia Technica. Actes du XXIIème
colloque de l’Association Internationale de Climatologie, Cluj (Roumanie), Numéro spécial,
85-90.
Brisson, N., Levrault, F., 2010. Changement climatique, agriculture et foret en France :
simulations d’impacts sur les principales especes. Livre Vert du projet CLIMATOR. 334pp
Butler, C.J., 1994. Maximum and minimum temperatures at Armagh Observatory, 1844-1992,
and the length of the sunspot cycle. Solar Physics, 152 : 35-42.
Cadot, Y., 2008. Le potentiel phénolique du Cabernet franc. INRA, Angers, pp. 1/56.
Carbonneau A., Riou C. Schneider, C., Riom, J., 1992. Agrometeorologie da la vigne en
France. Luxembourg, Centre Commun de Recherche, Commission des Communautés
Européennes. Pp 168
Carey, V.A., Archer, E., Barbeau, G., Saayman, D., 2008. Viticultural terroirs in
Stellenbosch, South Africa. I. The identification of natural terrroir units. J. Int. Sci. Vigne
Vin, 42 (4), 169-183
Carey, V.A., Archer, E., Barbeau, G., Saayman, D., 2008. Viticultural terroirs in
Stellenbosch, South Africa. II. The interaction of Cabernet-Sauvignon and Sauvignon blanc
with environment. J. Int. Sci. Vigne Vin, 2008, 42 (4), 185-201
Carey V et al 2008. The performance of grapevines on identified terroirs in Stellenbosch,
South Africa. VIIe Congrès International des terroirs viticoles / VIIth International terroir
Congress
Coulon, C., Barbeau, G., Tesic, D., 2007. L’indice de site (SI) : Caractérisation simple du
milieu en intégrant les valeurs édaphiques et climatiques. Colloque végétal et semences. CER
2000-2006. Angers novembre.
Deloire, A., Hunter, J.J., 2005. Microclimat des grappes et maturation du raisin. Progres
Agricole et Viticole, 122, no 7, 151-157.
Deloire, A., Lageti, F., Tondut, J.L. Kelly, M.T., 2008. Climate trends in a specific
Mediterranean viticultural area between 1950 and 2006. Journal international des sciences de
la vigne et du vin Vol 42, no 3, pg 113 - 123.
78
Deloire, A., Tondut, J.L. Laget, F., 2008. Climat et Viticulture : Evolution des températures
sur le département de l’Hérault, un exemple de réchauffement climatique. Revue française
d’œnologie nr 219, pp 1-5.
Delabays, N., Spring, J.L., Mermillod, G., 2006. Essai d’enherbement de la vigne avec des
espèces peu concurrentielles: aspects botaniques et malherbologiques. Revue suisse Vitic.
Arboric. Hortic. Vol. 38 (6): 343-354
Duchêne E; Schneider C; 2005. Grapevine and climatic changes: a glance at the situation in
Alsace. Agron. Sustain. Dev. 25 ; 93–99
Dufourcq, T., Schneider, R., Renard, R., Serrano, E., 2006. Incidences du climat, du sol, de la
date de récolte sur le potentiel aromatique du cépage Colombard en Gascogne. VIe Congrès
International des terroirs viticoles 2006.
European Environment Agency (EEA), 2004. Impacts of Europe's changing climate, An
indicator-based assessment. Luxembourg: Office for Official Publications of the European
Communities 107 pp.
Fournand, D., Vicens, A., Sidhoum, L., Souquet, J.M., Moutounet, M., Cheynier, V., 2006.
Accumulation and Extractability of Grape Skin Tannins and Anthocyanins at Different
Advanced Physiological Stages. J. Agric. Food Chem, 54, 7331-7338
Friis-Christensen, E., Lassen, K., 1991. Length of the Solar Cycle: An indicator of Solar
Activity Closely Associated with Climate. Science, New Series, Vol. 254, no 5032, pp. 698700.
Ganichot B., 2002. Évolution de la date des vendanges dans les Côtes-du-Rhône
méridionales. Proceedings of the 6th Rencontres rhodaniennes, Orange, France, Institut
Rhodanien Editor, pp. 38- 41.
García de Cortázar Atauri, I., Brisson, N., Jacquet O., Payan, J.C., Claverie, M., Salançon, E.,
Fournioux, J.C., Monamy, C., le Sueur, D., Barbeau, G., Bottois, N., Dumot, V., Gaudillere,
J.P., Goutouly, J.P., Agut, C., Rodriguez-Lovelle, B., Ramel, J.P., Huard, F., Ripoche, D., M.,
L., Seguin, B., 2007. Evaluation of the impacts of the climatic change in the various vineyards
of France using the crop model STICS-grapevine Changement climatique et vigne, Saragosse,
Espagne, pp. 10-17.
GIEC, 2007 : Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des Groupes de travail I,
II et III au quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat [Équipe de rédaction principale, Pachauri, R.K. et Reisinger, A. (publié
sous la direction de~)]. GIEC, Genève, Suisse,103 pages.
Goutouly J.P. 2009. Impacts du changement climatique sur la vigne et le raisin. Revue
Française d’Oenologie, bimestriel Nr 235 avril/mai, pp 23 – 25.
Institut Français de la Vigne et du Vin – INRA – Montpellier Supagro – VINIFLHOR.
Catalogue des variétes de clones de vigne cultivés en France. 2ieme édition. Editeur : Institute
français de la Vigne et du Vin (ENTAV – ITV France). 2007. 455p.
79
IPCC, 2007: The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Fourth
Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [Solomon, S., D. Qin,
M. Manning, Z. Chen, M. Marquis, K.B. Averyt, M.Tignor and H.L. Miller (eds.)].
Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom and New York, NY, USA.
Jackson, R.S., 2008. Winescience, Third Edition. 751 pages.
Jacquet, A., Morlat, R., 1998, Caractérisation de la variabilité climatique des terroirs viticoles
en Val de Loire. Influence du paysage et des facteurs physiques du milieu, Agronomie, 17,
pp. 465-480
Jones, G. V. & Davis, R. E. (2000). Climate influences on grapevine phenology, grape
composition, and wine production and quality for Bordeaux, France. American Journal of
Enology and Viticulture, 51(3).
Jones, G.V., White, M.A., Cooper, O.R., and Storchmann, K., (2005). Climate Change and
Global Wine Quality. Climatic Change, 73(3): 319-343.
Jourjon, F., Morlat, R., Seguin, G., 1992. Développement de la vigne et maturation du raisin
dans différents terroirs viticoles de la Moyenne Vallée de la Loire. Journal International des
Sciences de la Vigne et du Vin, 2, 51-62.
Haselgrove, L., Botting, D., Van Heeswijck, R., Dry, P.R., Ford, C., Iland, P.G., 2000.
Canopy microclimate and berry composition: The effect of bunch exposure on the phenolic
composition of Vitis vinifera L cv. Shiraz grape berries. Australian Journal of Grape and
Wine Research 6, 141–149.
Hunter, J.J., De Villiers, O.T., Watts, J.E., 1991. The Effect of Partial Defoliation on Quality
Characteristics of Vitis vinifera L. cv. Cabernet Sauvignon Grapes. II. Skin Color, Skin
Sugar, and Wine Quality. Am. J. Enol. Vitic., Vol. 42, No. 1, 1991
Hunter, J.J., 1998. Plant spacing implications for grafted grapevine. II. Soil water, plant water
relations, canopy physiology, vegetative and reproductive characteristics, grape composition,
wine quality and labour requirements. South African Journal for Enology and Viticulture, 19.
Kennedy, J.A., Matthews, M.A., Waterhouse, A.L., 2000. Changes in grape seed polyphenols
during fruit ripening. Phytochemistry 55 ; 77 – 85
Kennedy, J.A., Cortell, J.M., 2006. Effect of shading on accumulation of flavonoid
compounds in (Vitis Vinifera L.) Pinot noir fruit and extraction in a model system. J. Agric.
Food Chem. Vol 54, 8510-8520
Kliewer W.M. 1964. Influence of Environment on Metabolism of Organic Acids and
Carbohydrates in Vitis Vinifera. I. Plant physiology Vol. 39 No. 6, 869-880.
Kliewer, W.M., Lakso A.N., 1975. The influence of temperature on malic acid metabolism in
grape berries. Plant physiologie, Vol 56, 370-372.
80
Lean, J., Beer, J., Bradley, R., 1995. Reconstruction of solar irradiance since 1610:
Implications for climate change. Geophysical Research Letters. Volume 22, no 23, pp 31953198.
Linn, D.M., Doran, J.W., 1984. Effect of Water-Filled Pore Space on Carbon Dioxide and
Nitrous Oxide Production in Tilled and Nontilled Soils. Soil Science American Journal Vol
38. 1267-1272.
Matthews M.A. et Anderson M.M., 1988. Fruit Ripening in Vitis vinifera L.:Responses to
seasonal water deficits. American Journal of Enology and Viticulture, Vol 39, no 4, 313-320.
Moisselin J.M., Schneider M., Canellas C., Mestre O., 2002. Les changements climatiques en
France au XXe siècle. Étude de longues séries homogénéisées de données de température et
de précipitations. La Météorologie 38, 45–56.
Moisselin J.M., Dubuisson, B., 2006. Evolution des valeurs extrêmes de température et de
précipitations au cours du XX siècle en France. La Météorologie 54, 33–42.
Morlat, R., 1989. Le terroir viticole: contribution à l'étude de sa caractérisation et de son
influence sur les vins. Application aux vignobles rouges de moyenne vallée de la Loire. UER
institut d'oeunologie. Université de Bordeaux II, Bordeaux, pp. 290.
Morlat, R., Penavayre, M., Jacquet, A., Asselin, C., Lemaitre, C., 1992. The effects of soils on
water status and photosynthesis of grapevines during an exceptionally dry year (1990).
Effects on grape ripening. Journal International des Sciences de la Vigne et du Vin, 26
Morlat, R., 1996. Eléments importants d’une méthodologie de caractérisation des facteurs
naturels du terroir, en relation avec la réponse de la vigne à travers les vin. Actes du 1 er
colloque international « les terroirs viticoles », Angers, France : 17-31.
Morlat, R., 2001. Le Terroir viticole : de la recherche à la valorisation par le vigneron.
Formation Terroirs viticoles.
Morlat, R., Bodin, F., 2006. Characterization of viticultural terroirs using a simple field model
based on soil depth. I. Validation of the water supply regime, phenology and vine vigour, in
the Anjou vineyard (France). Plant and Soil, Vol. 281, Numb. 1-2, 37-54.
Morlat, R., Bodin, F., 2006. Characterization of viticultural terroirs using a simple field model
based on soil depth. II. Validation of the grape yield and berry quality in the Anjou vineyard
(France). Plant and Soil, Vol. 281, Numb. 1-2, 55-69.
Ojeda H, Andary C, Kraeva E, Carbonneau A, Deloire A, 2002. Influence of Pre- and
Postveraison Water Deficit on Synthesis and Concentration of Skin Phenolic Compounds
during Berry Growth of Vitis vinifera cv. Shiraz. American Journal of Enology and
Viticulture, 53:4, 261-267
Ribéreau-Gayon, P., Dubourdieu, D., Donèche, B. Lonvaud, A., 2006. Handbook of Enology
Volume 1, The Microbiology of Wine and Vinifications 2nd Edition. 493 pages.
81
Roby, G., Harbertson, J.F. Adams, D.A., Matthews, M.A., 2004. Berry size and vine water
deficits as factors in winegrape composition: Anthocyanins and tannins. Australian Journal of
Grape and Wine Research 10, 100–107.
Schultz, H. R., 2000. Climate change and viticulture: a European perspective on climatology,
carbon dioxide, and UV-B effects, Aust. J. Grape and Wine Res. 6, 2-12
Seguin B, 2003. Adaptation des systèmes de production agricole au changement climatique.
C. R. Geoscience 335 ; 569–575
Seguin, B., Bellia, S., Douguédroit, A., 2007. Impact du réchauffement sur les étapes
phénologiques du développement du Grenache et de la Syrah dans les Côtes du Rhône et les
Côtes de Provence (1976-2000) Réchauffement climatique, quels impacts probables sur les
vignobles ? Colloque. Dijon-Beaune, 28-30 mars 2007)
Seguin B, 2009. Le Changement Climatique : Etat des connaissances et première approche
des conséquences pour la viticulture. Revue Française d’œnologie, bimestriel no 235,
avril/mai, pp 2-9.
Smart, R.E., 1985. Principales of Grapevine Canopy Microclimate. Manipulation with
Implications for Yield and Qaulity. A Review. Am. J. Enol. Vitic., Vol 36, No 3, 230-239.
Smart, R.E., 1988. Shoot spacing and canopy light microclimat. Am. J. Enol. Vitic., Vol 39,
No 4, 325-333.
Spayd, S.E., Tarara, J.M., Mee, D.L., Ferguson, J.C., 2002. Separation of Sunlight and
Temperature Effects on the Composition of Vitis vinifera cv. Merlot Berries. Am. J. Enol.
Vitic. 53:3, 171-182.
SRES, 2000., Emission Scenarios. Summary of policymakers. A Special Report of
Intergovernmental Panel on Climate Change Working group III. 27pp.
Tesic, D., 2001. Environmental effects on cv Cabernet Sauvignon (Vitis vinifera L.) grown in
Hawke's Bay, New Zealand Philosophy in plant science. Massey University, Palmerston
North (New Zealand), pp. 278.
Tesic, D., Woolley, D.J., Hewett, E.W., Martin, D.J., 2001. Environmental effects on cv
Cabernet Sauvignon (Vitis vinifera L.) grown in Hawke’s Bay, New Zealand. 1. Phenology
and characterisation of viticultural environments. Australian Journal of Grape and Wine
Research 8, 15–26.
Tesic, D., Barbeau, G., 2004. Evaluation of the site index model for viticulture zoning.
Congres zonage viticole GESCO, Cape Town, South Africa, 15-19 novembre, pp. 35-42.
Tonietto, J., 1999. Les microclimats viticoles mondiaux et l’influence du mesoclimat sur la
typicité de la Syrah et du Muscat de Hambourg dans le sud de la France. Thèse pour obtenir le
grade de Docteur de l’Institut national Agronomique Montpellier.
82
Vaudour, E., Deloire, A., Carey, V., Bonnardot, V., Van Leeuwen, C., 2005. Grapevine
response to Terroir : A Global Approach, Les réponses de la vigne au Terroir : Une approche
globale. J. Int. J. Int. Sci. Vigne Vin, 39 (4), 149-162
Van Leeuwen, C., Tregoat, O., Chone, X., Jaeck, M.E., Rabusseau, S., Gaudillere, J.P., 2003.
Assessment of vine water uptake conditions and its influence on fruit ripening. Bulletin de
l'OIV, 76. n° 867-868, pp. 367-378.
Van Leeuwen, C., Friant, P., Xavier, C., Tregoat, O., Koundouras, S., Dubourdieu, D., 2004.
Influence of Climate, Soil, and Cultivar on Terroir. American Journal of Enology and
Viticulture, 55 (3). 207-217.
Van Leeuwen, C., Garnier, C., Agut, C., Baculat, B., Barbeau, G., et al., 2008. Heat
requirements for grapevine varieties is essentiel information to adapt plant material in a
changing climate. VII Internation terroir Congress.
Van Leeuwen, C., Bois, B., Cellie, N., Tregoat, O., Roby, J.P., 2009. Les modifications de
l’expression du terroir induits par le changements climatique necessitent une adaptation du
materiell vegetal et des techniques viticoles. Revue Française d’œnologie, bimestriel no 235,
avril/mai, pg 10-14.
83
ANNEXES
Annexe A
Figure 13 : Carte des AOC du Val de Loire (Sources : http://www. vinsdeloire.fr/vins_vdl/) ainsi que les 12 stations météo :
Station Automatique :
Nantes
Ancenis
Station Automatique :
Saumur
Montreuil-Bellay
Beaucouzé
Avrillé
Station Automatique :
Tours
Châteauroux
Romorantin
Blois
Station Automatique :
Orléans
Bourges
84
Annexe B
Figure 14 : Augmentation de la température minimale et maximale en France au cours du
XXIème siècle. (Météo France)
85
Annexe C
Table 12 : Evolution des températures moyennes, minimales et maximales (°C) par année et
d’avril à septembre à Nantes, Beaucouzé, Saumur et Tours. (Source : Météo France)
Température
Moy. annuelle
Min. annuelle
Max. annuelle
Moy. avril-sept
Min. avril-sept.
Max. avril-sept.
Nantes (1950-2008)
Evolution Pr > F
+1.30
0.003
+1.50
<0.0001
+1.00
0.002
+1.30
0.000
+1.50
<0.0001
+1.10
0.023
Beaucouzé (1950-2008)
Evolution
Pr > F
+1.6
<0.0001
+1.8
<0.0001
+1.4
<0.0001
+1.6
<0.0001
+1.7
<0.0001
+1.6
0.0001
Saumur (1951-2008)
Evolution
Pr > F
+1.4
0.006
+1.2
<0.0001
+1.5
0.002
+1.3
0.001
+1.1
0.000
+1.6
0.006
Tours (1950-2008)
Evolution Pr > F
+1.14
0.003
+1.15
<0.0001
+1.13
0.008
+1.0
0.004
+0.8
0.006
+1.3
0.009
Table 13 : Evolution des températures moyennes, minimales et maximales (°C) par année et
d’avril à septembre à Romorantin, Châteauroux, Bourges et Orléans. (Source : Météo France)
Température
Moy. annuelle
Min. annuelle
Max. annuelle
Moy. avril-sept.
Min. avril-sept.
Max. avril-sept.
Romorantin (19532008)
Evolution
Pr > F
+1
0.004
+0.6
0.053
+1.4
0.003
+1.1
0.004
+0.5
0.144
+1.6
0.002
Châteauroux (1950-2008)
Evolution
+1.4
+1.2
+1.6
+1.5
+1.3
+1.7
Pr > F
<0.0001
<0.0001
<0.0001
0.000
<0.0001
0.001
Bourges (1950-2008)
Orléans (1950-2008)
Evolution
+1.3
+1.3
+1.2
+1.3
+1.3
+1.3
Evolution
+1.4
+1.4
+1.4
+1.4
+1.2
+1.6
Pr > F
0.006
<0.0001
0.004
0.001
<0.0001
0.008
86
Pr > F
<0.0001
<0.0001
<0.0001
<0.0001
<0.0001
0.001
Annexe D
Table 14 : Evolution de la pluviométrie annuelle, d’avril à septembre et par saison à Nantes,
Avrillé, Saumur et Tours. (Source : Météo France)
La pluviométrie
Annuelle 1950 - 2008
avril - sept. 1950 - 2008
mars - mai 1950 -2008
juin - août 1950 - 2008
sep - nov. 1950 - 2008
déc. - fév. 1950 - 2008
Nantes
Pr > F
0.970
0.343
0.254
0.125
0.886
0.795
Avrillé
Pr > F
0.003
0.061
0.038
0.461
0.159
0.049
Saumur
Pr > F
0.104
0.571
0.104
0.494
0.273
0.297
Tours
Pr > F
0.652
0.484
0.751
0.311
0.451
0.431
Table 15 : Evolution de la pluviométrie annuelle, d’avril à septembre et par saison à Blois,
Châteauroux et Bourges de 1950 à 2008 (Source : Météo France)
La pluviométrie
Annuelle 1950 - 2008
avril - sept. 1950 - 2008
mars - mai 1950 -2008
juin - août 1950 - 2008
sept. - nov. 1950 - 2008
déc. - fév. 1950 - 2008
Blois
Pr > F
0.676
0.626
0.687
0.811
0.609
0.651
Châteauroux
Pr > F
0.798
0.428
0.474
0.969
0.511
0.334
Bourges
Pr > F
0.225
0.281
0.091
0.745
0.481
0.888
Table 16 : Indice de « dry spell » et fréquence des pluies supérieures à 10mm et 20mm à
Montreuil-Bellay depuis 1976. (Source : UEVV d’Angers)
Pluviométrie
Indice de "dry spell"
1976 - 2009
avril-sept.
Montreuil-Bellay
NS.
(Pluie < 1mm)
avril
NS.
mai
NS.
juin
NS.
juillet
NS.
août
NS.
septembre
NS.
Pluie > 10mm
avril-sept.
NS.
Pluie > 20mm
avril-sept.
NS.
87
Annexe E
Evolution de la teneur en sucre des 6 cépages
principaux cultivés dans le Val de Loire depuis 1980
MUSCADET
(Melon B)
Teneur en sucre (g/L)
260.00
240.00
ANJOU
(Grolleau N)
220.00
200.00
SAUMUR
(Gamay B)
180.00
160.00
CHINON
(Cabernet F)
140.00
120.00
TOURAINE
(Chenin B)
100.00
1980
1984
1988
1992
1996
2000
2004
2008
Année
SANCERRE
(Sauvignon B)
Figure 15 : Evolution de la teneur en sucre (g/L) des six cépages principaux cultivés dans le
Val de Loire de 1981 à 2009. (Source : CA 44, GDDV 49, Laboratoire de Touraine 37,
SICAVAC 18). (Melon R2 = 0.08 ; Grolleau R2 = 0.44 ; Gamay R2 = 0.36 ; Cabernet franc R2
= 0.59 ; Chenin R2 = 0.29 ; Sauvignon blanc R2 = 0.43).
Evolution de l'acidité totale (g/L) des 6 cépages
principaux cultivés dans le Val de Loire depuis 1980
Acidité totale (g/L)
11.00
MUSCADET
(Melon B)
9.00
ANJOU
(Grolleau N)
7.00
SAUMUR
(Gamay B)
5.00
3.00
CHINON
(Cabernet F)
1.00
TOURAINE
(Chenin B)
1980
1984
1988
1992
1996
Année
2000
2004
2008
SANCERRE
(Sauvignon B)
Figure 16 : Evolution de l’acidité totale (g/L) des six cépages principaux cultivés dans le Val
de Loire de 1981 à 2009. (Source : CA 44, GDDV 49, Laboratoire de Touraine 37, SICAVAC
18). (Melon R2 = 0.09 ; Grolleau R2 = 0.32 ; Gamay R2 = 0.39 ; Cabernet franc R2 = 0.39 ;
Chenin R2 = 0.45 ; Sauvignon blanc R2 = 0.25).
88
Annexe F
Table 17 : Evolution de la teneur en sucre et de l’acidité totale de plusieurs cépages cultivés
dans le Val de Loire. (Source : CA 44 ; GDDV 49 ; Laboratoire de Touraine)
Région
Commune
Cépage
Muscadet
Le Landreau
Melon
Bouaye
Melon
Loroux Bottereau
Melon
Anjou
Brissac
Beaulieu
Rochefort-surLoire
St Aubin de
Luigné
Tigné
Blaison-Gohier
Martigné Briand
Juigné-sur-Loire
Blaison-Gohier
Brissac
Martigné Briand
Pommeraye
Saumur
Puy de notre dame
Montreuil-Bellay
Montreuil-Bellay
Verrains
Montreuil-Bellay
Leméré
Leméré
Bourgueil
Restigné 3
Restigné 4
Sauvignon
blanc
Chenin
blanc
Chenin
blanc
Chenin
blanc
Grolleau
noir
Grolleau
noir
Grolleau
noir
Cabernet
franc
Cabernet
franc
Cabernet
franc
Cabernet
franc
Gamay
Chenin
blanc
Grolleau
noir
Série
19862009
19862010
19862011
19812009
19812009
19812009
19812009
19812009
19812009
19812009
19812009
19812009
19812009
19812009
19812009
Cabernet
franc
Cabernet
franc
Sauvignon
blanc
Grolleau
noir
19812009
19812009
19812009
19812009
19812009
19722004
19702004
Cabernet
franc
Cabernet
19702009
1970-
Gamay
Teneur en
sucre
Degré
d'alcool
Pr > F
Acidité
totale
Pr > F
+25.1
+1.5
0.070
-1.5
0.020
+30.9
+1.8
0.016
-0.9
0.347
-
-
-
-1.7
0.025
+37.4
+2.2
0.001
-1.2
0.038
+37.2
+2.2
0.002
-2.1
0.011
+23.8
+1.4
0.038
-2.0
0.002
+34.2
+2.0
0.001
-2.0
0.002
+41.9
+2.5
< 0,0001
-2.4
0.004
+33.6
+2.0
0.005
-1.6
0.030
+28.6
+1.7
0.005
-2.0
0.018
+39.6
+2.4
0.000
-1.7
0.017
+43.9
+2.6
0.001
-2.0
0.012
+37.5
+2.2
0.001
-2.4
0.000
+32.4
+1.9
0.003
-2.0
0.017
+39.2
+2.3
0.001
-1.1
0.048
+29.4
+1.8
0.014
-3.2
< 0,0001
+51.6
+3.1
0.000
-2.2
0.004
+46.0
+2.7
0.001
-2.7
0.000
+45.2
+2.7
< 0,0001
-1.4
0.028
+56.2
+3.3
< 0,0002
-1.7
0.026
+59.0
+3.5
< 0,0001
-3.6
0.001
+22.6
+1.3
0.051
-3.9
< 0,0001
+41.8
+2.5
< 0,0001
-2.4
0.001
+34.5
+2.1
0.000
-2.5
0.000
89
St Nicolas de
Bourgueil
Ingrandes
Chinon
Beaumont-enVeron
Savigny-en-Veron
Chinon
Ligré
Touraine
St Martin le Beau
Cangey
Vouvray
Montlouis 112
Montlouis 113
St Martin le Beau
Rochecorbon
Chargé
franc
Cabernet
franc
Cabernet
franc
Cabernet
franc
Cabernet
franc
Cabernet
franc
Cabernet
franc
2009
19702009
19702009
19702009
19702009
19702009
19702009
Sauvignon
blanc
Sauvignon
blanc
Chenin
blanc
Chenin
blanc
Chenin
blanc
Chenin
blanc
Chenin
blanc
Chenin
blanc
19702009
19802008
19812009
19812009
19812009
19812009
19702009
19702009
19812009
19812009
19812008
19702002
19812009
Azay le Rideau
Gamay
Limeray
Gamay
Cangey
Gamay
Chargé
Gamay
Azay le Rideau
Grolleau
+42.3
+2.5
< 0,0001
-2.6
0.000
+32.7
+1.9
0.001
-2.5
0.000
+33.9
+2.0
0.001
-2.0
0.001
+50.8
+3.0
< 0,0001
-3.0
< 0,0001
+65.0
+3.9
< 0,0001
-2.9
< 0,0001
+54.0
+3.2
< 0,0001
2.5
0.000
+44.9
+2.7
0.001
-5.0
0.001
+51.8
+3.1
< 0,0001
-2.5
0.007
+36.5
+2.2
0.005
-3.0
0.000
+47.2
+2.8
0.000
-3.4
0.001
+39.2
+2.3
0.001
-3.3
0.001
+42.1
+2.5
0.001
-2.6
0.016
+40.1
+2.4
0.001
-4.2
0.001
+64.4
+3.8
< 0,0001
-4.4
< 0,0001
+60.7
+3.6
< 0,0001
-2.7
< 0,0001
+40.2
+2.4
< 0,0001
-2.0
< 0,0001
+39.8
+2.4
< 0,0001
-2.0
0.000
+21.8
+1.3
0.034
-2.1
0.028
+44.0
+2.6
0.000
-3.0
0.000
90
91
1
Téléchargement