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Au XVIème siècle :
Catherine de Médicis et la Saint-Barthélémy
Créé par Muriel Langbour
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Au XVIème siècle : Catherine de Médicis et la Saint-Barthélémy
Voix-off
« Catherine de Médicis est l’image même de la reine félonne et dévoyée. Le crime le plus abominable, qu’on
attribue à Catherine de Médicis, est le massacre de la Saint Barthélémy, le 24 aout 1572. On raconte que la
reine a attiré à Paris toute la noblesse protestante pour assister au mariage de sa fille Margot avec un
protestant, Henri de Navarre, futur Henri IV. Avec la complicité du Duc de Guise, un chef catholique, elle
organise méthodiquement la tuerie. Catherine de Médicis exige la tête de Coligny, le chef protestant. Et le
fait assassiner. Partout dans Paris, tout ce qui est protestant, hommes, femmes, enfants, doit disparaître.
Catherine de Médicis vérifie de ses propres yeux que le travail a été bien fait. »
Loïc Joffredo, historien
« Il y a un tableau sur lequel est représenté Catherine de Médicis. Il s’agit de « La Nuit de la Saint
Barthélémy » qui a été peint par François Dubois, un protestant, réfugié à Genève immédiatement après les
évènements du 24 aout 1572. Ce tableau est un véritable cauchemar, comme vous pouvez le constater. Et
devant le château du Louvre, emblème du pouvoir central, on la représente, ici même, d’une taille
vraisemblablement beaucoup plus élevée que celle qu’elle avait à cette époque, contemplant un monceau
de cadavres des huguenots qui ont été massacrés par las catholiques à cette occasion. Et, ici, on désigne
clairement la reine mère comme étant l’une des responsables de ce massacre de la Saint Barthélémy. »
Voix-off
« C’est ici, à Poissy-sur-Seine, à l’ouest de Paris, que l’on peut retrouver les traces d’une initiative
courageuse de Catherine de Médicis en faveur de la paix civile et religieuse. C’est le colloque de Poissy, qui
réunit catholiques et protestants. »
Paul Lienhardt, Pasteur
« C’était, pour la reine Catherine, une tentative désespérée de trouver un compromis entre les deux parties.
Il n’était plus possible d’envisager une solution par la répression. »
Voix-off
« De l’abbaye de Poissy, il ne reste plus que ce champs et du colloque, une gravure. »
Paul Lienhardt, Pasteur
« Nous avons, bien sûr, sous un dais, à la place d’honneur, la reine qui préside et le jeune roi, Charles IX.
Nous avons là, le cardinal de Lorraine qui est le chef de la partie catholique et, du côté de la partie
protestante, vous avez une délégation de douze ministres avec à leur tête Théodore de Bèze. Le colloque
échouera à cause de l’intransigeance des deux principaux interlocuteurs, Théodore de Bèze et le cardinal de
Lorraine. La reine ne se décourage pas. Elle continue de jouer ce jeu de bascules, de favoriser à la fois les
deux parties. Après l’échec du colloque, elle a fait le célèbre édit de Janvier, qui donne pour la première fois
aux protestants, le droit d’exercice du culte. Bien sûr, avec beaucoup de restrictions, dans des conditions
limitées. Mais, c’est une première. »
Voix-off
« Dix ans plus tard, c’est à Paris que l’on retrouve Catherine de Médicis, au cœur de ce qui demeure un des
épisodes les plus dramatiques des guerres de religion. Tout commence le 18 aout, par un mariage. Celui de
la fille de Catherine, la reine Margot, avec un prince protestant, Henri de Navarre. »
Janine Garrisson, historienne
« Ce mariage est un mariage pacificateur, un mariage qui voulait faire régner la paix, entre protestants et
catholiques. »
Créé par Muriel Langbour
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Voix-off
« Mais, quatre jours après le mariage, c’est la massacre de la Saint Barthélémy. Le carnage des protestants
commence lorsque les cloches de l’église Saint Germain l’Auxerrois sonnent le tocsin. »
Janine Garrisson, historienne
« Nous sommes, ici, dans la fameuse cour carrée de Louvre. C’est ici que s’est déroulée l’exécution des
chefs huguenots, venus entourer Henri de Navarre pour son mariage. Beaucoup dormaient dans des
chambres au côté du roi. Ils ont été, donc, tirés par les gardes royaux, poursuivis à travers les couloirs,
menés ici et exécutés à l’arme blanche. Il doit y avoir 30 ou 40 gentilshommes qui sont morts de cette
manière, tout à fait terrible. »
Voix-off
« Ce massacre, qui a fait environ 2 000 victimes à Paris, devient, avec l’avènement de la République,
l’exemple même des violences de l’ancien régime. »
Janine Garrisson, historienne
« La Saint Barthélémy, qui n’a été voulue… qui en a pas voulu… qui a été un accident de parcours dans sa
politique, a provoqué une crise telle qu’elle a relancée les guerres civiles de plus belle. »
Voix-off
« Quelques mois après la Saint Barthélémy, Charles IX meurt. Et le troisième fils de Catherine, Henri III,
monte sur le trône. La reine mère a 70 ans. Ici, à Blois, un autre crime va être commis, cette fois-ci contre le
parti catholique. On soupçonne, une fois encore, Catherine de Médicis d’être la responsable du meurtre. »
Bruno Guignard, animateur du Patrimoine du Château de Blois
« Tout ce que nous avons, comme représentation du XVIème siècle, est imaginée. Les témoins du drame
n’ont parlé que bien après. Et c’est à partir de ces témoignages qu’on peut reconstituer la scène. Ce très
célèbre tableau peint par Paul Delaroche en 1833, représente ce qui s’est passé le matin du 23 décembre
1588 au château de Blois. C’est à dire, l’exécution du duc de Guise. Henri III vient constater la mort de son
rival exécuté par les spadassins, les gardes personnels du roi, dans l’appartement même d’Henri III. Dans
tout cela, Catherine de Médicis est singulièrement absente. Henri III ne l’a absolument pas avertie, même
pas consulter. Ce qui, d’ailleurs, va beaucoup vexer la reine mère et qui voit, en fait, le danger que
représente cette exécution. Car, ce n’est pas parce qu’on supprime le duc de Guise et son frère, le cardinal
de Guise, le lendemain, que les problèmes sont pour autant résolus. Et Catherine de Médicis aura, paraît-il
ce mot : « C’est bien coupé mon fils, maintenant, il faut recoudre ! » »
Voix-off
« A Blois, Catherine de Médicis s’éteint le 5 janvier 1589. »
Ivan Cloulas, historien
« Elle a voulu être une reine, une France, qu’elle aurait en quelque sorte convertie à la paix. Elle a voulu,
tout le temps, faire la paix entre les antagonistes, qui eux étaient absolument dressés les uns contre les
autres, les armes à la main, catholiques, protestants, mais aussi au sein de la famille royale.
Malheureusement, elle a été obligée, elle aussi, d’employer l’arme, l’arme de la guerre, l’arme de la
négociation. C’est une femme qui s’est accrochée de toutes ses forces pour rendre à la France une place de
premier plan, dans l’ensemble de l’Europe, même, on pourrait dire, dans l’ensemble du monde. Et tout cela,
dans une époque où elle n’avait pas les moyens de le faire. Elle s’est battue contre l’impossible. »
Voix-off
« De Catherine de Médicis, célébrée comme une grande reine par ses contemporains, ne se perpétue,
pourtant, aujourd’hui encore, que l’image déformée d’une souveraine machiavélique. »
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