Vraisemblance et fiction de l`imagerie des Médicis au XVIe siècle

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Gaylord BROUHOT, doctorant à Paris 1
Vraisemblance et fiction de l’imagerie des Médicis au XVI
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siècle :
les enjeux politiques et culturels de l’invention du portrait du costume
L
es portraits des premiers princes Médicis, peints de 1537 à 1590, constituent un
vaste domaine de recherche qui a suscité l’intérêt de nombreux historiens de l’art, de la
société et de la culture de Florence. Ces dernières années, leurs études ont évolué vers une
approche politique privilégiant, d’un côté, l’invention artistique et, de l’autre, les
intentions programmatiques à l’origine de la création d’un « portrait d’État médicéen ».
Privilégiant le symbolisme et l’iconologie, ces réflexions délaissent une facette de
l’élaboration plastique de ces images du pouvoir : l’invention d’une vêture peinte
emblématique des Médicis.
La question du costume peint des Médicis suppose d’étudier la part d’objectivité et de
fidélité vestimentaires intégrées par l’artiste au sein de sa création. Cette réflexion est
fondamentale dans la mise en évidence des enjeux politiques et culturels de l’imagerie
médicéenne : elle conforte la perception de plusieurs théoriciens de la Renaissance (Léon
Batista Alberti, Balthazar Castiglione, Ludovico Dolce) qui présentent la peinture comme
la seule forme d’art adaptée au rendu de la subtilité matérielle des étoffes ; elle dévoile les
outils visuels employés par une dynastie de banquiers et de marchands dont le mode de
pouvoir était guidé par un désir degitimisation princière ; enfin, elle manifeste une
célébration intentionnelle des étoffes tissées à Florence, capitale textile depuis le XIIe
siècle, dont la production était favorisée par les mesures législatives et économiques prises
par la famille Médicis et dont la renommée internationale servait la promotion des intérêts
médicéens.
Quand bien même certains costumes peints affichent une image vraisemblable des matières,
ils dévoilent aussi une manipulation de l’apparence, inhérente au statut médiatique imparti
au portrait par la société princière de la Renaissance : diffuser et célébrer l’image des
personnalités les plus éminentes. Cette reconnaissance publique étant une démarche
primordiale pour accéder au rang social qu’ils convoitaient, la famille Médicis imposa
certaines exigences aux peintres chargés de les représenter afin d’exhiber une apparence
respectueuse de l’étiquette princière : idéalisation de la silhouette vestimentaire,
reproduction embellie de vêtements et création picturale de textiles.
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Cette approche parallèle de la représentation matérielle et de la fiction de l’apparence
permettra de mettre en évidence les différents outils et méthodes de recherche dont dispose
l’historien d’Art pour aborder une question polémique telle que la notion de vraisemblance
dans les portraits de la Renaissance. Grâce à une confrontation de sources d’information
multiples (inventaires de garde-robe, écrits épistolaires, articles du costume existants,
archives financières…), elle visera à préciser les contours d’un concept destiné à l’analyse
artistique, en révélant l’existence d’un portrait du costume au sein des portraits Médicis,
destiné à présenter les membres de la dynastie comme des ambassadeurs culturels et des
émissaires politiques afin de soutenir l’instauration de la première monarchie princière sur
l’État de Toscane.
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