
des  instructions  détaillées  à  ses  propres  intendants.  «Il  y  aura 
toujours auprès des écuries de nos fermes principales au moins cent 
poules et  trente oies.  S’il y  a des  poules ou des  oeufs en trop,  vous 
aurez soin de les faire vendre. On doit veiller, édicte-t-il également, à 
ce qu'il y ait dans les jardins toutes espèces de plantes: des lys, des 
roses  (pour  les  décorations  florales  des  tables,  toujours  très 
pratiquées), de la sauge, des concombres, des melons, des citrouilles, 
des  pois  chiches d’Italie,  du  romarin,  de  l’anis,  de  la  coloquinte,  des 
laitues,  du  persil,  de  la  chicorée,  de  la  menthe,  des  pavots,  des 
betteraves, des choux (que l’on ne sait pas encore faire pommer), des 
mauves, des radis, des fèves, des oignons, de l’ail, du cerfeuil. Dans les 
vergers:  pommiers  (de  multiples  espèces  déjà)  et  poiriers.  Des 
châtaigniers (dont le bois sert si bien à la confection des tonneaux), 
des  amandiers,  des  pêchers  (encore  rares  et  peu  productifs),  des 
cognassiers (on  tire  des  coings un jus  de  dessert), des  lauriers,  des 
mûriers,  des  noyers,  des  figuiers,  des  cerisiers.»  Cette  longue 
nomenclature  nous  est  précieuse  pour  connaître  les  produits 
alimentaires de l’époque. 
Pendant la Renaissance, la gamme des produits s’élargit avec la 
découverte du nouveau monde. Francis  Pizarro, conquistador espagnol, 
grâce à ses voyages répétés, ramènera des produits tels que le maïs, le 
topinambour, la tomate, le  piment, le  haricot, le  poivron, la  citrouille, 
l’arrow-root,  le  manioc  (tapioca),  la  pomme  de  terre  (cette  dernière 
sans succès, puisqu’on cherchera à la panifier).  
L’influence  italienne  surtout  va  bouleverser  la  cuisine  française. 
Henri d’Orléans (Henri II) épouse l’italienne Catherine de Médicis. La 
jeune princesse florentine n’apporte pas seulement avec elle sa grâce 
juvénile  et  sa  délicatesse  de  propos,  mais  aussi  un  fabuleux  appétit! 
Dans sa corbeille de mariage, outre le haricot que le pape Clément VII, 
qui le tient des Indes occidentales, y a fait glisser par Alexandre de 
Médicis, frère aîné de la jeune fiancée, se dissimulent aussi le lardoir 
et  ces  «  vraies  »  pâtes  d’Italie  que  l’on  va  apprendre  à  gratiner  au 
fromage. Ce n’est pas tout : avec sa suite de nobles florentins dont l’un