Gaby CHARROUX
Député des Bouches-du-Rhône
Pt org programmation et gouvernance des finances publiques
mercredi 10 octobre 2012 – 1ère séance
Explication de vote
Monsieur le président, monsieur le ministre de l’économie et des finances, chers collègues,
nous achevons le débat sur ce projet de loi organique avec le sentiment que l’austérité sera
malheureusement au rendez-vous budgétaire.
Avec le traité, puis avec ce texte organique, nous ne définissons pas des règles temporaires
afin de «redresser la situation» : nous faisons le choix de nous enfermer pour une longue
période dans un carcan budgétaire qui n’aura pour effet que de briser l’activité et d’interdire
les politiques propres à relancer l’économie et à créer des emplois.
Ce projet de loi organique ne propose que de définir des procédures. Ce n’est pourtant pas un
texte technique.
Certes, il n’est pas question de «règle d’or» et le texte peut sembler apporter des éléments de
souplesse. Il ne faut pourtant pas se méprendre sur sa portée. Il va très certainement corseter
la discussion budgétaire. Il ne comporte en effet, comme le soulignait le ministre lui-même,
«aucune échappatoire» aux règles aberrantes mais très strictes formulées par le traité.
Ce texte organique exige que l’ensemble des administrations publiques, y compris la Sécurité
sociale et les collectivités territoriales, présentent une situation budgétaire en équilibre ou en
excédent. Il prévoit même d’encadrer le recours à l’emprunt.
Cette logique comptable est un non-sens économique. De même qu’il est dangereux de se
fixer pour objectif la norme arbitraire de 3 % de déficit alors que tous les indicateurs
économiques sont dans le rouge, tous les économistes ou presque le disent, de même il est
économiquement dangereux de vouloir un objectif d’équilibre s’appliquant de manière
uniforme à l’ensemble des administrations publiques, sans tenir compte de leurs spécificités ni
du contexte économique et social dans lequel s’inscrit leur action.
L’argument selon lequel il nous sera heureusement possible de tenir compte de la conjoncture
et de dévier de la trajectoire en fonction de circonstances exceptionnelles me paraît illusoire.
C’est la Commission européenne qui définira les règles du jeu et elle n’a jamais fait preuve,
nous le savons, de particulièrement de souplesse. En toile de fond de ce texte figurent en effet
les pouvoirs contraignants dont dispose désormais la Commission pour imposer ses vues tant
au Gouvernement qu’au Parlement.
Son bras armé sera cette nouvelle institution indépendante que crée la loi organique : le Haut
conseil des finances publiques. Celui-ci ne donnera, certes, que des avis qui ne seront
formellement assortis d’aucune sanction. Il n’est toutefois pas inutile de le rappeler : le texte
précise que, si le Haut conseil venait à constater un « écart important » appelant une
«correction», il en serait «tenu compte» par le Gouvernement.
De quelles marges de manœuvre disposera alors l’exécutif ? Il ne sera libre, me semble-t-il,
que de définir la méthode à employer pour corriger la trajectoire. Le Parlement, quant à lui, ne
sera libre de débattre que sur la question de savoir si la méthode envisagée est la bonne ou
non.